La bataille virait mal. Le loup d'Adweinna fut promptement mis hors d'état de nuire. Seok se battait maintenant seul, tandis que Karin, réveillé, poignardait un ennemi avant de se glisser auprès d'Azra. Hirotoshi criait à la replie.

(Il a raison, souffla Arek. Ça s'engage plus que mal, il ne faut pas les combattre à découvert !)

Derrière, la voix de Charkere retentit, poussant un cri de guerre, qui fut coupé par un cri de douleur. Azra se retourna, négligeant les garzoks qu'il tenait en l'air. Et il vit un spectacle à la fois beau et funeste. Mathis avait invoqué un magnifique cheval... un cheval ailé. La monture des sifflets ! Et il s'apprêtait à embarquer avec Egregor ! Le seul qui puisse vaincre cette armée... Un éclaire se fit dans l'esprit du jeune homme. Évidemment. Cette monture permettait de ramener l'esserothien près de son peuple...

« Mathis ! Lâche ! Egregor ! Revenez ! Egregor, tuez donc ces monstres, vous pourrez repartir chez vous ensuite ! »

Mais il fut interrompu par un claquement de chaîne. Rendrak frappait les garzoks qui approchaient ! Il fallait réagir. Azra leva bien haut les trois brutes qu'il avait ramassées et les lâcha sur ceux qui se concentraient à l'approche du navire, tout en s'efforçant au mieux à éviter Rosie qui chargeait, sur le dos de son ours.

« Il faut reculer vers les autres navires ! » cria-t-il à Adweinna.

(((Rendrak attaque un des garzoks qui approchent depuis le navire, Azra lâche ses prises sur les autres)))

Un magnifique cheval ailé moucheté apparut dès que mon souffle s'engouffra dans l'instrument. Egregor grimpa immédiatement et je fis de même prenant place devant afin de prendre les rennes.

Nous allions enfin nous échapper de l'attaque des orques. Alors que je m'apprêtais à donner ma destination au fier destrier ailé, j'entendis le nécromant m'insulter implorant Egregor de tuer les orques avant de quitter les lieux. Fièrement, je regardai le nécromant

"L'heure n'est pas à la critique mais à la fuite, faites comme moi et utiliser votre sifflet pour fuir cet endroit..."

Je laissai ma phrase en suspends, pour la première fois je réalisai que les porteurs de sifflet n'étaient pas assez nombreux pour emporter tous les compagnons de voyage. Mais pire encore Azra avait lancé un mot qui s'était vicieusement insinué dans mon esprit et qui commençait à faire des ravages.

(Je ne suis pas un lâche ! Il y a un moment où il faut savoir battre en retraite et c'est maintenant )

Sauf que je devais pour cela laisser des innocents à une mort certaine. Soudainement, je prenais conscience de la gravité de la situation. Sauver ma vie à tout prix, j'en étais capable. Mais laisser mourir tous ces gens sans intervenir et passer pour un lâche devant tant de personnes m'était insupportable.

Rapidement j'informai Egregor de mon changement de plan, mon poignard dégainé dans ma main gauche, prêt à en découdre

"Nous partirons dès que nous aurons éliminés ces saletés de peaux vertes."

Cela dit, d'une voix forte, je donnai un ordre à ma monture.

"Direction : Sur la berge, sur les orques !"

Ordre assez singulier, mais qui avait pour but de surprendre les garzoks. Beaucoup d'espoir dans ce geste en apparence suicidaire. Le cheval écraserait peut-être quelques ennemis, Egregor en tuerait d'autres, je pourrais peut-être en poignarder un ou deux au passage, mais le plus important de tout: mon honneur serait sauf !

