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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Sam 7 Mai 2011 22:43 
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1er jour de voyage

Voilà depuis quatre heures que nous sommes parties de Bouhen, j'ai la tête qui tourne... Josserand me parle de temps en temps mais, je ne comprends pas un mot de ce qu'il me dit, je me sens partir...

Ma blessures semble s'être infecté, on peut constater que certaine partie de ma chair semble nécrosé, j'ai des mouches devant les yeux, ces saloperies ne me quittent plus ! Je ne pensais pas que les bœufs sentaient aussi fort, je suis certain que leurs propriétaires sentent aussi mauvais. Enfin bref, je vois que Josserand commence à faire de grands gestes devant moi en tentant de me dire quelques choses, je ne comprends rien... Il commence à faire nuit, je vois de moins en moins mon ami... et finalement plus rien.

2ème jour de voyage


J'ouvris de nouveau mes yeux, d'abord tous étais blanc, puis l'image devin plus nette. Devant moi un vieil homme me regardait avec intérêt, soudain il ouvrit la bouche.

- Vous voilà réveiller c'est une bonne chose !
- Que... êtes-vous ?
- Chut... Pour le moment économise ton énergie, tu es encore faible.

Je mis alors en position assise sur un des chariots du transport en me rendant compte que j'étais au beau milieu des commerçants ! Nous avait-il repérés ? Je chercher désespérément mon ami autour de moi.

- Ne t'en fais pas, ton ami nous aide à préparer le feu pour le campement de cette nuit, il nous a tous raconté.
- Que vous a-t-il dit au juste ?
- Que vous êtes deux individus recherchés par la garde pour avoir tenté de protéger un marchand face à des miliciens qui abusaient de leurs pouvoirs.
- Oui, nous sommes désolés de nous être dissimulés dans l'un de vos chargements.
- Ce n'est rien mon jeune enfant, votre plaie était salement infectée, vous avez failli m'échapper des doigts une paire de fois !

Suite aux paroles du marchand, je regardais de nouveaux ma blessure, mais à la place de la plaie béante au quelle je m'attendais, un bandage recouvrait presque intégralement mon torse. L'homme qui m'a sauvé la vie était un homme d'âge vénérable, il portait un vêtement des plus magnifique, sa veste était de couleur émeraude avec ici et là quelques que pierre précieuse, son pantalon quant à lui était d'un vert plus sombre mais, tout aussi resplendissant que le haut de son corps, il semblait fatigué, surement qu'il avait dû passait la journée à me soigner voir même toute la nuit dernière. Josserand a du s'inquiéter de mon état et a ensuite, même si cela présenté des risques, prévenir le convoi de notre présence pour qu'il puisse me sauver.

- Comment pourrais-je vous remercier ?

La voix du vieil homme se faisait plus rude

- En protègent notre convoie et ses commerçants, pour arriver à Kandra Kâr, nous devrons passer par la forêt des ombres vertes...
- Pourquoi la nomme-t-on ainsi ?
- On l'appelle comme ça à cause des diverses bandes de gobelins qui résident dans les tréfonds de ce bois, il attaque le plus souvent les convois de marchands pour l'or que cela représente bien évidement mais également parce qu'il pense que les marchands sont des proies faciles.
- Et ce n'est pas le cas ?
- Pour nous, non, nous avons recruté huit mercenaire capable de défendre efficacement ce convoie
- Alors, pourquoi avoir besoin de notre aide ?
- les gobelins attaquent toujours en groupes, ces mêmes groupes peuvent atteindre une trentaine d'individus, plus nous serons nombreux, mieux cela vaudra.
- Et vous, compté vous battre ?
- Assurément ! Même si je suis vieux et que je commence à perdre la tête, je suis toujours en mesures de me battre !
- Mais au total, combien êtes-vous ?
- Nous sommes douze marchands et huit mercenaires donc nous sommes vingt au total et avec vous deux, vingt-deux !

Je n'avais pas le choix, je devais les aider ! Quitte à y laissais la vie, cet homme me fessait pensais à mon père, il avait tous deux le même comportement et la même mentalité. Je ne savais pas ce que pensait Josserand d'un tel marché mais bon, lui aussi se devait d'accepter cette mission, il n'avait lui non plus pas le choix...

- Landeric ! Tu sembles allé mieux !

Cette voix provenait de mon ami Josserand, une joie sans nom me remplissait mon cœur.

- Oui et cela grâce à toi et à cet homme !

Josserand s'asseyait à mes coter puis me tendais un bol de soupe, à en juger par l'odeur, cette soupe devait être aux champignons. Mon ventre avait faim, je n'hésitais pas une seule seconde et j'engloutissais littéralement mon diner.

- Hé bien quelle appétit ! Bon je vais vous laisser, le sommeil commence à avoir raison de moi, bonne nuitée les jeunes.

Nous lui souhaitions bonnes nuit et puis pendant un long moment je fis connaissance avec Josserand, dès ca plus jeune enfance il vivait dans les quartiers de Bouhen, autant dire que la vie ne l''avais pas épargné... Puis finalement nous arrivions au moment où nous devions parler de ce qui nous était arrivé à Bohen ... Il m'apprit que mon meilleur ami suite à ma fuite réussie face aux gardes c'était fait encerclé et qu'il fût finalement transpercé par plusieurs épées suite à un vaillent combat, quant à lui, Josserand, était parvenue à repousser son adversaire et à fuir également vers le marché. Pour conclure je lui expliquais comment j'étais parvenue à neutraliser le puissant milicien qui m'avait coincé dans le cul de sas, il semblait impressionnait par mes dire.

- Il se fait tard, nous devrions aller nous coucher.

- D'accord avec toi, une longue journée de voyage nous attend demain.

Sue ces dernières paroles, Josserand me quitta pour aller dormir au coin du feu, moi, je ne pouvais le suivre, je n'avais pour le moment pas la force de bouger, je restais donc là, à me laissais sombrer dans un profond sommeil...

_________________
La paix est un mensonge. Il n'y a que la passion. Par la passion, j'ai la puissance. Par la puissance, j'ai le pouvoir. Par le pouvoir, j'ai la victoire. Par la victoire, mes chaînes se brisent. La Force me libérera. Je m'engage dans l'Obscurité où j'ai découvert la vraie vie, Dans la Mort de la Lumière.


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Jeu 2 Juin 2011 16:26 
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" Je le jure, si je reviens intact, je le tue ! "

Dit Grégoire ... En réalité, il parlait du palefrenier qui venait de lui louer Détritus. Bradford n'avait pas eu le coeur à monter dessus et préférer donc marcher plutôt que de prendre le risque de finir ce vieux Cheval.

Néanmoins, Détritus le suivait au pas, certes, il semblait déjà fatigué mais il tenait tout de même la route. Petit réconfort, la route était pavée et fréquentée ... Tant par des honnêtes gens que par des fripons de bas-étage mais Grégoire gardait l'oeil ouvert ... Et son épée prête à être dégainée.

Après plusieurs heures de marches sans soucis, la nuit finit par tomber et Bradford décida de s'arrêter. Il s'installa à proximité de la route. Pour Détritus, c'était plus qu'un soulagement, ce dernier se coucha immédiatement et s'endormi sans trop tarder.

Grégoire entendait son estomac gargouiller ...

(Il doit bien y avoir quelque chose à manger par ici.)

Après avoir allumé un feu pour ne pas se perdre, il se leva et parti en quête d'une proie. Il s'enfonça quelque peu dans les bois et mit en éveil ses sens. Il entendit quelque petits bruits mais rien de bien alarmant.

Il finit par repérer son repas ... Un Écureuil ... Ou plus précisément, une Écureuil. Cette femelle était au sol et cherchait apparemment quelque chose à manger elle aussi. Grégoire se rapprocha lentement en prenant le soin de ne pas faire le moindre bruit ni d'être vu.

Quand il fut à une assez bonne distance, il se jeta sur sa proie et réussit à sa plus grande surprise à l'attraper. Rire aux lèvres, il se releva en tenant l'animal entre ses mains.

" Je vais me régaler ! "

Le problème, c'est que cette petite dame ne l'entendait pas de cette oreille ... Elle lui mordit méchamment l'index avec ses incisives, se libérant ainsi de l'entrave, puis alla se réfugier dans un arbre.

Grégoire avait gémi sous la douleur, la plaie saignait beaucoup mais pour se calmer, ce dernier balançait tous les jurons qui lui venait à l'esprit, insultant copieusement l'animal. Mais hélas, à quoi cela servait-il ? Le sort en était jeté, il passera la nuit sur sa faim.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Ven 3 Juin 2011 22:46 
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Les premières lueurs du matin apparurent bien vite et Grégoire se leva péniblement et de mauvaise humeur, la faim lui tenaillait l'estomac et il n'avait toujours rien trouvé à se mettre sous la dent.

Ouvrant les yeux tout en somnolant, il observa rapidement le petit campement de fortune qu'il avait installé. Détritus était bien là, endormi. Le feu s'était éteint mais ses affaires étaient toujours au grand complet.

Pas de vols à déplorer, il se releva mais s'aperçu qu'il manquait tout de même quelque chose ... Casse-noisette et sa cage. Grégoire, assez affolé car après tout, c'était le cadeau de son père, inspecta rapidement la place et vit une petite trace sur le sol, comme si la cage avait été déplacé ...

Il suivit la trace et finit par arriver jusqu'à elle mais à sa grande surprise, Casse-noisette était toujours à l'intérieur. Ce qui le surprenait le plus, ce n'est pas tellement qu'il ait réussi à ouvrir la cage mais plus qu'il n'était plus seul ... En effet, une petite femelle semblait lui avoir tenu une bien bonne compagnie pendant la nuit ...

Bradford était partagé entre deux sentiments. D'abord, la colère car de mauvaise humeur mais aussi quelque peu par la sympathie envers cet animal ... En effet, ce dernier avait fait ce que Grégoire aurait fait s'il avait été à sa place.

Casse-noisette se réveilla. Il regarda d'abord son maître puis sa maîtresse. Il ouvrit la cage en bois car manipulant le mécanisme d'une manière assez astucieuse et poussa lentement la femelle dehors avant de refermer la cage assez violemment.

Cette dernière se réveilla et le regarda. Casse-bonbon lui tourna le dos.

" Et en plus c'est un vrai goujat ... Je sais pas pourquoi il me rappelle quelqu'un ... "

La demoiselle partie bien rapidement. Grégoire ne s'attarda pas sur son sort, il prit la cage et l'attacha à la selle de Détritus, réveillant au passage son destrier. Remballant rapidement ses affaires, il se remit en route.

