L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 2 Juil 2014 19:50 
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L'homme, qui ne s'était pas encore présenté, hocha la tête d'un signe approbateur lorsque Jager accepta de les suivre.

La naine pour sa part ne se fit pas prier pour secouer par l'épaule le jeune Maël. Ce dernier finit par se réveiller. Perdu au début, il se leva et questionna d'abord Jager du regard, il finit par lui demander:

"Que se passe-t-il ? Que vont-ils faire de nous ?

Le chef de bande n'émit aucun commentaire, laissant à Jager le soin de répondre et les jaugeant tous les deux.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 8 Juil 2014 23:34 
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La première journée consista essentiellement à sortir de la cuvette dans laquelle est implantée Luminion. Traverser la forêt ceinturant la ville fut donc la première étape d'un voyage bien plus éprouvant que je ne l'aurais cru. J'ai beau apprécier l'odeur des bois après la pluie, je suis sûre que parcourir la sylve en pleine journée ensoleillée doit être plus agréable que la nuit d'un orage fraichement terminé. Entre les arbres ruisselants, la boue glissante et cachant les insidieuses racines et l'humidité acérée par le froid ambiant, la promenade devient rapidement une tribulation, aussi plaisante et rassurante qu'un plat préparé à mon intention par la gouvernante.
Ajoutons à ce bonheur intense la montée continue à un rythme martial et le tableau est complet.
Lorsque la pause méridienne fut annoncée, vous n'imaginez pas le soulagement qui m'envahit. Non seulement parce que le feu commençait à consumer mes mollets et cuisses, mais aussi parce que j'ai découvert qu'il ne faut pas placer les pièces d'armure sous la robe. Mes aisselles, épaules et hanches étaient cisaillées par les bords du cuir. J'ai donc profité de cet arrêt, au bord d'un torrent, pour me changer, tandis que la troupe ne se privait pour me railler, notamment sur mon inexpérience et la différence entre vie de château et vie militaire.
Entre ces moqueries et les remarques désobligeantes du lieutenant, ce début d'expédition travaillait bien ma patience. Mais, le bossu me l'avait dit et redit : Dans une sortie du genre, je dois m'intégrer ; il en va de la sécurité de tous. J'en ai eu la preuve un peu plus tard, j'y reviendrai après.
Bref, une fois changée, j'avais l'air encore plus engoncée et, même si les pièces d'armure ne me blessaient plus, les plis de ma robe et le fait que je n'ai pas su serrer convenablement l'ensemble continuait de me martyriser jusqu'au soir venu.
Je n'avais que mon pain elfique à déjeuner, pas un soldat ne partagea sa pitance, malgré le rappel que j'avais pu leur faire concernant le fait que leur nourriture était fournie par mes bons soins. Lasse, je m'étais éloignée du groupe et tentait vainement de geler l'eau vive. Une utilisation totalement inutile de mon énergie que je n'ai pas pu m'empêcher de regretter lorsque nous reprîmes la marche… Il ne m'était plus possible, pendant un temps, de calmer les douleurs.
Rapidement, après la pause, le paysage se modifia. La végétation se faisait plus rare, plus rabougrie aussi. On aurait dit des bossus disséminés çà et là. Les sentiers devinrent plus escarpés et, surtout, la caillasse transformait l'ensemble en un vaste piège où chaque pas pouvait me coûter la vie. Le lieutenant avait ralenti la cadence et nous étions désormais les uns derrière les autres. Je me calais sur les enjambées de mon prédécesseur, reprenant ses traces et sa vitesse.
Telle que vous me voyez là, grassouillette et un peu gauche, vous devinez sans mal qu'au sortir de quatre-vingt années de vie d'intérieure, j'ai maudis, pendant toute cette escapade, mon corps autant que j'ai pu être détestée au domaine. Entre l'armure, la robe, et le frottement de mes cuisses l'une contre l'autre, je ressemblais à une tomate flétrie et suintante de pourriture lorsque nous arrivâmes au refuge en fin de journée.
Ce refuge m'enchanta. Tout d'abord parce qu'il annonçait la fin momentanée du supplice, mais aussi parce qu'il est installé aux abords d'un glacier.

Laissez-moi m'attarder un peu sur ce site. Le bâtiment est massif, implantée pour bonne partie dans la montagne, l'ensemble se fond dans le décor et, de l'extérieur, seules quelques embrasures de tirs sont visibles. Ne pensez pas qu'il s'agit ici d'un refuge de montagne pour voyageurs un peu perdus ou fous de s'aventurer dans les environs, nous sommes ici dans une redoute, à la croisée des chemins menant à Luminion, Mertar, Dahràm et Omyre. La relève est assurée par les troupes venant de l'ensemble des Duchés, mais la charge fonctionnelle est confiée à mes bons soins.
L'intérieur est cloisonné autant que faire se peut, par nécessité militaire ai-je appris là-bas. Il y a la porte, enfin cela ressemble plus à un passage qu'à une porte, sous laquelle est implantée la poterne. Depuis cette entrée, on accède à une première salle, relativement vide, un couloir étroit, sur le côté, mène à une autre salle, principalement éclairée par les archères. Le seul accès à l'étage se fait par une échelle menant à un oculus, en haut, une autre pièce dévolue à la défense et, à nouveau, un corridor étroit permet d'accéder à la salle de garde, qui sert aussi de pièce de vie. Une cheminée majestueuse vient réchauffer cet édifice qui, du reste, est assez glacial. La sortie mène à l'intérieur de la montagne et, sans le passage souterrain, ce serait un caveau. Toute cette zone est consacrée au stockage et au repos, c'est d'ailleurs là que nous avons passé la nuit.
Ma soirée a également été occupée par la visite du lieu, en traînant les pieds déjà en bouillie, pour constater des aménagements faits et à faire, de la route d'approvisionnement du bois, de la difficulté d'entretenir et d'améliorer le système défensif. J'en avais soupé de leurs histoires et, même s'il s'agissait de ma fonction première, après une trentaine de kilomètres dans les jambes, j'en avais vraiment marre. Ma patience était arrivée à son terme et, d'un ton sec, je leur indiquais que je leur donnais les moyens financiers et matériels, mais que ce n'était certainement pas moi qui irais couper le bois ou maçonner l'édifice.

La nuit s'acheva encore bien trop vite pour moi, les douleurs étaient présentes, comme l'ivresse un lendemain de beuverie.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 2 Aoû 2014 20:59 
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Le deuxième jour fut tout à la fois plus calme mais aussi plus mouvementé.

Tout d'abord, le départ n'était pas prévu en plein milieu de la nuit, mais alors que le ciel affichait ses couleurs claires de lever du jour, bien que le soleil fût toujours caché par les montagnes environnantes. Ensuite, la vue du glacier au petit matin est d'une splendeur époustouflante. Vous allez peut-être trouver ça ridicule, mais je me sentais belle en voyant ce spectacle, les reflets du soleil naissant luisaient sur la glace et cette dernière prenait, en certains endroits, des nuances rosées. Cette étendue glacée était du monde de Yuia, comme moi. Alors, tandis que la troupe préparait les affaires pour la suite du voyage, je restais sur les berges de cette mer de glace et imaginais la déesse poser sa main sur le sommet de la montagne pour y déverser ses fluides. J'en profitais, par la même, pour réveiller les miens.
Ce tapis de glace me donnait envie d'être, moi aussi, une déesse, capable de recouvrir la pierre et la terre, laides et mornes, d'un velours blanc bleuté. Je faisais le vide dans mon esprit, comme je l'avais déjà pratiqué des heures durant lors de mes entraînements au domaine, et laissais les fluides m'envahir, depuis mes entrailles jusqu'au bout de mes doigts. D'abord un mince filet, l'amplifiant peu à peu, sans le libérer, le laissant refluer, envahir l'ensemble de mon corps pour, finalement, le bloquer jusqu'à le concentrer dans la paume de mes mains. Je me sentais puissante, toute cette magie en moi, toutes ces capacités, ces possibilités, cette beauté !
Je posais une main au bord de la glace, cadeau de Yuia, l'effleurais du doigt, sentant ma magie s'aviver, prête à être libérée, dans une explosion d'énergie. Mais il n'était pas encore temps. Je voulais, vraiment, ressentir le besoin vital de recouvrir la terre entière de ma glace. La nécessité impérieuse de réaliser ce que je voulais, ne pas laisser la magie se répandre sans la contrôler. Je DEVAIS maîtriser mon pouvoir, le plier à ma volonté, mon exigence.
Cela peut vous sembler capricieux ou prétentieux, je ne sais trop, mais j'ai bien trop subi pour accepter, une fois encore, d'être dépassée par les évènements. Ma volonté de réussir égale la rage et la déception que j'ai pu accumuler pendant soixante longues années.
J'étais fin prête, mes fluides commençaient à crépiter au bout de mes doigts, affichant cette lueur bleuté que j'avais déjà observée maintes fois. Il était temps de libérer cet afflux de magie, de rendre grâce, par cet acte, à la grande déesse, comme si je lui versais une offrande. Aussi, j'ouvris ma main, toujours proche de la glace, et relâchai mes fluides lentement… sans résultat. Aucun changement apparent. La déception commençait à poindre, mais je refusais de la laisser m'envahir. Il fallait que je réussisse, que je prouve à Yuia ma détermination, ma valeur ! Je plaçai donc ma deuxième main à côté de la première et déversais une plus grande dose de pouvoir, concentrée sur mon seul objectif. Et, là, la magie opéra. Une fine pellicule glacée recouvra celle déjà présente, je déplaçai mes mains jusqu'au bord de cette langue de glace et visai une grosse pierre que je parvins à habiller d'un fin manteau blanc et puis, plus rien. J'avais épuisé mes ressources mais j'étais heureuse, véritablement enchantée par mon exploit. Je savais qu'il me faudrait travailler encore et encore ce maniement de mes fluides. Réussir depuis un autre point de mon corps, dans une plus large zone, plus rapidement aussi… Mais c'était un bon début.

Si ma magie n'était pas affectée par la fatigue physique de la veille, il n'en était pas de même pour mon corps. J'avais des courbatures depuis les mollets jusqu'aux épaules, des brûlures et irritations à chaque endroit où l'armure ou mon propre corps m'avaient lacérée. Je ne pensais même pas qu'il fût possible de souffrir ainsi en se promenant en forêt. J'étais perdue dans mes pensées et fluides quand l'un des soldats vint me chercher, m'indiquant qu'il me fallait me préparer pour la suite. J'étais interloquée par sa remarque et, ma mine déconfite devait l'aider à deviner mon état physique lamentable, il m'informa, avec un sourire narquois, que la journée précédente était la partie la plus simple du parcours et que nous allions, désormais, atteindre les hauteurs et que je devais porter un équipement particulier.
Je l'accompagnais vers le refuge d'où le lieutenant me fixait avec réprobation, un paquet posé à ses pieds contenant un harnais et des semelles à crampons. Il me le désigna et me somma de m'harnacher, en prévision du moment où il faudrait s'en servir, et de garder les crampons dans mon sac. Il me rappela aussi de me ravitailler en boisson et nourriture. Le reste de la troupe, déjà apprêté, me regardait du coin de l'œil tout en discutant avec les hommes en poste sur place.

