Le temps que ma mémoire me revienne, de nouvelles questions affluent, allant dans des sens complètement différents que celui du temps passé.
(Pourquoi toujours faire dans l'ordre chronologique ? Y a que les mortels pour jouer à ça.) (De toute façon, plus moyen de retrouver pourquoi j'ai quitté le Naora, ni même comment j'ai atterri dans le temple de Yuimen à Cyniar.) (De toute façon, y a pas le temps pour tout, ils dorment plus que toi et tu dois partir très tôt cette nuit et un peu de repos te fera pas de mal non plus.)
Les yeux perdus dans les flammes, je cherche comment expliquer ce qu'il m'est arrivé sur Sor-Tini. "On va commencer par les trois règles car elles sont essentielles pour vous comme pour nous. La première chose : ne jamais tuer sans raison. Soyons clair, se nourrir est une bonne raison, défendre la cause de Yuimen une raison encore meilleure. La seconde règle, c'est qu'il faut toujours laisser une chance à son adversaire. C'est la raison pour laquelle nous ne pratiquons pas l'assassinat, l'empoisonnement et que nous n'utilisons pas de pièges mortels quand nous chassons. La troisième c'est l'interdiction de la torture. Nous ne devons jamais faire souffrir pour faire souffrir. Ces trois règles vont dans le sens du respect de la vie et la seconde nous permet de ne jamais oublier que la vie a un prix.
Pour ce qui est de la mort, c'est une partie de mon histoire dont Nuilë et Saraki ne sont pas au courant. Yuimen m'a envoyé sur un autre monde, du nom de Sor-Tini. Là-bas, j'ai vu un peuple de dryade à la peau verte et aux cheveux verts qui ressemblaient à des herbes. Je devais les aider à combattre, en fait je devais les aider à lutter contre les forces d'Oaxaca. Mais pour ce faire, il fallait que je survive, ou plutôt que je subisse à leur épreuve rituelle. Pour faire simple, il me fallait mourir pour ressusciter après. Et disons que j'ai appris à mes dépends que quand on meurt, on se réveille changer, que ça soit à l'intérieur ou à l'extérieur. C'est ainsi qu'à mon réveil, mes cheveux gris s'étaient changés en lianes, branches et herbes folles. La suite de l'histoire devait malheureusement être moins réussie. J'ai réussi à vaincre une première fois des troupes de Leona à l'aide des dryades, mais j'ai dû partir en urgence et laisser mon père sur place. Le combat a mal tourné, j'ignore pourquoi, et mon père est toujours dans le coma sur Sor-Tini. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je suis de retour sur Nirtim. Tahelta va être attaqué et je dois faire tout ce que je peux pour limiter les dégâts."
Mon regard s'est voilé durant la dernière partie de mon discours. Je suis inquiète, incertaine de la réussite de ma mission. Heureusement, la fille avec son loup aimerait un petit tour tandis que le liykor souhaite d'autres histoires. Il y a sans doute moyen de cumuler les deux.
(Tu m'aides ?) (Bien sûr.)
Trouver des graines de fleurs dans ma chevelure n'est pas forcément le plus compliqué. Ca a un petit quelque chose de pratique pour un druide finalement, d'avoir des plantes à portée de main. Une fois piochée les graines, je récupère une bûche en stock pour le feu et y plante mes deux futures poussent. Je décale mon coussin pour être face à mon auditoire et saisis le morceau de bois entre mes mains.
"Tu voulais un peu de magie, Adweinna, alors regarde et écoutez tous."
Je ferme les yeux, pour me concentrer sur mon sort autant que pour choisir les évènements à raconter.
(Alors, on y va pour quoi ?) (Verloa puis Nyr ?) (Toute la partie qu'ignore Nuilë et Saraki en gros ?)
Mon sort est efficace et petit à petit les fleurs poussent, je relâche beaucoup, beaucoup plus de fluides que ceux nécessaires, faisant disparaître les feuilles de ma liane, une à une...
Anouar, passant de sa forme de chaton roux à sa boule vert brunâtre, se mélange à mes fluides pour donner forme à mes plantes, illustrant de son mieux mes paroles.
"Alors, la première chose dont j'ai réellement le souvenir en tant qu'ermite, ce fût Verloa. Le Roi de Kendra Kâr a recruté un lot d'aventuriers pour explorer une nouvelle île et savoir si elle était colonisable. Nous sommes donc partis là-bas. Et le résultat fût que cette île n'était absolument pas vivable pour des elfoïdes. Nous avons survécu à une nuée ardente grâce à un mage de glace et à un aéromancien."
Anouar sculpte alors le volcan, le dragon rouge, mais aussi le bouclier géant qui nous a protégés de la chaleur.
"Nous avons affronté des moustiques géants, des chacals, survécu à des marais toxiques aussi. Et puis nous avons trouvé des garzoks, nous nous sommes faits emprisonnés, nous avons lutté et survécu. Il y a eu aussi le sanctuaire, le sanctuaire de Yuimen du Verloa dont le gardien n'est autre que Yuimen lui-même. Je me suis retrouvée évanouie, j'ignore comment d'ailleurs. J'ai rencontré ainsi Yuimen, il m'a fait vivre plusieurs épreuves, trois au total, avant de revenir à la vie.
Mais tout cela ne fût qu'une préparation face à ce que nous avons vécu après. Nous avons découvert des dragons, une clé... et une porte géante menant tout droit aux Enfers. C'est un endroit déplaisant où je tiens pas à revenir à vrai dire. Nous avons rencontré Phaïtos et lui non plus, je tiens pas à le revoir. Hautain et sadique... Mais nous nous en sommes sortis, assez miraculeusement, mais vivant malgré tout... Puis je suis revenus à Kendra Kâr."
Durant tout mon récit, Anouar n'a cessé de jouer avec les fleurs et son propre pouvoir, mélangeant un peu de mes souvenirs à l'esprit des autres, rendant plus vivant mon récit.
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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