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Attentive, je fus cependant un brin surprise que Mazhui décidât de s'exprimer au milieu de tous. Ni lui ni l'équipage ne semblait d'ailleurs avoir totalement saisi la présentation de la prêtresse. Je décidai de ne pas intervenir avant que l'échange eût fini entre ces deux personnes, écoutant néanmoins la réaction de Gallion Thunderhead à l'idée d'aller taquiner un poisson trop grand pour le Masamune. La vulgarité émise confirma que notre opération était risquée, mais je n'en démordais pas pour autant. Nous avions déjà trop progressé pour reculer maintenant.

Lorsque notre compagnon ynorien voulut savoir si le Chasseur allait nous épauler, la jeune femme s'exprima avec conviction, presque colère. Elle rappela à tous ce qui était arrivé à Gallion avant de faire comprendre à l'ensemble des présents qu'elle nous rendait le capitaine Thunderhead, mais que le Chasseur des Brisants ne participerait pas au sauvetage. Je jetai brièvement un regard sur Nahöriel. Le jeune semi-elfe avait un peu de mal à cacher sa déception, mais le petit sourire compréhensif qu'il affichait prouvait qu'il n'était pas totalement abattu non plus.

Mes yeux clairs allèrent de mon camarade aux visages proches puis se dirigèrent vers la prêtresse.

"Moura nous a déjà laissé entendre qu'elle était avec nous un peu plus tôt. Douter maintenant ne servirait à rien."

Je marquai une pause, regardant l'équipage du Masamune qui devait savoir exactement de quoi je parlais, puis tentai d'afficher un air amical pour Nahöriel avant de reprendre.

"Nous manquons une fois encore de temps, Leyna'sëraya, prêtresse de Moura... Mais pour répondre rapidement à votre question lors du sauvetage, sachez que les miens sont nommés les oudios."

Sur ce, je fis un signe de tête poli, coupant court à l'échange. Si elle ne comptait pas participer, il était inutile de tendre d'autres perches pour l'inciter à rester. Je voyais bien que Nahöriel n'avait pas exactement ce genre de pensées, mais je n'avais pas envie de compromettre nos chances en attirant l'attention de la Laide avec deux vaisseaux, dont un très reconnaissable. Mon regard se posa sur Gallion. Il n'avait pas encore exprimé son opinion à ce sujet, après tout.


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À sa grande surprise, Thunderhead protesta de son désir de revenir sur le Chasseur, promettant d'être un loyal serviteur de la déesse à travers elle.
L'équipage du Masamune protesta, mais il déclara vouloir profiter de la chance que lui avait donnée la déesse pour mourir ici. De tels propos n'eurent d'autre effet que de rallumer la colère de la prêtresse. Elle se dressa bien haute et dit :

« Vous servirez la déesse, en vérité... vous la servirez en restant ici. J'admets m'être moi-même trompé au début : si elle vous a sauvé, c'était uniquement pour que nous puissions vous mener ici, que vous soyez jugé avec vos hommes. La déesse a parlé. »

Puis elle se détourna pour remonter sur la passerelle, éprouvant une satisfaction abjecte dans son mauvais tour.

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Alors que la voix de Mazhui commençait à expliquer ce que nous avions envisagé, Gallion surprit tout le monde, et l'ynorien en particulier, en demandant à rallier l'équipage du Chasseur des Brisants. Nahöriel me lança un regard étonné que je lui rendis, en me rendant compte de l'état presque choqué de notre camarade ynorien. À sa demande d'explication, ce fut un lot de remarques vindicatives qui lui répondirent. Gallion, sous prétexte de ne pas être un "pote", ne voyait pas pourquoi il irait se risquer dans notre opération de sauvetage. Certes, il avait failli perdre la vie, et je pouvais comprendre sa réticence. Par contre, je ne tolérais pas son comportement.

Mes yeux clairs glissèrent vers Dame Leyna', qui répondit à sa demande avec un refus catégorique. Selon elle, si Moura l'avait épargné, c'était pour qu'il soit "jugé" avec nous. Plagg avait beau arguer que Thunderhead ne faisait que débloquer, Mazhui laissa paraitre sa déception. Visiblement, ce n'était pas la première fois que l'humain décidait de retourner sa veste ainsi.

Tout ce que je voyais était un nouveau lot de contretemps. Je poussai un souffle agacé et braquai mon regard en direction de Mazhui.

"Il n'était de toute manière pas prévu dans nos plans."

Mes yeux clairs glissèrent vers Gallion que j'interpellai, ignorant la prêtresse apparemment fière de son petit effet, comme elle avait ignoré ma remarque sur mon peuple.

"Reprenez-vous, Gallion Thunderhead. Courber l'échine ne sied pas à quelqu'un de votre taille."

Je marquai une brève pause et évaluai l'expression du semi-elfe. Nahöriel me fit un signe de tête approbateur, m'incitant à continuer.

"Si vous vous réclamez encore de la Confrérie, alors vous nous épaulerez. Dans le cas contraire, je vous conseille de ne pas nous gêner pendant notre manœuvre et de faire preuve de patience. Soyez toutefois rassuré sur un point : personne ici n'a l'intention de lancer le Masamune dans un combat frontal avec le requin Von Klaash. Cette brume n'est pas là pour servir de simple ornement."

Nahöriel se frotta le nez avec un air espiègle. Je devinai à son attitude qu'il allait sans doute émettre un commentaire, comme lors de ma tentative de persuasion de nos camarades marins un peu plus tôt.

"Si v'z'avez la trouille, j'pense qu'les gars vous trouv'ront d'la place pour vous planquer dans des cabines ou la cale. On finit not' travail, et on vous largue au prochain port, vu qu'la voix d'Moura a pas l'air décidée à vous r'prendre à bord. Ou alors on vous laisse une chaloupe et vous ramez de vot' côté. Vot' choix."

Je n'avais guère la patience d'argumenter longuement, et avais hâte de voir le Chasseur partir. S'il restait davantage, Gallion risquait de tenter quelque chose de stupide pour fuir le Masamune ou pire, faire rester l'autre navire. Nous n'avions pas le temps pour cela, et il nous fallait encore mettre au courant l'équipage de ce que nous avions prévu de faire. Tout ce que j'espérais était que l'attitude de Gallion n'allait pas avoir un impact négatif sur le reste de nos frères.

Il était de toute façon trop tard pour changer d'avis.


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À ma remarque, Gallion m'examina un court instant, mais qui fut suffisant pour déclencher une pointe d'irritation. D'après lui, un plan tel que celui-ci ne devait pas être l'idée de Mazhui. Son discours ne me plaisait pas, mais l'homme était apparemment plus calme. Par contre, la tension régnant sur le Masamune avait quelque peu amoindri le moral de nos frères. Nous qui avions eu tant de mal à leur rendre leur énergie, voilà qu'une simple rencontre avait écorné nos efforts. Je tentai d'en faire fi, en me concentrant sur les manœuvres et en restant auprès du semi-elfe un peu dépité. S'il avait eu un début d'intérêt pour la prêtresse, autant dire que son attitude l'avait fait tomber des nues.

L'ynorien nous fit nous rassembler, Nahöriel, Plagg et moi-même, afin de discourir utilement. Comme je l'avais deviné, le Masamune allait rester camouflé dans la brume, l'équipage ramant pour demeurer à la vitesse de la Laide. Nous allions être limités dans le temps, nos frères étant déjà fatigués par la traversée, et moins nombreux que l'équipage de notre cible. Plagg partirait en éclaireur, suivi par notre duo. Notre camarade connaissait les lieux, Nahöriel se montrerait indispensable à l'ouverture de serrures, et ma forme marine aiderait le prisonnier et mon partenaire à fuir le vaisseau.

Mazhui nous observa et arrêta son regard sur moi. Il doutait de ma capacité à porter deux personnes à la fois. Je plissai les yeux et déroulai ma main. Le semi-elfe me jeta aussi un regard intrigué.

( Le doute n'est pas permis. )

Je me tournai vers le jeune brun et esquissai un sourire. Quelque chose avait changé en moi depuis que j'avais fait connaissance avec l'hippocampe m'honorant de ses traits. Nahöriel leva le bras tandis que j'appliquai une main contre son dos et l'autre à son ceinturon.

"Fais-moi confiance."

