L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 579 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 ... 39  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 11:06 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Cromax salua mon initiative de mettre un peu de lumière parmi les ombres du tunnel. Pour le moment, nous pouvions avancer l’un à côté de l’autre et cela était très appréciable afin d’entretenir une conversation. Il ajouta que les titres ronflants n’avaient pas à s’immiscer entre nous, nous étions tous dans la même galère après tout.

- « Je suis ravie de pouvoir te tutoyer, cela me faisait vraiment bizarre de te vouvoyer même si dans un certains sens je te dois le respect. Tu restes et demeureras notre chef jusqu’à l’achèvement de notre mission. »

Puis chose plutôt étrange, la conversation dévia vers un sujet qui m’était encore bien douloureux, Salymïa. Il sembla bégayer en en parlant également, était-il autant affecté que moi par sa mort, sans doute. Il avait déjà du croiser son chemin avant cette mission.

- « Salymïa et moi avions commencé à tisser de profonds liens d’amitié. J’avais juré de la protéger des troubles entre elle et Oryash. J’ai pu comprendre durant l’une de nos conversations que les deux jeunes femmes ne s’appréciaient pas beaucoup. Nous avions plusieurs points communs et c’est certainement ce qui nous a rapprochés. Et pour toi ? Tu la connaissais bien ? »

J’avais une idée partielle de la réponse qu’il allait m’apporter mais je voulais en savoir plus à son sujet. Cela me rapprochera un peu plus de son idéal de vengeance envers sa mère.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 11:54 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
Aenaria semble ravie de pouvoir me tutoyer, et m’en fait part. Je suis rassuré de sa réaction, avec un petit rire, je commente sa réponse sur mon statut de chef.

« Ah, je n’ai jamais été fait pour diriger. Je suis un aventurier, épris de libertés. Ce n’est pas sur moi qu’il faut compter pour donner des ordres stricts et avoir une discipline rigide ! »

J’en suis, à vrai dire, complètement incapable. Comment pourrais-je demander à d’autres ce que je ne suis moi-même pas tenu de respecter ?

« Pour le respect, il est mutuel, c’est évident. Nous nous respectons tous, en tant que compagnons. Et j’espère que ce respect durera plus longtemps que cette mission ! »

Un sourire taquin marque un instant mon visage. Je n’ai aucune envie que ces personnes me tournent le dos et me rejettent une fois Rewolf décédé. Mais sa réponse au sujet de Salymïa me fait perdre le sourire, et je redeviens plus sérieux, toujours pris dans le trouble opposant la nécessité de révéler la vie de Salymïa, et de conserver le secret pour ne pas trop les brusquer, les affecter. Je suis néanmoins troublé par son aveu de « profonde amitié » envers l’elfe. Elles ne se connaissent que depuis quelques jours, à peine. Comment peuvent-elles si vite se lier ? Je sais avoir une conception très libertaire, voire même distante, des relations, mais l’amitié n’en reste pas moins quelque chose qui s’acquiert sur de longues périodes… Comme Daïo, comme Fléau.

(Des amis dont tu ne t’inquiètes finalement que trop peu…)

(Ça, c’est mon problème… Nous avons suivis des voies différentes, voilà tout.)

(Ce n’est qu’une excuse, tu le sais…)

Je passe sur ces commentaires troublants, mais vrais, sur ma personnalité, et sur ce qu’ils impliquent en moi, pour répondre à l’elfe.

« Oh oui… Elles ont déjà failli s’entretuer, presque, si je n’avais pas été là pour les séparer. Je la connaissais… comment dire. D’une certaine manière. Depuis peu de temps également. Mais pas intimement. »

En fait, si. Je ne la connais qu’intimement. Son corps, ses désirs, ses envies. Je ne connais rien d’autre qu’elle que sa manière de se donner à un mâle, d’offrir son corps à un autre, dans la promiscuité d’une rencontre charnelle. Mais elle, je ne la connais pas réellement. Émotive, rancunière, instable… Tels sont les traits que je lui placerais d’instinct. Ça, et ses problèmes familiaux. La mort de son père, la trahison de sa mère. Ce qui marque fortement sa vie, pour le moment, en somme.

« Enfin… un peu quand même. »

Bref… comme pour me donner une contenance, et éviter d’en dire davantage sur le sujet, ce qui pourrait en révéler pas mal sur moi-même, je décide de lâcher le pavé dans la mare.

« Elle vit. »

Comme ça, ça sonne carrément bizarre. Aussitôt, je tourne un regard gêné vers l’elfe, et précise.

