Le taurion agressif et dénué de bon sens ne répondit point à mes interrogations, s’acharnant sur les bouquins de métal, même s’il était impossible de les sortir des rayons. Alors que je décidai de le laisser sombrer dans sa folie, Kieran intervint à son tour, le sommant de s’arrêter et le qualifiant de pauvre fou. Mais son intervention fut vaine et trop tardive puisqu’un rideau de flammes vertes enveloppa Adar et le consuma rapidement ne laissant de lui aucun reste, pas même des poussières. Je ne connaissais pas cet individu suffisamment pour être déçu par sa disparition soudaine. En fait, son agressivité aurait fini par m’exaspérer, tout en nous nuisant dans notre mission.

Shada’iss qui nous avait précédés en se rendant à la salle supérieure revint nous informer qu’il n’y avait aucune débouchée au-delà de la salle où Meraxès avait démarré le mécanisme activant la bibliothèque. Il ne nous restait plus qu’à rebrousser chemin pour retourner au croisement où nous avions laissé les deux aldrydes, le plus calme et l’impétieux.

Ne voyant pas Nessandro, ni Daer’on revenir vers nous, je supposai qu’ils n’avaient pas rencontré de cul de sac. Sans un mot, nous empruntâmes le même tunnel qu’eux, celui là même qui nous conduisait dans la direction nord.

Au bout de quelques minutes de marche, nous débouchâmes sur la plus grande salle du palais, à ce qui me semblait. Je l’aurais qualifiée de rectangulaire si ce n’avait été de ses côtés légèrement arrondis. Quoi qu’il en soit, l’espoir m’était revenu, je pensais être arrivé au grand hall menant à la salle du conseil.

Je perdis rapidement mon enthousiasme lorsque j’aperçus l’énorme fissure qui traversait de part et d’autres la salle m’empêchant d’aller plus loin. Je m’approchai un peu plus et je vis de la brume qui en sortait. J’examinai consciencieusement cette faille de plus de cinq mètres. Je me savais agile et souple, mais même pour moi et avec un élan, il m’était impossible de sauter par-dessus cette fosse aux reflets bleutés.

Je me tournai alors vers le mur et j’eus une idée. Mais avant de la mettre exécution, je me penchai vers Praline, la ramassa et après l’avoir caressé, je la déposai dans ma besace, laissant juste sa tête en sortir. De mes mains adroites, je tâtai la surface du mur espérant trouver ne serait-ce qu’une minuscule prise pour agripper mes pieds ou mes mains. J’allais tenter de contourner le problème en utilisant mes talents d’escalade pour grimper sur le mur tout en me déplaçant de côté afin de traverser la gênante fissure.

(((424 mots- Tout en profitant de son aptitude rp : Escalade ( Le personnage est capable d'escalader des murs, des surfaces rigides, même celles où les prises sont rares (Exemple : mur de briques fines, écorce d'arbre irrégulières mais solides,...) Mathis va tenter d’escalader le mur afin de passer de l’autre côté de la fissure.)))

Nessandro et Daer'on reviennent dans la grande salle de la fissure à temps pour voir les "géants" s'efforcer de passer un obstacle qui ne leur a posé aucun problème.

Mathis tente de passer la fissure agrippé au mur. Sa cheville se rappelle bien vite à lui : tant qu'ils n'aura pas fait appel à un guérisseur, il va avoir du mal à la solliciter. Et justement, si, dans un premier temps, il réussi néanmoins à progresser, arrivé au milieu du mur, il découvre celui-ci fendu, de la même manière que le sol. L'écart entre les parois ici est beaucoup plus cours, pas plus de deux mètres, et, en pleine possession de ses moyens, il aurait pu passer. Mais avec son pied douloureux, tenter le saut est vraiment dangereux. S'il rate sa réception, ce sera un allé simple pour le gouffre de lumière...

