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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 17:28 
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Ton oiseau tombe enfin du ciel pour prendre Daer'on. Celui-ci, comprenant que tu vas agir, lève sa lance.

Pendant ce temps, une rafale de flèches strie le ciel, mais avec une aisance incroyable, la guerrière les évite sans peine. Elle fond vers ses ennemis comme une flèche et rien ne semble pouvoir l'arrêter. Ton voile de ténèbres l'engloutit... lui permettant d'accroître la surprise. Sa lance plonge dans le visage du premier soldat. Il n'a pas touché terre qu'elle s'élance vers le deuxième et lui lacère la gorge. Un troisième tente de la frapper d'un coup d'épée paniqué, mais elle esquive et il ne fait que blesser son voisin qui, sous la douleur, riposte et le tue.

C'est un spectacle incroyable de voir cette petite boule de plume qui vol en toute direction, frappant, blessant ses ennemis, semant une panique monstrueuse. Jamais il n'avait semblé aussi claire que les aldrydes pouvaient rivaliser avec les guerriers géants.

Mais elle se trouve bientôt menacée par derrière. Elle n'a pas le temps de réagir face à l'ombre qui la recouvre. Aussitôt, Daer'on jette sa lance sur le shaakt qui tente de l'attaquer sournoisement.

Attaque : 98 Oo

La lance transperce la gorge du shaakt et le laisse mort. En un seul coup ! Puis, elle disparaît pour reparaître dans la main de son lanceur.

Il y a toujours une zone d'ombre de 4 mètres au bord du champs de bataille. Mais il reste encore 16 soldats debout, et maintenant que la surprise est passée, le vrai combat va commencer, et il est terriblement inégale. Déjà, alors que Shada'is s'en prend à un nouvel ennemi, un garzok s’apprête à la frapper.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 17:52 
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Au-dessus, mon oiseau apparait enfin, me permettant de mettre Dae'ron en sécurité. La guerrière plonge, esquivant les flèches qui la prennent pour cible. Plus vive encore que je l'aurais imaginé, elle terrasse un à un ses adversaires. Son mouvement que j'ai juste le temps d'apercevoir alors qu'elle plonge dans les ténèbres me rappelle ma lutte contre le faux humain. Trois ennemis tombent tandis que j'agrippe férocement ma sarbacane et y colle rudement une fléchette. Je vois alors un shaakt s'approcher de Shada'ïs, et le mets en joue. Mais alors, la lance d'argent tombe comme un éclair de la position perchée de Dae'ron, empalant la gorge de l'assaillant.

Ma zone d'ombre est là, à côté, permettant un repli provisoire en cas de nouvelle salve de flèches. Mes yeux sombres s'élèvent d'abord vers mon oiseau et s'en détournent vivement pour ne pas donner sa position. Je m'adresse à mon camarade d'infortune, tentant de lui faire comprendre quelle cible privilégier s'il le peut.

"Coupe la tête du serpent !"

Mon regard se reporte sur la guerrière, avisant un garzok qui la prend pour cible. Je m'élève un peu plus haut et colle ma sarbacane contre mes lèvres. Il est trop près d'elle ! J'amène alors ma puissance physique dans mon torse, le gonflant pour imposer un recul certain à cet adversaire dangereux. L'adrénaline m'envahit. Si c'est là notre ultime combat, alors pas d'hésitations !

Ma sarbacane dirigée vers le garzok duquel je commence à me rapprocher, je m'efforce d'envoyer une puissante fléchette dans le bras qu'il élève.





Utilisation de la CCAJ "Recul" au niveau 7.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 18:06 
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Daer'on entend ce que tu dis et jette de nouveau sa lance, cette fois-ci vers la chef.

Jet:38

Mais il la rate. La lance revient dans sa main, mais maintenant, la shaakt se protège de son bouclier. Elle fait un signe et plusieurs archers vous ajustent. Tu as néanmoins le temps de tirer :

jet:38 (tu aimes bien les doublons)+10=48
Attaque du garzok:68

Ta fléchette rate le garzok et, au moment où Shada'is transperce un nouvel adversaire, elle reçoit un coup violent qui l'envoie valser dans les airs.

Attaque de la chef :2

Là, elle est cueillit par un coup d'épée élégant de la part de la shaakt. Daer'on pousse un cri... avant de réaliser que Shada'is à en fait enroulé sa lance autour de l'arme de son ennemie. Elle virevolte et se laisse tomber vers celle-ci, glissant le long de l'arme tendue pour porter un coup terrible.

Attaque acrobatique : 45

Mais elle rate son coup, ne faisant que lui balafrer légèrement la joue. Elle se renvole et s'écarte, c'est alors qu'elle voit les arcs se tendre. Vous allez tous être fauché en plein vol !

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 18:40 
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Que ce soit la lance argentée ou ma fléchette, Dae'ron et moi ne parvenons pas à frapper nos adversaires. La shaakt se protège d'un assaut aérien en brandissant un bouclier que je n'avais pas remarqué. Le garzok visé esquive mon coup et frappe violemment Shada'ïs, prise ensuite pour cible par l'épée de la femelle sombre. Fort heureusement, la guerrière à la lance virevolte, parvenant à s'en tirer sans dommages et en éborgnant presque la shaakte. Par contre, les archers vont nous tirer dessus d'ici peu ! Il me faut être prêt à tenter d'esquiver les projectiles dangereux ou tout du moins perturber nos adversaires ! Plonger dans l'ombre ? Pas assez de temps. La brûlure de la corruption se rappelle à moi, m'amenant le souvenir de mon ressenti dans la prison.

Il me faut essayer ! Je renforce ma prise sur l'orbe, songeant à ma magie sombre. Je dois créer une ombre puissante, regorgeant de ressentiment. J'amène mon énergie noire dans ma main touchée et tente de projeter une vague glacée, destinée à faire fuir tout courage chez mes ennemis. Mais mon fluide se rebelle et cause un claquement certain dans mon bras. Je dois gagner un peu de temps ! Battant des ailes, je décide d'effectuer un piqué pour me rapprocher du sol, parallèlement aux combattants à distance, et gêner la visée sur moi.

Ma magie est canalisée une nouvelle fois, et je vois danser une ombre au bout de mes doigts tandis que je perds de l'altitude. Elle n'est pas assez large ! Il m'en faut plus ! Mais alors que je mets cette idée en pratique, elle est accompagnée par un débordement qui manque de peu rendre mon bras insensible. Ne pas paniquer. Ma magie est mon alliée. Elle est moi. J'accole mon autre main, tenant la sarbacane, à celle de l'orbe, devinant puis percevant la corruption s'y propager. Je ressens un brin de crainte, que je m'efforce d'allier à mon énergie noire.

L'ombre se dessine entre mes doigts, mais la peur et la perte d'espoir que j'y déploie semblent refluer en moi. Je les combats de toutes mes forces et m'imagine devant la volonté noire, précédemment vaincue. La terreur qu'elle m'a causé était bien moins supportable ! Ce ne sont pas quelques géants qui vont me faire peur ! J'ai vu pire ! Je ne les redoute pas, je les hais et veux les voir paniquer, comme les rongeurs dans cette immonde citadelle !

Avec un grondement de rage, et m'appuyant sur l'aura sombre de l'orbe, je tente de projeter une ombre d'une grande envergure, capable d'emporter avec elle la confiance et l'espoir de mes adversaires. J'ai déjà réussi à créer une zone absorbant la lumière. Là, je veux qu'elle vole leur envie de vivre ! De se battre ! Je veux qu'ils tremblent, qu'ils craignent pour leur minable existence ! Je porte un objet maudit et je veux imprimer ce fait dans leurs sales caboches, bien profondément !

Pourvu que cela fonctionne !





Tentative d'apprentissage, et d'utilisation, du sort d'obscurité "Vague de désespoir" (niveau 7)

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 18:51 
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Ton sort parvient à se lancer et une nappe d'ombre enserre le groupe ennemi. Ceux-ci hésitent, et les flèches s'abaissent. Dans l’intervalle, Shada'is monte jusqu'à vous. Vous êtes assez haut pour parvenir à vous enfuir, mais la guerrière s'énèrve :

« Ne comprends-tu pas que je n'ai plus rien d'autre à faire dans la vie qu'essayer de venger mes compagnons ? Pourquoi t'acharner à me sauver au lieu de fuir ? Et toi, Daer'on, tu m'as déjà sauver une fois dans ce combat, n'est-ce pas suffisant ? »

Elle n'a pas le temps d'en dire plus. La vague de désespoir, maladroite, se dissipe déjà. Mais dans le peu de temps qu'il vous reste, vous pouvez encore vous mettre hors d'atteinte. Mais la guerrière ne semble pas vouloir venir...

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 19:24 
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À mon grand soulagement, ma vague angoissante parvient à se lancer, touchant la totalité des adversaires. Les arcs s'abaissent et je peux retrouver mon oiseau et Dae'ron vivement. La guerrière arrive aussi, la colère s'immisçant sur son visage. Et la voilà qui se met à nous crier dessus, me faisant froncer les sourcils. Elle prétend ne plus rien avoir d'autre à faire dans son existence que de venger ses compagnons massacrés. Montant en puissance, sa voix me demande pourquoi je m'acharne à l'épauler au lieu de la laisser en plan et de fuir. Juste après, c'est le blessé qui trinque. Elle lui demande si l'avoir sauvé une fois, en éliminant le shaakt sans doute, n'est pas suffisant.