Enfin, le départ fut sonné et, contrairement à la veille, le lieutenant m'avait, plus ou moins, intégrée à la formation. Les déplacements se faisaient, désormais, deux par deux pour les soldats et je trônais au milieu de ces six rangées.
Nous étions en marche depuis à peine une heure et les courbatures se faisaient toujours aussi présentes, tout comme la caillasse. Nous avancions bien plus lentement que le premier jour, et encore heureux ! Plus nous gravissions la montagne, plus mon souffle devenait court et le froid devenait incisif.
Vous pourriez croire que, pour une mage de glace, les températures basses ne posent pas de soucis… Mais vous vous trompez. Je ne contrôle pas ce froid là et je ressens donc la gêne, je pense, autant que le commun des mortels. La sensation paradoxale des muscles consumés par le feu de l'effort et de la peau mordue par la froideur de l'air est déroutante autant qu'insupportable.
Nous zigzaguions sur le versant et je me serais crue guidée par un alcoolique qui ne savait ni par où aller, ni comment maintenir le cap. Seul élément qui me rassurait, nous restions à proximité du glacier et, entre deux coups d'œil sur le semblant de sentier, j'observais cette coulée de glace. Ses couleurs se modifiaient selon notre position, celle du soleil et l'épaisseur de la glace. Elles allaient du bleu le plus pur au gris pierre, en passant par le blanc étincelant. Mes douleurs s'estompaient sitôt je me laissais absorber par le spectacle.
Après plus de quatre heures de marche, le lieutenant annonça la pause déjeuné. Le site avait été choisi avec soin. Nous surplombions les environs, je dirais dans les cinq cents mètres, et jouxtions directement le glacier. Sitôt l'ordre donné, l'équipe s'employa à sécuriser le périmètre. Le plus épais des soldats décrocha de son barda une poche contenant des dizaines de petits pics et il s'éloigna au point de paraître ridiculement petit. Il était accompagné d'un des archers qui emportait avec lui un filin si fin qu'il aurait paru transparent.
Tout le temps de leur absence, le reste de la troupe était resté aux aguets. Enfin, lorsqu'ils revinrent, déroulant la fine corde de métal derrière eux, l'ambiance se détendit. Ils finalisèrent l'installation en plantant un haut crochet sur lequel ils suspendirent le filin et le raccordèrent à une clochette.
J'observais leur manège, totalement déconcertée.

"Mais que faites-vous ?!" leur demandai-je alors.
"On vient de planter le fil à cloche. Maintenant, on peut manger." me répondit un fantassin, tandis qu'il sortait sa gamelle.
"Je ne comprends pas le but de tout ceci." ajoutai-je, impatiente.
Ce fut le lieutenant qui prit la parole : "Les gars ont installé, tout autour de notre point de halte, un fil relié à cette cloche. Si quoi que ce soit franchit cette corde et la fait, ne serait-ce que légèrement, bouger, alors la clochette tintera et nous serons sur nos gardes, prêts à accueillir comme il se doit le perturbateur."
"Mais vous ne l'avez pas fait hier !" lui rétorquai-je.
"Nous n'étions pas à la frontière comme maintenant. Ici, les incursions sont fréquentes et souvent violentes en cas de rencontre."

C'est ainsi qu'il conclut la discussion et me fit réaliser que nous étions embarqués dans une mission qui dépassait la simple promenade de surveillance.
Le lieutenant s'était écarté du groupe et étudiait les cartes, parfois incomplètes, en grommelant. Je m'enquis de son inquiétude. Il hésita et, après que j'eusse insisté, il me prévint que nous allions entamer une étape particulièrement ardue. Non seulement parce qu'il nous fallait traverser le glacier, ce qui, sur le moment, m'enchanta, mais aussi et surtout parce que cette traversée nous plaçait dans un encaissement, lieu idéal pour un guet-apens… Cette partie de parcours, m'expliqua-t-il, est immuable. La glace n'était praticable qu'à certains endroits bien définis.
Mais, à part l'épuisement lié à la marche sur glace, qui aurait presque pu me faire détester cet élément, nous ne subîmes aucune injure. D'ailleurs, sans cette affection profonde que j'ai pour ma magie, j'aurais véritablement maudit cette traversée. La marche y était lente, périlleuse, fatigante. Le poids des crampons, la force de les planter puis de les sortir… une mule a meilleures conditions de vie.

Le soleil était déjà caché par les sommets lorsque nous parvînmes au refuge suivant, installé sur la montagne juste au nord de celle de Luminion. Je ne devrais pas dire sur mais sous la montagne. En effet, la majorité du site était souterraine, l'extérieur ressemblait à une bergerie abandonnée.
Nous étions à peine entrés que l'un des occupants du lieu nous apostropha. D'après les rapports qu'il avait reçus la veille, un groupe de garzocks avait été repéré non loin, vers l'Ouest. La patrouille de la République d'Ynorie devait en être informée dans les heures qui suivaient, afin de vérifier ses frontières avec les Duchés. D'après les informations récoltées, le groupe était constitué de pas moins de trente individus.
J'étais restée stoïque face à ces nouvelles, je n'en menais pourtant pas large. Je ne savais même pas à quoi ressemblait un garzock. Je connaissais les rumeurs et descriptions que l'on peut en faire aux enfants, pour les effrayer et les inciter à bien manger… Mais j'étais partagée entre leur accorder crédit et n'y voir là qu'histoires de bonnes femmes. Et même si les orcs étaient moins sanguinaires que ce que l'on raconte… ils étaient annoncés comme un groupe de trente ! Ce n'est pas rien !
Le lieutenant, lui aussi, était resté impassible, mais le reste de la troupe, par contre, commençait déjà à s'agiter.
Ce soir-là, il régnait un silence de mort dans le refuge et je ne vis pas le lieutenant dans la salle commune de toute la soirée. Il était resté dans une pièce à part, accompagné d'un homme qui prétendait connaître parfaitement les environs.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 12 Aoû 2014 17:40 
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Voilà que l’autre mouflet se réveille, l’aimant à emmerdes, le concepteur de plans foireux en cascade… Le gamin et ses questions, et ses mystères, et ses mensonges. Où allons-nous ? J’ignore le où, mais j’ai une vague idée de ce que nous trouverons, un repère. Aux interrogations du gamin, le chef de cette étrange bande ne répond rien, me laissant le soin d’éclairer la lanterne de ce mioche qui se prend pour un grand mais n’est pas foutu d’assumer les conséquences de ses actes.

« Y f’ront bien c’qui veulent de nous : tu crois qu’on peut exiger ? Alors maint’nant y nous emmènent jusqu’à leur repère. Tu la fermes, tu files droit, pas d’entourloupe, parc’que si eux veulent pas t’coller une taloche à t’remettre les méninges en place, c’est moi qui le f’rai, blessé ou pas. On verra là bas ce qu’il y a à faire pour régler tes grandes idées et celles de ta famille. »

Cette mise au point effectuée, je me retourne vers le dénommé Ovis, qu’il ne faut cependant pas appeler ainsi.

« On peut y aller. Avec toutes ces histoires, j’crois que j’me suis pas présenté : j’m’appelle Jager. »


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 12 Aoû 2014 19:56 
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Le jeune Maël, encore tremblotant, baissa la tête et te répondit:

"Oui, oui, monsieur. Je ne voulais pas vous mettre dans le pétrin. " Il avala difficilement et puis il se tut.

Le chef de clan te scruta du regard, puis acquiesça.

"D'accord Jager, tu sembles homme de parole. Espérons pour toi que les apparences ne soient pas trompeuse. Tu connais déjà mon nom sous ma forme animal. Quand au petit, il connait celui utilisé par mes hommes. Je suis Iris ! Iris Montana. On me surnomme l'Iris des montagnes. "

Cela dit, il donna ses ordre de départ, la naine au début, Jager et le petit ensuite et lui fermera la marche.
Maël pour sa part, encore plus penaud après ces révélations t'obéit à la lettre en ne pipant mot.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 13 Aoû 2014 17:01 
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Chapitre VI : Le canon

"Pas de hâte, prenez le temps, disait Lür. Il ne vous filera entre les doigts que si vous le ratez. Soyez sûr de votre coup et ce sera bon."

Agenouillé dans la neige, Hivann devait faire face au froid et à ses tremblements, car devant lui, son repas de la journée l'attendait. L'arbalète qu'il avait récupérée dans les tréfonds de Mertar voyait pour la première fois la lumière du jour, tout comme lui depuis plusieurs semaines. Le soleil reflétait intensément sur tout la blancheur étendue des Dûchés, et ses yeux avaient tellement de mal à s'adapter qu'il lui semblait que seules les habitations en contrebas et les quelques rochers qui n'avaient pas été envahis par la poudreuse lui permettaient de se rendre compte où il était. Entre cette vision altérée et ses tremblements, il était de plus en plus difficile de faire face au petit lapin qui allait peut-être les nourrir aujourd'hui.

"Bon sang, Lür, trouvez-moi une autre cible à un autre moment ! C'est ridicule de commencer par ça !" s'insurgeait Goont.

"Ne jamais viser la facilité, mais seulement l'excellence !"

La petite créature était seule et il était encore difficile de percevoir un quelconque terrier dans les environs. Le problème était qu'elle avait beau être petite, le temps de recharger son arbalète, Hivann n'aurait plus aucune opportunité de l'avoir. Elle aurait creusé dans la poudreuse ou alors s'en serait allée. Il n'y avait que vingt mètres entre lui et cette gentille bête. Mais le mage avait vécu de manière aisée, avec ses pouvoirs. S'adapter à une toute nouvelle arme n'était pas aussi facile qu'il l'avait prévu. Il se concentrait tout de même depuis longtemps, mais les conseils de Lür avaient davantage le don de l'irriter que de lui permettre de s'en sortir.
Et finalement, il appuya sur la gâchette. La corde se tendit et le carreau fila droit vers sa cible. Mais comme il l'avait craint, il ne fit que passer juste aussi des oreilles droites du petit rongeur. Sentant le projectile amener une grosse bourrasque d'air sur son pelage, la victime se mit immédiatement à sautiller à l'opposé du mage. Mais avant qu'elle ne puisse parcourir quelques mètres de plus ou se cacher dans la poudreuse, une énorme masse brune jaillit de derrière le géomancien et se jeta vers le pauvre rongeur. Sa vitesse fut telle que le monstre donna l'impression de filer presque aussi rapidement que le carreau. Après avoir couru sur plusieurs mètres, il fit un bon gigantesque pour se rabattre immédiatement la pauvre petite chose essayait elle-même de creuser un trou dans la poudreuse. Le corps du fauve se raidit, droit comme un piquet en ayant attrapé sa cible dans sa gueule, à la manière d'un renard des neiges.
Quand il l'eut attrapé, Rawf se remit sur ses quatre pattes et se tourna vers ses deux compagnons. Toujours le lapin dans la gueule, il tenta de parler correctement, sans faire un véritable effort d'articulation, pour tout dire.

"Ai eu ! Y est 'à ! A an'er !" fit-il tout fier.

Hivann était heureux de savoir qu'il aurait au moins de quoi manger pour aujourd'hui. Mais il était déçu de ne pas avoir réussi à atteindre la cible par lui-même. Mais il fallait relativiser, d'une certaine manière. Rawf allait mieux, extrêmement mieux. Et si l'arbalète voyait pour la première fois la lumière du jour, c'était aussi probablement le cas du liykor, depuis une décennie. Le mage l'avait libéré des tréfonds, des cages de l'Exilé. A l'époque, il était encore extrêmement faible, incapable de bouger correctement, bien que possédant une force exceptionnelle. Mais en l'espace de seulement quelques jours, et même quelques heures à la surface, tout avait changé. Il n'était pas devenu plus malin, plus intelligent. Mais au moins, il bougeait beaucoup plus vite. Cela donnait l'impression à l'ynorien qu'il voyait un jeune chiot qui découvrait la neige. Sauf que le chiot en question faisait plus de deux mètres de hauteur, deux fois fois la largeur du mage et serait bien davantage capable d'arracher une jugulaire que de mordiller pour "jouer".
Il avait d'ailleurs fière allure désormais. Ses nombreuses cicatrices n'étaient plus aussi visibles, hormis celles sur son crâne. Il arborait maintenant un plastron de cuir et une ceinture de fourrure. Mais étrangement, il avait tenu à ne pas porter d'épée. Peut-être n'avait-il pas encore compris qu'il allait nécessairement se frotter au danger en fréquentant Goont, mais compte tenu de ses performances dans les tréfonds, le mage avait simplement accepté.

"Au moins, mon échec fait un heureux." conclut simplement Hivann, amusé.

Finalement, ils n'étaient pas directement partis après sa conversation avec son fils, Lùthian. Comme Rawf était encore sous l'influence du tranquillisant d'Aknaer, il avait nécessairement fallu attendre son rétablissement avant de partir en quête du canon du Fusil de Mertar. Mais cela n'avait pas empêché les autres mercenaires de prendre leurs postes. Karl s'était installé durablement dans la maison des Goont, et Porick était déjà parti dans le puits vers le niveau bas de la ville pour partir en quête du carreau qui était resté dans la gorge d'Umordîl.
Hivann n'était pas à l'aise à l'idée de confier une mission d'une telle importance à un être aussi... simple, que Porick. Mais si personne n'allait chercher ce carreau qu'il avait tiré, même pour se défendre, c'était toute la famille d'Hivann qui allait être en danger.
Il eut une pensée inévitable pour ses enfants.

