Dirigé d'Hivann Goont


Ils s'arrêtèrent tous de manger, et la jeune femme souriante se leva et s'approcha gaiement de toi.

"Il est fort !"

Puis elle se pencha et posa un baiser sur ta joue.

"Je t'aime déjà."
"Calme toi Marjorie. Excusez-la, elle est encore jeune. Comme vous l'avez deviné, nous sommes l'ignoré."

Ils se remirent doucement à manger, vous invitant du regard à faire de même. Umoldir accepte et commence à manger.

De son côté Hélène se lève et s'approche d'un grand meuble en bois assez sec, sans décoration, et s'appuya dessus.

"Vous allez apprendre plusieurs choses qui vont vous permettre, à la fois de retrouver ce fusil que vous cherchez, mais peut être aussi de quoi régler votre petit problème de magie."

Umoldir releva la tête, fronçant les sourcils.

"Comment pouvez-vous en savoir autant sur nous ?"
"Je vous dirais bien que c'est de la magie, que je lis l'avenir et les pensées, mais il n'en ai rien. De l'observation, un peu de réflexion et il est possible de savoir beaucoup plus de chose qu'il n'est laissé paraitre. Cependant. Serait-il possible de connaitre vos noms ?"

Hivann s'était montré perspicace bien plus vite qu'il ne l'avait imaginé. Il fallait admettre qu'il avait un grand nombre de suppositions en tête. Le fait qu'il ait enfin une réponse dans toute cette aventure qui suscitait tant d'interrogations lui redonna un peu plus de confiance. Les enfants ne se montrèrent pas "outrés" par le fait qu'il ait percé leur secret. Au contraire, la plus jeune fille (qui sembla s'appeler Marjorie) se montra tout particulièrement enjouée.
Peut-être que tout ceci n'était qu'une mise en scène, mais si ce n'était pas le cas, alors tout se déroulait mieux qu'il ne l'avait imaginé.

Hélène apporta davantage d'informations quant à la suite de cette mission. Pour tout dire, cela commençait à instaurer une certaine confiance chez Goont. Il considéra bien vite que si l'on voulait le détrousser ou profiter de lui, il s'en serait rendu compte bien plus tôt. Seulement, la quête de cette relique devenait de moins en moins claire. Il n'arrivait pas à savoir si on allait l'aider ou lui faire passer un quelconque "test". Il ne le saurait que plus tard, après tout.
Mais outre le fusil, c'était surtout cette histoire autour du fait de retrouver sa magie qui le faisait s'interroger. Cette Hélène s'était déjà montrée omnisciente plus tôt et elle continuait de la sorte. L'offre était alléchante. Cela ne faisait que quelques mois qu'il vivait comme un homme simple et à peine deux semaines qu'il avait retrouvé une infime partie de sa magie, mais les quelques fragments de souvenir de sa puissance le rendaient tout de même nostalgique.

Quand Hélène demanda leurs noms aux deux compagnons, le mage se rendit compte qu'effectivement, il ne s'était présenté qu'à elle. Aussi, il répara son erreur pour ensuite engager de nouveau la conversation sur l'avenir de cette quête.

"Il est vrai que je ne me suis pas présenté à vos frères et sœurs. Je m'appelle Hivann Goont et voici Umordîl, mon guide. Ravis de faire votre connaissance." dit-il, les invitant à se présenter d'eux-mêmes.

Pour une fois, il ne s'était pas attardé sur son titre. Il fallait croire qu'il commençait à avoir d'autres priorités. Son image ne valait rien dans ces tréfonds. C'était à l'extérieur qu'il pouvait véritablement en jouer.
Quand ils eurent tous fini de se présenter, Hivann enchaîna alors de suite sur l'objet de sa venue.

"J'ai donc cru comprendre que vous pouviez m'aider à retrouver ma magie en même temps que le Fusil... Je pensais justement l'utiliser au départ pour compenser mon nouvel handicap, mais je ne puis dire non à une telle offre. Comment comptez-vous procéder, au juste ?"

Il se fit d'ailleurs la réflexion, à propos de sa magie, qu'il allait devoir profiter du repos que l'on lui offrait pour utiliser la broche que lui avait offert Sujima. Ce seul bijou serait bien capable de l'aider à manier de nouveaux éléments, sans qu'il ne l'eut même fait lorsqu'il eut été surpuissant.

Dirigé d'Hivann goont

Chacun leur tour, les convives se présentèrent. Le jeune fille se prénommait Marjorie. Le jeune homme taciturne, Roméo, son voisin à l'air rebelle, Sergio et le troisième, Antoine.

Marjorie avait l'air très joyeuse, le sourire aux lèvres et les mains derrière la tête. Elle se leva et se plaça derrière toi, appuyée sur le dossier de ta chaise.

"Marjorie..."

Hélène écouta avec attention tes questions, puis sourit. Elle s'écarta de l'armoire et posa ses mains sur la table, scrutant de plus près ta pierre frontale.

"C'est du joli travail, propre et net."

Elle tourna son regard vers le tien.

"Comment comptiez-vous vous servir du fusil pour enlever cette pierre ?"

Marjorie se recula et se mit à danser sur une musique qu'elle seule devait entendre. Ses compagnons la regardèrent, sauf Roméo qui soupira. La jeune fille s'approcha de toi.

"Elle ne répond jamais aux questions !"

Puis elle repartit danser.

"Par contre elle est sûrement capable de vous aider. Ce doit être la meilleure magicienne que j'ai jamais rencontré, et de loin..."

Comme à son habitude, Hélène ne répondit pas à la question du vieil homme. Pour ne rien cacher, cela commençait à avoir le don de l'irriter. Certes, il savait maintenant que beaucoup d'entre eux pouvaient l'aider, mais s'il n'avait pas plus d'informations alors qu'il était au centre de cette mission, tout devenait dérisoire.
Elle ne fit que se pencher pour observer la Pierre d'Oubli, alors que Marjorie se tenait derrière lui. C'est alors que la magicienne posa une question qui eut le don de l'étonner. Il comptait retrouver sa magie, mais étrangement, il n'avait à aucun moment pensé qu'il pouvait retirer la Pierre. De sa connaissance, la trépanation était trop dangereuse et enlever une telle gemme risquait tout simplement de le tuer. De plus, elle ne le limitait plus dans l'usage de ses pouvoirs, grâce à l'encens de Tôhko. La seule chose résidait dans le fait qu'il ait tout oublié de la pratique de sa magie. En somme, il devait tout recommencer depuis le début.

Marjorie se mit alors à danser, d'une manière qui rappela forcément à Goont sa jeune fille Taé, bien qu'elle fut plus vieille. Mais même si la scène l'eut fait sourire un moment, il se rendit tout de même compte d'une chose qui eut le don d'éveiller une certaine crainte, habillement déguisée par son sourire confiant : il était désormais encerclé. Les extrémités de la table étaient entourée par les garçons, Hélène était devant lui et Marjorie derrière. S'ils tentaient quoi que ce soit, Umordîl n'allait pas suffire à lui sauver la vie...
Puisqu'il ne pouvait décemment pas tenter quoi que ce soit, il misa tout de même sur les réponses aux questions. Peut-être se trompait-il encore après tout.
Avant qu'il ne puisse prendre la parole, Marjorie releva tout de même justement la réflexion que s'était faite Hivann concernant le manque de réponses. Roméo renchérit simplement en soutenant qu'Hélène était une grande magicienne, ce dont l'ynorien ne pouvait évidemment pas douter.

"Je ne compte pas retirer cette pierre. Désormais, elle ne me limite que dans mes souvenirs et je sais qu'il y a encore une possibilité de simplement annuler la magie qui les renferme. D'autant qu'avec un fusil, je crains que je ne ferais pas "que" retirer la pierre, vous saisissez ?"

Hivann se remémora doucement les quelques moments qui l'avaient poussé à s'orienter vers la recherche de cette relique. Puisque sa magie était limitée, il pouvait encore l'utiliser en la couplant avec une autre arme. Or, la poudre qu'il avait utilisée à Darhàm était suffisamment puissante pour compenser tous ses handicaps.

"Puisque ma magie est limitée, je pensais à utiliser la puissance de la poudre et du Fusil de Mertar pour compenser "l'Oubli". Inversement, je pense que je réussirais à recouvrer mes pouvoirs d'antan. A ce moment là, le Fusil n'en sera qu'un plus grand atout. Mes compétences de géomancien, je pense que je les retrouverai quoiqu'il advienne. Que ce soit en apprenant de nouveau ce que j'ai oublié ou en brisant le maléfice de la Pierre."

Dirigé d'Hivann Goont.

Hélène sourit. Elle paraissait contente de ta réponse.

"Bon, vous allez me suivre, j'ai deux trois trucs à vous montrer. Marjorie, tu viens aussi."

