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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Sam 2 Avr 2016 19:58 
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Au matin, les deux jeunes gens finirent par se lever, échangeant les brefs regards de qui a plein de choses en tête mais se demande si c'est vraiment le moment de les poser. Il leur avait fallu tellement de temps pour se décider à se lever que le bateau avait manifestement été amarré lorsqu'ils furent debout.

« La cap'taine va pas être contente... » s'inquiéta Nahö

« Capitaine. » corrigea Leyna sans répondre.

Si la capitaine leur posait des problèmes elle la remettrait à sa place ! Rien ni personne ne lui ferait regretter cette nuit ! Elle abandonna sa robe de harem pour enfiler la robe orange qui lui avait donné Kassara, plus élégante pour aller en ville. Elle remarqua en souriant quelques regards indiscrets d'un Nahöriel rougissant, qui déclara bien vite qu'il devait se changer dans sa cabine. Elle le remercia gentiment et finit de se changer. Ceci fait, elle sortit sur le pont, sous les yeux d'un équipage qui la voyait dans cette tenue pour la première fois. Il y eut quelques sifflements, mais elle les ignora, allant demander à Mythanorië l'autorisation de descendre avec le semi-elfe. Bien sûr, elle n'était pas la première. Une fois sur le ponton, elle entreprit de se réhabituer à marcher sur terre, bien vite rejoint par son ami.

« Alors ? Tu me fais visiter ? »

Elle lui sourit :

« Oui... J'ai vécu ici pendant de nombreuses années... Mais j'en garde un souvenir distant... tant de choses ont changé. »

Elle regarda les quais autour d'elle. Ils semblaient identiques, pourtant. Pleins d'earions, et même quelques sang-pourpres, qui s'agitaient, chargeaient et déchargeaient des navires, revenaient de la pêche... Des phalanges de Fenris, aussi, rudes hommes à la peau pâle et aux yeux rouges. Ils étaient les héritiers d'un peuple d'humains très ancien. Les ruines d'Ernestor qu'elle avait visitées et où elle avait trouvé son livre magique avait été bâties par des ancêtres de ce peuple.

Elle avait beau regarder, rien n'avait changé... alors pourquoi ? Sans doute parce que c'était elle qui avait changé. Elle avait traversé bien des épreuves depuis qu'elle avait quitté Lebher et elle avait beaucoup appris. Maintenant, elle ne vivait plus entièrement dans sa mémoire, non, elle avait aussi découvert le monde par ses propres yeux, et elle avait pris la mesure d'à quel point la mémoire des earions, pour utile qu'elle soit, ne donnait qu'une vision imparfaite du monde.

« Viens... j'ai quelques courses à faire ! Et il faut que j'aille prier au temple ! » s'exclama-t-elle joyeusement.

Elle s'élança vivement, suivie par un Nahöriel attendri de la voir si heureuse.

suite

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Dernière édition par Leyna'sëraya le Dim 8 Mai 2016 09:44, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 3 Avr 2016 12:54 
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La Rascasse à Lebher
*1*



Deux jours. Ce fut le temps que le vaisseau mit pour atteindre le port de Lebher. La Rascasse était d'ordinaire un navire rapide, mais j'avais donné mes consignes pour ralentir le rythme. Après cet épisode terrible où nous avions survécu à une rencontre avec le Dragon Noir et à un village sous l'emprise des parasites carcinos, je ne me voyais pas obliger mes hommes à tenir une cadence normale. Même si certains, comme le demi-garzok Samrik, s'attelaient à leur tâche comme de coutume, d'autres étaient en proie à des rhumes ou plus grave, sapant leurs forces.

Et de son côté, Snori n'avait toujours pas repris connaissance. Mercurio et moi avions soigné son crâne ouvert, et la magie semblait avoir fait son office. Pourtant, malgré un meilleur état physique, c'était comme si le jeune sang-pourpre refusait simplement de se réveiller. L'alimenter restait du domaine du faisable, mais s'il restait dans cet état, je demeurais incertaine du bien-fondé de le garder à bord. Toutefois, je ne me voyais pas non plus faire part de ce sujet à quiconque avant d'avoir touché terre. Entre les souvenirs récents, l'état d'un des leurs, et les déchirures visibles dans les voiles résultant des rafales causées par le reptile sombre, le moral n'était pas au beau fixe. Loin de là.

Si je parvins à stopper des rixes en maintenant ma présence un peu partout, cela ne dissuadait pas les matelots de s'envoyer des paquets d'injures à la figure. La tension était véritablement forte, et quand bien même j'en envoyais certains se reposer chez le guérisseur, je ne pouvais pas systématiquement me décharger sur lui non plus. Il devait d'ailleurs être lui-même occupé avec Eliwin, dont l'absence de mâchoire artificielle avait bien failli le faire se noyer dans l'eau glacée de la réserve du village. Le foulard de mon conseiller pouvait protéger son visage des regards, mais pas de la furie des éléments. Je ne comptais toutefois m'en mêler que si nécessaire. Nul doute que pour un guérisseur tel que l'humoran, se retrouver avec un patient pareil devait le fasciner.

Je dormis peu durant le trajet, m'efforçant de me montrer forte, présente, et surtout disponible. Aussi exemplaire que possible, pour prouver à mon équipage qu'il ne se faisait pas lâcher malgré ces épreuves.

Nous arrivâmes face au port en soirée, devant patienter jusqu'à la venue de l'aube pour réellement y mouiller. Et pour la première fois, la Rascasse était à peu près calme. La proximité des constructions en avait poussé certains à demander à descendre immédiatement à terre, mais ce fut justement leur impatience qui me poussa à ne pas céder. Je ne devais pas lâcher une horde incontrôlable sur cette paisible cité. Certains trouvaient du réconfort dans la prière, d'autres, comme notre vigie Lydia, préféraient s'isoler et se distraire dans leur coin et d'autres encore, comme l'ynorien Jiro, avaient décidé de mieux connaitre certains de leurs frères. Enfin, lui s'était trouvé une passion pour faire rire Mathias, l'enfant juste-né de notre cuisinière. Les gazouillis de la jeune pousse avaient tendance à atténuer certaines tensions. Dire de ce petit qu'il était un poids mort aurait été profondément erroné.

Au petit matin, l'équipage fit progresser la Rascasse à la rame jusqu'à un emplacement que les employés du port nous indiquèrent. D'ailleurs, si la plupart des visages étaient sur le pont ou aux manœuvres, certains pourtant emblématiques manquaient. C'était étrange, mais j'avais plus urgent à faire que procéder à un appel. Et puis, plus tard, la Prêtresse Leyna' et mon demi-elfe d'ami Nahöriel firent leur apparition en même temps sur le pont, venant à moi pour me demander la permission de descendre.

Ensemble.

Sur le coup, je n'y pris pas garde, mais à les voir se jeter des œillades comme on vole des images de quelqu'un en cherchant à être discret, je me doutais que quelque chose avait du se produire. Et pour une fois, les regards entre tendresse et affection de mon ami demi-elfe étaient imités par la jeune femme. Qu'avait-il pu se passer ? Aucune idée. Mais il était difficile pour quiconque de se positionner entre eux. Au moins, la Prêtresse arborait une tenue décente quoique d'un orange tape-à-l’œil, tranchant avec la grisaille ambiante. Ils ne furent pas les premiers ni les derniers à me demander l'autorisation de débarquer.