Sirop roula sur le sol humide de la berge du fleuve, quelques peu médusé. Il n'avait pas compris là. En se redressant il eut la terreur de voir l'Orque, qui l'avait si longtemps embêté, gisant à terre, se tortillant de douleur en tenant ce qui restait de ses jambes. Était-ce vraiment lui qui avait causé de telles blessures ? Il en éprouvait une certaine fierté mais aussi du dégoût et de l'incrédulité. Il eut à peine le temps de ramasser son arme apparemment beaucoup plus dangereuse dans ses mains qu'il ne l'aurait crût lui-même qu'un Homme Pâle apparut soudain pour le faire sursauter.

« Viens, faut pas rester là ! » lui cria-t-il en l'aidant à se remettre sur pieds.

Voilà qu'un de ces brigands drogués allait se mettre à se soucier de lui à présent. Étonnant que le monde d'Aliaénon.

"On le laisse tomber lui !" beugla Sirop devant l'hésitation de son nouveau pote face à sa "victime".

Quel terme jouissif.
Alors le Sinari aperçut un peu plus loin un magnifique étalon ailé apparaître près de Mathis. Pas trop étonné puisque possédant le même pouvoir dans sa poche, le Sinari comprit que ces jolis canasson allaient leur sauver la vie pas plus tard que tout de suite. Toutefois prudence, il ne fallait pas souffler à la légère dans ce sifflet puisqu'il ne pouvait emmener qu'une personne par trajet en plus de lui-même. Et nom d'une vigne, il n'allait pas abandonner son groupe en si mauvaise situation !

"EH ! Bouseux de fot-en-cul de peaux-vertes ! Vous voulez vous battre ? Je suis là pour vous alors venez tâter de ma lame vengeresse !" hurla Sirop à n'importe quel Orque qui voulait l'entendre.

Il était bien sûr paré à décamper vers la jungle avec son compère nez-patate si le moindre Garzok faisait mine de prendre la menace au sérieux. Les dégâts qu'il avait infligé au puissant Orque qui l'avait prit pour une poupée de chiffon avait décuplé sa confiance en lui et son courage. De plus, Azra était toujours là, dans la baston. Rosie et Mérové également et il était plus que jamais prêt à les épauler. Mais cela suffira-t-il ?

Tout semblait perdu. Rendrak rata son coup. En désespoir de cause, Azra lâcha ses garzoks et ils furent bientôt cinq à terre, emmêlés les uns dans les autres. Mais ils étaient trop nombreux. Hirotoshi, se décidant à passer à l'action, en tua un. Azra allait essayer d'invoquer Rendrak-bis en désespoir de cause, quand il y eut un mouvement si vif qu'il attira le regard. Mathis ne s'était pas enfui avec Egregor ! Ils avaient utilisé le cheval pour foncer sur le champ de bataille, prenant par surprise des garzoks. Aussitôt, le terrible pouvoir de l'esserothien entre en action et... disons que la bataille qui semblait perdue toucha à sa fin. Les garzoks blessés par Azra se vidèrent de leur sang. Au début, le jeune homme ne compris pas pourquoi le sang en lévitation alla asperger le reste des ennemis, mais il comprit bien vite en les voyant se débattre... comme des noyés. Azra fit une grimace de dégoût en descendant du navire.

« Bien joué Egregor... »

Puis, il se tourna vers Karin :

« Allez récupérer votre Thiir. Qu'au moins, tout ceci ait servi à quelque chose... »

Tout en disant cela, il plaqua au sol de sa main noire le garzok au pieds de Mathis et Egregor.

« Toi, mon gars, tu ne le sais pas encore, mais tu as des tas de choses que tu meures d'envie de nous raconter. À moins de préférer finir avec la tête sur un billot, bien sûr... »

Mais il fut interrompu par un hurlement féroce. La bataille n'était pas fini partout ! Seok était finalement venu à bout de ses adversaires, mais il était blessé, et deux garzoks chargeaient vers... Sirop ! Le petit sinari brandissait maladroitement son épée. Il avait visiblement salement amoché un adversaire et était assisté d'un homme pâle, mais ils étaient maintenant en mauvaise posture.

« Trifalgin ! cria le nécromancien. Votre chef à besoin de vous ! »

Mais pour Sirop, en revanche, il ne pouvait rien faire... sa main était occupée, Rendrak était trop loin.