"Pas de soucis, j'arrive !"

Les trois garçons autours de la table avaient arrêté de manger.

"Tu crois qu'il est prêt ?"
"Forcément, il est déjà complètement fou de moi !"

La jeune fille t'enlaça dans ton dos et posa de nouveau ses lèvres sur ta joue, avant de rire.

"Tu es impossible..."
"Donne lui de quoi réussir, sinon il va y passer."
"Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais. De toute façon, il n'y a pas 36 solutions pour le libérer."

Sergio prit alors la parole, calme et doux. Il plongea son regard dans celui d'Umordil qui frissonna, puis dans le tien. Il était profond, presque sans fond, hypnotisant. Il ne battait pas des paupières, ne bougeait pas les paupières...

"Faites attention. Le chemin sur lequel vous semblez prêt à vous engager n'est pas sain. Vous pleurerez peut être, souffrirez sûrement..."

Il attendit quelques instants, sans bouger. Ses compagnons ne bougeaient pas, mais même Marjorie n'osait plus faire de bruit. Tu pouvais sentir ses bras autours de toi, les mains sur les épaules et ses cheveux caressant ton cou. Et tu pouvais aussi percevoir la tension dans ses bras, la sueur fine sur ses doigts, sa respiration légèrement accélérée.

"Vous sentez ? La peur, la tension ? L'amour et la confiance peut être ? Que pensez-vous réellement faire ici ? Que croyez-vous, qu'espérez-vous ?"

Il n'a toujours pas battu des paupières, la tension est presque insoutenable et tu ne parviens pas à détourner le regard.

"N'espèrez plus, ne croyez plus. Tout est là, autours de vous, tout n'est..."
"Stop !"

Marjorie a crié, les yeux humides, tremblante et te serrant plus fort qu'avant.

"Arrête, tu sais très bien que j'aime pas ça..."

Elle recula, regardant son compagnon.

"Tu es... monstrueux, avec ce pouvoir..."

Et elle se retourna pour disparaitre dans une des pièce avoisinante. Le lien avec Sergio a été rompu.

"Tu n'aurais pas dû faire ça devant elle..."
"Elle est trop sensible, elle n'est pas prête."

Il se mit à finir son assiette, comme si de rien n'était. Les autres ne bougèrent pas, encore secoués.

La réponse donnée par le vieil sembla suffire amplement, puisque Hélène se décida enfin à le mener vers certaines choses à voir. Probablement quelques réponses un peu plus claires à ses questions. Aussi, les choses commençaient à s'amorcer et sa méfiance était moins grande. Il ne fut pas surpris de sentir les bras de Marjorie entourer ses épaules, même si sa crainte initiale était justement qu'elle agisse alors qu'il s'était retrouvé encerclé par tous les "enfants".

Forcément, propres au mystère qui les entourait, ils parlèrent d'une "épreuve", sans ajouter plus de détails. Goont cessa cependant de poser trop de questions. Il avait bien saisi qu'il ne pourrait avoir les réponses qu'au moment venu.

C'est alors que Sergio, le personnage à l'air rebelle, se mit enfin à parler. Il n'y avait rien de rassurant dans ses paroles. C'était même hostile, même si au premier abord, Hivann n'eut pas l'impression qu'il s'agissait de menaces.
Les yeux du jeune homme semblaient transpercer son âme. Il ne pouvait pas l'expliquer, mais un frisson lui parcourait lentement l'échine et tendait ses muscles. Il avait toute la peine du monde à garder son sourire de façade. Mais le plus difficile, c'était de voir Marjorie, le sosie de sa fille, dont les larmes déformaient déjà le visage. Le discours du jeune homme fut très vite interrompu par la jeune fille qui céda bien plus vite que le géomancien à l'emprise psychologique de Sergio.

C'est dans son cri de peur que le lien créé par le jeune homme fut rompu. Et aussi étrange que cela puisse paraître, c'était la tristesse de Marjorie qui avait sauvé Goont. Car en rompant le lien, il réussit alors à se rendre compte de la mascarade qu'on lui avait jouée.
La jeune fille s'en alla, seule Hélène s'exprima pour dénoncer l'imprudence de Sergio. Il ne donna qu'une réponse démontrant toute son insensibilité, continuant à manger. Devant un tel manque de civilité, l'ynorien ne put qu'intervenir.