« J’en suis persuadé. Elle mérite la grâce de sa déesse. Et… heu… et elle mérite qu’on ne parle pas d’elle comme si elle n’était plus. »

Je ne veux pas révéler l’existence de Lysis. Je ne le peux pas. Et si j’affirme son retour à la vie, je dois pouvoir l’expliquer. Puis, me rendant compte que je ne connais toujours pas l’identité de mon interlocutrice, je réitère ma question :

« Et… sinon, comment t’appelles-tu ? »

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 14:59 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Nous continuions d’avancer tout en discutant sur nos montures respectives. Cromax se confia à moi. Il m’expliqua que le fait de diriger des gens n’était pas dans son sang, il a plus ou moins appris sur le tas à accomplir son devoir de chef. Le respect devait être mutuel si nous devions garder un bon esprit et une certaine cohérence dans le groupe.

(Il se dit incapable de diriger, mais je trouve qu’il se débrouille sacrément bien. Chose plutôt étrange pour un elfe gris…)

Il continua de me parler en expliquant que la haine latente entre les deux jeunes femmes a failli les tuer toutes les deux. Une chose que Salymïa s’était bien gardée de me dire. Il m’expliqua qu’il ne connaissait pas Salymïa intimement mais que finalement si. Il se mettait à bégayer pour rien ou bien y avait-il une vraie raison à son comportement ?

Il m’assura ensuite qu’elle vivait. Impossible ! J’avais vu son cadavre brûler ! Cela ne se pouvait, ça défiait toutes les lois magiques et religieuses que je connaissais, mais était-il possible…

(Réfléchis Aenaria, souviens-toi de ton enseignement. Certains héros peuvent revenir parmi nous. Oui mais pas quand le corps est brûlé, c’est totalement impossible, Salymïa est morte.)

Cromax essayait vraisemblablement de me transmettre un message subliminal que je ne le comprenais pas pour le moment. Il préférait qu’on parle de l’hinione comme si elle vivait toujours.

(Dans nos cœurs c’est certain, en tout cas dans le mien.)

Il finit par me demander mon prénom. C’était une manie ou quoi dans le groupe, j’avais vraiment failli à tous mes devoirs durant la réunion de Pulinn… Petite claque intérieure pour me rappeler de le faire la prochaine fois que je rencontre des inconnus.

- « Je suis désolée de ne pas m’être présentée à toi plutôt. Je me nomme Aenaria Imfilem et je viens de Balsinh. »

Petite question personnelle maintenant.

- « Dis-moi Cromax, j’aimerais te poser une question personnelle. Tu as choisi quel voix lorsque tu es devenu un adulte ? »

Et maintenant la question qui me mettra sur la voie.

- « Pourquoi bégayes-tu tant lorsque tu évoques ton passé avec Salymïa ? C’est plutôt étrange comme comportement. »

Je ne voulais pas mettre les pieds dans le plat trop vite. Attendons de voir son prochain mouvement.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 15:19 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
« Hé bien, c’est un honneur que de te connaître, Aenaria. »

Elle a enfin prononcé son nom. Aenaria Imfilem, de Balsinh. Une ville du Naora que, par conséquent, je ne connais pas. Je dois être une vraie exception. Le Sindel ne connaissant pas sa patrie d’origine, et n’y ayant jamais vécu.

(Ou trop peu pour t’en souvenir.)

Le souvenir d’un rêve où je me vois, nourrisson, dans un berceau, me faire enlever par un barbare humain, sous le regard éploré de mes parents, refait surface. Mes parents, eux non plus je ne les connais pas. Pas plus que je ne possède de nom de famille.

(Tu ne le connais juste pas.)

Aenaria décide ensuite de me poser une question personnelle. Une question que je ne comprends que peu. Elle doit sans doute faire référence aux us du Naora, une fois de plus. Je décide d’aplanir les choses directement.

« Je n’ai jamais vécu sur le Naora. Je n’ai pas connu mes parents, ni n’ai eu de voie à choisir chez les Sindels. C’est un Taurion qui m’a élevé. Un ancêtre elfe vert, qui m’a tout appris, sous les frondaisons des arbres de la forêt bordant Tulorim. À sa mort, j’ai rejoint la milice de la ville, et y ai pris du galon. Puis, j’ai vécu d’aventures en aventures, de voyages en voyages. Mais jamais, je n’ai vu les rivages gris. Tahelta, Balsihn. Tous ces noms n’évoquent rien pour moi. »

Rien de plus qu’un passé enfoui trop profondément pour le déterrer d’une traite. Mais je n’ai guère le temps de me complaire de ma situation, car l’elfe embraye sur une nouvelle question, concernant Salymïa, cette fois. Mon trouble a été perçu, et je décide de jouer franc jeu.

« J’ai couché avec elle. »

Mon regard est fixé sur ses iris, non sans une lueur de provocation. De la provocation bonne-enfant, bien entendu. Encore qu’avec une telle affirmation, elle puisse se poser quelques questions sur mon compte. Et elle n’aurait pas tort… je pousse même un peu plus loin l’assertion.

