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 Sujet du message: Le temple de Thimoros
MessagePosté: Mer 23 Sep 2009 17:08 
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Le temple de Thimoros


Basé dans un des coins les plus sombres de la ville, le temple de Thimoros jouxte presque la taverne des sept sabres, lieu connu pour ses truands de tous bords. Thimoros, dieu assez mal accepté dans Kendra Kâr la blanche, est le dieu de l'ombre, du désordre, des ravages et de la guerre.

A part son état passablement meilleur que celui de la majorité des autres bâtiments du quartier, rien ne semble distinguer le temple de Thimoros des lieux de vie et de débauche environnants. Ceux qui savent par contre où il est ne manqueront pas d'apercevoir sur la porte de bois noir deux scorpions filigranés en argent.

L'intérieur du temple est petit, désordonné et sombre. Une seule fenêtre en plein nord éclaire ce temple où seules les bougies donnent un peu de lumière. Au centre, un homme, en pleine force de l'âge, sculpté dans la pierre noire. Ses attributs (une queue de scorpion et des pinces en guise de mains), le désignent sans contestation comme représentant Thimoros.

Un seul prêtre demeure en ces lieux. Jamais vous ne verrez son visage, toujours dissimulé dans l'ombre de sa houppelande. Muet, il ne vous répondra que par signes...

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Mer 24 Mar 2010 21:21 
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« Le désert de mes sentiments est aussi profond et aride que ma haine envers les Kendra kâriens. »

Prononça Aliizindra après trois heures d’immobilité, elle venait de terminer ses prières à son dieu. Le prêtre se tenait derrière elle immobile, osant à peine respirer, il connaissait la femme et se dont elle était capable. Elle se tourna vers lui les yeux brillants.

« Vous savez se que j’aime avec vous mon cher hector ? Nos profondes discussions, Thimoros vous a fait un magnifique cadeau, j’aimerais que plus de gens soient comme vous »

Aliizindra faisait allusion à l’absence de faculté de parole du prêtre. Il ne s’en offusqua pas, coutumier de ses boutades gratuites, la jeune femme sourit car elle savait tout le mal que ça remarque pouvait faire au prêtre… Elle se délectait de ce nectar de souffrance.

Elle fit ensuite le tour de la minuscule chapelle, elle était consternée que cet endroit soit en si mauvais état, Kendra kâr n’avait décidément rien pour elle. Elle pose sa main sur l’une des pinces de la statue, puis elle l’effleura sensuellement du bout de ses doigts, complètement subjuguée, un sourire mesquin sur les lèvres. Comme son dieu était beau, comme il était puissant et comme ce temple était presque une injure pour lui. Elle reporta son attention sur le prêtre.


« Nous allons avoir du travail ces prochains jours »

Le prêtre opina de la tête, elle se dirigea vers lui et croisa ses bras sur sa poitrine.

« Bon il va me falloir un endroit où dormir pour les nuits à venir, vous avez toujours la pièce dans les catacombes ? »

Le prêtre sortit d’en dessous de sa soutane sombre un petit trousseau de clefs, il les tendit à la femme. Elle lui arracha des mains brusquement, les observants attentivement, elles n’avaient pas changées : D’une couleurs blanche ocre au jaune ivoire, ces clefs avaient était taillés dans des os humains, à l’autre extrémité avait été gravé artistiquement et surtout de façon macabre des crânes, des scorpions et plusieurs autres absurdités. Aliizindra toucha chacune des clefs, les présentant devant elle une à une, admirant le travail de finissions. Elle rit légèrement.

« J’adore »

Elle poussa un long soupire et prononça sur un ton impérial, à la manière d’une reine.

« Bon je suis lasse, je serais bien restée discuter avec vous de futilités mais vous me fatiguez maintenant. Je vais aller me prélasser dans mes appartements. »

Elle fit demie tour sur elle-même prestement, ses cheveux accompagnant le mouvement, elle glissa le trousseau de clefs sous sa robe. Se dirigeant vers la sortie du temple, elle s’arrêta au niveau de la porte. Le prêtre avait fait à peine quelques pas, puis se rendant compte qu’elle n’était pas encore partie, se tourna à nouveau vers elle. Elle posa son index sur ses lèvres, détaillant le prêtre d’une façon indécente, l’air songeuse.

« Mmmm, mais peut-être que si je m’ennuie cette nuit, vous pourriez venir me trouver ? Je suis convaincue que vous devez être un expert en massages et autres arts charnels »

Aliizindra pouffa de rire et sortit en claquant bruyamment la porte. Le prêtre leva les yeux au ciel et hausse les épaules, il savait qu’il n’avait pas fini d’en baver avec elle ces prochains jours, thimoros lui en soit témoins, il était pressé qu’elle reparte chez elle.

< Se déplace vers les catacombes du temple >

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 29 Avr 2010 23:36 
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Enlassé par les ténèbres.

[:attention:] " Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture." [:attention:]


Les mains de Blast se baladaient depuis une bonne minute sur le mur du temple de Thimoros. Près de la statue qui était censée pivoter, Blast cherchait le mécanisme de l’ouverture. Rien à faire, il persistait à vouloir déplacer une brique ou l’autre ou à trouver les contours, peut-être un interstice, qui dessineraient les abords d’un bouton. Mais rien. Il essaya alors même de déplacer la statue, de trouver un loquet ou un levier camouflé dans la pierre de marbre de ce qui semblait être un saint de Thimoros ou un autre ecclésiaste du temple. Mais rien. Il désespérait. C’était sûr Azdreval était loin. Et puis…. Il y eut le cœur.

A l’endroit même du cœur de la statue, ce qu’il avait d’abord prit pour une fissure liée au temps qui passe et à l’usure, lui paru suspecte. Particulièrement précise dans la taille, il semblait que ce n’était pas naturel. Il examina encore et encore jusqu’à se rendre compte des traces prononcées de frottements sur les abords de l’ouverture. Il s’agissait d’une blessure. Soudain, il tiqua. Tous les adeptes de Thimoros qu’il avait croisés jusqu’à présent avaient en commun un seul et même attribut. Une dague de métal noir, particulièrement ouvragée, dont la lame dessinait une ondulation sinueuse et délicate. Blast en avait encore une sur lui. Celle récupérée dans le front de l’archiprêtre. Il sortit la lame et la fit pivoter dans sa paume ouverte pour la tenir comme une fourchette. Il posa sa main sur le buste de la statue et avec un calme mesuré, il enfonça dans le cœur la lame qui décrivait ses délicats sillons sur le marbre déjà usé. Aussitôt que la garde toucha le marbre, un mécanisme se fit entendre, plusieurs billots se mirent à rouler les uns sur les autres, des rouages, s’enclenchèrent et un loquet laissa claquer son cliquetis libérateur. La dague fut repoussée de quelques centimètres et Blast la retira pour la récupérer.

La statue pivota sur un axe et s’écarta du chemin laissa un couloir, éclairé par des torches à intervalles réguliers, se dessiner dans l’encadrement d’une arche sombre et précise pratiquée dans la roche. Avançant avec prudence, il sentit une odeur prononcée d’encens cérémonial lui assaillir le nez et lui envahir les narines. Le couloir était rectiligne. Blast mit un moment à s’habituer à l’obscurité et ses yeux lui infligèrent une légère décharge au moment où le cristallin se rétracta. Il put détailler avec précision les torches et les pierres. Mais il ne s’aperçut pas de suite que devant lui, à quelques mètres, une silhouette noire se mouvait avec panache. Azdreval descendait le couloir, Blast ne s’attendait pas à être aussi proche. C’était presque comme si… non… pas possible. Comme si le prêtre l’avait attendu. Il chassa de son esprit cette pensée absurde et se focalisa sur le chemin à parcourir. Il s’accroupit et avança avec calme et silence, prenant garde de ne regarder le haut prêtre que de biais pour éviter de lui imposer le poids de son regard. Rongé par la terreur, son cœur se rétrécissait presque alors qu’il contemplait les murs noirs et les alcôves éclaboussées de lumière. Il se terra dans une zone plus sombre entre deux torches et décida d’attendre que le Haut-Prêtre de Thimoros passe une porte ou ne décide de rebrousser chemin.

Azdreval avait le sang glacé. C’est principalement ce trait de caractère qui lui avait valu de passer aussi rapidement les étapes de l’absolution suprême du père des ombres. Il avait gravit les échelons à la vitesse de la louve traquée. Son corps brisé par des années de formation, il avait remodelé ses chaires pour devenir ce qu’il était aujourd’hui. Le noir soldat d’une caste encore bien plus noire. L’ombre perdue dans les ombres de la nuit éternelle. Son cœur ne connaissait ni la peur ni la douleur et encore moins la résignation. Cela faisait des mois à présent qu’il avait reçu l’ordre de trouver l’orbe caché dans le temple de Meno. Il l’avait suivit, le commanditaire qui l’avait engagé ignorait tout de sa sourde acceptation. Il avait des ordres. Il avançait lentement mais avec l’opiniâtreté de celui qui a toujours connu le succès.

Il avait décidé de rentrer en guerre. Et le premier à y passer, ce serait lui… le prêtre qui avait déterré cet orbe de l’endroit où il avait été enfoui. Lui qui avait massacré plus de deux cent vierges pour donner ce pouvoir terrible à ce morceaux de verre palpitant de magie et de puissance. Lui… qui s’imaginait avoir sur Azdreval un pouvoir suffisant pour arrêter la tempête.

Le haut-prêtre de Thimoros était à présent à quelques toises de la cohorte de gardes qui s’était réunit devant la porte de la chambre des reclus. Cette pièce avait été réclamée par le voyageur, le supérieur de l’ordre qui était venu au nom du commanditaire pour s’assurer que le travail était bien fait par Azdreval et ses séides. Aujourd’hui, il était temps de se libérer des crocs du loup. La main gauche du prêtre s’articula dans le gantelet de métal noir brillant d’un éclat doré sous les torches. Les bruits des petites pièces de métal qui composaient sa structure ressemblait à une série de claquements frappés sur une enclume. Il posa ses doigts qui dépassaient d’une phalange de l’épais gant de métal, sur l’épingle d’argent noirci qui fermait son lourd manteau. La pièce de tissus tomba sur le sol, lourde et compacte comme une masse inutile et morte.

Azdreval ne ralentit pas sa marche. Sous son manteau, il portait le haut d’un harnois. Le plastron, les épaulettes et les brassards ainsi que les gantelets. Une cotte de mailles noire pendait sur son abdomen et se déchirait sur son pantalon de cuir et ses bottes. Une lourde boucle à l’effigie de l’ange de l’ombre fermait son ceinturon. Le manteau avait libéré la longue chevelure, presque animale, d’un gris cendré qui courrait sur les épaules et cascadait dans le dos du prêtre et ses oreilles, dardées et menaçantes, étaient celles d’un elfe.