Les yeux marrons du semi-elfe clignèrent, affichant sa curiosité, puis il me fit un signe de tête approbateur. Soufflant lentement par le nez, je visualisai la force de l'animal marin pourfendant les flots et bandai chaque fibre de mon corps végétal. Les serpentins bien arrimés à la tenue du semi-elfe, je le fis basculer en arrière en soulevant sa ceinture. Campant sur mes jambes, je poussai son corps en l'air, l'amenant au-dessus de moi, comme si j'avais soulevé un simple contenant.

"Whoa ! Whaaa ! Eh ! Me lâche pas, hein ?"

Malgré sa surprise, Nahöriel ne se débattit pas et attendit que je le repose. Il me regarda avec de grands yeux puis s'esclaffa.

"Depuis quand tu sais faire ça ?"

Je lui souris, reprenant mon souffle, et me surprenant de ne pas ressentir de contrecoup important malgré l'effort sur-oudio que je venais d'accomplir. Mes yeux clairs se tournèrent vers Mazhui, transmettant ma résolution à mon interlocuteur.

"J'en ai la force, d'autant plus que la mer sera mon alliée. Elle allègera nos compagnons et saura me soutenir quand nous serons sur le retour."

J'étais plus que jamais prête à m'embarquer dans cette folle aventure. Une heure. Si Plagg ne perdait pas de temps, cela nous serait largement suffisant pour délivrer Eliwin. Je priai Moura pour que notre camarade prisonnier fusse en état de se mouvoir. Une chose était certaine : je n'allais laisser personne derrière, quitte à risquer mon écorce pour m'en assurer. J'avais entraîné l'équipage du Masamune dans cette histoire, alors je devais assumer mes actes jusqu'à la toute fin.


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Pour Mytha :

Mazhui sourit, visiblement satisfait de la réponse de l'oudio, mais avant qu'il ne puisse dire un mot, la vigie qui avait remplacé Plagg cria :

- Laide en vue ! Laide en vue !

En effet, elle n'était pas visible à travers la brume, mais les torches qui brillaient au-delà du brouillard étaient la preuve infaillible que la Laide se trouvait à côté d'eux. Le Masamune, bien sûr, avait éteint toutes ses torches. La tension devint palpable sur le navire, mais Mazhui, dont l'optimisme avait été revigoré, tapa dans ses mains.

- Dans ce cas, ne perdons pas de temps ! Donnez l'ordre aux rameurs ! Plagg, tu pars maintenant et dans dix minutes, vous, Nahoriël et Mytha, vous partirez à sa suite.
- Chef ! Oui, chef ! fit Plagg, enthousiaste.

L'anguille humaine plongea dans l'eau sombre et commença à nager à belle allure, plus vite qu'un nageur ordinaire, comme si il avait passé toute sa vie dans l'eau.

Lorsqu'ils eurent assez attendu, Mazhui fit signe à Mythanorië qu'il était temps de partir. Le Masamune s'était déjà ajusté à la vitesse de la Laide.

[[[Prochain post sur la Laide-les-Maines]]]

*<---*




Gallion répondit avec un sourire à ma question. Il semblait davantage préoccupé par la possibilité de semer ces deux vaisseaux que par l'état du Masamune. Nos frères avaient fait un excellent travail de défense. Un sifflement attira mon attention sur Mazhui, et je compris aux mouvements, ainsi qu'au commentaire d'Iguru, que cela sonnait le début de notre fuite. Thunderhead appuya encore cette évidence par un ordre, destiné à faire brûler nos ennemis. À ma grande surprise, le doyen humain Elias révéla un engin de siège unique, dont la munition était constituée par la marmite à l'origine de la brume. Lancé, cet étrange projectile ne frappa pas la Laide, mais le vaisseau de belle taille de l'autre côté.

Bientôt, sous les ordres de Gallion, le Masamune prit la direction de la zone de tempête. Tout mon feuillage bruissa à cette idée, et je n'en fus distraite que par les paroles de l'ynorien. L'autre navire portait le nom de Redoutable Jugement et en dépit de sa taille, il était apparemment taillé pour la grande vitesse. Il nous fallait disparaitre dans les remous et le sale temps au plus vite.

J'acquiesçai et me tournai vers mes camarades blessés. Il nous fallait les mettre à l'abri avant d'atteindre la zone. J'épaulai donc l'un des marins, et l'aidai à descendre au pont inférieur. Dans l'une des pièces, j'aperçus brièvement Nahöriel, au teint encore pâle. Il tenta de me sourire, mais se retint de tout commentaire. Après m'être assurée que celui que j'aidai avait pris une place stable, je me tournai vers le semi-elfe et lui confiai ma cape qui risquait de m'encombrer. Mes longs doigts sur son épaule, je lui rendis son regard.