Il ne savait pas où se trouvait précisément le village mais il se dit qu'il ne devrait pas être bien difficile à trouver ...

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Sam 4 Juin 2011 14:56 
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Après quelques longues heures de marche à pied, Grégoire ne vit toujours rien qui puisse s'apparenter à un village de Lutins.

Il s'arrêta pour souffler un peu quand il aperçu un peu loin, un petit Gobelin, vraiment petit et maigrelet, qui se tenait sur le bord de la route pavée ... Peut-être serait-il susceptible de lui indiquer le chemin. Il alla à sa rencontre et non sans hésitations, lui posa quelques questions.

" Salut petite créature moche et dégoûtante, serais-tu où pourrais-je trouver un village de Lutins dans les environs ? "
" Pourquoi Humain être si méchant avec moi ? "
" Bah, parce que je t'aime pas et que tu me donnes envie de gerber quand je voix ta face de bouton ouvert. "
" Très bien, moi savoir où ce trouve village que Humain chercher mais moi pas le dire à Humain. "

Grégoire se rapprocha un peu.

" Je te conseil pas de faire le malin avec moi ... Où est ce village ? "
" Non, moi pas dire sauf si vous payer 250 Yus "
" Ah ouais ... "

Bradford l'attrapa par le cou et le souleva, le plaquant contre un arbre, épée sous la gorge.

" Je peux payer en litre de sang ? "
" Village que Humain cherche se trouve dans petit bois, à quelques kilomètres Nord. "
" Et bien tu vois quand tu veux ... Sale bestiole. Qu'est-ce tu fiches ici en fait ? "
" Ça pas regarder Humain. "
" Tu voles des bourses ? Non t'es trop faible pour ça ... Tu fais les remparts ? Non, t'es trop moche pour ça ... "
" Moi être un guide pour voyageurs ... "
" Ah bon ? Eh bien dans ce cas, tu vas m'accompagner ! Et si t'es sage, t'auras peut-être quelques sous ... Allez, montres-moi le chemin, j'ai pas de temps à perde ! "

Grégoire le reposa au sol et le poussa devant lui.

" Allez avances ! Et cherches pas à m'entuber, à la moindre entourloupe, tu pourras dire bonjour à toi-même. "

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Sam 11 Juin 2011 11:10 
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Le trajet vers Bouhen, qui devait normalement durer cinq jours, débuta. Le silence était de mise dans le petit groupe, ce qui permit à Nark de réfléchir. Le jeune homme avait dit adieu à la ville où il avait passé toute sa jeune existence. Pour lui, la cité blanche représentait sa vie. Il devait quitter la plus grande métropole du monde s’il voulait se faire un nom, que ce soit en homme de bien ou pas. Depuis le massacre de sa famille, il était devenu un solitaire. Maintenant, il avait trouvé des compagnons, à qui il s’était attaché. Il avait été contraint de tuer plusieurs gardes pour sauver la vie de Heartless, mais il ne le regrettait pas. Le pirate et lui était maintenant lié, chacun ayant sauvé la vie de l’autre.

Ils se déplaçaient maintenant vers Bouhen, un avant-poste Kendran. Nark n’avait aucune idée de ce que désirait faire son capitaine, mais il lui faisait totalement confiance. Le borgne était loin d’être idiot malgré les apparences. Beaucoup de marchands empruntaient la route reliant les deux villes. La politesse voulait que chacun se salue puis continue sa route.

Après plusieurs heures de marche sous un temps chaud et humide, le jeune kendran eu des douleurs aux jambes. Si seulement il avait eu Mélodie pour le conduire à destination ! Il songea à sa jument, espérant que Gorilla et sa bande ne l’avait pas maltraité. A cette pensée, la haine qu’il éprouvait envers le traître s’attisa encore. L’épéiste pensait que son cheval était la réincarnation de sa défunte sœur, morte quelques années plus tôt, alors qu’il se trouvait dans une école militaire.

La nuit tomba sur la route. Ils montèrent le camp sans un bruit, silence entrecoupé de commentaires d’Heartless. Rosa utilisa ses pouvoirs pour faire du feu, puis ils mangèrent un petit peu. Ils se couchèrent rapidement, épuisés par ces quelques heures de marche. On disait que des gobelins se trouvaient sur la route entre les deux villes, ils décidèrent donc d'instaurer des tours de garde. Nark prit le premier. Il s'éloigna un petit peu pour qu’un éventuel attaquant ne le voit pas. Il lutta pour rester éveillé, mais aucun accident notable n'arriva. Quelques heures plus tard, alors que la lune était à son zénith, il réveilla Heartless. Le jeune homme se coucha la main près d'une de ses rapières et s'endormit immédiatement.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Ven 26 Aoû 2011 21:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Sam 11 Juin 2011 17:11 
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Le début du voyage se passa sans encombre, à croire que la milice avait bien plus à faire à l'intérieur de la cité plutôt qu'en extérieur. La route pavée vers Bouhen débordait de trafic, et parfois, le groupe s'infiltrait dans une énorme masse difforme de chariots, de mules et de marchands, et en sortait en tentant de ne pas se perdre de vue. A la déception de Heartless, la femme woran était introuvable, elle avait décidé de ne pas les suivre. Tant pis, au moins il aura essayé. Mais néanmoins, ce voyage était empli d'une impression malsaine que Sirius ne décela pas immédiatement. On les observait, bizarrement, comme si on leur voulait du mal. Cette étrange sensation venait des autres passants, et surtout les commerçants. De tous bords et de toutes races, ils avaient tous la même expression méfiante à l'égard de ce petit groupe de vagabonds.

Le borgne pensa immédiatement à une sorte de paranoïa, une crainte des voleurs car après tout, ils en avaient tout l'air, de brigands. Certains les fixaient même dangereusement, comme si ils allaient bondir d'un seul coup pour les étrangler. Mais le plus étrange dans tout ça, c'était que ses compagnons étaient moins sensible à cette atmosphère pesante, peut-être parce qu'ils étaient plongés dans leurs discussions. Heartless avait des maux de têtes, même les animaux lui infligeaient ces yeux accusateurs, meurtriers. Il se rappela de la crise qu'il avait eue peu avant au milieu de la foule dans la Grand-Rue, il ressentait la même impression. Était-il en train de perdre la tête ?

- Sirius ? Sirius ? Sirius ? Tu vas bien ?

La voix de Mazhui semblait surgir de sourdes abîmes, il avait l'impression d'être un somnambule à peine éveillé, l'œil droit du borgne se dilata à son extrême pendant une moitié de seconde, pendant laquelle le visage de son acolyte lui sembla flou, méconnaissable. Pourtant, il en était sûr, il ne pouvait dormir debout, en marchant à travers toute cette foule.

- Hein ? Ouais, ça va...

- Tu semblais pourtant avoir un problème, ça ne te ressemble pas de faire la sourde oreille.

- Ts ! Parce qu'on s'connait ?


Sirius était fatigué, agacé par les remarques du barbu, mais il avait raison. Le silence qu'il venait de créer, il le rompit juste après, en reprenant son calme. Il voulut relancer la conversation, en commençant par un soupir qui en disait long.

- Pfff... Dis, Mazhui. D'où tu viens ?

- Moi ? C'est une longue histoire...

- Tu sais, on sera pas arrivés avant quatre ou cinq jours, on a tout l'temps pour causer.


L'homme sourit, il n'était pas courant qu'il parle de lui, il lui venait même parfois d'oublier ses origines. Mais après tout, il n'avait rien à cacher sur ce point là. Pensant pouvoir échapper à la lassitude de la marche, il répondit aux questions du borgne.

- Je viens d'Oranan, je suis Ynorien.

- Oranan ? J'y suis jamais allé, même pas en Ynorie. C'est comment là-bas ?

- C'est... calme. Ou du moins ça l'était, cela fait des années que je n'y ai pas remis les pieds.

- Pourquoi ?

- J'étais las d'y vivre. Et puis, j'avais le sentiment d'être né au mauvais endroit.

- Au mauvais endroit ?

- Exact. Tu sais, depuis leur plus tendre enfance, les petits Ynoriens sont souvent confrontés au même principe, inlassablement. Un principe qui me fait vomir, mais sur lequel repose encore cette société. Je n'ai jamais cherché à suivre ce principe.

- Lequel ?


L'Ynorien marqua un court temps de pause. Regardant au loin, plus loin que l'horizon, il sourit d'un sourire fade, entre l'apaisement et la grimace. Dans son esprit se mêlaient dégoût et nostalgie. Des souvenirs dont il se serait bien passé mais qu'il refusait d'abandonner, pour une raison qui lui échappait.

- .... L'honneur.

Heartless cru d'abord mal entendre, puis il se demanda pourquoi Mazhui avait évoqué un tel mot avec un ton aussi ironique. Mais le flot de ses pensées fut vite interrompu lorsqu'il se heurta accidentellement au dos de Nark qui avait marqué un temps d'arrêt, il semblait épuisé, il se tenait les jambes. Sa monture semblait lui manquer. De brèves formules d'excuse s'échangèrent, puis ils reprirent la route.

La nuit les surprit, elle était tombée subitement, à tel point qu'ils ne s'en rendirent compte qu'après avoir réalisé qu'ils ne tenaient plus sur leurs jambes. Le groupe sortit de la route et fit une halte dans un bois, non loin du chemin, pour éviter d'éventuels assauts de brigands, qui attendaient toujours que leurs proies s'égarent dans la forêt. Ils allumèrent un feu, grignotèrent des restes qu'ils avaient emportés avec eux puis ils s'endormirent à la belle étoile. Par précaution, ils avaient désigné parmi eux un volontaire pour monter la garde, ce fut Nark qui se présenta le premier, Heartless venait en second. Lorsque vint le tour du borgne, le bretteur du groupe le réveilla, mais Sirius n'était pas si enclin à s'extirper d'un si profond sommeil. Après une petite dispute sans envergure, le borgne se leva en grognant puis partit plus loin pour monter la garde, en prenant soin d'emmener son nouveau cimeterre et une couverture ( enfin plutôt un vieux rideau qui lui avait auparavant servi comme capuchon ).

Il s'installa près d'un maigre cours d'eau, un petit ruisseau qui s'écoulait doucement et se perdait dans l'obscurité entre les arbres du bois obscur. Le ciel arborait un croissant de lune plus brillant que jamais, et l'eau miroitait les reflets blancs de l'astre de la nuit. C'était presque comme si l'endroit était éclairé, et le ruissellement de l'eau n'était guère gênant, au contraire, ce bruit le préservait des hurlements des loups, de la froideur du vent, des milliers de bruits suspects qui provenaient des ténèbres. Heartless planta son cimeterre dans le sol, en face de la lune, et se regarda dans son reflet.