Kieran est également désemparé, et regarde avec inquiétude Meraxès utiliser sa magie. Le plan était osé, et un risque qu'il semblait avoir négligé émergea : s'il parvenait en effet, petit à petit, à créer une sorte de pont de glace, c'était long et fatiguant et, surtout, cela impliquait... d'avancer en marchant sur la glace. De la glace qui, en plus, se couvrait assez vite d'une fine pellicule d'eau dans la température ambiante. Le risque de chute était réel, et l'étrange brouillard bleu et ondulant attendait impatiemment qu'on le rejoigne. Il pourrait sans doute compléter le pont, mais, comme pour Mathis, ce ne serait pas sans prendre de gros risques...

Shada'iss, de son côté, n'eut bien sûr aucune difficulté. Elle vola jusqu'à Nessandro, lui expliquant vos découvertes :

"Nous avons peut-être une piste pour trouver la ruche du phénix ! La couronne des rois. C'est le nom d'un lieu... oh maintenant il semble résonner dans ma mémoire ! J'en suis sûr ! C'est là ! Mais il faut atteindre la salle du conseil, au sommet de l'aiguille de la conciliation, pour en trouver la carte qui nous en indiquera plus."

((( Mathis : +0.5(post) +0.5(escalade)
Nessandro : +0.5(post) +0.5(découverte) +1(longueur)
Meraxès : +0.5(post) +0.5(sortilège osé) +0.5(longueur) )))

Mon sac en bandoulière, je trouvai aisément quelques prises et escaladai facilement une partie du mur, jusqu’à ce que mon pied droit me soit nécessaire. Lorsque je dus mettre mon poids sur ce dernier ma douleur à la cheville se fit sentir. Faisant fi de celle-ci, écoutant mon courage plus que remarquable, je progressai néanmoins à un rythme plus qu’acceptable compte tenu de mon état. Malheureusement, la large fente qui parcourait le plancher s’étendait jusqu’aux murs. Cependant l’écart de seulement deux mètres de ces parois aurait été facilement franchi si ce n’avait été de mon entorse à la cheville. Je possédai indéniablement une bonne dose de courage, mais je n’étais pas pour autant une tête brûlée, je savais mesurer les risques et prendre la décision qui s’imposait afin d’assurer ma survie. Je rebroussai donc chemin et quittai le mur pour me retrouver aux côtés de Meraxes.

Je l’examinai fabriquer son pont de glace et en vint à la conclusion qu’il jouissait d’une certaine intelligence et qu’il était un atout dans notre équipe. Cependant son action semblait assez risquée puisque ce pont menaçait de fondre à tout moment et l’emporter avec lui dans les profondeurs bleutées de l’inconnu.

J’étais profondément déçu de mon échec. Si seulement cette satanée entorse à la cheville ne m’avait pas handicapé, j’aurais traversé cette faille sans difficulté. Et malheureusement, la potion de soin n’avait que soulagé en partie ma douleur et n’avait pas guéri ma blessure, il m’aurait fallu requérir l'aide d'un guérisseur.

( Un guérisseur ! )

Fait qui ne m’arrivait pas souvent, j’avais été lent d’esprit cette fois-ci. Meraxès et Kieran manipulaient bien la magie. Il n’était pas impossible que l’un des deux possédait un pouvoir de guérison, tout comme Aenaria.

Je m’adressai à Meraxes et Kieran formulant ma demande :

« Je vous ai vu tous les deux utiliser vos fluides magiques. Est-ce que par hasard, l’un de vous possède des pouvoirs de guériso ? Mon entorse à la cheville ne m’a pas permis d’escalader ce mur. Mais si vous pouviez la guérir, je pourrais traverser le mur sans trop de difficulté. »

Sortant ma corde de mon sac, j’enchainai en m’adressant cette fois plus particulièrement à Meraxès.

