Dragon Fantôme - Chapitre XVIIDragon Fantôme
Chapitre XVIII
Li semblait de plus en plus mal à l'aise. Il bégayait, prétextant qu'il ne pouvait venir car son bureau était sur Lebher-même et en raison de son mal de mer.
Mercurio remarqua qu'après son chuchotement, celui-ci le regardait avec un air apeuré.
La proie était prête à être dévorée toute crue. Se prenant au jeu, la capitaine commençait à remettre en cause les dires du messager d'une manière on ne pouvait plus froide. L'humoran jubila lorsque celle-ci le menaça en feignant que l'humoran allait s'occuper de son cas.
Enfin, elle le regarda et, d'un mouvement de tête, lui laissa carte blanche pour se débarrasser de l'ynorien.
Li, tremblant de tout son être, vit ainsi le colosse s'approcher doucement de lui, lui tourner autour, le dévisager... La sueur perlait sur son front, il était figé. N'osant se retourner, il suivait du regard Mercurio lui tourner autour jusqu'au coin de l’œil. On imaginait tellement son cœur battre la chamade à un rythme effréné que le guérisseur pouvait presque entendre son pouls résonner dans son esprit.
Peut-être était-ce son côté woran qui était excité par la délectation d'avoir une petite créature terrifiée à sa portée, mais il s'en mettait presque à saliver, son regard se portant sur gorge de l'ynorien.
Continuant de tourner autour de lui avec un sadisme joyeux, il tournait parfois la tête, avec un grand sourire, vers les membres de l'équipage comme pour les prévenir qu'ils auraient un rôle à jouer dans le spectacle qui allait se mettre en place sous leurs yeux.
Au bout de quelques secondes, il se posa derrière lui, posant doucement sa patte sur son cou, les griffes sorties se baladant sur sa gorge sans le blesser. Il se retenait vraiment de ne pas lui arracher la jugulaire sur place, c'était tellement tentant...
Il décida alors de la jouer mielleux, ronronnant presque :
"l'a pas tord, savez ? L'monde est... si cruel... 'faut bien qu'on s'protège... qu'on prenne des précautions... qu'on fasse gaffe quoi, chacun à sa manière... Moi, si j'tais gaulé comme une crevette anorexique, j'me s'rais pas aventurer sur un bateau d'pirates, seul, en habit d'bourge, en espérant leur r'tirer des yus, par exemp'... C's'rait... vraiment pas prudent."Il l'obligea à se tourner vers lui et le fixa avec un grand sourire avant de clamer à Mythanorië :
"Oh, cap'taine ! R'gadez, not' p'tit invité transpi' à grosses gouttes dis donc ! Z'avez chaud ? Enl'vez donc c'te veste, v'sentirez mieux.", dit-il en lui enlevant brusquement du dos.
Il la balança alors à Jiro :
"Tiens, Jiro, c'pas ta taille ça ? Essaye voir ?"Le pirate ynorien joua le jeu et porta le manteau.
"Elle me va nickel bosco !", répondit-il alors qu'elle était clairement trop courte pour lui.
L'humoran se retourna vers Li, se remettant à se balader :
"Alors, on s'sent pas mieux là, plus au frais ? Mais... c'qu'il est tout pâle en plus ! L'aurait p'tet besoin d'un p'tit remontant..." Se tournant vers Molrak :
"Molrak, ramène donc une bouteille pour not' p'tit invité, qui r'prenne des couleurs !"Pendant que celui-ci obéissait, il continuait à s'amuser :
"C'qui faut bien être poli 'vec un invité d'si haut rang... On va lui faire goûter not' plus bon rhum...", avant de finir sa phrase en hurlant :
"PAS VRAI LES GARS ?!""AYE !" répondit l'équipage en cœur.
"Ah ! Ça c'pas des pirates d'pacotilles ! C'pas beau un équipage soudé, comme ça, hein ? ALORS LES GARS, ON VA LES LUI DONNER CES YUS OU PAS ?!"Si l'équipage clamait plus ou moins qu'il n'en était pas question, ce fut certainement Molrak, ramenant la bouteille de rhum, qui se fit entendre le plus avec sa grosse voix pleine de subtilité :
"Y PEUT S'LES FOUTRE DANS L'CUL !"Mercurio lui prit alors la bouteille des mains et s'écarta de Li en disant :
"Exactement. T'auras pas ton blé mon p'tit bonhomme, j'vois pas pourquoi on t'fil'rais l'moindre sou juste pour nous avoir emm'ner un putain d'morceau d'papier. Mais fais pas la gueule, j'te paye un coup !" A l'équipage :
"Plaquez le au sol et maintenez-le les gars."Ce fut étonnamment Lydia qui fut la première à le maîtriser, rapidement rejoint par Taloc puis tous les autres. Mercurio repéra même Samrik qui, s'il ne semblait pas vouloir participer, était juste là, à côté, à afficher pour la première fois un regard amusé.
Le petit être immobilisé au sol, l'humoran ouvrit la bouteille, en but quelques gorgées et commenta :
"Ah, t'as d'la chance en plus, c'du bon, c'du fort ! Ranos, maintiens-lui la bouche ouverte !"Li était submergé, paniqué, il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait et ce n'était pas pour déplaire à Mercurio. Il avait perdu ses verres durant sa chute et il semblait ne plus y voir grand chose. Le moment devait être traumatisant pour lui. Il ne pouvait plus bouger ni même fermer la bouche et cherchait vraisemblablement à appeler à l'aide lorsque l'humoran fit couler le contenu de la bouteille contre son visage. L'humoran ne se tracassait pas de viser juste, il en foutait partout. Ça lui arrivait dans la bouche, dans le nez, dans les yeux... Il vida toute la bouteille sur le pauvre bougre, conforté dans son élan sadique par l'exaltation de l'équipage qui avait vraisemblablement aussi besoin de se passer les nerfs sur quelqu'un et, pauvre Li, c'était tombé sur lui. Il cherchait à se débattre, il toussait... Et pendant ce temps, les membres de l'équipage ne s'étaient pas privés pour lui faire les poches.
L'humoran jeta alors la bouteille par-dessus bord et ça lui donna une idée.
"Relevez-le. Alors, ç'fait du bien d'trinquer comme un pirate ?", dit-il en rigolant grassement, Li ayant vraisemblablement du mal à tenir debout de tout l'alcool qu'il venait soudainement d'ingurgiter.
"Comme quoi, t'es pas v'nu pour rien ! T'as pu goûter not' bon rhum et not' convivialité. Et en plus t'sais quoi ? J'ai un bon r'mède cont' l'mal de mer !"Il le saisit alors, prêt à le balancer par-dessus bord, dans l'eau gelée de Lebher.
Dragon Fantôme - Chapitre XIX
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Playlist de Mercurio
A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !
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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi