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En réaction à mes propos sur Aenaria, qui ne se voulaient en rien un jugement, mais plutôt un rappel à l’ordre suite à un commentaire pouvant être mal interprété Duncan enfonce le clou en comparant sa propre vie à celle d’Aenaria, en disant que lui aussi, tout comme elle, a été élevé selon des codes stricts, des lois rigides. Il ne fait qu’exemplifier mes propos d’ouverture, leur amenant une conclusion tout à fait correcte : nul ne peut se vanter de connaître les secrets de la vie, qu’il soit humain, elfe, ou dieu. Chacun ne connait que sa propre existence, et, bien souvent, manque de recul face à elle.
À mon démenti sur mon manque de sentiment, il ajoute des excuses sur sa manière d’aborder les choses. Je lève aussitôt la main avec un sourire, pour lui affirmer qu’il n’y a eu aucune offense, et que je ne faisais que préciser mon point de vue face au sujet discuté, mais je n’ai guère le temps de prononcer le moindre mot que les deux, le sourire et la main, retombent tout aussi vite. Car Aenaria affirme avec colère et rage que nous l’avons mal comprise. Elle me toise de toute sa colère pour me remettre rudement à ma place quant à ma manière de donner des leçons de morale qu’elle ne comprend visiblement pas, puisqu’elle en donne aussitôt un exemple erroné, sans doute sous le coup de la colère.
Elle enchaine, fielleuse, en déversant sa rage contre Duncan, tout en le snobant une fois de plus sur son soi-disant pauvre petit vécu d’humain par rapport à sa longue vie d’elfe bien remplie. Car sitôt qu’elle a fini de déverser sa rage, elle fait montre d’une réaction montrant toute la valeur de son enseignement strict, de sa grande maturité agrémentée au long de chaque année de sa longue vie : elle stoppe son sort de lumière, nous plongeant dans l’obscurité du tunnel, et dans un embarras notoire. Je fronce les sourcils, mécontent de cette réaction vive et coupant court à toute discussion.
(Mais qu’est-ce qu’elles ont, les Amantes, à être si soupe-au-lait ? Après Oryash la sauvage, Salymïa l’instable, voilà Aenaria la colérique ! Est-ce pour me mettre à l’épreuve que Pulinn est allée dénicher de si mauvais caractère ?)
(Ahah, non ! Pulinn ne devine pas le caractère des personnes qui rejoignent le temple. Ce n’est qu’une coïncidence.)
(Troublante coïncidence, tout de même. Avec des personnes si changeantes à mes côtés, le péril de cette mission n’en est que plus grand ? Et si elles se mettaient à être rancunières, et décidaient, au dernier moment, de rejoindre la facilité, et Grantier, et de me planter une dague dans le dos ?)
(Ce sont des personnes d’honneur, et tu le sais. Sauf Oryash, peut-être, qui n’est que sauvagerie. En ce point, elle te ressemble plus que quiconque ici.)
Ma joie m’est retombée, et il est clair que je n’ai plus aucune envie de faire l’annonce de la survie de Salymïa, maintenant. Sans un mot, sans un commentaire, je plonge une main dans ma bourse pour en ressortir la pierre scintillante que j’ai trouvée sur Gramenou. Elle luit toujours d’une lumière puissante, qui éclaire tous les alentours de ce passage sous la montagne. La pente est toujours douce, et le parcours n’est que peu sinueux, pour l’instant, s’enfonçant toujours plus dans la montagne.
Je ne vois pas que dire, après un tel éclat de colère. Aussi, je garde le silence, me concentrant sur le chemin que nous empruntons, sans plus regarder ma voisine. J’accélère même un peu la cadence de mon destrier pour passer devant elle, et laisser Duncan la rejoindre s’il en a l’envie. Ou me rejoindre en la dépassant aussi… Peut-être le guerrier-érudit a-t-il une formule diplomatique pour calmer les rages féminines.
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Dernière édition par Cromax le Jeu 15 Déc 2011 15:00, édité 1 fois.
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