(Bien sûr que si.) déclara calmement Chandakar.

(Tu es encore là, toi ?)

(Oui, il m'est venu à l'esprit une petite expérience. Je suis sûr que dans l'état d'instabilité dû à la cohabitation de nos deux esprits, tu pourrais réussir à apprendre à sortir de ton corps. Si ça marche, j'en apprendrais beaucoup sur notre condition...)

(Tu es fou !)

(Bien sûr. Bon, aller, concentres-toi. C'est une affaire d'esprit. C'est par ta volonté, et la matérialisation de ton âme sous forme de fluides, bien sûr, que tu pourras t'extraire...)

(Et qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas en profiter pour me prendre mon corps ?)

Mais tandis qu'il disait cela, il cherchait déjà comment faire. C'est vrai que l'expérience était intéressante... la magie était quelque chose de tellement grisant ! Apprendre un nouveau prodige ne ferait pas de mal.

(Pour ça, hélas, j'ai bien peur de ne pas en être encore capable... Aller, sort !)

(Mais je ne comprends pas comment faire !)

(Imbécile ! Un bon coup de pied au derrière, voilà ce qu'il te faut !)

Et c'est globalement ce que ressentit Azra. Comme un genre de coup donné de l'intérieur de sa tête, qui le propulsa à l'extérieur de son corps. Tout semblait étrange, fantomatique... c'était si perturbant qu'il fut réasspiré dans son corps avant de comprendre quoi que ce soit.

(Mais ce n'est pas possible ! Quel abruti je dois me coltiner !)

Mais Azra avait compris, et il voyait les garzoks dominer Sirop, prêt à frapper. Il savait maintenant ce que c'était d'être un spectre, et il s'efforça de retrouver cette sensation. Et voilà qu'il était de nouveau sorti ! Ce n'était pas si dur ! Maintenant, il ne fallait pas se faire aspirer de nouveau. Il comprenait pourquoi Chandakar disait que c'était impossible pour lui d'en profiter : Il sentait comme un cordon le tirant férocement pour le forcer à reprendre corps. Il ne fallait surtout pas y penser. Se focaliser sur son objectif. Il se propulsa à la vitesse de la pensée, bien que le mouvement sembla durer une éternité. Il y était presque ! Les garzoks étaient là... La tension était extrême. Elle le ramenait en arrière !

(Non ! Ça pas question !)

Dans un ultime effort, il parvint à toucher l'esprit de garzok, et à s'y substituer un instant. Il sentit ses muscles puissants, la lame dans sa main... c'était si étrange... un ultime pas... Il allait tuer ce morveux de sinari ! Pour Oaxaca et Ter Zignok ! Il...

… devait faire un pas de côté pour bousculer son compagnon !

Le contacte se rompit et Azra fut rejeté si brutalement dans son propre corps qu'il tituba sous le choc. Avait-il réussi ?

(((tentative d'apprentissage du sort personnel "dissociation de l'âme")))

Respectant mon commandement à la lettre, il avait suffi d’un coup d’aile au cheval magique pour se rendre sur la plage et bousculer violemment de ses sabots une de ces malodorantes monstruosités vertes. Seok, le fils du dirigeant des hommes, faisait preuve d’une témérité surprenante. Il était réconfortant qu’il soit dans notre clan et non dans celui de l’ennemi.

Notre destrier, ayant rempli sa fonction de coursier, disparut tout comme il était venu. Sans dire un mot, Egregor, cet homme noir aux impressionnants yeux rouges, passa à l’action. Lorsqu’il leva ses mains en l’air, je sus immédiatement, pour en avoir subi un petit échantillon, ce qui allait se produire. Mais ce que j’avais vécu n’était rien à comparer à ce qu’il réservait à ces vulgaires créatures d’Oaxaca. Ces orques virent le sang quitter leur corps et leur âme, si jamais ils en étaient pourvus, les quitter. Puis jouant avec ce fluide carmin qui était à présent sien, il le projeta sur quelques autres ennemis restants. Ces derniers moururent étouffés, noyés, du sang de leurs acolytes. Bien que la vue du sang m’ait toujours horripilé, je ne pus m’empêcher d’observer cette scène sanguinolente tout en me réjouissant de la défaite de nos ennemis.