( Sirius Heartless... et après ? Peux-tu être fier de ce que tu as accompli jusque ici ? Non... t'as rien accompli, mais ça viendra. Tu te souviens ? Il y a longtemps, tu t'étais fait la promesse de ne pas quitter ce monde avant de l'avoir marqué au fer rouge, avant d'y déposer ton empreinte indélébile. Le premier qui se rendra compte de ton ascension sera probablement Gallion Thunderhead. Tu lui en veux ? Pourquoi n'arrives-tu pas à le haïr vraiment ? Il t'a blessé pourtant, il a entaillé ton estime de toi-même, qui t'es pourtant si chère. C'est parce qu'à travers son comportement inexplicable, tu te rends compte toi aussi de tes erreurs ? Lâche, égoïste, narcissique... tu voulais croire qu'un jour où l'autre, le monde t'appartiendrait. Gorilla t'a appris à regarder les choses en face, d'une certaine manière. Comme si une flèche te transperçait le cœur, toutes tes erreurs ont ressurgis devant tes yeux, et tu en es venu à te maudire toi-même. Tu as décidé de ne plus te déclarer ouvertement comme le chef d'un ordre que tu n'as pas encore engendré. Tu as compris que rien ne serait aussi simple. Tu n'as plus rien désormais, plus de navire, plus d'équip... Non... serais-tu déjà en train de récupérer de cette déplaisante expérience. Sans t'en rendre compte, tu t'es fait suivre de personnes aussi paumées que toi, des gens qui te ressemblent à leur manière. Alors... ce rêve idiot d'aventures et de conquête, de gloire et de piraterie romancée... tu ne l'as pas laissé derrière ? Non, comment aurais-tu pu ? C'est ça ou rien, tu ne veux pas, tu ne peux pas vivre d'une autre manière. La vengeance n'est qu'une excuse, un objectif secondaire. Tu veux toujours autant faire partie de ce monde sans pitié et sans conscience, n'est-ce pas. Héhéhé... rien n'a changé, hein ?)

- Pfff... Héhé... Rien n'a changé.


Plongée dans ses pensées, la silhouette inhabituellement calme et apaisée de Heartless se mit à rire. Englouti par les pensées sombres du la nuit, il continua à fixer l'éclat du petit ruisseau, repensant à ses futurs rêves de gloire.

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Dernière édition par Heartless le Jeu 14 Juin 2012 12:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Sam 11 Juin 2011 22:52 
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LA RENCONTE DES PIRATES


De KENDRA KAR à BOUHEN



… Rapidement la nuit avait étalé son dais étoilé et la lune dans son dernier croissant éclairait suffisamment les champs cultivés de cette époque aux portes de la belle saison.
L’humidité apportée par le vent du grand large rafraîchissait l’atmosphère et rendait la nuit douce.
La jeune femme coupait à travers champs, laissant la route sur sa droite. La lumière distillée par les étoiles lui convenait assez pour y voir et se repérer.
Dans sa forêt natale, la couverture des arbres rendait le sous-bois pratiquement obscur. Ici, à découvert, la clarté était donc suffisante, voir même bonne pour elle.
Elle avait laissé le groupe disparaître sur la route de Bouhen, alors qu’encore pas mal de monde circulait, puis elle était partie de son côté prenant la même direction, mais sans emprunter la route pavée. Maintenant, à cette heure elle était pratiquement déserte, les gens faisaient bivouac où séjournaient dans les nombreuses tavernes et relais qui la longeait.

Au début sa progression avait été facilitée par un sentier qui bordait les cultures, parallèlement à la route, même si parfois, il tournait, remontait, plongeait dans une combe ou grimpait une collinette, toujours il l’avait ramené proche de la route...
Les blés déjà hauts finissaient de mûrir, les vergers regorgeaient d’arbres aux fruits rouges, jaunes orangés et les pommiers étaient en fleurs, des champs de maïs dardaient leurs épis verts droit vers le ciel et les grosses fleurs de tournesols dormaient leur tête baissée.
Les prés étaient par contre déserts, les paysans ne devaient pas laisser dehors leurs animaux.
Elle avait perdu de vue le groupe depuis bien longtemps, les miles s’étaient égrainés dans sa course et la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir.

Elle avait rejoint la route à plusieurs reprises, les chemins y revenants fréquemment. Ses pas l’avaient souvent rapprochée des nombreuses fermes parsemant la campagne et, parfois, elle avait renoncé à aller plus loin à cause des canidés féroces qui défendaient les lieux. À deux reprises des gens peu aimables sortirent et vociférèrent à l’encontre de l’intruse, aperçue à cette heure tardive.
Petit à petit le paysage de plaine se modifia pour laisser place à de petites collines arrondies couronnées par des bosquets de feuillus. Elle emprunta sur un ou deux kilomètres la voie pavée et croisa la route d’une ure et de ses marcassins. Elle connaissait le caractère grégaire de ces animaux mais surtout leur tendance grincheuse et irascible. Alors elle s’arrêta et patienta le temps qu’il fallut.

Il était tard, la nuit bien avancée. Son estomac criait famine et la torturait avec violence. Les quelques fruits rouges sucrés qu’elle avait glanés de-ci de là étaient bien loin. Dans sa besace, Jignon et sa femme lui avaient glissé un pain de route, quelques nourritures sèches et salées, des fruits secs et du fromage.
Elle n’était pas très loin de la route et après une bonne heure de repos, des voix l’alertèrent. Elle reconnut celle du pirate et de plusieurs membres du groupe. Elle savait que les tours et détours des chemins lui avaient fait perdre beaucoup de temps et qu’elle avait parcouru bien plus de distance que prévu.
Elle resta cachée dans les fourrés bordant la route et observa le groupe. Ils quittèrent celle-ci et plongèrent dans le sous-bois. Quelques minutes plus tard une lueur indiqua qu’un feu avait été allumé ? D’où elle était, il lui était impossible de voir ce qu’ils faisaient.
Alors, consciente du risque, elle chercha un point de vue assez haut pour observer la route des deux cotés, ouest et est et un arbre assez costaud pour y grimper et s’y loger entre deux fourches. Elle restait en contact avec le groupe un peu plus loin. Un ruisseau laissait entendre sa berceuse lancinante entre les cailloux qu’il chevauchait. Les flaques plus calmes à leur surface ridée reflétaient la lune hypnotique. Là, bien calée, faisant corps avec le tronc de l’arbre, elle dégusta quelques denrées, fit la moue au goût de la viande salée, bue une gorgée d’eau et après une petite pensée à Gaïa, elle se couvrit de sa pelisse et laissa le sommeil la saisir…

… C’est plus tard, qu’un monologue étrange la réveilla. Un peu plus bas sur la rivière la silhouette encapuchonnée de Heartless un sabre large planté devant lui, le dos collé à un arbre, divaguait le regard perdu sur le ruisseau dans un monologue stérile, avant de se mettre à ricaner. Elle se questionna sur son sort.


(Quel mal te ronge humain ? Vraiment est ce que tous les civilisés sont-ils aussi étranges que vous autres ? … Je ne comprends pas d’ailleurs pourquoi je suis là à vous observer et vous suivre… Y aurait-il un message incompris de Gaïa qui m’aurait été adressé et que je n’aurais pas entendu ? Quel est mon rôle dans cette affaire ? … Pfff ! … )

(" Im batê combo suka nobudin kobussala N'Kpa? … Fissaë tolumba od raman ofuskëa !")

Elle n’en cru pas ses oreilles, le vieux Thilytanantaë avait parlé, ou du moins pensait-elle avoir entendu sa voix ses paroles… Elle jeta encore un œil au pirate et sourit… Elle se rendormit paisiblement le cœur plus léger. Le vieil ermite savait la rassurer…

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Dim 12 Juin 2011 03:01 
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Quelque chose suivait son cours. Rosa marchait parmi ce groupe bien trop songeur, ces hommes cherchaient des futiles couverts sans remède. Le peuple éphémère se divertissait, il suffisait d’ôter un soin pour qu’il se sente malheureux, qu’il se voit dans une glace que trop fissurée à leurs yeux. Ils faisaient ce qu’ils pouvaient, ils avaient tort. L’elfe réfléchissait alors que son compagnon lui parlait de l’histoire du royaume Kendran, des fragments l’atteignaient mais elle ne l’entendait pas. Par sollicitude ou par peur de l’ennui, la mage lui affichait une mine intéressée. Néanmoins les récits du passé attendraient car sa raison la soumettait à un véritable problème. Pourquoi ne pas les quitter ? Pourquoi ne pas aller cultiver son existence ailleurs ? Toute cette absurdité dont elle constatait une fois encore les lueurs ! Thalo ne suffisait-il plus à gaver cette imagination boiteuse ? Inquiétude après ennui, inconstance du cœur, Une fois encore confrontée au véritable malheur. Les songes torturés, ces cauchemars dénaturés, ils allaient revenir cette nuit et ça, elle ne pouvait le supporter. Incapable une seconde de plus de jouer, Rosa s’arrêta et pénétra la visière du casque pour capter le regard du guerrier pris au dépourvu.

« Cette nuit, nous allons bien m’apprendre à nager ? »

« Oui… Mais est ce un lien subtil avec la campagne de Kendra ? »


« Je ne dormirai pas. »

« Qu’est ce qui vous préoccupe ? »

« Depuis quand tu te préoccupes de mes projets nocturnes ? »

« Depuis un certain temps… »

« Un certain temps ! Qu’est ce que ça veut dire un certain temps ? J’en ai juste plus qu'assez que d’ordinaire. Ça revient toujours et ça ne s’arrête jamais. Quand j’appelle et que tu accours, je pourrai presque dormir en rêvant d’une mer calme, un rivage attrayant où une forteresse serait à l’abri du temps. »

« Et maintenant ? »

« Maintenant, je suis si blanche, déserte. C’est revenu et la chose m’insupporte. Enlève ta main. »

« Vous avez un peu de fièvre. Voulez-vous vraiment patauger dans l’eau froide ? »

« Certaine. N’en parlons plus. »


Thalo mentait, il remit son gantelet en silence. Ces humeurs soudaines et pernicieuses malmenaient cette pauvre femme. Plutôt que de torturer autrui comme ferait ses semblables, elle semblait se frapper elle même. Cette volonté violente la privait de sommeil et le guerrier ne pouvait rien faire. Un problème qu’il ne pouvait résoudre par sa maîtrise des armes, lui crachait son impuissance certaine. Incapable de trouver les mots justes, le wiehl mesurait l’ampleur du mal, un bûcher de noires pensées en guise de fumée. Il déduisit que la plaie venait de son mystérieux passé mais elle n’en donnait que des fragments insuffisants, des sujets clefs se taisaient comme des lettres scellées à jamais. L’état de Rosa paraissait encore plus surprenant du fait de la rapidité de cette crise. Quelques minutes avant elle souriait presque des belles fables que le protecteur narrait. Étrange quête qu’est la conversion, Thalo croyait moins à cet espoir de changement.

« Thalo ! »

« Oui ? »

« Tu me porterais ? »

« Que je quoi ? Vous êtes lou… Enfin vous avez une robe. Je ne vais absolument rien voir. »

« A Kendra Kar, j’ai vu une scène semblable, une petite humaine qui le demandait à son père parce que ses jambes lui faisaient mal. »

« Votre père ne l’a jamais fait ? »


Thalo comprit alors le penchant idiot de sa question. Elle baissa la tête, des yeux vitreux et des lèvres moroses. L’armure pleine de remords, souleva avec précaution la pauvre elfe à la manière d’une mariée. Minuscule et légère comme elle était, il la souleva sans problème et marcha à cadence normale. Rosa se montra alors interloquée et ne savait pas où placer ses bras. Son équilibre lui dictait de s’accrocher à la cotte de maille au niveau du cou mais son interdit lui sommait de s’accrocher à la première branche venue. Thalo sentait bien le mal à l’aise de la situation. Cependant lui, il portait un casque. Peut être qu’elle le voyait comme un père… Il n’en savait rien , les mœurs des shaakts lui paraissaient bien trop étrangères. Finalement La shaakt souffla :

« Pose moi contre cet arbre. C’est froid… Au moins tu as essayé. Merci. »

« Je n’ai pas l’habitude de porter des dames. »

« Pourtant, les Wiehlenois se marient à ton âge. Aurais-tu échappé au sacrement avec ton casque en guise de masque ? »

« Holà c’est très indiscret ! Je veux bien vous apprendre des choses sur le monde mais il va falloir éviter certains domaines. »

« Tu te caches, sous des airs d’amusement. Je sais que sous cette armure se terre une infection de remords. »

« Vous n’abandonnerez donc jamais ? »

« Je te rendrai la pareille. »


Le crépuscule vint en silence. Les deux personnages se préparèrent à des aveux douloureux. L’un voulait comme l’autre ils voulaient savoir. Ce fut dans le mutisme que le groupe parut le plus divisé chacun contrarié par ses propres questions. Thalo guida la shaakt à un ruisseau dont le capitaine revenait. Le bouclier ne semblait pas curieux envers l’attitude du chef de groupe. Il analysa cette étendue d’eau puis leva le heaume vers la cime des arbres. Après deux ou trois minutes à longer ce jeune torrent, ils s’arrêtèrent lorsque la profondeur fut suffisante. Le guerrier ôta son armure pièce par pièce et laissa juste sa tunique et ses braies en lin rouge.

« Je n’ai jamais donner des leçons de natation mais avant tout, vous devez vous familiariser avec l’eau en… »

« Ne regarde pas. »


Rosa posa un pied intimidé dans cette eau froide qui lui fit parcourir un frisson. La shaakt dans une une démarche maladroite se présenta en bas elfique devant le prude guerrier. Troublé, il détourna sans s’attarder le regard jusqu’à ce qu’elle l’avertisse qu’elle était dissimulée par l’eau.

« Je ne suis pas du tout rassurée. »

« Ne vous en faites pas, je suis là et c’est le but de ce premier entraînement, ne pas avoir peur. »


La leçon se passait bien. Malgré les dangers que pouvaient contenir la nuit, Rosa écoutait sagement ce maître improvisé. Par son attitude et sa morale, il se montrait être le joyaux que la shaakt n’avait jamais eu. Le sentiment de sécurité revenait au fur et à mesure que le protecteur lui apprenait à avoir confiance dans l’espace liquide. Incapable de lui montrer sa reconnaissance, elle commença à grelotter. Thalo fit quelques brasses pour atteindre le rebord puis se hissa sur le rebord afin de regagner son armure mais également d’éviter un nouveau regard indiscret. L’obscurité lui rappela dans quel environnement, le guerrier se tenait. Les arbres défiaient son courage sous le vent qui se levait, des corps hirsutes qui tentaient de l’agripper. La shaakt le rejoignit en vitesse totalement frigorifiée.

« Non, on ne les rejoint pas tout de suite. Tu me dois un secret. »

Un temps.

« Je dissimule mon visage à quiconque… Par pénitence. »

La confidence ne parut pas aussi lourde, douloureuse que la shaakt espérait.

« Mon maître me laissait souvent évoluer seul, sans son influence. L’argent manquait et j’ai suivi les beaux discours d’une noble dont la quête semblait attachante… Elle s’adonna au brigandage et comme ses hommes je l’ai suivie. Quoiqu’il en soit ça c’est très mal terminé et j’ai fait des choses horribles dont je souhaite le pardon de Gaïa. »


« Comment s’appelait-elle ? »


« Mauvaise augure. Je ne souhaite pas en dire d’avantage pour le moment. Et vous ? Puis-je en savoir un peu plus sur votre mère et votre clan ? »

« Ma mère … »


Un temps.

Elle s’arrêta, la fatigue, le froid ou la réminiscence trop forte. Pour la première fois, Thalo vit cette sorcière à court d’argument. L’homme voulut plaisanter mais fut pris de stupeur face aux larmes qui perlaient sur sa robe. Cette fois, sa curiosité se montra fatale et il semblait être allé trop loin. Il voulut lui dire que ce n’était pas grave, qu’elle ne devait pas se forcer, qu'il avait trop insisté avec ses questions stupides. Mais elle restait immobile, silencieuse déchirée par ce que le bouclier ne pouvait protéger. Ils restèrent assis contre un mélèze furieux face au vent grandissant.

« Empêche moi de m’endormir. »

« Je vais aller chercher des couvertures. »


Sa peine augmentait à chaque de ses pas. Rosa ne se dévoilait jamais sous pareil angle. Tantôt cruelle, tantôt compréhensive, parfois perfide, parfois altruiste, l’elfe afficha un nouveau portrait recouvert d’amertume. A son retour, elle dormait à points fermés et il ne se sentait pas capable de la réveiller. Il songea à ces sautes d’humeurs, elles ne duraient jamais bien longtemps… Peut être qu’à l’aube, Rosa se sentirait mieux. Thalo songea alors quel était le vrai visage de cette mage si surprenante jusqu’à ce qu’à son tour il laisse tomber sa tête lourde pour un léger sommeil.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Dim 12 Juin 2011 22:10 
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"Rien n'a changé..."

Était-ce une peine ou un soulagement ? Heartless ne connaissait pas la réponse, mais en tout cas, il sentait qu'il avait droit à une seconde tentative. Peu importait ce qui avait pu gêner Gorilla au point que ce dernier s'en aille d'une manière aussi incompréhensible que détestable. Combien de temps allait-il encore perdre à réfléchir au passé, ce qu'il aurait dû faire ? Il voulait avancer, il l'avait toujours voulu, ses fantaisies puériles ne l'avaient pas quitté une seule seconde, rien n'avait changé. D'une certaine manière, ce retour à la case départ était le bienvenu.

Rosa et Thalo prirent la relève et Heartless s'éloigna d'un pas lourd de fatigue. Il ne s'arrêta que pour les épier discrètement, par curiosité, et il discernait tant bien que mal leurs silhouettes réfléchies par l'eau cristalline. Il avait bien fait de s'arrêter, le spectacle qui s'offrait à lui était plus qu'intéressant. D'abord, Rosa qui se déshabillait pour rentrer dans l'eau ( ce fut la raison pour laquelle le borgne, un filet de bave sous les lèvres, décida de les espionner plus longtemps ) puis une toute autre mise à nu. Le regard pervers de Sirius arbora une expression plus sérieuse. C'était donc à cela que ressemblait Rosa, sous ses airs emplis de cynisme et son regard méprisant ? Tout cela, elle semblait ne le partager qu'avec Thalo, qui était bien loin de l'image de simple garde du corps que le pirate se faisait de lui. Heartless fit la moue puis étouffa un bâillement. Il n'avait pas besoin de promener son œil vicieux sur les courbes de la shaakt plus longtemps, il était temps de dormir. Ils en avaient encore pour trois ou quatre jours de voyage. Quand il revint autour du feu de bois, tout le monde dormait à poings fermés. Il rejoignit sa couverture improvisée puis le sommeil l'emporta encore plus vite qu'il n'y aurait songé.

Le soleil revint éclairer le bois de ses rayons brûlants. Heartless, pour une fois, s'était éveillé le premier, et pourtant la sensation des insectes qui passaient sur son corps ne l'avait pas empêché de dormir. Non, peut-être s'était-il éveillé ainsi par pur sadisme ? Un petit ricanement émana de son sourire en coin, il regarda d'un air vicieux toute cette petite clique endormie. Il sautilla jusqu'à la couche de Thalo sur la pointe des pieds puis emprunta sa lourde épée, avec bien sûr la finesse typique d'un voleur malhonnête, puis il se saisit de son cimeterre pas très reluisant. Posant l'arme la plus lourde sur le sol, le borgne retomba sur ses fesses et, dans un rictus machiavélique, tapa plusieurs fois le fourreau de son sabre contre la lame de Thalo, dont les tranchants hurlaient d'un cri strident à chaque choc. Le résultat était un boucan des dieux accompagné de la voix mélodieuse du batteur improvisé. Les premiers à réagir furent les volatiles en tous genres, qui s'envolèrent effrayés de leurs demeures élevées et s'éparpillèrent dans un cortège de plumages affolés.

- ALLEZ TOUT L'MONDE ! ON SE RÉVEILLEUH !!!

Son rire gras et irritant cloitra tout ce vacarme lorsqu'il vit certains de ses compagnons bondir de leur sommeil l'arme à la main ou vociférer des insultes incompréhensibles, prononcées dans un état qui se trouvait entre la fureur et la somnolence.

Après moult rebondissements, dont la plupart étaient les conséquences de ce réveil chaotique, la troupe reprit la route de Bouhen. Bien qu'ils étaient plus loin de Kendrâ Kâr, les voyageurs redécouvrirent la même route, et presque les mêmes gens, elle semblait être pareille partout, comme un serpent qui ondulait entre les bois, dont les écailles étaient constamment en mouvement. Mais bien sûr, cela ne changea rien à l'humeur de Sirius, qui lança une raillerie gentillette à l'homme en armure, qu'il avait lancé d'une part juste pour l'agacer mais aussi dans l'espoir d'en savoir un peu plus sur cette mystérieuse shaakt au visage de neige.

- Alors, l'eau était bonne ?

Un râle, c'était là sa seule réponse. Heartless n'allait pas en faire un drame. Après tout, c'était lui qui asticotait la plaie, juste par prétention et tempérament chamailleur.
A la venue du soir, la fine équipe installa une nouvelle fois son campement en dehors de la route, dans un petit cabanon abandonné au milieu d'une ferme fantôme, des plants de tomates noircies, des carottes grisâtres, des mauvaises herbes à foison, mais au moins un toit qui se prêtait volontiers à un emprunt. Au terme du crépuscule, Heartless et Mazhui se dévouèrent pour partir chercher à manger, quitte à voler un bœuf à son éleveur. Mais après une heure et demie de recherche acharnée, le borgne revint bredouille tandis que le savant faiblard, lui, arborait trois lapins bien sanglés autour de sa poitrine. D'ailleurs, il ne manqua pas de narguer de la manière la plus fine possible la mauvaise chasse de Sirius, à la fois jaloux et désabusé par le fait que lui, tout de force et d'instinct, n'avait même pas pu choper un écureuil, tandis que l'Ynorien si courtois était rentré grand vainqueur de la chasse. Les fruits de son savoir, peut-être ? Il ne lui révéla rien, mais Heartless se dit que son compagnon devait avoir une fort bonne connaissance des pièges, ou bien une sacrée chance. Alors que le groupe se rassasiait autour d'un bon lapin grillé, Heartless se démena pour emmener un peu Rosa à l'écart, pour causer un peu, seuls à seuls ( il avait réservé la plus grosse part de viande à Thalo, de quoi l'écarter pour un moment ). Il ne voulait pas l'avouer, mais le peu qu'il avait entrevu la nuit dernière l'intriguait, il voulait en savoir plus, parler un peu, chercher l'aiguille dans la botte de foin. Alors que ses joues enflées retenaient les derniers morceaux de viande grillée, il posa sa question comme si de rien n'était.

- Dis Rosa, tu faisais quoi avec le tas de ferraille après mon tour de garde ? T'apprenais à nager ? Allez, fais pas ta timide !

Il lui fit une petite tape amicale du coude et lui sourit d'un air tantôt benêt, tantôt compréhensif. Nul besoin de le préciser une énième fois, mais quand Heartless parlait aux femmes, il n'arrivait jamais à avoir l'air naturel, qu'elles furent humaines, shaakts, humorans ou même garzoks...

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Mar 14 Juin 2011 01:23 
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«Shuu, ussta karliik ! Qu’est ce que c’est ? »

« Notre capitaine qui imite le chant du coq. »


Rosa nota la prestation d’un éternuement aigu. Le peuple millénaire n’échappait apparemment pas aux rhumes. Thalo partit à la rencontre du borgne comique pour récupérer sa lame. L’idée de réveiller tout le groupe d’une façon extravagante ne le dérangeait nullement mais on ne devait pas jouer avec son arme. La shaakt de son regard sombre, perforait le dos du pirate rieur, au moins elle allait mieux de ce côté là. Il se s’agenouilla devant elle, encore couchée contre l’écorce. Son heaume fit un bref mouvement interrogateur comme pour demander si elle avait bien dormi, à cela l’elfe haussa les yeux puis se leva en s’appuyant sur l’armure. Elle prenait plus d’appui qu’il n’en fallait pour se redresser, surement pour tenter vainement de le faire tomber puis cette mage agacée par le réveil fixa Sirius. La sorcière cherchait probablement une espièglerie pour se venger. L’homme d’arme rangea les couvertures pour peu après se présenter prêt à repartir. Il repensa un moment à la nuit dernière, les faits tel un rêve lui échappait au fil de sa réflexion. La leçon s’était bien passée, une conversation plus maladroite et ces arbres inquiétants. Le guerrier soupira puis vérifia que la mage se tenait prête. La petite troupe se remit dans le chemin sous un jour éclatant.

Surprenante confession, scission avec sa méfiance naturelle. Son passé ressurgissait à chaque narration pourtant celle d’hier dépassa sa volonté. Vicieuse mémoire allégée par l’oubli, une paix illusoire s’était installée et la rendit insouciante de ses épisodes marquants. Vivre sans savoir, elle ne pouvait s’y résoudre mais lorsqu’elle se rappelait, Rosa n’arrivait pas à le supporter. Persuadée d’avoir pris de la distance avec son enfance, les fragments de cette voix maternelle, les bras chauds, le regard rassurant et ce corps aimant la terrassaient de malheur et submergeaient son crâne. Que devait-elle faire ? Tout raconter à son protecteur reviendrait à donner la même confiance qu’elle avait accorder autrefois. Humain si éphémère, la mort le faucherait en moins d’un siècle. Toutefois la mage savait que la souffrance du cœur étouffe perpétuellement la misérable raison. Stupide enseignement et méprisable amour, ils l’avaient rendue malade et angoissée. Dénaturée une deuxième fois, la shaakt déchue disposait de si peu de repères. Cela semblait irrémédiable… Elle se confierait à son bouclier désintéressé, l’ultime lien qui la séparait de la folie, horrible mal qui frappa sa génitrice.


« Heartless se serait attardé et aurait observé notre apprentissage… »

« Fa’la zatoast jaluk ! Impertinent et fouineur, il va le regretter. »

« Cette nuit, je ferai attention. Si je le surprends, je le laisserai à vos soins. »


Thalo ne le pensait pas réellement, d’autant qu’en colère Rosa pouvait dépasser les bornes d’une simple réprimande et lorsqu’on cherchait à trop comprendre le lien entre la sorcière et lui, elle se montrait tout sauf calme. Néanmoins l’indiscrétion de Siruis l’agaça, il ne lui portait déjà presqu’aucune estime et cette nouvelle réarma son mépris. Afin de se calmer, le guerrier observa les différents voyageurs qu’ils dépassaient. Un homme encapuchonné, armé, se stoppa à la vue de l’elfe. Il lui barra la route avec un sourire puis s’expliqua :

« Je vois que vous avez en vous la flamme de notre tout puissant Meno ! »

« Restez à l’écart. Ne vous approchez pas de moi. »


Il sourit d’avantage :

« Votre âme est tourmentée, mais à qui recherche son salut, Le divin des volcans de Nosveris éclaire sa lanterne ! Je sens qu’un grand avenir vous attend, le feu brule puissamment en vous malgré sa jeunesse. Vous auriez un brillant avenir au sein de notre ordre ! »

« Cessez de gesticuler inutilement votre gosier. Je ne veux pas vous entendre, prédicateur. »

« Dans ce cas acceptez ceci, en gage de compassion. Sachez que les portes du temple vous ouvriront toujours leurs portes ! Allez en paix. »


Le prêtre attrapa sa main pour y déposer un objet, la shaakt eut un souffle surpris. Le personnage s’inclina puis reprit sa route, satisfait. La mage posa ses yeux sur le présent, un diadème. Très discret, Des lignes d’argent ondulant jusqu’à une mince opale dont l’éclat fascinant bloqua un instant son regard. Indignée, interloquée puis curieuse, elle le posa sur son front. La magie du bijou s’insinua en elle, Rosa perçut ce changement. Elle se tourna vers la silhouette de l’homme de foi qui s’éloignait.

Le capitaine planta un campement dans un bien étrange décor. L’elfe se demanda alors qu’elle observait la ferme délaissée et grinçante si leur chef disposait de toute sa tête. D’abord les vêtement, puis les lieux de campement, au mieux cela pouvait correspondre à une faute de goût. Cependant la sorcière préférait l’imaginer complètement fêlé, cela la faisait sourire pour cet indiscret. Assise au coin du feu, elle l’observait crépiter. Le protecteur s’occupait à entretenir son épée, un éternuement de la shaakt le fit réagir :

« Vous tenez à vous entraîner ce soir ? C’est vraiment tenter Jerì ! »

« Oui. »

« … Mais si vous tombez gravement malade ? »


« Tant pis pour moi. »


Il laissa résonner un léger rire. Heartless et Mazhui annoncèrent qu’ils allaient chasser, enfin une bonne initiative. Pourtant avaient-ils le talent de chasseur que leur allure ne montrait pas ? Thalo se permettait quelques doutes. La jeune shaakt s’amusait avec les flammes, elle ne prit la parole que lorsque le guerrier se permit de s’allonger :

« Puis-je juste savoir son nom ? »

« Elle s’appelait Nadith. »


L’humain l’aimait ou l’avait aimée. Rosa décela au ton, après des années à étudier les autres races, elle discernait et comprenait des comportements qui ne ressemblaient pas aux siens. Curieusement, son sentiment de sécurité habituel se sentit en péril face à une telle déduction. Le protecteur fut remis en question à éprouver ou avoir éprouvé pareil abyme, sentiment corrosif, inconnu…

Les chasseurs revinrent, l’un d’eux victorieux. Le guerrier vaguement impressionné inclina son casque en signe de respect. Ils offraient tout de même un repas ce qui était tout à leur honneur. Le fumet le mit en appétit et Thalo se mit à l’écart pour dévorer son repas à l’abri des regards.

La mage observa sa part, elle y gouta sans trop d’appétit, mangea peu puis partit pour donner sa part à son protecteur. Le capitaine lui barrait la route. Il avait la bouche pleine et lui parlait sur un ton qui ne lui revenait pas, lui donna un coup de coude qui pour paraître amical fut très mal encaissé pour la maigre constitution de l’elfe.

« Alors c’est vrai. Vous nous avez espionnés. Bien mauvaise manière d’entretenir la camaraderie dans votre équipage, si je puis me permettre. Quoique… Oui j’apprends à nager là où j’ai grandi il n’y avait ni mer ni rivière. Si je vous surprends à reposer vos yeux une nouvelle fois sur moi lorsque cette robe et ce manteau ne vous défendent pas la vue, alors vous connaîtrez une mutinerie… Flamboyante. Maintenant si ça ne vous dérange pas, capitaine, je vais tâcher de ne plus vous être un fardeau en mer. »

Elle s’échappa de son emprise pour rejoindre son armure. Thalo attendait près d’une mare. Il venait de remettre son casque et la remercia pour la ration qu’elle lui apportait. Evidemment, le guerrier n’enlèverait jamais son heaume maintenant que la curiosité de la sorcière se trouvait en face de lui. La leçon portait désormais sur les mouvements dans l’eau. Après avoir appris à flotter, la pauvre apprentie devait se mouvoir dans ces flots hostiles. Lorsqu’elle n’avait plus pied, Rosa l’appelait à l’aide pour qu’il la tire vers lui. Peu à peu, elle parvenait à l’imiter dans ses mouvements de brasse même si cela restait toujours très gauche. La shaakt osait faire une brasse vers le centre profond puis revenait immédiatement près du bord, contente de voir qu’elle progressait vite.

« Vous voyez ! Vous n’avez même plus peur de l’eau. »

« Tant mieux, je pourrai faire le python royal. »


Son sourire sadique ne dura qu’une seconde, une vague d’eau l’aspergea et elle eut un cri coupé avant de reprendre son souffle. Le heaume flottant regardait en l’air, benêt et innocent. Lorsqu’il jeta un œil à l’elfe sombre arrosée, il vit un regard terriblement réprobateur.

« Je m’en sortirai très certainement si je disais que c’était un réflexe datant de mon enfance. »

« Non tu ne t’en sortirais pas. »

La leçon continua paisiblement. Thalo remonta en premier pour la laisser nager seule et lui donner l’intimité nécessaire pour regagner ses habits.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Mar 14 Juin 2011 23:29 
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… Un tintamarre horrible et l’envole effrayé des volatiles réveilla la jeune femme en sursaut, perchée haut dans son arbre. Elle faillit même en tomber, alors que l’astre diurne était à peine levé. Pas très loin, provenant du bivouac des voyageurs, une espèce de cloche égrainait ses gongs appuyés par la voix rocailleuse du pirate. Un court silence, puis le son d’autres voix et son rire déchirèrent la quiétude qui était revenu.

La jeune femme sourit : (Pirate tu es taquin et les autres vont t’écharper si tu continues à les chercher de la sorte…)

Elle s’étira et descendit de son perchoir. Elle était ankylosée par sa position précaire entre les deux grosses branches. Sous l’effet de surprise, sa pelisse avait chu et gisait au pied de l’arbre. Arrivée au sol, elle récupéra son bien et tendit l’oreille. Le raffut au sein du groupe résonnait clairement dans le bois. Il lui était facile de reconnaître les voix de chacun.

Elle ne s’attarda pas plus longtemps et mit tout de suite de la distance entre elle et le groupe, sans s’éloigner du ruisseau qu’elle remonta en gardant la direction approximative de la route de Bouhen.
Arrivée aux abords d’une combe ensoleillée, elle y trouva un grand charme et elle décida d’y faire un brin de toilette. Elle se dévêtit, rassembla et cacha ses affaires sous une fougère avant de plonger dans l’onde rafraîchissante, nue comme un vert. Là, N’Kpa barbotait, chantonnait de petites comptines de son peuple. Son estomac lui rappela soudainement que son repas de la veille avait été frugal et tout en s’amusant elle se mit à la chasse d’un poisson de bonne taille. L’exercice lui prit pas mal de temps et de patience, mais fut couronné de succès.
Elle ne mit que quelques minutes pour rassembler du bois mort et sec, allumer une petite flamme et après avoir vidé sa proie la planta sur un bâton. Elle en profita pour chercher quelques baies et racines que la belle saison lui mettait à disposition.
C’est au bout de deux bonnes heures, toute revigorée qu’elle revint sur se pas voir ce que faisait le groupe.
À sa surprise, ils avaient levé le camp et devaient avoir pris une bonne avance. Elle se maudit un peu en repensant aux plaisirs simples auxquels elle venait de s’adonner.
La jeune femme un peu déroutée, cette fois-ci, emprunta le route et força le pas.
Désormais les champs et les prés avaient cédé la place à de grandes étendues sauvages.

Bien des gens, marchants, autochtones, paysans, artisans, ou simples voyageurs furent étonnés de voir une humoran. Certains mêmes allèrent jusqu’à la chasser lorsqu’elle s’approcha trop prêt d’eux, par peur, pour demander des renseignements sur les personnages qu’elle suivait.
Elle croisa un groupe de soldat et les évita du mieux possible.

En milieu de matinée, elle se reposait sur un chariot conduit par un charmant commis de ferme. Les deux heures qui suivirent s’égrainèrent en discussions diverses sur la région et les risques que l’on pouvait y trouver. Le jeune homme l’avertit de se méfier des gobelins qui rôdaient parfois en forêt avant d’arriver à Bouhen et des bandits qui, malgré les soldats, infestaient certaines zones.
Soudain, elle entrevit son groupe seul, avançant inexorablement vers l’ouest. Alors sans rien dire elle décida de quitter le paysan.


Merci Argyll ce petit voyage en votre compagnie fut agréable, j’en sais plus sur le coin grâce à vous. Soyez aimable de ne pas parler de moi. Je vais vous laisser, peut-être à un de ces jours !

La soudaineté de cette décision surprit le jeune homme.

Quoi ?… Mademoiselle… je ne sais même pas comment vous vous appelez et qui vous êtes ?… je…

Elle ne répondit pas, ne se retourna pas et s’enfonça dans la nature environnant la route avant de disparaître comme une ombre, un rêve. Argyll resta là debout sur son chariot, les rênes en main ne croyant pas ce qui venait de se passer. Il reprit son chemin dépité, poussant sa mule de l’avant l’air renfrogné.

La jeune femme courut et dépassa sa cible. Mais afin de ne pas les perdre de vue elle ne laissa pas trop de distance les séparer.
Le soir commençait à montrer ses premiers signes et à sa dernière observation, elle avait pu constater que Heartless avait fait quitté la route à ses compagnons et les avait mené aux abords d’une ferme en ruine. Un feu rapidement illumina la ruine.
Elle était trop loin pour entendre ce qui se tramait, mais tout n’était pas aussi tranquille qu’il y en avait l’air. Le soleil était couché maintenant et la lumière mauvaise entre chien et loup, ne devait pas favoriser la vue des humains.
Elle vit le pirate et le dandy chacun partir dans une direction opposée.


(Mais qu’est ce qu’ils font ?…)

Un doute s’immisça dans son esprit :

(hum ! ce pourrait-il qu’ils m’aient repéré et me tendent une embuscade ? … Non, c’est autre chose… )

Le Ynorien semblait venir dans sa direction, alors elle se cacha derrière un gros buisson et attendit qu’il la dépasse et l’observa. Il était surprenant de voir cet homme dans ses tenues de soies fignolées se promener dans les grandes herbes et discuter pour lui seul.

Même si je dois la liberté à ce vaurien de Heartless, je vais lui montrer que je suis capable de faire mieux que lui sur un terrain qu’il ne connaît pas. Voyons très cher, te voilà chasseur d’une utopie, toi qui ne différentie pas grenouille d’une quenouille ! Mais peut-être que l’esprit vaincra là où l’expérience prime ? Hu ! hu ! hu !

Il était tellement absorbé à son monologue qu’il fit un bond lorsqu’elle écrasa une branche morte sous ses pieds. Elle s’en mordit les lèvres. Juste au même moment, derrière elle un petit son feutré l’alerta. Elle se tourna et aperçut l’arrière-train blanc d’un lièvre qui détallait. Elle le suivit à pas feutrés, recourbée pour ne pas être vu par l’homme et découvrit son terrier à quelques encablures.

L’homme n’était pas loin et cherchait, il se baissa et commença à observer les traces. Malgré le manque de clarté, elle l’entendit glousser.


Hoye ! hoye ! hoye ! voilà donc un gibier des plus étonnants. Un filet serait plus efficace qu’un lacet. murmura t-il, avant de reprendre plus fort : Quel bon vent terrien a t-il poussé de part les terres le chaton appeuré ? Si vous êtes là, sachez que je ne vous veux aucun mal et même serait honoré de pouvoir converser avec vous ?

Une pose, il s’était redressé et écoutait une éventuelle réponse, qui ne vint pas.
Si jamais, une pitance, une poularde ou bien un lièvre vous encombrait, sachez que je serais acheteur et le prix serait votre ?

(Voilà c’est ça ils sont à la recherche de nourriture. )

Elle déposa rapidement sa besace, en sortie de la ficelle et prépara un collet, à la sortie du terrier. Puis elle chercha les éventuelles autres sorties et en quelques minutes posa encore quelques cercles de cordelettes.
Puis elle s’éloigna et hulula afin d’attirer l’homme dans sa direction. Elle se cacha dans un arbre et observa. Elle avait intentionnellement laissé pas mal de traces et pensait à juste titre l’homme capable. Les minutes s’étiolèrent et elle entendit un remue ménage et le bruit sec d’un cou fracturé. Puis cela se reproduisit par deux fois.


Qui que vous soyez, par la divine lumière sachez que vous avez toute ma gratitude. J’entrevois grâce à votre aide, charmante amazone des forêts une jubilation et une menue vengeance des plus exquise. Soyez béni d’être notre ange gardien… Je ne soufflerai mot de notre rencontre.

N’Kpa du haut de son perchoir avait pu apercevoir l’homme se tourner dans toutes les directions arborant haut les trois lièvres capturés par les collets. Elle n’avait pas saisi l’ensemble de ce qu’il disait. Juste ce soir, elle savait le pédant fier de lui. Elle le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse. Alors elle descendit et le suivit de loin.

Le spectacle du campement avait été amusant, puis le pirate traîna la Shaakt chétive à l’écart pour discuter un court instant. Déjà pâle celle-ci sous le couvert de la lune ressemblait à un fantôme, là, cependant ses joues semblèrent s'enflammer d’un rouge vermillon. Trop loin pour entendre ce qu'elle disait, elle en constat tout de même la véhémence. Le pirate déchu avait dû commettre une plaisanterie de mauvais goût. Le grand guerrier en armure attendait un peu à l’écart, visiblement impatient, ses yeux brillaient à la lueur vacillante des flammes de leur feu, elle le rejoignit et ils disparurent derrière la ferme...
C’est avec un certain intérêt que l’humoran resta là enfoui sous la végétation, à observer la leçon de natation. La connivence entre ses deux personnages aussi différents, aussi éloignés l’un de l’autre l’étonnait. Même si elle perçut des relations étranges et des réactions tout aussi bizarres de la Shaakt malade, elle avait du mal à comprendre leurs rapports, à part celui de protection. Peut-être était-ce juste cela...
Il lui sembla surprenant de constater qu’elle était si différente des membres de son peuple, un peu comme elle.
A cette constatation les souvenirs de la rencontre avec Ilda remontèrent et elle en frissonna. Le seul rapport avec un Shaakt qu'elle avait eu ne s'était pas fait dans de bonnes conditions. Elle avait même faillit en mourir. Mais les histoires contées par son peuple sur cette ethnie ne laissait pas de doute sur leur comportement et la confiance que l'on pouvait leur accorder.
Elle cependant était vraiment différente, frêle, pâle et les cheveux sombres. Si cela n'avait pas été les oreilles fines et en pointes, plus ce qu'avait dit Heartless il y a deux jours lorsqu'il présenta rapidement le groupe, elle l'aurait prise pour une Hinïon.
Quelque chose l'attendrissait en l'observant, peut-être parce qu'elle paraissait si fatiguée, fragile, mais pleine de volonté et d'opiniâtreté. Lorsqu'elle était en présence du guerrier, cela lui rappelait un peu un tableau de famille, comme une petite soeur et son grand frère protecteur. Elle s’imagina pouvoir discuter avec elle, essayer de comprendre ce qui la faisait si différente, étrange et par la même attirante.

Elle ne s’aperçut pas que le sommeil l’avait pris, son esprit s'envola au pays de songes et ne vit pas la fin de la leçon…

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MessagePosté: Mer 15 Juin 2011 21:57 
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Le réveil se fit difficilement. Heartless avait eu la bonne idée de les réveiller en frappant deux armes l'une contre l'autre, produisant un boucan infernal. Nark bougonna un moment, puis aida à ranger le camp. Mis de mauvais humeur par son capitaine, il passa la journée dans son coin sans parler à personne, jusqu'au moment où Mazhui s’approcha. Le sage dit de sa voix grave :

" Eh bien, mon garçon, que se passe-t-il ? Tu n'as pas l'air jovial.J’ai du mal à te cerner. Tu passes d'un sentiment à l'autre très rapidement. Et quelle est ta relation avec Rosa ? Au port, tu lui as montré ta haine et toute la rancœur que tu éprouvais pour elle. A la grande porte, tu l'as salué comme si elle était une dame de la cour. Qui es-tu, Nark ?"

C'est vrai que la remarque du barbu était justifiée. Lui-même ne savait pas qui il était. Tout ce qui s'était passé depuis quelques jours, depuis le combat de l'arène, l'avait chamboulé. Auparavant, il était un fier guerrier qui luttait pour l'honneur et la gloire. Mais tout avait changé. Et le principal changement était sa rencontre avec Heartless. Il n'avait plus aucun honneur. Il avait tué deux gardes en traître, dans le dos. Il avait fui la ville où il avait passé toute sa vie pour cet homme. Le jeune guerrierétait devenu un meurtrier, un assassin, loin du brave et innocent garçon d'autrefois. Quant à Rosa, il sentait à présent qu'elle cachait sa véritable nature, qu'elle était différente des autres membres de sa race. Elle ne montrait son véritable visage que très rarement, mais Nark avait pris conscience qu’elle n’était pas celle pour qui elle se faisait passer. Il mit donc quelques instants pour répondra à Mazhui :

« Eh bien, Mazhui, je ne sais pas très bien où j'en suis. Depuis que j'ai rencontré Heartless, ma vie a changé et moi aussi.»

Une moue songeuse se dessina sur le visage de l’homme.

« Je peux comprendre ce que tu ressens. Moi aussi, avant de quitter Oranan, j’étais quelqu’un d’autre. Un homme que je n’étais pas réellement. Ne pouvant plus supporter l’étiquette et le sens de l’honneur qui primait plus que tout. J’ai fui. De long mois durant j’ai erré de villes en villes, avec les maigres yus qui me restaient. J’arrivai finalement à Kendra Kâr, sans un sou en poche. J’ai dû voler pour me sustenter et j’ai été arrêté. Cela faisait trois jours que j’étais dans ma cellule humide quand Heartless est arrivé.»

Nark fut flatté que Mazhui se confie à lui. Jamais auparavant quelqu’un ne l’avait fait. Ils s’arrêtèrent quelques minutes après, pendant que le guerrier était perdu dans ses pensées. Le barbu et le capitaine sans bateau partirent chasser et ce premier revint fier comme un coq avec trois lapins. Ils mangèrent et se couchèrent.

Thalo le réveilla pour prendre son tour de garde. Nark prit son arme et se leva, puis s’éloigna dans les buissons à plusieurs dizaines de mètres du campement, pour satisfaire ses besoins. Puis il entendit un souffle régulier. Pas le souffle court d’un animal, mais celui long d’une créature humanoïde endormie. Ils étaient suivis. Le jeune homme se concentra pour savoir d’où venait ce bruit. Il dégaina l’une de ses rapières, qui chuinta en sortant du fourreau. Il avança lentement, veillant à ne faire aucun bruit. Il découvrit à cinq mètres de lui l'auteur du souffle : N’Kpa, l’humoran.

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MessagePosté: Jeu 16 Juin 2011 11:42 
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- ... Maintenant si ça ne vous dérange pas, capitaine, je vais tâcher de ne plus vous être un fardeau en mer. lui dit Rosa avec son habituel dédain.

Mais elle avait pris la peine d'ajouter une précision, un message caché. Elle disait ne plus vouloir lui être un fardeau, ces paroles n'allaient pas à la Rosa qu'il croyait connaître. Depuis quand ce préoccupait-elle d'être un fardeau ? Pensait-elle sérieusement à rester dans ce petit groupe de vagabonds un peu fêlés, qui ne sait jamais vraiment où il va ? Heartless déclara forfait, décidément, il ne comprendrait jamais les femmes, et encore moins les shaakts. Ne sachant que rajouter de plus, il s'en alla grignoter autour du feu, avec les autres. Malgré les tensions et les inconnus entre toutes ces personnes, ce repas était à l'image de la flamme qui brûlait en son centre : gai et chaleureux. Comme si il les connaissait tous depuis dix lunes, Sirius avait brisé le silence en balançant quelques blagues qui firent mouche, des anecdotes, il se mit même à leur conter des histoires de ses pérégrinations aussi loufoques qu'imaginaires, le jour où il avait tué un dragon avec la langue, ou bien lorsqu'il souleva à lui seul un galion entier de ses seuls bras pour le jeter sur l'autre rive, il avait même dit qu'un jour, il avait agrippé un lutin et lui avait fait traverser les nuages avec un bon coup de pied aux fesses. L'absurdité omniprésente dans chacun de ses récits sans queue ni tête avaient au moins l'avantage de faire rire de sa personne.

Puis enfin il fit part de ses soupçons concernant Mazhui, comment un être aussi faible et peu enclin à passer à l'action avait réussi à dégoter autant de nourriture alors que lui, qui s'autoproclamait le plus grand chasseur de lapins que le monde eut connu, n'avait pu en attraper aucun ? Mazhui répondit qu'il avait simplement eu de son côté la chance et l'astuce, puis Heartless lui lança sur un air de défi :

- La prochaine fois, j'attraperais un lion !

Cette joute verbale ne rajouta que plus de gloussements hilares autour du feu. Au terme du repas, on commença les tours de garde en conservant les mêmes relais que la nuit d'avant. Ainsi, Nark partit remplir son office en premier, mais il fut suivi par Heartless qui avait quelque chose à lui demander. Le borgne se leva dans un grognement disgracieux, et se rapprocha de Thalo pour lui murmurer :

- T'as l'air d'être un bon prof. Allez, fais-en sorte que Rosa devienne une championne de la brasse !

N'importe qui aurait pris ça pour une énième raillerie, mais Sirius voulait en faire un encouragement. Il salua les autres avant de disparaître au loin, vers le poste de guet que Nark avait choisi. Après une bonne dizaine de mètres dans un champ délabré, Heartless aperçut le bretteur qui avait dégainé une de ses rapières, focalisé sur un buisson suspect. Il se rapprocha discrètement et découvrit, couchée entre les ronces, l'humoran N'Kpa qui dormait à poings fermés. Une main rassurante se posa sur l'épaule de Nark.

- Chut... Laisse la dormir, tu n'as rien vu.

Puis le capitaine écarta doucement son compagnon du berceau de l'animal. Il se sentait... étrangement soulagé que la semi-elfe ait décidé de les prendre en filature, peut-être parce qu'une telle créature n'était pas coutume à voir, il s'intéressait à tout ce qui était rare, unique, peu courant, il avait la fausse impression d'avoir été le premier à faire la découverte de cette perle rare, même si le monde animal ne l'intriguait pas plus que ça. Enfin, il avait quelque chose qui lui pressait de demander à Nark. Il l'emmena à l'écart, le fait que Thalo apprenait la brasse à la shaakt avait fait surgir une idée de son esprit. Décidé, il fit part de ses doutes à l'ancien milicien.

- Dis Nark... tu te souviens des trois gars qu'on a affronté dans les cachots ?

L'homme hocha la tête.

- Et bien... Ça m'a pas plu, je les ai pas vaincus, ces mecs-là, je les ai massacré plutôt... C'était pas très agréable si tu vois ce que je veux dire.

Oui, il se souvint de la manière avec laquelle il les avait attaqué, sans une once de pitié, sans âme. Il s'était jeté sur eux tel un fauve enragé, il s'était laissé aller. Ça lui avait rappelé des souvenirs qu'il aurait préféré garder sous scellés. Il était pudique, faire clairement part de ses remords était pour lui hors de question, même si il s'en voulait d'avoir tué des gens qui ne méritaient pas un tel sort, un sort réservé aux vraies ordures. Le meurtre sauvage, l'auteur pouvait aussi en être la victime. Il avait peur de laisser la mauvaise image derrière lui, d'être haï plutôt qu'admiré. Que l'on cherche à l'oublier plutôt que de conserver son souvenir. Et Nark aussi il avait contribué à ce massacre, il ne pouvait se confier à personne d'autre. Mais plus que les remords, c'était l'inutilité de cette méthode qui le démangeait, il n'avait même pas pu porter le moindre coup à Gorilla dans un duel au sabre, car lui savait se battre, Heartless ne savait que foncer tête baisser vers son adversaire, risquant sa peau plus qu'autre chose.

- Hé, tu sais bien te battre, pas vrai ? On te l'a appris, j'en suis sûr. Je voudrais que tu m'apprennes l'escrime, et tout de suite si possible.