"Il ne s'agit pas d'être prêt ou non. Vous êtes supposés travailler ensemble et votre comportement ainsi que votre manque d'empathie montre clairement que vous n'êtes pas fait pour ça."

Goont était debout face au jeune homme. Il n'allait pas user de la magie, encore moins la magie psychique pour dire ce qu'il avait à dire. Ce sort (car si l'on prenait en considération les dernières paroles de Marjorie, il devait s'agir d'un sort) avait tout à voir avec la Torture Mentale. Et tous les magiciens un temps soit peu talentueux pouvaient maîtriser ce sort. L'ynorien avait toujours fait le choix de s'orienter avant tout vers les sorts élémentaires, par spécialisation. Et la manipulation, il pouvait la pratiquer sans utiliser la magie.

"Votre petite mascarade, Sergio, ne prendra plus effet sur moi. Je suis prévenu de vos talents de manipulateur psychique. Mais sachez cependant une chose..."

Le géomancien avait déjà levé son encensoir, tant il s'attendait à tout type de réaction. Il ne tressaillait pas. Il avait pleinement confiance en ses paroles.

"Marjorie ressemble pour ainsi dire trait pour trait à ma fille, Taé. J'ai déjà beaucoup de sympathie pour elle. Sachez que le dernier homme qui a osé manquer de courtoisie à Taé a, par extension, manqué de courtoisie avec toute la lignée des Goont. Il doit être probablement mort à présent. Et si ce n'est pas de ma main, c'est que les membres de son gang devaient en avoir assez de s'occuper d'un légume manquant de cervicales."

Un ange passa. Seuls le bruit des couverts de Sergio sur son assiette résonnaient dans la salle.

"Marjorie n'est pas une Goont, je vous l'accorde. Mais si le simple fait de savoir que ma fille a subi un outrage m'a poussé à tuer un homme, vous imaginez certainement que voir cette enfant entrer dans une telle crise de larmes a tout particulièrement le don de m'irriter."

Goont se retourna pour rejoindre Hélène. Il n'avait plus de temps à perdre avec ce rustre et aussi idiot était-il, il avait encore besoin de lui pour sa mission.

"Vous ne le ferez pas deux fois."

Dirigé d'Hivann Goont.

Il y eut un long silence, un silence pesant durant lequel personne ne bougea. Même sergio, dont le visage n'avait montré aucune émotion durant ta réaction, ne bougeait plus.

Ce dernier fini par poser sa cuillère, doucement, puis par s'essuyer lèvres de sa serviette et se lever.

Presque instantanément, Roméo se retrouva entre lui et toi, comme téléporté. Mais il ne te faisait pas face. Il faisait face à son compagnon.

"Calme-toi."
"Je suis calme."

Son visage est toujours aussi inexpressif. Il se décale pour te regarder

"Tu pars du principe qu'on est censé travailler ensemble. Toi qui viens quémander notre aide sans rien savoir, crois-tu pouvoir lire en nous comme cela ?"
"Sergio, calme-toi, ça ne sert à rien. Il n'y est pour rien."
"Il n'y est pour rien, c'est sûr. Il ne sait même pas de quoi il parle.
"Hivann, venez. Et vous aussi, Umoldir."
"Ils ne vont nul part !"
"Sergio !"

Le sus-nommé venait de lever le bras, bloqué par Roméo qui semblait à cran. Hélène était elle aussi sur le qui-vive. Et Sergio était toujours inexpressif. Si tu regardes la main qu'il tient en l'air, tu pourrais voir qu'elle brille légèrement d'un couleur verdâtre, clair.

"Tu arrêtes ça tout de suite, c'est compris !?"

La voix de Roméo n'était plus la même. Elle était dure, presque haineuse. Sergio ne bouga pas. Le troisième compagnon, quand à lui, n'avait toujours pas bougé. Assis sur sa chaise, il attendait, fixant un point invisible au dessus de la table.

"Hivann et Umoldir, venez."

Hélène se dirigea vers la porte qu'avait emprunté Marjorie plutôt.

Goont avait réagi vivement, c'était certain. Mais contrairement à ce qu'aurait pu suggérer l'offensive de Sergio, il ne tressaillit absolument pas de peur. En vérité, si sa supposée manipulation psychique avait été un succès, Hivann s'était bien rendu compte d'une chose qui avait son importance : c'était que même s'il demandait l'aide de ces "ignorés", ils avaient passé suffisamment de temps à l'attendre pour qu'il ne puissent plus simplement s'attaquer à lui. Leurs différences de caractères marquait effectivement leurs divergences d'opinions et d'objectifs. Il avait été sauvé par Hélène, avait acquis l'approbation de Marjorie et manifestement celle de Roméo, puisque celui-ci s'était interposé entre les deux adversaires.