"Profitez amplement de cette escale. Il faudra quelques jours pour remettre la Rascasse en état. D'ici-là, réfléchissez juste à ce que vous voulez réellement."

Je n'étais pas stupide. Après avoir traversé autant d'épreuves ces derniers jours, nul doute que certains membres de l'équipage allaient aspirer à une existence plus paisible. De mon côté, je ne me séparai plus du carnet de bord du vaisseau, y ayant consigné tout ce que le navire avait traversé. Si tous mes hommes semblaient oublier leurs soucis en empruntant le ponton, ce n'était pas mon cas. J'allais devoir informer la capitainerie des événements survenus au village côtier, faire contacter des artisans pour les réparations, envoyer des gens troquer une partie de l'argenterie contre des vivres également, puis... Retourner à bord.

Tout le monde méritait de se reposer, mais je ne me voyais pas flâner dans la cité de Lebher alors qu'un de mes hommes gisait encore entre deux états à l'infirmerie. Embarquant le livre de bord dans ma besace, je fus surprise de découvrir que le gigantesque Samrik, demi-garzok des plus taciturnes, m'attendait à la porte de ma cabine. La perspective d'aller dans un port civilisé ne l'avait pas fait changer d'attitude ni d'apparence. Son expression demeurait fermée sur ses crocs dépassant légèrement de sa lèvre inférieure, et sa longue chevelure marron flottait mollement au gré de la brise marine. Il arborait encore fièrement ses lourds gantelets de métal et ses jambières assorties.

"Il vous faut quelque chose, Maître d'arme ?"

Je le vis froncer le nez et croiser ses puissants bras musclés, tout me regardant longuement. J'en vins à me demander comment il supportait la température fraiche de Nosvéris, à se balader torse nu comme cela.

"Un service."

"Vous me demandez un service ?"

Signe de tête négatif.

"J'en rends un. À la place d'Elivan."

Je compris, malgré son avarice en paroles. Eliwin avait du sentir qu'il ne pourrait pas se faire mon ombre dans son état et avait chargé le gigantesque manieur de lames de le remplacer à ce poste. Une oudio et un garzok dans une cité majoritairement elfique ? Nous allions faire forte impression, même en nous cantonnant au quartier portuaire.

Plus vite nous aurions accompli nos tâches, mieux cela vaudrait. Je m'amusai presque du tremblement inconfortable qui me saisit au moment où je posai ma botte à terre.

La mer, cela vous changeait vraiment quelqu'un. Et ce n'était pas l'immense garzok, bizarrement attentif au moindre de mes gestes, qui risquait de me contredire, quand bien même je l'en savais capable.


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"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 1 Mai 2016 21:00 
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Coquillages et macchabées - Chapitre XI



Dragon Fantôme

Chapitre I




Mercurio n'était plus véritablement le même depuis sa seconde confrontation avec le dragon. Dès son retour sur la Rascasse, où il a pu se réchauffer et que la pression était enfin retombée, il comprit qu'il n'allait pas bien. Il sentait son esprit comme noyé dans de la mélasse. Sa capacité d'attention avait considérablement chuté et c'était comme si ses émotions avaient foutu le camp loin d'ici.

Il n'avait jamais vécu une sensation aussi étrange.
Et une crainte le hantait plus que tout : le retour du dragon. Ce monstre était une véritable malédiction. Une fatalité volante prête à lui retomber dessus à tout moment, où qu'il aille, quoi qu'il fasse. Il ne se sentirait plus en sécurité nulle part. Chaque souffle du vent devenait le potentiel signal du dragon dans les parages. Sur le pont, il tournait régulièrement son nez vers l'horizon céleste.

L'équipage aura pu remarquer en lui une petite perte de tonus.
Heureusement pour lui, les gars s'accordaient bien maintenant. Chacun savait ce qu'il avait à faire et, si quelques petites tensions avaient pu se faire sentir, rien ne demanda une intervention musclée. Et c'était tant mieux, il n'avait vraiment pas la tête à ça.

A plusieurs reprises, il alla voir Snori. La prêtresse veillait la plupart du temps sur celui-ci, inquiète de savoir quand est-ce qu'il irait mieux. L'humoran ne savait que répondre. Son sort était entre les mains des dieux maintenant, il n'y avait rien qu'il puisse faire de plus. Même avec la magie de guérison, le cerveau restait d'une mécanique complexe. Une partie avait tout de même été réduite en bouillie. S'il avait réussi à faire un tour de passe-passe pour rétablir les tissus, il n'en restait pas moins que les anciens avaient bel et bien disparu. A vrai dire, l'humoran était plutôt pessimiste. Il imaginait mal celui-ci se réveiller sans aucune séquelle. Encore fallait-il qu'il se réveille un jour. Mais il préféra garder tout cela pour lui, inutile d'inquiéter Leyna plus encore. Il se contentait de lui dire que son état était stable, la magnifique phrase bateau de guérisseur qui voulait tout et rien dire.
Sustenter Snori était tout un rituel. Comme son inconscience lui empêchait tout réflexe d'ingurgitation ou de déglutition, il fallait faire avec les moyens du bord. Il lui fit boire des soupes, le manipulant comme nécessaire pour éviter qu'elles n'aillent s'engouffrer dans ses poumons. Il apprit le mouvement à la prêtresse, qui s'en chargea aux repas suivants. Cette femme était une véritable bénédiction pour le sang-pourpre...

Le premier soir après l’événement, il ne trouva pas le sommeil. Chaque fois qu'il fermait les yeux, des images du dragon revenaient à lui. Le moindre craquement de bois devenait un signal d'alarme. Après plusieurs heures à se tourner et retourner dans sa couche, il se décida finalement à se lever. Il se rabattit sur une bouteille de rhum, sans doute celle-ci ferait cesser ces pensées dérangeantes, que cela apaiserait son esprit. Il était déterminé à boire en dehors de ces quatre parois de bois, sur le pont, mais il n'avait pas la moindre envie d'expliquer sa veille à l'équipe de nocturne. L'obscurité de la nuit boréale l'aida à se faire porter invisible, se cachant dans un recoin de la proue. Le froid était plus mordant que jamais, mais il en avait besoin. Sentir le vent glacial contre sa fourrure lui donnait des sursauts épidermiques mais le calmait un brin. Il se sentait anxieux. Combien de fois s'était-il retrouvé avec une bouteille d'alcool dans les mains non par envie, mais par besoin ? Toutes les fois où sa vie partait en vrille, où il ne se sentait pas maître de sa destinée. Bref, beaucoup trop souvent. Mais là, c'était plus grave. Il le ressentait. Était-ce vraiment ce foutu dragon qui le mettait dans cet état ? Pourquoi son cœur battait-il la chamade comme à l'heure de la confrontation ? Pourquoi son corps, fébrile, semblait vouloir le faire courir loin d'ici ? Ces questions n'étaient pas les bienvenues. Il n'avait pas envie d'y réfléchir. Il engloutit la bouteille comme du petit lait, se forçant à la finir au plus vite, la larme au coin de l’œil. Il n'y manqua pas : La bile remonta à sa gorge avant qu'il n'eût fini la bouteille, vomissant par-dessus bord et alertant l'équipe de nuit.