Sa main se porta devant son visage. D’un mouvement rapide des doigts, il fit apparaître un masque d’une simplicité effrayante. Simple morceau de métal plat et sans aspérité à la forme d’un visage simplement percé de deux yeux. Le métal noir tranche avec les mèches acides des cheveux du prêtre. L’heure est venue. Il accélère le pas. Il va de plus en plus vite. Les gardes le remarquent enfin. Le prêtre accélère encore, puis il se jette en avant et court.

La vivacité d’Azdreval est dopée par une furieuse soif de vengeance. Le vent siffle autour de la forme tranchante de l’elfe. Les gardes se rendent compte que quelque chose cloche. Ils sont sept. Les deux arbalestiers pointent leurs traits, droit sur lui. Le commandant a un petit sourire. Il est sûr d’avoir gagné.

Les cordes claquent sur le bois de hêtre. Les traits s’envolent et filent droit sur le plastron. Azdreval, d’un coup de main rapide, foudroyant, dévie le premier des traits et profite de son élan pour se décaler juste un centimètre à la droite du second carreau. Les cinq autres gardes, surpris, éberlués même, se réveillent comme des diables sortant de leur boîte l’épée à la main. Le commandant frappe le premier, le coup d’épée est rude mais vain. Azdreval n’est déjà plus dans le champ. Penché à quarante-cinq degré de la trajectoire de la lame, il glisse sur un bon mètre pour finalement écraser le coude dans l’estomac du commandant.

Ses yeux s’écarquillent sous la violence de l’assaut. L’elfe en profite pour lui faire face à nouveau et lui écraser un coup de talon sous le menton qui le propulse en arrière et le fait s’écraser sur le dos. Deux lames vrombissent en direction de la tête du prêtre qui s’affaisse comme un éclair en tournoyant sous les deux coups. Dans l’emportement du mouvement, Azdreval se relève avec célérité et d’un seul pas sur son côté gauche, il écrase littéralement la glotte d’un des deux soldats sur la pointe acérée de son épaulette. Dans un gargouillis atroce, ce dernier s’écroule en vomissant son sang. Le tranchant de la main de prêtre est projeté en avant en une fente gigantesque pour frapper au foie le second des soldats. L’organe explose littéralement et l’homme s’écroule sous la douleur. La peur se lit sur les visages des deux bleusailles qui tremblent l’épée à la main entre lui et les tireurs. Une simple tension des cuisses et voilà que le prêtre s’élance en avant pour fracasser l’une contre l’autre la tête des deux épéistes qui s’écroulent morts.

A nouveau, deux traits frisent le prêtre qui ne se trouvait déjà plus sur leur trajectoire. Vif et affûté, il écrase son pied dans le nez d’un des tireurs et se saisit de l’autre par la gorge avec une poigne terrible. Son visage s’aligne sur son épaule et son regard remonte le long de son bras caparaçonné qui enserre inexorablement l’humain Il se débat, sa langue pend hors de sa bouche, ses yeux s’exorbitent. Il se met à frapper le bras, il éructe, il convulse et soudain, les doigts du prêtre se serrent d’un coup sec, la nuque brise dans un sinistre craquement.

Le commandant est encore en vie. Azdreval prend alors soin de le regarder se tortiller sous la douleur, il est sonné. Tout s’est passé si vite. Ses bottes métalliques résonnent sur le sol de la galerie redevenue silencieuse. Il relève sa botte droite et avec lenteur, il la pose sur la gorge du soldat. Pas de témoin. Il contracte les muscles de sa cuisse, puis de son mollet et bientôt, le voilà penché en avant sur la trachée meurtrie de sa victime. Il regarde la lumière s’éteindre dans les yeux du commandant. La vie quitter son corps.

Bien sûr, Blast assiste à la scène, pétrifié. Terrorisé et incrédule. Pourquoi ce fou furieux a-t-il assassiné sept de ses propres soldats ? Ses pensées sont gelées. Ses yeux fixés sur les poings de métal serrés sous l’effort d’écrasement. Et puis, il se passe un événement étrange. Un événement que Blast ne peut expliquer, qu’il n’est même pas sur d’avoir vécu. Alors que le commandant de la cohorte laisse échapper son dernier souffle, Azdreval semble lever son visage masqué droit sur Blast. Leurs yeux se croisent, il en est certain. Il le regarde par-dessus son épaule, calme et froid et pourtant… rien. Il se redresse, repousse son épaisse chevelure par-dessus ses épaules et pousse tranquillement la porte de bois noir qui se trouve au bout du couloir et que la cohorte gardait jalousement.

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 13 Mai 2010 20:38 
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Il se passa bien dix minutes où Blast resta là, immobile, pétrifié. Glacé à regarder ces corps désarticulés sur le sol du couloir si sombre. Il sentait dans son âme un profond tourment, un bouleversement de questions et, par-dessus tout, cette constatation : Azdreval le menait par le bout du nez droit dans la gueule de Thimoros. La main de l’Apostat se décolla du sol avec lenteur et il se redressa sur ses jambes. Ses cannes vacillaient sous le poids de sa terreur. Mais il fallait avancer. Le premier pas, celui qui coûte, fut le plus difficile. Il signifiait accepter les règles du haut prêtre de Thimoros. Jouer son jeu. La botte de l’Apostat se posa sur la pierre sans un bruit. Laissant son regard partir en arrière, Blast s’assura que personne ne se cachait dans les ombres avec une arme pour le tuer. Il était prêt à absolument tout. Il se courba et se propulsa en avant dans un petit trot léger qui le faisait glisser dans l’air comme une plume.

Il se trouva à enjamber les cadavres qui jonchaient le sol accidenté de ce bout de couloir. Il promenait son regard sur les postures grotesques et désarticulées de ces misérables. Les marques des coups portés par Azdreval étaient si profondes et sombre que la puissance avait du être fantastique. Peut-on encore souffrir à ce niveau de violence ? Il posait avec lenteur et dégoût les pieds entre les mains et devant les yeux crevés des pauvres bougres. Etait-ce le choc, la peur, l’incertitude ? Difficile à dire mais Blast jurait à ce moment entendre dans l’air comme une mélopée, un chant. Des dizaines de voix féminines. Une ode à la noirceur des ténèbres. Un chant de tristesse et de peine. Son cœur en frissonna dans cage thoracique.

Il était maintenant planté devant la porte de la cellule, la chambre des reclus. Une tête simpliste et noire retenait dans sa bouche de bronze un percutoire. Le chant s’amplifia légèrement et des bruits assez étranges, comme du verre se brisant et du bois qui craque, se faisait entendre derrière la lourde porte de chêne. L’Apostat prit une longue goulée d’air et raffermit sa détermination. Il posa sur la porte une main tremblante comme celle d’un enfant. Contractant ses muscles avec lenteur et peur il poussa la porte. Ce qu’il vit, il n’eut pas le temps de le détailler. Une chaise de bois rudimentaire, une table toute aussi simple, un lit, des malles. Une chambre. Sur le sol le corps inanimé d’Azdreval et devant lui, un autre. Un elfe lui aussi, sa peau claire sans aspérité ne laissait aucun doute. De même ses oreilles. Ses longs cheveux d’un noir profond, lissés et ornés de bijoux. Il regardait Azdreval avec haine, respirant comme un damné. Il était essoufflé et il suait sang et eau.

L’elfe finit par se rendre compte que la porte était ouverte. Il tourna avec lenteur vers Blast un regard surprenant. Ses yeux étaient deux énormes billes noires profondes. Luisants d’un éclat de rouge, il découvrit un sourire de bête avec les lèvres retroussées comme celles d’un loup. La tête penchant en avant, épaules en arrières. A la vue de Blast, il se fendit encore un peu plus cette horrible bouche béante comme une blessure dans sa face. Blast resta interdit, incrédule. Qui était cet horrible elfe au regard fou ? Soudain, le dit elfe, leva la main qui pendait inerte à son côté. Il portait un gant de cuir, les doigts tendus vers Blast. Son regard se porta sur le poing de droite. Il tenait en main, un élément que Blast reconnu du premier coup d’œil. L’orbe de flammes fixé sur qui devait être le socle volé dans l’office de Sylbus de Golmerie. Un long morceau d’acier ciselé de manière à rappeler un peu les carapaces ventrales des dragons. L’orbe enserré dans une griffe à son sommet.

L’elfe reporta sur Blast son regard et son sourire de fou. Les yeux de Blast étaient tellement écarquillés qu’ils seraient tombés s’ils n’avaient pas été attachés. Sa mâchoire était entrouverte et il éprouvait une sensation de haine, de colère et d’impuissance. Il fit un pas en avant, le visage renfrogné, le nez plissé et les yeux exsangues. Sa main se leva pour attraper le socle et l’orbe. Ignorant presque celui qui le tenait. Mais c’était sans compter sur la volonté que ce mystérieux elfe avait de conserver son gain. Autour de sa main gantée, un nuage de poussière gelée se mit à tourner en spirale. Blast fit un pas en arrière aussi vite, apeuré. Il connaissait cet enchantement. La poussière se cristallisa rapidement en cinq pointes de glace longues de bien vingt centimètres. L’apostat sentit son cœur s’affoler, ses jambes clouées sur place. Il fallait fuir, et vite. Mais la terreur était la plus forte. Le regard fou de l’elfe, les frelons de glace et Azdreval sur le sol. Lorsque les yeux de Blast se posèrent sur lui, il remarqua qu’il était entrain de bouger, difficilement. Ses bras arc-boutés sur le sol poussaient de toute leur force pour relever le lourd poitrail du haut prêtre. Il releva vers lui un visage ruisselant de sang, percé par deux yeux d’un bleu glacial. Il semblait apeuré. Et sa bouche, dans un rictus, articula : « Blast… COURS !!! »

COURS !!! A ce moment ce fut un électrochoc. Plus de panique, plus de peur, plus de doutes. Il fila comme une bombe dans le couloir. Les bottes de Blast frappaient et s’envolaient dans un mouvement si fluide qu’il avait l’impression de voler. Un rire sombre retentit alors derrière lui. Caverneux et fou. Il est accompagné par une dizaine de rires féminins. De même que la phrase : « Pauvre fou ! » Le premier frelon s’envole dans un sifflement d’air. Blast pose alors son regard par-dessus son épaule. Le dard arrivait à hauteur du creux de son dos. Instinctivement il bondit sur sa droite pour poser sur le mur sa botte, et articuler une seconde impulsion qui l’envoie suffisamment haut. Il pivote et se retrouve sur le dos à plus de deux mètres du sol. Le frelon de glace ne le toucha pas, il était soixante centimètres trop bas. Les pierres du plafond étaient à moins de vingt centimètres de son visage. Il retomba sur le sol, un genou fléchit. Le temps qu’il se redresse, le second épieu de glace lui frôla la joue droite. Celui-là, s’il était passé sans dégâts, c’était la chance. Blast repartit comme un beau diable, mut par la panique. Dans son bras gauche, une fulgurante douleur suivie d’une impression de froid intense se répandit dans son biceps alors que le troisième épieu lui entaillait la chaire. L’elfe eut un sourire lorsqu’il envoya à la poursuite de Blast les deux derniers frelons de glace. Ils s’écrasèrent sur le bouclier de bois propulsant l’Apostat en avant, à travers la statue qui fermait l’entrée du passage dérobé.