La violence de Sergio et la vitesse de Roméo témoignait encore de leurs incroyables talents de combattants. L'ynorien avait même commencé à se dire qu'en pleine possession de ses pouvoirs, il ne serait toujours pas certain de pouvoir vaincre cette petite communauté. Fort heureusement, il n'avait qu'un ennemi parmi eux. Et s'il n'était pas encore certain de ses propres capacités magiques, il savait que sa prestance seule pouvait l'aider à franchir bien des obstacles. S'il mourait, il aurait le reste de sa famille, ses mercenaires et peut-être même Umordîl pour l'aider.

Il ne pouvait pas se permettre de montrer sa vulnérabilité. Aussi, il ne répondit absolument pas à l'attaque du jeune garçon. Il se contenta de suivre les conseils d'Hélène et d'aller rejoindre Marjorie. Umordîl le suivit d'ailleurs, non sans montrer une certaine gêne.

"Tenez ce chien fou en laisse, avant qu'un cœur trop impulsif ne l'abatte."

Pour tout dire, Sergio avait tout le portrait de Lùthian, le plus jeune fils du géomancien. Mais bien entendu, il ne pouvait pas dévoiler un tel secret, sous peine de perdre tout son crédit...

Dirigé d'Hivann Goont

La pièce dans laquelle tu pénètres est une chambre complètement en bois. Les murs sont recouverts de lattes de bois, le plafond aussi et au sol un superbe parquet lustré reflète presque ton visage. Un beau lustre plein de bougies illumine toute la pièce.

Un lit a baldaquin repose contre le mur opposé à la porte, avec une armoire finement ouvragée à sa droite. Marjorie est recroquevillée dessus, sanglotante. Hélène est assise sur le lit, à côté d'elle, lui caressant les cheveux.

"Ne faites pas très attention à lui, on s'en occupe. Il est spécial mais il n'a pas un mauvais fond."

Elle tourne son regard vers Marjorie.

"Je vais m'occuper de vous, cependant je vous préviens : Marjorie va venir avec vous. Vous ne la connaissez pas encore, mais vous comprendrez pourquoi rapidement. Cela ne vous dérange pas ? "

La petite fille renifle avant de se tourner vers vous. Son regard montre la quantité de larmes qui avait coulé. Hélène lui caresse la joue puis se leva et s'approcha de l'armoire.

"Si vous le permettez nous partirons demain matin, vous pourrez vous reposer ici. Dans cette armoire vous devriez trouver quelques objets utiles, n'hésitez pas à vous servir. Marjorie va retourner avec moi. Cela vous dérange-t-il de dormir dans le même lit ?"

Ton guide répondit par la négative.

HRP : Dans l'armoire se trouve la récompense de ta correction. Tu as le droit de choisir une pièce d'équipement (bijoux compris) comme tu le souhaites (je m'occuperais de lui assigner ses statistiques), ainsi que l'équivalent de 3 Pm de ton choix (en autant de potion(s) que tu souhaites).

De plus, le thorkins trouvera une nouvelle hache à double lame sertie d'une pierre violette, et prendra deux potions moyenne de vie.

L'autorité de Goont était démontrée, malgré sa faiblesse actuelle. Il n'avait peut-être pas touché Sergio, mais en tout cas, tous les autres avaient agi dans son sens. On venait de le protéger et plus que tout, certains s'étaient excusés au nom du jeune homme qui l'avait menacé. C'est une démarche qui peut paraître anodine, mais donner des excuses demande une grande force selon la situation. Et ici, Hélène semblait montrer une véritable sincérité.

La salle où Hivann et Umordîl furent emmenés était étonnamment luxueuse. Toute de bois, il était incroyable de voir que celui-ci n'avait pas pourri malgré l'humidité des lieux. Plus il avançait et plus le mage avait le sentiment d'être sous l'emprise d'une magie psychique. Ces gens étaient trop propres, trop parfaits, pour vivre aussi bien dans un tel endroit...