"Il faudra tout de même que vous appreniez vite à tirer, ou bien vous risquerez de tomber de haut."

"Cela prendra le temps qu'il faudra..."

Ils étaient partis dès le matin, dans l'optique d'arriver dans ce "sanctuaire" dont lui avait parlé Maître Amaury. Mais de toute évidence, cet endroit était très bien caché, et cela allait probablement leur prendre plusieurs jours pour réussir à trouver ce lieu. Et selon les quelques nains qui en avaient entendu parlé, il fallait bien des semaines avant de pouvoir trouver un tel endroit. Et cela, même s'il était fleuri, pourvu d'un paysage des plus atypiques. Car il fallait d'abord passer dans une caverne bien à l'abri des regards...

"Pour l'instant, mon principal objectif est de trouver le Sanctuaire perché. Le reste pourra suivre."

"On ne sait même pas vers où se dirgier. On en aura pour des semaines."

"Peut-être pas. Nous n'avons peut-être pas les moyens de voir correctement ici, mais on a une truffe exceptionnelle parmi nous."

"Ce n'est qu'un liykor, il a peut-être un meilleur odorat mais de là à sentir des fleurs dans un tel environnement..."

"Et bien, il a senti le contenu de fioles à travers les cendres d'un four. C'est long à expliquer, mais je sais qu'il a quelques ressources à exploiter. Je lui fais confiance pour nous aider pour rapidement que prévu."

Rawf avait fini par les rejoindre en marchant tranquillement, profitant allègrement de la sensation de la neige sous ses coussinets. Il ne retira la proie de sa gueule qu'une fois arrivé au niveau de ses compagnons.

"On peut le manger maintenant ? Rawf."

"Attendons de trouver le sanctuaire. Il fera plus chaud et ce sera plus sec pour le cuire."

"Le cuire ?"

Hivann se figea presque. Il avait oublié que Rawf avait vécu dans en étant torturé pendant des années par l'Exilé, sous Mertar. Il était très probable que sa seule nourriture soit encore crue. Et à voir ce que son tortionnaire avait sur la longue table de sa salle de banquet, il était probable qu'il ait même déjà goûté au nain... Il restait encore à le préserver d'une telle réalité.

"Ce sera meilleur, Rawf. Tu verras."

"D'accord, rawf !" conclut-il dans un grognement enjoué.

Il accrocha alors la bête à sa ceinture et le trio se remit de nouveau en chemin. Cela faisait désormais plus de quatre heures qu'ils étaient partis de Mertar et le soleil était haut dans le ciel. Il y avait une mesure étrange entre son fort éclat qui réchauffait leur visage et la haut altitude qui leur infligeait tout de même de violentes bourrasques. Pour occuper leurs esprits, Lür enseignait quelques rudiments d'archer-mage à Hivann. Rawf, lui... et bien il était suffisamment heureux d'être au milieu de cette neige qu'il n'avait vue depuis des années. La seule inquiétude qu'avait Hivann était que son compagnon velu dépense trop d'énergie à jouer autant.
Comme ils ne pouvaient pas ralentir leur marche dans ces montagnes, Lür avait initié son employeur à l'usage d'une magie propre aux archers-mages : la création d'un messager des airs. Il s'agissait d'utiliser ses fluides pour permettre à un bout de papier plié de trouver son chemin par lui-même jusqu'à son destinataire. Un moyen utile de prévenir des personnes dans une situation d'urgence. Fort heureusement, l'ynorien était un amateur d'origamis quand il vivait encore dans son ancienne république. Le seul obstacle qu'il avait eu pour le pliage fut simplement la froid intense qui faisait trembler ses doigts. Il dût tout de même recommencer quatre fois sur différents papiers avant de pouvoir former une très jolie grue, esthétiquement bien plus belle que la cocotte que Lür lui avait montrée.

"Vous êtes du genre prétentieux quand vous vous y mettez, non ?"

Goont ria.

"Je vous en montrerai quelques pliages si vous me montrez comment bien tirer !"

Fier d'avoir eu un temps d'avance sur son professeur, Hivann insuffla en sa petite création un souffle chargé de ses fluides terrestres qu'il avait rassemblé faiblement dans ses poumons. Il sembla qu'une poussière brune était sortie de sa bouche pour se fixer sur les ailes de la grue, qui se mit immédiatement à s'animer et à battre des ailes dans un son tout à fait caractéristique. Elle s'envola alors de la grosse main du mage et se mit à virevolter presque à la manière d'un papillon. Rawf, qui jouait encore un peu loin derrière eux, dressa immédiatement les oreilles en voyant ce nouveau "jouet".
Il remua la queue, releva l'arrière train et après un moment d'attente, il fonça directement sur l'oiseau de papier. Presque aussi vite que lorsqu'il avait attrapé le lapin, il avait rattrapé toute la distance qu'il avait marquée entre lui et ses deux alliés et commença à tournoyer autour de sa nouvelle cible.

"Au moins, cette magie fait plus d'un heureux." s'amusa Lür.

Mais le jeu ne dura malheureusement pas longtemps. Non pas parce que la magie ne permettait pas à la cocotte de voler sur une plus longue distance, ou parce que Rawf avait réussi à l'attraper. Mais parce que la visibilité était si mauvaise que personne n'avait remarqué la corniche sur laquelle ils étaient. Sous son énorme poids, la roche céda sous les grosses pattes du loup et un grand amas de neige l'emporta plus bas.

"Rawf ! hurla Hivann. Rawf ! Tu vas bien ?"

Terrorisé, le mage se mit à courir dans la neige pour essayer d'atteindre son protégé. Au bord de la corniche, il hésita encore à regarder, effrayé à l'idée de voir un spectacle d'horreur. Puis après un long doute, il céda enfin.
Rawf était étendu en bas, les bras et jambes écartés, la gueule vers le ciel. Un instant, le cœur d'Hivann se serra.

"J'ai bien aimé ça, rawf !" aboya avec engouement le vieux loup.

L'ynorien fit un long soupir de soulagement. Même la grue de papier était allée se poser sur le museau du loup, allégeant tout l'aspect tragique de ce qu'il venait d'arriver. Un instant, il voulut le sermonner pour son imprudence, mais il n'eut pas plus de temps. Le loup se releva en un éclair et reprit encore une position animale. Ses oreilles s'étaient cette fois-ci rabattues et un grognement grave faisait trembler sa gorge. Ses poils sur sa nuque s'étaient même hérissés et étaient visibles sur les bords de son plastron.

"Il a repéré quelque chose ! Descendons vite !"

Mais il était impossible de faire le tour rapidement sans chuter. Les craintes d'Hivann alors s'avérer : Lür planta un piquet sur la roche visible de la paroi et se mit à installer différents matériels qui allaient de toute évidence servir à l'escalade... Le puits avait déjà été un grand obstacle. Cette paroi s'apprêtait à devenir son pire ennemi.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 20 Aoû 2014 02:34 
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Le troisième jour commença avec des cris qui m'extirpèrent de mon sommeil réparateur. La chasse au garzock avait été sonnée et les hommes, pourtant si anxieux la veille, étaient surmotivés.
Encore engourdie par les efforts des jours précédents et par la nuit, j'avançais au ralenti dans toute cette agitation. Cette histoire ne me disait rien qui vaille et, même si le renfort de l'équipe oranienne était annoncé, le nombre des ennemis me semblait tout à fait imprenable. L'image que j'avais des soldats, à ce moment-là, était encore largement ternie par l'équipe graveleuse qui occupait précédemment le domaine, bien plus apte à brandir sa verge que son épée.
Le lieutenant avait changé la composition de son groupe et, désormais, j'étais entourée de six archers, quatre lanciers et deux fantassins. Il m'expliqua l'intérêt d'une telle formation en montagne... Moi, je ne comprenais pas pourquoi nous ne l'avions pas prise dès le début si elle était efficace. Enfin bref, j'étais peu rassurée et motivée par la suite de notre expédition.
Le seul point positif qui avait été annoncé était l'absence de dénivelé sur notre parcours. Nous étions à haute altitude, mais nous n'aurions pas à grimper ni même à traverser un autre glacier. Nous encorder serait donc superflu, de même que préparer les crampons.

Un dénommé Yvain, archer de notre escouade réputé pour sa discrétion, avait été désigné comme éclaireur et lors des deux premières heures environ, suivant notre départ, nous ne le vîmes pas. Mais, alors que nous nous approchions du défilé sanglant, tel est son nom tout à fait réjouissant, il revint vers la troupe et informa le lieutenant qu'une colonne d'une petite vingtaine d'orcs se tenait au débouché. Le lieutenant y vit là un guet-apens et décida de passer par les hauteurs. Il envoya immédiatement Yvain en direction du refuge que nous avions quitté, pour les prévenir et solliciter du renfort. Je me souviens qu'à ce moment-là, j'étais partagée entre la peur de l'affrontement et le découragement à l'idée de reprendre la marche périlleuse, le long d'un versant abrupt. En effet, les deux premières heures et leur faible dénivelé m'avaient presque oublié mes courbatures et irritations.

La montée fut éprouvante, nous longions la roche, sur des sentiers escarpés où, régulièrement, la pierre s'effritait à notre passage. Personne ne s'attendait à ce que le parcours soit aussi délabré et nous aurions clairement dû nous encorder, surtout vu la suite des évènements. Mais nous étions partis, et le lieutenant nous ordonna de continuer ainsi. Je garde un souvenir particulièrement désagréable de la montée en escalade de ce qui devait ressembler, fut un temps, à un escalier. Les marches, si j'ose les appeler ainsi, étaient inégales, bancales, parfois si étroites qu'il fallait passer dessus sur le bout du pied. Le pire moment survint lorsque le soldat devant moi bascula dans le vide, avec la pierre qui était censée le soutenir. Je suis encore surprise de mes réflexes de m'être jetée vers lui afin de le rattraper. De l'inconscience, même, vu l'état de la roche. Il était agrippé à mes bras, et il y a matière à s'accrocher, tandis que celui derrière moi me retenait par le bas des hanches.
Celui le précédant peinait à nous porter assistance ; il était trop haut, trop loin. Quant à moi, mes bras me brûlaient, tant par l'effort que par la pression exercée par celui qui s'y pendait. Il me lançait un regard, une supplique même, pour tenir encore un peu, tandis que je répétais d'être à bout. Étrangement, ce regard me donnait envie de le lâcher. Comme preuve de ma puissance, de mon importance, de mon utilité, tout simplement.
Je ne sais pas combien de temps tout ceci a duré. Probablement quelques minutes mais, pour moi, cela ressemblait à des heures. Enfin, on laissa pendre une corde juste à côté du pendu. Il lui fallut un certain moment pour s'en saisir d'une main, ce qui m'arracha un peu plus l'autre bras. Par réflexe, non pour l'aider mais bien pour soulager ma peine, je lui agrippais le bras avec lui qu'il venait de me libérer. Ils y ont tous vu un geste de secours, de soutien… cela a peut-être aidé à établir de meilleures relations.
Toujours est-il que nous finîmes par le remonter et nous dûmes enjamber la marche manquante, en s'aidant d'une de nos lances. Et la montée était loin d'être finie. Je n'en pouvais plus. À nouveau, mes muscles étaient endoloris, mes jambes tremblaient et me rendait l'exercice plus redoutable encore. J'ai cru mourir je ne sais combien de fois mais la crête fut finalement atteinte. Il nous restait encore à contourner le groupe de garzocks qui n'avaient pas bougé, espérait-on. Leur piège nous semblait évident et de l'avoir déjoué offrait un regain d'énergie à la troupe.

Après la montée… la descente, moins escarpée mais elle acheva de réduire mes genoux à l'état de bouillie… et il fallait ensuite nous battre ! Plus nous nous approchions, plus mon cœur s'emballait ; et pas seulement sous le coup de l'effort. Mes mains devenaient moites, ma respiration se faisait courte et je ne pensais qu'à une chose : Il serait dommage de mourir maintenant.
Enfin, nous les eûmes en vue. Nous les surplombions d'environ cinq mètres et, contrairement à ce qui avait été annoncé au refuge, ils n'étaient réellement pas trente mais dix-huit, exactement. Tous aussi laids qu'épais, solidement harnachés ; ils n'étaient clairement pas venus dans nos montagnes pour y cueillir des fleurs.
Le plan semblait simple, surtout pour moi qui n'étais pas comprise dedans et avais pour seul ordre de ne pas m'approcher et de survivre, ce qui me convenait très bien. Les archers devaient, cachés sur les hauteurs et protégés par le terrain accidenté, inonder les garzoks d'une pluie de flèches, tandis que les lanciers se chargeaient d'y ajouter une coulée de pierres et de bloquer leur possible escalade. Une fois la majorité blessée ou acculée, alors nos lanciers devaient descendre pour les achever. J'avais demandé à ce qu'on en garde un en état de parler… Cette manie d’avoir des guet-apens sur nos itinéraires de patrouille m'agaçait au plus haut point. Le lieutenant acquiesça et l'attaque put commencer.

Le début se déroula comme prévu, avec les premières flèches qui, majoritairement, se brisèrent sur les armures mais parvinrent, pour certaines, à tout de même se glisser dans les faiblesses des protections pour pénétrer la chair honnie. Les garzocks restaient abrités autant que faire se pouvait et tenter, comme prévu, d'escalader la paroi. Les lances les repoussaient et les blessaient. Sur la petite vingtaine, nous en avions aisément mis cinq ou six hors d'état de nuire, sans subir, de notre côté, la moindre peine. Notre équipe s'apprêtait à charger quand l'un de nos ennemis se mit à hurler à plein poumon et il se produisit un évènement que nous, enfin qu'ils n'avaient pas présagé : une douzaine d'orcs déboulèrent dans notre dos. Ils étaient finalement bien trente, comme annoncé au refuge. Cette fois, leur nombre, même en retirant les blessés, surpassait largement le nôtre. Ils avaient la rage en eux et leur charge était à peine ralentie par le terrain accidenté.

Les archers réagirent bien vite et deux tirs droits et puissants eurent raison de deux peaux vertes… mais il en restait toujours une dizaine et je restais tétanisée devant cet assaut. Mes compagnons hurlaient des ordres que je ne percevais pas et ma tétanie fut brisée par un jet de hache qui s'échoua à mes pieds. Ce fut comme un coup de fouet qui raviva en un instant ma rage, ma détermination et mes fluides. Je les sentais me parcourir, tourbillonner, s'emballer.
Le deuxième groupe n'était plus qu'à quelques mètres et les flèches commençaient à s'épuiser. La troupe du bas reprenait son escalade, nous étions pris en tenaille. Les lanciers s'étaient divisés en deux pelotons pour repousser nos ennemis, autant que possible, de part et d'autre. Je me préoccupais plus de la horde d'affreux qui se rapprochait dangereusement de nous. Deux étaient au sol, cinq ou six autres étaient claudicants et nous commencions à reculer. J'hurlai alors à mes coéquipiers de les acculer au bord de la falaise. Ils ne réagirent pas immédiatement, alors que j'étais déjà partie, si bien que les premiers orcs arrivèrent au corps à corps et qu'un des nôtres fut entaillé à l'épaule. Le coupable fut immédiatement châtié grâce à une dague plantée dans la jugulaire par le binôme du blessé. Ils en profitèrent pour finalement se décider à me rejoindre au bord du précipice où les garzocks du bas se rapprochaient, à leur tour, un peu trop à mon goût. Mon cœur s'emballait, j'avais une montée de tension et d'énergie. Bien évidemment, les êtres infâmes poursuivirent leur poussée et, alors qu'il ne leur restait que quelques enjambées avant de nous rattraper, je m'accroupis et repensai au glacier. Yuia était mon inspiration. Je devais reproduire mon sort de la veille. Les archers me braillaient de bouger, de ne pas rester plantée là, de me mettre à l'abri. Moi, j'étais bien trop concentrée sur mes fluides et je leur ordonnais de se préparer à les pousser dans le vide. Ils étaient sur le point de m'abandonner quand ils virent une plaque de verglas naître sous moi puis se propager sur environ un mètre. Ils comprirent enfin mon plan et se séparèrent pour contourner les arrivants et les projeter dans le vide, sans qu'ils puissent prendre appui sur le sol désormais lisse. Le résultat fut à la hauteur de mes espérances mais nous n'eurent pas le temps de nous en féliciter. Les blessés, plus lents, approchaient, plus en rage que jamais ; à croire que la douleur ne les atteint pas.
Quatre immondes tas de chair boursouflée nous faisaient face en hurlant, tous armés de haches acérées, prêts à nous sauter dessus alors que des moitiés de flèches hérissaient leurs corps. Je n'ai aucune idée de comment se débrouillèrent les autres, je sais juste que tous n'étaient pas à mes côtés. J'étais bien plus occupée par un borgne qui me fonçait dessus, aussi grand que moi, mais deux fois plus épais et certainement dix fois plus entraîné que je ne l'étais. Mon seul avantage, malgré son air de dur à cuire, les blessures l'affaiblissaient. Il me fixait avec haine, la bouche entr'ouverte, laissant apparaître des crocs sales mais luisants de bave. Il leva son bras et l'abattit à la vertical sur moi, j'esquivai au dernier moment mais percutai une pierre qui dépassait juste là et me retrouvai sur les genoux. Je me retournai pour voir arriver le prochain coup qu'il ne manqua pas d'enchaîner, toujours avec ce mouvement de haut en bas, comme s'il était incapable d'en faire un autre. Je reculai comme je pus, m'écorchant les mains, déchirant ma robe. Celle-ci fut d'ailleurs fendue par l'impact de la hache dont l'immonde propriétaire était désormais juste en face de moi. Je sentais son haleine fétide, sa sueur rance, son sang qui suintait. Je ne ressentais que dégoût et haine. Je voulais le faire souffrir mais je ne percevais que très faiblement mes fluides. Je me sentais au bord de l'évanouissement. Ma seule solution fut d'essayer d'étrangler le garzock, alors qu'il se penchait pour récupérer sa hache, tout en déclenchant mes dernières forces magiques, en glaçant ce tas de viande avariée. Je serrai si fort que mes doigts en devinrent blanc jusqu'à ce que ma victime m'écrase de son poids mort.

De toutes mes forces, je repoussais le tas immonde, sans succès. J'ai cru mourir étouffée mais, fort heureusement, deux hommes vinrent à mon secours et je parvins, enfin, à me glisser sur le côté. Je découvris alors la scène de notre affrontement. Du groupe d'orcs sur les hauteurs, six étaient totalement morts, en comptant les deux premiers. Un était en train d'agoniser, le corps imbibé de sang, en grande partie le sien. Les cinq restants avaient chuté grâce à ma plaque de verglas. Cette avalanche de corps avait entraîné la chute mortelle de sept de leurs congénères, d'après les dires d'un des lanciers qui m'expliquait ce qu'il s'était passé pendant que j'étais obnubilée par mon sort et mon tête-à-tête. Trois étaient morts sous les flèches, quatre lâches avaient réussi à s'enfuir et les quatre derniers étaient en contre-bas, blessés et encerclés par cinq de nos soldats, dont le lieutenant.
De notre côté, quatre hommes étaient soit morts, soit blessés grièvement et, malgré les tentatives de soin, ils passèrent à trépas peu de temps après.

Je restais hébétée, comprenant à peine ce qu'il venait de se produire. Enfin, après m'avoir fait son rapport, mes deux sauveurs me tendirent la main et m'indiquèrent qu'il nous fallait rejoindre le reste de la troupe en attendant les renforts. Je les laissais me relever et les suivis telle une somnambule. Je me laissais presque glisser sur la pente. Mes mains, mes coudes, mes genoux saignaient, je n'en avais cure. J'étais épuisée et encore sous le choc. La vue des quatre prisonniers ne me redonna pas une once d'énergie, je me laissai choir un peu à l'écart, les yeux tournés vers le défilé et attendais les renforts. Je rêvais de retrouver mon domaine. Tout ceci n'avait été que folie, inconscience… Et chance pure de m'en être sortie indemne.
Lorsque je me retournai pour revoir mes compagnons, tous plus ou moins amochés, je constatai qu'ils finissaient de ligoter nos prisonniers et qu'à leur tour, ils relâchèrent la pression. Seul le capitaine et un homme désigné par ses soins étaient encore sur le qui-vive, craignant sans doute que les fuyards ne ramènent du renfort, eux aussi.

J'en étais à constater l'état de ma robe lorsque notre troupe de secours nous rejoignit, Yvain à leur tête. Le lieutenant fit un rapide rapport au responsable du groupe et ils décidèrent de tous rentrer au refuge. Je craignais tant qu'il décide follement de continuer. Cette annonce aurait dû me rasséréner, mais j'étais bien trop épuisée et abattue par les récents évènements.
Notre retour fut lent mais sans encombre. Arrivée au refuge, on me proposa d'interroger les prisonniers, mais je refusai et leur demandai de remettre la séance au lendemain. On installa nos quatre invités dans les geôles tandis que je faisais de même dans le dortoir.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 30 Aoû 2014 13:11 
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La marche reprend, le mouvement des hommes et des bêtes, des hommes-bêtes, et de l’enfant. Est-ce là mon destin ? Le mouvement dans mon existence, le mouvement vers l’avant, laissant derrière moi tout ce qui faisait ma vie : d’abord ma famille, puis ces jours tranquilles – heureux ? – de chasseur dans les bois, ce village tranquille des montagnes. Au moins l’homme qui nous tient en laisse m’a-t-il accordé une certaine reconnaissance, du moins je l’espère. Et le gamin fait montre d’une docilité provisoire, docilité dont je me méfie, notre récent passé commun m’ayant appris qu’on ne peut guère se fier à lui. Ou à elle ? Voilà encore une raison de douter…

Ou peut-être ai-je oublié, avec le temps, ce que faire confiance veut dire ? Après tout, je n’ai guère eu de personnes sur qui compter depuis ma fuite de l’Ynorie. Ceux qui pour moi ressemblent le plus à des amis ne sont guère que des connaissances, des marchands, des aubergistes, des hommes et des femmes avec qui j’échange, je troque, cordiaux mais ne crachant pas sur les yus ; ils me rendront service, sans doute, mais je serai avant tout un bon client.

La montagne est froide, dangereuse, mais belle. La neige dont se parent les sommets m’a toujours ébloui : ce n’est pas tant mes yeux que mon âme qui se trouve baignée de leur pureté. Ce n’est pas pour rien que Yuia est la déesse de la beauté. Parfois je m’imagine allongé sur ces glaciers d’altitude, m’abandonnant à un sommeil éternel. Ce ne sont que des rêves, des rêves malsains. Heureusement que la douleur, la fatigue et la faim me rappellent que je suis en vie.

(Et aussi merdique soit ma vie, curieusement, j’y tiens…)





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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 30 Aoû 2014 23:12 
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Vous marchez ainsi pendant plus d'une heure, montant toujours en altitude. Puis la naine empruntant un col étroit et vous marchez ainsi dans un étroit corridor de roches pendant quelques minutes avant d'arriver à l'entrée d'une caverne.
Juste à l'entrée, à l'abri de la neige, au travers du roc, pousse cette fleur téméraire.

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La naine pénétra dans la caverne vous faisant signe de la suivre, Iris fermant la marche.
L'endroit est vaste et quelque peu sombre malgré les quelques torches qui éclairent ici et là la vaste salle.

La naine et le chef s'arrêta là.

Maël ouvre la bouche, puis te regarde et la referme sans rien dire. Sa main, sur le manche de son arme, il semble nerveux.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 30 Sep 2014 19:30 
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Lür n'eut aucune peine à descendre. En fait, il ne s'était presque pas aidé de la paroi : il avait presque simplement glissé et avait atterri lourdement dans la neige. Il ne broncha toutefois pas du tout et se contenta simplement de tirer ensuite la corde pour la faire glisser dans le mousqueton qu'il avait planté en haut de la corniche. Quand le bout eut atteint son sommet, il s'adresse à Hivann.

"Enroulez donc ça autour de votre taille et laissez-vous glisser contre la paroi ! Je vous tiens !"

Face à tant d'assurance, l'ynorien ne put s'empêcher de rire nerveusement, tout en suivant les indications de son guide.