"Mercurio ? C'est toi ?"

C'était la voix de Jiro. Il balança discrètement la bouteille par-dessus bord et s'essuya la bouche.

"Qu'est-ce qui se passe, tout va bien ?", continua-t-il, Lydia, Molrak et Taloc avec lui.

"Ouais ouais, ça va. J'prenais l'frais, c'tout. R'tournez à vos postes, 'vec c'vent et c't'obscurité, faites gaffe d'pas drosser sur des brisants."

Un petit silence fila.

"Bon, c'pas tout mais j'vais m'pieuter moi. 'nuit camarades !", dit-il en déguerpissant sur cette pirouette jusqu'à sa couche et enfin trouver le sommeil.

Le jour suivant ne le vit pour autant pas se requinquer, ni lui, ni l'équipage.
La nage dans l'eau glacée de la veille avait provoqué des rhino-pharyngites à presque la moitié d'entre eux. Plusieurs vinrent dans la journée le solliciter pour se retaper auprès de lui, le premier étant Ranos. Ce genre d'infection bénigne ne lui posait d'habitude aucun problème à soigner, mais là... rien. A nouveau, rien ne s'échappait de ses mains. Ce n'était donc pas le froid, comme il l'avait cru, qui lui avait fait galérer pour soigner Snori... C'était comme une barrière mentale entre lui et ses fluides. Il n'arrivait toujours pas à se concentrer, même dans les moments calmes. C'était des plus alarmants. Il se débarrassa de Ranos en lui refilant une petite dose de potion de soin diluée dans de l'eau fraîche et en prépara d'autres, au cas-où. C'était sa dernière potion de soin en stock qui venait de foutre le camp. Il ne voulait surtout pas que l'équipage ou que la capitaine découvre qu'il était devenu incapable de faire le moindre soin. Il aurait été ridicule, personne ne perd accès à ses fluides comme ça, du jour au lendemain ! Alkrim ne lui avait jamais rien dit d'un problème pareil, alors que se passait-il ? Il ne pouvait décemment pas raconter qu'il frémissait comme une pucelle au moindre bruit par peur du dragon, il serait passé pour quoi ? Un peureux, un pleutre, un dingue, un incapable ? Il était maître d'équipage dorénavant, il ne pouvait pas se le permettre !

Non, il devait résoudre ce problème seul. Une fois arrivé à Lebher, il pourrait refaire le stock de potion médicale... et une potion de fluide ! Ça pourrait certainement l'aider à retrouver ses pouvoirs de guérison ! Inutile de prendre la peine d'alerter tout le monde pour ça alors que son problème serait réglé d'ici peu. Voilà. Pas de panique.

Durant le reste de la journée, il refila ses potions diluées aux enrhumés et alla vérifier un peu l'état de Snori. Le jour passa calmement et froidement et la nuit suivante fut des plus laborieuses. Il n'avait aucune envie de reproduire l'expérience de la veille et voulait se faire violence. Il ne pouvait tout de même pas s'alcooliser tous les soirs de la sorte. Si un problème arrivait au milieu de la nuit, il devait être opérationnel. Alors il s'agita, encore et encore, se désespérant par moment, redoutant toujours du coin de l'oreille d'entendre le cri du dragon par-delà celui du vent et des vagues, jusqu'à finalement réussir à s'assoupir de fatigue d'un sommeil bien peu récupérateur.

Le jour de l'escale venu, l'humoran arborait des cernes à faire peur.
Il n'avait aucun enthousiasme à la tâche et l'équipage était agité. Il dut hausser plusieurs fois le ton pour calmer les esprits.

Vint alors le moment où la capitaine donna la solde et les quartiers libres à l'équipage.
C'était une bonne décision, il était clair qu'ils en avaient tous besoin, et sans se faire chaperonner. Beaucoup avaient besoin de se vider la tête hors du navire après les derniers événements, et Mercurio n'était pas en reste à ce niveau-là mais d'autres préoccupations lui étaient prioritaires.

"Cap'taine ? J'dois r'faire le stock médical, on est à sec. J'vais avoir besoin d'fonds et de deux-trois gars pour embarquer tout ça."



Dragon Fantôme - Chapitre II

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Playlist de Mercurio

A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

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Dernière édition par Mercurio le Jeu 5 Mai 2016 01:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Mer 4 Mai 2016 15:45 
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*2*



À peine étais-je parvenue à refouler cette sensation désagréable de déséquilibre sur le ponton que la voix de Mercurio me parvint. Il m'informa devoir refaire le stock médical de bord. Il était vrai qu'après nos péripéties dans l'eau glacée, un nombre conséquent de matelots avait pris froid. Le félin avait été très sollicité, et je lui trouvais d'ailleurs un air passablement las. Il semblait avoir besoin de fonds et surtout de bras pour transporter tout cela. Je me grattai brièvement le front du pouce en soulevant mon tricorne. La plupart des membres de l'équipage avaient déjà tracé la route en ville. Il ne restait guère dans les environs que Samrik, quelques trainard indécis quant à leur destination, et moi.

Je réfléchis brièvement, puis avisai mon grand protecteur.

"Faisons d'une pierre deux coups. Vous êtes costaud, Samrik. Descendez chercher l'un des coffres de... De la cale."

Bizarrement, j'avais eu une soudaine réticence à évoquer la cargaison de la Rascasse. Nous avions encore une bonne proportion de pierreries et argenterie à bord, et je voulais éviter d'en faire mention en public. Certes, une bonne partie était destinée à négocier avec les sang-pourpres, mais nous avions aussi besoin de yus sonnants et trébuchants pour payer les réparations. Si l'aspect assez effrayant du navire pouvait tenir les curieux à distance, mentionner une quelconque richesse laissée sans surveillance à bord aurait été véritablement stupide.

Je tournai mes yeux clairs vers le guérisseur.

"Avec cela, nous devrions pouvoir négocier ce dont nous aurons besoin."

L'espace d'un instant, je songeai l'interroger sur l'état de Snori, mais me ravisai. Inutile de revenir là-dessus. J'étais consciente de ses efforts pour lui. Le sort du blessé dépendait de la force qu'il mettrait à revenir parmi nous.

"Passons d'abord à la capitainerie. Ils seront les plus à mêmes de nous indiquer de bons artisans, voire de possibles recrues. Samrik et moi viendrons ensuite aider à porter le chargement."

