L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 23 Oct 2011 10:30 
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J’ai été naïf de croire qu’une telle expédition passerait inaperçue dans les montagnes, comme ça avait été le cas lors de ma première traversée de cette région. Mais alors, j’étais à pieds, et en seule compagnie de Sidë. Là, nous sommes huit aventuriers, tous montés sur de fougueux destriers. Un nombre qui, malgré tous les efforts du monde, ne peut passer totalement inaperçu auprès des oreilles des sentinelles gobelines, ou de leurs yeux acérés. En les voyant ainsi nous jaillir dessus en si grand nombre, tellement grand que je ne peux les compter, je présume qu’ils préparent cette attaque depuis plusieurs heures, maintenant. Une petite troupe a dû nous suivre, et prévenir le ou les camps environnants d’envoyer toute leur force de frappe pour assaillir cet imprudent groupe d’aventuriers. Il est vrai que, ne fut-ce que par nos montures et nos équipements, nous formons une cible de choix pour ces pillards des montagnes. Hélas, notre prestance n’a d’égal que notre force, et si ces faibles et lâches créatures savaient qu’ainsi parés, nous partions en guerre, ils se seraient ravisés de nous attaquer, fut-ce de nuit, à la traître.

Autour de moi, c’est la panique. Les Amants se réveillent en sursaut, à mon cri, et se parent de leurs atours, armes ou protection, à la va-vite et dans le désordre. Il n’y a guère le temps de s’appesantir : ils sont sur nous. Et alors que je dégaine ma précieuse rapière, et mon arme métamorphe qui prend, pour l’occasion, la forme d’une superbe hache à la lame aux reflets bleutés, je reçois le premier coup de mes ennemis. Vif et agile, un gobelin armé d’une lance s’est rué sur moi pour planter son arme droit dans mon pectoral. Heureusement, mon armure est assez solide pour parer son assaut, et même si le coup me provoquera une ecchymose, mon sang ne se répandra pas cette fois. Un coup vertical de ma cognée fend en deux parties symétriques le crâne de l’assaillant, dont la cervelle explose salement sous l’impact. Mais je n’ai guère le temps de me satisfaire de ce puissant coup dévastateur : trois autres gobelins sont déjà sur moi, à tenter de me frapper de leurs gourdins, longs couteaux rouillés et épée émoussée. Je pare les coups sans difficultés, mais sitôt que j’essaie d’attaquer, trois nouvelles créatures geignardes à la peau verte apparaissent pour me faire subir leurs assauts incessants. Bien vite, et n’ayant pas le temps de porter le moindre coup sans être menacé d’en recevoir cinq autre, je me retrouve cerné d’une dizaine de sektegs rieurs et sauvages, poussant des cris guerriers aigus et de petits grognements satisfaits. Tour à tour, par paire ou par trio, ils tentent de m’assaillir. Deux de front, un de dos. Et parfois, un quatrième de côté. Je ne peux éviter ou parer tous leurs coups, et rester ainsi sur la défensive m’exaspère lourdement, alors que je sens en moi la colère du combat monter. Celle du combattant qui, reclus dans une position où il ne peut que se défendre, s’impatiente à tuer, à répandre le sang. La rage du meurtre guerrier.

Alors que les coups pleuvent, je n’en peux plus, et profite d’une brèche formée par une attaque peu efficace d’un gobelin armé d’un trident rouillé pour transpercer celui-ci de ma rapière, tout en lui arrachant les jambes d’un coup de hache rotatif. Évidemment, le résultat s’en fait ressentir : l’instant d’après, de nombreux coups meurtrissent mon dos, ne faisant qu’égratigner faiblement ma peau, ou se faire repousser par mon armure.

Je me retourne alors vivement, en hurlant ma rage, dans un puissant tournoiement de ma hache de guerre, qui tranche les chairs des petits êtres verts sans leur laisser la moindre chance de s’en sortir. Le sang gicle, les os se fracassent, la chair se déchire. Les cages thoraciques explosent sous l’impact de mon arme puissamment envoyée. C’est sale, et je suis maculé du sang de mes ennemis. Mais je n’ai pas le temps de m’en socuier dvantage, car il en vient toujours plus. Ma hache coupe bras, jambes et têtes, alors que ma rapière transperce avec précision le cœur ou la cervelle de mes ennemis. C’est une vraie boucherie sans nom, un massacre. Et tout autour, les corps s’amoncellent ignoblement, alors que du côté des amants, les combattants tiennent bon. Rudement mis à l’épreuve, mais sans ployer sous l’assaut. Ma rapière traverse un corps dans son axe vertical, clouant un gobelin fébrile armé d’un poignard rouillé, sur le sol caillouteux de ces montagnes. À tel point que ma main touche son cuir chevelu transpercé sans considération. La pointe de mon arme plantée dans le sol, je me mets à courir en cercle autour de cet axe macabre, cognée tendue à bout de bras pour trancher le moindre membre, la moindre vie qui tenterait de s’approcher. Et les gobelins le comprennent vite. Rapidement, un cercle vide se forme autour de moi, bordé par les combattants n’osant plus m’approcher. Seuls les cadavres m’entourent, et leurs os craquent sous ma course oblongue. Mais… les peaux-vertes n’ont pas dit leur dernier mot : plusieurs flèches et dards pulsent dans ma direction, m’atteignant parfois sans trop de dégâts. Je suspecte néanmoins certains d’être empoisonnés, car la tête commence à me tourner, et la transpiration rance et désagréable synonyme d’une fièvre naissante s’empare de moi. Je ne peux tenir plus longtemps sous ces assauts à distance : de défenseur, je dois devenir assaillant. À moins de me laisser meurtrir et mourir lentement par le poison qu’ils m’envoient dans les veines. À moins de vouloir leur laisser ma vie…

(Hors de question !)

Serrant les mâchoires, et passant outre le fait que mes yeux se voilent d’une brume floue, je me lance au hasard vers un point du cercle, mes deux armes en avant. Et je tranche de plus belle, et je transperce, et je coupe, et je broie. Et lentement, ma vision me revient normale, comme si le poison avait été annihilé par une force supérieure, par un pouvoir inconnu… Ma conscience s’éclaircit, et leur venin n’a plus aucun effet sur moi… Je comprends rapidement pourquoi, grâce à l’intervention de Lysis…

(Ton diadème. Il a des capacités de reflux du poison. Nul venin ne peut t’atteindre…)

Les sektegs semblent ébahis de ma vaillance, de ma hargne et de ma résistance à leur poison infect. Ils paraissent décontenancés, un instant, alors que je les réduits un peu plus en bouillie sanguinolente, en tas de chairs sans vie. Et puis, assez rapidement, ils se rendent à l’évidence : ils sont trop faibles, même nombreux, pour venir à bout de nous. Alors, un cor rauque sonne, et tous les petits êtres verts se mettent à courir, à faire demi-tour habilement pour détaler comme des lapins. Ils sonnent la retraite. Mais je refuse de les laisser fuir de la sorte. Ils nous ont attaqués sans pitié, sans honneur, dans notre sommeil. Ils doivent périr, désormais, tous autant qu’ils sont. D’autant que désormais, ils savent qu’un groupe d’aventuriers tente de traverser les montagnes en direction de l’Ynorie. Je ne peux laisser ma prudence de côté, même s’il est peu probable qu’ils aient le moindre rapport avec Grantier. Ma rage m’aveugle de toute façon, et je ne veux que leur trépas… Courant moi-même vers mon destrier, je hurle à mes compagnons :

« Aux chevaux ! Tuons, tuons ! »

Je n’ai guère le temps de m’étendre plus en consignes précises et raisonnées, au cœur de cette terrible mêlée fuyarde. Il n’y a pas une seconde à perdre, pour rattraper ces fuyards et les clouer au sol. Pour les suivre jusqu’à leur campement, pour mettre celui-ci à bas.

Furieux, je grimpe sur Lune et la lance au galop vers le point de fuite de ces bandits à la peau verte. Ils ne passeront pas la nuit, je m’en fais la promesse.

« Yaahaaaa ! »

La célérité de ma monture a tôt fait de rattraper mes plus lents, que je dépasse en en décapitant un, sans même voir si mes suivants ont obéi à mon ordre…

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 23 Oct 2011 18:03 
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Nous nous arrêtons tous et chacun vaque à ses occupations. Tranquillement, j'installe ma couche près de ma monture que je viens juste d'attacher et sans un mot, je déguste un repas frugal, constitué d'un bout de pain et de quelques morceaux de viande séchée et je m'allonge. Les mains derrières la tête, je contemple le ciel étoilé, pensant encore une fois à tout ce qui vient de se passer et tout ce qui se passera encore et sans m'en rendre compte, je tombe dans les bras de Zewen, sans aucune résistance et surtout...sans aucune crainte, car Sire Cromax monte la garde.

***


Oui, Sire Cromax monte la garde, et fort heureusement pour nous, car nous sommes tous réveillés en sursaut par les cris de ce dernier, qui nous intime de prendre les armes. Instinctivement, ma main se pose sur le manche de Suisei avant même que je ne sois parfaitement réveillé et lorsque je retrouve enfin la pleine possession de mes moyens, que le sommeil n'a plus aucune emprise sur moi, je peux voir ce qui se passe. Nous sommes attaqués par une troupe de gobelins. Je ne sais pas dire combien ils sont, mais l'affrontement est inévitable. D'ailleurs, mes compagnons sont déjà en train de se battre et à les voir faire, je crains ne pas être à la hauteur de mon titre de "guerrier". Ils sont tous tellement efficace, tellement fort, les gobelins tombent comme des bouloums sous leur coups précis et puissants, je ne sais pas si je vais être à la hauteur.

Pourtant, je n'ai pas le temps de rêvasser et de me poser des questions, car une des ces immondes créatures vertes fonce sur moi. Cette chose fait la moitié de ma taille, est rachitique, simplement armée d'un cimeterre rouillé, mais je sais que le combat ne sera pas aisé. Le sekteg est rapide, et sa petite taille, étrangement, est un avantage contre moi, mais je dois me battre. Je ne veux pas mourir, pas maintenant, je ne veux pas que cette créature blesse mes compagnons et étriper la bestiole verte ne peu être qu'une bonne chose. Ces immondes bestioles à la solde d'Oaxaca pour la plupart, ont trop souvent menacé les Ynoriens est les remparts de la cité d'Oranan, avec leurs compagnon Garzoks. Si je peux en tuer ne serait-ce qu'un, je dois le faire, sans hésiter.