La corruption rongeant mon bras me fait pousser un râle, mais ce n'est pas la douleur qui m'envahit. C'est une révolte. Ce discours égoïste m'énerve. Il n'y a que moi qui ait le droit de faire ce genre de répliques, et mes dents dévoilées le montrent. Je siffle avec colère. Mes paroles sont rapides, mais parfaitement audibles. Je dois faire court mais marquant.

"Si tu meurs, qui se souviendra d'eux ?"

Mon amertume rejoint ma colère et je poursuis ma tirade, presque à en perdre haleine.

"Tu es mercenaire, par mes ailes ! Tes cibles, tu peux les traquer quand ça te chante !"

Ma main à sarbacane s'étend, désignant l'aldryde mâle perché sur Lyïl.

"Dis plutôt que tu as peur de l'avenir ! Est-ce que tu as seulement pensé à ce qu'il peut ressentir ? Imagine que la situation soit inversée, bougre d'aveugle !"

Mes plumes sont hérissées, et je fixe la guerrière dans les yeux. Nous manquons de temps.

"Si tes sentiments sont vrais, et si tu te sens réellement responsable pour tes compagnons, alors vis avec ce poids."

J'inspire brièvement sans la quitter des yeux, cherchant à toucher un dernier point sensible.

"Il te reste encore quelque chose à faire... Aide Dae'ron à remplacer ses mauvais souvenirs des femelles par ceux que vous allez créer ! Et sache que si tu y retournes, tu ne seras pas la seule à y passer ! Tout cela n'aura servi à rien !"

Je jette un regard à Dae'ron et tousse, surpris de sentir ma gorge si sèche. J'ai parlé avec vivacité, empressement, et me sens stupide en percevant les arcs se tendre de nouveau. Résolument, je place une fléchette dans ma sarbacane. Tant qu'elle n'ouvrira pas les yeux, ma dette ne sera pas remboursée. Et je préfère encore y passer que de devoir quelque chose à une femelle !



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 21:29 
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Les flèches sifflent. Shada'is se précipite sur leur trajectoire... en attrape une, virevolte et la relance vers les ennemis ! La chef shaakt pousse un râle de douleur, touchée à la cuisse.

Vous avez été miraculeusement épargnés par le tire, et la guerrière aldryde crie :

« On y va ! Maintenant ! »

Derrière, les soldats se pressent pour aider leur maîtresse, sachant ce qu'ils encourent si elle venait à mourir. Ainsi, vous vous éloignez dans les ombres de la nuit. Mais devant vous, l'horizon s'éclaire, et une nouvelle aube se prépare.

Après un long silence, Shada'is déclare :

« Tu as raison Nessandro. Au moins sur certains points. Mon rêve de construire un essaim ou tous seraient égaux, comme dans la légende de la ruche du phénix, est tombée en poussière, mais j'ai encore des choses à accomplir. Cependant, j'ai cru comprendre que tu allais devoir partir à la recherche de l'orbe de la gardienne. Je ne te suivrais pas dans cette quête, bien que je te souhaite de réussir. Moi, je vais partir vers le nord, combattre le mal sous toutes ses formes. »

Alors, Daer'on lui tend sa lance :

« Je t'ai sauvé la vie, finalement. Je te la rend, et je suivrais Nessandro, s'il est d'accord. Sinon, je partirais de mon côté. »

La guerrière accepte la lance... uniquement pour te la tendre.

« Prend-là. La javeline de la plume d'argent. Tu l'as mérité. Adieu Nessandro. Adieu Daer'on. Peut-être nous retrouverons nous un jour, sur le champs de bataille. Si le destin en décide ainsi, alors j'attendrais ce jour avec impatience. »

Daer'on ne peut retenir une larme :

« Adieu, mon amie. Puissions-nous nous revoir en de meilleurs auspices. »

Et tandis que le soleil se lève, avec un dernier signe de main et un sourire apaisé, Shada'is s'éloigne d'un battement d'aile, vers son destin, vers le nord.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 19 Déc 2014 22:50 
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Tout se passe très vite. La guerrière attrape au vol une flèche et la retourne proprement à l'envoyeur, blessant la femelle shaakte suffisamment profondément pour que ses sbires nous lâchent. Elle nous ordonne de partir, et pour une fois, c'est une directive avec laquelle je suis totalement d'accord. Nous volons longuement dans la pénombre, et je garde constamment la main contre le cou de Lyïl pour le rassurer et l'encourager. Dae'ron est différent de moi, et l'oiseau doit le sentir. À bonne distance de la citadelle, alors que l'aube arrive, Shada'ïs m'adresse la parole. N'importe quelle autre femelle m'aurait énervé à employer mon nom, mais je tolère celle-ci.

Elle est d'accord avec certaines choses et m'apprend qu'elle avait un rêve, une utopie : créer une ruche où aldrydes mâles et femelles seraient égaux. Le trépas de son groupe met cet idéal à mal, et je ne tente pas de l'interrompre. Voir ses espoirs brisés est douloureux, j'en sais quelque chose. Je ne fais qu'acquiescer quand elle me rappelle que je vais devoir aller chercher l'orbe lumineux. Avec une pointe de soulagement, j'apprends qu'elle ne viendra pas avec moi. C'est tant mieux. J'ai remboursé ma dette à son égard, et cette aventure m'a fait comprendre qu'il valait mieux que je reste seul. À de nombreuses reprises, je me suis mis en danger ou ai refusé d'écouter mon instinct, par orgueil.

Perché sur mon oiseau, Dae'ron tend la lance argentée à la guerrière, semblant avoir remboursé sa propre dette envers elle. Il annonce d'un coup que, si je suis d'accord, il compte m'accompagner dans ma quête pour l'autre orbe. Il est tombé sur la tête pendant que je ne regardais pas ou quoi ? Ils ont toujours été ensemble, pourquoi se séparer maintenant ? Je n'ai pas le temps d'émettre un son que je me vois tendre la javeline par Shada'ïs. Mes émotions sont incompréhensibles. Cette femelle m'offre une arme d'une valeur sans doute importante, au moins sentimentalement. Pourquoi ? Je n'ai rien fait pour cela. Est-ce une punition ? Moi qui pensais pouvoir oublier tout cela, en particulier leurs visages et leur présence, je me retrouve avec un objet qui y est lié... Voire un compagnon de voyage.

Mes doigts légèrement tachés par la corruption se referment sur la hampe. Cette javeline est magnifique, ce qui me dissuade de m'en défaire. Ce n'est pas parce qu'elle a un quelconque sens. Non, elle ne représente rien. Ou est-ce du moins ce dont je tente de me persuader. À coté de moi, Dae'ron fait ses adieux avec une voix émue et j'aperçois même une larme. Il la traite comme une amie ? J'aurais préféré le voir violemment rejeter sa déclaration, mais même si cela ne me regarde pas, j'en ressens un étrange brin de soulagement. C'est peut-être justement la raison de leur séparation. La femelle aurait du mal à se retenir de l'agresser, et lui se sentirait trop mal pour demeurer à ses côtés. Malgré le côté comique de mes pensées, je ne parviens pas à esquisser le plus petit sourire. Shada'ïs, offrant une expression visiblement soulagée, prend son envol en direction du nord, vers les terres conquises, ou en passe de l'être, par la maîtresse de la shaakte.

J'observe mon camarade d'infortune et, d'un coup d'aile, me hisse à sa hauteur. Je ne comprends pas sa décision. Je devrais le rejeter d'un trait d'esprit bien placé, lui faire comprendre qu'il peut encore la rattraper, mais la marque sur son épaule blessée me ramène à ma culpabilité. Je peux... Je peux peut-être le laisser m'accompagner, au moins le temps de m'assurer qu'il se remette. Il partira bien de lui-même à force de me côtoyer. Personne ne peut rester près de moi sans finir par vouloir changer d'air.

"Tu... Tu es sûr de toi ? Qui sait ce que le repère de l'autre orbe peut contenir ?"

Pour toute réponse, le mâle passe sa main contre ses yeux. Et il me sourit faiblement. Peut-être est-il juste bouleversé par les derniers événements, et cherche à se raccrocher à ce qu'il croit connaître. Dans la lueur matinale, il semble briller, et je me hâte d'en détourner le regard. Je dois être fatigué, et il me faut me souvenir qu'il partira aussi. Je ne dois pas faire la même erreur qu'avec Hyjuud, surtout de ce genre-la. Vue la réaction de mon ami d'enfance, je sais à quoi m'en tenir. Quand bien même je développerais un début de lien avec lui, cela devra en rester là. Rien de tel qu'une bonne distance aussi bien physique que morale de sécurité.

Pour ma propre santé mentale.

"Soit."

Tout en poussant mon oiseau à poursuivre, je me mets à chercher du regard un coin où nous poser. La nuit a été longue. J'ai besoin de repos, même si le tiraillement de la corruption, remontant à présent sur mon coude, m'indique que cela ne sera pas une mince affaire.