Le demi-garzok reparut bientôt, un beau coffret contre le torse. Il adressa un regard bref à Mercurio, puis emprunta la passerelle jusqu'au ponton. Ce ne fut qu'à son déplacement que je perçus un léger bruit. Au bout du chemin de bois, de jeunes elfes observaient le grand gaillard avec un drôle d'air. Certains visages à l'aspect infantile reflétaient une simple curiosité, d'autres un peu d'embarras. Franchement, je ne voyais pas la raison. Était-ce la nature hybride de Samrik qui les interpellait ? Juste une envie de savoir innocente ou... Était-ce la façon dont la musculature du marin jouait à chaque mouvement qui les fascinait tant ?

Quelque chose me dit alors que la vision d'un être torse nu par cette fraicheur ne devait pas être monnaie courante. Et il avait beau dire, la peau coloris bronze du grand gaillard était quelque peu hérissée.

"Espérons aussi trouver quelque étoffe, au passage..."

Je me tournai vers le félin manieur de lumière, attendant de voir si ma proposition lui convenait ou non.


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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 8 Mai 2016 09:35 
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(Dans le ciel, ta parole s'élève en nuages, dans la mer, tes mots résonnent au large. Déesse mère ! Porteuse d'espoir ! Entends les prières de la prêtresse qui accomplit son devoir ! Ô Moura, par ta sainte volonté, je trouverais la force de triompher !)

Pour l'occasion, elle avait fait brûler un bâton d’encens. Une étrange brume planait à travers la pièce. Bras écartés, la prêtresse ondulait, comme en transe. Ses mains vinrent danser au-dessus de la coupe pleine d'eau dans laquelle flottaient quelques feuilles. Puis, elle ramassa une fiole de fluide dans chaque main et l'écrasa entre ses doigts. Les bras levés, elle laissa les fluides couler et imprégner sa chair. Puis, elle joignit les mains et se pencha d'avant en arrière, récitant les versets sur la magie de l'eau. Puis, elle ramassa les fioles de fluide d'air et fit de même. Cette fois-ci, elle dédia une prière à Rana. Elle connaissait beaucoup moins ce culte, mais cela n'avait pas d'importance. La foi se trouve dans le cœur.

Puis, elle ramassa les parchemins et les lus un à un. La magie du poison... elle avait toujours de la peine à y voir autre chose qu'une perversion de l'eau, mais elle ne pouvait nier son lien avec l'élément de Moura. Le maître avait raison, elle ne pouvait négliger un aspect de la force de Moura. La légende ne parlait-elle pas du serpent de Moura ? L'un des grands lieutenants de la déesse, connu pour sa ruse et ses tactiques sournoises. Oui, la fourberie était une force en soi, même si elle n'était pas très honorable.

Elle repensa aussi à la capitaine qui se changeait en hippocampe. N'y avait-il pas aussi un lieutenant hippocampe ? Symbole de courage et de vaillance ? Il faudrait qu'elle consulte son livre. Peut-être que ça intéresserait la capitaine...

Puis, elle se tourna vers le parchemin de vents infernaux. Les enseignements de maître Nimassir avaient jadis porté sur les sortilèges combinés. Elle pouvait porter un coup terrible en une seule fois si elle combinait la force de Moura à celle de Rana. Voilà pourquoi elle avait besoin de faire appel aux deux déesses.

Une fois que ce fut fait, elle sentit l'épuisement la gagner. Pour une journée censé être de repos et d'escale, cela avait été plutôt mouvementé ! Bercée par l'odeur de l'encens, elle se glissa dans son lit et s'endormit.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Jeu 8 Sep 2016 17:42 
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Dragon Fantôme - Chapitre IX



Dragon Fantôme

Chapitre X




Mercurio organisa le tout sans faire dans le détail, l'important, c'était qu'il s'y retrouve, pas que ça fasse joli. Pour ce qui était de la mâchoire, se triturer la cervelle ne servait pas en grand-chose en l'absence d'Eliwin ; il ne pouvait même pas encore savoir si elle était à sa taille ou pas. Bon, il pouvait toujours bricoler quelque chose au pire des cas, mais il n'allait pas faire des plans sur la comète inutile maintenant, et puis il fallait encore emmener Snori chez le vieux marchand. Au moins, il avait l'air peinard, lui, dans son beau petit coma. Il vérifia brièvement ses constantes. Ça avait l'air d'aller, dans l'ensemble. Il l'enviait presque, le temps que celui-ci passait à hiberner, c'était autant de temps de moins à être emmerdé par tout le monde. Mais allez, c'était l'heure d'aller faire dodo sur la terrer ferme. Il l'empoigna dans un effort, le soulevant entre ses bras. En avant.

L'humoran commençait à prendre le chemin du pont lorsqu'il se dit qu'il n'avait aucune envie de refaire le chemin avec ce borné de Samrik. Et il n'y avait pas grand-monde de restant sur le navire, alors autant laisser le gros musclé à bord, il fera office de chien de garde. Il passa alors devant la porte de la cabine de la prêtresse de Moura. Il y avait une fumée qui s'échappait des interstices jusqu'en dehors.

Elle avait quand même pas foutu le feu dans un navire en bois, cette folle ?

D'une vois forte et ferme, il lança :
"Oh ! Leyna !"

Mercurio entreprit alors d'ouvrir sa porte, mais il avait les mains toujours prises par Snori. Il flanqua alors un coup de pied contre. La porte s'ouvrit violemment, se répercutant contre la paroi en bois d'un bruit sec.

L'humoran, l'air ahuri, pénétra comme un dément dans la pièce avant qu'une forte odeur parfumée lui traversa le museau. Machinalement, il parcourt la pièce des yeux avant d'y trouver les cendres d'un bâton d'encens. Sa pyrophobie lui avait encore joué un tour. Leyna, qui devait être avachi dans son lit, se dressa d'un bond comme un petit soldat. La tête dans le cul, la marque du coussin contre sa joue, elle lui lança :
"Mais qu'est-ce qui vous prend ?"

"Je... J'ai vu d'la fumée, j'ai cru que..."

Il se sentait bête, il ne savait pas quoi dire. La vision de Snori dans ses bras lui donna un prétexte pour détourner la conversation :
"Sno' va rester dans c'patelin, trop risqué d'le garder avec nous. L'navire, c'pas la place d'un malade. J'l'emmène jusqu'à un gars qui s'occup'ra d'lui jusqu'à not' r'tour... T'veux v'nir ? T'l'aimes bien non, si j'ai bien capté ?"



Dragon Fantôme - Chapitre XI

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Ven 9 Sep 2016 11:37 
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Leyna fut réveillée par un bruit violent. En un instant, pleins de souvenirs lui tournèrent en tête... Une attaque ? Non, ils étaient à Lebher... aucun danger... alors quoi ? Elle se leva d'un bond et vit Mercurio, l'humoran, qui entrait d'un air inquiet. Et pressé, Snori sous le bras. Y-avait-il quelque chose de grave ? Légèrement hébétées et très peu reposée, elle se leva et lança avec inquiétude :

« Mais qu'est-ce qui vous prend ? »

Les fumées d’encens de son récent rituel d’absorption de fluides flottaient encore dans l'air, la nimbant d'une légère brume aux senteurs douces, quoique légèrement épicées.