Je me tournai vers Egregor :

« Ne vous inquiétez pas, je rappellerai le cheval ailé dès que nous en aurons terminé avec ces vermines ! »

De l’armée d’orques qui nous avait attaqués, il n’en restait plus qu’une poignée. À nos pieds gisait l’une de ces bêtes, la lame au sol, nous suppliant de l’épargner.

Je ramassai l’arme souillée de sang et après avoir essuyé le fluide rouge de la poignée, je le brandis contre son propriétaire. Je n’eus point le temps d’agir davantage que le jeune nécromant intervint. Il me coupa l’herbe sous les pieds en tentant de faire parler notre désormais prisonnier. J’étais légèrement vexé qu’il me devance, mais je n’en fis rien paraître. Puis, comme s’il ne savait plus où se mettre la tête, il se détourna de nous pour s’occuper des autres compagnons.

C’est avec un sourire aux lèvres que je le remplaçai au pied levé. La pointe de la longue lame sous la gorge, exerçant une pression suffisante pour convaincre l’orque de mon intention, je m’exprimai d’une voix forte et sans pitié.

« Si vous voulez vraiment imposer votre insignifiante présence à nos côtés, vous devrez collaborer et nous dévoiler tout ce que vous savez sur la guerre qui sévit dans ce pays, les stratégies mises en place et aussi les endroits stratégiques à éviter. »

Rosie s’accrocha à la fourrure de son compagnon et s’élança sur lui avec une grâce qui ne lui ressemblait pas pour ensuite se poser plus durement sur le dos de la bête. Sentant les muscles de l’ours s’activer sous elle, elle resserra un peu plus fort ses doigts et prit une dernière respiration avant qu’elle ne soit coupée par l’élan soudain de Mérové qui bondit violement dans une nouvelle direction. Elle ne ressentie pas le besoin de lui indiquer le plan qu’elle avait en tête, il faisait déjà ce qu’elle espérait de lui. Alors que le massacre continuait sur la berge, elle se laissa guider par la bête, longeant les navires les uns après les autres. Se laisser guider permit à la semi-elfe de se permettre un aperçut du chaos qui atteignait son paroxysme. Elle regarda les orques et les siens baigner dans le sang dans lequel elle n’avait toujours pas plongé les mains. Monstrueux guerrier qu’il était, Seok arrachait la vie aux orques, à demi invincible. Egregor, qui fut majestueusement propulsé sur le champ de bataille sur une monture ailée, acheva ce qui restait de vivant dans ses parages en usant de son obscure magie sanglante.

Au milieu de tout cette action qui se déroulait à une vitesse ahurissante, Rosie avant l’impression d’être au ralentit, en complète inaction. Elle encaissait les coups des bonds de Mérové autant qu’elle le pouvait, peu habituée à se tenir sur lui en pleine course. C’est en passant enfin Azra que Rosie repéra enfin Sirop du coin de l’œil sur le champ de bataille. Soulagée de le voir vivant, mais en peine de constater sa position, Rosie encouragea Mérové à accélérée et prit l’initiative elle-même de prendre de l’avance sur leurs actions en s’écriant.

« Chihiro! Capitaine… Capitaine Hirotoshi! » S’écria t’elle le souffle coupé à l’intention de ces derniers afin d’attirer la leurs attentions rapidement.

Ils atteignirent le premier navire où la princesse demeurait toujours sauve grâce à ses vaillants gardiens. Rosie sentait son cœur battre d’effroi à l’idée de ce qu’elle faire. L’ours arrêta sa course au pied du navire.