Et voilà ma mauvaise humeur qui semble revenir. Bizarrement, elle est tempérée par une esquisse de sourire. Vivement un peu de sommeil.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 20 Déc 2014 18:57 
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Tension et attention

-1-



Dans la lueur de l'aube naissante, seul le son des battements d'ailes se fait entendre. Mes yeux sombres scrutent ce que je survole, mais à part quelques épineux, aucun lieu vraiment propice au repos. Mes ailes se meuvent lentement pour préserver l'énergie qu'il me reste, et je plane plus que je ne vole. À ma gauche, sous la main apaisante que j'élève, Lyïl mon harney au plumage sombre et huppe bleue se déplace à mes côtés et je peux sentir la tension de son cou. Il y a de quoi. En plus de m'avoir porté la veille toute la journée, et d'avoir échappé à un contingent de géants, il n'a presque pas cessé de voler durant la nuit. Et avec un passager qui n'est pas moi.

Je jette un regard par-dessus mon épaule, avisant l'aldryde mâle Dae'ron. Dans la lueur matinale, son teint de peau clair s'éclaircit encore, venant à luire en doré. Le tout met en relief la musculature fine mais présente de son torse nu. Seul un collier lui sert d'habit à ce niveau, point d'ancrage nécessaire pour ne pas détailler mon congénère. Un pagne blanc qui doit être en silm, cette matière avec laquelle les immondes femelles de notre race adorent se pavaner, protège vaguement le reste. Je glisse mes yeux vers son visage. Pâle comme un reflet de lune, doté de deux yeux d'un noir profond, bien proportionné et encadré d'une chevelure ténébreuse qui ne descend pas plus bas que le milieu de la nuque. Maintenant que je le détaille un peu, je dois admettre qu'il a son charme. Nos regards se croisent un instant, et je détourne la tête.

Sous mon casque, ma mâchoire se crispe quand la sensation familière et désagréable m'étreint. Ma main droite est encore serrée sur l'orbe de Nostrad qui délivre inexorablement sa corruption à mon membre, le faisant noircir à vue d’œil. Malgré tout, j'ai misé sur ce que m'a assuré le Gardien. Bien qu'impressionnante, cette propagation ténébreuse ne serait pas mortelle.

( Mais pas inoffensive pour autant. )

Un éternuement ramène mon attention à l'aldryde qui m'accompagne, et je le vois se frictionner les bras avant de se servir de ses ailes comme d'une protection. Vêtu aussi légèrement, il n'est pas étonnant qu'il ait froid, surtout à cette hauteur montagneuse et épuisé par les derniers événements. Pour le moment, je ne trouve pas encore un quelconque abri intéressant et suis tenté de poursuivre ma route un peu plus loin.

Un nouvel éternuement me fait dévoiler légèrement les dents et je tente tant bien que mal de l'ignorer. Qu'est-ce qui m'a pris de le laisser m'accompagner ? Il a l'air de pouvoir se débrouiller seul après tout. Oui, mais peut-être pas sans sa javeline. Plume d'Argent est tranquillement en travers de ma sacoche, retenue par la sangle intérieure et le battant de cuir de mon bagage. Qu'aurait-il fait si j'avais décidé d'avancer seul ?

Nouvel aperçu. Il grelotte. Je trouve bientôt une paroi à encore une poignée de minute de vol, qui semble pouvoir offrir ce que je recherche.

"On s'arrête à cette falaise."

"Ça va. On peut poursuivre encore un peu."

"J'ai pas compris. Tu grelottes trop."

Un silence tombe sur notre petit groupe. Dae'ron devrait avoir saisi depuis un moment que gentillesse et délicatesse ne sont pas mon fort. Son mouvement pour abriter ses jambes nues ne m'échappe pas.

( Par mes ailes, j'ai hâte de me poser. Bon, voyons... )

La falaise repérée est haute et abrupte, entre ton grisâtre et orangé par l'éclat du soleil levant. La pente est importante, au point que je suis persuadé d'avoir vu un quadrupède à cornes arrondies en dégringoler. J'y note la présence de galeries et de cavités, indiquant un lieu propice à la nidification de dangereux rapaces. J'ai du mal à ne pas grimacer à cette pensée.

( Peste soit de ce vieux croulant humain incapable de ne pas babiller dès qu'il était question d'oiseaux... Au moins, cela a maintenant une utilité. )

En me voyant sans doute inspecter les lieux, Dae'ron attrape gentiment la huppe de Lyïl et fait un mouvement lent vers l'arrière. Et il se fait obéir. J'en hausse un sourcil. Il faut croire qu'avoir volé à ses côtés pendant quelques jours a suffi à ce que ma monture l'adopte. Je pousse un souffle nasal contrarié à la pointe de jalousie que je sens me parcourir. Du calme. Quand cet adorateur d'acrobaties sera remis, il laissera ma monture tranquille.

Une dépression dans le flanc montagneux attire mon attention, semblant correspondre à mes attentes. Je demeure toutefois prudent.

(Mieux vaut en être sûr.)

Je me pose dans la cavité comportant les restes d'un foyer d'oiseaux, et évite de justesse un fil d'araignée. En les examinant, le montant de débris et de poussière qu'ils recueillent m'indique un abandon par leur créateur. Branchages et plumes. Mais le tout est si défait qu'il n'y a aucun doute sur l'âge avancé de ce nid. Dernier indice, les déjections des précédents locataires. Si sèches qu'elle s'effritent d'un simple regard.

J'emploie mon briquet pour provoquer la combustion de quelques brindilles écartées du lot. Prudent, je ramasse tout de même quelques pierres éparses pour circonscrire le lieu d'action des flammes. Un flambeau improvisé me sert à éclairer l'endroit. Si je repousse un peu les débris, le lieu aura l'air accueillant. Enfin, autant que peut l'être un trou ouvert dans un pan de montagne, parsemé de guano, et sans le moindre tissu pour en rendre le sol plus confortable. Et il est plus petit que ce que je pensais, en plus.

Je bondis au bord et fais signe. L'aldryde me rejoint et prend d'ailleurs l'initiative d'extraire d'autres brindilles de la construction animale pour alimenter le feu, pendant que j'utilise une fissure dans la roche pour planter ma torche improvisée. Étrangement curieux, mon harney se met à explorer l'endroit et sautille sur les débris épars. Il tourne dans la cavité avant d'en ressortir et de se dégourdir les ailes.

L'espace d'un instant, son manège semble tirer un faible sourire au mâle, accroupi et se frictionnant près du feu. Je porte la main à mon plastron, sentant une fringale certaine. Je préférerais dormir après toutes ces péripéties, mais déjà que mon bras me lance, pas question que mon estomac en rajoute ! J'extirpe de ma main à peine marquée par la corruption le sachet de balles de miel qu'il me reste. Celui de baies séchées pour Lyïl n'est guère plus épais.

( Pas fin, Nessandro. Partir sans provisions... En répartissant bien, cela devrait tenir deux jours. Plus en fonction des ressources sur le chemin. )

Je tends une portion sucrée à Dae'ron, agacé et surtout mal à l'aise de devoir tenir compte de sa présence.

"Tiens. C'est pas un fruit, mais y'a rien de mieux."

Sans se redresser, mon interlocuteur de profil par rapport à moi tend la main pour attraper l'aliment. Alors que ma prise dessus s'amenuise, l'un de mes doigts frôle accidentellement l'un des siens. Avec un son surpris, il l'écarte vivement, laissant la balle douce choir dans la poussière du sol. D'un sursaut de volonté, je m’efforce de chasser le moindre ressenti négatif qui tente de me contrôler. J'avise l'aliment que je ramasse en fronçant les sourcils. Si je le dérange tant que cela, pourquoi n'y a-t-il pas réfléchi avant de décider de s'imposer ? Je ne lui ai rien demandé, moi !

Un silence tombe avec un poids certain sur le lieu. Un seul côté de l'aliment est sali, mais le détacher enlèverait tout de même un bon quart de sa surface. La voix de mon interlocuteur s'élève.

"C'est... Je ne voulais pas..."

Pour toute réponse, j'envoie le sachet dans sa direction et lui tourne le dos, m'approchant du bord de la cavité. Silencieux, je m'assois en laissant pendre ma jambe droite et repliant l'autre. J'ôte mon casque que je pose à côté de moi, et extirpe la dague-croc de Célestin de son étui. J'observe la surface tranchante un instant puis commence à racler méthodiquement la balle de miel. De longues secondes se sont écoulées quand j'envoie choir le dernier morceau sali, sans que Dae'ron ne se manifeste. Je demeure vigilant toutefois. Rancunier au possible, je sais que je serais du genre à mettre à profit ce type d'occasion pour rendre la monnaie de son yû à quelqu'un que je déteste.

Silencieusement, et contre tout ce que mon imagination tentait de m'imposer, Dae'ron se décide et vient s'asseoir non loin de moi, une nouvelle dose de miel en main. Je ne comprends décidément rien aux pensées de ce type. Cet énergumène est un casse-tête, et je n'ai vraiment pas besoin de cela. Pourtant, en voyant son profil scrutant l'horizon, je décide de garder ma répartie blessante pour moi. C'est sans doute la fatigue ou l'influence des derniers événements.