L'humoran, visiblement embêté, balbutia à propos de la fumée avant de changer de sujet pour lui proposer d'emmener Snori chez le médecin. Elle sourit :

"Ce n'était que de l'encens pour ma cérémonie d’absorption de fluides et d'apprentissage... Oui, j'aimerais dire au revoir à Snori. Il était notre meilleur contacte avec les sangs-pourpres... et surtout un ami de valeur."

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 00:05 
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Dragon Fantôme - Chapitre X



Dragon Fantôme

Chapitre XI




La prêtresse rassura l'humoran, lui expliquant que l'encens était nécessaire à un genre de cérémonie pour ses fluides. Décidément, les trucs mystiques ce n'était vraiment pas son délire.

Pour ce qui était de Snori, elle ajouta qu'effectivement, elle aimerait bien pouvoir dire au revoir à son ami, regrettant qu'ils doivent se séparer de celui qui était leur meilleure chance pour négocier avec les sangs-pourpres.

Dans la hâte d'une dé-dramatisation de la chose, Mercurio lança maladroitement :
"Ah c'bon, l'est dans l'coma, y va pas cr'ver !"

Puis réalisa dans la seconde qui suivait que cela restait quand même une possibilité.

Il s'empressa alors de noyer le poisson en ajoutant :
"Pis y s'ra peinard ici, 'lors qu'nous on va encore risquer nos frocs à faire j'sais pas quoi j'sais pas où pour j'sais pas quelles raisons. C'bizarre, la vie, quand même hein ? 'fin bref, perdons pas plus de temps qu'j'ai encore du pain sur la planche après ça."

Ils débarquèrent alors quelques instants après au port, non sans que l'humoran est ordonné au semi-garzok de surveiller le navire en son absence jusqu'à son retour ou celui de la capitaine. Evidemment, celui-ci ne répondit que par un silence et un regard narquois. Celui-là, il allait devenir un gros problème à un moment ou un autre. Il était imprévisible, avait une fierté mal placée et son mutisme rendait ses pensées indéchiffrables. C'était frustrant. Depuis qu'il était là, il n'avait vraisemblablement sympathisé avec personne et se mettait lui-même en position de paria parmi l'équipage, il commençait vraiment à croire qu'il cachait quelque chose de louche. Mais ce n'était pas le moment de mettre de l'huile sur le feu.

Ils débarquèrent alors et Mercurio commençait à connaître la route.
Ces ploucs urbains avaient pourtant toujours les yeux rivés sur eux, ça commençait à devenir lassant. Bon, il fallait dire que se balader avec un gars inconscient dans les bras, ça n'aidait pas vraiment à détourner la curiosité du tout-venant.

Et ces fichus gamins étaient de retour...
"Hé monsieur le chat, c'est qui que vous portez là ?"
"Il dort ou il est mort ?"
"C'est quelqu'un que vous avez tué ? Vous l'emmenez où ?"
"Ça fait pas mal quand vous vous grattez les fesses les griffes ?"
"Pourquoi vous vous baladez pied-nus ?"
"Ma maman elle dit que les pirates c'est des méchants, vous êtes un méchant !"
"Il va le manger, les worans ils mangent les gens tous crus !"
"C'est qui la dame avec vous ?"
"Comment on fait pour être un pirate ?"
"C'est comme mon chat, une fois, il a ramené une souris morte à la maison. Le monsieur mort il doit l'emmener chez ses maîtres pour avoir une caresse !"
"Vous êtes un gentil pirate, comme dans "une pièce" ?"

Bordel. Insupportables les chiards.
Il aurait bien eu envie de leur foutre un peu la trouille pour les faire dégager mais les gardes de la ville le suivait du regard avec un air suspicieux, alors autant ne pas leur donner une raison d'aller leur chercher des noises, sinon ça risquait de finir comme à Henehar, à se bastonner contre toute la ville. Que personne ne fasse chier personne, et ça irait bien.



Dragon Fantôme - Chapitre XII

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A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 09:36 
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L'homme chat marmonna des paroles qui se voulaient rassurantes, mais il n'était pas très doué pour ça. C'était sans importance. Le destin de Snori était entre les mains des dieux et la prêtresse ne pouvait que garder la foi en leur sagesse.

Ils descendirent du bateau et prirent le chemin de la maison du sage. L'air vivifiant de la mer ne dissuadait pas les enfants de sortir et ils furent bientôt assez nombreux à regarder l'étrange procession. Leurs piaillements étaient légèrement incommodants, surtout pour l'humoran dont la ressemblance avec un chat faisait pas mal d'effets dans cette ville où les créatures comme lui étaient assez rares. Le voyant grincer des dents, Leyna contint son envie de rire et se tourna vers les enfants pour répondre à leurs questions :

« Mon ami à été maudit par un méchant monstre marin ! On va le soigner, mais vous pouvez sûrement nous aider. »

Elle sortit un bâton d’encens de sa sacoche et leur tendit :

« Voilà, allez le faire brûler au temple de Moura, prononcez trois fois le nom de la déesse, puis allez jouer dans l'eau comme on fait lors de la fête des sirènes ! Ainsi, Moura pourra lever la malédiction ! Vous êtes d'accord ? Vous direz à vos parents que c'est la prêtresse Leyna'sëraya, de Darhàm, qui vous l'a demandé. »

Dans un concert d'exclamations ravies, les gamins n'hésitèrent pas une seconde à prendre cette opportunité. Ce n'était pas tous les jours qu'une prêtresse vous donnait officiellement le droit de jouer même quand vos parents voudraient que vous alliez travailler !

Une fois qu'ils furent partis, Leyna, amusée, demanda :

« On dirait que vous n'aimez pas beaucoup les enfants ! Heureusement, se débarrasser d'eux n'est pas si compliqué... »

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Dim 16 Oct 2016 22:03 
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Dragon Fantôme - Chapitre XIII



Dragon Fantôme

Chapitre XIV




Elle lui rétorqua qu'il s'agissait de runes et qu'elles pouvaient avoir deux utilités, soit les faire incruster sur des objets pour leur donner des propriétés magiques, soit d'utiliser leurs pouvoirs en les serrant dans ses mains. Elle insista particulièrement sur le fait qu'il fallait quand même faire gaffe à ce qu'on faisait avec, car en utilisant par exemple "transformer" et "pigeon", il pouvait aussi bien transformer un adversaire que de se transformer lui-même !

Ces trucs avaient l'air assez aléatoires, il se demandait si ça valait vraiment le coupde s'y risquer... mais bon, ce n'était pas non plus comme s'il allait faire demi-tour jusqu'à la boutique du vieux Toki pour lui demander de les incruster dans son slip maintenant, surtout vu sa vitesse d'action.

Se disant que ce genre de babiole devait quand même valoir son petit pécule, il les rangea sagement dans sa poche et les garderait sur lui, au cas-où.