La pierre explosa littéralement sous la force de l’impact. Blast roula sur le sol, désarticulé, comme un paquet de linge. Il était étalé face contre terre. Les genoux, les jambes, les épaules, la tête et les bras endoloris. Le monde entier s’était mit à tourner autour de lui et des cloches frappaient dans la tête de Blast. Lorsqu’il leva les yeux de la poussière, il y avait devant lui ce couloir béant. Le long de ce couloir, l’Elfe mystérieux filait comme une flèche hors de la tranche d’une arbalète. La fureur dans ses yeux d’un noir profond, le visage déformé dans un cri de guerre. Il venait tuer l’Apostat. A peine sa tête eut elle passé les restes de l’entrée du couloir que, dans un bruit de tonnerre, avec l’éclat de l’éclair et le brûlant de la flamme, le plat d’un fer de lance gigantesque s’écrasa sur le flanc de l’attaquant l’envoyant proprement s’encastrer dans le mur qui se trouvait derrière l’autel de Thimoros.

C’est alors que Blast se relevait avec difficulté. Sire Benlor Hadelberg avait asséné à l’Elfe un coup d’une puissance extraordinaire, le coupant dans son élan. Il avait poussé un « han » de bûcheron lorsque sa lance avait tracé dans l’air sifflant un arc de cercle prodigieux pour s’écraser dans le corps de l’Elfe. Hadelberg avait la prestance, la taille et la flamboyance qui lui avait valu le nom de Haut-Paladin. Il mesurait bien deux mètres dans ses bottes compensées, d’une largeur et d’une carrure impressionnante dans son harnois complet couleur de flammes. Blast se redressa, peu assuré. Chancelant. Il s’aperçut pourtant que quelque chose clochait. Sire Benlor présentait sur son armure des impacts qui devait être d’une rare puissance. Son harnois avait carrément craqué et explosé sous les coups. Ce démon femelle avec qui il venait d’en découdre était vraiment trop puissant pour Blast. Il en frissonna. Il essaya de s’assurer sur ses jambes, facile à dire, et s’approcha de Benlor qui n’avait toujours pas bougé. Sa lance levée à quarante-cinq degré au dessus de sa tête au bout de son énorme bras enserrée dans sa patte d’ours. Les jambes écartées. L’image même de la puissance.

- Messire, paladin ! commença Blast. Par Meno vous êtes là, quelle déli…
- Blast ! Hadelberg avait à peine bougé les lèvres en prononçant le nom de l’Apostat. Tu dois ficher le camp maintenant. ALLEZ !

L’incroyable charisme qui se dégageait de ce guerrier buriné par son combat eut sur l’Apostat qui le regardait avec des yeux ronds en levant la tête comme un enfant. Il ne répondit rien, mais son regard se fit entendu et simplement il acquiesça. Il laissa en arrière sire Hadelberg dans l’antre de l’ombre. Remontant calmement la nef, il était cassé de partout. Son corps entier lui rappelait la dure loi de la gravité. Des contusions se rappelaient à lui à chacun de ses pas et il ne voulait que sortir de cet enfer. Ses pas claquaient sur le sol du temple. Mais alors, il remarqua que de sa bouche s’échappait une buée qui se faisait de plus en plus dense. Il laissa ses yeux remonter doucement le long des pierres. Il s’était arrêté. Son cœur s’était contracté dans le froid intense qui montait dans la nef. Son regard laissa filer le sol de pierre et alors, il la vit. Celle même qui avait été un obstacle sur sa route vers ce temple. Son bras toujours lourdement harnaché dans ce gant, ce canon d’avant-bras, ce brassard et cette épaulette hérissés de pointes de glace et à l’effigie d’un démon rieur. Son visage était masqué par le même démon que lors de sa première rencontre. Mais sa posture, menaçante et courroucées, bras et jambes écartés laissaient entrevoir la suite.

- Pas si vite mon joli. Cette phrase résonna jusqu’à Blast lui glaçant l’échine. Il fit un pas en arrière portant instinctivement la main à la garde de son arme. Il tourna un peu la tête et dans un mouvement de survie, le seul qu’il pu encore faire, il cria le seul mot qu’il avait en tête
- BENLOOOOOR !!!

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 13 Mai 2010 21:13 
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La geste de sire Benlor.

La fumée d’encens s’échappe calmement des vasques d’or posées le long des colonnes de la salle de recueillement du temple de Thimoros. Le mur qui faisait face à sire Benlor était fracassé. La violence du choc le faisait presque douter que celui qu’il venait d’encastrer dedans était encore enter. La poussière de pierre volait encore dans l’ouverture. La respiration du haut paladin était des plus difficiles. Son harnois pesait lourdement sur lui. Mais il avait dans le cœur un sentiment que rien ne pouvait expliquer si ce n’était cette horrible certitude sur l’identité de celui qu’il venait de martyriser. Il avait les yeux écarquillés, les narines dilatées. Le cœur battant à cent à l’heure. Les pas de Blast s’atténuaient à mesure qu’il s’en allait. Lui au moins était sauvé.
Une seconde passa, puis dix, puis cent. Toujours pas de mouvement. Benlor voulait être sur de ce qu’il ressentait. Puis ce fut comme si le monde entier s’effondrait sous lui. Un rire profond et caverneux résonna dans la fissure. Un mouvement se fit entendre dans le nuage de poussière et une silhouette se profila. L’elfe que sir Benlor venait de propulser avec une telle violence était non seulement en vie. Mais il se moquait de lui. Avec cette voix… celle de la honte et de la peur pour Benlor. La stature filiforme de ce prêtre noir se profila alors plus précisément. Torse nu, engoncé dans un pantalon de cuir épais avec de lourdes bottes, il portait des lanières de cuir sur les biceps et les avant-bras. Dans sa main droite, enserré dans un gant de cuir noir, il tenait le socle et l’orbe volés chez les hauts dignitaires de l’ordre de la flamme.

Les yeux de Benlor faillirent tomber de son crâne. Sa bouche s’ouvrit dans une expression d’abord de stupeur et puis d’horreur. Il reconnut celui qui se tenait devant lui. A l’époque où ils s’étaient rencontrés, il portait encore les longues robes du culte de l’ombre et la couronne d’argent des prédicateurs. Dans cette pièce souterraine creusée à même le roc. Il avait fait empaler plus de deux cents vierges enlevées à leurs familles pour charger l’orbe de sa puissance. Talméort, le prêtre maudit, réprouvé, renié par son propre ordre pour ignominie. Le cœur le plus noir que le haut paladin de Meno avait jamais rencontré et qu’il était persuadé d’avoir détruit à jamais se tenait devant lui avec un sourire fou, provocateur et moqueur, brandissant le talisman qu’il avait lui-même créé et récupéré.

- Par les mille flammes de l’ordre de Meno, mais…. Comment…
- Quoi ? La voix de Talméort résonnait des échos et des répétitions des voix de ces deux cent vierges qui lui donnaient leur force à travers le socle et l’orbe. Tu t’imaginais être débarrassé de moi ? Tu t’es trompé Benlor. Tu as été aveuglé par tes chers compagnons. Cet idiot de Guillerme et ce vieux bouc de Sylbus. Ils t’ont lâché et ta précieuse Valedra… Belle enfant.
- NE MENTIONNE PAS SON NOM ! Benlor avait laissé exploser sa colère. Son cœur n’avait jamais battu que pour la prêtresse de Yuia, Valedra. La seule qu’il avait encore de son côté en ces heures sombres. Entendre son nom dans la bouche de ce monstre. C’en était trop. TU N’AS PAS LE DROIT DE SALIR SON IMAGE ! PAS DE TA VOIX !
- Le droit ? Talméort laissa un petit rire moqueur et pathétique courir de ses lèvres. Mon pauvre ami. Le droit ? Mais je vais te dire. Toi tu as le droit. Le droit de te repentir et de te tromper. Vois-tu, ta précieuse Valedra m’a fait un présent il y a peu.

Un frisson parcouru l’échine de Benlor. Une peur primale, primaire. Un sentiment d’abandon et d’impuissance. Lorsque Talméort s’était approché de l’autel de Thimoros, une large nappe de velours rouge était étalée et repliée sur elle-même dans le sens de la longueur. Il en défit le pliant et souleva une lame d’un mètre vingt. D’une finesse et d’une légèreté insoupçonnée. Elle bougeait en faisant siffler l’air autour de ses tranchants. Le socle que Talméort portait dans la main droite surmonté de l’orbe se mit à briller. Talméort se fendit d’un sourire et en fixant sur Benlor un regard de mépris et de provocation, il emboîta dans une partie du socle, la lame qu’il venait d’extirper. A ce moment précis, ce fut comme si un chœur de deux cents femmes avait poussé un soupir et des gémissements

- Tu la reconnais n’est-ce pas ? Benlor ne pouvait plus rien articuler. Il avait faillit. Il avait trahit son dieu. Tout était fini. La lame des vierges était à nouveau assemblée. Plus d’autre solution, il fallait tuer Talméort. Mais une question frappa le Haut-paladin. Eh oui, pauvre idiot. Ta précieuse Valedra que tu as monté aux cieux m’a fait cadeau de la lame que tu lui avais confié. Elle est mon bras droit, elle m’a ramené de cet état comateux où tu m’as laissé pour mort et à mon réveil, nous avons décidé de prendre le contrôle de l’ordre de l’ombre et de mettre notre maître au pouvoir. Tu as perdu Benlor.

A ces mots, Talméort avait bondit sur l’Autel et dressé l’épée au dessus de sa tête comme un fanion. Il y avait sur sa lame un liquide suintant et ruisselant, poisseux. Lorsque Talméort abattit sa lame dans la direction de Benlor, le haut paladin fut aspergé de ce sang de vierge qui ruisselait sur la lame. Une large éclaboussure avait parcourut le sol, et les murs ainsi que le harnois de Benlor. Talméort avait éclaté d’un rire mauvais. Benlor, était figé. Rien ne pénétrait plus son esprit. Jusqu’à ce moment précis ou un événement le tira de sa léthargie et de ces questionnements. Un cri venait de percer l’air qui soudain était gelé. Un cri qui perça les tympans du haut paladin et le déchaina comme un taureau enragé.

- BENLOOOOOR !!!

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 13 Mai 2010 21:18 
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Dos à dos dans les ténèbres.