C'est donc avec hargne que j'abats mon arme en direction du crâne du gobelin, mais comme je m'en doutais, il esquive le coup sans difficulté, pourtant, il ne cherche pas à m'attaquer, comme s'il jouait avec moi, il me regarde d'un air plein de cruauté, émettant de petits cris ridicules propres à sa race. Ma lame fend les airs dans tous les sens et à chaque fois mon adversaire évite mes assauts. Mais je ne me laisse pas abattre et continue de l'attaquer, sans faiblir, sans retenir ma force, jusqu'à que je me rende compte d'une chose. Le gobelin ne jouait pas avec moi, non, il attendait. Il ne faisait que patienter, gagner du temps, pour laisser les temps à un de ses compagnons de me contourner. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Pourquoi a-t-il fallu qu'une lame vienne déchirer mon dos pour que je m'en rende compte ? Je ne suis qu'un imbécile et maintenant je suis même plus que ça: je suis un imbécile blessé et encerclé par deux...que dis-je trois gobelins.

La situation se complique. Car se battre contre un gobelin qui ne fait qu'éviter les coups c'est une chose, mais affronter trois d'entre eux et cette fois-ci, devoir parer leur assauts, c'est une autre paire de manche. Tant bien que mal, je parviens à éviter et bloquer quelques attaques, mais je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. Soudain, le premier gobelin fonce sur moi et parvient à me déchirer l'abdomen. Et c'est alors par deux fois que al chance me sourit. Premièrement, la blessure n'est pas très profonde, et deuxièmement, je parviens à agriper la créature verte de ma main gauche. Elle hurle et tente de me mordre à plusieurs reprises, mais d'un geste puissant, je lui enfonce la lame de mon Guandao dans la bouche, lui perforant l'arrière de la tête, avant de laisser tomber la créature inerte sur le sol. Je commence à bouillir de rage, à perdre mon calme, ce qui n'est pas dans mes habitudes et c'est le visage maculé de sang gobelinique, crispé par la colère, que je me tourne vers me deux autre adversaires en hurlant.

"Raaaaaaaaaaaaah"

Faisant tournoyer mon instrument de mort au-dessus de ma tête, je continue de hurler en m'avançant vers les deux sektegs. Ils me regardent tous deux avec une expression étrange avant de me sauter dessus, non pas pour me perforer de leurs armes, mais pour me mordre. Et me voilà maintenant avec un gobelin sur la jambe gauche et un autre sur le bras droit grâce à leur mâchoires. Je peux voir mon propre sang couler le long de leurs dents et de leur visage. La douleur est forte et je peux difficilement bouger. J'ai beau frapper de toutes mes forces sur le gobelin accrocher à mon bras, il refuse de lâcher prise et je perds de plus en plus de sang. Mais je ne dois pas perdre, il en va de mon honneur. Je décide alors de faire une chose proprement immonde. De ma main gauche, j'attrape la tête du sekteg accroché à mon bras et je lui plante d'un coup sec un doigt dans chaque oeil, les crevant littéralement. Il lâche immédiatement prise et se roule par terre, hurlant pour exprimer sa douleur. Pendant ce temps, ma jambe est toujours en train de se faire déchiqueter et la douleur est telle que je peine à lever mon imposante arme. De mon bras blessé, je brandis ma lance et vient la planter d'un coup sec dans le corps frêle du dernier sekteg.

Il ne reste plus que celui aux yeux crevé qui se roule toujours par terre. J'ai beau ne pas aimer ces créatures, je ne peux pas la laisser souffrir inutilement. J'ai remporter la victoire, c'est suffisant. D'un geste rapide et puissant, je décapite le gobelin et l'envoie rejoindre le monde de Phaïtos.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 29 Oct 2011 15:15 
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Après m’être résolu à extirper ma lame de ce corps vert désormais sans âme, je levai les yeux afin d’examiner sommairement la scène du combat. Occupé à défendre ma vie, je n’avais pu examiner autant que je l’aurais voulu mes nouveaux compagnons à l’œuvre.
Cette bataille entre les nabots verts et la troupe de l’elfe gris me permit tout de même d’évaluer le courage et la force au combat de ces derniers. Loin d’être les moins habiles, usant de souplesse et d’agilité, les deux femmes étaient des combattantes aguerries, tant Oryash grognant de plaisir et usant de ses griffes que l’elfe aux cheveux rose qui faisait virevolter son épée avec dextérité. La bataille ne semblait pourtant pas aussi évidente pour le grand homme blond, celui-là même qui un peu plutôt, j’avais pris pour le chef de la petite équipe. Malgré tout, ce dernier ne baissait pas les bras et avait finalement remporté l’affrontement contre ses assaillants. Les plus remarquables furent sans aucun doute Lilith et Cromax. Le premier, il va sans dire un mage puissant, utilisait des pics et des pieux de glace pour vaincre ses adversaires. Il poussa son art jusqu’à provoquer des rafales de milliers flocons de neige. Le second n’était pas en reste, maniant avec expérience une rapière d’une main et une magnifique hache aux reflets bleutés de l’autre. Ses lames décapitaient les créatures indésirables aussi facilement qu’un couteau chaud traverse du beurre ramolli.
Et puis, il suffisait de regarder le nombre de cadavres de Segtek qui jonchait le sol pour constater que nous avions le dessus.

Dans ce branle-bas de combat, une opportunité s’était offerte à moi, celle de fuir. Rien n’aurait été plus facile que de prendre la poudre d’escampette, puisque tous les membres de cette troupe étaient occupés à assouvir leur instinct meurtrier. Mais l’idée de déguerpir ne me séduisait guère, cette région étant trop infestée d’affreux gobelins. Seul, ma vulnérabilité restait indéniable, je risquais de devenir une victime potentielle pour ces petites mochetés sans manières. Je n’eus donc pas besoin de réfléchir longtemps pour me rendre à l’évidence, j’assurerai ma sécurité en demeurant aux côtés des hommes de main de Cromax.

Bien qu’en supériorité de nombre, constatant enfin leur infériorité en matière de combat, les peaux vertes décidèrent de battre en retraite. C’était sans compter le dénommé Cromax, qui tel un vrai chef de guerre enivré par la rage meurtrière propre aux vrais guerriers, n’était pas prêt à en terminer si promptement. Grimpant prestement sur sa monture quasiment toute noire, il nous pressa à l’imiter afin de poursuivre le massacre.
Au grand regret de feu mon père, je ne possédais pas cette flamme, ce feu sacré qui incite les soldats à combattre sans relâche au risque de leur vie. Je me préoccupais davantage de sauver la mienne, mourir en héros ne m’inspirait guère. Je regardai donc partir Cromax ainsi que quelques-uns de ses complices, sans faire un mouvement pour les rejoindre, me penchant plutôt vers un cadavre encore tout chaud afin de le dépouiller de ces petits trésors. Du coin de l’œil, je vis Oraysh, cette elfe hargneuse qui n’appréciait pas ma présence au sein de leur groupe. Tout comme moi, elle n’avait pas enfourché sa monture et préférait sans doute piller les cadavres tout en me surveillant d’un œil, prête sans doute à me griffer au moindre faux pas de ma part.

Comme de petites bêtes sauvages qui fuient des prédateurs dangereux, les gobelins se dispersaient et disparaissaient dans la forêt, espérant probablement échapper ainsi au massacre. Mon attention fut heureusement portée sur l’un d’eux, ou plus précisément sur ce qu’il portait en bandoulière, une besace qui ressemblait étrangement à la mienne. Soudainement envahi d’un doute, je jetai un rapide coup d’œil vers ma couche pour constater que mes biens n’y étaient plus.

(Maudites soient ces monstrueuses et insignifiantes crapules !)

En toute hâte, j’amorçai un mouvement vers ma jument pour l’avorter aussitôt. Le temps de seller ma monture et le misérable voleur se serait évanoui dans la nature. C’est ainsi que voulant récupérer ma propriété sans tarder, je me décidai de le pourchasser à pied. Ce laideron court sur pattes ne pouvait vraisemblablement me semer puisque chacune de mes enjambées valait facilement deux des siennes.

Convaincu de le rattraper, je me mis à sa poursuite. Étant citadin et donc peu habitué au sol inégal parsemé d’embûches que constitue celui d’une forêt, je ne fis pas attention à la racine qui sortait de terre. Épaisse et résistance, elle ne céda pas et mon pied se logea sous elle. Je perdis alors l’équilibre et tombai à genou, utilisant heureusement mes mains pour amortir ma chute et surtout pour éviter à mon visage de heurter le sol. Toujours habité par l’espoir de rattraper ce mécréant, je me relevai aussitôt et repartis de plus belle.
Comme si la nature venait en aide à ce disgracieux avorton en plaçant des obstacles sur mon passage, dans ma course folle, une centaine de mètres plus loin, je me heurtai le front à une branche trop basse qui avait échappé à ma vigilance. Légèrement sonné, mais toujours debout, je repris ma poursuite, plus déterminé que jamais. Malgré les quelques revers rencontrés, je réussis à réduire considérablement la distance qui nous séparait, si bien en fait, qu’il me suffisait d’allonger le bras pour m’emparer de ce qui m’appartenait.

«Je te tiens sale voleur !»

À peine ces quelques mots prononcés que le gros gobelin retira mon sac de son épaule. Alors que je croyais qu’il constatait sa défaite et qu’il s’apprêtait à me rendre mes richesses, celui-ci me nargua par son affreux sourire avant de lancer le fruit de son larcin à son compère maigrichon qui se trouvait une dizaine de mètres à sa droite.
Obnubilé par la pensée de reprendre mes précieux effets, je bifurquai donc sans attendre vers ce second vaurien vert. Je n’eus pas davantage de succès, apparemment fier de leur petit manège, le segtek attendit que je m’approche suffisamment de lui pour retourner le paquet à l’envoyeur. Cette fois, je vis rouge et fonçai droit sur le premier, ma lame argentée dégainée. Me voyant arriver ainsi en trombe, il se dépêcha de relancer mon sac à son maigre compagnon, croyant que j’allais une fois de plus me faire prendre à leur petit jeu. C’était ignorer ma vivacité d’esprit, puisque ce coup-ci je ne changeai point ma trajectoire et filai droit sur cette vermine dont les yeux exorbités trahissaient une peur sans borne.