"Courage, nous retournons braver les sautes d'humeur de la Déesse."

Le jeune brun acquiesça, fermant le poing sur le tissu. En me précipitant dans le couloir pour remonter aussi vite que possible, je crus l'entendre vaguement.

"...dire, ça vous change... Quelqu'un..."

De nouveau sur le pont, je me dirigeai vers nos meneurs.

"Les blessés sont presque tous aux abris. Nous avons moins de bras qu'à l'aller, mais assez pour guider le Masamune. "

Je jetai un regard au Chasseur au-devant de nous, cherchant à connaître ses intentions. Les deux navires partaient dans la même direction, et c'était ce qui m'inquiétait le plus. Une telle houle rendait les trajectoires difficiles à prévoir.
Mes yeux clairs se rivèrent aux visages des membres de l'équipage. Je devais me tenir prête. Affaiblis par la précédente traversée et ce siège maritime, mes frères avaient des chances de se faire plus facilement happer par une vague haute. Je devais être parée à plonger à leur suite et repérai un filin de belle taille, qui pourrait me servir de ligne de vie dans ce cas de figure.

Sans un son, je priai Moura pour que ce nouveau défi soit encore une fois remporté par notre vaisseau bleu. Je tendis ensuite l'oreille, attentive aux ordres, et prête à aider mes frères humains aux manœuvres.


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Un moment de flottement tomba sur le Masamune, tandis que Gallion annonçait des signaux de la part du Chasseur des Brisants. Visiblement, il voulait contourner la zone de tempête et surtout nous voir le suivre. À la fois étonnée et un peu soulagée, je participais aux manœuvres, motivée par les ordres donnés. Même si notre trajet ne faisait que côtoyer le sale temps, les rafales et les vagues demeuraient tout de même fougueuses. Concentrée des heures durant sur ce que je faisais, en copiant au mieux les gestes et la posture de mes camarades, je fus étonnée de sentir le tangage faiblir. Nous étions apparemment hors de danger et de retour en eaux calmes.

Je déroulai mes longs doigts, les collant à mon front de bois. Mes yeux clairs se posèrent sur les silhouettes de Mazhui et de Thunderhead puis sur le Masamune. Je m'approchai d'eux, chassant quelques gouttes marines de mon écorce. Je me souvins des paroles de l'ynorien, disant à son compère que l'équipage du Chasseur était allié à nous.

"Le Chasseur est en mauvais état, mais je compte pas les plaindre."

Mes yeux se plissèrent.

"Pas quand on vous maudit au nom de Moura avant de se retrouver aussi dans le pétrin. J'ignore si cette prêtresse a vraiment une part de responsabilité dans notre situation, mais pour moi, c'est tout comme."

J'étais encore amère à cette pensée, qui m'amena à songer à ce que nous avions enduré à bord de la Laide. D'un coup, mon irritation fit place au souvenir des blessures de Nahöriel et d'Eliwin. La colère et l'urgence de la situation passées, je fus frappée de plein fouet par mes craintes.

Bondissant sur un pied, je fis prestement demi-tour, prenant la direction des cabines. Je me dirigeai sans attendre dans celle où mon ami semi-elfe se trouvait. Au lieu d'être allongé, il était assis sur la couchette, l'épaule contre la paroi et torse nu, laissant voir la blessure que Von Klaash lui avait fait. Il était pâle, mais respirait. Son autre main tenait encore la cape que je lui avais confié. Lorsque je m'approchai, il ouvrit les yeux et esquissa un sourire qui devint une grimace avant qu'il puisse articuler un mot.

Son état fit trembler mon feuillage. Il n'était pas le seul blessé. Je le savais, mais je ne voyais que cette marque, vaguement lavée du sang qui en avait coulé. Il n'était pas tiré d'affaire, mais il aurait véritablement pu périr à bord de la Laide. Avant de m'en rendre compte, je m'étais agenouillée à côté de lui et avais enserré sa tête de mes bras.

"Tu vas t'en tirer. Le Masamune est hors de danger maintenant. Cela va aller."