(Ceci dit, je suis bien content de voir se lever un nouveau jour.)

Le feu crépite doucement derrière moi, comme cherchant à concurrencer l'astre qui s'élève lentement au-dessus de tout.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 21 Déc 2014 01:13 
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Le jour s'impose progressivement, et je me perds un instant dans la contemplation des quelques nuages épars, au son de grondements animaux lointains. Je relativise. Si Dae'ron avait voulu se venger, il aurait pu parfaitement récupérer sa lance et me la planter dans le dos en vol. Vue l'occasion, moi, je n'aurais sans doute pas hésité. Mais ce mâle n'est pas moi, et le fait qu'il demeure assis à ma gauche le prouve.

Je ferme brièvement les yeux, et malheureusement l'écho du cri de Dae'ron ne quitte pas ma mémoire. Si je n'avais pas été parcouru par cette faiblesse liée à la fuite de ma magie, jamais je n'aurais eu à l'entendre. Ou alors, j'aurais du le tuer moi-même. La volonté noire n'aurait plus eu la moindre emprise sur moi, sans oublier que cela m'aurait épargné sa souffrance et sa présence. J'ai été véritablement faible sur ce coup-là.

( Mais Shada'ïs se serait alors empressée de me transpercer la cage thoracique. Surtout si elle savait déjà pour ce tas d'incapables... )

À cette pensée, j'oriente mon regard vers l'aldryde et hausse un sourcil. Il a étendu ses ailes autour de lui et sa balle de miel repose sur son pagne. Il recouvre son visage de ses deux mains et je discerne une grimace sur ses traits. Ma peau se hérisse. Dae'ron pleure ? Son attitude m'irrite plus qu'elle ne me pousse à la compassion. Il a eu tout le trajet nocturne pour s'épancher, mais non, il faut qu'il s'y mette maintenant !

Contrarié, perturbé par cette détresse naissante, je m'aide d'un battement d'aile à me lever et me dirige vers mon harney, dont la tête me surplombe d'une dizaine de centimètres. Lyïl émet un son chanté et tend son bec dans ma direction, me laissant lui caresser la joue. Doucement, j'ouvre ma sacoche et m'engage dans une lutte certaine pour extraire le sachet de baies. Ma monture, sachant ce que je fais, tente de faire le mouvement inverse pour entrer dans mon bagage et me chiper le contenant. J'en viens à esquisser un léger sourire amusé en finissant par prendre le dessus.

Alors que je présente quelques fruits séchés à l'animal, mes spirales auditives m'amènent la voix de Dae'ron.

"Je... n'arrive toujours pas à y croire. Ils sont tous... Même Kaat. Pourquoi il..."

Je ne peux pas me boucher les oreilles pour ne pas l'entendre, aussi dois-je subir son monologue. Parce que oui, rien de ce qu'il sort en murmurant plus que parlant ne m'est adressé.

"Face au Gardien, il n'a même pas cherché à..."

Je l'entends renifler mais je ne m'en préoccupe pas. Je sais que cela lui passera. La plupart de ces créatures étaient des incapables féminines, stupides, mal fagotées et puantes. S'il a vraiment de mauvais souvenirs à cause de ce genre de créatures, comme moi, il s'en remettra vite. Et si le contact avec un membre de ce groupe lui manque à ce point, il aurait vraiment mieux fait de rester avec la guerrière. Le fait qu'il perde tout et choisisse de m'accompagner me plonge dans la perplexité.

Alors que mon harney se dirige vers la partie profonde où la torche improvisée termine de se consumer, Dae'ron se met à faire quelque chose qui m'irrite. Un par un, il énonce le nom des aldrydes massacrés près de la citadelle, comme si ces connaissances d'une quinzaine d'années allaient vraiment lui manquer. Là, je ne parviens pas à empêcher la venue d'un rictus tant ce que j'entends est risible, me tourne vers ma monture et hausse le ton sans la moindre gêne.

"Plutôt hypocrite venant de quelqu'un qui voulait changer d'air."

Un mouvement brutal de plumes accompagne un coup dans mon dos, à la base des ailes. La sensation gluante me donne déjà une idée de ce que je m'apprête à trouver en me retournant. La première, ou plutôt deuxième, chose qui me frappe est le regard acéré de Dae'ron. Son bras encore tendu et le reste de la balle de miel tombé sur ma sacoche ne laissent pas de place au doute.

Il renifle un peu, chose qui me laisse indifférent.

"C'est monstrueux. Tu trouves cela amusant ?"

Lentement, j'agrippe le reste doré et m'assure qu'il est encore comestible. Ma réponse se fait cynique.

"Presque. Complimentes-les encore. Qui sait, ça pourrait les faire revenir."

La profonde douleur alliée à une détresse visible que je lis sur le visage de l'aldryde me laissent de marbre. Ce n'est pas parce que des créatures qu'il a connu sont mortes de façon violente qu'il faut nécessairement en faire des êtres regrettables. Cette troupe n'était qu'une masse anonyme, un troupeau de moutons ailés, et qui m'est tombée sur les plumes en pleine forêt. Rien de plus.

Je scrute l'aldryde, m'attendant à une répartie cinglante de sa part, mais au contraire. Ses ailes s'affaissent et il dirige son regard vers le sol.

"Personne ne le peut... Je savais que c'était dangereux, mais si j'avais su ce qui allait se passer..."

"Seul le naïf pense qu'un mercenaire meurt de vieillesse. Faut aussi être bigrement aveugle pour ne pas s'en être rendu compte en quinze ans."

Dae'ron plante son regard dans le mien, mais plus que de la colère, c'est une tristesse mêlée de pitié que j'aperçois. Il demeure silencieux un moment, le temps de se relever.

"Tu es cruel. Cela t'avance à quoi de me dire cela ?"

"Tu vois quelqu'un d'autre ici pour te remettre les idées en place ?"

Ses yeux noirs me scrutent, se plissent un peu, puis il secoue la tête négativement.

"Toi aussi, tu te caches derrière des mots. Tout compte fait, je te plains... Shada'ïs m'a appris que, pour qu'un aldryde en arrive là, c'est que la vie n'a pas du le rater."

Je m'assombris à ses paroles et refuse de rebondir dessus. C'est peut-être inconscient, mais à sa façon d'amener le sujet, j'ai presque l'impression qu'il essaie de me cerner, d'en savoir plus sur moi. Sans oublier qu'il me compare implicitement avec la femelle à la lance dorée, qu'il a refusé d'accompagner de son propre chef, par mes ailes ! J'ai accepté qu'il me suive parce que cette mésaventure m'a embrouillé l'esprit, mais je n'ai pas l'intention d'approfondir ce lien. La réalisation me fait lui tourner le dos. Oui, approfondir, parce que le fait que nous échangions ainsi,et pire que je guette ses réactions, signifie que son existence a déjà un début d'importance pour la mienne. Si cette situation empire, ma liberté sera compromise par sa présence, comme cela a déjà été le cas contre l'orbe.

Ses mots ne me toucheront pas. Je n'ai rien à faire de son avis. Qu'il me prenne en pitié, me haïsse ou quoi que ce soit d'autre ne me perturbera pas. Quand il sera remis de ses blessures, je lui rendrai sa lance, et il partira de son côté. Son idée de se lancer à la recherche du pendant au Cœur n'est pas lié au souhait d'être en ma compagnie, mais certainement afin de m'utiliser.

Bientôt assis en tailleur de l'autre côté du feu, je sens mon désir de repos s'accentuer, mais il est mis en suspend par la voix du mâle.

"Je t'ai vexé ? Tu fais la tête ?"

Aussi irritant que s'il s'adressait à une larve. Sans le regarder, je pointe ma main noire tenant l'orbe en direction de mon harney, le montrant du doigt.

"Si le feu ne suffit pas, Lyïl te tiendra chaud."

En entendant son nom, le harney émet un sifflement agréable qui me détend un peu. Brave bête. Lyïl m'est fidèle, ne m'assomme pas en paroles ou en tentatives pour me culpabiliser, et ne me cause pas de malaise par sa simple présence. Je coupe court à toute tentative de discussion en m'allongeant sur mon flanc et calant ma sacoche sous ma cicatrice.

Je ferme les yeux, percevant le sommeil poindre. Cet état tranquille est brisé une nouvelle fois par la voix de l'autre mâle, dont le ton est cette fois-ci totalement indiscernable.

"Nessandro..."

Je me mure dans le silence, combattant la sensation causée par son appel. Et d'abord, j'ai envie de dormir. Malgré moi, alors que je suis à la limite entre conscience et sommeil, ma pensée suit les sons produits aux alentours. Le feu crépitant, une brindille brisée puis jetée, la balle de miel décollée du sachet puis mâchée avec lenteur. Des pas qui s'éloignent vers Lyïl, dont la voix douce s'élève brièvement, puis un bruit de bois qu'on écarte en raclant le sol, et des plumes qui se frottent. Je demeure immobile, guettant contre ma volonté un autre son, mais rien ne se produit.