« C’était doux, et torride à la fois. Passionné. Ce feu intérieur ne peut l’avoir quittée. C’est pourquoi je la crois en vie. »

Un demi-mensonge habilement tourné… Je verrai tout de suite si la demoiselle est prude et gênée.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 16:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Effectivement, mes doutes étaient fondés à son sujet, il ne connaissait pas nos coutumes, voilà pourquoi il n’a pas le dirigisme dans le sang. Il n’avait jamais vu le Naora, n’y avait pas vécu. Quelle étrange histoire que la sienne. Il s’était construit une identité sans véritable repère communautaire. Élevé par un Taurion, voilà quelque chose d’original.

- « Si l’occasion se présente un jour, je serais plus que ravie de te montrer les rivages de Naora. »

Puis à ma grande surprise, il ouvrit son cœur au sens littéral du terme en m’avouant qu’il avait couché avec Salymïa. Moi qui croyait qu’elle avait un fiancé à Kendra Kâr, je la découvrais bien libertine. Cromax avait eu le culot de me fixer du regard lorsqu’il me sortit cela. Il ajouta qu’il la croyait en vie parce qu’elle recélait des talents pour l’acte.

- « Tu aurais pu garder les détails pour toi ! »

(Il a simplement voulu te faire partager un peu de ses souvenirs avec toi.)

- « Qui a parlé ? »

(Je suis une voix dans ta tête. Ne t’inquiète pas, tout va bien, tu n’es pas folle.)
(Tu parles dans ma tête, il y a de quoi être fou. Mais d’ailleurs, qui es-tu ?)
(Une faera, pour te servir.)
(Me servir, j’ai du rater quelque chose.)
(Aenaria, sais-tu ce qu’est une faera.)
(Oui, ce sont comme des guides, quelque chose comme ça.)
(Tout juste. Il se trouve que je viens de pas très loin de toi, de la forêt des faeras. Je peux t'aider dans ta quête, il suffit pour cela que tu me donnes un nom.)
(M'aider dans ma quête ? Si tu parles de retrouver mon frère, je ne suis pas contre l'idée d'un peu d'aide maintenant que mon amie est décédée...)
(Ne t'inquiètes pas pour Salymïa, elle va bien.)
(C'est ce que semble dire Cromax également.)
(Il a raison, fais-lui confiance.)
(Crystallia, c'est comme ça que je t'appelle.)

Je vis alors devant mes yeux un petit oiseau bleu apparaître. En regardant de côté, je constatai que Cromax ne le voyait pas. J’étais donc la seule à pouvoir le voir, intéressant.

(Il y a plein de choses comme toi dans le monde ?)
(Oui et plus proche que tu ne le crois !)

L’oiseau disparut alors me laissant de nouveau seule avec mes pensées.

- « Désolée pour ce petit moment d’égarement, mais dis-moi, tu as couché avec Salymïa, et tu sembles très proche d’un certain magicien dans le groupe. Tu sembles mener une vie bien cavalière à mon goût ! »

A mon tour de le regarder dans les yeux et de le provoquer.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 16:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
À sa proposition de gagner ensemble, un jour, le Naora pour qu’elle m’en fasse voir les beautés, j’incline la tête en signe d’approbation. Et c’est avec un sincère sourire que je lui réponds brièvement :

« Ça serait avec plaisir ! J’adore vivre de nouvelles expériences. »

Lorsqu’elle évoque les détails de ma relation charnelle avec Salymïa, je ne peux retenir un pouffement rieur. Si l’objectif de cette conversation était d’alléger les cœurs, c’est réussi pour ma part, même si elle semble un peu offusquée de ma déclaration, et de mes précisions la concernant. Elle est peut-être un peu plus coincée qu’il n’y parait.

(Oh, comme si ce genre de chose t’arrêtait…)

(Mais ! De quoi j’me mêle ?)

Mais elle pose soudainement une question inattendue, demandant au vent qui a parlé. J’ai bien envie de lui répondre que nous parlons tous les deux, mais son regard se perd dans une absence perplexe. Je fronce les sourcils, paré d’un sourire soupçonneux, et lorsqu’elle semble revenir à elle, je l’interroge :

« Tu… entends des voix ? »

Mais alors qu’elle trouvait les détails de ma vie sentimentale et charnelle trop précis, voilà qu’elle en demande davantage encore, non sans que sa phrase comporte un petit encart moralisateur. Je décide de répondre par un sous-entendu plutôt clair sur ce que je pense de cette « vie cavalière ».