Blast avait compris en regardant par-dessus son épaule que Benlor ne lui serait d’aucun secours. Il avait à mener son propre combat. Il fallait faire sans l’intervention du haut paladin. Le poing de Blast était serré sur la garde de son épée de la flamboyance. Il tira d’un coup sec sur la garde pour dégager la lame. Elle fut comme un éclair dans les ténèbres de la sombre bâtisse. Face à lui, la guerrière enserrée dans ses lanières de cuir et dans son pourpoint clouté approcha avec lenteur. Laissant son bras ganté remonter à la hauteur de son visage sur son côté droit. Les lames qui ornaient ses doigts étaient comme autant de crocs d’une créature menaçante. La lame que Blast tenait à l’envers à dessein remontait derrière son épaule droite. Son poing crispé sur la garde. Il renfrogna son visage et se pencha en avant. D’un geste vif, il fit pivoter dans sa main le sabre qui se retrouva face à lui. La lame pointant vers la guerrière des ombres. Il saisit la garde à deux mains et emplit ses poumons avec lenteur.

Benlor était crispé et même tendu. Son cœur était sur le point de rompre lorsque Blast l’avait appelé au secours et en une seconde, il s’était jeté à corps perdu sur le prêtre de Thimoros. Il ne parlait pas, plus le temps ni la force pour les menaces ou les cris. Il poussait un petit grognement sourd et de longues plaintes qui se terminaient en rugissements. Dans ses yeux et autour de lui, une aura de flamme lui donnait un aspect terrifiant. La lumière jouait avec les replis éclatés de son armure dans sa course. Lorsqu’il arriva à portée, un simple moulinet de la lance sur le côté, suivit d’une ample fente en avant projeta le fer droit vers l’abdomen de Talméort. Mais celui-ci avait déjà roulé au bas de l’autel et s’était enroulé par-dessus son épaule pour faire face à Benlor en contournant le meuble par la droite. La lame des vierges siffla vers le visage du paladin avant d’être stoppée net par la hampe de la lance.

Rajustant sa posture, Talméort fit claquer la lame à ses côtés dans un moulinet sec et francs pour reprendre rapidement une position de garde correcte. Benlor en avait profité pour pivoter et frapper avec véhémence dans la direction de la gorge avec le fer toujours en mouvement. Leurs passes s’enchaînaient rapidement, Talméort tournait comme une toupie autour de l’imposante silhouette du Paladin. Frappant de temps à autre ce qu’il restait du harnois du chevalier. Pour finir, le premier sang vint à couler lorsque Benlor fut entaillé sévèrement à la joue. Mais sa fougue ne pouvait être si facilement contenue.

C’est Blast qui s’était précipité sur la silhouette menaçante de la guerrière. Il avait bondit comme un diable, le sabre au clair, sa lame se prenant dans les doigts gantés de l’amazone. Ses longs cheveux blonds claquaient dans l’air et sa réaction fut directe, elle voulut planter son pied dans le ventre de l’Apostat qui recula. Sa lame siffla devant lui, il l’avait remise à son côté dans une attitude de défiance, ramassé sur le sol. Son regard était farouche. Lorsque la guerrière s’approcha, elle fit fuser sa main gantée vers le visage de l’Apostat qui, d’un coup de lame, dévia le choc, se releva et lui fit face. Le tranchant du coup précis qu’il venait de porter au cou de la jeune-femme fut stoppé net par le brassard de métal droit qu’elle portait sous son cuir. Les griffes saillantes qu’elle arborait à sa main gauche faillirent lacérer l’abdomen de l’Apostat. Mais d’un coup sec, il releva la main de la guerrière, déstabilisée, et y planta dans la paume, jusqu’à la garde, un coup fendu d’une rare violence.

Le cri de la femme était aigue, puissant. Elle avait mal. Il rebondit sur les murs et les colonnes de la salle. Fit vibrer les fenêtres et les encensoirs. Sa main droite vint saisir son poignet gauche et elle se plia en deux en poussant toujours son cri de douleur. Blast tira d’un coup sec sur son sabre pour le sortir de la paume de celle qui lui faisait face. La colère, bizarrement, était retombée et il était presque désolé. Pendant un instant, il avait oublié qu’elle fut une femme. Sa lame virevolta pour dégager le sang qui la souillait. Mais sous ce masque qui cachait le visage de son assaillante, la rage s’était installée. Sa force grandit en son ventre, en son cœur et dans ses bras. Une vive lumière jaillit des orbites vides de ce visage de glace. Une lumière bleutée. Se redressant de toute sa hauteur, la température venait de chuter. Une énergie gelée se concentrait dans son corps. Une poussière de givre se déposait déjà sur les murs, sur le sol, sur les vitres. Blast était là, hébété, se demandant ce qui pouvait bien se passer. Mais lorsque le second cri de la femme retentit, il portait toute la haine du monde.
Se pliant en deux, elle dirigea sur Blast une vague de lumière si puissante, si forte et si rapide qu’il eut à peine le temps de cacher sa face derrière ses bras. Mais au moment où il s’attendait au choc. Rien. Juste un second cri. Plus rauque, plus masculin. Il ouvrit les yeux.

Azdreval était revenu à lui assez rapidement. La peur sans doute. Toute cette opération qui foutait le camp entre ses mains. Il avait retrouvé la hargne du désespoir. Et s’était profilé dans l’ouverture donnant sur la nef, il y vit Benlor danser une lutte sans merci avec Talméort. Mais surtout, il vit Blast en bien mauvaise posture. Il pensa alors à l’enfant. Celui qui était le fils de l’archiprêtre Guillerme. Si Blast mourrait, le gamin serait seul au monde. Son visage se renfrogna d’une seconde à l’autre et avec la vivacité du guépard blessé. Il s’interposa, sans réfléchir. Les bras en croix devant le visage pour protéger ce qu’il pouvait avec ses bras protégés et caparaçonnés. Le sort était d’une puissance incroyable. Lorsqu’il frappa Azdreval, sous la violence, le haut de son harnois explosa littéralement en mille morceaux. Ne lui laissant que sa cotte de mailles et ses pièces d’armure aux bras. Lorsqu’elle leva les yeux, la guerrière s’attendait à voir Blast congelé devant elle. Mais au final, c’était un elfe en colère qu’elle découvrit. Azdreval, le visage fou et le corps renforcé par cette rage lui bondit dessus, feignant de lui écraser une main au visage, son poing gauche se ficha dans l’abdomen de la fille. La pliant en deux, il lui écrasa un violent coup de coude dans la nuque. Elle s’évanouit.

Blast regarda avec stupéfaction Azdreval, incrédule, interdit. Ce dernier se tourna vers lui, un visage de gosse, des yeux d’un bleu glacé. Il portait sur Blast un regard calme. Un… Sourire ? Blast ne le croyait pas, il devait rêver. La voix de Benlor éclata entre deux ou trois chocs d’armes. Lorsqu’ils se retournèrent, il maintenait Talméort précairement contre un mur, coincé par le thorax entre les pierres et la hampe de Benlor.

- AZDREVAL ! SORS LE GAMIN D’ICI !
- Lancaster, dépêche-toi. T’as entendu les ordres ! Azdreval était calme malgré la situation. Entendre son nom dans la bouche de cet assassin était comme un parjure. Il resta figé, sans voix.
- BLAST ACCELERE ! ON VA PAS PASSER LA NUIT ICI ! FICHE LE CAMP ! C’est au final la voix de Benlor qui le propulsa en avant. Il fila vers la sortie du temple.

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Ven 21 Mai 2010 00:08 
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Fuir…

Blast s’approcha incrédule de la courte silhouette d’Azdreval. Il n’était pas aussi grand que ça finalement. Ce qui lui donnait cette prestance et cette présence c’était son regard glacé et son manque d’expression. Il ne laissait rien filtrer sur son visage lisse. Ses yeux blafards ne quittaient pas Blast alors que ce dernier s’approchait de lui l’épée à la main. Il plongea son regard dans celui de l’Apostat. Les mâchoires de Blast se contractaient et se relaxaient sous le coup de la frustration et de l’incompréhension et plus il approchait, plus son bras droit le démangeait de trancher la tête de celui qu’il considérait alors comme un monstre sanguinaire. L’assassin de deux des meilleurs de l’ordre de Meno.

Il passa prêt de lui sans dire un mot et se dirigea vers la grande porte du temple de Thimoros. Azdreval le regarda passer sans un mot. Il leva alors les yeux vers Benlor et Talméort qui avaient repris leur combat dans une violente et virulente détermination. Il espérait que ce démon n’en sortirait pas indemne. Il emboîta le pas de l’Apostat et son sang se figea. Dans l’entrée, un nombre impressionnant de silhouettes s’était dessinées. Blast s’était arrêté lui aussi. Il semblait les compter. Ils étaient arrivés par deux escaliers jouxtant la porte. Ils observaient la scène depuis les contreforts du temple en hauteur. Des mezzanines camouflées dans les décorations et les moulures sous plafond.

Azdreval arriva à la hauteur de Blast. Sa respiration se stoppa et sa bouche s’ouvrit. Il prit alors la parole.
- Tu dois te demander ce qu’il t’arrive Lancaster. Une fois encore, son nom dans la bouche d’Azdreval lui arracha une moue de dégoût.
- Lancaster est le nom de mon père. Prononce-le une fois encore et je te décapite sans hésiter.
- Tu n’aurais pas la moindre chance. Mais je vais taire son nom.

Leur discours était calme et étrangement soutenu. Presque amical comme s’ils ne désiraient pas se donner en spectacle. Azdreval était dans une situation délicate et Blast, lui, ressentait pour lui un véritable élan de haine. Mais il fallait se focaliser sur un ennemi à la fois.

- Tu as intérêt à sortir de là en un seul morceau, fils de l’ombre. Il ne porta pas les yeux sur Azdreval. Juste un mouvement du menton vers leurs opposants. Je tiens à te corriger et à te livrer à l’ordre de la flamme moi-même. Peut-être même de tuer.
- Encore une fois, tu n’y arriverais pas. Mais voilà. J’ai fais une promesse à sire Hadelberg. Je vais te sortir de ce mauvais pas. A croire que tu attires les ennuis.
- La plupart du temps ils savent où me trouver.
- Tu dis vraiment n’importe quoi.

Presque comme un seul homme, Blast et Azdreval se précipitèrent en avant. La main de l’Elfe plongea lors de la course brutale sous le bras droit de l’Apostat. Il saisit la dague noire qu’il gardait à la ceinture. Ayant compris la manœuvre, Blast le laissa faire. Les ombres qui leur faisaient face fondirent sur eux avec une telle soudaineté que leur nombre sembla se muer en une vague à la volonté unique. Azdreval se servait à la fois de ses mains et des ses genoux. Fracassant et taillant avec la rapidité du tigre. Blast lui faisait danser sa lame devant son corps, chassant les ombres et taillant les chaires au passage. Un bruit de grincement les fit tressauter. Et la lumière se mit à décliner.

- LES PORTES ! BLAST ! IL FAUT SE TIRER !
- PAS SANS BENLOR !

