Péripéties de Rascasse - Combat dirigé contre Leyna'seräyaPéripéties de Rascasse
Chapitre XLVI
La prêtresse s'était vidée de toutes son énergie en utilisant toute cette magie. Ses notes se faisaient brusques et fausses alors qu'il s'avançait vers elle. Elle s'empresse de lancer sur lui ce dernier sort, qui n'aura réussi qu'à légèrement bousculer l'humoran, loin des terribles coups de fouet de tantôt.
Mercurio marchait comme un automate, le regard toujours tourné vers Leyna. Il voulait juste enfin en finir, s'avança et lui envoya un puissant crochet du droit. La lèvre de l'elfe bleue se fendit, un filet de sang coulant de sa bouche sur le pont.
Celle-là, elle avait dû le sentir passer.
Il ne bougea pas d'un poil, s'attendant à la voir s'effondrer aussitôt.
A sa grande surprise, elle repris une partie de son équilibre sur ses jambes branlantes, laissant tomber sa lyre et serrant ses petits poings.
Dans son état, il lui aurait foutu une pichenette qu'elle serait tombé par terre. Mercurio ne comprenait simplement pas l'obstination dans laquelle elle se bornait. Ce n'était pas du courage. C'était de la folie pure. Elle lui faisait pitié.
L'équipage s'était fait silencieux, tout autour.
Ils étaient subjugués par la ténacité de la prêtresse, aux abois de la réaction de l'humoran.
Tous sauf un.
Nahöriel s'avança, suppliant Leyna de cesser le combat.
L'humoran restait figé, mais il bénissait intérieurement le semi-elfe de son intervention. Il était temps que quelqu'un se rende compte qu'elle avait pété un plomb.
Elle repoussa sans convictions les bras protecteurs de Nahöriel, frustrée dans ses plus profonds idéaux, en appelant à sa liberté et à ses devoirs envers Moura, les yeux humides.
Pauvre, pauvre folle à lier.
Les yeux de l'humoran étaient grands ouverts d'incompréhension, les sourcils froncés. Jamais il n'avait eu à faire à quelqu'un d'aussi tracassé de la tête. C'était elle et elle seule, la cause de tous ses soucis. Pas lui.
Nahöriel la consola comme il pouvait et enfin, elle s'avança vers l'humoran, la mine plus bas que terre.
Mercurio pouvait presque sentir l'arôme vinaigrée de la défaite couler dans la gorge de la prêtresse lorsqu'elle lui annonça se plier à ses ordres.
Il ne dit mot, toujours figé.
Il n'avait rien à lui dire de plus.
Elle avait cherché la merde, elle avait perdu, elle assumait les conséquences. Il n'allait pas l'excuser ou la remercier pour ça.
Mais cette victoire avait pour lui aussi un goût amer. Il n'en retirait aucune fierté. Se battre contre une telle démente, ç'en était presque déshonorant.
La capitaine eût alors la sagesse de rompre au plus vite cette insoutenable situation en faisant claquer ses doigts de bois les uns contre les autres. Elle en profita pour appuyer un peu plus son titre de Maître d'équipage et annoncer que dorénavant, plus aucune bagarre ne serait tolérée à bord. Puis, elle sema à l'équipage de reprendre où ils en étaient avant ça.
Les gars qu'il avait choisi pour partir en escale s'installèrent dans le canot. Il capta d'ailleurs un regard étrange de la part de Samrik, qui ne se décrochait pas de lui. Seul Nahöriel, resté avec Leyna, manquait à l'appel.
Mais il sentait qu'il était le moment de relâcher un peu la pression. Il ne dit mot au semi-elfe et interpella plutôt Molrak, qui passait par là, pour lui dire de le remplacer. Celui-ci ne se fit pas prier.
Alors qu'on leur descendait le canot sur les flots, l'ambiance était austère. Samrik s'était assis à côté de l'humoran et il continuait à le fixer sans dire un mot, c'était assez dérangeant. Snori aussi n'avait pas l'air dans son état normal, visiblement dans des réflexions internes difficiles. Eliwin... Toujours difficile à jauger, mais il ne semblait pas le blâmer pour tout ceci. Et Jiro, Ranos et Molrak n'avaient simplement pas tous les outils en main pour véritablement comprendre ce qu'il venait réellement de se passer. Ils préféraient donc se taire, à défaut d'avoir mieux à dire.
Bordel. Quelle ambiance. C'était insupportable. Il n'avait plus qu'une unique envie : picoler à s'en retourner la tête.
Coquillages et macchabées - Chapitre I
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Playlist de Mercurio
A propos, j'ai trouvé la morale de la fable que ton grand père racontait,
celle du petit oiseau que la vache avait recouvert de merde pour le tenir au chaud et que le coyote a sorti et croqué...
C'est la morale des temps nouveaux.
Ceux qui te mettent dans la merde, ne le font pas toujours pour ton malheur
et ceux qui t'en sortent ne le font pas toujours pour ton bonheur.
Mais surtout ceci, quand tu es dans la merde, tais-toi !
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Jack Beauregard (Henry Fonda), Mon nom est Personne, écrit par Sergio Leone, Fulvio Morsella et Ernesto Gastaldi