"J'aurais eu davantage confiance en votre capacité à me porter, trente kilos plus tôt !"

"Cessez donc de discuter ! Il y a quelque chose ici et on va avoir besoin de vous. Tenez-vous bien à la paroi : c'est une grotte qui se trouve sous vos pieds !"

Hivann obéit alors simplement, mais son cœur se serra. Le fait qu'il y ait un renfoncement dans cette paroi signifiait qu'il allait devoir se laisser tomber à un moment. Mais aussi, il savait que quelque chose l'attendait. Rawf l'avait montré en commençant à grogner et hérisser le poil.
La descente fut d'abord longue. Le vieil homme ne pouvait s'empêcher de s'agripper à la neige qu'il pouvait encore sentir à travers ses gants. Mais quand il fut contraint à se laisser tomber, il vit la corde glisser tout lentement, doucement, bien plus tranquillement qu'il ne l'avait imaginé. Alors seulement, tout en se tenant à celle-ci, il découvrait le gouffre noir vers lequel ses compagnons s'étaient tournés. Ici, tout était plongé dans l'ombre, à l'exception de la neige et de quelques rochers encore éclairés par le soleil. Mais cette corniche au dessus de lui était si avancée qu'elle recouvrait presque la totalité de ce qui s'apparentait à un longue tunnel. Toutefois, il remarqua quelque chose de particulier dans celui-ci : il ne semblait pas s'enfoncer dans le sol, dans les profondeurs de la montagne. Il semblait simplement être "droit". Et quand il vit une poutre, presque imperceptible dans l'obscurité de l'entrée, il devina que ce tunnel devait mener à un endroit qui l'intéresserait, si ce n'était celui même qu'il recherchait.

Mais perdu dans ses pensées, il n'en fut tiré qu'au moment où Lür le lâcha, le faisant chuter d'un petit mètre qui lui infligea pourtant un véritable haut-le-coeur suivi de la désagréable sensation de la neige venue s'infiltrer dans son col. Le temps de se relever et de se secouer, le jeune formateur archer-mage s'approcha de lui.

"Je vous avais bien dit que je saurais vous tenir !"

Hivann ria jaune un instant avant de reprendre, davantage pour lui-même.

"Menons notre voyage à son terme, et la prochaine fois que vous devrez me porter, je vous faciliterai peut-être la tâche !"

Il conclut d'un rire plus franc en tapotant sa bedaine, avant de se tourner vers Rawf. En un instant, son visage s'assombrit et il se mit à ses côtés en posant doucement sa grosse main potelée sur l'épaule velue de son protégé.

"Qu'est-ce que tu sens, Rawf ?"

Le bratien se contenta de grogner de manière plus agressive en se dégageant de la main d'Hivann. Il se mit ensuite à quatre pattes, déjà sur le point d'attaquer. Pourtant, rien n'était visible d'aussi près encore. Lür s'apprêta à prendre la parole, mais Rawf grogna un peu plus fort avant de parler enfin.

"Il y a des fleurs... Mais devant, des monstres sont là, rawf ! Ils mangent... Ils mangent beaucoup, rawf ! Comme l'autre..."

Le cœur d'Hivann se serra. Il n'y avait qu'un seul "autre" pour Rawf, et c'était l'Exilé. Cet être fou et abominable qui avait mené toutes ses expériences et mangé ses propres cobayes. Il n'imaginait pas combien de siècles et de générations de nains et de mercenaires avaient pu être dévorés par ce monstre d'elfe transformé en redoutard. Alors, qu'est-ce qui pouvait bien être similaire dans cette grotte ou ce tunnel ? Il avait naïvement pensé que cette exploration serait plus simple que lorsqu'il était allé dans les ruines de Mertar. Mais la seule rage de Rawf le ravisait déjà.

"Qu'est-ce qui pourrait manger de l'homme et vivre dans cette montagne ?" demanda le vieux mage à l'attention de tous.

"J'aurais dit des flérustres, mais il ne fait pas assez froid à cette altitude pour qu'ils vivent ici. Et puis ils sont rarement dans des grottes."

"Pas assez froid ? Vous plaisantez, je suis incapable de retenir mes tremblements ! Je gèle sur place."

"Il me semblait que vous étiez doté de quelques attributs qui vous protègent du froid !"

Hivann rit un instant en posant encore une fois ses mains sur ventre, puis il reprit plus sérieusement.

"Trêves de plaisanteries : Rawf a senti des fleurs derrière la "viande". Et des fleurs à cette altitude, ça ne peut pas être un hasard. Le Sanctuaire Perché est juste là, devant nous. "

"Si c'est le Sanctuaire, alors son accès est bien différent de ce qu'il semble présenter. C'est censé être un lieu de paix, non ? Pourquoi de telles créatures seraient-elles si proches ?"

"On ne sait même pas si ce sont des créatures. Peut-être sont-ce des humains qui ont sombré dans la folie, comme l'Exilé. On m'a parlé des ruines de Mertar comme étant un lieu de merveilles et d'une Histoire exceptionnelle. Pourtant, j'ai bien failli y laisser ma peau, comme Rawf. Vous voulez que je vous dise ? Ce Sanctuaire a peut-être une jolie histoire, mais rien de le protège de la folie et des malédictions."

Rawf n'avait pas cessé de grogner et il semblait même prêt à entrer dans la grotte. Mais Hivann se dépêcha d'imaginer un plan pour y entrer. Le plus vite ils en finissaient ici, le plus vite il rentrait voir sa famille. Il n'avait pas même besoin de combattre de qu'il y avait ici et ce tunnel était gigantesque. Passer sans se faire voir était une possibilité.

"Allons-y. On passe tranquillement, discrètement, on prend le canon dans ce foutu sanctuaire et on repart de la même manière."

"Et si nous échouons ? Et si nous nous faisons voir ? On ne sait même pas ce qu'il y a là-dedans."

"Échouer ? Contentez-vous de bander votre courage jusqu'à le rompre, et nous n'échouerons pas. Vous avez un géomancien qui a fait trembler des armées avec vous, un loup géant enragé capable de vous décapiter d'un coup de mâchoire et vous êtes le seul à pouvoir enseigner à un ancien seigneur de guerre à utiliser une magie qu'il ne connait pas. Si nous échouons à être discrets, nous gagnerons autrement."

Hivann était probablement trop hâtif. Il l'avait déjà été en descendant dans les ruines de Mertar et il l'était en s'engageant dans ce tunnel. En fait, il n'apprenait finalement aucune leçon de ses erreurs. Mais il avait suffisamment confiance en lui pour voir qu'il réussirait.
Courbant l'échine, incitant ses compagnons à le suivre, il s'engagea dans l'ombre. Au début, il ne vit presque rien. Puis ses yeux s'adaptèrent à l'obscurité. Et alors, enfin, il vit ce qu'il l'attendait.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 5 Oct 2014 16:15 
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La neige ne cède qu’au chaos rocheux, des monceaux de pierres décrochées des parois, formes minérales et menaçantes qui percent sous le couvert blanc. Nos pas nous guident toujours plus haut, et respirer devient de plus en plus difficile à mesure que mes bottes avalent la pente. J’ai mal, et sans doute sont-ce cette douleur et le mouvement qui me maintiennent en vie ; sans eux je m’effondrerais, et l’hiver planterait ses griffes dans mes muscles épuisés, rampant jusqu’à mon cœur, qui doucement s’arrêterait de battre. J’ai déjà entendu des récits d’hommes perdus dans la tourmente d’un blizzard, sauvés de justesse par le groupe de compagnons dont ils avaient été séparés, ou par quelque miraculeuse intervention divine ; tous racontaient l’abandon de l’âme à un profond sommeil, éclatant de pureté, le dernier baiser de Yuia. Cependant mes compagnons ne sont pas décidés à se laisser tomber sur place comme une plante trop fragile ayant succombé aux premières gelées : ils marchent, solides, fiers, montagnards jusqu’au plus profond de la fibre de leur être. Ils me paraissent être l’équivalent mouvant de ces rocs que nous dépassons parfois, une part de la montagne en marche.

Au bout d’un corridor étroit, je crois enfin apercevoir le salut, la fin de cette déambulation épuisante, la promesse de quelques soins ou tout du moins de m’effondrer à l’abri de la neige, du vent et des fines particules de glace qu’il jette sur ma figure. Une grotte, probablement le refuge de mes compagnons – de mes geôliers ? – où il sera décidé de mon sort et de celui de Maël. Sur l’invitation silencieuse de la naine, un geste de la main dépourvu de toute chaleur, je pénètre dans ces lieux.

L’obscurité m’enveloppe, malgré les torches qui prodiguent un chiche éclairage à l’endroit. C’est assez pour moi, mes yeux s’y habitueront, et je doute de toute manière d’avoir grand-chose à voir. Mon esprit est plus préoccupé par un élément saillant parmi la brume qui l’a envahi avec l’épuisement : à l’entrée de la grotte pousse une fleur qui ne m’est pas inconnue, tant elle est semblable au dessin que m’a montré Maël il y a de ça un temps qui me paraît être une éternité. Un iris des montagnes… Iris Montana, tel est le nom du meneur de la troupe qui nous est tombé dessus. Sans doute son nom s’inspire-t-il de cette plante capable de braver le rude climat à cette altitude pour offrir tout de même aux voyageurs assez courageux pour gagner les hauteurs où éclosent ses pétales un spectacle réconfortant. Sans doute est-ce aussi lui que Maël cherchait dès le départ. Un nouveau mensonge à mettre au crédit de cette source d’emmerdements ?

D’ailleurs, un coup d’œil sur le gamin m’informe qu’il n’est pas très à l’aise ; non pas qu’il l’ait été jusque là, mais il semble que quelque chose le dérange un peu plus. Sa main est crispée sur son arme de manière trop inquiétante pour moi Aussi m’approché-je assez de lui pour lui glisser quelques mots à l’oreille, assez bas pour que lui seul les entende, du moins l’espéré-je :

« Gamin… Tu vas te t’nir à carreau. Tu m’laisses agir. Tu m’laisses parler. Tu fais rien. Si l’ouvres, si tu fais l’idiot, y z’auront pas l’temps de t’maîtriser que j’aurai déjà planté une flèche dans ta cuisse pour t’faire passer l’envie de risquer ma peau en même temps qu’la tienne. Notre sort est lié. J’crois que t’as pas joué franc jeu avec moi depuis l’début, mais j’te laisserai pas tomber. J’ai promis. Par contre, déconne pas, ça m’dérange pas d’te ram’ner légèrement esquinté. »

L’avertissement prodigué, sans attendre que l’on m’invite à quoi que ce soit, je détache de mon dos l’étui en cuir de mon arc, dépose mon sac et me laisse lourdement tomber dans un coin qui me semble assez sec, le dos au roc, à l’abri du vent.

« Bon, et maintenant ? »




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Dernière édition par Jager le Mar 28 Oct 2014 21:07, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 6 Oct 2014 04:36 
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Maël sursauta lorsque Jager lui parla à l'oreille, visiblement nerveux et préoccupé, il ne l'avait pas entendu venir. Docile, il écouta attentivement chaque mot prononcé par le chasseur, mais au fur et à mesure que le chasseur parlait, les larmes montaient dans les yeux de Maël, prenant de grandes respirations et après un effort surhumain, il réussit à contenir ses larmes. S'assoyant près du chasseur, et le regardant malgré tout dans les yeux, il lui répondit d'un ton aussi bas.

"Je ne voulais pas vous faire de tort monsieur, je vous l'assure. Je voulais sauver mon père des griffes de ce truand. Je vous prie de me croire. Je vous ai déjà causé assez de souci, je vais faire tout ce que vous dites, promis."

Cela dit, Maël rangea son petit couteau. Puis, toujours près de toi et toujours à voix basse, il rajouta:

"A partir de maintenant, je ne vous dirai que la vérité... Mon père n'a pas de fils... Je suis sa fille unique. "

Aussitôt dit, elle se recula légèrement et plissa les yeux comme si elle craignait une réaction violente de la part du chasseur.

Pendant ce temps le chef de clan avait donné des ordres à la naine. Cette dernière emprunta alors un des nombreux tunnels présents dans cette vaste caverne. Iris avait préféré resté auprès de "ses prisonniers" et d'envoyer la naine comme messager.

