Les chemins ? Quittés depuis maintenant une bonne cinquantaine de mètres.
C'était à présent en forêt que Xytas, jeune voleur impétueux et son poursuivant, un véritable géant armé progressaient. Les bras en avant, c'est à travers un buisson que Xytas passa, son visage bien protégé par son capuchon et son masque, mais les yeux plissés néanmoins. Les arbres étaient assez espacés, le noir profond de sa cape en aucune harmonie avec le marron-vert du sol, le vent soufflait fort et la pluie s'intensifiait. Tout se ressemblait dans ce bois, et le voleur n'avait aucune idée de la topographie des lieux. Il ne devait avoir que trois mètres d'avance sur son chasseur, la respiration de ce dernier, rauque, forte, à la limite d'un grognement parfaitement audible se répercuta dans les oreilles du jeune humain.
Écartant les branches, sautant par dessus les souches, glissant sur la terre humide, la mort frappait à sa porte. Le moindre faux pas, le moindre saut raté, la moindre pointe de côté, et s'en était fini pour Xytas. Derrière lui, il parvint à entendre le sifflement de la lame sortant de son fourreau, le colosse semblait donc avoir gagné du terrain !
Essoufflé, exténué, las, dans une dernier effort, Xytas fit un bond sur le côté, se réceptionnant en une roulade maladroite, à travers une petite haie d'arbustes, leurs branches s'étant entremêlées. Il continua à avancer sous la haie, en rampant, tel un petit rongeur tentant vainement d'échapper aux terribles serres du rapace avide de chaire.
Roulant sur lui même, il sortit de sous les feuillages, puis reprit sa course, aussi vite qu'il le pouvait afin de sauter derrière un talus, s’aplatissant contre le sol, le menton dans la boue. Le jeune homme observait les alentours, épuisé, il était à bout.
(Mon stratagème a marché ? Je ne le vois plus...) En effet, aucun signe de vie du géant. Xytas observait entre chaque arbres, puis, après de longues secondes les yeux plissés, il entendit des craquements de branches et de feuilles derrière lui. Ouvrant grand les yeux, il se recourba sous sa cape, et se fit le plus petit possible, patient. Les bruits, malgré tout, se rapprochaient. Par pur réflexe, même s'il savait son geste inutile, voué à l'échec Xytas posa sa main sur la garde de sa dague.
Une seconde plus tard, le coup arriva. La vitesse, la puissance de l'impact étaient tels que rien ni personne ne pouvait le parer. Un gland. Voila ce que le voleur venait de se prendre sur le crâne, et un petit écureuil se tenait à présent devant lui, le fixant d'un air curieux. Ne trouvant pas la plaisanterie drôle, le fugitif exprima sa colère, à voix haute.
Humph... Espèce de sale petit c... !Il plaqua sa main devant sa bouche, effaré de ce qu'il venait de dire. En l'espace d'un battement de cil, sa couverture avait volée en éclats. Le laissant choir contre le sol, totalement découvert. L'instant d'après, des sonorités qu'un écureuil serait incapable de reproduire se firent entendre. Une glissade, un juron, et le colosse était de nouveau la, la rage au visage. Ses yeux injectés de sang fixaient Xytas avec une folie meurtrière. L'épée était levée, et la distance diminuait rapidement. Ni une ni deux, Xytas se redressa, attrapant le petit écureuil par la peau du cou, puis reprit sa cavale, la peur au visage. Il glissa le petit animal dans son sac en bandoulière, afin d'avoir ses deux mains de libres. Il dévala une colline sur le dos, après avoir trébuché contre une racine sortie de terre. Son sac serré contre lui, afin que le rongeur ne se blesse pas, il termina sa course dans un creux, caché à présent sous les feuilles venues le recouvrir après le choc. Roulé en boule, il patienta. Cette fois encore, il était réduit à rien, condamné à se faire plus petit que l'écureuil qu'il avait emporté avec lui, chose qu'il ne comprenait d'ailleurs pas.
Où es-tu ?! Petit rat ! Allez, tu ne vas rien sentir ! Ca ira vite ! Ma lame a envie de te connaître ! Alors sors de ta cachette ! Au son de la voix du traqueur, il s'éloignait. Xytas n'en croyait pas ses oreilles. Soit il avait cru l'entendre ailleurs, soit c'était un piège. Méfiant, il se redressa et observa les alentours. Apparemment, son poursuivant n'était pas très futé, et avait du se laisser duper par créature des forêts ou craquements de branche. Le voleur décida de filer tout droit, puisant dans ses dernières forces. La pluie n'avait cessée de tomber, et Xytas craignait tant de retomber sur ce terrible colosse, qui avait finit par le retrouver et le traquer après s'être fait escroquer. Le jeune homme s’effondra, à bout, à
la lisière de cette lugubre forêt.