Je patiente un long moment, certain de m'assoupir vite, mais je n'y parviens pas. Agacé, j'étire mes jambes et me redresse lentement sur un bras. Mes yeux sombres se dirigent vers ma monture, mais tombent inexplicablement sur ceux de Dae'ron. Allongé sur le flanc, ses ailes sous celle du harney, il me regarde et affiche un instant de surprise au contact visuel. Son expression passe à un brin de gêne et il bascule pour ne plus m'offrir que la vue de ses ailes. Protecteur, Lyïl ne fait qu'entrouvrir un œil à son mouvement et replace doucement son bras de plumes au-dessus de lui quand l'aldryde cesse de remuer. L'oiseau doit l'avoir accepté parce qu'il me ressemble, tout simplement. Je m'étends, tentant de m'endormir sur cette surface rigide.

Le son peu régulier indiquant que Dae'ron n'a pas fini d'évacuer sa tristesse m'incite à penser que ce n'est pas gagné.



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 21 Déc 2014 17:42 
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Malaise, étouffement, grisaille. Je me sens lourd et oppressé dans cet endroit immense, au coloris entre poussière de roc et flammes mourantes. Mes ailes se déploient, et c'est avec horreur que j'en vois les plumes s'en arracher d'elles-mêmes, tourbillonnant autour de ma position comme pour me narguer. À peine frôlées, elles s'assombrissent, comme brulées à grande vitesse. Je ne peux plus avancer que difficilement et à pied.

J'entends au loin comme un grincement accompagné d'échos réguliers qui me font froid dans le dos. Pas après pas, une forme suspendue dans cette brume apparait en hauteur. Je comprends alors que c'est Dae'ron, écartelé par de grosses cordes aussi noires que ses cheveux. Ses membres ont des angles horribles, et sa peau est striée de marques qu'un lien de feu lui inflige, frappant avec la régularité d'un battement de cœur. Il ne me voit pas, scrutant une masse informe de chair et de plumes sur sa droite. Mais dès que je fais un pas dans sa direction, les cordes s'étirent, le faisant hurler sans que je l'entende. L'affolement de son regard me frappe de plein fouet.

Un coup d’œil dans mon dos me dévoile une zone sombre. C'est la meilleure solution. Là que je veux être. Mais alors que je recule, une main à deux doigts rouges se précipite sur ma gorge, l'empoignant avec fermeté. La paluche refroidit et se change en collier de métal étouffant. Je remonte les anneaux du regard et comprends être enchainé à l'aldryde. J'ai beau tenter de m'en défaire, je ne fais que me blesser. L'évidence me saute aux yeux : tout est la faute de Dae'ron.

Lourdement, mon bras s'élève et attrape la lance d'argent que je projette résolument sur le mâle, en visant son torse dénudé. L'arme file dans les airs, mais je constate avec effarement qu'après avoir pourtant touché au but, c'est de ma propre cage thoracique que la hampe dépasse. Mon plastron a disparu, le bleuté de mon corps aussi. Sous le coup, mon buste se désagrège, comme s'il s'était agit d'un vulgaire morceau de pierre. D'instant en instant, l'effritement s'accélère jusqu'à que ce mon torse s'ouvre. Ni côtes ni organes visibles, sauf un. Une immonde pompe grise qui se tache de rouge. La forme change de couleur, se faisant de plus en plus chaude, vivante, horriblement effrayante et fragile. Et au moment où elle semble prendre vie, la lance la transperce cruellement. La douleur est insoutenable, même pour moi ! Je vais mourir... Ce n'est pas possible, c'est un cauchemar !


( Un cauchemar ! )

J'ouvre subitement les yeux et me retrouve aveuglé par la lueur du jour. Basculant sur le ventre, je me tourne lentement vers le feu mourant, constatant qu'un éclat incandescent a fait une marque sur l'une de mes plumes. Cela pourrait expliquer pourquoi j'ai vu mes ailes bruler dans cette farce de mon esprit. J'ai dormi longtemps si j'en crois la hauteur du soleil, sans doute vers son zénith ou un peu après. Je tourne mon regard vers le bord de la corniche, grimaçant de sentir mon corps endolori par endroits, et suis surpris d'y découvrir Lyïl. L'oiseau est debout, à observer quelque chose un peu en contrebas de sa position. D'ailleurs, nulle trace de mon congénère dans les environs, chose qui me fait me hâter jusqu'à ma monture.

Je remarque immédiatement une paire d'ailes claires, tranchant avec la cime des quelques arbres. Curieux, je suis la forme des yeux, la voyant s'agiter et tirer avec force sur une branche. Dae'ron se retrouve bientôt avec un morceau de bois qu'il frotte et frappe d'une pierre, sans doute pour se faire un épieu. Quel idiot. Ce serait tout de même plus simple de reprendre son arme. Je le vois ensuite commencer à descendre en direction d'un cours d'eau montagnard bruyant, et le survoler de façon presque statique. Je le croyais frugivore et capable de manger de la musaraigne, mais visiblement, il semble traquer du poisson maintenant.

( Tant qu'il est occupé, pourquoi ne pas lui fausser compagnie ? )

D'elle-même, ma tête fait un mouvement négatif en percevant les tiraillements de ma peau, et au moment où je me tourne pour voir où en sont les braises du foyer, Lyïl déploie vivement ses ailes et émet un son d'alarme. J'aperçois avec une certaine netteté une ombre portée sur les arbres. Rectangulaire, d'un peu plus d'un mètre et demi, elle se déplace rapidement et je la perds de vue aux environs du torrent.

"Plume d'argent !"

Main tendue, j'agrippe la lance de Dae'ron venue à moi et saute sur le dos de Lyïl. L'oiseau semble comprendre mes intentions, plonge de la cavité et utilise un courant pour prendre de l'altitude. Penché en avant, les pieds posés sur le dos du harney, je masque mon regard pour le protéger de la lumière ambiante. Je décèle enfin la forme qui me fait instinctivement frissonner. Un rapace plane, dans les tons marrons, mais pas aussi grand que je l'aurais cru en voyant son ombre. Il semble avoir repéré la forme de l'autre aldryde. Crispé, je songe que ce dernier est en danger avant de réaliser subitement ce que je suis en train de faire.

À ma directive, ma monture vole presque sur place, et j'alterne entre regarder le rapace et l'aldryde. L'imminence de l'attaque fait battre mon muscle cardiaque au ralenti. Je n'ai pas à intervenir. Il n'est pas moi. Je ne lui ai rien demandé. S'il disparait dans ces conditions, cela m'enlèvera une sacrée épine du pied. Je n'aurai pas besoin de le tuer moi-même. Je suis gagnant dans cette situation. Le pieu ressort de l'eau avec une prise, et malheureusement Dae'ron m'aperçoit.

De sa main libre, il fait une paroi, cherchant à projeter sa voix. Un mot, un seul, et il faut que ce soit mon nom...

( Tais-toi ! Ne m'appelle pas ! )

L'aigle semble s'être décidé, et il plonge en direction de Dae'ron sans nous prêter la moindre attention. Je ne sais plus ce que je fais. Avant même d'en avoir pris conscience, mon corps a poussé le harney à piquer à son tour. Mais le rapace est rapide en plongeon, plus que Lyïl. Mon mouvement soudain semble alerter mon congénère qui repère la bête et cherche à s'écarter de sa trajectoire. Il tente soudain une acrobatie moins calculée que ce dont il est capable, mais pour une bonne raison. Une lumière éclate autour de lui, aveuglant le rapace qui pousse un son aigu. Le prédateur, surpris, ne peut pas stopper son élan et son aile percute la forme de l'aldryde.

Profitant de la désorientation causée, ma monture rattrape la créature. Cette saloperie est dangereuse, même pour moi, alors je concentre ma frustration et projette la lance argentée. L'arme décolle, file à la perfection, et vient se ficher à la naissance de son aile près du poitrail. Haineux, je rappelle l'arme et vois avec satisfaction une gerbe de sang émerger de la plaie. La bête pousse un cri courroucé, et je m'apprête à viser son œil proche, excité à l'idée de la voir gésir. Abattre une créature qui se croit au sommet de la chaîne, et qui fait bien cinq fois ma taille en envergure, a quelque chose de fascinant.

"N... Nessandro !"

Dae'ron a chu dans l'eau et, emporté par le courant, a déjà dévalé plusieurs mètres quand je reporte brièvement mon attention dans sa direction. Agrippé à une pierre affleurante, il ne parvient pas à se hisser dessus. Il est alourdi par ses ailes couvertes par l'eau, qui le font glisser de plus en plus. L'aigle ne semble pas s'être découragé, et il tourne son attention sur ma monture et moi. Je me concentre pour pouvoir me débarrasser rapidement de la bête, mais la voix du mâle arrive inexplicablement à me déstabiliser. Ma cible est là, juste devant moi, mais mes yeux bifurquent instinctivement vers lui. Puisant dans mes ressources, je pousse un grondement guerrier et vole la lueur ambiante pour gagner du temps.