« Avant de traverser la faille, je vous laisserais une extrémité de la corde. Une fois de l’autre côté, j’enroulerai mon extrémité autour de ma taille et vous pourrez faire de même avec la vôtre. Donc si vous tentez de traverser votre pont de glace, je serai là pour vous retenir en cas de chute. »

Ma demande est claire et ma proposition est honnête. Il importe d’abord de savoir si l’un des deux peut guérir ma cheville blessée. Si c’est le cas, nous pourrons traverser de l’autre côté, dans le cas contraire, le reste de mon plan tombe à l’eau.

Pendant que j’attendais la réponse de mes deux compagnons de route, je vis les deux aldrydes venir à notre rencontre, Shada’ïss voletant précipitamment à leur rencontre. Pour ces êtres ailés, la faille aussi grande pouvait-elle être, n’était pas un obstacle.

(((508 mots. Mathis demande de l’aide aux deux compagnons. Et si la guérison est effective, il tentera de nouveau d’escalader le mur, après avoir laissé un bout de sa corde à Meraxes. )))

- Grogne de revoir les autres aussitôt mais écoute Shada'ïs avec attention.

"Une aiguille ?", fait le Protecteur avant de m'aviser, une lueur entendue dans le regard. "Il existe un passage menant vers les hauteurs plus loin, mais..."

"Il faut passer par une salle aux propriétés inquiétantes.", dis-je à sa suite. "D'un genre qui te donne la sensation que tout va très bien, mais que tu y risques aussi ton plumage."

"Nous avons rebroussé chemin avant que... Le phénomène qu'on y a vu s'achève.", précise-t-il.

- Finit par aviser les géants restants, remarquant que l'elfe à la lance n'est pas là. Se demande combien de temps il faudra avant que l'un d'eux aille griller en contrebas.

"Hmm. Pensez-vous qu'il soit possible d'emprunter la force des aurores ? Juste un peu, pour constituer un passage pour eux ?", demande Dae'ron, une inquiétude croissante au visage.

- Soupire en voyant Dae'ron voler vers l'humain au chat quand l'imbuvable géant demande s'il y a un détenteur de magie de soin dans les environs. Gronde à cause de cette rencontre malchanceuse et se tourne vers la femelle. S'apprête à lui dire qu'il va chercher le cristal mais s'abstient devant la possibilité qu'elle le questionne sur l'utilité de la chose.

- Jette un regard au Protecteur puis file en quête du trophée laissé dans la salle aux vasques.

Nessandro disparaît quelques instants, avant de revenir avec un cristal coloré. Quand à Daer'on, il se heurte à la même remarque que Meraxès : user de pouvoirs trop puissant à proximité du feu dans le ciel n'est pas une perspective rassurante.

Entretemps, Kieran a avoué à Mathis ne pas connaître grand-chose à la magie des soins, mais Meraxès, quittant l'équilibre précaire de la jetée de glace, impose ses mains sur le pied blessé, achevant de faire disparaître la fracture déjà bien réduite.

Mathis reprend donc son opération d'escalade. Alors qu'il est accroché au mur, les lumières d'en bas se reflètent sur lui, sans cesser de chanter. Il est arrivé à l'endroit le plus étroit de la crevasse. Une inspiration... un bond... il est passé ! Une fois de l'autre côté, il parvient à longer la crevasse jusqu'à revenir dans la grande salle et, avisant des blocs de roches tombés du plafond, enroule la corde autour. Kieran remarque également une arrête au bord de la crevasse. En la testant un peu, il estime qu'elle doit être assez solide et attache l'autre extrémité de la corde.

Cela vous prend du temps. Meraxès n'est pas franchement sportif et se suspendre à une corde au-dessus du feu chantant n'est pas des plus rassurant. Heureusement, le trajet est court. Kieran, plus sportif qu'il n'y paraît malgré son grand age, parvient également à passer, et semble même bien s'amuser.

"Vous n'avez pas idée d'à quel point ça fait plaisir de retrouver l'aventure... et ça fait plaisir de voir que les jeunots ne sont pas aussi mauvais à ça qu'on le dit parfois !"

