Dans le chapitre précédent…Arc du Souffle du Voile
Chapitre XLVI.2 : L'assassin qui ne voulait pas abandonner 
La descente de l'escalier s'effectua bien plus facilement : Akihito avait eu le temps de voir les quelques endroits dangereux dont il était jalonné. L'escalier n'était d'ailleurs pas si dangereux que ça pour lui, sa grande taille humaine le mettait à l'abri de bien des problèmes qui aurait touchés les Thokins aux petites jambes. C'était surement pour cette raison qu'ils avaient délaissés cet édifice au profit des montes charges qui étaient en plus simples et rapides. Le fulguromancien repassa devant la faille de la secte avec autant de prudence qu'à l'aller, mais visiblement personne n'était dans le coin. Il passa donc sans un regard devant le lieu qui avait été son enfer plus tôt dans la journée et s'approcha petit à petit de la lumière rassurante de la place. Au passage, il aperçut sur le mur des traces d'impacts ainsi que des débris de bois. 
(C'est vrai, je l'avais oublié lui…)L'assassin archer qui l'avait traqué la nuit dernière ne l'avait pas attendu à sa sortie de la caverne, la foule avait alors déjà envahi la place. Il ne savait pas ce qu'il était devenu, il avait abandonné ? L'avait poursuivi dans la caverne et était tombé sur la secte ? Alors qu'il se posait ces questions, une flèche siffla à ses oreilles et créa un nouveau cratère dans la paroi.
« Enfin je te retrouve enfoiré ! »(Quand on parle du loup…) grinça Akihito en se mettant à dévaler trois par trois les marches pour ne plus s'exposer aux flèches meurtrières de l'Enragé de Valyus. D'ailleurs, ce ne serait pas « l'Enragée » plutôt ? La voix lui semblait vaguement féminine et…
…ssss CHTAK !
Une autre flèche le rata de peu, découpant un peu au passage la jambe de sa tunique. La situation n'avantageait pas Akihito. Il ne pouvait que descendre et plus il se rapprochait, plus il était visible. Aussi sur les dernières marches, il préféra sauter de l'escalier pour se réfugier derrière une étale proche de la paroi. Bien lui en prit puisqu'une flèche vint épingler le mur sur la fin de l'escalier. Le jeune homme observa les impacts des flèches qui avaient fait exploser la pierre à l'impact. Un tir normal n'aurait pas pu avoir une telle force, à moins qu'elles ne soient influencées par le Ki. 
(Un archer qui maîtrise le Ki… Génial.) se dit le jeune homme. L'un des projectiles roula jusqu'à lui, abîmé par l'impact. Ce que le jeune homme avait prit pour une flèche se révéla être un carreau d'arbalète. Le jeune homme était familier avec ce type d'arme : malgré ses piètres performances lors de l'entrainement martial de son père, l'arbalète restait l'arme à distance avec laquelle il se débrouillait le mieux. (Enfin, avec laquelle je suis le moins mauvais.) Il était donc bien conscient des avantages et des inconvénients de cette arme. Puissante, mais longue à recharger. De plus, ne pas à avoir a garder l'arme bander rendait les tirs plus vifs et spontanées.
En se remémorant tout ce qu'il savait dessus, Akihito se dirigea prudemment vers le bord de l'étale et risqua un œil. Il ne vit rien dans l'obscurité recouvrant la grande place. Il ne pouvait qu'estimer la direction dans laquelle se trouvait son adversaire aux vues des tirs qu'il avait essuyé. 
(La pénombre me cache aussi bien qu'elle. Essayons d'en tirer profit.)Sans un bruit, Akihito passa à l'étale suivante. Sa stratégie était simple : se faufiler furtivement en passant d'échoppes en échoppes tout le tour de la place pour atteindre la sortie Nord. L'arbalétrier se trouvait plus ou moins dans cette direction mais avec un peu de chance, il pourrait l'éviter. Lorsqu'il passa accroupi au second espace à découvert, un sifflement et le claquement d'une corde retentirent dans l'air. Le carreau d'arbalète fila juste au-dessus de sa tête, manquant de le tuer sur le coup. Soit le tireur bénéficiait d'une chance monstrueuse, soit il pouvait voir dans le noir. 
(Mais les Thorkins n'aiment pas trop les elfes il me semble…). Un second tir se fit entendre. Akihito étant à couvert, il ne s'en inquiéta pas outre mesure. Mal lui en prit. Un éclat brillant fila devant lui, venant de là où il venait et provoqua une brulante trace tout le long de sa poitrine, provoquant une douleur lancinante mais supportable. Sans réfléchir, il se mit à courir et plongea à l'abri du stand suivant pour faire face à l'endroit d'où il venait, épée à la main. A sa grande surprise, il ne vit personne. Pourtant, la flèche venait de cette direction, il en mettrait sa main à couper ! Un autre rechargement, un autre tir. Le sifflement venait de sa gauche et il vit le carreau filer dans l'espace qu'il venait de franchir. Le seul souci c'est qu'il ne fit pas une trajectoire rectiligne, non.
Sans aucune raison apparente, le carreau changea brusquement de direction en l'air et fonça vers Akihito. Abasourdi par ce qu'il venait de voir, l'enchanteur ne pensa même pas à esquiver. Par chance le tir mal ajusté se ficha dans le bois à sa droite au prix d'une belle frayeur. Cette prouesse dépassait sa compréhension. 
(C'est impossible de pouvoir faire changer aussi brutalement de trajectoire à un projectile. Sauf peut-être avec du Ki ? Je maitrise pas assez ses possibilités, c'est probablement possible.. ?) Quelque soit l'explication, le constat restait le même : il pouvait se faire allumer même caché. En plus, si l'assassin avait tiré là, c'est qu'il l'avait vu se déplacer. La vision nocturne semblait de plus en plus viable, ce qui n'était vraiment pas une bonne chose.
« Sort de là chien de Rana ! »La voix semblait plus proche, plus claire. Elle paraissait même féminine. Et était définitivement sur la route de Akihito. Le combat était donc inévitable. Il se releva et tira au jugé deux arcs électriques dans la direction de la voix. Un cri surpris résonna sans pour autant toucher. Profitant du tir de barrage, Akihito franchit un nouveau vide et se mit à couvert derrière une étale où une odeur de légumes imprégnait le bois. Un tir à angle droit passa au-dessus d'un Akihito allongé en prévision de cette attaque. Un second tir vint lui percer le bois du stand, dépassant d'une bonne quinzaine de centimètres juste devant le nez du jeune homme. Il loucha sur la pointe du carreau et eu à son tour une idée lumineuse. D'après la position du projectile et après un rapide coup d'œil, Akihito trouva deux des abris potentiels de son attaquante. A cette distance, il aurait vu la silhouette se découper sur les torches si elle était restée debout pour tirer. 
(Moi aussi je dois pouvoir tirer en courbe avec ma foudre… !)C'était un exercice qu'il n'avait jamais pratiqué mais après tout, si on pouvait le faire avec une flèche alors avec un éclair serait aussi possible ! Appelant à lui une partie du fluide abondant qui coulait désormais en lui, Akihito profita du rechargement de son adversaire pour attaquer. Le moyen le plus sur pour lui de donner un effet à son éclair était de le lancer avec un mouvement du bras balayant l'espace. Si la théorie était bonne, le résultat était loin d'être à la hauteur. Le rayon parcourut bien une courbe mais bien trop tôt, ne passant même pas derrière l'échoppe visée. Pestant contre lui-même, il esquiva de justesse un tir de réponse dont il ne parvint pas à voir l'origine. 
(Elle a rapidement tirée sans révélée sa position. Elle commence à me les briser elle !) Et puis, combien de carreaux avait-elle au juste ? Une quantité bien trop incapacitante en tout cas. De rage, Akihito répondit à son tour par un tir brossé celui-ci par un simple mouvement sec de poignée. Le résultat s'avéra plus satisfaisant : la courbe passa cette fois derrière le stand sans tourner assez pour toucher quoi que ce soit. Akihito guetta alors une quelconque réaction qui ne vint pas.
Voir un éclair passé devant ses yeux l’aurait faire réagir si elle l’avait fait lors de son premier tir de barrage. Pas de réaction ? Alors elle était derrière la deuxième échoppe, la plus proche. Akihito mit alors son sac devant lui tel un bouclier et courut vers l’endroit supposé de son adversaire.
sssssCHTAK !
Il avait vu juste ! Entendant la charge de sa cible, l’arbalétrière s’était relevée et avait fait feu sur lui en le voyant arriver. Le carreau s’enfonça dans le sac et un choc métallique se fit entendre. Quelle que soit l’arme qui avait bloqué le tir, Akihito était heureux de l’avoir emmené avec lui. Il jeta alors son sac et franchit rapidement la quinzaine de mètres les séparant, sachant qu’elle n’aurait pas le temps de réarmer son arbalète. Elle en était également consciente et l’abandonna au profit de deux courtes dagues qu’elle tint devant elle en position de parade.
« Enfoiré ! » jura-t-elle, affirmant bien son appartenance au beau sexe de sa voix féminine.