À peine la lumière a-t-elle été dérobée que je pousse Lyïl à s'extirper de la zone assombrie, et filer en direction de Dae'ron. Le courant est fort et des éclaboussures montent jusqu'au plumage de mon harney. L'adrénaline qui se déverse en moi pourrait concurrencer le flot montagnard en puissance. La situation est dangereuse, presque dramatique, et c'est ce qui me fait me sentir vivant. Flirter avec la mort, savoir que la menace est là prête à m'engloutir me pousse à m'endurcir. Mon oiseau tente une approche, mais je dois l'obliger à redécoller vivement quand un débris végétal se déplace rapidement dans sa direction. Bien m'en prend car il percute un affleurement et aurait fait de même avec mon harney. L'acrobatie du débris épargne de justesse l'aldryde en détresse, pris d'une toux à cause de l'eau frappant son visage.

Si seulement je pouvais comprendre pourquoi je fais une chose aussi stupide que de vouloir l'aider !

Je bondis de ma monture, range l'orbe et improvise en attrapant la lance des deux mains, que je tends au mâle. Ce dernier grimace dans l'eau froide, cherchant à agripper la hampe. Sa main glisse sur la partie lisse, manquant de peu le faire repartir au gré de la violence aquatique. Éclaboussé, je prends le risque de m'approcher encore. Mon cœur bat à tout rompre et ma voix est plus angoissée que je l'aurais voulu alors que je la force pour dominer le son des flots.

"Allez ! Attrape-la !"

Les yeux de l'aldryde sont ronds et il se jette sur la hampe une nouvelle fois. Le brutal à-coup m'enfonce la partie en relief dans les mains, les faisant saigner. Avec un râle, je vole à reculons puis en biais en direction de la berge, tirant mon congénère à travers les flots. L'élément liquide semble me le disputer et le mince fer de l'arme d'argent s'arrime cruellement à ma peau. Alors que j'y suis presque, l'aigle surgit à son tour, émet un son menaçant et fonce serres en avant.

Droit sur mon harney.

L'espace d'une seconde, mon sang se glace. L'autre mâle s'aperçoit de la situation et ses yeux s'arrondissent, emplis de cette même incrédulité que dans la prison de l'orbe. Il ne me reste que quelques battements d'aile à faire pour extraire celui de ma race de l'eau, mais c'est justement le temps nécessaire pour frapper l'aigle de la javeline avant qu'il n'atteigne mon harney. Dans un cri enragé, je fais mon choix. Mains serrées, je tire le brun de l'eau sauvage. Tandis qu'il rampe sur la berge, mes yeux remontent vers ma monture.

"Lyïl !"

Contre toute attente, mon harney effectue un mouvement si vif et imprévisible que mon souffle se coupe, et qu'il prend son assaillant au dépourvu. Les serres de l'oiseau de proie se referment dans le vide, et il redécolle maladroitement. Ma hargne me fait pousser un grondement. Après avoir voulu tuer mon oiseau, cette sale bête essaie maintenant de fuir ? Ma rage gronde et se change en froideur avide de vie. Je reprends l'objet des ténèbres en main et le tends en direction du rapace qui cherche à prendre de l'altitude. Ma magie noire se matérialise, plus tangible, plus sombre, comme si j'étais en harmonie parfaite avec elle. La main de fluide agrippe la nuque du volatile, l'enserre encore et encore, sans parvenir à couper court à la voix aiguë de la bête. Son bec s'ouvre, ses ailes s'agitent de plus en plus frénétiquement.

Suite à un bruit lugubre qui me tire un rictus satisfait, ma magie finit par se dissiper. L'animal choit aussi lamentablement que la femelle de ma race que j'ai abattu, venant s'écraser contre un roc de la berge en face. Sur un sifflement, Lyïl arrive à mes côtés. Inquiet, je me mets à inspecter minutieusement son plumage et à le flatter. J'ai eu peur pour lui et mes doigts tremblent tandis que je lisse ses plumes sombres et par endroits humides. Mon bras sain enlace la tête de l'oiseau et je pousse un souffle soulagé.

Ce n'est qu'en entendant un éternuement dans mon dos que je me rappelle de la présence de Dae'ron. Il n'avait vraiment pas besoin d'assister à mon geste envers Lyïl. Sa silhouette trempée luit sous le soleil et sa chevelure lui colle au visage. Tout son être dégage quelque chose de fragile qui, l'espace d'un instant, me fascine. Il semble aussi incapable de parole que moi et un silence s'installe, troublé uniquement par le grondement de l'eau froide. Je me surprends à anticiper quelque chose de sa part, conscient de sa présence plus que je ne le veux.

( Pourquoi tu t'acharnes à ce point, mon aldron... )

Je dévoile mes dents et pousse un sifflement mécontent. J'ai tant de choses mesquines à lui sortir, tant de paroles destinées à l'accabler au sujet de sa faiblesse et de ses actes inutiles que je ne sais pas par où commencer. Décidé, je laisse la première chose qui me vient à l'esprit sortir.

"Imbécile !"

Ce mot simple, poignant, fait tressaillir Dae'ron et me fait mentalement pousser un juron. Je ne l'ai pas insulté, je l'ai grondé, presque comme s'il m'avait fait peur. Ce n'est pas ce que je voulais faire passer. Pas du tout.

Notre petit groupe remonte rapidement à la cavité où j'alimente le feu mourant. Cet aldryde est un nid d'ennuis à lui seul. S'il m'accompagne trop longuement, je suis certain de perdre la vie avant d'avoir eu le moindre indice sur l'emplacement de ce que je cherche. Je ne suis pas gentil, j'ai juste l'esprit pratique. C'est ce que je me martèle en improvisant un séchoir pour sa tenue, et en lui faisant parvenir une balle de miel. Contrarié, je m'efforce de me changer les idées, mais cela ne fonctionne pas. Faire passer Lyïl ou Dae'ron en premier...

Ce choix évident commence à l'être de moins en moins. J'en frissonne avant de refuser en bloc cette crainte inattendue.

( Non, ce n'était qu'une passade. L'urgence de la situation... )

L'image de sa forme vulnérable pendant un instant me revient et je fais un brutal mouvement de tête qui fait sonner mon casque contre la paroi. Cela y est, comme avec Hekell.

( Je fais une rechute... )



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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 22 Déc 2014 00:41 
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Yeux clos, j'écoute le crépitement du feu, contrarié par la vitesse à laquelle mon cœur pulse. J'ai ressenti un tas d'émotions que je déteste en une poignée de minutes. L'angoisse, la gêne, l'impuissance, l'inquiétude et même un peu de peur. Et tout ça uniquement par la faute du brun ! Je le croyais plus prudent que cela ! Mercenaire ? Ha !

À mesure que le temps passe, ma contrariété s'accumule, au point que je lui lance un regard acéré dès qu'il provoque un bruit. Ses yeux coloris nuit sans lune reflètent la lueur du foyer, et il tente un petit sourire.

"Au moins, je suis propre."

Ma nature reprend le dessus. Je me suis contrôlé jusqu'ici, mais ce genre de remarque m'ulcère. En particulier parce que c'est à moi de sortir ce type de répliques.

"Attitude positive, hein ? Pas pour rien qu'on dit imbécile heureux."

Son visage rendu plus pâle encore par l'eau froide se tourne vers moi. Il donne des signes d'énervement, ou alors il grelotte simplement.

"Tu n'as pas besoin de m'agresser."

"Va dire ça à cette saleté de rapace !"

"Il m'a pris par surprise. Cela peut arriver."

"Quand on n'est pas foutu de se protéger, on évite de s'exposer au danger !"

"Shada'ïs m'a appris à me défendre."

Dae'ron affiche un air plus colérique et blessé, et il hausse légèrement le ton. Cette fois-ci, il me rend clairement mon regard.

"Je sais parfaitement me débrouiller."

J'ôte mon casque, le colle sous mon bras noirci, et siffle méchamment.

"Évidemment. Mais ce n'est pas encore aujourd'hui que tu l'auras prouvé !"

"Si j'avais eu Plume d'Argent, je l'aurais fait !"

"Alors pourquoi tu ne l'as pas emmené au lieu d'utiliser ce vulgaire bout de bois ?"

"Mais parce que c'est à toi que Shada'ïs l'a donné !"

Je hausse un sourcil, irrité par ses propos, mais aussi intrigué. Oui, la guerrière m'a donné cette lance. Et alors ? Ce n'est pas une raison. Elle lui a appartenu pendant des années, tout de même. Comment peut-il accepter de s'en séparer comme cela ? Juste parce que cette femelle l'a passé à un autre ? Si cela avait été moi, jamais je ne m'en serais défait. Cette arme est incroyable, trop pour qu'il ne s'y soit pas attaché un minimum.

Mais j'écarte ceci de mon esprit, bien décidé à libérer le flot amer qui demeure contenu en moi depuis trop longtemps.

"La belle affaire ! Mais à quoi tu pensais pour sortir désarmé ? Et à découvert, en plus !"

"Tu l'as bien vu, non ? Je cherchais de quoi nous nourrir."

"Tu aurais du me réveiller !"

"Non. J'ai vu à quel point tu étais fatigué... Et je n'avais pas envie de me faire crier dessus parce que tu te serais levé du mauvais pied."

Un rictus soulève le bord de ma cicatrice.

"Oh, bien sûr. C'est bien plus agréable à entendre quand c'est juste après avoir manqué de se faire tuer !"

"Et après ?"