Votre pont de corde vous a donc permis de passé de l'autre côté. Là, trois couloirs s'ouvrent devant vous. Un au centre, un à gauche et un à droite, mais tous partent vers le nord.

((( Mathis : +0.5(post) +1(passage) +0.5(longueur) )))

Fébrile, je regardais les deux hommes un après l’autre, priant presque pour que l’un des deux possède un quelconque talent de guérisseur. Malheureusement, Kieran m’avoua qu’il ne pratiquait pas la magie de soin. Je me tournai alors vers Meraxès et attendit sa réponse. Ce dernier abandonna son projet de faire un pont de glace, se tourna vers moi et me rejoint. Je le fixai intensément l’espoir brillant dans mes yeux.

Lorsqu’il m’affirma qu’il pouvait me guérir, je lui offris mon plus beau sourire. Je m’assieds donc sur le sol, et je relevai le bas de mon pantalon afin de lui présenter ma cheville blessée. Je marchais dessus depuis quelque temps et cela n’avait pas aidé mon cas. Étant assez tolérant à la douleur, je ne m’étais pas douté que ma cheville était en si mauvais état. Elle était rouge et enflée. Il apposa ses mains sur mon articulation et une douce lumière la réchauffa. En quelques minutes seulement ma cheville avait repris une forme et une coloration normale. Je pouvais bouger mon pied, poser mon poids dessus sans difficulté.

« Je vous remercie ! Il nous sera désormais possible de traverser cette faille. »

Sans perdre une seconde de plus, je donnai une extrémité de la corde à Kieran et enroulai l’autre autour de ma taille. J’entrepris donc sans plus tarder d’escalader la paroi de pierre. Je me déplace latéralement, presqu’aussi agilement qu’un chat. Celui qui était dans mon sac resta toutefois immobile. Sa tête à l’extérieur, elle put observer tout comme moi, les lueurs bleues qui reflétaient sur nous. J’arrivai rapidement à la faille qui sur le mur était beaucoup moins large. Je pris une bonne inspiration, fixai mon point d’arrivée et m’élançai. Ma main droite agrippa une prise, ma main gauche une autre, et puis mes pieds trouvèrent aussi appui. J’étais traversé. Je lâchai un soupir de soulagement, puis je longeai de nouveau la crevasse jusqu’à me rendre à la grande salle. Je touchai enfin le sol, redonnai la liberté à Praline, puis cherchai de quoi accrocher mon extrémité de corde.
Non loin de là, je vis des débris rocheux de bonnes dimensions. J’entourai le plus gros bloc de pierre à ma corde et l’attachai solidement. De l’autre côté, le vieux mage attacha l’autre extrémité à une arête qui semblait solide.

Il leur suffit donc de traverser la faille en se tenant à la corde. En fait, ce ne sembla pas si facile que ça pour le guérisseur qui par prudence eut l’intelligence de prendre son temps. Une fois le mage à proximité, je lui tendis ma main et l’aida à franchir le dernier pas. Et j’eus à peine relevé le regard que je vis que le vieil homme était déjà à moitié chemin. Le sourire aux lèvres, il semblait même y prendre plaisir. Une fois les deux pieds sur le sol de la salle, il s’exclama comme un enfant qui venait de réussir un exploit. Il venait de rajeunir d’au moins vingt ans.

Trois couloirs se présentèrent à nous, tous les trois allaient dans la direction Nord. Nous devions nous séparer une fois de plus, et je me doutais bien que les aldrydes choisiraient une autre direction.

« Je prends la voie de gauche. Qui m’accompagne ? Je pense qu’il est préférable d’être au moins deux par voie. C’est plus prudent que de s’aventurer seul. »

Cela dit, j’attendis un peu afin de voir qui prendrait la même voie que moi, puis je me dirigeai vers la voie de gauche.