« Si j’ai appris une chose, de toutes mes aventures, c’est que la vie est trop précieuse pour ne pas profiter de chaque instant comme s’il était le dernier. Chaque seconde est unique, et si on la laisse filer, elle disparait à jamais. J’en profite donc sans gêne ni regret. »

(Évidemment, tu ne vas pas mettre en avant ton handicap affectif…)

« N’es-tu pas d’accord avec ça ? »

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 17:18 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Il répondit favorablement à ma proposition de lui montrer le Naora, rien ne pouvait me faire plus plaisir que de permettre à un elfe gris de connaître sa contrée d’origine. Cromax me demanda alors si j’entendais des voix, j’avais envie de lui répondre que…

(Oh là, Aenaria, je t’arrête de suite.)
(Qu’est-ce qu’il y a ?)
(Tu ne peux révéler ma présence à qui que ce soit.)
(Pourquoi cela ?)
(Parce que c’est comme ça !)
(C’est pas juste.)
(Il faut que tu comprennes qu’il y a certaines lois immuables sur cette terre, et le fait de ne pas révéler la présence de sa faera à quelqu’un en fait parti, tu me suis.)
(Evidemment, désolée…)
(Ces choses-là arrivent au début, mais tu t’y feras vite.)

Je repris le fil de la conversation avec Cromax qui m’apprit sa façon de voir les choses. Il me déconcerta totalement. J’avais presque envie de descendre de cheval et de lui mettre une bonne paire de claques pour le faire réagir. Vivre sa vie au jour le jour, il n’y avait rien de mal à cela, mais faire du mal au gens qu’il croisait, je ne trouvais pas cela normal, moi qui étais la femme d’un seul homme.

- « N’as-tu aucun sentiment pour penser de cette manière ? A t’entendre on croirait que tu n’as jamais connu l’amour. »

J’étais peut être allée trop loin dans mes propos mais il fallait que ça sorte, autant briser la glace tout de suite et voir ce qu’il y avait en dessous de la surface.

- « Je ne conçois pas de vivre sans amour et je peux te dire que ma façon de vivre avec mon fiancé me plait beaucoup. »

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 17:45 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
Aenaria est visiblement le chantre des esprits engoncés dans des valeurs absconses et normées par une société privative de libertés. Oui, le libertinage est mal vu. Je le sais plus que bien, mais j’en fais ma fierté, et je n’aime rien de plus que de provoquer ceux que je choque.

(Et pourtant, tu aimerais toi aussi connaître l’amour…)

Lysis a raison, bien sûr. Mais l’amour m’a été refusé. Je ne peux ressentir ce sentiment, et j’en veux presque à l’elfe grise d’avoir découvert cette faiblesse en moi. Cette faille. Ces failles, même, puisque pointant mon manque d’amour, elle appuie également sur mon égoïsme. Et tant d’accusations d’un coup me font froncer les sourcils, l’espace d’un instant.

(Tu sais tout ça, Cromax. Tu le sais. Et tu sais que ce n’est pas une faiblesse, mais une force. Rien ne peut te faire flancher, à part la perte de ta propre vie. Et cette vie, tu la préserves si précieusement, et avec tant de force, qu’elle ne risque rien.)

C’est non sans un brin de vigueur combattante que je réponds à la Sindel.

« Je suis aussi satisfait de ma vie de débauche que toi de la tienne, rangée. La différence, c’est que je satisfais plus de monde que toi. »

Mon regard se fait piquant, presque sarcastique.

« Je ne crois pas que Lillith, Salymïa ou les autres aient regretté ne fut-ce qu’un instant de s’être liés à moi par la chair. À se demander qui est le plus égoïste, entre l’amant libertin, et la fidèle épouse… »

Mes mots ont dépassé mes pensées, et je ne m’en rends compte que trop vite. Je baisse les yeux avant de les relever vers Aenaria. Je pousse un soupir repentant, avant de poursuivre :

« Désolé… je crois que… je n’aime pas me sentir jugé sur la seule chose qui me soit donné de connaître, en guise de bonheur… »

Et je lui lâche un sourire triste, avant de me reconcentrer sur les parois de la grotte, éclairées par le sort de l’elfe grise. Le boyau semble s’enfoncer dans les profondeurs de la terre, par une pente douce. L’espace est toujours suffisant pour se promener à deux de front, pour le moment.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 18:03 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Et bien, quelle assurance, monsieur était heureux de sa vie, soit, je n’avais pas à lui enjoindre de se caser avec quelqu’un. Je sentis une pique monstrueuse poindre dans ses propos et j’avais vu juste. Ce fut à la limite de l’insulte et je dus me contenir avec une force impressionnante pour ne pas faire quelque chose de répréhensible à son encontre.

(Calme-toi Aenaria, c’est sa vie pas la tienne.)
(Et bah justement, il n’a pas à attaquer ma manière de vivre !)