Puis Hélène enchaîna en expliquant que Marjorie ferait partie de la suite de leur mission, sans donner plus d'informations. Bien évidemment, les deux hommes ne pouvaient refuser s'ils voulaient mener à bien cette expédition. Aussi rhétorique était donc la question, ils répondirent par l'affirmative. De même, quand il fut question de dormir dans le même lit, l'optique de les dérangea pas. Goont avait bien été un grand mage, il avait été mage de guerre. Dormir à plusieurs dans des couches plus petites que cela, ce n'était pas un problème.

"Bonne nuit à vous deux alors. Je vais jeter un œil à vos équipements."

Lentement, le temps que Marjorie ne daigne quitter la chambre, Hélène ferma la porte pour laisser les deux compères en tête à tête. Umordîl sembla un instant lui jeter un regard gêné. Hivann y reconnut bien vite son inquiétude pour la situation de conflit avec Sergio. Mais il ne se sentait plus aussi vulnérable qu'il y avait quelques minutes. Alors fidèle à lui-même, il fit usage du sarcasme pour éviter le débat.

"Oh je vous en prie, Umordîl. Ne me regardez pas avec tant d'envie, je n'ai plus le corps de mes vingts ans !"

Quand il se mit à jeter un oeil à l'intérieur de l'armoire, il fut tenté par toute une gamme d'objets qui, encore une fois, avaient de quoi l'impressionner. Mais à force de qualités et d'esthétisme découverts ces dernières minutes, il n'était même plus étonné de découvrir ces trésors.
Il y avait de nombreux bijoux ici, tous insufflés d'une certaine magie. Il y avait aussi des potions et quelques armes. De son côté, Umordîl y trouva vite son compte en allant y cueillir une nouvelle hache, de meilleure facture et sertie d'une pierre violette. Il en profita aussi pour prendre des potions. Goont, lui, hésitait encore un peu.
Mais en fouillant plus profondément, il y trouva enfin ce dont il avait besoin. De quoi s'entraîner à utiliser sa magie sur des projectiles tels que des balles. Ce n'était pas un fusil, mais une arme qui aurait un fonctionnement similaire : une arbalète.

Insuffler sa magie dans une arme. Les technique des archer-mages s'éloignaient grandement de ce qu'il avait connu. Mais compte tenu de son handicap en terme de mémoire, il ne pouvait compter que sur cela pour rehausser sa puissance. Il en profita d'ailleurs pour récupérer une fiole de potion qui lui permettrait de récupérer davantage de fluides lorsqu'il en aurait besoin.

"Bon, je crains de ne pas avoir la possibilité de m'entraîner avant d'utiliser tout ça. Je vais devoir apprendre sur le tas."

Il se remémora ensuite un petit détail qui avait son importance. Le bijou que sa fille lui avait offert devait être porté maintenant, sans quoi il allait devoir limiter grandement l'usage de ses sorts. Et s'il le portait plus tard, il allait tout simplement devoir faire sans sa magie. Autant dire que dans l'un ou l'autre cas, il signait son arrêt de mort. Planter cette broche dans sa propre peau n'avait rien de tentant, mais c'était suffisamment intéressant pour qu'il sacrifie un peu de sa peau.
Avec une certaine hésitation, il décocha la pointe et caressa le centre de son plexus. Sans qu'il ne puisse l'expliquer, le bijou sembla aller de lui-même lui transpercer la peau, jusqu'à lui donner l'impression qu'il s'agrippait à ses os. La douleur était difficilement supportable, mais il étouffa un cri de douleur et quelques larmes. Toujours avec beaucoup de sarcasme, évidemment.

"Vous voulez essayer ?" lança-t-il à son compagnon nain en signe de défi.

Il sentit ses fluides changer de "matière" au niveau de sa poitrine. Si autrefois, la terre lui donnait l'impression de manipuler du sable dans ses veines, il avait l'impression qu'elles bouillonnaient, pour ensuite se refroidir, ou même se sentir atteint d'une étrange cécité avant de percevoir tout un tas de flashs lumineux.

"Oh ce n'est pas vrai... Ce n'est vraiment pas agréable, qu'est-ce que Sujima a fichu !"

La voix d'Umordîl résonnait et Goont n'en reconnaissait que son ton d'inquiétude. Il était malade le temps de douze heures, comme l'avait indiqué Sujima. Cette nuit, il allait devoir dormir autant que possible.
En titubant, il réussit à atteindre le lit.
Alors que la douleur se faisait de moins en moins supportable, il doutait de pouvoir réussir à à s'endormir comme il le souhaitait.
Et finalement, cela fut rapidement trop. Il s'évanouit en l'espace de quelques minutes.