La prêtresse était de bonne compagnie aujourd'hui, elle était légère, sans prise de tête... Il s'aventura alors à continuer la discussion :
"Ouais, 'ci du tuy'. Moi, tout c'qui sort d'la magie d'soin... 'lleurs, ç'fait un bout qu'j'me d'mande si y aurait pas moyen d'faire un truc 'vec l'eau ou j'sais pas, du liquide quoi. Genre modifier les propriétés d'la flotte pour la transfo' direc' en potion, par exemp'. J'uis sûr qu'y a d'quoi faire là-d'dans mais faut s'y connait' en magie d'soin ET d'eau. Toi qu'es calé là-d'dans, t'aurais pas qu'ques idées, des infos, des pistes ou j'sais pas quoi qui pourrait aider là-d'dans ?"



Dragon Fantôme - Chapitre XV

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Lun 17 Oct 2016 19:40 
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Mercurio acquiesça sans y faire plus attention. Visiblement, il semblait plus détendu, mais aussi plus lunatique. Il s'interrogeait sur la possibilité de faire des potions de soins avec l'eau. La prêtresse réfléchie, cherchant dans sa mémoire ancestrale... mais sans succès. Celle-ci ne se commandait pas, surtout pour une semi-elfe, elle ne put trouver de réponse...

Réfléchissant par ailleurs, elle finit pas émettre une simple hypothèse :

« Je n'ai jamais entendu parler de tels pouvoirs... mais la magie de l'eau, je l'ai appris récemment, peut créer du poison. S'il est possible de modifier l'eau pour y intégrer du poison ou de l'acide, j'imagine qu'en faire des potions de soin doit être possible... mais le fait que je n'ai jamais entendu parler d'une telle magie doit signifier une bien grande complexité. C'est une noble quête que cela, et je vous aiderais avec plaisir, mais le mieux que je puisse faire serait de vous guider vers un temple de Moura et vous apporter mon soutient en tant que prêtresse... Sinon, je gage que si une telle chose existe, une grande bibliothèque comme celle du temple de Gaïa, à Kendra Kâr, devrait contenir des informations. »

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Jeu 27 Oct 2016 12:41 
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Dragon Fantôme - Chapitre XIV



Dragon Fantôme

Chapitre XV




La prêtresse répondit qu'elle n'avait pas connaissance d'une telle possibilité, mais que la magie de l'eau pouvait bel et bien créer du poison. Partant de là, il n'était pas si fantaisiste d'imaginer pouvoir changer l'eau en d'autres liquides, mais que ce serait très compliqué.

Prosélyte indécrottable, elle l'incita à aller demander conseil dans un temple de Moura où elle pourrait utiliser son statut de prêtresse pour l'aider. Elle nuança cependant son propos, supposant qu'il pourrait sans doute trouver des informations dans la grande bibliothèque du temple de Gaïa à Kendra Kâr.

Mercurio détestait aussi bien la première idée que la seconde.
Se retrouver, lui, dans un temple de Moura, tenu par la main par une prêtresse, à devoir faire le gars gentil et compréhensif avec ses ouailles de sangs-pourpres... C'était un pétage de câble signé d'avance.
Tandis que la bibliothèque... Alkrim lui avait bien appris à lire, c'était indispensable pour s'y retrouver dans les stocks médicaux et pour d'autres trucs dans le genre... mais il avait encore jamais lu un livre de sa vie et c'était à peine s'il savait ce que le mot "bibliothèque" voulait dire. Un endroit avec plein de livres, souvent plutôt côtoyé par ces péteux de bourges et ces connards d'érudits. En plus, une telle bibliothèque dans un temple de Gaïa...

L'humoran reconnaissait volontiers l'action des dieux sur le monde. Après tout, il s'était même retrouvé à son premier contact avec le dragon d'Oaxaca a prier sincèrement Gaïa et il se disait toujours que sa survie tenait plus d'une action divine que de sa chance.

Mais il ne supportait pas les religieux et les temples.
Les temples, ces bâtiments immenses et imposants, soi-disant construits pour rendre hommage aux dieux... Mais non, c'était de la connerie. Si les dieux aimaient les temples, ils pourraient en construire une chiée d'un claquement de doigt partout sur Yuimen. Les temples, c'était des constructions de mortels pour les mortels. Des trucs bien gigantesques pour que le péquin moyen s'y sente comme une merde alors que quelques connards en tenues improbables profitent de leur autorité auto-proclamé pour leur laver le cerveau et en faire des glandus qui vivent dans la peur que les dieux les abandonnent et donc viennent souvent y dilapider le peu de pognon qu'ils avaient.
Et ça, c'était ce qui était arrivé à Klaus. Il s'était fait complètement embrigadé, était passé du statut de clodo alcolo sympa et amical à un espèce d'illuminé qui priait H24 jusqu'à en arriver à s'enrôler dans un navire de commerce de Tulorim "pour vivre tous les jours dans le royaume de Moura". Et ça, Mercurio ne comprenait pas.

Bref, ce n'était pas les dieux qu'il détestait mais ceux qui prétendaient être leurs voix et savoir ce qu'ils voulaient, des putains d'imposteurs. Il se rappelle encore de ce prêtre de Gaïa qui était venu insulter Alkrim et lui, gueulant que la magie de guérison devait être pure, pratiqué dans un endroit digne de Gaïa et qu'elle ne devait pas servir à s'enrichir. Il ouvrait sa gueule celui-là mais en attendant, à Dahràm il n'y avait ni temple de Gaïa ni de Jeri, ils étaient les seuls guérisseurs de la ville et il fallait bien qu'ils gagnent leurs vies. Il avait bien mérité son coup de pied au cul, ce petit moralisateur. Ils avaient certainement plus fait pour Gaïa en soignant les péquenauds pour une misère dans leur vieille cabane pourri dans une des villes les plus craignos du monde que lui dans son temple tout grand tout propre et bien sécurisé où il ne se demandait pas tous les jours si les milices d'Oaxaca allait un jour le faire pendre pour usage de la magie de lumière.
Il préférait faire usage de sa magie et en tirer des bénéfices plutôt que d'aller s'isoler toutes les trois heures comme s'ils avaient la colique pour baragouiner des prières toutes faites et vides de sens. Bien sûr, il ne savait pas ce que Gaïa avait en tête, mais il se disait bien qu'elle devait préférer un petit galérien qui va soigner un clodo contre deux yus ou une gorgée de sa flasque de rhum qu'un connard dédaigneux en robe dorée qui passe sa vie à répéter des textes qu'il a appris par cœur et qui ne comprend rien au monde qui l'entoure dès qu'il sort de son temple.

Alors, se rendre, lui, dans un temple rempli de connards dans le genre...
Non, décidément, les deux idées lui étaient aussi agréable que de s'enfoncer une demi-douzaine de figues de barbarie dans son petit fion poilu. Ça serait certainement faisable, mais il ne préférait pas l'imaginer... Il trouverait un autre moyen.

Il fit donc silence après la réponse de Leyna.
Puis il se dit qu'il n'était pas si con et qu'il pourrait sans doute se débrouiller par lui-même. Il serait peut-être le premier guérisseur de Yuimen capable de modifier l'eau grâce à la magie de lumière, ça ferait bien chier les gars des deux cultes ça. Un petit guérisseur de bas-étage, un fils de putain de Dahràm dans un équipage de pirate qui découvre une magie qu'aucun énarque ou érudit n'a jamais entendu parler...

