Ainsi, le lutin a vu la même fille que moi, manifestement. Mais c'est impossible que nous ayons partagé le même rêve, vu que je ne rêve pas. Je n'ai jamais rêvé et d'ailleurs, j'ignore même si les aniathys rêvent ou si c'est juste moi qui n'aie pas été programmée pour ça. Toujours est-il que soit le lutin se moque de moi, soit il s'est passé un truc louche. Mais cette idée s'envole très vite lorsque le lutin me confirme qu'Hylenä viendra avec nous :
"Dans ce cas, ne tardons pas, allons la chercher, elle doit être réveillée maintenant !"
Je m'attendais, juste avant de pousser la porte de la taverne, à trouver une partie des serveuses debout et à avoir une douce odeur de pain grillé, de miel et de fromage frais digne du premier repas d'une très longue journée. Mais le spectacle qui m'attend est tout autre. Une partie des serveuses sont en effet debout, entrain de servir des hommes l’air rustres déjà (ou encore) éméchés. Rien dans l'ambiance de la taverne ne me fait dire que quelqu'un a déjà été dormir, en fait il n'y a aucune trace de changement entre notre départ et notre retour à la taverne alors que trois bonnes heures sont passées.
Me rappelant les paroles de l'archère, je fonce vers le tavernier et lui demande la chambre de notre amie, il me l'indique fort poliment.
"Accroches-toi, on traverse la salle !"
C'est un acte périlleux quand on fait la taille d'un enfant que de passer entre des adultes ayant bu ou transportant des plateaux, d'autant plus quand on ne peut pas se pencher, se tordre parce qu'on a une créature dans les cheveux. Finalement, lassée de me faire bousculer, je décide de couper par la table centrale. Un pas sur le banc entre deux ivrognes, un autre sur la table même entre les chopes et les bouteilles vides. Fonçant comme une bête, je ne fais pas attention aux cris, railleries et autres braillements de surprises jusqu'au bout de la table, pas très loin de l'escalier menant aux chambres. Avec un saut et une retombée toute en douceur, je m'échappe de la salle trop bruyante pour rejoindre l'étage.
"T'aurais pas été sur ma tête, j'aurais fini avec une jolie pirouette !"
Nous arrivons très vite à la chambre indiquée par le tavernier. Je pose l'oreille contre le bois de la porte mais n'entends aucun bruit indiquant si notre compagne est réveillée ou endormie.
"Elle devrait avoir assez dormi, non ? On la réveille ?"
_________________
La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil. Nietzsche Là où est la musique, il n'y a pas de place pour le mal. Miguel de Cervantès
Je suis aussi GM14, Lothindil, Gwylin, Naya et Syletha
|