« Si la situation s’envenime, la princesse doit demeurer sauve quoi qu’il en coûte. Vous avez vu Mathis s’en servir. Cela permettra de fuir. »

Rosie leur lança à contrecœur le sifflet qu’elle venait de recevoir. Il y avait des vies qui étaient plus importantes à sauvegarder pour le bien d’une civilisation.

(Vaut mieux mourir ensemble que vivre séparé, Mérové.)

Elle caressa l’encolure de l’ours qui déjà, commençait une nouvelle course vers sa deuxième mission : la survie de Sirop.

La stratégie de Sirop, pour une fois, avait portée ses fruits. Deux gigantesques orques se ruèrent vers lui, la bave et la rage aux lèvres, sensible à sa tirade. Le visage de Sirop dut prendre la couleur de la brume du lac Andel lorsqu'il constata ce fait haut en conséquences mortelles pour lui. Le plan initial consistait à s'enfuir dans l'hypothèse improbable où on le chargerait. Le Hobbit aurait dû prendre ses jambes à son coup pour se réfugier sous le couvert des gigantesques arbres de la jungle non-loin.
Malheureusement et comme souvent, la théorie ne fait pas long feu face à la pratique.
À la vue de ces deux mastodontes de cuir, de graisse et de muscles arrivant à toute vitesse sur lui, le petit Sinari minuscule se retrouva paralysé et tremblant de trouille. À l'allure où allaient ses ennemis, il ne parviendrait même pas à faire deux mètres avant que sa petite tête de rigolo se retrouve séparée de son corps. Il ne sentit même pas le manche de sa lame quitter sa main lorsque l'un des Garzoks, suffisamment près, brandit son arme pour l'abattre sur lui.
Sirop ne put qu'ouvrir grand la bouche en une moue terrifiée mais rien ne sortit. Il constata ensuite médusé que le monstre vert changea subitement d'angle et bouscula son compère se tenant à ses côtés. En vie et pouvant peut-être s'en sortir Sirop ne bougea pourtant pas, il se contenta de rester coi, les bras le long du corps :

"AAAAAAAAAAAH" brailla-t-il enfin.

Il ne se préoccupa pas le moins du monde du liquide chaud qui coulait le long de sa jambe droite, contrastant avec la froideur de son pantalon mouillé.

Fleuve Andel – Navires accostés.

Azra, par souci de trop en faire… n’arriva juste qu’à rien faire. L’appel à sa magie de l’ombre étant si puissant que sa main sombre disparut instantanément, sans même toucher l’orque aux pieds de Mathis. Sa possession n’avait pas réellement fonctionné non plus. Il s’était bien projeté dans l’esprit de l’orque, mais n’avait pas réussi la moindre action en son nom. Au pire le garzok était-il tout tourneboulé, mais n’avait en aucun cas bousculé son partenaire. Et pourtant, la connaissance nouvelle irradiait dans le corps d’Azra. Et une profonde fatigue aussi. Pas forcément physique, bien que les événements de ce jours aient été exténuants, mais mentale… magique. Il sentait qu’il aurait vraiment du mal à relancer un sort avant d’avoir pris du repos. Il pourrait tenter mais… la réussite était plus qu’incertaine.

Karin était resté sur le navire, lui. Trop faible pour ne fut-ce que penser aller récupérer le Thiir dans le charnier, sans doute.

De son côté, Mathis interrogeait le garzok menacé d’une lame sous la gorge. Il se prit à rire rauque. Un rire jaune, sans doute.

« Ahahaerh. Vous allez tous crever. La guerre, vous l’avez déjà perdue. Dans une heure tout au plus, notre armée vous réduira au néant avant de passer droit vers le Nord. Vous avez beau manier la magie, vous pourrez rien contre nous. Argh argh. Tout ce monde brulera comme Esseroth le fait en ce moment. »

Egregor vit rouge… C’était le cas de le dire. Il empoigna le garzok, le soustrayant à la menace de Mathis, et le souleva de terre.