Il se retourna et c’est alors seulement qu’il se rendit compte que le combat entre Talméort et Benlor était devenu carrément épique. L’aura de flamme du haut paladin dévorait les toiles et les meubles et l’esprit d’ombre du prêtre s’effilochait autour d’eux les enfermant dans une prison de flammes et d’ombres mouvantes. Il tenta de l’appeler mais rien n’y fit, ils étaient si ivres de rage qu’ils n’avaient même pas remarqué les craquelures qui se dessinaient dans les murs, les coulées de poussière et de pierre pilée qui dégringolaient des plafonds. Le chant de la lame des vierges était maintenant omniprésent. Comme si un chœur de femmes avait prit place dans le temple. Tout allait très vite et Blast fut d’un coup tiré en arrière. Perdu… Benlor était perdu dans sa danse morbide.

Azdreval avait attrapé Blast par le bouclier et lui faisait signe d’avancer. Les portes se fermaient, les ombres leur bloquaient le passage. Azdreval avait sur le visage une émotion qu’il n’avait encore jamais affichée en présence de l’Apostat. La panique. Ce fut un déclic. Blast se précipita comme un fou derrière le haut prêtre de Thimoros. Taillant et balayant de la main au passage les faibles silhouettes qui leur barraient la route. Dans un effort sans limite, Azdreval et Blast s’étaient jetés à corps perdus dans une course pour la lumière. Celle de l’extérieur. Leurs poumons prennent feu, les coups qu’ils doivent porter à ces ombres sont de moins en moins nombreux et leurs jambes semblent s’articuler bien plus vite que la normale. Le grincement de la porte se fait de plus en plus présent et dans un mouvement alors presque à l’unisson, l’homme et l’elfe bondissent au dehors.

Le soleil les bouffe littéralement. Comme si la lumière les avait oubliés depuis des années. Dans la précipitation ni Blast ni Azdreval ne pense à se réceptionner comme il le faudrait au sommet des escaliers. C’est dans une chute magistralement désordonnée et emmêlée que l’Apostat et le Haut-prêtre finissent au bas des cinq marches, dans le sable désormais sec du parvis du temple de Thimoros. Azdreval est le premier à se relever, effrayé, déstabilisé. Sous ses yeux les portes du temple se referme sur les dizaines de silhouettes les regardant de toute leur hauteur et même un moment il lui semblait qu’ils lui avaient sourit.

Les Rues de Kendra Kâr>>

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Ven 9 Juil 2010 08:52 
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Mes pas me conduisirent vers les lieux les plus sombres de la ville. Je ne sais pas pourquoi mais lorsqu’on pense au temple de Thimoros, on sait qu’il se trouve dans le coin le plus sombre des villes. Connu pour son amour de la guerre et du désordre, il est vraiment bizarre de trouver un temple de Thimoros dans Kendra Kâr la blanche. En marchant, je passai devant une taverne et des relents d’alcool vinrent me chatouiller les narines. Par sécurité ou par réflexe, ma main gauche s’est dirigé vers le pommeau de mon épée. On ne sait jamais ce qui peut arriver lorsqu’une personne ayant absorbé un peu trop d’alcool sort d’une taverne. Le coin n’étant pas des plus fameux, il vaut mieux être prudente.

Je continue d’avancer jusqu’à ce que je remarque un bâtiment qui semble être en meilleur état que les autres. Enfin, en meilleur état, c’était un bien grand mot, il semblait juste un peu moins poussiéreux. Il faisait quand même froid dans le dos mais ce sentiment que je ressentais au plus profond de mon être m’indiqua que je me rapprochais. Mes yeux scrutaient le moindre recoin de cette rue sombre. Soudain, je suis tombé sur un indice infime qui me permis de trouver l’entrée du temple, deux scorpions filigranés en argent. Cet animal était le symbole même du dieu, je touchais au but.

Je me suis approchée de ce qui ressemble à une porte. Cette dernière grinça sur ses gonds et laissa entrevoir une pièce très faiblement éclairée, seules des bougies diffusaient un semblant de lumière ainsi qu’une fenêtre. Je me suis avancée un peu plus vers le centre de la pièce qui était assez petite et très mal rangé. De toute façon, le désordre était tout à fait dans ses attributions. Au centre de la pièce, on distinguait deux silhouettes. L’une étant la représentation du dieu avec sa queue de scorpion et l’autre devant être un gisant ou peut-être un prêtre.

Je me suis raclée la gorge pour me manifester et la personne s'est retournée. Son visage était caché par une houppelande, je ne saurais dire si cette personne était humaine ou non, mais son pendentif m’indiqua qu’il était prêtre. J'étais dans un temple, je devais quand même essayer de ne pas manquer de respect envers le dieu qui occupait les lieux, bien que je ne le porte pas du tout dans mon cœur, c’est le moins que l’on puisse dire. J’inclinai la tête en signe d’ouverture. Mon possible interlocuteur me répond par le même geste, il était donc disposé à me renseigner.

- « Bonjour, est-ce que je peux vous poser une ou deux questions, s’il-vous-plaît ? »

Il me dévisagea, et ne le fit pas discrètement. Il finit par relever la tête pour me fixer du regard mais cela je n’étais pas capable de le dire puisque je ne voyais pas son visage. Au bout de quelques secondes qui me parurent interminable, il aquiesca de la tête.

- « J’aurais voulu savoir si vous avez vu des Shaakts récemment. »

Mes oreilles s’habituaient progressivement aux bruits de l’extérieur et je commençais à entendre la respiration rauque et saccadé de la personne en face de moi. Ne m’ayant toujours pas adressé un mot, je ne peux décemment pas le qualifier d’interlocuteur. Une nouvelle fois, il aquiesca. Donc il avait vu le groupe de mon frère, le tout était de savoir s’il était avec eux ou pas.

- « Est-ce que par hasard, vous auriez vu un Sindeldi qui me ressemblait ? »

J’avais vraiment peur de la réponse qu’il allait me donner, j’espérais de tout cœur qu’il allait faire non de la tête. Que mon frère se soit converti serait une chose tellement humiliante pour moi et pour ma famille, ou plutôt ce qu’il en reste. Nouveau souffle rauque dans la gorge du prêtre et nouveau signe de tête pour acquiescer. NON ! J’avais envie de hurler mais j’attendrais d’être dehors pour le faire. Il fallait que je sache s’il était là pour faire décoration, bien qu’elle soit très sommaire, ou s’il était là pour prier. Il fallait que je me calme et que mon esprit s’apaise.

- « Donc ce Sindeldi et ces Shaakts sont venus prier Thimoros ? »

Ne devant pas voir beaucoup de monde, il aquiesca immédiatement. J’avais les informations dont j’avais besoin, je pouvais partir maintenant.

- « Est-ce que par hasard, vous les avez entendus dire quelque chose ? »

Sa réponse fut franche et nette, il fit non de la tête. J’ai baissé la tête en signe d’au revoir et je suis sortie rapidement mais sans me précipiter du temple. La porte passée, j’ai rapidement quitté le quartier.


=> les rues de la ville

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Lun 6 Fév 2012 23:53 
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Nous pénétrons dans le temple et très vite je sens une ambiance pesante et lourde m'envelopper. Je n'aime pas ça, ce sentiment de crainte qui s'empare de moi. Ressaisis-toi ma fille, ce n'est qu'un temple, à la fin ! Tu ne vas quand même pas en faire une maladie. Oui, à cela près que nous sommes dans un temple dédié à Thimoros, rien à voir avec l'ambiance calme et pacifique de celui de Gaïa.

J'observe les lieux. L'intérieur est faiblement éclairé, ce qui m'empêche de réellement voir le visage des personnes. Cependant, une silhouette se détache de cette semi-obscurité dans laquelle est plongé le temple. Je reconnais rapidement l'un des joueurs de cartes de la taverne des Sept Sabres se diriger vers le noir total, au fond du temple.

Discrètement, j'entraîne Hyros à ma suite. Cet homme semblait très intéressé par les inscriptions pour ce tournoi illégal, le suivre est sans doute la clé de l'entrée des catacombes. Oui, j'avoue avoir la flemme de chercher pendant des heures. Je n'ai guère de temps à perdre, comme toujours. Dans l'obscurité, impossible de distinguer quoi que ce soit et je perds la trace de mon homme. Alors que je m'apprête à pester comme une folle, une voix résonne dans ma tête.


(Je peux t'aider sur ce coup !)

C'est alors que sortant du pommeau de mon épée, une petite boule de lumière éclaire tout autour de moi et de mon compagnon qui est complètement étonné, se demandant ce qu'il se passe. Il ne me pose aucune question et n'est pas sur la défensive. Mauvais point pour lui, mais pour sa gouverne, la lumière est tellement bienfaitrice, qu'elle ne peut inspirer la crainte. Et là, tout contre le mur et dans l'angle gauche au fond, une petite porte se dresse devant nous.

(C'est là.)
(Comment peux-tu en être sûre ?)
(Tu me fais confiance ?)

Je ne lui réponds pas. Depuis que l'on est ensemble, Samyà ne m'a jamais donné aucune raison de douter de ses informations et de son dévouement envers la personne que je suis. Je ne sais comment le prendre, mais sa compagnie m'est bien utile. Je me tourne alors vers Hyros.

"Prêt ?

Il opine du chef et sans tarder, je me dirige vers la porte donnant sur un escalier dénué de tout éclairage. Heureusement, Samyà est là et continue son petit tour. Nous plongeons donc dans les abîmes du temple de Thimoros pour aller à l'affrontement.

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Un grand merci à Dame Itsvara pour la signature




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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Mar 5 Juin 2012 22:37 
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Le temple de Thimoros n'avait qu'une seule fenêtre, de sorte qu'il était incroyablement sombre, même de jour. De nuit, il ne fallait compter que sur quelques bougies autour de la statue de l'homme à queue et à pinces de scorpion. Le dieu de la destruction avait des goûts très particuliers quand à l'apparence qu'il fallait lui donner.

La statue était éclairée par quatre longs cierges, ainsi que l'homme en soutane qui se tenait devant et qui semblait en pleine vénération de son dieu. Pour le reste de la salle, Azra distinguait vaguement des bancs de part et d'autre de l'endroit où il se tenait, mais rien de plus. Autour de lui, tout se perdait dans l'ombre, il ne voyait même pas les murs. Un frisson courut le long de l'échine du jeune homme. C'était comme s'il était entré dans un monde parallèle, un lieu de ténèbres infinies avec, perdu au milieu de ce néant, la statue et son adorateur.

Il se racla poliment la gorge, ce qu'il regretta aussitôt car le son résonna longuement dans le temple.
L'homme se releva et se tourna lentement vers lui. Son visage était invisible mais Azra sentait parfaitement des yeux brûlants de colère braqués sur lui.

"Comment osez-vous interrompre notre office ?"

Ce n'était pas l'homme qui avait parlé. Azra regarda autour de lui et vit des formes bouger dans l'ombre. Il comprit avec horreur qu'il avait débarqué en pleine cérémonie. Un nombre indéterminé d'adeptes de Thimoros se trouvaient dans le temple. Il n'y avait pas beaucoup de serviteurs du dieu scorpion à Kendra Kâr, mais sûrement largement assez pour lui faire passer un sale quart d'heure !
Un homme aux tempes grisonnantes qui arborait le même air halluciné que Parcos, mais dans une variante nettement plus intelligente, approcha.