Je levai les yeux au plafond en sentant des larmes poindre, ainsi que son signe de tête affirmatif. Nahöriel vivait. Il s'en remettrait. Il avait survécu et en vivrait bien d'autres. C'était ce que je me martelais mentalement, en cherchant à évacuer les pensées négatives qui pourraient lui porter la poisse. Il fallait que je me reprenne. Mes frères marins risquaient d'avoir besoin de mon aide sur le pont.


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Le Chasseur des Brisants avait beaucoup souffert de la bataille contre le Redoutable Jugement. Et maintenant que le calme était revenu, il semblait s'y être substitué une désolation attristante.

Mais Leyna n'y prenait pas garde.

Des marins du Masamune venaient pour aider à la réparation, ce qui surprit grandement l'équipage du Chasseur, habitué à la crainte ou au mépris. Cependant, ils étaient trop fatigués pour refuser. Mais Leyna ne s'occupait pas de ça non plus. Elle se précipita à bord du Masamune et se jeta aux pieds de Mazhui et Galion.

« Pardon, messeigneurs, pardon ! Je suis indigne de la déesse. Je n'ai pas su percevoir sa parole. Le Chasseur des Brisants en a payé le prix fort. Je ne peux que souhaiter qu'il n'en soit pas de même pour vous... »

Saryon et Kassara arrivèrent à leur tour. La femme voulut la relever, mais Leyna la rejeta, décidée à s'humilier et à rester dans sa position mortifiante jusqu'au bout. Qu'était-ce qu'une prêtresse qui n'entendait pas sa déesse, sinon un imposteur ?
Barbe-rouge, de son côté, grogna :

« Bon, les gars, on a tous pris cher, ici. Il semble que le destin veuille à tout prix nous réunir. Après tout, c'est peut-être le signe que j'attendais... Mais d'abord, parlez moi davantage de cette... confrérie. Qu'est-ce que vous voulez en faire ? J'ai peur que vous n'alliez au-devant de dangers que vous n'imaginez même pas. »

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Nahöriel m'épatait à chaque instant. Il devait souffrir grandement et avoir encore plus peur que moi, mais il faisait de son mieux pour se donner bonne contenance. Il tentait de sourire, mais n'essayait pas de se forcer à parler. Bientôt, l'un des membres de l'équipage entra dans la cabine, ses vêtements un peu déchirés ou tâchés. Il m'expliqua brièvement prendre la relève pour s'occuper de mon ami. J'allais répliquer, mais ce fut à cet instant que je compris que tout mon corps de bois tremblait. Inspecter la blessure du demi-elfe dans cet état n'aurait pu que causer des ennuis. J'acquiesçai et laissai la place au marin, non sans avoir laissé mon serpentin de bois longuement enroulé autour de la main du jeune demi-humain. Je dus faire un effort incroyable pour m'en séparer.

Sortie de la cabine, je décidai de passer dans les voisines, pour évaluer les blessures des uns et des autres, et leur remonter le moral. Agir ainsi me permettait de chasser mes idées noires tout en me rendant utile. J'avais entendu des paroles sur le pont, mais je ne me sentais pas encore prête à monter.

Mes pas me conduisirent jusqu'à une autre cabine où un marin veillait sur Eliwin. En me voyant, l'humain au visage éraflé me salua, puis il se leva. D'un geste, il me désigna la caisse sur laquelle il s'était assis puis se dirigea vers la sortie en m'annonçant qu'il allait chercher quelque chose à boire. J'acquiesçai une nouvelle fois puis reportai mon attention sur Eliwin en prenant place. Je me souvins de sa forme, allongée dans la Laide. Les anneaux plantés dans son corps requéraient une forte compétence en médecine pour être ôtés, et je doutais que l'équipage disposât d'une telle personne.

Je me grattai un instant l'avant-bras et poussai un souffle dépité. Un mouvement de la part de l'ancien prisonnier attira mon attention, me faisant songer que j'avais sans doute été trop bruyante.

"Mes excuses Eliwin, je crois que je vous ai réveillé."

J'ignorais si je pouvais faire quelque chose pour lui, mais après une telle épreuve, je ne pouvais sans doute que le soutenir autant que possible.

"Avez-vous besoin de quelque chose ?"

Tenir une conversation allait être difficile par contre, mais s'il tentait de communiquer, je comptais faire au mieux pour le comprendre. J'y étais bien parvenue à bord de la Laide.


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