Aveuglé par le désir de vengeance et par mon orgueil blessé devant ces minables moqueries, arrivé à la hauteur de ma victime, je fis un bond et plantai mon couteau argenté droit dans son misérable cœur. Je le retirai ensuite, le laissant à l’agonie sans prendre le temps de l’achever, trop désireux de rejoindre l’imbécile qui s’enfuyait avec mes richesses.

Déterminé à en finir, je me ruai vers ce petit être malfamé et le rattrapai plus rapidement que je ne l’avais espéré, et ce sale bâtard m’eut à ses talons en un rien de temps. Plus vif et agile que le précédent, mais surtout un peu moins idiot, il bifurqua vers un rocher situé à sa droite, espérant m’échapper en se faufilant dans une anfractuosité. Plus petit que moi, il croyait sans doute parvenir à s’y engouffrer, me laissant là bredouille.

C’est au moment précis où il allait m’échapper que je l’attrapai par le capuchon de sa miteuse tunique brune, et tirai brusquement vers l’arrière. Mon arme blanche rangée à ma ceinture, de ma main libre, je lui flanquai un premier coup de poing dans le visage, puis un second, et encore un. Je continuai ainsi jusqu’à ce que mes jointures me fassent mal. Le gobelin défiguré n’étant plus qu’une poupée molle sans vie depuis un bon moment déjà. Je laissai tomber la dépouille et récupérai mon bien.

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Dernière édition par Mathis le Sam 10 Déc 2011 04:11, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 29 Oct 2011 21:13 
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Je dépensais trop de ma puissance magique et je pouvais sentir mes forces diminuer. Si je continuais ainsi, j’allais finir sans puissance et débordé par la masse des segteks m’entourant. Je me décidai alors pour user le sortilège si particulier de la colère du mage. Par le passé, j’avais pu voir mes capacités martiales grandir par ce biais. Plongeant au plus profond de mes entrailles, je remuai mes fluides pour les focaliser vers les forces bestiales qui hantaient les flancs des monts nosvériens. J’en appelai au peuple des neiges, les yétis, bénis par Yuia pour vivre dans son monde de glace.

Les fluides me connectèrent à nouveau à ces forces chargées d’un instinct belliqueux hors du commun. Mes yeux s’assombrirent, un pelage épais d’un blanc neigeux poussa subitement sur ma peau et une rage gonfla dans mon esprit. Mais plus que cette violence latente qui ne demandait qu’à s’exprimer, je me sentais capable de mouvements d’esquives et de méthodes d’assaut que je voyais d’un point de vue extérieur uniquement auparavant. C’est comme si je passais de spectateur à acteur dans l’art du combat et je savais intuitivement comment bondir vers le misérable peau-verte face à moi, faire un pas de coté pour me décaler et plonger vers lui pour le transpercer en passant outre ses parades… Mais il me manquait une arme et aussitôt cette pensée effleura mon esprit que Yuia répondit à mes prières et je pus invoquer une épée de glace en mobilisant mes fluides en un fil aiguisé depuis ma main.

(Merci ma déesse. Ta puissance est sans limite…)

Je fis quelques moulinets avec ma lame pour écarter les segteks, puis me jetai en avant dans un pas en ciseau pour plonger la pointe de mon épée dans un de ceux qui n’allait pas reculer assez vite, mais mon estoc rencontra seulement l’air. Leur supériorité numérique n’était pas un avantage suffisant face à notre force de frappe au réveil. Les cadavres des pillards s’amoncelaient partout dans le campement, notamment autour d’un Cromax en furie toujours efficace avec ses lames. Aussi, notre chef se lança à leur poursuite. J’aurais du m’arrêter là et penser que les segteks n’avait rien à voir avec Grantier et que le massacre que nous avions perpétré les dissuadait de recommencer une nouvelle embuscade, mais mon esprit était embrumé par la colère des glaces et ma raison était écrasée par le surpoids des techniques martiales transmises pour mon lien à Nosvéris, la terre de Yuia.

(Ils nous ont attaqués ! En pleine nuit, comme des lâches ! Ils méritent tous la mort !)

Je courus vers Pynoa pour le monter, mais celui-ci s’ébroua en me voyant ainsi charger vers lui.

« Tout doux ! Du calme ! »

Mais le cheval était énervé par la situation d’embuscade et mon arrivée bestiale n’arrangeait rien. Il n’était pas près de me laisser le monter et je commençais à m’impatienter furieusement.

« Tanpis pour toi ! »

Fulminant, je me retournai et partis à la poursuite des segteks à pied. Le maigre avantage de la perte du cheval était que je ne risquais pas de me prendre une branche dans le visage à toute vitesse. Mais il était difficile de suivre les agiles petits êtres qui connaissaient la forêt sur le bout de leurs doigts potelés, sans compter l’obscurité des sous-bois que des rayons lunaires ne perçaient que rarement.

Mes réflexes amplifiés m’aidèrent à poursuivre les segteks sans perdre trop vite leurs traces et à voir rapidement les obstacles qui se trouvaient sur ma route. Mais j’avais beau cavaler à gorge déployée, je finis par être semé par les peaux-vertes. Ralentissant pour calmer mon rythme cardiaque, je scrutai les environs pour voir la moindre trace de présence ennemie.

« Argh ! Maudits Segteks ! »

Comme pour me contredire, deux petits monstres tombèrent des arbres pour atterrir sur mes épaules. Sous le choc, je tombai au sol et lâchai mon arme. Mes adversaires roulèrent au sol avec souplesse et se redressèrent en sortant de petites épées noires. Sans avoir le temps de me relever, je dus rouler sur le coté pour éviter un assaut, puis retenir une lame avec ma main, m’entaillant légèrement. D’un coup de pied salvateur, j’en envoyai un des deux dans un buisson plus loin, mais le second appuyait toujours sur son arme pour que je lâche prise et laisse son fil aiguisé me trancher la poitrine. Dans un réel duel de force, je réussi à retourner la situation et ramener la pointe de son épée vers sa gorge. Sous la lumière blafarde de la lune, ses yeux s’éclairèrent d’une lueur d’effroi à l’instant où, en dépit de la douleur dans ma main qui se cisaillait encore plus, je poussai un dernier coup pour enfoncer la lame. L’acier perça la chair, fit couler le sang et créa un gargouillis immonde.

Dégouté, je relâchai ma prise, et le relevai. Devant moi, le segtek agonisait pitoyablement et son compère, revenant vers moi en découvrant la scène, paniqua complètement et prit la fuite. Profitant de cette aubaine, je ramassai rapidement mon épée de glace et suivi en courant celui qui me donnera la direction de leur camp.

Après quelques minutes de course, il réussit à m’échapper et me perdre dans les bois. Je décidai de grimper à un arbre pour voir un peu plus loin. L’agilité simiesque de l’esprit yéti m’habitant m’aida grandement dans cette tâche et j’atteignis la cime rapidement. A une ou deux lieues de moi, un mince filet de fumé dépassait des arbres.

(C’est sûrement là. Vite !)

Avec une sacré envie d’en découdre, je descendis en m’accrochant à peine aux branches et retomber lourdement au sol. Mes mollets prirent chers dans l’amortissement de la chute, mais je n’en avais cure et continuais mon chemin.

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* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 6 Nov 2011 22:08 
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Le combat tournait à notre avantage, c’était indéniable. Les gobelins fuyaient de toute part, Cromax nous montrait l’exemple avec force violence. Mes autres compagnons se débrouillaient plus que bien au vu de notre réveil soudain. J’entendis la voix de notre chef qui nous demandait de le suivre sur nos montures afin de mettre un terme à ce combat. Il était temps de mettre ces peaux vertes une bonne fois pour toute en déroute. Je courus alors en direction de ma monture qui était malheureusement descellée. Je me mis mentalement des claques et fit demi-tour afin de récupérer ma scelle. Mes yeux tombèrent alors sur un spectacle que j’aurais espéré ne jamais voir.

Salymïa ne s’était de toute évidence pas réveillée car trois sektegs rodaient dangereusement autour d’elle. Je n’aimais pas cela, il était hors de question que l’un d’eux fasse du mal à mon amie. Ce fut le cœur emplie de rage que je courus en direction du premier d’entre eux, qui sous le choc finit embroché sur mon épée. Regardant les deux autres tour à tour droit dans les yeux, leur transmettant ma haine envers eux.

- « Est-ce qu’il y a un amateur pour venir tâter de mon épée ? »

Ma détermination leur fit peur car ils se carapatèrent à la vitesse de la lumière. Je retirai ma lame du corps de leur défunt ami, le laissant lourdement retomber à terre, m’ouvrant ainsi les yeux sur un affligeant spectacle. Je comprenais maintenant pourquoi Salymïa ne s’était pas levée pour venir se battre à nos côtés, elle en était tout simplement incapable. Une trace de sang barrait son cou de part en part, l’une de ces peaux vertes avait réussi à l’égorger dans son sommeil. J’en lâchai mon épée, mon cœur fit un sursaut, mes jambes se dérobèrent sous moi et je me laissai tomber à genoux sur le sol.

Je voyais son corps mais il y avait peut être encore une chance pour moi de lui sauver la vie. Apposant ma main sur son cœur, je lançai un sort de soin, lui donnant mes dernières forces magiques. Les larmes commencèrent à rouler sur mes joues, ses yeux me regardaient implorant mon aide.

- « Je t’en prie Salymïa, ne me laisse pas, ne nous laisse pas… Tu dois venger ton père, ne l’oublie pas… »

Je voyais que mon sort n’avait absolument aucun effet sur l’hinoine, j’arrivais trop tard, elle avait déjà rendue son dernier souffle. Un filet de sang coula alors de sa bouche entrouverte…

- « NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNN !!! »

Baissant la tête, je laissai libre cours à mes émotions en pleurant comme j’avais pleuré pour mes parents sur le bateau d’Ektor. Peu m’importait si j’avais rameuté tous les gobelins de la terre, je n’en avais que faire. Mon cœur saignait de la perte d’une amie. Certes, je ne connaissais pas Salymïa depuis très longtemps mais je l’aimais beaucoup. Je lui fermai alors les yeux et la bouche et m’approchait de son oreille, afin que seule son âme entende mes paroles.