"Vous paierez pour cet affront !" déclama-t-il d'un ton théâtrale.

Azra retint de justesse un commentaire sarcastique. Ce n'était sans doute pas le moment.

(Vraiment, excellente idée que de venir ici, hein, Chandakar ?)
Il ajouta d'une voix ferme :

"Pardonnez-moi d'avoir interrompu votre culte, je sais moi-même que c'est agaçant dans cette ville de mécréants ! Je suis au service de Phaïtos et je venais requérir votre aide pour une importante mission au service de mon dieu."

L'homme, qui devait être un fanatique de Thimoros, se tourna vers le prêtre en soutane. Celui-ci fit un vague geste de la main, Azra se souvint avoir entendu dire qu'il était muet. Le fanatique hocha la tête.

"Il dit que nos ordres sont amis, mais que nul n'interrompe nos célébrations impunément. Tu devras prouver que tu es digne de notre aide !"

Cette fois-ci, Azra ne put se retenir :

"Il a dit tout ça en un seul geste ? Impressionnant..."

L'homme sourit.

"Tu riras moins en sachant que tu dois maintenant sacrifier un morceau de ton corps sur l'autel du grand Thimoros, le Guerrier !"

Azra ouvrit des yeux ronds.

(De mieux en mieux ! Chandakar, si tu as une autre idée pour me sortir de là, c'est le moment ou jamais !)

(Hé oh ! Tu ne voudrais pas que je te prépare un gigot au fines herbes, aussi, pendant qu'on y est ?)

Azra ressentit un léger vertige tant il était stupéfait. Ce genre de commentaire ne ressemblait pas à son hôte. Décidément, ce fichu mort-vivant était complètement cinglé !
Il décida donc de réfléchir par lui-même tandis que les premiers hommes vêtus de noir s'approchaient de lui. Voyons voir, qu'est-ce qui pourrait calmer des fanatiques de Thimoros ? Ah oui...

"J'ai une autre idée : Que l'un d'entre vous vienne m'affronter en duel. Le combat n'est-il pas une forme d'hommage au Ravageur ?"

L'homme aux tempes grisonnantes hésita et se tourna vers le prêtre qui eut un hochement de tête.

"Très bien, accepta le fanatique, tu affronteras ma disciple. Mais si tu perds le combat, tu devras quand même procéder au sacrifice !"

Le jeune fanatique de Phaïtos ouvrit des yeux rond devant l'horreur de la situation. C'était abominable, il était fini.
SA disciple ?
Il allait devoir combattre une fille.
Azra, qui se considérait lui-même comme incroyablement laid, n'en demeurait pas moins un adolescent timide et très sensible aux charmes féminins. Il se tenait toujours à distance des jolies filles, convaincu qu'il rougirait et se ridiculiserait en leur présence. En fait, il n'y avait pas vraiment de raison à sa peur. Tout ce qu'il savait, c'était que les filles étaient des créatures merveilleuses qui lui ramollissaient le cerveau par leur seul présence.
Et la superbe créature qui s'avançait d'une démarche féline vers lui avait immanquablement tout ce qu'il fallait pour le perturber.

Après un court combat contre son subconscient qui essayait de lui expliquer qu'il devait gonfler le torse, rouler des muscles, hurler à la lune et taper des poings sur sa poitrine, il tenta d'analyser son adversaire.
Elle devait avoir le même age que lui, était grande et gracieuse et avait des cheveux noirs assez courts. Qu'est-ce qu'une fille comme ça faisait dans un tel culte de dépravés ? Il n'aurait dû y trouver que des gens comme lui ! Puis il remarqua avec un certain dégout que de fines cicatrices parcouraient son visage pour en souligner les traits. Écœuré par la folie d'un tel geste de scarification, il se reprit et se prépara à se battre. La fille ricana :

"Mon nom est Aléria. Prépare-toi à subir la colère du puissant Thimoros à travers mes mains !"

Quand il se sentait miné moralement, par exemple en cas de danger mortel ou en présence d'une jolie fille, Azra avait le besoin maladif de faire des sarcasmes, il répondit donc :

"Je vois que vous tenez plus de votre maître que de votre prêtre..."

Elle poussa un cri de rage et se jeta sur lui pour lui porter un coup dans l'estomac. Il évita l'attaque et riposta par un revers un peu maladroit qui l'atteignit à l'épaule. Comme il avait du mal à se convaincre qu'il était possible de frapper une fille, le coup était si léger qui n'occasionnerait probablement pas plus qu'un léger bleu.
En revanche, la furie se jeta contre lui et lui donna un coups d'épaule contre le torse. Il bascula à terre, roula et tenta de se relever. Un coup de pied dans l'estomac l'envoya malheureusement rouler plus loin.
Il parvint néanmoins à se relever en titubant.

"Tu vas souffrir !" hurla Aléria, hystérique.

"Mais pas trop, j'espère... ?" souffla-t-il.

Elle s'approcha, menaçante.

"Non, je veux dire... je sais que j'ai une sale tête et que toutes les filles rêvent de m'arranger le portrait, mais il faut aussi que tu apprennes à contrôler tes pulsions..."

Avec un cri de rage, elle tenta d'abattre ses poings sur son visage, mais elle était si en colère qu'il évita le coup sans peine en plongeant vers l'avant. Il contint un sourire, il avait trouvé une stratégie efficace ! Tandis qu'il passait sous sa garde, il trouva assez de maîtrise de lui pour lui envoyer un coup de poing dans le ventre. Elle recula avec un gémissement, bien que là encore, le coup n'ai pas été aussi fort qu'il aurait pu.

"Tu vois, ça te fait faire trop d'erreurs..." appuya-t-il.

Avec une fureur redoublé, elle se tourna vers lui et tendit les mains sur lesquels des ombres se mirent à courir. Il se jeta a terre, juste à ses pieds, juste à temps pour éviter le souffle de Thimoros. Il saisit les pieds de la jeune fille et la fit basculer à terre. Elle se tortilla comme une anguille et il ne pu profiter de son avantage, au contraire, il reçut un coup de talon au menton.

"Meure !" gronda-t-elle en se relevant.

"Désolé, je crois que Phaïtos a encore besoin de moi."

"Regarde toi ! Tu n'es qu'un minable petit avorton ! Je sers le Ravageur et il me donne une force incroyable !"

Azra éclata d'un rire désabusé. Encore quelqu'un qui rêvait de pouvoir... Quelle bêtise !

"Qu'importe ta force, aussi grande soit-elle, Phaïtos te rattrapera toujours..."

"Mon dieu exalte la vie dans ce qu'elle a de plus sauvage, de plus violent, de plus vivifiant !"

"Qu'importe ta vie, aussi intense soit-elle, Phaïtos te rattrapera toujours."

"Ton dieu n'est rien sans le mien, lui, il n'attend pas les bras croisé que les cadavres lui tombent dessus !"

"Qu'importe tout cela, la mort a toujours été et sera toujours là, Phaïtos te rattrapera."

Elle poussa un hurlement de rage et fondit sur lui. Il leva les bras et son propre sortilège du souffle de Thimoros jaillit pour l'envoyer rouler au loin. Le silence tomba dans le temple tandis que le maître relevait sa disciple sonnée.

"Très bien, grogna-t-il, nous t'aideront."

Aléria tituba un peu et lança un regard assassin qui fit rougir Azra.
Le prêtre fit un geste.

"Si tu nous disais ce que tu veux, traduisit le fanatique, qu'on en finisse ?"

"Hum, il faut que j'amène cet homme au temple de Phaïtos."répondit Azra en envoyant un coup de poing au magicien qui recommençait à bouger. Il retomba aussitôt, assommé.

« C'est tout ? »

« Ben, ce n'est pas moi qui ai fait tout un cirque de cette affaire... »

Le fanatique se pinça les lèvres, puis déclara :

« Nous allons d'abord terminer nos prières. »

Azra dû donc patienter, sans autre occupation que de réassommer régulièrement le mage. C'était embêtant : pour une fois qu'il trouvait quelqu'un qui connaissait la magie noire, leur relation commençait bien mal. Une fois libéré par le temple de Phaïtos, il risquait de l'incinérer à vu !
Finalement, deux cultistes se proposèrent d'emmener le mage. Aléria en faisait parti, à la grande déconvenue du garçon, mais visiblement, le temple n'avait pas beaucoup de fanatiques pour l'aider...

« Nous allons passer par les catacombes ? »demanda-t-il.

« Ne soit pas ridicule, marmonna Aléria, hautaine. Les catacombes sont reliées directement aux égouts. Elle sont devenu impraticables, un genre de malédiction apparemment, c'est moins dangereux de passer par les rues ! »

(Encore une histoire de malédiction ! Bon sang, celle-là je laisserais le monde s'en débrouiller !)

Ils prirent donc le chemin du temple de Phaïtos par les rues.

Incompréhension

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Sam 25 Aoû 2012 17:21 
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Même de jour, l'intérieur du temple était incroyablement sombre. La statue du dieu scorpion était toujours là, au centre... et le prêtre était également là, à prier.
Ils s'approchèrent doucement avec révérence.
Le prêtre se releva et leur lança un regard ténébreux. Tirassin s'inclina.

« Salutation, monseigneur, j'enquête sur la malédiction de Kendra Kâr et mon jeune ami, ici présent, m'a dit que vous aviez des problèmes dans vos catacombes. Nous souhaiterions donc les visiter, avec votre permission, pour savoir s'il n'y a pas un lien entre ces évènements. »

« Trop sec, lui souffla Azra, tu vas te retrouver avec un bras en moins. »

« Mais je n'ai pas été sec, là ! »

« Bah, alors ils trouveront bien une autre excuse, tu vas voir... »


Mais non, l'homme resta un instant silencieux, puis leur fit signe d'approcher. Il les conduisit vers le fond du temple, et les mena à la rencontre de ses serviteurs. Azra faillit tourner les talons et s'en aller en voyant qu'il s'agissait d'Aléria et de son maître. La jeune fille était toujours aussi fascinante et inquiétante... et avait l'air toujours aussi détestable. Comment elle pouvait donner des sentiments aussi contradictoires en même temps restait un mystère.
Il supposait qu'elle venait elle aussi d'avaler des fluides vu qu'elle l'avait attaqué il y a peu pour en avoir... pourquoi ? C'était injuste. Et c'était une tricheuse.
Tient, pourquoi se mettait-il à penser comme un gamin ?
Bref, elle et son maître avaient l'air assez mécontents de revoir des gens qu'ils n'aimaient pas, ou du moins qu'ils aimaient encore moins que le reste du monde.