(((585 mots)))

Mathis :

Shada'iss te suit dans le couloir, qui se révèle particulièrement sinueux. Il ondule jusqu'à croiser un couloir en pente douce repartant vers le sud. Ce dernier est cependant éclairé par les aurores, si intense que tu ne vois rien à travers. Shada'iss chuchote qu'il vaut mieux l'éviter. Vous continuez donc, jusqu'à arriver à une grande salle et là, le spectacle qui vous attend est à couper le souffle !

Se tenant en rang, sur des piedestales, une multitude d'entités de métal, à la forme inhumaine, attendent sagement.



Dotées d'yeux multiples et de demi-lames redoutables à la place des mains, elles évoquent un peu le petit golem que tu a affronté précédemment, mais plus lourdes et surtout, éteintes. Au fond de la salle, par-delà les centaines de golems en attente, un socle porte un emplacement vide. Au nord, un nouveau couloirs continue vers le nord, mais semble assez vite obliquer vers l'est.

Meraxès :

Kieran s'excuse :

"Ah, c'est vrai que vous êtes un demi-elfe. J'en ai eu pour compagnon, par le passé. Pardonnez-moi, mais l'aventure me redonne des ailes !"

Il te suit le long du couloir, débouchant bientôt sur une immense salle parfaitement circulaire. Vous ne pouvez que marquer un temps d'arrêt devant le spectacle qui vous accueille.

La salle semble résonner d'écho à la limite de l'audible et elle étincelle de mille feu, au gré des minuscules cristaux qui couvrent les murs. Elle s'élève si haut qu'elle semble disparaître dans les ténèbres, en une coupole inconcevable. Au centre, il y a comme une sorte de sculpture abstraite. Un dirait comme une giclée de métal en fusion, qui se serait figée en trois longues langues irrégulières qui s'enroulent les unes autour des autres, s'élevant en pente douce, toujours plus haut, jusqu'à disparaître dans les hauteurs ténébreuses. Cette structure donne littéralement le vertige : elle n'est pas belle, ni laide. Elle ne semble avoir aucune utilité à première vue, et pourtant, tu n'oses imaginé la complexité qu'il a fallut pour créer ces formes organiques tout d'un bloc. Plus que jamais, tu sens à quel point ce lieu te clame son impossibilité absurde au visage, comme une énigme te narguant, gardant en secret la vérité d'une absence de réponse.

Tu notes enfin qu'elle a clairement une position centrale, sans doute sous la grande tour que vous avez vu. Quatre couloirs en partent. Celui d'où tu viens, vers le sud, et trois autres vers l'est, l'ouest et le nord.

((( Mathis : +0.5(post) +0.5(découverte) +0.5(longueur)
Meraxès : +1(posts) +0.5(découverte) +1(support d'un allié) +1(longueur) )))

Meraxès ne me fit pas attendre et répondit à ma question : il avait pour sa part choisi la voie centrale.

Armé de courage, ou probablement plus d’orgueil, il demanda de ne pas l’accompagner, qu’il saurait se débrouiller seul. Ce fut à ce moment que mon estime pour lui baissa, je le pensais assez intelligent pour faire preuve de prudence dans une telle situation.
Je hochai de la tête en signe de désaccord et de résignation, il n’était plus un gamin, il allait subir les conséquences de ses actes.

J’entrai donc dans le couloir de gauche tel que je l’avais annoncé et Shada’iss me suivit. Je me tournai donc la tête vers l’arrière pour voir le vieux Kieran, plus intelligent que le guérisseur de lumière, marcher à sa suite, sans tenir compte des recommandations de ce dernier.

Ce fut donc accompagner de deux jolies femelles, Praline à mes pieds et Shada’iss voletant à mes côtés que je m’aventurai davantage dans le couloir de gauche.

Bizarrement, le couloir ondulait tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite tel un serpent qui avançait sinueusement. Puis, après quelques minutes, nous croisâmes un couloir qui repartait vers le sud et dont la pente s’avérait assez douce, éclairé par les aurores de façon si intense qu’il était impossible de voir quoi que ce soit.