- « Je te fais la promesse de te venger et si j’en ai la force, de finir ta mission sur cette terre. Ton meurtre ne restera pas impuni, je te le jure. Je tuerais tous les sektegs de Nirtim et tous les hommes de Grantier s’il le faut. Je suis sûre que ton âme trouvera le chemin qui la mènera à tes ancêtres. Repose en paix Salymïa. »

Je lui déposai un baiser sur le front et restai ainsi assise devant sa dépouille.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 7 Nov 2011 17:35 
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Lancé à pleine vitesse dans la nuit, juché sur Lune qui galope sur le terrain peu praticable de ces montagnes, je tiens dans ma main une hache terrible, prêt à l’abattre sur le moindre gobelin qui oserait se trouver sur mon chemin, qui aurait la malchance de croiser ma course effrénée visant l’extinction pure et simple de cette tribu qui depuis trop longtemps me nargue. Le souvenir de la crainte de leur présence lors de mon voyage avec Sidë, voilà plus d’un an, me revient en mémoire. Tout comme les traits emplis de paranoïa de ce pauvre fou des montagnes, qui s’en était pris à notre feu de camp pour nous sommer de rester discrets si nous ne voulions pas subir une attaque de gobelins. Et aujourd’hui, cette vile et lâche attaque nocturne, alors que nous prenions quelque repos bien mérité après une rude journée de cheval. Tout ça pour nous déposséder de nos bien, or et équipements. Et de nos vies. Sans nous laisser la moindre chance d’en réchapper, ou de nous défendre. Une tactique de sournois. Mais nulle rédemption, pour les fureteurs assassins à la peau verte, ce soir. Je les massacrerai jusqu’au dernier, sans aucune pitié, ni compassion pour leur sort. Voilà trop longtemps qu’ils terrorisent les habitants et voyageurs de la région.

La bise nocturne rafraichie par les non lointaines neiges éternelles me fouette les joues, alors que je fend l’air au grand galop, sourcils froncés, yeux attentifs au moindre mouvement sur la route, au moindre rocher suspect qui pourrait abriter l’un de ces êtres infâmes. Je crains n’avoir perdu leur trace quand soudain, j’aperçois deux d’entre eux qui fuient à toutes jambes vers l’abri de leur tribu. Vaine protection qu’ils ne retrouveront jamais. Je brandis ma hache et la soulève dans les airs alors que mon allure les rattrape sans souci. Je serre les dents, et lorsqu’ils se retrouvent à ma hauteur, j’abats mon arme sur l’un d’eux sans hésitation. Je n’ai le temps d’entendre sa nuque craquer sous le choc qu’il est déjà à terre, loin derrière moi, chutant rudement sur le sol, emporté par l’élan de sa folle course. L’autre, conscient du danger, a tôt fait de plonger dans la pente voisine, où je ne peux l’atteindre à cheval. Mais je n’ai cure de sa misérable vie : seul l’emplacement de son campement m’intéresse. Et la direction de leur fuite m’y mènera, je n’en ai aucun doute. Sans tribu, il n’a que peu de chances de survivre, dans ces conditions rudes. Ce sont des êtres qui ne savent vivre qu’en clan. Des animaux vivant en meute, comme les loups chassant dans l’obscurité. Et comme toute meute, c’est la tête qu’il faut viser pour la mettre en déroute.

Au loin, je ne tarde pas à apercevoir la lueur d’un vaste feu de camp, bien dissimulé du regard non averti, entre trois pans de falaise, derrière des fourrés secs, mais drus. Un campement formé de quelques tentes donnant sur des grottes plus profondes, dans les monts. Leur antre… Leur tombeau, bientôt.

Et soudainement, dans ma chevauchée, je me sens bien seul. Aucun son de sabot à mes côtés, aucun bruit autre que le galop de mon destrier. Pas de cris, pas d’armes tirées. J’ai l’impression d’être allé seul, ou trop vite pour mes alliés, vers ce combat. Ont-ils seulement suivi mon ordre, respecté ma demande ? Quelle autorité ai-je cru prétendre avoir sur eux, en leur donnant un ordre si sec, alors qu’ils n’aspiraient qu’au repos et à la paix ? Mais ça ne m’importe que peu. Je dois terminer ce que j’ai commencé, dussé-je être seul pour le faire.

Déterminé et confiant, encore empreint de la rage du combat contre ces attaquants nocturnes, je pressai encore l’allure en brandissant mon arme, changée en lance bleutée, pour l’occasion. Afin de transpercer le premier que je croiserais. Afin de ne lui laisser aucune chance de fuir ou de prévenir les siens. Afin de le saigner, de le tuer sans pitié. De le transpercer de part en part pour débuter cette bataille folle.

Hélas, ça n’arrive pas. Car les fouineurs gobelins sont mieux organisés que je ne l’ai cru. Et leurs jambes lestes, leurs bras agiles, les ont menés chez eux bien plus rapidement que je ne l’ai pensé. Suffisamment, en tout cas, pour me tendre un piège efficace. Tapis dans les ombres des hautes herbes sèches, derrière des buissons d’épines, deux d’entre eux se sont terrés. Et alors que je passe pour assaillir leur campement, ils se relèvent avec hâte, tendant brusquement la chaine aux maillons aussi épais que rouillés qu’ils maintenaient fermement.

(Non !)

Trop tard, je ne peux échapper à leur emprise. J’ai beau tenter de faire cabrer Lune pour qu’elle évite la chaine, il est bien trop tard pour ça, et ses jambes se prennent dans la chaine, le faisant choir rudement sur le sol. De mon côté, je suis littéralement propulsé en avant. Et alors que je vole, sans plus de cheval entre mes jambes, je vois le sol défiler sous moi à une vitesse folle. Aussi rapidement que les souvenirs de ma vie jaillissent dans mon esprit.

Et puis, c’est le choc. Rude, terrible. Je touche le sol si brutalement que j’en décolle aussitôt pour rebondir plus loin. Et encore, et encore. Je suis brisé, mes doigts ont lâché mes armes, qui ont volé de part et d’autre de mon corps meurtris. Je sens la douleur me parcourir vive et intense. La chair mise à nu par la chute. Les chocs du sol contre ma peau, contre mes os. Je ne peux que gémir, serrant les dents, immobile désormais, sur le sol, tout proche du feu. Je ne sais plus bouger. Plus pour l’instant, en tout cas. Je n’en ai pas la force, pas le courage. Tout est trouble, autour de moi. Je perçois juste la lumière vacillante de ce grand feu, et les ombres de mes ennemis qui affluent en nombre pour m’achever de leurs armes. Mais la peine, la douleur est trop intense. Je grogne de mon impuissance. J’essaie d’esquisser un mouvement de la main pour me relever, mais c’est un éclair rouge qui me barre la vue. Un éclair de souffrance. Je dois avoir l’épaule déboitée. Au moins… Je suis à leur merci.

(Non, bats-toi !)

Mais je ne peux. Je suis seul, irrémédiablement seul. Je ne vaincrai pas, cette fois. C’est ma fin. Les autres Amants m’ont abandonné, m’ont laissé chasser seul ces traitres… La folie d’une impulsivité mal contrôlée m’a mené droit à ma perte. Je n’ai même pas la force mentale de répondre à Lysis, qui se débat dans mon esprit, tout en jaillissant de mon corps sous la forme d’une petite flamme, qui effleure le visage de mes assaillants sans leur causer de réelles blessures. Elle se bat pour ma vie, elle qui est pourtant si secrète. Est-ce que je le mérite vraiment ? Qu’on se batte pour moi… Je ne le sais.

(Ne sois pas bête, Cromax ! Tu n’es pas encore mort. Où est cet amour de la vie, où est cette combativité que je te connais ! Ne ploie pas, bats-toi !)

L’espoir perce dans sa voix, autant que le reproche. Le reproche de baisser les bras, trop vite. Le reproche de me laisser aller à la culpabilité. Alors, je me sers de mon bras libre, plus ou moins sauf, mais désarmé, pour faire de vains moulinets dans les airs pour tenir à distance les peaux-vertes qui s’avancent, irrémédiablement. Et je crie. Je hurle de toutes mes forces, de toute ma colère, de toute ma rage de vivre, et d’en finir avec cet instant de torture.

Mais les ombres approchent…

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 7 Nov 2011 20:34 
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Le sang des gobelins coule à flots, les rumeurs de bataille et les cris de douleurs retentissent tout autour de moi, et au milieu de tout ce raffut, une voix, celle de Cromax parvient à mes oreilles. Nous devons poursuivre les créatures à la peau verte, nous devons toutes les exterminer, sans une once d'hésitation, sans qu'aucun remord ne viennent nous barrer la route. Pour moi, les ordres de Sire Cromax sont quasi absolus et sans attendre une seconde de plus, je monte sur ma Miyuki et suit notre capitaine au galop. Il est bien plus rapide que moi et bien plus habile aussi, mais je fais de mon mieux pour le suivre. Ma monture peine à avancer à la vitesse voulue sur ce terrain, mais elle doit le faire, je dois rattraper Messire Cromax, je dois exterminer ces Sektegs. Premièrement, parce que Cromax nous l'a ordonné et deuxièmement, pour une raison un peu plus personnelle. Depuis des années, garzoks et sekteg terrorisent les habitants de la République d'Ynorie, c'est viles créature verdâtres à la solde d'Oaxaca ne méritent pas de vivre. Je ne peux les laisser s'enfuir, je ne peux laisser un de leur campement en état.

Avançant à vive allure, Suisei en main, je ne fais plus vraiment attention à ce qui m'entoure et c'est là une des plus grandes erreurs que je n'ai jamais commise. Un gobelin qui attendait patiemment dans un arbre me saute sur la tête et joue de ses dents et de ses poings pour m'infliger le plus de souffrances possible. Comment faire ? Je ne vois rien et j'ai toutes les difficultés du monde à me débarrasser de la chose qui me lacère le visage, faisant couler encore un peu plus de mon sang, imprégnant petit à petit le pelage blanc de ma monture. Mais alors que je m'apprête à m'arrêter, j'entends un hennissement un peu plus loin, suivi de quelques cris. La voix de Messire Cromax à n'en pas douter et malgré la douleur que mes multiples blessures provoquent, je décide à mon tour "d'attaquer", de manière bestiale, tel le gobelin accroché à mon visage. Poussant un hurlement de rage puissant, je décide, la seconde qui suit, de mordre de tout mes forces l'abdomen du sekteg. Son sang se déverse dans ma bouche, je ne me formalise pas du gout immonde de ce liquide rouge qui coule lentement dans ma bouche et sur le bord de mes lèvres et je reprends le galop de plus belle, jetant le gobelin partiellement blessé à terre.