Dirigé d'Hivann Goont

Tu es réveillé le lendemain matin par une main qui te secoue doucement. Il s'agit de Marjorie. Plus aucune trace de larmes n'est visible sur son visage et elle est coiffée et habillée.

HRP : Umordil n'est pas dans la pièce, mais si tu sors tu pourras le trouver attablé devant un copieux repas, à côté d'Hélène, habillée d'une ravissante robe plutôt courte, orange sombre.

Lors de ton réveil, Marjorie te fais un grand sourire avant de poser un baiser sur ta joue.

"Vous avez beaucoup dormis ! J'espère que vous allez bien. Venez, le petit déjeuner est servit !"

Hrp : Elle est heureuse, comme si ce qu'il s'était passé hier avait été oublié.

Si tu vas dans la salle à manger, Hélène te salueras, avant de t'expliquer que vous avez le temps de vous sustenter et qu'elle n'est pas pressée. Elle partira quand vous serez prêt. Umordîl a bientôt fini de manger, donc c'est à toi de décider.

Au cas où tu décides de ne pas manger et de partir de suite, elle refusera, insistant pour que tu manges.

Marjorie s'assiera à côté de toi.

Le réveil de Goont fut particulièrement difficile. Il semblait que l'attache de la broche lui avait drainé non seulement sa magie, mais aussi son énergie. En ouvrant les yeux, cependant, il ressentit encore ses fluides circuler à travers son corps. Mais pourtant, sa tête lui faisait atrocement mal. Et même si la vision de la jolie petite Marjorie avait de quoi lui réchauffer le cœur, ce n'était pas enjoué qu'il dû se mettre sur ses deux jambes. A peine s'était-il dressé dans son lit qu'une immense douleur lui prit la tête. Ses yeux lui brûlaient et il lui semblait que son front avait reçu un coup de matraque. Aussi, le baiser de Marjorie n'avait pas arrangé les choses. Et encore moins le fait qu'elle le pousse autant à se lever.

"Réveille-toi !"

"Je suis réveillé..." répondit-il en grognant, les yeux fermés.

"Hélène ! Papy Goont il est tout fatigué !" cria-t-elle encore plus fort.

"J'ai entendu ça !"

Faiblement, il se mit debout et remarqua que l'on lui avait retiré sa tunique, probablement pour qu'il soit plus à son aise. Il avait toujours son pantalon cependant. Il enfila alors ladite tenue et ses chaussures avant de retourner en traînant des pieds vers la salle du banquet. Umordîl y était avec Hélène qui, elle, avait changé de tenue. Décidément, plus il la voyait, et plus il la trouvait belle.
Pour atténuer sa migraine, il alluma l'encens que sa fille, Tôhko, lui avait offert. Ce même encens à l'odeur fruitée, qui était capable de l'hydrater et de le sustenter. Cela n'effacerait pas sa douleur, mais il lui servirait à se concentrer sur d'autres choses. Et puis, si Hélène l'aimait, c'était d'autant mieux.
En silence, il commença son repas, sans vraiment regarder ses compagnons. Mais même si tous les sons autour de lui paraissaient encore plus forts que d'ordinaire, il devait bien se tenir au courant des prochains évènements.
Au rythme insoutenable de l'entrechoquement des couverts, il posa donc la question.

"Alors, dites-moi. Qu'est-ce qui nous attend ?"

Dirigé d'Hivann Goont

"Vous allez aller chercher la première partie du fusil. Normalement, vous serez de retour ce soir."
"De toute façon, il sera avec moi !"
"Reste prudente Marjorie, tu est encore fragile."
"Nia-nia-nia."

La jeune fille tira la langue puis éclata de rire.

Hélène sourit puis plongea son regard dans le votre.

"Je ne vous accompagnerais pas. Elle seule le peut. Faites lui confiance, ce qui vous attend, ce n'est ni des gobelins, ni de simples flammes. En fait, je pense que vous ne l'avez jamais vu."

Son regard se tourna vers ton guide, qui ne l'était plus vraiment maintenant.

"Voulez-vous l'accompagner ? Vous n'avez plus à être son guide dorénavant, le chemin qu'il va emprunter n'est plus le votre."
"Pourrais-je y survivre ?"
"Oui, tout autant que le contraire."
"Et vous, pourquoi ne venez-vous pas ?"

Elle sourit.

"Parce que Marjorie me tuerait. Si vous l'accompagnez, ne vous séparer jamais de votre hache."