« Vous osez pénétrer ici de nouveau ? gronda l'homme. Votre insolence... »

Le prêtre arrêta d'un geste sévère le monologue qui promettait de durer un certain temps comme il était parti. Il désigna une ouverture sombre dont la voute était ornée d'une sculpture de tête de mort et lui adressa quelques signes. Le fanatique secoua la tête d'un air hésitant.

« Dans les catacombes ? Ils sont fous ! Et je devrais les accompagner ? »

Le prêtre lui dédia un regard malveillant et il baissa les bras.

« Très bien... »

Tandis qu'Azra et Aléria échangeaient des regards assassins, il décida donc de leur expliquer ce qu'il savait de la situation. Quelques temps après le début de la malédiction, l'un des membres du culte de Thimoros était mort au cours d'un rituel, ce qui n'avait rien d'étonnant en soit. Ils avaient donc entrepris de le porter dans les catacombes.
Les choses avaient très vite mal tourné. La procession avait été attaquée par une horde de rats enragés et avait été obligée de fuir en abandonnant le cadavre.
Depuis, il avaient envoyés plusieurs expéditions vers les catacombes pour tenter d'éliminer les rats, mais il semblait en venir toujours plus. Taomar, c'était le nom du maître d'Aléria, avait été envoyé en personne à la tête de l'expédition qui avait réussi à descendre le plus profondément dans les catacombes. Alors qu'ils étaient arrivés dans une grande pièce, tous les squelettes dans les niches s'étaient subitement animés et une voix qui semblait sortir de leurs bouches à tous avait hurlé des menaces, promettant l'anéantissement prochain de tout Kendra Kâr.

Arrivé à ce stade du récit, Taomar frissonna visiblement, ce qui sembla particulièrement effrayant à Azra et Tirassin. Faire peur à un fanatique de Thimoros n'était pas à la porté du premier venu !
Il avait les les yeux dans le vague, comme si sont cerveau voulait se déconnecter de ce qui s'était passé alors.

De fait, l'expédition fut massacrée, il fut le seul à en revenir. Depuis, régulièrement, des rats et des cadavres animés par une magie semblable à la nécromancie les attaquaient. Le temple n'avait bien sûr jamais contacté les autorités. Comme le soupçonnait Azra, et l'avait annoncé Kieran, ils étaient trop fier pour appeler la milice de Kendra Kâr à l'aide... et savait que de toute façon, si la milice se décidait à intervenir, ce qui était déjà hautement improbable, ce serait en rasant le temple du dieu noir.

L'empressement du prêtre à accepter la collaboration avec eux n'était donc pas tant dû à son ouverture d'esprit qu'à son désespoir devant la situation.

Tirassin eut alors l'idée toute bête de demander si quelqu'un était rentré dans les catacombes avant les évènements. Taomar eut une moue bizarre et lança un regard interrogateur au prêtre. Celui-ci resta un instant immobile, puis hocha la tête.

« Nous avons reçu en secret la visite d'un prêtre sombre d'Omyre. Il nous apportait un peu de matériel pour les rituels... mais d'habitude, ils envoient un simple fanatique pour faire ça ! C'est moins risqué... En plus, il a demandé à visiter les catacombes... seul. »

« Et vous l'avez revu ? » demanda Azra.

« Non. »

Le jeune homme et son ami se regardèrent. Se pouvait-il que ce 'prêtre sombre' soit en réalité un nécromancien qui ressusciterait une armée de mort vivant sous la ville ?
Entendant la question implicite du garçon, Chandakar émergea un bref instant.

(Les cadavres comme de bandit et le rat que tu as affronté ne sont pas issus de la nécromancie mais d'un processus de magie noir très complexe, trop pour que je puisse t'expliquer. Cela exige d'avoir une volonté extrêmement puissante et une réserve de fluides de l'ombre qui dépasse les capacités normales d'une personne seule. Je ne pense pas que ce soit un nécromancien, ni un prêtre sombre, qui soit derrière tout ça...)

Azra tenta de demander des précisions mais il n'eut aucune réponse. Le silence tomba donc sur le temple.

Au bout d'un moment Aléria, qui en avait visiblement marre de se taire, s'exclama :

« Alors qu'est-ce qu'on fait ? Moi, je suis prête à descendre là-dedans pour trucider ce prêtre ! »

L'officiant de Thimoros fit un signe de dénégation et pointa du doigt Taomar. Le fanatique protesta vigoureusement, déclarant qu'il n'avait aucune intention de redescendre là-dedans. Mais il se heurta à un argument imparable : la réaction violente de l'auteur de la voix qu'il avait entendu indiquait clairement que son expédition devait être arrivée prêt de la source du problème. C'était donc à lui de mener Azra et Tirassin dans les profondeurs. En revanche, le prêtre refusait de risquer Aléria. Visiblement, il la tenait en haute estime. La jeune fille semblait prête à exploser devant cette injustice mais parvint à se contenir tandis que son maître se résolvait à l'inévitable.

Sous les yeux du prêtre et d'Aléria, Taomar mena Azra et Tirassin vers l'entrée sinistre des catacombes. Il ramassa une torche et prit une profonde inspiration. Pendant un instant, il sembla à Azra qu'une bouffée d'air pestilentiel s'échappa du seuil, comme pour avertir du sort de ceux qui le franchissaient.

« Êtes-vous sûr de vous ? demanda une dernière fois le fanatique de Thimoros. Nous étions descendu à cinq et je suis le seul à être remonté... »

« Peut-être qu'à trois, nous ne sous ferons pas repérer. » proposa Tirassin.

« Vous rêvez ? grinça Azra. Je suis prêt à parier qu'il sait déjà qu'on arrive... Mais qu'est-ce qui m'a pris de m'engager là-dedans, je savais pourtant que c'était une mauvaise idée ! »

Sur ces mots réconfortants, ils s'engagèrent sous la voute, sous la lumière de la torche du fanatique.

Le roi souterrain

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 6 Sep 2012 17:12 
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C'est avec force signes de conjuration du mauvais œil que les bandits s'engagèrent à travers les portes ténébreuses du temple, marchant avec crainte à la suite d'un Azra qui avançait en conquérant.
Rendrak lui même n'offrait pas sa meilleurs figure. Heureusement pour le garçon, un liykor est toujours impressionnant.
Il avancèrent longuement le long de l'allée bordée de bancs noirs (ou peut-être cette couleur n'était-elle qu'une simple impression dû à l'obscurité des lieux). Auprès de la statue de l'homme aux pinces de scorpion, le prêtre muet était en prière.
Il se releva pour accueillir ses visiteur avec, dissimulé sous sa capuche, une expression qu'on devinait hostile.

Une forme ténébreuse et équipée d'une imposante épée apparue à ses côtés.

« Vil mécréants ! Un pas de plus et vous comparaîtrez devant le grand corbeau ! »

Azra sentit son cœur faire une cabriole. Il riva le regard sur le prêtre, refusant d'accorder de l'attention à Aléria. D'un geste ample, il désigna le groupe tremblant qui le suivait.

« Voilà des compagnons qui m'aideront à libérer votre temple ! Si vous m'accordez aussi l'aide des serviteurs de Thimoros, nous pourrons réussir à chasser le mal qui se cache dans vos catacombes ! »

Le prêtre lui répondit par un regard si glacial qu'il passait sans peine sous sa capuche. Le jeune homme se dit qu'il aurait peut-être dû attendre de réunir un groupe plus conséquent et surtout plus impressionnant ! Car il avait besoin des adeptes de Thimoros. Cette bande de mendiant seule... et bien disons que Rendrak était le seul à pouvoir espérer tenir plus de dix secondes.
Dans ces conditions, il était important de convaincre le prêtre que, cette fois-ci, il y avait une chance d'y arriver.

« Écoutez, il faut saisir la chance qui s'offre à nous ! Le roi des rats va renforcer sa garde et il ne faut pas lui en laisser le temps ! En frappant maintenant, nous passerons peut-être avant qu'il n'ai terminé de mettre en place un cordon de sécurité. Je sais exactement où il se trouve, on va y aller tout droit sans lui laisser le temps de se rendre compte de ce qui lui arrive. Lorsqu'il comprendra qu'il doit appeler ses gardes, il sera trop tard, nous serons sur lui ! »

Bien droit, les yeux étincelant, Azra conclut d'une voix qui résonna dans le temple :

« Aujourd'hui, il va comprendre que nul ne peut s'en prendre impunément aux serviteurs des dieux des ténèbres ! »

Il s'en suivit un long silence. Lequel fut brisé par Aléria :

« Ça me fait mal de l'avouer, mais ce dégénéré a raison. Tout ce qu'il manque à son groupe, c'est un peu de force de frappe, c'est pourquoi je vous demande la permission de venger mon maître. »

Azra eut un frisson d'inquiétude. Elle voulait venger Taomar... de lui ou du roi des rats ? Il n'avait pas avoué être responsable de sa mort mais elle semblait quand même lui en vouloir. Elle ajouta :

« Vous m'avez faite chevalier du chaos. Laissez-moi frapper nos ennemis de mes nouveaux pouvoirs ! »

Disant cela, elle tira son épée et la brandit. À la grande surprise d'Azra, qui n'avait rien remarqué, elle portait en effet une armure noire un peu plus lourde et une imposante épée dentelée qui faisait peur à voir.
Le prêtre hésita encore un instant, puis acquiesça. La jeune femme se tourna vers le groupe.

« Je serais de la partie. »

Elle dédia à Azra un regard qui fit rougir le jeune homme, il se détourna vers l'entrée des catacombes. Pendant un instant, le courage lui manqua. Mais il n'avait pas vraiment le choix... Il fallait y aller, il n'aurait jamais autant d'atouts en main. Il prit la torche, à côté de l'entrée et la tendit à Rendrak.

« Alors en route ! » lança-t-il en faisant mine d'être sûr de lui.

Et il s'engagea dans la gueule béante des ténèbres, non sans laisser passer Rendrak et deux bandits devant lui.

Retour dans les catacombes

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Dernière édition par Azra le Jeu 6 Sep 2012 21:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 6 Sep 2012 21:24 
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Le prêtre semblait presque nerveux et il les accueillit avec un soulagement qu'il peinait à cacher. Azra n'arriva même pas à prendre un air vaillant :

« Nous avons réussi. » dit-il simplement.

Il montra les queues de rats. Aléria hocha la tête :

« Le roi est mort, notre temple est sauvé... Hélas, survivrons-nous aux pertes que nous avons subi ? »

Azra eut un petit sourire qu'il dissimula bien vite :

« Si votre temple est en difficulté, la solution est toute trouvée : venez avec moi en parler au palais. Maître Kieran, de la tour de thaumaturgie sera là aussi pour confirmer que nous avons agis contre une menace à l'échelle de la ville. Je sais que vous n'aimez pas beaucoup Kendra Kâr, mais les autorités vous doivent une dette, ce serait dommage de ne pas en profiter ! »

Le prêtre hésita, mais il devait admettre qu'il avait besoin de financements. Il hocha la tête et désigna Aléria... et lui même !