Quelques seconde plus tard, je vois Sire Cromax à terre près de sa monture, et plusieurs gobelins qui avancent vers lui lentement, tranquillement. Leur intentions sont claires, limpides, et je ne peux les laisser faire. J'ai juré sur mon honneur de protéger Sire Cromax, je lui ai fait la promesse que si l'un de nous devait mourir, ce serait moi. Si tel est mon destin. Descendant de ma monture à toute vitesse, je fonce pour m'interposer entre notre Capitaine et les gobelins au moment où ces derniers bondissent sur Cromax. Une fois de plus, je me retrouve assailli de coup de mâchoires, mais je ne dois pas ployer. Le sang s'écoule de plus en plus au fur et à mesure que les plaies se multiplient sur mon corps et ma vision commence à se troubler légèrement. Je ne sais pas comment je vais pour être encore debout, j'en viens même à me demander si je suis encore en vie tellement la douleur est forte, mais la vision de Messire Cromax derrière moi me convainc de ne pas abandonner. Je sais que je ne pourrais pas les battre, je ne suis pa sassez fort, mais peut-être pourrais-je protéger le Seigneur Cromax jusqu'à ce que les autres arrivent. Le gobelins relâchent leur étreinte mortelle et me regardent fixement.

"Je suis là Sire Cromax, je ne vous abandonnerai pas comme promis! Sur ma lance et sur mon honneur, je jure que vous vivrez! Dussé-je moi même perdre la vie"

Non, je ne cherche pas à jouer les héros, à récolter la gloire loin de là. C'est même probablement un acte stupide, mais je ne peux m'empêcher d'agir ainsi. Depuis toujours, je fais ce qu'il faut pour conserver mon honneur de guerrier, mon honneur d'Ynorien. Jamais je n'ai failli à un serment. Alors oui, pour certain, mes mots peuvent paraitre présomptueux, comme si je les avais tiré d'un livre, pourtant ils sont sincères. Et je ne bougerais pas, je resterais debout, entre les gobelins et messire Cromax aussi longtemps qu'il le faudra, ou plutôt, aussi longtemps que je le pourrais, ce qui malheureusement, ne dois pas laisser beaucoup de temps...

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 10 Nov 2011 14:10 
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Perdu dans cette forêt, un cadavre de segtek à mes pieds, je ne savais quelle direction prendre pour retourner à notre camp et rejoindre ma jument. J’avais poursuivi ces petites crapules dans les bois et parcouru beaucoup plus de distances que je me serais douté, sans me soucier du trajet emprunté. À présent que j’avais exterminé ces deux petits parasites, je devais parvenir à rejoindre la troupe, car l’idée de me retrouver seul dans cette forêt truffée de vilains gobelins, ne me plaisait guère. J’en étais à ce point de mes réflexions lorsque j’entendis un douloureux hennissement semblant provenir quelques centaines de mètres devant moi.

Ne sachant pas à quoi m’attendre, je dégainai ma dague argentée et courrai en direction du cri de détresse animal. Tout en approchant, j’entendis des hurlements appartenant à un humain cette fois. Je ne connaissais pas assez mes compagnons de routes pour discerner à qui appartenait cette voix, mais une chose était certaine, l’être qui avait crié était la cible de ces horribles pillards sanguinaires. Afin de faire cesser le massacre qui semblait avoir lieu, je pressai davantage le pas, courant au maximum de mes capacités. Secourir cette victime ne pouvait que m’aider à obtenir la confiance de ce petit groupe de combattants qui m’avait sommé de les escorter jusqu’au terme de leur destination.

Je parcourus ainsi encore quelques dizaines de mètres avant d’apercevoir un feu assez vaste et quelques tentes délabrées qui se jouxtaient à des grottes. Puis au sol, gisait un cheval tout noir, apparemment sonné, assailli par de hideux avortons verts. Au nombre de deux, ils me tournaient le dos. Le plus près, un vieux gobelin sans poil sur le crâne, pillait les sacoches accrochées au flanc de l’animal, alors que le second à l’énorme nez, dague sortie, s’apprêtait à couper un bout de crinière de l’étalon sur lequel il avait nonchalamment pris place. Seuls les dieux savent dans quel but cet idiot voulait mutiler ainsi cette magnifique monture.

Ayant avisé une épaisse chaîne rouillée au sol, je m’emparai de l’une de ses extrémités et à pas de loup, je m’approchai de ma future cible. Le segtek chauve n’eut pas le temps de s’apercevoir de ma présence que la chaîne se serrait autour de son cou. Connaissant la douleur l’affligeant puisque l’ayant vécue quelques minutes plus tôt, je l’étranglai de toutes mes forces ne lâchant prise que lorsque je sentis son corps ramollir. Ma vengeance savourée, me servant à présent de la chaine comme d’un fouet, je me tournai vers le second bouffon vert. Prenant un élan bien mesuré, je lui flagellai la main, l’obligeant ainsi à lâcher son arme blanche. Sans éprouver la moindre pitié, je m’apprêtais à récidiver en visant le visage cette fois, mais le segtek ne me laissa pas ce plaisir, préférant fuir. Je donnai alors une petite tape sur les fesses de l’étalon, l’incitant ainsi à se relever, afin d’amoindrir sa vulnérabilité. Le cheval noir, que je reconnus immédiatement comme celui de Cromax le chef de cette troupe de combattants, finit par se relever.

Ce n’est qu’à ce moment que je vis le grand blond, debout, tentant désespérément d’éloigner les gobelins de quelque chose étendu au sol. C’est avec stupeur que je constatai que Duncan ne cherchait à défendre nul autre que son chef. Ce dernier, blessé et désarmé, tentait lui aussi d’éloigner ses assaillants.

«J’arrive !»

Sans hésitation, j’accourus à leur rencontre, poignardant pour ce faire une minable vermine qui tentait de me barrer la route. En chemin, je me penchai pour agripper une hache qui était à mes pieds et la lançai à la portée de Cromax. Je me positionnai ensuite non loin de celui-ci de manière à compléter le bouclier que tentait de former Duncan.

Je prenais un gros risque en m’exposant ainsi, mais je ne pouvais laisser mourir l’homme qui s’était porté garant de moi, le premier qui avait eu foi en mes paroles. Il ne me restait qu’à espérer que les autres membres arrivent sans délai. À mon propre étonnement, j’espérais même, que méfiante, la belle dame aux doigts griffés m’aie suivi jusqu’ici.

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Dernière édition par Mathis le Sam 10 Déc 2011 04:27, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 11 Nov 2011 16:09 
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Je courais dans la direction où j’avais vu la fumée sans attendre. Les bois étaient épais, mais j’avais bien repéré par où passer. Alors que je sautais au-dessus d’une souche, j’entendis un hennissement strident et un cri de douleur.

(Non !)

Les segteks n’avaient pas de montures, il restait donc seulement deux possibilités. Quelqu’un, soit Cromax, soit Duncan, s’était fait attaqué et désarçonné. Je pressai l’allure et débouchai à ciel ouvert sur une faille dans les falaises. Au loin, le feu de camp, énorme cercle rougeoyant de ses braises, et des tentes miteuses. Mais devant ce campement misérable se trouvait une scène qui accapara toute mon attention. Non loin de moi, le cheval de Duncan paissait tranquillement tandis qu’un combat sanglant s’annonçait quelques mètres devant. Des segteks avaient fait chuter la monture de Cromax qui se relevait à peine et une foule de ces vermines olivâtres entouraient mon amant ainsi que Duncan et Mathis qui se posaient en bouclier devant lui. Je m’apprêtai à foncer dans le tas pour les soutenir quand un grognement excité vint tinter à mes oreilles.

En jetant un coup d’œil dans les arbres environnants, j’aperçois deux tireurs assis sur une branche armés de javelines piteuses et un peu plus loin, un borgne armé d’un os sculpté. Exaspéré par ces lâches, je courus vers le premier arbre et sautai pour donner un coup d’épée violent sur la base de la branche en tenant mon arme à deux mains pour y mettre toute ma puissance. En lâchant un long râle, je fracassai l’écorce et j’entendis le bois crisser sinistrement. Le bois ainsi affaibli ne put porter le poids de mes ennemis et il craqua avec fracas pour laisser choir tels deux pantins aux fils coupés les segteks embusqués.

Le troisième manifesta aussitôt sa colère en lançant un maléfice à mon encontre. Une fumée noire jaillit de son os magique pour venir m’entourer et je sentis une pression désagréable sur ma peau. Des marques rouges teintèrent mon épiderme en quelques endroits, mais cela n’allait pas avoir plus de conséquences que quelques bleus.

L’ignorant royalement, je me retournais vers les tireurs déchus pour trancher littéralement en deux le premier debout et faire tournoyer mon arme vers le second. Celui-ci se défendit en me jetant une javeline brisée au visage, le temps d’en prendre une autre dans son sac et me planter la lame dans la cuisse. Me moquant de cette agression ridicule, je fis un moulinet pour positionner ma lame verticalement au dessus de sa tête et la descendre d’un coup sec, faisant jaillir sang et cervelle.

Le sorcier me lança un nouveau sort, mais j’avais guetté cet instant et je tendis mon sceptre vers lui pour réceptionner sa magie. Un éclair fulgurant éclata en faisant vrombir l’air pour se diriger vers moi. L’arc cyan fut détourné par mon sceptre de cristal qui l’absorba en un instant. La magie s’évanouit et mon collier luisit un court instant. Le visage du segtek se décomposa en voyant ma propre magie faire office et il se cacha un peu plus dans les arbres pour préparer sa contre-attaque. Je souris intérieurement et me précipitai en criant vers les autres qui se battaient furieusement pour leurs vies.