Cependant, il sembla pris d’un soudain remord envers ses propos plus que décevant. Je pus sentis un début de dénivellation changeant vers les profondeurs de la terre. Je n’aimais pas ça, pas du tout même.

(Est-ce que tout va bien ?)
(M’enfoncer sous terre me rappelle de mauvais souvenirs, c’est tout.)
(Je suis là si tu veux en parler.)
(Merci…)

Que lui dire ? Il semblait perdu, je me devais de faire quelque chose.

- « Primo, je ne suis pas encore mariée. Deuxio, j’ai eu une aventure il y a peu de temps à cause d’étranges circonstances qui me restent encore à régler... »

(Cette elfe grise qui a osé toucher à mon bien-aimée !)

- « Tertio, je ne suis pas fiancée à la bonne personne. Tu n’as pas l’air très au fait des traditions sindeldi. Normalement, je devais épouser un autre elfe que celui auquel je suis engagée. Mais il se trouve qu’il a été tué dans ma propre maison avec mes parents de la main de mon traître de frère… »

L’évocation de ce souvenir plus que douloureux me fit couler quelques larmes que je fis disparaître du revers de la main. C’était une faiblesse mais perdre ses parents était quelque chose d’extrêmement éprouvant.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 18:23 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
Et je me rends vite compte combien mes mots ont dépassé la réalité. Puisqu’elle n’est ni épouse, ni fidèle, selon ses propres aveux. Pas si rangée que ça, finalement, pour une Sindel formatée par la société stricte du Naora, dont Lothindil m’a déjà décrié la sévérité. Ainsi donc, Aenaria a fauté, et si je la sens si posée sur la défensive, c’est sans doute à cause de cette aventure, qu’elle regrette visiblement. Elle va contre la tradition, certes, mais pas de sa volonté propre. Elle le fait uniquement parce qu’elle n’a pas d’autre choix.

(Je me demande si son cher fiancé sait qu’il est un second choix doublé d’un cocu.)

Elle évoque également la trahison d’un frère, ayant tué son promis primal. Je lâche un éclat de rire triste.

« Ah. Je ne connais rien des mœurs des elfes gris, non. J’en ai été émancipé avant-même d’être conscient de leur existence. Mais ces règles, ces traditions, sont-elles une bonne chose ? Aimais-tu ton promis ? L’aimais-tu plus que ton fiancé actuel ? N’est-cz pas faire souffrir l’un de vous deux, que de vous épouser ? Toi par le regret de l’ancien, ou lui par l’humiliation d’un second choix ? »

Mes questions peuvent sembler amères, mais elles sont sincères. Au moins, mes actes, aussi répressibles soient-ils au niveau de la morale sindel, ou même humaine, n’ont que peu, voire pas de conséquences négatives sur la vie de mes partenaires. Aucun engagement rompu, aucune promesse non tenue. C’est en vue de comprendre ce qui anime les gens, et qui m’est inconnu, que je les pose. J’ai quelque fois l’impression de venir d’un autre monde, quand je vois tout ce qui m’entoure. Ces gens si différents, fussent-ils de ma race.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 18:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Comme je l’avais si bien supposé, il ne connaissait strictement rien aux mœurs sindeldi. Je n’ai connu que cela, voilà un élément qui nous séparait. De toute évidence, il n’avait jamais eu à suivre des règles, dans un sens c’était plutôt bien car il avait une certaine liberté de mouvement. Il me bombarda alors de question sur moi et sur nos traditions mais quelque chose était resté encore en suspens et qui demandait approfondissement.

- « Je pense que je suis la moins capable de te dire si les règles et les traditions sont une bonne chose ou non car contrairement à toi je n’ai jamais vécu sans. »

Maintenant, question plus problématique, Gameleb.

- « Mon promis, car c’est ce qu’il était, était avant tout un ami. Je l’ai aimé mais pas de la manière que j’aime Ehemdim. Normalement, s’il ne s’était pas fait tué, j’aurais oublié mon amour pour Ehemdim. Oui c’est mon véritable amour, mais lui était promis à quelqu’un d’autre. »

(Les traditions sindeldi ou comment s’emmêler les pinceaux !)

- « Non, nous souffrons pas de cette situation. Mon promis est mort et lui a renié sa famille et l’elfe qui lui était promise, Tamia. Nous sommes les plus heureux du monde de pouvoir s’aimer au grand jour. Au final, c’est triste à dire mais la mort de Gameleb me simplifie la vie. »

J’étais en train de bafouer la mémoire de ce dernier, je n’aimais pas mon comportement, mais il fallait faire comprendre à Cromax que l’amour que je porte à Ehemdim était plus fort que tout et que c’était un simple concours de circonstances qui avait fait que la vie nous avait réunie.