Iris se rapprocha de Jager lorsque ce dernier le questionna sur la suite.

"Nous n'irons pas plus loin pour l'instant. J'ai envoyé chercher MammyRay. Elle va s'occuper de vos blessures. Et lorsque vous serez en état de discuter, on se reparlera. "

Cela dit, il s'éloigna de quelques mètres pour s’asseoir à son tour, tout en s'adossant contre une des parois de la caverne. Calme et détendu, il fouilla dans son sac, en sortit un parchemin et le consulta.

Maël, silencieuse demeura assise près du chasseur.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 7 Oct 2014 17:29 
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Le sol ne changeait pas de niveau depuis l'entrée du tunnel. Aussi, la progression fut très rapide et il n'y avait aucun élément naturel pour leur enrayer le chemin. Seule la paroi était modifiée au dessus des têtes des compagnons. Ce n'est alors qu'après avoir dépassé un "plafond" trop bas qu'ils virent ce qu'ils craignaient : des adversaires. Mais rien de comparable à des flérustres, créatures cannibales à peine humanoïdes. Pas non plus de mercenaires, bien que le tunnel semblait aménagé et propice aux passages de quelques aventuriers... Non, la menace était plus grande, dans tous les sens du terme.

"Bon sang... nous ne pourrons pas passer ça."

Rawf grogna de plus belle, d'un son rauque et résonnait autour d'eux. Hivann le somma d'un mouvement de la main, tout en essayant d'évaluer le danger.
Devant eux, un petit campement était bien installé. Mais en fait, un "petit campement" était un terme qui ne convenait pas pour eux. Seules trois tentes étaient dressées, autour d'un grand bûcher. Mais ces tentes faisaient bien trois fois la taille d'une tente conventionnelle. Et pour cause : ce n'étaient pas des simples mercenaires qui faisaient tourner leur proie à la broche. C'était bien trois grand trolls qui étaient assis. Et malgré leurs postures, ils pouvaient bien dépasser le pauvre magicien de deux fois sa propre tête.
Tous semblaient plonger leurs regards dans les flammes dansantes qui illuminaient leur camp. Mais seul un s'attelait à la tâche de faire tourner leur nourriture... Et ce n'est qu'en la voyant qu'Hivann sentit un malaise le prendre. Les souvenirs de son expédition dans le véritable garde-manger qu'était devenu l'asile d'Exilé lui vinrent comme un coup de poing dans le ventre. Car si ce n'était pas un humain qui brûlait là, c'était bien un liykor qui était cuisiné, maladroitement empalé sur une lance qui faisait office de broche. A en juger par sa taille, ce devait être un fujonien.

"Ils vont manger un de mes cousins... grogna Rawf. Je ne vais pas laisser ça arriver encore ! Rawf !"

"Du calme, Rawf... tenta de rassurer le mage. Nous ne faisons pas le poids face à eux. On ne peut pas simplement les attaquer.

"Attendez, regardez bien."

Si les trolls n'étaient pas dignes d'un intérêt autre que celui de leur inertie ou de leur puissance, leur camp était une véritable mine d'or. Les tentes n'étaient pas si grandes par pur hasard : elles étaient rapiécées, cousues plusieurs fois, ce qui laissait croire que bien cinq toiles différentes avaient été utilisées pour confectionner chacune d'entre elle. Tout portait à croire que ce pauvre fujonien faisait partie d'un groupe d'aventuriers, ou bien d'un des groupes d'aventuriers qui avaient dû passer ici. Car de nombreuses armes, coffres et autres outils inutiles pour de telles créatures étaient dispersés ici et là, peut-être en guise de décoration.
On ne pouvait pas encore voir ce que contenaient les tentes, mais elles laissaient croire qu'elles devaient renfermer quelques petits objets qui auraient leurs importances ici.

"Normalement, les trolls sont dans des groupes d'environ une demi douzaine d'individus... Là, ils ne sont que trois."

"Vous croyez que d'autres se cachent ?"

"Non, non... C'est trop petit pour eux ici. Mais je pense savoir pourquoi ils sont là, à une altitude où il fait si froid alors qu'ils redoutent l'hiver."

"A quoi pensez-vous ?"

"Amaury vous avait bien dit que l'elfe avait créé le Sanctuaire Perché pour sa bien aimée, non ? Si c'était un être aussi puissant, imaginez bien : ce tunnel est droit, sans pente. Il a été creusé exprès pour mener jusqu'à ce jardin que Rawf arrive à sentir. Manifestement, on est sur la bonne direction et, comme par hasard, des trolls viennent nous barrer la route ? Non... Je pense que cet elfe a mené ces trolls ici. Trois pour éviter trop de conflits internes, pour réussir à les placer ici et....

Il prit une longue respiration, pour enfin désigner les hauteurs du tunnel qui s'avéraient bien plus hautes au niveau du camp désigné. A ce moment, le cœur d'Hivann fit un bond. Ici étaient pendus peut-être une dizaine de corps, apparemment de races humanoïdes différentes. Par leur altitude et leur absence de vêtements, ils semblaient avoir gelé et l'ynorien devina aisément quel serait leur destin post mortem.

"Le Sanctuaire Perché est connu, mais pourtant, personne ne semble avoir vraiment réussi à y aller. Et ce n'est pas parce que c'est isolé : c'est que ces créatures en sont gardiennes. Imaginez : vous êtes une bête, vous êtes installé à un endroit où la nourriture vient à vous d'elle-même... Pourquoi changeriez vous d'emplacement ?"

"Ce doit être le seul chemin jusqu'au Sanctuaire, et nous serions bloqués par des créatures aussi stupides ? C'est trop idiot..."

"Rien n'est encore perdu... Regardez ce camp. Oui, ces armes ne nous servirons pas, mais il doit bien y avoir quelques objets enchantés ou explosifs pour nous aider. Ce sont des aventuriers qui sont passés ici, ils devaient être préparés."

"Des explosifs... Oui, nous pourrions les enterrer dans leur propres tombes."

Lür écarquilla les yeux, regrettant presque son idée initiale.

"Je pensais à les blesser, par à détruire ce tunnel ! Même si nous arrivions à aller de l'autre côté pour joindre le sanctuaire, nous ne pourrions faire demi-tour !"

"Vous oubliez que j'ai été l'un des plus grands géomanciens de la République d'Ynorie. Ce qui est fait de terre ou de pierre, je le maîtrise. Il me faudrait juste un peu de fluides et je pourrai nous creuser une sortie à travers les débris."

Lür resta silencieux. Hivann avait raison sur un point : il était celui qui avait le plus de connaissances concernant la roche. Et ils étaient face à un obstacle infranchissable autrement qu'en entamant un combat synonyme de suicide. Même Rawf semblait acquiescer les idées du mage. Mais pour lui, il fallait dire que la colère de voir un de ses frères être dévoré devait le rendre... peu objectif.

"Très bien, faisons cela. Je vais aller en reconnaissance dans les tentes, voir s'il y a bien des explosifs."

"Je reste ici avec Rawf. Je n'ai pas d'explosif et je n'ai plus mes compétences alchimiques d'antan, mais je peux toujours aider d'une autre manière... Je peux vous créer du soufre."

Hivann avait réussi à utiliser à nouveau son sort de terre glaise il y avait de cela plusieurs mois, en voulant détruire les barreaux d'une cellule qui le retenaient prisonnier. Après cela, il n'avait pas vraiment eu l'occasion de l'utiliser à nouveau. Mais depuis, il avait été en contact avec suffisamment de métaux magiques et avait utilisé bien assez la géomancie pour se sentir capable de changer la propriété de certaines matières, du moments qu'elles étaient des minérales.
Pour illustrer ses paroles, il plaça les mains sur le sol concentra immédiatement ses fluides. Comme à leur habitude, ils circulèrent dans tout son corps jusqu'à faire briller la pierre frontale qui décorait son front. Et petit à petit, ses doigts semblèrent traverser la roche.

"Il me faudra beaucoup de temps. Bien... Trente minutes, que je puisse rendre cela malléable, puis que je transforme sa matière. Si vous ne trouvez pas d'explosifs, vous pourrez au moins utiliser ça pour détruire les poutres."

"Pourquoi ne pas en faire de la poudre ?"

"La poudre est un mélange. Ce serait comme créer trois minéraux dont il me faudrait changer la matière. Il y a quelques mois, j'aurais pu vous faire cela en revanche... Bon, allez, dépêchez-vous. Nous avons la chance d'arriver à l'heure du repas. Profitez-en pour prendre ce qu'il nous faut."

Mais Rawf s'énerva de plus belle. Il ne cria pas, mais sa voix rauque se fit vite plus sonore, ce qui fit trembler le mage.

"Vous allez laisser mon cousin être mangé ! Rawf !"

Hivann réalisa alors seulement ce qu'il avait dit. C'était avoir trop peu d'empathie pour un pauvre être qui avait vu nombre de gens être dévorés. Il n'avait pas mesuré à quel point voir un premier "frère de race" après tant d'années de captivité dans une telle situation devait être traumatisant. Freiné dans son sort, il prit tout de même la peine de répondre.

"Rawf... Crois-moi, nous vengerons ce loup. Mais il s'agit là de notre seule chance d'agir. Sans lui, nous ne pourrions pas même espérer traverser ce tunnel ou avoir une chance de les vaincre. Salue son sacrifice : nous serons victorieux grâce à lui."

Rawf grogna encore, mais il se ravisa. Il se contenta de reprendre place derrière le mage alors que Lür s'apprêtait à pénétrer dans le camp géant des trolls. Quant à Goont, il replaça de nouveau ses mains sur le sol pour reprendre la métamorphose de la roche.Trente petites minutes pour un repas pour les géants... Trente petites minutes pour sceller leur destin.

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 18 Oct 2014 18:30 
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[:attention:] Certains passages de ce texte peuvent heurter la sensibilité par leur caractère violent. [:attention:]


À mon réveil, je me sentais lasse. Assise, dans un lit à l'aspect miteux, dans un dortoir vide et sombre, je repensais à tout ce qui avait pu m'arriver depuis mon départ de Cuilnen.
La gestion du Domaine, ces histoires avec le personnel, avec la première cohorte de soldats, mes rencontres avec les nobles des Duchés, le Bossu, mes entraînements personnels puis avec les militaires, mon actuelle escapade et le récent combat.
À quoi bon tout ceci ? À quoi cela me servait de vouloir, tout à la fois, me faire accepter et respecter ? Et, même, augmenter mon pouvoir ? J'étais incapable de tenir un combat, quel qu'il soit, la gestion d'un domaine ou une équipe de larbins…
J'avais posé mon masque devant moi et me perdais dans ses yeux vides, aussi vides que tous mes efforts. Je le fixais, perdue dans mes pensées négatives et démissionnaires, quand un homme me rejoignit dans la pièce.

"Dame Negliits. Le lieutenant vous demande aux cachots" me demanda-t-il avec déférence.
"Ah oui, j'arrive." lui répondis-je, encore dépitée par mon récent bilan intérieur.

J'essayais de me lever, mais je peinais. L'excursion et le combat m'avaient fait plus de tort que je ne l'aurais cru. Je grimaçai et me décidai à me parer de mon masque.

"Souhaitez-vous que le docteur vous prenne en charge ?" me proposa-t-il, employant toujours ce ton très servile.
"Ne dites pas de bêtises ! Je vais très bien. Menez-moi aux geôles." J'étais exaspérée qu'il me considère comme une faible ou une incompétente.

Nous descendîmes au niveau le plus bas du refuge. Le dortoir jouxtait la salle des gardes où se trouvaient à peu près tous les survivants de la veille. Je m'attendais à ce qu'ils me lancent des regards haineux ; après tout, malgré mon inexpérience je m'en étais sorti vivante, tandis que plusieurs de leurs compagnons étaient tombés. À ma grande surprise, ils me saluèrent, militairement ou amicalement, certains s'enquièrent même de mon état. Je ne savais comment réagir. J'étais persuadée qu'ils se moquaient de moi mais je refusais de leur montrer une once de faiblesse. Je m'efforçai de me tenir bien droite, me tournai vers eux avant de m'incliner très légèrement, en guise de révérence. Puis, je les remerciai de leur intérêt, sans grande conviction, et m'éclipsai vers les cellules.