« J’arrive ! »

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* Lillith, humain, Aurion et Cryomancien nv23 *
En mission pour les Amants de la Rose Sombre


Feu Ellana : morte dans les flammes du Purgatoir, hantant les lieux à jamais
et arborant ses tendancieux 6969 messages dans les archives de Yuimen


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 11 Nov 2011 19:05 
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Précédemment: les gobelins attaquent


La bataille faisait rage de toute part, les gobelins leur tombant dessus comme des guêpes sur un pot de miel. Oryash tranchait et éviscérait s'en se poser de question, c'était vivre ou mourir et elle n'avait nullement l'intention de passer de vie à trépas.
Les amants se battaient comme des bêtes féroces, bien décidés à ne pas se laisser submerger par le nombre croissant de peaux vertes. Les uns y allant de leur magie et les autres de leurs armes, sans se soucier de prendre un mauvais coup. L'important étant de se défendre afin de poursuivre la mission qui leur avait été confiée. Une mission qui ne méritait nul échec.

C'est avec cet état d'esprit qu'Oryash se battait et si au passage elle pouvait récolter quelques prises de guerre cela ne serait que justice. Aussi lorsque lors chef leur cria de poursuivre les verts qui prenaient la fuite, Oryash préféra rester en arrière, histoire de nettoyer le camp de ces envahisseurs.
Alors qu'elle allait s'occuper d'une de ces sales vermines, elle aperçut Duncan et Lillith partir à la suite de Cromax. Ne s'inquiétant nullement pour eux, elle jeta alors son dévolu sur un petit être trapu qui cherchait à chaparder certains effets personnels des amants.
Sans réfléchir la peau blanche fit un geste brusque avec son bras gauche et un flux de magie noire s'en échappa, se dirigeant tout droit vers le Segtek. La magie saisit l'individu à la gorge et se dernier commença à se débattre contre cette force invisible qui l'attaquait. Oryash quand à elle ressentait pour la première fois les effets de la magie coulant dans ses veines. Il y avait quelque chose d 'excitant et de grisant à la fois, et voir cet animal se tordre de douleur était jouissif. La peau blanche prenait du plaisir à faire souffrir cette vermine et cela décuplait sa soif de sang.

Le gobelin suffoquait, l'air lui manquait et Oryash le bras tendu en avant prenait un malin plaisir à faire durer le malheur du vert. Elle serrait et desserrait son étreinte au gré de son bon vouloir et quand ce petit jeu finit par l'ennuyer, elle ferma sa main d'un coup sec et entendit les vertèbres de son ennemi se rompre sous la pression de la magie noire. La sensation qu'elle ressentit alors fut au delà de tout ce qu'elle avait pu ressentir jusqu'à lors. La magie de Thimoros était en elle et la blanche en appréciait le pouvoir bien au delà de ses espérances. Et dire qu'elle avait voulu rejeter cette magie, qu'elle idiote! Heureusement pour elle, Melron avait su la convaincre d'accepter et aujourd'hui elle sentait à quel point cette magie pouvait oeuvrer pour elle. Un sourire malsain se dessina sur son visage et un éclat métallique passa dans ses prunelles rouges.

A peine venait-elle de relâcher le cadavre du vert après une fouille en règle qu'un cri retentit dans son dos. Elle se tourna en direction de la personne qui venait de crier. A quelques mètres de là, l'elfe grise se tenait pencher sur un corps. Sentant encore la magie déferler en elle, Oryash s'avança vers Aenaria. A mesure qu'elle approchait, elle devina le corps étendu d'un des amants et plus exactement celui de Salymïa.

Elle ressentit comme un choc et serra les poings en grognant. Certes, toutes deux n'étaient pas les meilleures amies du monde, mais elles avaient partagés plus d'une mission et la voir ainsi sans vie était difficile. La peau blanche ne s'approcha pas plus de la dépouille de l'elfe comme si elle sentait qu' Aenaria souhaitait rester seule pour se recueillir auprès de Salymïa. Et alors que Oryash maudissait intérieurement les gobelins, le hurlement à la mort de son Woger se fit entendre dans le silence qui régnait à présent dans le camp.

Un silence qui ne dura pas car sans crier garde, un gobelin surgit épée en main, fonçant droit sur Aenaria. Sans réfléchir, Oryash s'élança vers lui, griffes en main. Il était hors de question qu'un autre amant perde la vie aujourd'hui.
Le bruit du métal s'entrechoquant résonna et un combat sans merci s'engagea. Le Segtek était grand et fort si bien que chacun de ces coups faisaient reculer Oryash alors qu'elle parait chaque attaque avec difficulté. Il fallait qu'elle trouve un moyen rapide de renverser la situation en sa faveur, sans quoi elle ne tiendrait pas longtemps face à cet adversaire redoutable. Le gobelin fit tournoyer son arme au dessus de sa tête avant de frapper en direction d' Oryash qui eut la présence d'esprit de se jeter au sol juste à temps. L'arme ne rencontra que le vide ou presque, puisqu'elle trancha nette à mi hauteur la natte lâche de la peau blanche. Dans son geste d'esquive la Phalange de Fenris planta vigoureusement les griffes de sa main droite dans la cuisse du gobelin qui hurla de douleur. Oryash en profita pour se redresser mais déjà le Segtek fonçait sur elle. Elle bloqua son attaque de ses griffes entrecroisées et le repoussa non sans mal.

Tous deux s'observait,haletaient, cherchant à reprendre leur souffle, à trouver la faille qui permettrait d'abattre l'ennemi. Ils restèrent ainsi quelques minutes, avant que le vert ne fonce épée en avant, prêt à embrocher la jeune femme dans un cri de rage, la bave aux lèvres. Oryash ne calcula pas et fit de même. L'impact fut rude et la blanche put sentir la morsure de l'acier dans ses chairs alors que les armes transperçaient le gobelins à la poitrine.
Le vert accentua son coup et Oryash sentit la lame de l'épée lui transpercer le corps de part en part avant que le gobelin ne retire son arme et ne s'arrache par la même occasion des griffes qui l'avaient transpercé lui aussi.

Oryash fit quelques pas en arrière, constatant que le sang de son ennemi se rependait sur sa poitrine à vive allure. Elle l'avait visé droit au coeur et la vie s'échappait de son corps comme le sang s'écoulait de celui de la blanche. Le gobelin ne tarda pas à tomber genoux à terre puis face contre terre, inerte.
La phalange de Fenris porta une main à son flanc droit, là où lame accérée du Segtek l'avait transpercé. Puis elle jeta un regard sur sa main ensanglantée ,une grimace de douleur sur le visage. Elle se sentait fébrile et tout tournait autour d'elle, ce qui l'entourait devenait flou et elle secoua la tête comme pour retrouver ses esprits. Elle chancela, fit quelques pas de côté et tomba un genou à terre, se tenant à nouveau le côté.

Il fallait qu'elle tienne, tout ne pouvait pas s'arrêter là, maintenant, il y avait encore tant à faire. Ne serait-ce que pour venger la mort de Salymïa égorgée comme un animal. Cette pensée, lui donna la force de se redresser et de compresser sa blessure. Oryash se dirigea vers sa monture, passant tout près d'Aenaria et du corps de Salymïa. Elle murmura quelques mots...

"Puisses-tu reposer en paix, ta mort ne sera pas vaine."

Le sang coulait entre ses doigts et tombait sur le sol en gouttes éparses à mesure de sa progression en direction de sa monture. Par chance ces maudites bestioles n'avaient pas eu l'idée de voler Herumor. C'est avec difficulté qu'elle fouilla dans ses fontes afin de trouver de quoi se confectionner un bandage de fortune. Ne trouvant rien, elle n'eut d'autre choix que de déchirer un morceau de sa cape en une longue bande et de l'entourer non sans mal autour de sa taille, serrant le plus possible. Elle tremblait et se n'était pas de froid.
Oryash perdait trop de sang et si l' hémorragie ne s'arrêtait pas, elle y resterait, et ça la Phalange de Fenris en avait parfaitement conscience. Elle ferma les yeux et serra le bandage au maximum, grinçant des dents sous la douleur occasionnée. La sueur lui imbibait le front quand elle eut terminé de panser sa plaie si bien qu'elle s'accrocha à la crinière de sa monture afin de ne pas choir. Prendre sur elle, Oryash devait prendre sur elle et passer outre ce qu'elle ressentait. Se focaliser sur autre chose, oublier sa blessure.
Elle réprima un frisson et revint vers Aenaria avec difficulté mais prestance.

"Il faut l'enterrer";dit-elle d'une voix froide.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 15 Nov 2011 12:54 
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Me retrouver de nouveau face à la mort me fit l’effet d’une douche froide. La dernière fois qu’une personne chère à mes yeux était passée de l’autre côté devant moi, c’était mon père. Cette idée me glaça le sang, je n’avais pas pu venger leur mort dignement, partant dans une chasse à l’assassin à travers Yuimen. Mais aujourd’hui la situation n’était pas la même, j’étais devant le corps sans vie d’une amie, Salymïa, et j’avais entre mes mains le pouvoir de venger sa mort.

Je regardai alors mes mains qui étaient encore ouverte à cause des blessures que je m’étais infligées durant ma danse tournoyante avec mon épée. Je posai l’une d’entre elle sur son cou, comme pour sceller un pacte de sang entre nous.

(Je ne t’abandonnerai pas Salymïa, certes je n’aurai pas la possibilité de tuer celui qui t’a fait ça, mais au moins, je vais pouvoir tuer certains de ces congénères.)

Je récupérai mon épée de ma main droite ensanglantée, transferant ainsi la force de mon amie décédée à mon arme. Me relevant, je me tournai pour voir qui était encore au campement avec moi. Oryash était restée au campement, cette dernière livrait un combat féroce contre ces maudites peaux vertes. Les autres avaient du suivre Cromax pour tuer les fuyards. Néanmoins, une infime partie d’entre eux étaient restés parmi nous. C’était tout ce dont j’avais besoin pour assouvir ma soif de vengeance envers ces immondes petites peaux vertes. Je n’avais plus qu’à attirer leur attention et m’amuser avec eux.

- « Hey ! »

Je n’avais que faire du danger que je pouvais faire courir à la peau blanche encore au campement, mon cœur réclamait son tribu de sang afin que Salymïa repose en paix. Trois d’entre eux se retournèrent vers moi me lançant un regard sombre, en retour un magnifique sourire diabolique se dessina sur mon visage. Il n’avait pas vraiment l’air de vouloir se décider à m’attaquer, il fallait que je leur lance une invitation ou quoi !

- « Et bah alors, vous avez peur d’une femme seule avec une épée dans une main en sang ? »

(Allez, venez me défier, je n’attends que ça.)