La jeune femme rigola avant de passer ses bras autour de ton cou.

"Tu ne crains rien, enfin rien de moi !"

Hélène s'essuya les lèvres et se leva.

"Suivez-moi, je vous emmène vers votre Agartha."

Elle vous guide à travers un dédale de couloir qui se transforment peu à peu en simple tunnel, jusqu'à arriver à une gigantesque pièce, incommensurable.

Comme à l'intérieur d'une gigantesque sphère, plus grande que ne peut l'imager l'esprit. C'est à peine si vous pouvez voir le la parois en face de vous.

Au centre, une autre sphère, plus petite mais des centaines de fois plus grandes que toi, semble léviter. Vaporeuse, ses parois sont difficilement discernables, mais tu peux voir ce qui ressemblent à de long filaments partir de cette sphère pour se planter dans la parois exterieure. L'un d'eux arrive sous tes pieds, et fais plusieurs mètres de larges.

"Voici l'entrée de l'Agartha."

Les mises en gardes d'Hélène n'avaient pour l'instant pas de quoi impressionner le vieil homme. En fait, lorsqu'elle eut simplement dit qu'il serait de retour le soir même, il lui sembla que la récupération de la relique allait être moins difficile que prévu. Et puis, s'ils l'attendaient depuis si longtemps, cela signifiait qu'ils avaient déjà préparé depuis un bon moment la démarche qu'il devrait suivre.
Il eut tout de même un certain regret, du fait qu'Hélène ne puisse le suivre. Mais il avait confiance en ses compétences. Et si Marjorie était si exceptionnelle que tous l'avaient laissé entendre, alors il ne risquait rien. Quant à Umordîl, Goont avait bien saisi que cet homme n'était plus vraiment son guide désormais. Et maintenant, il n'était plus nécessaire qu'il le suive jusqu'au bout de sa quête. D'autant que même si Karl, Lür et Porick étaient censés subvenir aux besoins de sa famille, le nain s'était montré bien plus proche de Sujima, sa plus jeune fille.

"Je comprendrais si vous ne voulez pas me suivre jusqu'au bout. J'aimerais seulement que vous gardiez un œil sur ma fille lorsque vous serez remonté. De toute façon, si cela doit me prendre une journée pour une pièce de ce fusil, je suppose que je serai remonté bien assez tôt pour vous le montrer."

Lorsque Goont eut terminé son repas, le groupe emprunta un long dédale de différents couloirs. Il prit d'ailleurs le temps, pendant ce court voyage, de consulter un peu mieux son arme. Elle était assez lourde, et même, tirer la corde pour y placer un carreau était assez difficile pour quelqu'un de non entraîné. Heureusement, le mage savait qu'en y incorporant sa magie, il saurait rehausser de très loin son manque de compétences. Et lorsqu'il en aurait l'occasion, il s'entraînerait. Il avait encore tout à apprendre en tant qu'archer-mage. Mais lorsqu'il aurait son fusil, cela changerait.

Quand enfin, ils arrivèrent à destination, l'ynorien en oublia presque son passé de mage surpuissant. Il était dans une salle immense, où des sphères d'origine manifestement magiques flottaient dans l'air. En voyant la plus grande sphère et ses étranges "filaments" partir de part et d'autres de son centre, il eut une pensée à la fois pour ses anciennes connaissances en astronomies et celles qu'il avait encore du système nerveux chez les êtres vivants. Cette boule lui semblait vivant. Autonome. Comme un monde à part entière. Et quand Hélène lui expliqua quelle était l'entrée de cet "Agartha", il comprit qu'il s'agissait bel et bien d'une question de voyage. En entrant là dedans, il allait se retrouver ailleurs. C'était probablement proche des fluides qui permettaient de voyager vers d'autres mondes.

"Par tous les dieux... Alors c'est là que se trouve le Fusil de Mertar ?"

La question était rhétorique : tout semblait bien indiquer que la relique allait se trouver là. C'était seulement bien différent de ce qu'il avait pu imaginer. Pour une simple arme, on avait créé ce monde secret pour en éparpiller les pièces. Et à voir l'immensité de cette chose, Goont n'eut qu'une seule envie : y entrer.
Sans attendre, et comptant bien entendu sur le fait que Marjorie (et peut-être Umordîl ?) le suive, il posa le pas sur l'entrée qui lui avait été indiquée.

"Et bien, je suppose que l'on se reverra ce soir alors !"