Sa morphologie semblait un peu plus haute que celle des Thorkins, plus élancée aussi. Ses traits et son corps étaient camouflés par une cape d’un noir d’encre. A sa hanche pendait un carquois presque vide. L’obscurité n’était dès lors plus un problème : Akihito se trouvait bien assez prêt pour discerner son adversaire et se battre. Pourtant, ce n’es pas lui qui attaqua le premier : l’Enragée de Valyus lui sauta littéralement à la gorge, tentant de la lui ouvrir de ses ergots d’aciers. Un coup d’épée parvint à maintenir la distance mais elle ne s’avoua pas pour autant vaincue. Avec une agilité surprenante, elle se glissa dans son dos et lui porta un coup au dos. Son dos se mit à saigner mais le fourreau de sa lame située dans son dos empêcha les dégâts d’être trop importants. 
(Merde, c’est là qu’il me faudrait ma cape de Faerunne !)L'enchanteur se retourna et balança son bras gauche armé pour faire reculer son attaquante qui sauta en arrière. Le bras droit suivi la même trajectoire mais lâcha lui un éclair bleuté qui frappa à la poitrine l'assassine. Grognant sous la douleur, Akihito ne lui laissa pas le temps de réagir et lui infligea un second tir dans l'épaule droite cette fois-ci. A si courte distance, éviter l'éclair n'était pas envisageable. Dans un cri de douleur étouffé, elle lâcha la dague de sa main droite mais n'abandonna pas pour autant l'idée d'éviscérer sa proie. Elle bondit à nouveau sur l'enchanteur qui l'attendait de pied ferme, lame en face de lui. Malgré toute son agilité, l'arbalétrière se rendit compte qu'elle ne pouvait gagnée et Akihito également. Ils avaient à peu près le même niveau technique mais sur les armes, Akihito avait un net avantage avec plus d'allonge et plus de force. La dague tissait une toile d'acier toujours interceptée par la lame de Akihito. Une riposte par un coup d'estoc força la silhouette encapuchonnée à de nouveau prendre de la distance, le souffle court.
« Selon la Loi de Valyus, je te laisse une chance de te rendre. Lâche cette dague ! tonna le jeune fulguromancien en la pointant de sa lame.
- Ne bafoue pas mon Dieu ! » hurla-t-elle en réponse.
(Elle l'aura voulue...). Akihito n'avait pas beaucoup d'expérience en combat, mais il sut tout de suite ce que chercha à faire son attaquante en mettant tout son poids derrière sa dague. Quitte à ne pas en sortir vivante, autant l'entrainer avec elle dans la tombe dans une dernière attaque suicide. 
(Une vraie Enragée.)Malgré sa hargne, l'assassine ne faisait pas le poids sur la puissance contre sa cible. Sa constitution était bien trop faible pour rivaliser avec le puissant corps du Whielnois. D'un revers de son épée, il repoussa les deux bras tenant fermement la dague qui ouvrirent complètement la garde de l'Enragée. 
(Moi aussi, je sais utiliser le Ki.) Faisant appel à cette énergie toute récente pour lui, le jeune homme sentit les muscles de ses jambes se raidirent alors qu'il se campait dessus. Tendant puis relâchant tous les muscles de ses hanches jusqu'à son bras gauche, il traça en deux mouvements presque flous une profonde croix sanglante sur la poitrine de la femme. La lame perça sans soucis la protection de cuir fin qui la protégeait. Du sang frais éclaboussa le sol devant lui ainsi que ses bottes, gouttant le long de sa lame.
Comme lorsqu'il s'était battu sur la corniche et avait tué les deux Thorkins, un goût de bile lui monta dans la gorge alors qu'il voyait les dernières lueurs de vie quitter les yeux de feu son assassin. Le malaise resta moins longtemps cependant. 
(Elle voulait elle aussi me tuer. Je lui ai laissé la possibilité de se rendre, elle a refusé. Ce monde peut décidément se montrer sans pitié quand il le veut…)Akihito traîna ensuite le cadavre de la défunte et l'adossa à la paroi de la Grand'Place. Il ne chercha pas à savoir qui elle était, ni connaitre son visage. Moins il en savait sur ceux qu'il avait tué, moins ceux-ci viendraient le hanter.
Tâtant son dos en grimaçant et examina son torse. Les deux blessures se réveillaient maintenant le combat fini. Celle du torse était incapacitante mais assez légère tandis que celle dans son dos semblait plus profonde mais pas plus dangereuse. Il ramassa son sac et en tira une fiole de soin dans la poche de devant pour la boire. Il sentit la douleur s'estomper et les plaies progressivement se refermer. 
(Ca devrait tenir le coup, il faut juste que j'évite de prendre des coups aux mêmes endroits d'ici que je sois complètement rétablit.)Akihito remit son sac sur ses épaules et sortit de la Grand'place. Il lui restait encore quelques heures pour trouver le Marteau avant que le jour se lève, il ne devait pas traîner. D'un pas décidé, l'enchanteur s'enfonça dans les boyaux de Mertar.
A suivre…