Une trentaine de marches fines nous engloutirent avant que nous rejoignîmes une vaste salle qui sentait l'humidité, l'urine, le sang séché et le renfermé.
Il y faisait sombre et seules deux torches accrochées contre le mur en face de moi éclairaient l'ensemble, faisant danser les ombres des sept personnes présentes, des barreaux des cellules, du mobilier et de ces lamentables prisonniers garzoks.
Laissez-moi vous décrire un peu cette pièce dans laquelle j'ai découvert un plaisir personnel un peu pervers.
Comme dit, la première chose que l'on remarque, c'est l'odeur et ce, dès le milieu de cette longue et forte pente menant à la salle. Une fois en bas, on peine à distinguer, dans les premiers instants, les détails. La lumière, relativement faible et mouvante, offre une ambiance tout à la fois envoutante et oppressante.
L'aménagement y est minimaliste. Juste ce qu'il faut pour opérer efficacement. Deux cellules aux barreaux épais et orthogonaux, deux larges piliers avec des anneaux scellés à divers endroits soutiennent le plafond, deux tables, dont une suffisamment longue pour accueillir un corps aussi grand que celui d'un Sindel, et l'autre, toute simple, accompagnée de tabourets. Dans le coin opposé aux escaliers se trouve une armoire recelant des trésors insoupçonnables, dont certains que j'ai repris par la suite. Le lieutenant et le responsable du refuge étaient accompagnés de cinq soldats qui étaient, pour trois d'entre eux, installés à la table et, pour les deux derniers, postés au pied de l'escalier.

À peine mon accompagnateur et moi-même étions entrés dans la pièce que le lieutenant annonça le début de la séance. Je ne savais nullement à quoi m'attendre. On me désigna la table que je qualifierais d'agrément et on me demanda de seulement regarder, écouter, voire transmettre mes questions… mais de n'intervenir en aucun cas. Puisque j'étais dans l'expectative, je me décidai à obéir et à m'installer. J'observais les captifs tandis que mon donneur d'ordres, adjoint d'un soldat et de notre hôte se servaient dans l'armoire. Le métal tintait et faisait écho aux ricanements des garzoks.
La remarque de notre chef d'escouade me prévint, avec efficacité, que l'humeur guillerette des prisonniers n'allait probablement pas perdurer. Il adressa un avertissement du genre :

"Bon, nous n'avons pas pour objectif de vous tuer. Nous espérons bien vous garder en vie le plus longtemps possible et vous offrir de longs et intenses moments de souffrance. Quatre de mes hommes sont morts, je vais tâcher de vous graver leur souvenir dans la chair."

Mais les petits rires ne s'estompèrent pas. Nos quatre invités fixaient leurs hôtes avec une insolente provocation. Le maître des lieux, escorté de deux hommes, extirpèrent sans délicatesse, mais sans rencontrer de résistance, l'un des détenus pour l'attacher au pilier le plus proche de moi.
Son odeur rance m'agressait les narines au point d'en avoir un haut-le-cœur. Sa peau était parsemée de cicatrices qui renforçaient son aspect aussi guerrier que répugnant.
Notre chef d'escouade se plaça en face de lui - il ne semblait pas incommodé le moins du monde par la puanteur environnante - et il demanda à l'orc si d'autres groupes de ses congénères étaient actuellement envoyés sur notre territoire.
L'orc éructa, gueule grande ouverte, puis se mit à déblatérer je-ne-sais-trop-quoi dans sa langue de dégénéré. Les consonances me faisaient penser au son produit par une personne s'étouffant dans son vomi. Les trois autres éclatèrent de rire tout en répondant dans la même langue.
Le lieutenant, probablement pour interrompre ce moment de camaraderie raciale, frappa violemment l'enchaîné d'un coup de poing dans le bas ventre. J'entendis nettement le son sourd suivi du glapissement de douleur. Un frisson me parcourut. Il ne s'agissait pas d'une crispation, comme celle que l'on peut ressentir par compassion à la douleur d'autrui, ni même un spasme consécutif à la surprise ou à un choc. C'étaient, tout au contraire, de légères palpitations caractéristiques du plaisir. De voir ce tas de viande attaché, gémir alors qu'il faisait preuve quelques instants auparavant d'une insouciance, voire même d'une impudence intolérable… Je trouvais ça terriblement excitant. Cela s'apparentait un peu à ce que j'avais ressenti après avoir rappelé à l'ordre cette connasse de gouvernante, mais en bien plus jouissif.
Pendant que je m'enivrais de cette douce sensation, le lieutenant reprenait son interrogatoire, s'acharnant sur sa première question, judicieuse à n'en pas douter. Mais les coups de poing étaient bien peu persuasifs. Aussi, entra en scène le responsable du refuge. Il tenait dans sa main droite une petite pince plate et il se plaça derrière l'interrogé. Je ne saisis pas immédiatement ce qu'il faisait, mais c'était assurément douloureux. L'orc serra les dents et retint un cri puissant, il grognait et jurait… enfin, je suppose qu'il s'agissait de jurons.
Je dus me décaler pour observer ses gestes et percer le secret de l'action magique qu'il venait d'entreprendre. Un sourire illumina mon visage lorsque je compris qu'avec son outil, notre hôte venait d'arracher un ongle de l'orc. Le sang formait une masse bombée avant de couler à petit flot et chaque goutte distillait un peu de joie, de bien-être même, dans mon cœur. Malgré, ou à cause de, la douleur, le torturé persista à parler sa langue abjecte, mais le ton se faisait plus docile. Ses compagnons, eux, s'emportaient un peu plus, ils étaient agrippés aux barreaux et l'abondance de leurs propos nous laissait croire que notre sujet d'expérience allait craquer… C'était sous-estimer la résistance de ces brutes, voire leur goût pour la douleur.

"Si tu crois qu'perdre un ongle va m'faire parler… J'suis pas une mijaurée comme l'autre conne assise ici !"

J'écarquillais les yeux en entendant ses premiers mots en langue commune. J'oscillais entre envie de rire et volonté de lui faire ravaler ses paroles, mais le lieutenant me contint d'un mouvement de la main tout en répondant, sourire aux lèvres : "Mais c'est qu'il sait parler l'affreux ! C'est parfait, ça. On va pouvoir continuer alors. Et j't'assure que ce ne sont pas que les ongles que tu vas perdre…"
Mon estime envers cet humain croissait à chaque instant passé en sa compagnie. Et plus encore lorsqu'il illustra ses paroles en acquiesçant d'un mouvement du chef. Aussitôt, l'autre bourreau du moment se mit à arracher, lentement, un deuxième ongle, tandis qu'un soldat maintenait la main du condamné. Je fus un peu déçue, cependant, par l'absence totale de cri, tout juste une légère crispation des zygomatiques de l'insolent. Un autre sous-fifre se rapprocha de la scène, tenant un petit paquet de poudre blanche qu'il tendit à son supérieur. Celui-ci me proposa de le sentir et je reconnus immédiatement l'odeur du sel. Je dois avouer qu'avant de le voir en action, je ne comprenais pas bien l'intérêt de la chose. Mais le résultat de ce simple condiment me ravit, si jusqu'alors notre condamné avait su retenir des râles, il n'en était pas de même une fois le sel déposé sur sa peau désormais à vif. J'observais la moindre de ses réactions, depuis les crispations, jusqu'aux cris, en passant par sa sudation qui s'amplifiait.
Je vous l'ai déjà dit, ce spectacle me réjouissait et je redoutais qu'on remarque l'engouement que me procurait cet instant sanglant et violent. J'avais un peu honte du plaisir ressenti, d'autant que j'avais parfaitement conscience que cette activité était barbare, malsaine et immorale. Je me demandais ce qui m'attirait dans cette besogne ou, plutôt, pourquoi j'étais fascinée par cette brutalité et ces peines infligées. Peut-être mes goûts sont-ils dirigés par toutes ces années de rage et de frustration accumulées, ou bien ai-je enfin découvert un nouveau domaine dans lequel je pouvais exceller. Toujours est-il qu'à ce moment, la honte se partageait mon esprit avec le plaisir… Et je me sentais tout à la fois coupable d'être honteuse. Étrange et alambiqué, n'est-ce pas ? Je vous avoue qu'il est difficile de décrire ce sentiment.
Enfin bref, revenons à nos prisonniers et à leurs doigts salés. Assez rapidement, le spectacle devint bien trop répétitif et donc lassant. Je demandais donc si c'était tout ce qu'ils avaient à me présenter. L'un des clampins en poste ria nerveusement et ajouta que j'étais tout à fait spéciale, ce qui me mit mal à l'aise. Cependant, ma requête fut entendue et l'étape suivante fut de découper, phalange par phalange le pouce puis l'index de notre sujet d'étude. Je trouvais un peu dommage de gâcher ainsi le travail effectué auparavant, d'autant que les réponses étaient toujours aussi inexistantes… Par contre, l'interrogé commençait à sérieusement défaillir et le lieutenant décida de le renvoyer dans sa cellule.

J'étais un peu déçue que cela s'arrête, mais, fort heureusement, les affaires reprirent lorsqu'on extirpa le second de la cellule qui, lui-aussi, n'opposa aucune résistance. Elle aurait été vaine de toute façon. J'espérais voir de nouvelles techniques mais cela s'avéra bien redondant. Mêmes questions, mêmes encouragement à le faire parler et même absence de résultat. Je trouvais le temps long, malgré les quelques cris qui donnaient un rythme parfois cocasse à cette attente. Seul moment notable, l'épluchage de pénis plutôt que de doigt, mais le résultat fut tout aussi décevant. D'ailleurs, à ce moment, recevoir des réponses ne m'importait plus. Je n'attendais que plus de douleur, de cris et de sang et ma frustration croissait à mesure que la séance avançait. J'en voulais plus et cette stagnation n'assouvissait pas mes envies ; peut-être était-ce déjà un besoin. Aussi, lorsque le deuxième tas de viande se mit à vomir ses mots incompréhensibles dans sa langue de dégénéré, ma patience atteignit ses limites. Je retirai mon masque, me levai d'un bond et, avant que quiconque ne puisse intervenir, je plaquai ma main glacée sur la gueule du garzok. Ses lèvres se désagrégèrent instantanément de même qu'une partie de sa joue, sur laquelle étaient posés mes doigts. Saisir la crispation de douleur, voir ses yeux étinceler d'incompréhension puis d'horreur, recueillir le sang chaud et épais, le sentir couler puis jaillir par spasmes pour, enfin, s'échapper dans un flot continue… Je pressai ma main glacée et tout cela me ragaillardit et me calma tout à la fois. Je reprenais goût à la vie. Mes doutes s'échappaient dans ce liquide carmin.
L'orc était totalement défiguré et ceux autour de nous demeuraient interdits. Ma tenue était parsemée de ces petits rubis sanglants, mon visage n'avait pas été épargné non plus et mon sourire n'en devenait que plus éclatant d'horreur. Je me retournai alors vers les trois autres prisonniers et leur exposait d'une voix posée ma requête :

"Le prochain qui ose encore prononcer un mot qui ne m'est pas intelligible, je lui gèle la langue ou les parties. Je lui crève les yeux ou lui arrache les cordes vocales et l'étrangle avec. Est-ce clair ?"

Je pris l'absence de réaction pour un acquiescement et m'en satisfit. Puis je repris : "Bien, maintenant que nous partageons un même point de vue, je pense que nous pouvons reprendre."
J'ajoutais pour le lieutenant, avec un calme hiératique : "Je m'excuse de vous avoir interrompu et d'avoir ainsi perdu patience. Ils m'ont exaspérée. Vous comprenez, j'en suis sûre."

Ils restèrent pantois quelques secondes, échangeant des regards interloqués, glissants sur l'orc et sur moi-même. Mon gradé prit finalement la parole pour acquiescer avec hésitation et me rappeler que je n'étais pas censée intervenir ainsi.
Je repris ma place à table tout en raclant le sang visqueux depuis mes poignets jusqu'au bout des doigts. La texture m'amusait, cette impression si particulière lorsqu'on fait glisser le sang entre ses doigts jusqu'à ce qu'il sèche, se fige et, finalement, s'émiette. C'est un peu comme la cire chaude qu'on laisse refroidir sur le bout des doigts mêlé à la sensation des larmes qui sèchent sur les joues. Tandis que j'analysais ces effets, les raccrochant à des expériences personnelles, je suivais d'un œil distrait le nouvel échange de prisonnier.