Immobile, j’hésitai un court moment, jusqu’à ce que j’entendis la voix douce de l’aldryde susurrer à mon oreille qu’il valait mieux l’éviter. Je lâchai un :

« Oui, continuons. »

À peine audible pour quiconque se tenait à plus d’un mètre de moi.
Nous continuâmes donc à progresser dans cet étrange couloir jusqu’à ce que nous débouchâmes sur une grande salle.

Sur des piédestaux, formant de multiples rangées, étaient alignées un nombre effarent de golem de métal. Les sourcils relevés, la bouche ouverte par la surprise, je me retins tout de même de dire un seul mot. Ces golems en armures n’avaient rien à avoir avec celui plus fluet que j’avais affronté précédemment. Munies de solides armures argentées, sûrement indestructibles, les lames aiguisées faisant office de main, ces redoutables êtres de métal étaient dotés d’au moins une demi-douzaine d’yeux lumineux. Heureusement pour nous, ils étaient pour le moment inanimés.

Mon courage était grand, mais mon intelligence le dépassait. Ainsi je décidai de traverser le plus rapidement possible, et ce sans le moindre bruit cette salle remplie de soldats éteints. Je n’osai même pas chuchoter ma décision à ma compagne. De l’index, et ce sans m’arrêter de marcher silencieusement, je lui pointai le couloir que j’avais l’intention d’emprunter.

Tout en me rendant vers le couloir nord, je vis un socle vide. Il manquait un soldat et j’espérais qu’il s’agissait de celui que j’avais rencontré précédemment et non un autre caché derrière les autres et prêt à m’attaquer.

Tout en m’approchant du couloir, j’eus l’idée saugrenue que je n’avais peut-être qu’à monter sur le piédestal, devenant ainsi le chef de ses golems, les faisant revivre de mon énergie et les manipulant à volonté. Mais je balayais rapidement et silencieusement cette lubie du revers de la main et entrai finalement dans le couloir Nord, précédé de peu par ma chatte Praline.

(((527 mots )))

Le temps de faire l'aller-retour n'est pas bien long, et pourtant cela suffit pour que les géants abrutis n'en fassent encore et toujours qu'à leurs sales trognes ! Dae'ron et moi revenons des pièces suivantes, mais l'un d'entre eux pense-t-il seulement à nous poser la moindre question ? Non ! D'accord, jamais je n'aurais répondu de toute façon, mais mon compagnon les aurait mis en garde concernant les diverses découvertes. Serrant la gemme de feu sous un bras, j'échange un bref regard avec l'autre aldryde et emprunte la voie dont nous venons. Le vieillard s'extasiant au sujet de l'aventure et l'elfe inconnu sont dans la salle avec la rampe, le géant blafard ayant visiblement compris qu'il s'agit d'un point d'accès à plus haut.

J'hésite. Retourner dans la salle bizarre avec la chute de plumes ou réveiller les soldats golems ? Vu que je ne sais pas encore ce que je vais faire de la soldatesque métallique, et parce que le regard insistant de Dae'ron ne laisse que peu de place au doute concernant son inquiétude, je me contente d'un grondement désapprobateur. Un signe de tête de la part de mon brun compagnon, et nous nous engageons à la suite de l'elfe dans les hauteurs.

Je suis curieux de savoir comment la pièce va réagir avec cet intrus de grande taille supplémentaire. L'autre aldryde a l'air d'hésiter entre informer l'elfe et le laisser agir à son gré. Un rictus. Puisque ces grands abrutis pensent pouvoir se débrouiller seuls, jetant tous nos efforts aux orties sans la moindre hésitation, grand bien leur fasse ! Ce n'est pas moi qui vais aller par-devant eux pour les tenir informés !

C'est donc avec satisfaction et un calme certain que je retourne dans la salle haute, mon congénère à mes côtés. Je me demande tout de même si notre sortie de la pièce a mis fin au phénomène ou l'a simplement laissé en suspend.




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