Les trois gobelins se consultèrent du regard l’espace de quelques secondes et d’un mouvement à l’unisson se mirent à me charger. La bénédiction de la déesse ne faisait maintenant plus effet sur moi, j’allais devoir la jouer serré. Une hache légère, une épée courte et des couteaux de lancer constituaient leur équipement. Le plus dangereux était de loin celui avec les couteaux car il pouvait me surprendre à tout moment durant le combat. Il me fallait donc l’immobiliser au plus vite. Tenant fermement mon épée dans la main droite, je fermai mon autre poing afin de faire affluer mes fluides de feu. Me concentrant quelques secondes, je sentis que j’étais prête à lancer mon sort. J’ouvris légèrement la main, permettant à une boule de feu de se créer. Je pensais que cela arrêterait les gobelins dans leur course, mais il n’en était rien. Je lançai alors une petite boule de feu afin de surprendre le gobelin avec la hache, malheureusement elle n’atteignit pas son but et alla se ficher dans la tête de celui tenant la hache.

Ils étaient trop près de moi pour que j’aie le temps de relancer mon sort, tant pis pour moi. D’un mouvement rapide, je pris mon épée à deux mains afin de parer l’attaque de celui portant l’épée courte puis de celui portant la hache. Cependant, je ne vis pas le premier couteau arriver vers moi. Il se ficha dans ma cuisse droite, m’arrachant un cri de douleur. Mon regard fut alors animé d’un feu rageur, ce petit présomptueux allait payer pour ses actes. De la main gauche, je tirai le couteau de ma jambe et me rappelant de la manière dont j’avais lancé le poignard de Salymïa, je fis appel à mes fluides de vent afin de lui retourner sa propre arme. De la main gauche, et grâce à la puissance du vent, je renvoyai le couteau à l’envoyeur. Ce dernier alla se ficher directement dans l’épaule droite de son propriétaire qui lâcha un juron dans sa langue natale, langue que je ne comprenais pas. Se voyant dans l’incapacité de lancer ses autres couteaux, il prit la fuite en courant aussi vite que ces jambes lui permettaient.

Je n’avais plus qu’à m’occuper des deux autres qui revenaient d’ailleurs à la charge. Je pus facilement esquiver le coup de hache mais le coup d’épée alla m’ouvrir une plaie qui était encore douloureuse, la blessure dans mon dos occasionnée par mon combat contre mon fiancé. Une larme coula alors sur mon visage, une larme dut à la douleur du coup porté. Je fus sonnée quelques secondes mais reprit rapidement mes esprits. Me remettant en position d’attaque, j’attendis que ces deux petits démons s’approchent de moi pour les achever. Me voyant blessée, respirant avec force difficulté, ils durent penser que c’était l’occasion rêver de m’achever. Me rappelant un combat que j’avais livré contre des shaakts il y a de cela quelques années maintenant, je me rappelais le mouvement que j’avais effectué contre deux d’entre eux afin d’en finir rapidement avec le combat. Mon timing devait être parfait si je ne voulais pas me faire embrocher, il fallait pour cela que je les laisse m’approcher suffisamment. Ils coururent dans ma direction, arme en avant, à deux mètres de moi, je fis un grand écart et d’un geste ample et rapide tranchai la jambe droite de l’un et la gauche de l’autre. Le résultat fut immédiat, ils s’effondrèrent tous les deux au sol alors que moi je reprenais pied.

- « Ca c’est pour mon amie ! »

Ma lame alla couper directement le cou de ces deux gobelins bien stupides d’avoir cru pouvoir me battre. Il en fallait plus que de simples gobelins pour me faire après ce que j’avais vécu sur cette île volante ! Durant mon combat, j’avais complètement perdu de vue les deux autres amants mais l’un d’entre eux se rappela alors à mon souvenir. Je vis Oryash arriver vers moi avec de nombreuses traces de sang sur le corps, le combat avait du être rude pour elle aussi de toute évidence. Je sentais moi-même le sang couler de la blessure dans mon dos, cette sensation était bien désagréable. Lorsque la peau blanche arriva à ma hauteur, elle me glissa une phrase qui me serra le cœur. Elle souhaitait enterrer Salymïa, mais dans sa voix il n’y avait aucun ressentiment de quelques sortes que ce soit. Toutes les deux n’étaient pourtant pas les meilleures amies du monde d’après ce que l’elfe blanche avait pu me dire. Cette preuve d’amitié, car c’était comme cela qu’il fallait l’appeler, me fit chaud au cœur.

- « Oui il faut l’enterrer au plus vite, pour éviter que l’odeur n’attire les charognards. Les carcasses des gobelins devront être brûlées dans le même but. Ensuite, je m’occuperais de tes blessures. »

Sans attendre, je me dirigeais vers le corps sans vie de Salymïa et me plaçai à côté de ce dernier. De la pointe de mon épée, je me mis à balayer le sol afin d’enlever les cailloux pour ensuite atteindre le sol meuble. La terre était ni trop humide, ni trop sèche, parfait pour que je puisse faire un trou pour que son corps repose en paix. Je ne pouvais faire tout cela toute seule, il me fallait de l’aide, Oryash était blessée mais semblait disposé à lui rendre les hommages funèbres. Pourquoi pas ?

- « Serais-tu disposée à m’aider Oryash ? Je n’y arriverais pas toute seule, pas avec ma blessure dans le dos… »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 16 Nov 2011 18:40 
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précédemment: Adieu Salymïa


Oryash venait de battre difficilement un des gobelins et la blessure qui lui vrillait le flanc en était la preuve. Pourtant elle se tenait là, tout près de Aenaria qui comme elle venait de livrer un combat sans merci contre ces bêtes hideuses afin de venger la mort de Salymïa.
En pensant à elle, Oryash se remémora les moments durant lesquels elles avaient du faire équipe. Certes l'entente n'avait pas été super mais elles avaient toutes deux fait en sorte de sortir victorieuses des missions qui leur avait été confiées par le temple.
Alors elle prit conscience que finalement, elle l'avait apprécié à sa façon et que jamais plus elle n'aurait des prises de bec avec l'elfe.
Oryash fut tirée de cette constatation par Aenaria qui proposait d'enterrer Salymïa rapidement afin que les bêtes sauvages ne viennent pas se repaitre de son cadavre. Sitôt cela énoncé, l'elfe entreprit de dégager un morceau de terrain de tout ces cailloux afin de pouvoir creuser une tombe.
L'une comme l'autre ne tenaient pas debout mais malgré tout elles mettaient tout en oeuvre pour que leur amie puisse reposer en paix. Seulement, une idée sombre vint à passer dans l'esprit de la blanche.

" Ne penses-tu pas que par la suite des gobelins pourraient revenir et la déterrer pour piller sa dépouille. Je serais d'avis de lui confectionner un bucher funéraire. Certes cela va sans doute à l'encontre de vos coutumes elfiques, mais cela me semble la meilleure solution. De plus, ni toi ni moi, ne sommes suffisamment vaillantes pour creuser assez profond une tombe qui soit digne d'elle. "

Oryash n'avait pas tord en un sens, mais restait à savoir si sa partenaire opterait pour cette autre solution. Sur Nosvéris le sol était gelé en permanence si bien que la plupart des siens étaient réduits en cendres après leur mort ou bien livrés aux bêtes, si tel avaient été leur dernière volonté. Ici, Oryash se doutait bien que de telles pratiques seraient jugées barbares ou ignobles. Elle n'avait rien à perdre de demander.
Grimaçant légèrement tout en comprimant sa blessure, elle attendit une réponse de l'amante.

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Dernière édition par Oryash le Jeu 24 Nov 2011 23:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 20 Nov 2011 21:51 
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Mes cris, mes plaintes sont entendues. Mes gestes paniqués ne sont pas vains, ni les tentatives inespérées de Lysis, qui, tout feu tout flamme, se balance devant les visages hargneux des satanés gobelins qui me cernent de leur infâme présence, prêts à m’assassiner sans le moindre remords, alors que je mords la poussière, alors que je suis à terre. Si je n’accorde que peu d’importance à l’honneur, eux n’en ont aucun, ni aucun scrupule. Ils sont juste la lâcheté incarnée et je ne peux me laisser aller à me faire abattre si aisément, sans opposer une farouche résistance. Et cet accès soudain de confiance, ce retour dans une nette combativité, je le dois à l’arrivée de mes suivants. Les Amants de la Rose Sombre ont répondu à mon appel, ils m’ont suivi jusqu’ici, et se lient maintenant pour me sauver la peau, à coup d’armes et de menaces. Une voix, celle, vaillante et assurée, de Duncan, retentit non loin de moi, pour m’assurer de sa place à mes côtés, pour me venir en aide. S’interposant entre moi et mes ennemis d’un bond leste, il fait front contre mes fielleux assaillants.

Plus loin, c’est la voix de notre nouvelle recrue, Mathis, que j’entends. Il assure arriver prochainement à mon côté, alors que les peaux-vertes, soudainement troublées dans leur tâche assassine, se regroupent pour faire face à ces nouveaux ennemis. Peu après, je sens près de moi une présence, celle de ma précieuse arme métamorphe, restée sous sa forme de hache lors de ma chute. L’ancien messager de Rewolf Grantier me donne la possibilité de me battre, de défendre ma vie comme il se doit. Mes doigts valides se referment sur le manche de cette arme magnifique, qui se change presque aussitôt en une lance longue et acérée, prête à embrocher, à transpercer de part en part le moindre ennemi qui se présenterait face à ma vision encore troublée par la douleur qui m’assaille le bras gauche et le dos, et les jambes.

C’est alors qu’une troisième voix se fait entendre, non loin, tout aussi farouche et courageuse que les deux autres. Celle, pleine de vie, de volonté et de vigueur de mon amant, mon glaçon. Celle de Lillith. Il se bat pour moi. Et Duncan aussi. Et Mathis pareillement. Qu’importe la raison qui les pousse à combattre, ils se battent pour moi, pour ma vie. Celle que j’ai presque insulté en la croyant arrivée à son terme, à peine quelques instant auparavant. Une bouffée de chaleur envahit mon être, une poussée d’adrénaline qui me fait serrer ma main sur le manche de mon arme terrible. Je prends appui sur mon coude meurtri pour me redresser, faisant face à la douleur qui m’accable, occultant celle-ci. La force de ma vie est plus grande que ça. Elle ne peut s’abaisser à décliner ici en abandonnant ceux qui m’entourent et comptent sur moi. Ceux qui sont prêts à perdre la leur pour défendre la mienne. Je ne peux les abandonner, en aucun cas. Les gobelins sont trop occupés par les nouveaux arrivants pour me voir me relever péniblement, juste derrière eux.

Mes jambes tremblent de tourment lorsque je m’y perche, tout en m’appuyant sur ma lance. Les muscles de mon dos semblent bruler, et la chair de mes cuisses est mise à nu par le dérapage que j’ai été contraint de faire sur ce sol pierreux. Le sang écarlate, si sombre dans cette nuit, presque noir, coule sur ma peau argentée mise à nu par ma chute. Mais rien n’est pire que l’élancement de mon bras gauche, sans doute le plus touché par l’accident. Par ce piège gobelin dans lequel je me suis jeté sans réfléchir, emporté par la ferveur de la bataille. Peut-être est-il cassé. Je n’en sais rien, n’ayant les qualifications pour le déterminer avec exactitude. Et puis, je n’ai aucune envie, ni aucun temps pour y penser pour l’instant. Le combat fait toujours rage, devant cette entrée de grotte. Et tant que je peux tenir debout, et manier une arme, il ne s’arrêtera pas avant la mort de tous ces sektegs. Ma vue se stabilise peu à peu, et je ne tarde pas à apercevoir un peu mieux ce qui m’entoure.

Duncan fait barrière de son corps, à mon côté, repoussant les attaques ennemies. Mathis n’est pas loin non plus, ni Lillith. Nous sommes donc quatre à faire front contre une dizaine de gobelins visibles, autour du feu. Ces faibles gobelins chétifs et inexpérimentés dans l’art du combat. Même ainsi meurtri, je suis plus qu’apte à les terrasser… Et je le démontre très vite, en en embrochant un sans la moindre pitié, dans le dos, à l’aide de ma lance. L’arme bleutée traverse de part en part sa petite carcasse, et ses yeux se baissent vers cette pointe qui jaillit brusquement de son poitrail, dernière chose qu’ils voient de sa misérable vie. Car l’instant d’après, il s’effondre face contre terre, mort.

D’un coup sec, qui ne souffre pas de la moindre hésitation, j’arrache mon arme de son cadavre encore chaud, et celle-ci se métamorphose en une hallebarde terrible. La hampe de la lance reste de la même longueur, mais sa pointe aigüe laisse place à la lame d’une hache tranchante au fil acéré, coiffée d’une pique plus fine encore que la précédente. Et tout aussi aiguisée. Avec mes douleurs aux jambes, je ne peux me permettre de me mouvoir trop agilement, contrairement à ce dont j’ai l’habitude. Aussi privilégié-je un mode de combat plus central, plus immobile. Je serai le pivot meurtrier qui arrachera la vie de ces misérables voleurs. Et littéralement, comme j’en fais l’exemple aussitôt.

D’un coup balayé, je creuse un profond sillon sanguinolent dans le ventre d’un premier, qui laisse s’effondrer ses tripes dans un bruit glutineux, dans la gorge d’un second, d’où sort un gargouillis infâme , et dans le visage d’un dernier, dont l’œil explose en rencontrant l’acier bleuté de mon arme. Tous les trois ne tardent guère à rejoindre le royaume de Phaïtos, alors que, les dents serrées, le visage crispé par la douleur, je titube et m’équilibre sur mon arme. Mais un bruit derrière moi me fait me retourner vivement. À l’entrée de la grotte, quatre ombres se dessinaient, sombres et menaçantes, tranchant sur le feu qui brulait près de l’entrée. Les gobelins n’avaient pas encore révélés leurs champions, les maîtres du clan qui formaient une force vraiment inquiétante pour nous, cette fois.

La première silhouette était celle d’un gobelin s’appuyant sur un bâton de bois orné d’un crâne animal. Il est tout vêtu de fourrures épaisses, et une étrange amulette pendait autour de son cou. Le shaman de la tribu, à n’en pas douter. À sa gauche, plus grand et musclé, armé d’une hache à deux mains rouillée, mais à l’aspect peu engageant, se tient ce qui semble être le premier guerrier du clan. À côté, le plus menaçant sans doute, de tous, vêtu d’une armure de cuir rehaussée de métal et d’os, aux épaules et au jointures, était armé d’une épée tranchante au fil argenté. Une arme d’une qualité surprenante, dans les mains d’un voleur gobelin. Coiffé d’un casque en os, il représente le dirigeant de ce clan gobelin, le chef de guerre de ces pleutres. Et c’est sans l’ombre d’une hésitation qu’il s’avance vers moi, menaçant, alors que ses comparses semblent vouloir attaquer mes compagnons. Je ne remarque même pas le quatrième, ou à peine, qui semble être le chasseur le plus efficace de la tribu, armé d’un arc et d’une dague, à la ceinture. Les autres gobelins semblent vouloir s'écarter, comme s'ils laissaient ce quatuor gérer leurs soucis de cette nuit...

Je me tourne vers mon adversaire, tremblant de rage et de douleur, prêt à subir ses coups, et à lui renvoyer les miens. Pour la vie. Pour les Amants.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 21 Nov 2011 15:19 
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La guerrière à la peau blanche s’était approchée de moi semblant réfléchir, se perdant presque dans ses pensées. A quoi pensait-elle ? Mon regard revint sur ce morceau de terre que j’avais dégagé de la pointe de mon épée et cela non sans peine. Oryash m’adressa alors la parole, j’avais l’impression que nous étions entrées toutes les deux dans une sorte de détente par rapport aux pics qu’elle avait pu m’envoyer. Elle me dit qu’elle n’était pas au fait des coutumes elfiques et qu’il valait mieux brûler la dépouille de Salymïa.

- « Tout ce que je connais des coutumes elfiques, c’est ce que j’ai pu en voir en voyageant. Normalement, il faut les enterrer loin des villes, le bûcher est plutôt pour les hinoïns qui ont été des traitres. »

Elle avait néanmoins marqué un point au sujet de la dépouille. Elle pouvait attirer les autres gobelins, allumer un feu avec d’un côté les dépouilles de leurs congénères, et de l’autre un bûcher funéraire pour Salymïa semblait le plus simple. Nous étions bien trop fatiguées pour creuser un trou correct.

- « Tu as raison, nous n’avons pas le choix, il faut la brûler. Je vais rassembler du bois, repose-toi. Ton dernier combat semble t’avoir fatigué plus que moi et je ressens encore quelques effets du sort de soins que j’avais lancé sur moi. Tu devrais m’attendre, tu tiens à peine sur tes jambes. Rendons d’abord les honneurs funèbres à Salymïa puis nous nous occuperons de ces peaux vertes. »

Je devais m’y résoudre, brûler son corps était synonyme d’impossibilité de revenir à nous dans le futur. Cette idée m’arracha des larmes que je ne cachais pas à Oryash, elle connaissait mon attachement à la jeune elfe. Nous trouvant près d’une zone forestière, je pris la direction de ces sous-bois afin de débiter des bûches. Cela me prit un bon moment pour effectuer cette tâche, je repensais à toutes ces minutes volées que j’avais pu passer avec Salymïa. C’était dur de devoir faire son deuil alors que je venais tout juste de la rencontrer, il me fallait rapporter ses effets personnels, ou du moins une partie à Pulinn pour lui rapporter sa mort.

Pensant que cela était une bonne idée, je continuai d’empiler du bois pour former une sorte de lit funéraire auquel il ne faudrait qu’une étincelle afin de s’embraser. Je ne savais pas ce qu'Oryash faisait, je devais m’occuper du bûcher funéraire de l’elfe blanche. Il me fallut un bon moment afin de préparer une couche de bois suffisamment longue pour accueillir le corps de Salymïa. Revenant vers sa dépouille, je pris son bâton et ses boucles d’oreilles afin de les ramener à Pulinn et déposai le tout dans les sacoches de Célestion. Retournant vers l’elfe, j’adressai la parole à Oryash.

- « Est-ce que tu peux m’aider à poser son corps sur ces rondins de bois s’il-te-plaît ? Je n’y arriverais pas toute seule. »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 22 Nov 2011 22:23 
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Alors que depuis le départ ces deux là n'étaient pas vraiment en accord, elles le furent pour Salymïa. Aenaria approuva l'idée d' Oryash de brûler le corps bien que cela ne soit pas des plus civiliser. L'elfe grise proposa même de faire deux bûchers et Oryash approuva d'un signe de tête.
Réduire en cendre Salymïa n'était peut-être pas la meilleur solution, mais vu l'endroit, la texture du sol et leur état de santé à toute deux, cela restait la solution la plus adéquate et la plus raisonnable.
Aenaria lui expliqua qu'elle n'était pas très aux faits des coutumes elfiques et Oryash trouva cela pour le moins étrange, mais ne releva pas. En ce moment de deuil, ce n'était pas le moment de se lancer des pics aux visages. Aenaria se proposa d'elle même pour confection le bucher prétextant que la peau blanche était trop faible pour cela.

Trop faible! Non mais elle se prend pour qui? Je vais lui montrer moi, si je suis faible, par Fenris!"

Oryash resserra son bandage de fortune avant de s'adresser une fois encore à Aenaria.

"Ca va aller, j'ai connu pire! Et tant que nous y sommes partageons-nous le travail! Tu t'occupes donc du bucher de notre amie et moi je vais me changer de celui de ces sales vermines."

C'est ainsi que Oryash partit elle aussi de son côté à la recherche de bois. La chose ne fut pas aisée d'en trouver suffisamment car les cadavres des peaux vertes étaient pour le moins nombreuses. Cependant Oryash ne renonça pas et poursuivit son labeur. Parfois un violent élancement la stoppait dans son élan et une grimace de douleur se lisait sur son visage, mais elle poursuivait. Elle ne sut pas combien de temps il lui fallut pour réunir la moitié du bucher quand une voix lui demanda de l'aide. Oryash se redressa portant une main à son côté où le sang s'était remis à saigner et s'avança vers le corps s'en vit de Salymïa. Elle s' accroupie près d'elle quelques secondes, dessina un symbole du bout des doigts sur le front de cette dernière, avant de se redresser et de se positionner face aux pieds de la morte, laissant donc Aenaria se charger de l'autre côté.

"C'est quand tu veux, je suis prête"

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