Ça, ça aurait de la gueule. Rien que l'idée de pouvoir se la péter comme pas permis lorsqu'il aurait réussi était à deux doigt de lui coller le braquemart.
Il tourna la tête vers la prêtresse avec un grand sourire et se contenta de lui répondre : "Ouais, m'ci mais j'vais essayer d'me démerder. J'déjà que'ques idées..."

Ils arrivèrent alors à la Rascasse Volante.



Dragon Fantôme - Chapitre XVI

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Dernière édition par Mercurio le Mar 1 Nov 2016 03:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Jeu 27 Oct 2016 21:03 
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Mercurio ne semblait pas très emballé à cette idée et déclara plutôt vouloir se débrouiller seul.

« Se priver du savoir des autres rend toute tâche ardue, mais c'est là un combat honorable. Vous savez, malgré toute votre mauvaise volonté, vous feriez un très bon fidèle de Moura ! En tout cas, je vous aiderais dans la mesure de mes moyens. »

Disant cela, elle monta à sa suite sur la rascasse.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Ven 28 Oct 2016 12:33 
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*9*



Je franchis vivement la passerelle menant à mon vaisseau, repérant d'emblée le duo d'artisans elfiques en train de minutieusement inspecter le pont et le grand mât. Consciencieux, l'un examinait pendant que l'autre prenait des notes. Mais sur l'instant, leur manège ne retint pas mon attention. Je me hâtai vers ma cabine, la découvrant solidement verrouillée, comme je l'avais laissée. Par contre, les trappes menant aux ponts inférieurs étaient ouvertes. Un peu d'agitation se faisait entendre ça et là dans le vaisseau, m'incitant à rapidement parcourir les lieux. Je vérifiai d'abord l'antre de notre coq, mais il n'y avait personne et tous les ustensiles de cuisine étaient à leur place. Pas même une botte d'herbes aromatiques en mouvement.

Ma forme méfiante quitta les lieux, vérifiant derrière les escaliers et les tonneaux. Cachette simpliste, mais efficace. J'avais l'intime conviction que l'elfe blond était monté à bord pendant mon absence, mais pour le moment, rien ne corroborait cette théorie. Mes pas rapides claquaient sur le pont, et un léger mouvement dans les cordages me fit lever le nez. En train de descendre tranquillement, sa baliste en bandoulière, l'humaine âgée sifflotait. Quand elle m'aperçut, un sourire prit place sur son visage à haut chignon grisé, et elle sauta le dernier mètre la séparant du sol.

"Yo-Oh Cap'taine ! Z'en faites une trogne. V'cherchez que'q'chose ?"

Difficile de croire qu'une femme aussi bien peignée, et vêtue d'une robe violette comme une bourgeoise, pût avoir un langage aussi grossier. Mais c'était ce décalage qui rendait Lydia intéressante et surprenante. Toutefois, je n'avais pas la fibre à rire. Et la question que j'allais poser allait recevoir une réponse négative vue l'odeur de liqueur que je pouvais déjà sentir dans l'air qu'elle déplaçait.

"Possiblement un rat. Elfique et blond. Vous n'avez vu personne passer ?"

"Oh ben moi, j'sors d'sieste dans mon p'tit nid, Capitaine. J'suis pas aveugle, hein ? Mais là, de suite, me d'mandez pas de viser un kaeash dans une ruelle, j'suis sûre d'le manquer. "

Au moins, la Lydia n'avait pas l'alcool décoratif. L'image de Mercurio rendant ses tripes sur le pont lors de son arrivée s'était gravée plus profondément que je croyais. Je ne parvins évidemment à rien à tirer d'elle, plus occupée qu'elle était à vouloir savoir ce que le binôme d'oreilles pointues comptait faire à "son mât". Je descendis donc au pont inférieur, les serpentins sur la garde de ma lame.

La Rascasse grondait doucement, à l'image d'un gigantesque animal assoupi. Quelques formes de mes marins, drapés dans l'odeur du poisson frit et de l'alcool, reposaient dans leurs hamacs ou sur les banquettes. Et ajoutaient leurs ronflements aux grondements du navire. En passant entre eux, je m'assurai qu'ils étaient tous indemnes, inquiète que l'intrus ait pu s'en prendre à eux dans cet état vulnérable. Mais non. Toutefois, cela m'apprit que certains de mes barbus avaient encore l'habitude de prendre le pouce dans le bec pour s'endormir.

Après un bref sourire, je poursuivis, vérifiant les cabines. Ouvertes. Personne dedans. Pas un bruit suspect ou de grande créature non-invitée planquée derrière la porte. Paradoxalement, moins je trouvais de preuves que l'être qui m'avait suivi était effectivement monté à bord, plus j'en étais persuadée. Décidée à ne rien laisser au hasard, je me hâtai de déposer mon bagage à l'infirmerie, puis me rendis au pont suivant, mais stoppai mon avancée au bas de l'escalier. Une forme était assise là, sur une caisse. L'éclat de sa lame renvoyant un léger reflet dans ma direction. Samrik. C'était bien la première fois que je découvrais le demi-garzok... Distrait. D'ordinaire, il semblait volontairement ignorer le reste du monde, mais demeurait attentif.

Là, non.

La preuve ? Je passai pourtant assez visiblement sur son flanc et me plantai derrière lui, scrutant son dos, sans qu'il manifestât la moindre réaction. Au moins, il m'avait écoutée et avait revêtu une chemise d'un lin grisâtre. Je ne savais pas où il l'avait dénichée, mais le vêtement ne faisait que souligner sa musculature. Au moins, il ne risquait plus d'éblouir autant les foules avec son physique impressionnant. Du bout des doigts, il faisait tourner la garde de son sabre, forant un léger trou dans une pièce de bois.

Attentive au moindre bruit en direction de la zone des réserves, je ne pouvais que percevoir le raclement régulier du métal sur le bois. Et sans lanterne, je ne comptais pas m'aventurer plus avant. Si Samrik était là, il se serait forcément rendu compte du passage du rat. Quoique ? Plissant les yeux, je déroulai mes serpentins d'écorce, les glissant un peu au-dessus du cou coloris bronze, en évitant sa chevelure lâchée. Une nuque offerte... Une vie à portée de doigts... Il suffirait d'un geste... Un tout petit rien pour détruire cette existence...

"Perdu, Samrik."

Je plaquai mes serpentins contre la gorge du géant. La surprise fut telle qu'il se laissa entrainer en arrière, et perdit même sa prise sur son arme. Ses grands doigts rudes se plaquèrent sur les miens, et si j'avais pu me rendre compte que son cœur avait accéléré un instant, percevoir mon écorce sous sa peau le calma. De mon côté, je fus grandement surprise de sentir le crâne de mon maître d'arme reposer contre mon abdomen aussi facilement. J'étais certaine qu'il se serait débattu, qu'il aurait dégainé son autre arme ou aurait improvisé quelque chose pour se défendre. Mais non.