« Non ! Non cela ne se peut ! pourriture d’orque, tu mens ! »

L’orque n’eut guère l’occasion de répondre. Un rictus douloureux s’empara de son être alors qu’Egregor le lâchait sur le sol. Il se tordit de douleurs, alors que son sang sortait par tous ses orifices. Lentement. Une mort impitoyable, douloureuse. Egregor se tourna vers Mathis, l’air mauvais :

« Il faut nous rendre à Esseroth au plus vite. »

Il perdait patience : il devait vérifier les dires de l’orque. Et pour ça, il n’attendrait plus.

Sur le navire, Hirotoshi attrapa le sifflet lancé par Rosie au vol. Il jeta un regard vers la princesse et sa garde du corps, mais demeura là, à regarder la jeune semi-elfe capée de rouge s’en aller vers sa nouvelle mission.

Et quelle mission : Sauver Sirop et son nouvel ami. L’ours passa à côté de Seok, qui venait de se faire rejoindre par Gayit et le chirurgien. Le guerrier était mal en point : flanc tranché se vidant de son sang. Mais il n’était pas allongé. Toujours à genoux, il gardait une mine rageuse et fermée. L’ours n’arriverait pas à temps pour couper la charge des Garzoks sur le sinari et l’homme pâle.

Sirop, désarmé et imbibé de pisse, put voir les deux orques arriver droit sur lui… juste avant que son compagnon au gros pif ne se jette dans leurs pattes, les faisant choir lamentablement sur le sol, juste aux pieds du semi-homme. L’homme pâle avait subi le choc de plein fouet, et se roulait au sol de douleur, là où les deux garzoks étaient prêts à se relever. Il avait fait gagner un temps précieux à ses alliés… Et sans doute sauvé la vie du sinari… pour l’instant, en tout cas.

Adweinna, elle, sous le couvert de sa cape, alla fouiller les sanglants cadavres des ennemis orques. Pas d’épée courte, hélas : tout juste des fendoirs, des haches et arcs. Elle trouva néanmoins une dague d’acier brut au manche d’os. Tranchante, et…c’est tout ce qu’on lui demandait. Les garzoks n’étaient pas connus pour être particulièrement partisans de la beauté dans l’art de tuer.

[Azra : XP : 0,5 (post) + 1 (apprentissage validé). Mot : 1XP. - glyphe.
Mathis : XP : 0,5 (post) + 0,5 (interrogatoire éclair). Mot : 1XP. - tripes.
Rosie : XP : 0,5 (post) + 0,5 (cadeau généreux). Mot : 0. - chandelier.
Adweinna : XP : 0,5 (post) + 0,5 (fouille). Mot : 0. - cactus.
Sirop : XP : 0,5 (post). Mot : 0XP. - croute.]

C'était trop. La main se dissipa, le sort échoua... le jeune homme avait bien compris le principe du sort, mais il en avait trop demandé à son esprit. Subitement épuisé, il ressentit un étourdissement et s'accouda au navire. Il remarqua Karin qui restait allongé là, mal en point. Il remarqua Rosie qui chargeait pour sauver un Sirop désemparé. Rendrak s'élança à sa suite pour aider le sinari.

Mais son esprit fut retenu par autre chose. À côté, Mathis interrogeait le garzok à terre et celui-ci ricana :

« Ahahaerh. Vous allez tous crever. La guerre, vous l’avez déjà perdue. Dans une heure tout au plus, notre armée vous réduira au néant avant de passer droit vers le Nord. Vous avez beau manier la magie, vous pourrez rien contre nous. Argh argh. Tout ce monde brûlera comme Esseroth le fait en ce moment. »

Le sang du jeune homme se glaça. Déjà ? Comment pouvaient-ils agir contre une armée entière et aussi rapide ! Vu la situation du garzok, il doutait qu'il y ait un mensonge dans ce qu'il avait dit. Egregor, furieux, le tua sur le coup et demanda à se rendre à Esseroth au plus vite.