Le visage de l'aldryde se ferme, s'assombrit, et sa façon de parler semble davantage s'adresser à lui-même qu'à moi.

"Tu as déjà failli me laisser périr une fois. Une de plus ne te dérangerait sans doute pas."

Mes yeux s'écarquillent et je demeure un instant interdit. Il a fallu qu'il mette le doigt pile sur ce qui me cause une gêne sans nom. Ma main intacte monte à ma tempe gauche que je masse en fermant à demi les paupières. Je l'abaisse brutalement, rivant un regard ouvertement hostile à mon congénère. Même s'il ne semble pas attendre de réponse, eh bien par mes ailes, il l'aura malgré tout !

"Non, cela ne me dérangerait pas ! Au contraire ! Si tu avais perdu la vie, tout cela n'arriverait pas ! Je serais retourné faire la peau de Célestin, comme prévu. Je serais libre et uniquement occupé à me venger de toutes les enflures de mon passé !"

Je m'emporte, résolu à cracher le venin que je stocke dans mon être. Ah il voulait m'accompagner ? Eh bien il a intérêt à ne pas avoir les spirales auditives sensibles, parce que je ne vais pas me retenir !

"Mais non, bien sûr ! Il a fallu que tu arrives ! Que je te suive ! Que j'en vienne même à aider ces femelles que je hais plus que tout ! Que ton existence m'importe assez pour que ta souffrance m'atteigne et m'empêche de partir à mon gré ! J'aurais du vous abandonner quand je le pouvais, toi et ta suicidaire de Shada'ïs ! "

Mon poing se serre, comme ma mâchoire. Je veux vider mon sac, qu'il comprenne à quel point sa simple existence a mis à terre l'équilibre que je m'étais trouvé. Mais ma colère finit par s'atténuer pour ne se faire qu'amertume.

"Je ne serais pas là à m'expliquer devant toi. Je ne ferais pas de foutus rêves où je revois ce qui t'est arrivé. Je n'aurais pas à me demander où tu es passé... Tout cela ne me concerne pas ! Ce que tu deviens n'est pas mon problème ! Il ne l'a jamais été et ne le sera jamais ! Oui ! Oui, autant être clair ! Oui, je me fiche éperdument de toi, de ce que tu penses, et de ce qui peut t'arriver ! Alors..."

Je déglutis douloureusement, ayant parlé si vite que ma bouche est quasiment sèche.

"Alors pourquoi... "

Mon muscle cardiaque bat si rapidement et fort que mon bleu pâle de visage s'échauffe. Je réalise mes mots à mesure que je les prononce, ressentant une pointe d'égarement s'ajouter à la confusion qui m'envahit. Mon visage se détend un peu et je perçois de l'impuissance se loger en moi. Non, je ne lui pose pas la question. Cette dernière tirade m'est en fait adressée, car elle est une énigme à laquelle je suis à présent pleinement confronté. Et surtout, à laquelle je n'ai aucun semblant de réponse à apporter.

"Pourquoi ai-je préféré te sauver, toi, plutôt que de protéger mon harney ?"

Un silence certain tombe encore une fois sur la cavité. Fatigué par mon coup de sang, je passe le revers de ma main libre contre mon visage. Je me sens vulnérable, stupide, et pas spécialement soulagé. Je dois avoir encore plus de rancune et de haine enfouies que je le pensais. Ce n'est pas demain la veille que ce genre d'éclat sera suffisant pour tout déverser. De son côté, Dae'ron s'est décomposé à mesure que je lui sifflais dessus. Il affiche des yeux écarquillés et entrouvre la bouche, mais demeure silencieux.

Alors qu'au bout de quelques minutes de cette ambiance pesante il tente enfin de prendre la parole, je lève ma main, le coupant dans sa tirade non formulée.

"Ne... Réponds pas... Il aurait juste... Mieux valu que je ne te rencontre jamais."

Un brin de peine se glisse sur le visage de l'aldryde qui resserre un peu ses ailes, réaction qui m'incite à lui tourner le dos. Si nos chemins ne s'étaient jamais croisés, rien de tout ceci ne serait arrivé. Douce, la voix de mon congénère finit par combler cette absence de bruit.

"C'est peut-être vrai... Mais cela s'est pourtant fait."

Quand je me retourne, je suis totalement décontenancé par le léger sourire que Dae'ron m'offre. Il n'a rien écouté de ce que je viens de lui dire ou quoi ? Comment a-t-il pu accueillir un tel déluge de fiel et ne pas s'en offusquer plus que cela ? Il est incompréhensible, et son expression calme appuyée par les flammes me fait me sentir idiot, presque gamin en comparaison.

Un genou à terre, j'attise le brasier. J'entends un léger rire en face de moi.

"Ça va mieux ?"

Je hausse les épaules, incertain de ce que je ressens. Sa présence m'irrite mais m'importe toujours autant, et le risque que j'ai fait prendre à mon harney me hante encore. Je ne parviens ni à l'ignorer ni à le détester. Ce n'est pas bon, pas du tout. Contrairement au lutin, je n'ai pas cette envie instinctive de le tuer, et il n'est pas non plus sur la liste des aldrydes que je souhaite éliminer.

Je relève un peu la tête quand Lyïl abaisse son bec vers Dae'ron et, chose qui m'étonne, se met à lisser les plumes humides de ce dernier. Le mâle brun sursaute au contact mais finit par lentement lever la main, et effleurer ma monture. Malgré ce que je ressens, je m'efforce de ne pas le montrer. Peu à peu, mon harney semble s'attacher à lui et, par-delà les flammes, j'ai brièvement la sensation de les voir hors de portée. Mes pensées dérivent sur une chose que je ne veux pas même envisager pour le moment.

Ce qui est certain, c'est que cette relation que j'ai avec mon congénère me met mal à l'aise, m'affaiblit et me perturbe. J'ai beau me dire que le plus simple serait de l'abandonner, je ne parviens pas à m'y résoudre. Pas ici. Pas dans ce milieu hostile où même mon obstination ne suffirait peut-être pas à me faire survivre. Je vais le laisser demeurer à mes côtés jusqu'à ce qu'il puisse se débrouiller, ou du moins jusqu'à pouvoir le refourguer à quelqu'un d'autre. Cela me soulagera d'un poids et chassera toute culpabilité. Et puis, je ne suis vraiment pas doué pour ce qui est de me préoccuper d'autrui. Plus vite je me serais détaché de lui, plus vite je pourrais reprendre ma vie en main. J'ai déjà tendance à m'inquiéter pour Lyïl, je ne veux pas m'encombrer d'une charge supplémentaire. Certes, ma priorité sera de me renseigner sur l'autre orbe, mais je n'ai définitivement pas besoin de compagnie pour aller le chercher.

Je suis seul, n'ai eu besoin de personne pour m'en sortir jusque-là et je compte bien poursuivre dans cette voie. Ce n'est absolument pas pour tenter de le protéger. J'ai juste le sentiment de lui devoir quelque chose, mais c'est sans doute éphémère. Il le faut.

"Nous devrons quitter ces montagnes un jour. Tu as une idée d'où aller ?"

Je retiens de justesse une pique pour lui indiquer que ce n'est pas moi le mercenaire et réfléchis rapidement. Hors de question de retourner dans la cité humaine au sud. Je l'ai assez vue pour le moment, et je ne suis pas encore prêt à aller défigurer la grosse moche dans son manoir. Aller vers le nord n'est pas un bon choix non plus. En plus de risquer de nous geler dans les sommets, l'autre côté de la chaine est dominée par les forces de cette chose que la shaakte servait. Une maîtresse noire qui convoite apparemment mon orbe. Elle peut toujours attendre pour mettre ses sales griffes dessus, celle-la !

La forêt de l'Est m'est encore moins connue que la kendraine, et est sous la garde de géants. L'ouest me semble un peu vague, mais un souvenir me revient bientôt.

"Bouh-Chêne."

"Pardon ?"

"Bouh-Chêne, le village des lutins des arbres. "

"Oh. Shada'ïs m'en a parlé une ou deux fois."

Mais par mes ailes, pourquoi faut-il toujours qu'il ramène tout ce qu'il sait aux enseignements de cette femelle ?

"Pourquoi Bouh-Chêne ?"

"Prudence et ravitaillement. Un ramassis d'habitations humaines, c'est dangereux."

Ceci dit, ce village que m'a nostalgiquement décrit Célestin, quand il n'était pas en train de chialer ou de vouloir me tuer, a un problème : sa population. Chaque lutin croisé ne m'a apporté que des ennuis et des envies de meurtre. Un village entier rempli de ces êtres, et à coup sûr avec des individus féminins en grand nombre, me fait craindre le pire. Mais cela vaut mieux que de risquer mes plumes dans une cité immonde de géants puants et prêts à tout pour le moindre yû.