- « Pour poser de telles questions, tu n’as certainement jamais connu l’amour, le vrai. Comment est-ce possible de vivre sans amour ? T’est-il arrivé quelque chose pour que ce miracle ne s’opère pas chez toi, de sentir tes pieds se soulever du sol lorsque tu vois la personne à laquelle tu tiens le plus ? »

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Déc 2011 19:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 23 Nov 2008 18:11
Messages: 2963
Localisation: Elysian
Aenaria semble vouloir défendre son avis bec et ongles. Elle tient à sa vie, à sa notion de vie, et ne désire pas en changer. Moi non plus, d’ailleurs, même si nombreux sont ceux qui le voudraient. En l’écoutant, j’en apprends plus sur sa vie, et sur les épreuves qu’elle a traversées pour en finir ici, avec moi, au milieu d’Amants, en quête pour tuer un traître à notre rang. Un autre traître, encore. Comme si le monde n’était fait que de ça, des parjures, et de vengeurs qui comblent les fautes des parjures. Et des victimes des parjures, aussi. Comme si c’était un cercle sans fin… L’un tuant l’autre, avant d’être tué à son tour. Car tout meurtre, fut-ce de la plus vile personne, affecte quelqu’un. Et le vengeur devient parjure. Une rapide analyse de l’un des nombreux paradoxes de ce monde sans pitié, que j’ai décidé en âme et conscience de prendre avec légèreté.

Aussi, je prends avec recul ses questions sur la possibilité que je ne connaisse pas l’amour, l’attachement, et son étonnement de la possibilité de vivre sans. Avec un sourire lointain, bien que sincère, mais sans quitter notre chemin du regard, je lui réponds.

« Je connais le sentiment d’admiration, je suis sensible à la beauté, et je me sens également léger lorsqu’une personne me plait, et que je la croise. En réalité, de l’amour, il n’y a peut-être que le sentiment d’attachement que je ne connais pas. Et… je suis heureux comme ça, ma foi. »

Un constat oral que je fais à moi-même dans le même temps. Je n’y avais jamais songé comme ça, auparavant. J’ai toujours considéré cette absence de sentiment d’amour comme un manque. Mais en fait, Lysis a sans doute raison, comme toujours. L’amour ne m’est pas nécessaire, car je puise ailleurs mon bonheur. Sans doute est-ce incongru, ou inhabituel, mais je n’en ai cure. Je suis comme ça, et, enfin, je suis en passe de l’accepter. D’accepter cette différence qi fait de moi non pas un être sans cœur, mais une personne différente. Et il a fallu une discussion avec une personne tellement dans les règles qu’elle en a fait une valeur, un style de vie, pour m’en rendre compte. Je poursuis, d’une voix plus faible, plus lointaine…

« Je crois que ne pas m’attacher est une protection, une carapace. Sans attache, je ne suis pas déçu de ceux en qui j’ai confiance. Sans attache, je ne suis que moyennement touché des décès, et ça me permet de garder courage, de continuer à me battre pour la vie, pour la liberté. Sans doute nombreux sont ceux qui considèrent ça comme une monstruosité sans nom. Sans doute en fais-tu partie, mais… je suis comme ça. Je n’ai pas connu l’amour parental, ni celui d’aucune femme sur le long terme. Juste de l’admiration, du désir, et son assouvissement. Et pourtant, j’ai connu la perte d’un être cher. Peut-être est-ce d’avoir perdu mon mentor qui m’a fermé à l’attachement… »

J’ai l’impression de divaguer complètement. Le regard perdu dans le vague, j’en prends soudainement conscience, et je me tourne vers Aenaria, troublé.

« Pardon. Je… je dis n’importe quoi, ne fais pas attention. »

Et je remets mon attention sur la route, devenant à nouveau silencieux.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 14 Déc 2011 00:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 18 Déc 2008 03:51
Messages: 3454
Localisation: Quête 34
En pénétrant dans la grotte, j’y vis Oyrash, adossée contre la paroi de la grotte, elle semblait trop faible pour se lever, sa plaie béante saignant toujours. Je la regardai un instant, perplexe, puis me décidai enfin à descendre de cheval. Bien qu’elle ne manifestait que de l’agressivité et de la méfiance à mon égard, je ne pouvais me résoudre de la laisser ainsi dans ce piteux état.
Prudemment, je me rapprochai d’elle et m’agenouillai à ses côtés. Je sortis de mon sac, les derniers bouts de tissus qu’il me restait.

« Vous avez besoin d’un pansement, ça devient urgent. Je vais vous en faire un sans tarder, mais vous devez me promettre de ne pas me griffer. »
Je terminai ma phrase par un petit clin d'oeil, lui signifiant que je ne la narguais guère, mais que je ne songeai qu'à détendre l'atmosphère orageuse qui régnait entre nous deux depuis notre première rencontre.