Maintenant ma posture, je décrus légèrement la pression sur son cou, comme si la pulsion morbide qui m'avait saisie n'avait été qu'un mauvais songe. Curieux. C'était tout de même la seconde fois aujourd'hui que j'étais prise d'envies soudaines... Étrangères... Typique des sang-rouges, d'ailleurs.

De son côté, le demi-garzok ne relâchait pas mes doigts. Il avait l'air d'en examiner la texture avec le minimum de mouvement, et ne cherchait pas non plus à se redresser. Plus surprenant encore, sa tête me sembla légèrement plus pesante. Quelques grincements de la Rascasse plus tard, je pris la décision de briser le silence.

"Pas de réaction ?"

Signe négatif de tête.

"Les morts ne réagissent pas."

"Mais vous n'êtes pas mort."

"Si."

Nouveau silence, que le géant brisa en se redressant quelque peu. Son mouvement m'incita à le lâcher et à croiser les bras. Il planta son regard dans le mien, et quelque part, j'étais certaine qu'il allait encore se montrer avare en explications. Mais je me fourvoyais, une fois de plus.

"Le fort qui se fait surprendre aussi facilement est un mort en sursis."

C'était un point de vue, mais je ne me sentais pas l'envie de philosopher là, à fond de cale, alors qu'un passager clandestin se trouvait peut-être dans les parages, entre des caisses, à nous épier. Je braquai d'ailleurs mon regard vers la zone sombre que mes yeux d'oudio ne pouvaient pas percer. Je savais que j'aurais pu user de ma capacité pour écho-localiser les choses, mais la simple idée de devoir expliquer ce que je faisais m'irritait. Quelque part, j'avais la sensation d'être épiée, mais nul reflet dans des yeux prédateurs. Nul souffle perceptible dans la pénombre. Les seules sensations que j'avais étaient celles procurées par mon imagination. Peut-être que je fuyais juste la découverte de possibles ennuis.

Toutefois, le maître d'arme sembla percevoir ce qui m'animait, car il reprit son arme et fit quelques pas dans la cale. Lui non plus ne sembla guère trouver quelque chose. Soit le rat blond n'était pas là, soit c'était un as du camouflage, contre tout ce que son attitude sur le port indiquait. Seule à seule avec Samrik, je pris la décision d'éclaircir un point qui me gênait depuis que je l'avais littéralement envoyé balader.

"Samrik. Soyez franc. Avez-vous quelque chose à redire à mon commandement ?"

Le semi-garzok se tourna vers moi, et brièvement, j'eus la sensation de déchiffrer de l'incompréhension sur son faciès à canines montantes. Mais la vision fut aussi fugace et vive que sa réponse.

"Non."

"Alors pourquoi cette insubordination ?"

Nouveau silence, qui m'irrita un brin. Était-ce trop demander que d'avoir des réponses claires, de temps en temps ? J'en avais assez de perdre mon temps avec cette statue vivante, et surtout de deviner une mesquinerie latente qu'il faisait naître en moi. Laisser mon affect me diriger n'était décidément pas normal. Je comptais bien prendre un peu de temps pour moi, histoire de cogiter là-dessus.

Et toujours ce silence gênant et lourd.

"Pas de réponse ? Je vois..."

Encore une fois. Une forme d'insolence, d'insubordination, de... De manque de confiance plutôt blessant, en vérité. Garder dans mon équipage un être qui n'avait pas l'air de vouloir s'appuyer sur moi ou qui n'était pas assez fiable pour servir de pilier à mes hommes n'avait rien à faire avec nous. En mer, celui qui n'était pas capable de faire bloc avec les autres mettait tout le monde en danger. En temps que Capitaine, c'était un risque que je ne pouvais pas prendre.

Rajustant mon tricorne, je plantai un regard froid dans les yeux de mon grand interlocuteur.

"Très bien. Je ne vous retiens pas à bord. Rassemblez vos affaires. Ayez quitté la Rascasse avant qu'elle soit prête à reprendre la mer."

L'espace d'un instant, je crus déceler un brin d'angoisse dans son attitude, mais là aussi, si fugacement que je crus avoir rêvé. Je lui tournai le dos, passablement irritée, m'engageant en direction des escaliers quand une traction sur mon bras me fit stopper net. Pour la première fois, je découvris notre maître d'arme avec une vraie expression. Celle de l'animal acculé, dévoilant ses crocs comme pour s'aider à respirer. Ma colère s'apaisa un rien, et je dirigeai mon attention sur sa prise.

Après de longs instants de plus en plus gênants, mon interlocuteur se décida à parler.

"La force est sacrée. Ceux qui la possède, respectables. Parfois, les volontés s'entrechoquent... Une promesse contre un ordre... Respecter l'un, c'est ne pas respecter l'autre... Inconcevable."

Un certain aplomb dans l'attitude de Samrik. Encore des paroles énigmatiques, mais je crus comprendre que mon ordre était entré en contradiction avec une promesse qu'il avait fait. Le demi-garzok étant bizarrement pétri de ses propres principes, cela expliquait quelque peu son attitude. Ceci dit, la culpabilité de l'avoir traité comme un insolent ne m'atteignit pas vraiment.

Je me contentai de le fixer longuement, puis, j'attrapai le rebord de ma coiffe et acquiesçai, mettant de côté son attitude pour le moment. Mon geste provoqua un léger souffle de la part de mon interlocuteur, qui relâcha mon bras et reprit place sur sa caisse. Là, le Samrik tant connu refit surface. Il extirpa de son sac de quoi entretenir sa lame, et se mit au travail. Je savais que je n'allais plus rien tirer de lui. Il était temps que de remonter sur le pont, certaines intonations me parvenant malgré la distance.

Toutefois, une petite voix intérieure me susurrait que quelqu'un s'était joué de moi. Je ne l'avais pas même aperçu, mais j'étais persuadée que, où qu'il fusse, le rat doré s'était trouvé un coin pour installer son nid. Encore une chose que j'allais devoir gérer en tant que Capitaine de la Rascasse Volante. Il me faudrait sans doute en parler avec Mercurio, mais l'absence de preuves me poussait plutôt à taire l'incident, sans l'oublier pour autant.

Car j'étais certaine d'une chose : un jour prochain, l'intrus allait certainement se retrouver dans nos pattes.


*--->*

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Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

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Dernière édition par Mythanorië le Lun 16 Avr 2018 11:42, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Rascasse Volante (Guilde : Confrérie d'Outre-mer)
MessagePosté: Mar 1 Nov 2016 01:29 
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Quand Mercurio et Leyna firent le premier pas sur le ponton d'embarquement, ils furent apostrophés par un homme chétif, emmitouflé dans un long manteau qui lui servait aussi bien à se protéger du froid qu'à dissimuler ses frusques dignes d'un notable aux regards convoiteux. Sur son nez, une paire de lunettes, article rare qu'il aurait mieux fait de ranger dans une de ses poches. Il avait l'air perdu, ou plutôt gêné, et, alors qu'il ajustait ses verres, il demanda :

- Veuillez m'excuser, mh, c'est bien ici la... Racaille Volante ? Je dois parler à votre capitaine.

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