Presque comme ces danses que l’on pratiquait dans mon village : les partenaires s’élancent, se croisent, et parfois se rencontrent. L’appréhension du choc est bien loin cependant, la peur de la mort. Cette chaleur contre mon torse, c’est le sang qui suinte à nouveau de mes blessures ; cette sourde brûlure dans mes tripes, c’est la rage qui a allumé son brasier en moi. Dans les ténèbres qui bordent mon champ de vision, je crois apercevoir les silhouettes désincarnées qui tremblent, des visages lointains dont je connais les traits : ma femme, son amant, ses frères… Le sang versé est un gros bouillon noir fuyant les corps, tandis que les âmes descendent lentement vers les Enfers…
La flèche a porté au cou, moins efficace que je l’espérais cependant : la bête saigne, tachant son pelage de carmin profond, presque sombre, mouchetant la neige à chaque bond qui le rapproche de moi. Est-ce la douleur, la chance ? Toujours est-il que le crâne plus dur que le roc de la bête me manque de peu, et j’en ressens une joie mauvaise. Le déplacement de l’air porte vers moi le parfum si particulier de ces ruminants des montagnes, puissant, mais également une note plus métallique que je crois déceler – à moins que ce ne soit un effet de mon imagination – celle du sang.
Peu importe, réalité ou illusion, seule compte l’ivresse de l’instant. Le temps que le mouflon se retourne, s’en prenne encore à moi, j’ai le temps. Un coup d’œil à la thorkine me confirme qu’elle ne tente rien, et quand bien même… Que puis-je faire ? Je ne peux me dédoubler, un mort à la fois… Le mouflon ou moi… Je ne crains pas ses cornes pour elles mêmes, son espèce les a solides mais enroulées. Par contre d’un revers de tête il me broierait sans doute le crâne si elles devaient me percuter la tempe, les sabots n’en parlons même pas, et une charge frontale rendrait plus que douloureuses mes côtes. Ô imminente menace, délectable perspective… Soudain je me rends compte que je connais cette sensation, je l’ai déjà éprouvée, il y a de cela des années, à l’est, sur une colline bien moins haute que cette montagne. Alors les gens me regardaient combattre, encourageaient les deux frères affrontant le meurtrier sanguinaire bien que légitime sous certains aspects, je m’épuisais, je vacillais parfois, et toujours les cris retentissaient, comme aujourd’hui. Des cris de rage, des cris de haine.
Secouant la tête, j’avise cette soudaine intrusion de mes souvenirs dans la sphère de ma réalité : personne ne crie, personne ne contemple ma potentielle défaite. Le calme avant la tempête domine, partout dans l’environnement sauf dans mon âme. Ce n’est plus la cicatrice sur ma joue, souvenir du coup de couteau de ce jour là, qui me démange, comme à chaque fois que mes pensées s’égarent vers mon lourd passé, mais cette main sombre flétrissant ma chair, son exact pendant. Le prix à payer pour la Hache…
Oui, la Hache…
Abandonnant mon arc au sol glacé, assez loin de ma position pour ne pas me prendre les pieds dedans à la moindre esquive, ma main droite se referme sur le manche poli par les siècles, le poids quitte ma ceinture pour se porter sur mon bras. Ce fardeau, loin de me gêner, me rassure et il me semble qu’une force nouvelle s’écoule dans mes membres fatigués.
« Tu ne vas pas t’en tirer comme ça, oh ça non… » Le murmure se perd probablement dans mon souffle court, mais qu’importe que mes adversaires l’entendent. C’est une promesse que je me fais tandis que je cherche un appui pour la semelle de mes bottes, qui sitôt trouvé sert à me propulser. En poussant un hurlement, je m’élance vers la bête, sachant précisément ce qu’il me fallait faire. Elle est bien trop haute, et cela lui jouera des tours, car ce sont ses pattes puissantes que je vise, avec la ferme intention de les faucher.
(((Pour l'action simple : passage d'une arme à l'autre. Pour l'attaque : tentative d'apprentissage sur le tas de la CCAA Chasseur "Coup bas", et si ça ne passe pas, bah une attaque simple ^^ => je sais pas trop comment ça marche les apprentissages en dirigé, alors je tente )))