Azra s'approcha :

« Mathis... désolé de vous avoir traité de lâche, pendant un instant, j'ai vraiment cru que vous nous abandonniez... Mais Egregor à raison, vous devez l'emmener à Esseroth au plus vite. Et si ce qu'a dit ce monstre est vrai... il faut prévenir Andel'Ys qu'ils seront très bientôt assiégés. »

Par tous les dieux, il lui avait fallu toute sa puissance cérébrale pour ce plan ridicule ! De toute évidence, c'était là l'action de son pouvoir... Il y avait au moins une limite. L'esprit errant, il chercha autour de lui la sacoche de Thiir.

En même temps, il repensait à ce qu'avait dit l'orque. « Vous avez beau manier la magie... ». Le nécromancien lança à voix haute, quoi qu'à personne en particulier :

« Pourquoi ? N'ont-ils pas de magicien, eux ? »

(((recherche de la sacoche de Thiir, Rendrak se dirige vers les garzoks restant pour tenter de les attaquer)))

Même une lame sous la gorge, un orque demeure un orque, c’est-à-dire un être violent sans cervelle, sans morale, sans jugement. Tout en ricanant, ou du moins tentant de le faire, il répondit amèrement que nous allions tous crever. Il précisa que la guerre était déjà perdue pour nous, que Esseroth était en train de brûler et que le reste de Aliaénon allait bientôt subir le même sort. Il aurait bien voulu poursuivre son méprisant discours, mais Egregor ne lui en donna pas l’occasion. D’un geste rude et violent, il l’extirpa de mon emprise et le souleva de terre lui crachant au visage qu’il mentait. Egregor lâcha ensuite l’orque dont le sang sortait par tous les orifices de son corps. Scène horrible dont je me détournai.

Dès que l’orque eut prononcé le mot Esseroth, j’avais mis le sifflet entre mes lèvres. Egregor n’eut qu’à se tourner vers moi pour que je devine son souhait. Ainsi, je soufflai dans l’instrument avant qu’il n’ait terminé sa phrase afin d’appeler le cheval ailé. Je n’avais pas tardé à agir, car je comprenais ce que cet homme pouvait ressentir, mais aussi parce que je ne tenais pas à ce que mon sang se répande sur cette plage.
En attendant la venue du cheval, je me dépêchai de répondre à Azra.

« Vous vous excuserez plus tard, en une seule fois, ça nous fera gagner du temps. Je pars à l’instant pour Esseroth avec Egregor, occupez-vous d’Andel’Ys et de Seok avant qu’il ne perde ses tripes ! »

Le jeune nécromant s’était excusé et j’en étais très fier, jamais je n’avouerais que mon premier réflexe avait été de songer à ma survie avant tout. Les orques étaient à présent presque tous décimés, les autres compagnons s’occuperaient du reste. Il ne me resterait qu’à attendre le cheval pour partir vers cette contrée apparemment anéantie par le feu.

Il était trop tard pour protéger Sirop, Rosie se voyait trop loin pour couper les Garzoks. L’ours maintenu toutefois la cadence vers eux, persuadé que la partie n’était pas encore perdue. Dans l’empressement, la distance qui les séparait du hobbit ne semblait jamais diminuer et la jeune femme voyait déjà dans sa tête la fin de leur compagnon et comment elle allait devoir, malgré la peine, venger vicieusement sa mort.

Cependant, il se trouvait que le sinari avait un allié dans cette bataille : un homme pâle qui se jeta sur les deux monstres qu’il déséquilibra. Laissant naître un regain d’espoir dans l’esprit de Rosie, elle eu le réflexe d’éperonner Mérové qui n’en avait guère besoin puisqu’il avait lui aussi perçut l’opportunité qui s’offrait à eux et tentait de redoubler d’effort. La semi-elfe, solidement agrippée, se préparait à bondir sabre en main sur l’orc que l’ours n’aurait pas choisit comme cible. Il fallait profiter de leur déstabilisation partielle.

(Ce n’est pas vrai que je vais laisser ça arriver.)