Ma voix s’était voulue douce, honnête et sincère, mais je redoutais tout de même la réaction de cette femme agressive. De plus, c’était connu, un animal sauvage blessé s'avérait doublement dangereux.

Sans attendre son assentiment, délicatement et avec toute la dextérité qui m’était propre, je tentai donc de lui faire le bandage proposé.

_________________
Image


Dernière édition par Mathis le Mer 4 Jan 2012 15:00, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 14 Déc 2011 01:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 29 Oct 2009 15:25
Messages: 866
Localisation: Quête 33
Lentement, mes yeux s'ouvrent, mes paupières laissent filtrer la lumière naissante du jour, mais pourtant, je ne me lève pas, et reste assis un instant. Si la douleur ne me persuadait pas du contraire, tout comme la vue des cadavres de gobelins non loin, ou encore celle des nouvelles cicatrices ayant fait apparition sur mon corps, je jurerai que tout n'a été qu'un rêve. Hier, j'ai échappé de peu à la mort et je pense que si je suis encore là, ce n'est que grâce à Sire Cromax et aux autres amants. Je prends conscience de la chance que j'ai d'être parmi eux. Je n'ai pas été particulièrement efficace hier soir, ils auraient pu me laisser mourir, me laisser rejoindre le royaume de Phaïtos, mais non. Ils ont décidé de préserver ma vie, de me garder parmi eux. Ma dette envers les amants se renforce, et je doute avoir assez d'une vie pour leur rendre la pareille.

Plongé dans un profond mutisme, je me mets en scelle et non sans une légère grimace, j'ordonne à ma monture d'avancer. Au bout de ce tunnel, ma patrie. Au bout de ce tunnel, l'homme abjecte qui souille ma terre natale. Au bout de ce tunnel, le dénouement final de notre aventure. Je suis fermement convaincu que nos efforts seront couronnés de succès, mais ce dont je doute, c'est de mon utilité. J'ai été incapable de protéger Messire Cromax efficacement contre des gobelins, comment le pourrai-je contre Rewolf Grantier et ses hommes ?! Pourtant, je me refuse à abandonner. Mon destin est de continuer cette aventure et s'il le faut, de mourir pour notre capitaine.

Mais alors que nous progressons non sans quelques difficultés, je ne peux m'empêcher d'écouter la conversation qu'entretient Messire Cromax avec Dame Aenaria. Je capte chacun des mots qui est prononcé et je me retiens d'intervenir, ou plutôt, je me retenais, car c'est plus fort que moi. J'en suis d'ailleurs fort heureux. Il y a quelques temps, jamais je n'aurais osé adresser la parole comme ça à qui que ce soit.

"Pardonnez moi de m’immiscer dans votre conversation de la sorte, mais j'ai une question Dame Aenaria. Pensez-vous que l'amour comme vous semblez vous l'imaginer est nécessaire à toutes personnes ? Pensez-vous vraiment que c'est un impératif pour vivre heureux ? Si oui, votre esprit est, je suis navré de le dire, bien étroit. Pour ma part, je comprends Messire Cromax. Je ne vis pas dans le but de trouver l'amour que vous décrivez, et je ne pense pas pouvoir le ressentir non plus. Messire Cromax aime les gens à sa manière, mais doit-il pour autant abandonner sa liberté pour eux ? Je ne crois pas. Chacun est libre d'aimer comme il le désire, car l'amour n'a pas qu'une seule façon de se matérialiser. Messire Cromax aime sa liberté, il aime ce qu'il est et même s'il dit le contraire, il peut aussi aimer autrui..."


Faisant une petite pause dans mon laïus sans doute barbant pour mes interlocuteurs, je me tourne vers Cromax avant de reprendre.

"Hier, je vous ai entendu Messire Cromax. Vous sembliez touché par le sort qui m'était soi disant réservé. Vous semblez tout aussi touché par la mort de notre compagnonne. Je pense que sans vous en rendre compte, vous vous attachez à ceux que vous côtoyez. Sans même vous en rendre compte, vous tissez des liens invisibles. Je n'ose pas insinuer que vous éprouvez quelque sentiments pour moi, mais mon sort, notre sort à tous, est loin de vous laissez indifférent, peu importe comment vous tournez et cachez les choses. Le Destin nous a tous rassemblé en ces lieux, Rana et Zewen ont fait en sorte que nos chemins se suivent. Nous sommez tous liés. Je sais que vous n'approuvez pas ma vision des choses quand au destin, mais admettez au moins qu'il y a des choses que vous ne pouvez contrôler, peu importe ce que vous faites. Vos sentiments sont réels, différents de ceux que décrit Dame Aenaria, mais ils sont bel et bien là, vous ne savez juste pas comment les interpréter."