Je vais faire quelques pas sur le rebord pour respirer un peu et refouler mon amertume. Mes yeux sombres scrutent le panorama, bifurquant distraitement sur le rocher où l'oiseau prédateur est tombé. Je suis persuadé de ne pas observer le bon car il n'y a aucune trace de la bête, quand, sans crier gare, l'aigle blessé surgit à mon niveau. J'ai la chance de réagir immédiatement. La lance d'argent apparait dans ma main, et je la projette dans le même élan droit vers la tête de l'animal. Le coup, bien qu'imprécis, frappe l’œil de la créature sans parvenir à la tuer, faisant s'agiter violemment cette dernière. En représailles, l'une de ses pattes à serres aiguisées plonge vers moi. J'essaie de m'en écarter, mais constate avec effroi avoir choisi la mauvaise direction pour l'esquiver. Les doigts écailleux me plaquent face au sol, appuyant sur mes ailes, et quelque chose se plante dans mon épaule noire avec assez de force pour percer ma manche de cuir. La douleur est accentuée par la brûlure, et je me sens bientôt trainé sur le rebord de pierre.

Soudain, l'oiseau de proie émet un gargouillis immonde et je sens la pression s'amoindrir. Redressé sur un avant-bras, j'aperçois la lance de jet briller dans sa gorge peu avant qu'elle ne soit rappelée par Dae'ron. L'animal ailé chute et fait remuer des branches avec elle. Un son d'aiguilles végétales s'élève avant qu'un silence de mort, qui me convient parfaitement, s'installe. Debout sur le rebord, et uniquement vêtu de son collier, je comprends que mon congénère vient de terrasser l'aigle avec précision. Il le regrette bien vite et se masse le bras avec une grimace pendant que je me relève seul.

"Il n'y a pas que cela qui le soit."

Son regard sombre descend sur ma blessure mais je l'arrête dès qu'il semble vouloir tendre la main vers moi, reculant dans la foulée.

"Ce n'est qu'une égratignure. N'y touche pas."

Le protecteur fait un signe positif du chef même si toute sa personne semble trahir une volonté contraire. Il tente d'être discret, mais je le vois observer de façon flagrante mon épaule blessée. Je m'efforce d'oublier cette silhouette que je viens de voir, et surtout cette forme guerrière et assurée qu'il a montré. L'espace d'un instant, je l'ai presque trouvé impressionnant, bien loin de l'idée que j'ai d'un aldryde toujours protégé par les autres.

"Plus vite nous partirons, mieux cela vaudra."

Dae'ron se contente d'acquiescer et je fais fi de lui quand il vérifie l'état de son pagne.

( Et plus tôt nous serons à Bouh-Chêne... )

Ma décision est prise et je m'y tiendrai. Peu importent les capacités du protecteur, je sais ce que je veux et je ne flancherai pas.

Foi de Nessandro !



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"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Mer 7 Jan 2015 18:29, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 4 Jan 2015 01:00 
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Pas une seconde de repos, les joyeux compagnons métamorphes reviennent, la soigneuse en tête, qui raconte au chef qu’il n’aurait pas dû s’en faire… Si seulement il avait pu avoir ça à l’esprit au lieu de lui courir après, on en serait plus vite venu à bout de ces damnés rats ! Il m’est d’avis qu’il gaillard comme lui aurait été d’un grand secours…

La bile que j’ai vomi me brûle la gorge et me laisse un sale goût dans la bouche. Délaissant le soutien du bouclier, je me laisse tomber sur mon arrière-train, comme un gamin incapable de faire un pas de plus, comme un chiard pas fichu de marcher. Je ne crois pas que je sois encore fichu de marcher. Au moins ai-je plus de chance que le grand type étalé sur le sol. Iris réclame des soins pour lui, mais la guérisseuse déclare ne rien pouvoir, pas même le transporter. En tout cas, le chef a du cœur, je le vois qui verse sa larme : si j’avais encore de quoi, je pleurerais, mais je crois que si mon corps se vide pour autre chose que pour pisser, je vais finir exsangue, tellement j’ai de sang qui s’est tiré. Mes nippes sont bonnes à reprendre… Et pourquoi je pense à mes vêtements d’ailleurs ? Y’a plus grave…

Quoi que… Plus grave je ne sais pas, mais plus intéressant, pour sur. Merde, moi qui pensait que cette gamine m’avait déjà fait toutes les combines à l’envers possibles, la voilà qui me surprend encore. L’autre blessé va devoir prier Gaïa le reste des ses jours s’il ne veut pas passer pour un ingrat, parce que si ça ce n’est pas de la magie de la déesse de la lumière, ça y ressemble sacrément. Voilà que Maël, par je ne sais quel miracle, requinque le mourant. Heureusement, la vieille l’arrête à temps, et la prend en charge, lui explique des trucs, et je suis le premier à lui en être reconnaissant : traîner une pareille gamine c’est déjà pas un cadeau, mais si en plus il faut lui faire son éducation dans un domaine où je n’y entrave pas un clou, ça ne va pas du tout. Enfin le type est sauf, et je crois que ce dénouement heureux a arrangé nos affaires : le voilà qui rend sa liberté à la petite. Bonne chose, ça fera ça de moins à négocier… Je verrai pour racheter la dette de son père, histoire qu’elle ne se fasse pas de mouron pour rien à l’avenir, et qu’elle puisse poursuivre sa vie sans être trop touchée par de tristes histoires d’argent. Faudra aussi que j’aille toucher deux mots à ce père pas très malin, ou franchement indigne, parce que promettre sa fille pour sauver ses fonds, ça c’est un comportement qui mérite des coups de pied au cul.

Avant ça, faut déjà que je quitte cette damnée grotte, que je descende de cette montagne, que quelqu’un veuille bien me remettre sur pied, que je dorme un jour et une nuit et enfin que je fasse un bon repas chaud. Après ça j’irai botter les culs qui le méritent.

"Celui par contre, vient de trouver un nouveau propriétaire ! "

Allez, on reprends la route. Pablo, tu vas aider Richy à marcher, et vous fermer la route, MammyRay et le petit vous les précéder. Je vais être le premier en tête, espérant ne plus rencontrer ces sales vermines. Et toi le chasseur, tu vas grimper sur mon dos."


Je ne suis pas idiot, je vais l’accepter ce bouclier. Il a l’air vieux, usé, mais de bonne facture, le genre sur lequel on peut compter en toute occasion, pas le bibelot que le bourgeois qui veut se donner des airs martiaux va accrocher au dessus de sa cheminée. Par contre, chevaucher un mouflon, ça me plaît moyen… J’ai comme l’impression que je ne vaudrai pas mieux qu’un sac de patate couché en travers du dos d’un âne pas commode, mais… Je ne suis pas en état pour faire mon fier, et puis je me dis qu’il doit peut-être lui en coûter de faire la monture pour un étranger, que ça lui chatouille probablement la fierté. Et j’ai comme dans l’idée que ce n’est pas le moment de le chercher de ce côté-là. Les choses vont bien pour moi, autant que ça continue, si les dieux le veulent.

La hache retourne à ma ceinture, le bouclier est sanglé à mon sac à dos, et tant bien que mal je me hisse sur le dos de l’animal qui fut homme.

« Merci de m’porter. Si j’suis trop lourd, faites signe, j’pourrai boiter sur un bout d’chemin si on m’soutient… Et merci pour l’bouclier. Beau présent. M’a l’air d’avoir une histoire qu’y faudra qu’vous m’racontiez. Autour d’un verre de qu’equ’chose qui nous r’mont’ra, si vous avez ça. »


_________________
* * *




Dernière édition par Jager le Ven 23 Jan 2015 00:32, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 5 Jan 2015 00:10 
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Patiemment le mouflon laissa Jager se hisser dessus sans broncher. Puis, il démarre la marche prenant la tête du petit convoi, apparemment aussi facilement que si Jager, chasseur pourtant imposant, ne pesait qu'une plume.

C'est Maël qui s'adressa à la vieille femme d'une voix assez forte pour être entendu de tous.

Mais s'il me rend ma liberté, en est-il de même pour ma chère soeur. Après tout, ce n'est qu'à mon père qu'il en veut ?

La vieille dame retint un sourire puis répondit sérieusement à la jeune femme

Ne compte pas là-dessus mon enfant. Il y a une limite à la reconnaissance d'Iris. Malgré son sens de la justice, ce n'est pas un enfant de coeur.

Maël n'ajouta rien.
Pour ce qui est d'Iris, il tressaillit aux commentaire du jeune Maël.

La route se poursuivit donc sans encombre pour arriver à destination au bout d'une demi-heure de marche accélérée.

Vous vous retrouvèrent dans un espèce de grande maison à l'allure d'un petit village souterrain. Probablement un ancien lieu aménagé par les nains et abandonné lorsqu'un filon quelconque fut épuisé.

Iris te conduisit jusqu'à une chambre aménagé simplement ( grand lit, commode, petite table de chevet) et t'y laissa tomber pas trop brusquement avant de prendre sa forme humaine. Ayant probablement autre chose à s'occuper, il partit.

C'est Maël qui vint te voir.

"Je voulais tenter de vous soigner, mais la vieille dame m'a conseillé d'attendre à demain. Elle dit que je n'ai plus assez de force. Reposez-vous, je reviendrai vous voir demain promis."

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 13 Jan 2015 04:37 
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[:attention:] Texte pouvant heurter la sensibilité par son contnu un peu gore. [:attention:]


Mon cœur battait à la chamade, la puissance ressentie me réchauffait le corps et refroidissait un peu plus mes fluides. