Dans le chapitre précédent…Arc du Souffle du Voile
Chapitre XIX.2 : Os Foudroyant et métal liquide
« Noruk… J'arrive pas à y croire. Et dire qu'il a voyagé à mes côtés tout'ce temps !- Ca nous as fait un choc à nous aussi Brumal… »Après avoir retrouvé Brumal à la grand' Place, les trois hommes s'étaient dirigés vers le dernier arrêt de leur journée, la Forge Royale située un peu plus plus haut dans les étages. La charrette de Brumal avait été laissée entreposée à l'écurie de Robur et troquée contre une charrette à main, plus simple à transporter dans les couloirs parfois étroits de la cité Thorkine. Cela n'empêcha pas le marchand de la lâcher avec un soupir de soulagement une fois arrivé devant la forge, dans un grand fracas du métal entreposé dedans.
Durant le trajet, Akihito et Hîo avaient fait le récit de leur journée : l'attaque, les quelques heures passées à attendre le réveil de l'assassin pour un résultat bien trop mitigé, la visite du diacre Polad. Au fur et à mesure du trajet le visage du thorkin s'était peu à peu assombris : de tristesse ? De colère ? De surprise aussi ? Akihito ne sut le dire. Cependant, lorsqu'il pénétra dans la Forge Royale, son sourire lui revint rapidement.
« Ascan ! Heaume de Pierre ! Devinez qui est d'retour ! » Penché au-dessus d'une forge, une ombre gigantesque se releva à ces mots. Le dénommé Ascan était un humain de presque deux mètres de haut dont les cheveux noirs et portés court encadraient un visage taillé à la serpe et mangé par une barbe de trois jours. Trois jours, cela devait aussi être le nombre de jours qu'il n'avait pas dormi aux vues de ses cernes impressionnantes. A ses cotés vint se poster un nain à la longue barbe aussi fournit que celle de Brumal mais d'un noir corbeau. Tous deux portaient un tablier de cuir de forgeron, dont la poche ventrale était garnie d'une petite collection d'outils : marteau, pince, lime et d'autres que Akihito ne put identifier.
Alors que le marchand se dirigeait vers les forgerons leur donner l'accolade, les deux amis restaient en retrait, attendant d'être introduit.
« Tu as vu ? C'est drôle comment Brumal semble connaître tout le monde où qu'on aille : le tavernier à Luminion, le garde Aitar et maintenant ces forgerons ! Remarque, pour un marchand ça doit être normal de connaitre du monde, vu que l'on passe son temps à voyager et… Euh, Hïo ? Tu m'écoutes ? Eh oh ! » cria Akihito à son ami.
Hïo était absorbé par ce qui l'entourait : ce qu'il voyait autour de lui ne pouvait que laisser sans voix un jeune forgeron. Il s'avança dans la forge, comme perdu dans sa concentration, reclus dans un monde que seul les forgerons pouvaient connaître ; ses yeux captèrent chaque détail, comme les imposants soufflets d'une forge impressionnante qui devait pouvoir forger une statue entière d'un seul bloc. Tout à coup, le forgeron oranais se dirigeât d'un pas rapide dans une direction. Suivant son ami du regard, Akihito comprit ce qui avait bien pu attirer l'œil de son ami : exposé dans une vitrine, reposant sur un présentoir de bois, se trouvait une paire de gantelets d'acier.
Se rapprochant à son tour, Akihito identifia bien vite que la pièce n'était pas ordinaire : l'intérieur des gantelets était fait d'un cuir très sombre qui n'était pas craquelé, comme s'il n'avait jamais servi. La surface des gantelets était quant à elle composée de fines lames d'acier se chevauchant fournissant une très bonne protection intégrale, mais un détail interpella le jeune homme : il ne voyait aucun interstice entre les plaques, ce qui était étrange : comment pouvait-on se servir de pareils gants si on ne pouvait faire jouer les jointures des doigts si les espaces entre les lames d'acier n'étaient pas suffisant pour permettre cette souplesse ?
« Oh, je vois que ma Pièce de Forge vous intéresse ? » dit une voix dans leur dos.
Les deux amis se retournèrent et firent face à Ascan qui les dominait de dix bons centimètres chacun, ce qui rendait inhabituel pour eux de devoir lever la tête pour parler à quelqu'un.
Ce fut Hîo qui réagit le premier.
« Mes respects, forgeron Ascan Tsanay. Je savais bien que c'était une Pièce de Forge ! Elle est tout à fait remarquable, mais un détail me chiffonne…- Comment les plaques peuvent-elles bien bouger sans espace ? Oui, on me pose souvent cette question et ma réponse reste toujours la même : essayez et vous comprendrez ! » dit-il en sortant une clé de sous son tablier et ouvrant la plaque au-dessus pour leur donner à chacun un gantelet, le gauche pour Akihito, le droit pour Hïo.
En enfilant le gant, la légèreté de celui-ci surpris le jeune homme qui s'attendait à un poids bien plus élevé.
« Le poids du gantelet se répartit sur toute la surface de la main, aucune partie n'est plus lourde qu'une autre : c'est ce qui donne cette sensation de légèreté. » expliqua Ascan.
Portant sa main droite sur les lamelles d'acier, le mage découvrit qu'elle pouvait légèrement bouger, comme si elle avait du jeu : lorsqu'il voulut prendre la garde de son épée, il sentit quelque chose se rigidifier dans le gantelet. Il dégaina sa lame, fit quelques moulinets avec et essaya de nouveau de faire bouger les lamelles de protection : celles-ci s'étaient bloquées et ne bougeaient plus !
(Comment est-ce possible ? Lorsque ma main est ouverte, les plaques ont du jeu, mais plus je sers poing et plus celles-ci se soudent entre elles !)« C'est très ingénieux votre système forgeron Ascan ! déclara Hïo, faisant jouer ses doigts en pliant certains et pas d'autres.
- Tu as compris comment ça marchait Hïo ?
- Evidemment mon vieux ! C'est tout simplement génial, les plaques sont reliées entre elles par des fils ou quelque chose dans le genre. Plus tu fermes ta main, plus ces fils se tendent, donnant la rigidité à l'ensemble des pièces !
Quant aux interstices, ils n'ont pas raison d'être dans une pièce pareille car les lames glissent entre elles.- Bravo petit, tu as bien trouvé le secret derrière ma Pièce de Forge, les Gantelets de fer liquide. La succession des Himatori est décidément assurée ! »Devant le regard surpris de Hïo, Brumal arriva accompagné du dénommé Heaume-de-Pierre et expliqua qu'il s'était permis de les introduire pendant qu'ils s'étaient éloignés.
Enchaînant sur ces mots, Akihito porta la main à son sac et en sorti de son sac la lettre du sage Roland.
« Forgeron Tsanay, nous sommes envoyés par le temple de Rana d'Oranan dans le but d'acquérir de la Faerunne. Nous souhaitons créer un nouvel Instru'Vent mais nos stocks sont vides, c'est pourquoi nous sommes venus vous rencontrer au nom du Sage Roland, que vous connaissez apparemment.
Voici une missive qu'il nous a confié à votre attention. » déclara Akihito en tendant le parchemin scellé au forgeron.
Ascan Tsanay prit le parchemin, brisa le sceau et parcouru rapidement les lignes qui avaient été écrites à son intention. Puis avec un soupir, il ré-enroula la lettre et la ragea dans sa poche de tablier, avant de déclarer aux jeunes adultes :
« Ce vieux Roland m'étonnera toujours, envoyer de jeunes gens comme vous faire une mission si importante…
J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous. La mauvaise, c'est que je n'ai pas assez de Faerunne pour vous moi non plus : l'Instru'Vent demande un minimum de trois unités de Faerunne (la mesure pour les métaux élémentaires que nous utilisons) et je n'en possède que deux.
Mais la bonne, c'est qu'avec la fonte des glaces, le gisement que nous avions repéré avant l'hiver est de nouveau accessible : et chez les Thorkins, en minage, c'est premier arrivé, premier servi ! Les premières prospections ont commencé il y a 2deux jours et partent tous les matins.
Seriez-vous partant pour une petite escapade avec de la Faerunne à la clé ? »A suivre…