Je penche la tête sur le côté pour éviter un énorme stalactite et je regarde tour à tour Seigneur Cromax et Dame Aenaria. J'ai parlé plus que je ne l'avais jamais fait et je me sens un peu gêné de m'être ainsi immiscer.

"Euh....Excusez-moi, je ne voulais pas être aussi...."

Ah, les mauvaises habitudes....

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 14 Déc 2011 10:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Dim 16 Mai 2010 15:20
Messages: 7731
Localisation: Kendra Kâr
Cromax sembla prendre son temps pour écouter tout ce que j’avais à lui dire sur ma petite vie, qui se trouvait être bien compliqué.

(Plus que je ne l’aurais imaginé…)
(Ce n’est pas ta faute, Aenaria.)

Crystallia avait raison, je n’y étais pour rien dans cet umbroglio après tout. Cromax reprit la parole pour m’expliquer qu’il n’y avait que l’attachement envers une personne dont il n’avait jamais fait l’expérience. Le fait de ne pas s’attacher était pour lui un moyen de se protéger, de ne pas avoir peur de souffrir et pas seulement sentimentalement. Cela lui évitait le chagrin du à la perte d’un être cher, lui permettait de n’avoir aucune attache et de vivre librement, allant d’aventures en aventures. Il se qualifia de monstre, alors qu’en fait je le comprenais. Pas d’amour parental, pas d’amour d’une femme durant une longue période, juste assouvir ses pulsions. Il termina en disant que c’était la perte de son mentor taurion qui l’avait certainement transformé en cet elfe sans cœur.

Il me regarda et ajouta qu’il disait n’importe quoi alors que je trouvais que ces paroles étaient censées, un peu d’introspection ne faisait jamais de mal à personne. Il finit par retomber dans le mutisme et ce fut alors l’apparition du jeune guerrier derrière moi qui ajouta son petit grain de sel dans notre conversation. Apparemment, il nous avait suivi depuis notre entrée dans la grotte et choisit ce moment précis pour donner son avis sur la question. Il me posa des questions et porta un jugement sur mon point de vue, au final c’est lui qui avait l’esprit étriqué, et non moi. C’était à mon tour de plaider ma cause maintenant.

- « D’abord, inutile de m’appeler Dame Aenaria, juste Aenaria, c’est amplement suffisant jeune guerrier. Ensuite, je n’ai jamais dit que ma conception de l’amour devait s’appliquer à tout le monde, loin de là. J’ai simplement dit qu’une vie sans connaître le véritable sentiment de l’amour était une vie vide à mes yeux. Cromax m’a expliqué sa façon de voir les choses et je conçois que sa vie n’est pas été simple. Dans un sens je comprends sa démarche, ne pas vouloir trop s’attacher pour ne pas souffrir. J’ai choisi de vivre de manière contraire, mais c’est mon choix. »

Ce jeune ynorien méritait une petite leçon de savoir vivre et j’allais m’empresser de la lui donner.

- « Quoi qu’il en soit, je vous trouve bien présomptueux pour porter de tel jugement alors que vous avez vécu si peu de temps. Cromax et moi avons vécu plus de temps que vous et avons dans un sens plus d’expérience. J’ai ma manière de vivre et Cromax la sienne, je n’ai jamais dit que ma manière de concevoir la vie était parfaite. J’ai du passer ma vie à suivre les codes d’une société qui peut paraître rigide à n’importe quel observateur extérieur. C’est en cela que j’admire Cromax, car il n’a jamais eu à faire ce que ses parents attendaient de lui. »

Je me sentais déjà beaucoup mieux maintenant que je m’étais libérée de ce poids. J’avais pris soin de prendre des gants avec ce jeune garçon, espérons qu’il ne prendrait pas la mouche.

- « Néanmoins, je pense que ce que dit Duncan est juste. Cromax, tu as beau dire que tu ne t’attaches à personne mais le sort des personnes qui sont dans ce groupe semble t’affecter au-delà de ce que tu penses. Tu n’es pas dénué de sentiment, tu ressens de la compassion à l’égard de Duncan, de la tristesse par rapport à Salymïa, ceci me prouve que tu es capable d’aimer, certes à ta manière mais tu en es capable. Tu n’es juste pas capable de le voir pour le moment, ce jour viendra certainement, j’en suis sure. »

Je posais une main tendre et amicale sur son avant-bras pour lui prouver que je n’avais aucun ressentiment pour lui.

- « Duncan, tu n’as pas à t’excuser pour dire la vérité, c’est une vertu mais la prochaine fois, prends des gants ! »

Je partis d’un rire franc afin de briser totalement la glace et de faire disparaître les tristes sentiments qui s’étaient installés dans notre conversation.

_________________


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 579 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 ... 39  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016