« Vous... vous allez sortir du temple ? » bégaya la guerrière, stupéfaite.

Il hocha la tête. Azra retint un soupir de soulagement. Même s'il n'était pas très apprécié, le grand prêtre de Thimoros restait une autorité qui serait écouté (autant qu'on puisse écouter un muet). Sa voix compterait et les dirigeants de la ville (Azra n'avait pas d'espoir de rencontrer le roi en personne) n'auraient d'autre choix que d'admettre qu'ils lui devaient quelque chose !
Avec un peu de chance, il allait enfin être riche, célèbre et respecté !

Ou alors il se ferait pendre parce qu'ils n'avaient pas envie de lui donner sa juste récompense.

Tant pis, il fallait essayer. Mais bien sûr, il fallait comme toujours anticiper un désastre...

Il se dirigea vers la sortie du temple, à la fois soulagé et le cœur lourd. Il retirerait quelque chose de cette aventure... Mais est-ce que cela vaudrait les sacrifices ? Désormais, Kendra Kâr lui devait quelque chose... mais...
En fait, ça semblait trop irréel.

Il lui restait un peu d'argent pour se payer du pain et une bonne nuit de sommeil dans un vrai lit. C'était sans doute ce qu'il avait de mieux à faire.

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Jeu 20 Sep 2012 14:18 
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Le temple semblait presque plus léger et plus agréable, comme si une infime part de la tension qui y régnait s'était évanouie. Le jeune homme parvint à se tenir presque droit le temps de parcourir les longues rangées de banc noirs et d'arriver devant la statue de Thimoros.
Le prêtre ne tarda pas à paraître, s'appuyant sur un bâton supportant un scorpion sculpté et accompagné d'Aléria. La belle écorchée fit la moue :

« Alors tu es revenu ? »

« Oui, on devait aller chercher une récompense auprès des autorités, vous vous souvenez ? »

« Évidemment, qu'on s'en souvient ! C'est toi, le débile... Bon, on y va ? »

Le garçon se sentit rougir, ce qui, heureusement, ne se voyait pas dans le temple.

« Hum... euh... tu... tu viens ? »

« Ben tient ! Je ne vais pas te laisser récupérer tous les honneurs alors que c'est moi qui ai fait tout le travail ! »

« Hé, c'est moi qui ai tué le roi des rats ! »

« Bravo ! Tu as tué un rat ! Tu as une idée de tout ce que j'ai... »

Elle fut interrompue par le son du bâton du prêtre qui frappait le sol, rappelant qu'ils étaient dans un temple et qu'un minimum de silence était de mise.
Il prirent donc le chemin de la sortie, Azra se tenant aussi loin que possible de la chevalier du chaos étant donné que celle-ci portait, attaché dans le dos, son épée à deux main dentelée. Cette folle serait bien fichue de le tuer par surprise sans même y penser !
Mais bon, en même temps, quitte à mourir, il aimerait autant que ce soit de sa main. Ce serait la première fois qu'il fille le toucherait avec une forme d'affection, de soucis de lui, de...
Il secoua la tête.

(Chandakar, tu vas me payer toutes ces âneries que tu me mets dans la tête !)

(Ne soit pas ridicule ! Je n'y suis pour rien !)

Allons donc ! Il n'y était pour rien ? Qui d'autre pouvait lui chambouler le crâne au point de lui faire penser de telles bêtises ?
Avec un grognement discret, il poussa les portes du temple, remarquant avec amusement que le prêtre était ébloui. Sans doute n'était-il pas sorti depuis des années !
Allons, il fallait maintenant aller chercher maître Kieran à la tour de thaumaturgie, un peu plus loin, et après... après, les dés seraient jetés.

Le maître magicien

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 Sujet du message: Re: Temple de Thimoros
MessagePosté: Mar 17 Sep 2013 22:59 
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Résurrection.

Les jours s’étaient écoulés, depuis cette affaire de cultures asservies à la volonté démoniaque de Ximar Onap, le druide renégat, dont les tripes ornaient encore, sans doute, les vestiges éplorés de son sanctuaire miniaturisé. Les semaines peut-être, depuis ce festin royal dans le grand et immaculé château de Kendra Kâr, en compagnie de riches sujets de sa majesté le Roi des Cons. Ce jour-là, Gurth avait mangé comme jamais. Et ce n’était pas peu dire, compte tenu des performances qu’il avait auparavant accomplies à Tulorim, à l’Auberge du Pied Levé, et qui lui avaient valu le surnom d’Ogre de Tulorim… Pseudonyme sordide en soi, quand on savait qu’il appréciait, la nuit tombée, massacrer de pauvres enfants innocents pour se repaître de leurs chairs et de leur sang. Il s’était donc goinfré, faisant fi des honneurs qui lui étaient décernés bien malgré lui par la royauté kendrane. Il avait ainsi fait partie d’un petit groupe de gens qui, après s’être fait miniaturisés par magie, avaient finalement sauvé la cité blanche d’une famine certaine.

Cette goinfrerie, il l’avait assumée comme une mortification de sa propre chair. Une punition sentencieuse de cet acte de bonté impardonnable selon ses préceptes et ceux de ses dieux sombres. Semer le chaos, répandre la mort, amener peur et colère dans chaque foyer… Voilà quels étaient ces principes. Sa ligne de conduite. Et il l’avait bafouée, en aidant cette cité qui se disait elle-même parangon du bien, porteuse de la lumière de la vie et de l’espoir contre l’ombre. Cette déchéance personnelle, il la devait à son oncle, le Comte Freush Von Lasch, éminent conseiller de Tulorim, qui avait toujours veillé à ce que son neveu obèse ne manque de rien, en souvenir de son père défunt, frère et éminence grise du comte. La reconnaissance, il n’était pas capable d’en donner. C’était, une fois encore, contraire à ses principes de vie. Aussi avait-il consenti de laisser tranquille ce bienfaiteur, qui l’avait tiré de prison, nourri et logé pendant toutes ces années, et permis son éducation au Temple de Phaïtos et Thimoros depuis sa petite enfance. Mais là, là, Freush Von Lasch avait dépassé les limites de l’acceptable, pour Gurth. Car c’est lui qui avait été à l’origine de son voyage, prétextant le bien de la cité de Tulorim dans ses relations avec Kendra Kâr. Diplomate, sauveur de cité, voilà sous quels titres il avait été envoyé. Et sous lesquels il était maintenant reconnu dans les rues, nanti de son physique si aisément discernable. Ange gardien, sauveur, tant d’appellations qui contrastaient avec ses sombres buts.

Alors, quand il s’en était rendu compte, il avait rempli sa panse, encore et encore. Flagellation punitive qui l’avait fait maintes fois régurgiter, et qui avaient maintenu à son point le plus parfait son obésité morbide. Alcools et nourritures avaient été son quotidien, pendant une bonne semaine. De quoi se punir, de quoi se détruire, de quoi oublier… Mais tout restait malgré tout, cette culpabilité, cette rage autodestructrice. Alors, il avait décidé de tout stopper. D’arrêter de se meurtrir, et de se remettre à ses dieux. La rage qui l’habitait lui indiqua quel temple kendran il devait rejoindre : celui de Thimoros. Il n’oubliait pas Phaïtos, son frère, mais la mort n’était pas le précepte qui le touchait le plus, alors. La haine était une vision bien plus correcte, pour son cas. Ainsi s’était-il remis aux soins ascètes du prêtre muet de Thimoros, seul fervent partisan de la divinité chaotique à Kendra Kâr. Le temple, petit, sombre, désordonné et reclus dans un coin abandonné de la cité, avait été sa maison. Et là, à l’opposé de sa semaine de débauche alimentaire, il avait jeûné. Seul, silencieux, dans l’ombre du Temple, il avait fait murir sa haine, sa colère, sa rage. Dans ses prières au Martial, il avait retrouvé la raison de son existence : le chaos.

Ses yeux pâles le semblaient encore plus, car ils restaient rougis et irrités, autour de l’iris blanchâtre. Sa pâleur de peau, déjà cadavérique, n’avait fait que s’accentuer, alors qu’il s’était privé du moindre petit rayon de soleil pendant un temps que même lui n’était pas capable de déterminer. Et puis, ce soir, il se sentit prêt. Prêt à refaire surface, plus méchant, cruel et malveillant que jamais. Il allait montrer à cette cité parfaite la laideur de son être. Et plus jamais, jamais, on ne le considèrerait comme un héros, comme un être de paix et de résolution. Il serait le cauchemar des enfants comme des adultes. Il serait la personnification du mal. Et pour ça, il avait bien des idées. Un plan. Et une avide soif de sang. Ses dieux allaient enfin pouvoir le regarder à nouveau, sans qu’il ait à rougir de honte devant eux. Il allait de nouveau les servir du plus profond de son être. Et cette fois, Freush Von Lasch ne serait pas là pour l’en empêcher, ou pour tout arranger. Le mal allait se répandre, pur et sans pitié.

De son siège de pierre, il se leva, imposant, trop grand et trop gros. Une ombre gigantesque dans le sombre temple. Il fit un pas, puis un autre, et encore un autre. Lourds, lents, pesants. Et il arriva devant la statue de Thimoros, cet humain sombre doté d’une queue de scorpion, et de pinces en guise de mains. Il dressa son regard vers les yeux de pierre de la représentation, puis se laissa lourdement choir sur ses genoux. Un sinistre craquement se fit entendre, mais la douleur ne comptait pas. Elle l’encensait. Elle le revigorait. Elle rendait plus forte encore sa colère. Alors, il s’adressa au divin, avec pour seul témoin ce prêtre muet, reclus lui-même dans ses propres pensées, dans ses propres prières.

« Thimoros, Gardien des souffrances, Seigneur de la guerre et de la tourmente, je me présente à toi. Je suis ton instrument depuis plus de quarante ans, maintenant. Et plus que jamais, ma ferveur me fait m’offrir à toi. Le sang coulera en ton nom, ce soir, à Kendra Kâr. Et dans les jours qui viennent, le chaos régnera dans cette ville imbue d’elle-même. Ce désordre, ô Grand Dieu, c’est toi qui me l’a inspiré, et c’est par ta force que je le ferai régner. Par la peur et la violence. »

Et il resta ainsi immobile pendant près d’une heure, sur ses genoux douloureux. Mais jamais il ne faiblit. Et lorsqu’il se sentit prêt, péniblement, il se releva. Ankylosé, plein de douleurs musculaires, il se redressa, et se dirigea vers la porte du Temple. Avant de sortir, il vérifia tout son équipement, et mit en place sa coule de cuir sur son crâne chauve. Dagues, robe, cape et ceinture ornée des crânes de ses victimes, il était fin prêt. Et il poussa la porte, qui s’ouvrit avec un sinistre grincement dans la nuit noire de Kendra Kâr. Sombre augure de ce qui allait se passer.

Dans la débauche, il s'était châtié, dans l'ombre, il s'était reformé.
A la lumière, enfin il allait se montrer, et la bonté allait sombrer.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


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