Heartless dégaina son cimeterre et le tendit vers Nark. C'était peut-être la première fois qu'il arborait un visage aussi sérieux alors qu'entre ses doigt, il tenait fermement le manche d'une épée. Sa posture était indécise, il tenait mal son arme, il ne pouvait regarder autre chose que l'éclat de la lame de son ennemi, et ses coups ne frappaient que tu vent. Il pensait qu'en s'entraînant avec un épéiste confirmé, il pourrait peu à peu surpasser Thunderhead, donc la subite trahison restait gravé en lui comme une douleur à la poitrine, le genre de douleur qui lui faisait peur, qui lui rappelait sa lâcheté, son impuissance. Il voulait se surpasser, juste un peu, ou peut-être juste échanger quelques coups pour de faux, histoire d'oublier tout ça pendant un infime instant.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Jeu 16 Juin 2011 22:12 
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Seul le son du souffle venait aux oreilles de la shaakt. Plus la mage y pensait, plus elle comprit que le vent fut lors de sa vie presque le seul bruit qu’elle entendait toujours. Autrefois il s’accrochait aux pierres taillées, aux longs couloirs sombres et endoloris. Les arbres l’accueillaient plus sereinement, ils se laissaient bercer, leur feuillage murmurait. Ce timbre si lancinant, porteur du silence du temps jadis. Chaque réflexion sous la brise donnait rappel à ces vieilles gravures. Mémoire désastreuse, alors que l’abri devenu tombeau semblait à jamais inerte, le vent porta les plaintes des esclaves condamnés, hommes jetés dans les oubliettes avant la fin de toute raison. Des hurlements à glacer le sang, corps agonisants qui gaspillaient leurs ultimes ressources pour maudire leurs bourreaux déjà morts. Rosa les avait écoutés, paralysée par la peur, un sol jonché de pestiférés. Elle aurait du quitter cette tombe à cet instant, ne pas chercher à savoir la vérité, ne pas retrouver sa mère emprisonnée et délaissée. Une araignée argiope frelon lui barra la route, une toile tissées entre deux buissons. L’elfe se baissa pour regarder ce prédateur immobile. Elle patienta jusqu’à ce qu’une mouche tombe dans son piège, en une poignée de seconde, la minuscule tisseuse vint mordre sa victime qui s’agitait puis la recouvrit de soie. Repoussante et terrifiante mais pourtant capable de si belles choses, Rosa admirait ce cercle tracé, vingt huit rayons précis. Son imagination lui donna alors la taille d’une mouche, prisonnière de cette toile qui à chaque mouvement prévenait la dame venimeuse. Un piège attirant qui nous condamnait un peu plus à chacune de nos tentatives pour en ressortir. Notion d’immobilité et ce vent qui n’en finissait pas, La sorcière quitta l’araignée pour rejoindre les autres.

Les bains nocturnes commençaient également à affaiblir le guerrier. Le temps devait y être pour quelque chose. Thalo adressa un sourire invisible à l’elfe sombre qui regagnait ses côtés toujours absorbées par ses mystérieuses pensées. Au moins le voyage réussissait à Sirius qui semblait plus euphorique à chaque pas. Pour un criminel en cavale, un pirate, un meurtrier et un impertinent, il s’en sortait à merveille à croire que le remord avait été enfoui en cet homme. Il amusait la galerie avec ses belles fables où il était le héros. La pauvre shaakt ne semblait pas plus réceptif que lui pour l’humour du capitaine. Le Wiehlenois s’assit aux côtés de sa protégé, le capitaine vint lui faire compliment discret mais même si les paroles étaient sincères, il n’en croyait pas un mot. Après que le chef ait décidé d’aller se promener ailleurs, Thalo lança contrit :

« Vous plaisez-vous vraiment parmi eux ? »

« Tu es offensé ? De quoi te plains-tu ? N’as tu pas toi aussi des faits d’armes à raconter ? »

« Je me bats avec mon épée pas avec ma langue et je boute pas des gens jusqu’aux nuages. »

« Oh vraiment ? J’aurai du écouter… »

« C’est pour cela que je ne narre pas mes faits d’armes, la gente féminine écoute à moitié. On engage alors un barde et c’est lui qui avec ses mots obtient les bonnes grâces avec nos faits. Ah ! J’en ai trop dit. »

« J'avais oublié. Vos hommes courent après des poules, avec une danse digne d’un paon et de belles paroles. »

« Gaïa soit louée, nos femmes n’ont pas votre tempérament. »


« Mon tempérament ! Tu me compares à ces furies de Caix Imoros ? Je ne t’ai pas mis dans un enclos que je sache. »

« Presque. Vous êtes allée dans cette ville ? Comment était-ce ? »


« D’un mauvais goût, chaotique et scabreux... Hm avec une touche de riche pourpre. La déesse araignée a des goûts subtilement impénétrables. Mais je me suis bien amusée en visitant les étables d’esclaves. »

« Très peu pour moi… »

« Aah mais pourtant, je suis certaine que les dames de la haute se crêperaient le chignon pour t’avoir comme amusement. »


Rosa conclut par un sourire qui lui fit froid dans le dos. Au moins, elle redevenait comme avant. La nuit suivante fut d’ailleurs différente.

« Cette fois, je nagerai seule. »

« En êtes-vous sure ? »

« Oui, tu en as assez vu. »


Amusé puis surpris, le guerrier prit ce congé plus ou moins mal. La perfide jubila en silence mais parut ferme et persuadée de sa quelconque bonne raison. Cela lui avait manqué de titiller son orgueil. Il ne bougea pas, le héros voulait éventuellement faire croire à une attitude impassible. Rosa trouva après un longue marche une mince rivière. La shaakt se déshabilla en silence, prête à surprendre un indésirable voyeur mais cette fois, elle semblait bien seule. Elle posa la dernière pièce de tissu puis s’immergea lentement. Glacée comme à son habitude, l’elfe se permit un frisson sonore. Le ciel était complètement dégagé et la lune se présentait resplendissante. Il fallait ensuite s’imaginer alors un Thalo nageur au milieu de ce cours d’eau, une chose complexe qui n’aidait pas vraiment à se remémorer ses conseils. La mage s’élança pour tenter une brasse, son pied atterrit sur le sol rocailleux. Satisfaite, elle en retenta une autre, son protecteur l’avait dit, une question de confiance, ne pas avoir peur. L’elfe se rapprocha d’avantage du centre, elle touchait à peine sur la pointe et le courant la fatiguait. Dans l’espoir de regagner un peu d’énergie pour retourner au bord, la shaakt se laissa descendre jusqu’au fond des flots. Sa jambe bloqua soudain, son pied se coinça dans ce qui semblait être un bout de bois caché sous de la vase. Dépassée par la vitesse subite du danger elle tenta de rejoindre la lueur lunaire, en vain. Incapable de se libérer, Rosa appela à l’aide, des bulles, un son étouffé et de l’air en moins. La peur s’installa alors et ses poumons se vidèrent à un rythme fulgurant. A bout de force au bout de quelques secondes, elle resta immobile, son corps s’apprêtait à tenter la dernière tentative de respiration, celle que l’esprit ne pourrait jamais retenir. Tout devint sombre, la lumière nocturne s’affaissait. Ses paupières tombèrent, elle crut entendre une voix familière dans ce tourbillon silencieux. Sa bouche s’ouvrit une dernière fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et Bouhen
MessagePosté: Ven 17 Juin 2011 12:28 
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Heartless attrapa Nark par l’épaule. Celui-ci, ne l’ayant entendu arriver, sursauta. Bon dieu, quelle peur il lui avait fait ! Le capitaine lui glissa doucement de ne pas la réveiller. Il semblait soulagé que la semi-elfe soit présente, qu’elle les ait suivis. Il est vrai que l’humoran serait une alliée très utile, si son intention était bel et bien de les rejoindre.

Puis le borgne lui avoua que le massacre des cachots l’avait gêné. Il est vrai que ça n’avait pas été un combat, mais une exécution. Cela avait aussi marqué Nark, qui n’avait tué qu’à deux reprises-les assassins de sa famille- avant de tuer trois hommes à la milice. Il acquiesça donc la tête vers Heartless. Il était d’accord avec son capitaine. A cet instant, son chef lui fit une requête étonnante :

"Hé, tu sais bien te battre, pas vrai ? On te l'a appris, j'en suis sûr. Je voudrais que tu m'apprennes l'escrime, et tout de suite si possible."

Lui apprendre l’escrime ? Pourquoi pas. Même s’il était très fatigué, Nark pouvait bien faire ça pour son supérieur. Celui-ci, pour une fois, semblait sérieux. Peut-être était-il réellement motivé pour apprendre à se battre. L’ex-détenu lui tendit son cimeterre. Nark le prit et l’éloigna de quelques dizaines de mètres, ne voulant déranger l’humoran, qui dormait paisiblement. Il vérifia que son compagnon le suivait.

Ils arrivèrent à une petite clairière où la lumière de la lune pénétrait. On voyait comme en plein jour. Le guerrier s’assit sur une souche d’arbre, puis examina le tranchant et la pointe de l’arme de son capitaine. La lame était de belle facture, mais elle commençait à être émoussée et il y avait de nombreux tracs de lames sur le tranchant. Le borgne ne savait vraiment pas se servir correctement d’une épée. Ils n’étaient pas prêts de finir cette leçon et de retourner dormir. Le jeune homme décida d’employer un ton sérieux et dur pour montrer que, durant la leçon, il était le chef.

« Eh bien, Heartless, nous ne sommes pas sortis de l’auberge. Tout d’abord, il faut que tu saches que je ne suis pas un expert du cimeterre. Rien qu’en examinant ton arme, je sais que tu n’affutes pas assez ta lame, ce qui est dommage parce qu’elle est aussi efficace qu’un coupe-chou. De plus, je vois que tu pares les coups adverses avec le tranchant de la lame, ce qui peut la casser à n’importe quel moment et l’émousse encore plus.»

Il fit une légère pause pour voir la réaction de son élève et avaler sa salive, puis reprit.

« Le cimeterre est une arme terriblement efficace. Le bout de la lame étant plus large, elle est parfaitement adaptée aux coups de taille. On peut aussi utiliser l’estoc, une technique que j’ai appris à maîtriser. La rapière est principalement faite pour ce type d’attaque. »

Nark vit que le voleur ne comprenait absolument ce qu’il lui racontait. Il dit donc lentement, articulant comme s’il parlait à un détraqué mental :

« Taille veut dire attaque avec le tranchant et estoc veut dire attaque avec la pointe. Tu comprends Sirius ? »

Sans attendre la réponse de son interlocuteur, il lui jeta le cimeterre.

« Bien, voyons comment tu te débrouilles. »

Le véritable entrainement commença.

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