Le défiguré était parqué dans un coin de sa cellule, son compagnon ne l'approchait pas. Tous deux avaient le regard tourné vers notre troisième jouet dont se chargeait l'un des soldats. Armé d'une machette, il demandait, à nouveau, des informations à propos des mouvement de troupes et des actions en préparation.
À ma grande satisfaction, nous obtînmes enfin quelques réponses. L'escouade que nous avions rencontrée avait été spécialement envoyée pour intercepter notre groupe. Ou plutôt, d'après ses dires, pour choper le groupe de la grosse elfe.
Que ma popularité dépasse les frontières me fascina et j'aurais aimé en savoir plus, mais le lieutenant se tourna immédiatement vers moi et, une nouvelle fois, me dissuada d'entrer en jeu.



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Dernière édition par Dame Negliits le Mar 20 Jan 2015 02:08, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 20 Oct 2014 20:30 
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Alors que Goont commençait à modeler la roche en lui donnant une forme de glaise, il se rendit compte que le timing sur lequel reposait la réussite de Lür dépendait non pas de sa capacité à utiliser la terre ou les compétences que le mercenaire avait en termes de discrétion. Tout reposait simplement sur la cuisson du liykor qui tournait sur le feu et le temps que pouvaient mettre les trolls à dévorer leur victime. Et alors que la glaise commençait à changer de matière et que Lür commençait à investir sa première tente, les trolls avaient déjà décroché la carcasse du pauvre fujonien pour se la partager comme des sauvages se partageraient un cadavre d'animal. Son corps carbonisé n'avait plus rien d'humanoïde, et il semblait encore moins appartenir à la race de Rawf quand les géants commencèrent à arracher ses membres pour les grignoter.

"Quand vous aurez fini, rawf... Quand Lür aura ce qu'il cherche et vous aurez votre terre... Je veux qu'ils meurent. Je veux qu'on soit certains qu'ils soient morts, rawf."

Hivann était toujours concentré sur le changement de matière de la roche, mais il ne put rester uniquement centré sur un tel objet en entendant son protégé.

"Oui Rawf, je te promets, ils n'en réchapperont pas."

Plus loin, Lür sortit de la première tente. Son passage avait été rapide, ce qui indiquait probablement qu'il n'avait rien trouvé de particulier. Il n'eut heureusement aucune peine à traverser une partie du camp sans se faire voir par le trio monstrueux. Il passa pourtant un peu plus de temps dans la nouvelle tente et les géants continuaient de manger leur proie à grandes bouchées. Rawf, lui, grognait de plus en plus fort et Hivann était désormais trop avancé dans la transformation de la roche pour se permettre d'interrompre sa concentration. Il ne pouvait que le sommer de s'arrêter.

"Rawf ! Si tu ne te retiens pas, nous ne pourrons pas en finir avec eux ! Alors calme-toi !"

Mais le loup grognait de plus en plus fort. Il n'avait réussi à attirer l'oreille des monstres, mais bientôt, il était très probable qu'il décide de s'attaquer à eux sans réfléchir. Et bien que l'ynorien croyait en la force exceptionnelle de son compagnon, il se doutait bien que le pauvre ne pourrait jamais les vaincre seul.
Fort heureusement, Lür semblait comprendre enfin qu'il devait se dépêcher et il sortit de la seconde tente sur cette pensée, les bras chargés de matériels qu'Hivann ne pouvait identifier à cette distance, ainsi qu'un manteau de cuir posé par dessus son épaule. Et plutôt que d'enquêter dans la troisième tente, il se dirigea directement vers l'un des piliers à trafiquer pour ensevelir les créatures. Un instant, le mage se demanda toute de même pour quelle raison il aurait décidé de prendre un vêtement aussi encombrant, mais il se ravisa bien vite : lui-même n'aurait pas craché sur un objet de qualité, qu'importent les véritables besoins de l'instant présent.

Il y avait environ quatre piliers qui gardaient cette partie de la galerie de tout risque d'effondrement. Trois étaient situés aux extrémités du campement, mais en revanche, le dernier état quasiment au centre des tentes. La seule bonne nouvelle était qu'il était assez gros et relativement éloigné du feu autour duquel les géants étaient rassemblés. Et il y avait une autre bonne nouvelle : Lür savait manifestement utiliser les explosifs. Il l'avait d'ailleurs prouvé à Darhàm lorsqu'il fut chargé de placer des feux d'artifices sur les instruments de torture qui jonchaient les rues. Hivann l'avait presque oublié, mais finalement, c'était grâce à lui qu'il avait réussi à faire tuer le Grand Lamin, chef de la résistance de cette ville.
Aussi, il fut très rapide dans son travail. Tout en faisant discrètement le tour du campement, en restant dans l'ombre des monstres, il plaçait les fameux explosifs sur les poutres. Derrière lui, seul un petit fil faisant certainement office de mèche prouvait sa trace et indiquait de quelle manière le ciel tomberait littéralement sur la tête de leurs victimes : les explosions fonctionneraient une par une, leur laissant tout juste le temps de courir de l'autre côté du campement pendant que les monstres tenteraient encore de comprendre ce qui leur arrivait.

Quand Lür eut terminé de préparer le troisième pilier, cependant, il n'allait simplement pas vers le dernier qui l'attendait au centre du campement. Il fit un signe de la main à Hivann qui comprit, en voyant ce qu'il portait avec lui, qu'il n'avait plus d'explosif mais qu'il restait encore largement de quoi utiliser des mèches. Comme le temps était manifestement avec eux, Hivann venait tout juste de terminer de transformer la roche en glaise, puis en soufre. Il souleva alors la roche pour la montrer au mercenaire qui lui fit comprendre à travers quelques signes qu'ils devraient se rejoindre au dernier pilier.

"Bon sang... M'a-t-il seulement vu ? Croit-il vraiment que je peux rester discret comme lui ?"

Mais le géomancien pouvait toujours pester : son allié ne l'avait pas attendu et s'était directement dirigé vers le dernier pilier. Le problème pour Hivann était double : non seulement il ne se connaissait pas comme étant un homme discret (il s'en était rendu compte face à l'Exilé...). Mais en plus, Rawf le suivait et la rage le dominait peu à peu.

"Rawf... Nous ne sommes plus qu'à quelques minutes de réussir. Mais tout dépendra de toi maintenant. Tu ne dois plus grogner. Tu dois rester discret et nous en finirons avec ces trolls. D'accord ?"

Le loup grogna encore, sans quitter ses adversaires des yeux. Après une certaine attente, il ne fit que répondre un faible "d'accord", avec dédain.

"Bien, alors allons-y."

Mais en descendant, l'ynorien remarqua de nouveau quelque chose : les trolls avaient bientôt fini leur repas. Les os du pauvre fujonien seraient bien plus visibles et il ne restait plus qu'un bras et le tronc de la proie à terminer. L'affaire de quelques bouchées seulement, avant qu'ils ne retournent peut-être dans leurs tentes.
Au moins, ils étaient encore concentrés sur leurs victuailles alors que les deux compagnons entamèrent leur chemin jusqu'au pilier. La taille énorme des monstres donnait l'impression qu'ils avaient vue sur tout, comme le tunnel n'avait pas de grandes variations sur le sol. Mais la nourriture étant leur seul préoccupation, tout allait pour le mieux. Le sol problème présent était celui du bruit. Difficile de rester silencieux avec un rocher de soufre qui s’effritait autant. Cela dit, Rawf avait cessé de grogner, contenant sa colère d'une manière que même Hivann n'aurait probablement pu éviter dans certaines circonstances.

Finalement, ils arrivèrent assez vite jusqu'à Lür qui prit immédiatement le rocher de soufre des bras du mage. Devant lui, il trempa un morceau de tissu quelconque qu'il avait gardé à la ceinture dans une fiole d'huile qu'il avait probablement gardée avec lui pour utiliser une lampe. Puis il enroula le rocher dans le drap mouillé pour ensuite y ajouter la fameuse mèche en l'enroulant de la même manière. Quand il eut terminé, il donna quelques directives.

"Je n'avais pas assez de fils ou d'explosifs pour tout détruire en une seule mèche, alors j'ai mis de quoi fragiliser chacun des pilier un par un. Il faudra qu'on soit rapide. Il y aura quatre explosions et je ne suis vraiment pas certain que tout s'effondre d'un coup. J'ai pensé qu'avec vos talents de géomanciens, on pourrait d'abord affaiblir la structure, puis la détruire pour de bon avec un petit séisme de votre cru."

"Bon sang Lür, ce n'était pas ce que nous avions convenu !"

"On ne peut pas les combattre et c'est le seul moyen que nous ayons pour les éviter ! Même si on les contournait discrètement, ce Sanctuaire doit être un cul de sac. Ils viendraient nous cueillir directement !"

"Qu'en dis-tu Rawf ?"

Le loup n'avait toujours pas quitté les géants des yeux. Mais il renifla profondément pour répondre à la question pourtant très générale du mage.

"Il dit vrai, je sens rien d'autre que ces monstres et les fleurs derrière eux, rawf."

Hivann pesta un moment, puis ne fit qu'accepter les indications de son formateur en archerie.

"Bien, bien... Mais même après ces explosions, je ne vais pas pouvoir faire trembler le sol sans me mettre au centre du danger."

"Enfin, Ser Goont ! Ne vous ai-je rien appris ?" fit Lür dans une pointe d'ironie.

Il avait beau être un ancien seigneur et doté de capacités magiques inouïes, bien qu'elles soient enfouies dans sa mémoire : Goont n'en restait pas moins un terrible archer. Mais pourtant, c'était le seul recours possible à l'instant.

"Bon sang... Vous aimez vraiment faire de moi un pauvre imbécile, n'est-ce pas ? Bon... Je vais concentrer mon sort de puissance terrestre. Au moins, si je me loupe, le sort aura son importance sur la zone."

"Ah, et prenez ça. Un manteau de cuir. Si vous utilisez votre précieux fusil, considérez que vous protéger des déflagrations ici sera votre formation en tant qu'artilleur."

Sur ces paroles, Lür offrit le fameux manteau que le mage avait aperçu un peu plus tôt. Il fallait admettre que bien qu'il était plus habitué à des tissus de facture plus noble comme la soie, ce cuir était solide et bien travaillé. Il avait manifestement beaucoup vécu, mais cela n'avait fait qu'augmenter son charisme. Les épaulières étaient épaisses sans paraître trop ostentatoires et le col était très haut et lui protègerait le visage. C'était finalement un vêtement qui conviendrait bien davantage si les légendes autour du Fusil de Mertar étaient bien vraies, et qu'il était capable de cracher des flammes en tirant ses projectiles.
Mais préparer un tel plan au sein même du camp ennemi était déjà une preuve d'une trop grande confiance en soit. Hivann eut à peine le temps d'enfiler son manteau et de remercier Lür. Il ne put pas même concentrer son sort, puisqu'il sentit un regard sévère se poser sur son groupe : l'un des trolls, encore un morceau du tronc du loup dans sa bouche béante venait de les voir et les avait pointés du doigt, ponctuant son geste d'un hurlement grave qui fit résonner toute la caverne. Dans un mouvement rapide qui ne s'accordait pas avec son gigantisme, il se leva de son rocher et poussa ses compères en enjambant le grand feu. Il avait même attrapé une énorme massue de bien deux mètres de hauteur, prêt à les cueillir tous trois d'un coup.

Lür eut seulement le temps de crier intensément avant d'allumer la mèche.

"Écartez-vous !"

Il n'y avait que quelques dizaines de centimètres entre l'extrémité de la mèche et le rocher de soufre qui était censé détruire le pilier central. Aussi, les compères purent seulement courir pendant quelques mètres et plonger sur le sol, au moment où une grande déflagration sembla les entourer.
Ils étaient littéralement enveloppés par les flammes, jusqu'au moment où la déflagration les souffla et envoya leurs pauvres corps virevolter plus loin, sous l’œil amusé des géants.

_________________
Multi de Ziresh et Jôs.

Ser Hivann Goont, Archer-Mage niveau 10.


Dernière édition par Hivann Goont le Mer 29 Oct 2014 16:06, édité 1 fois.

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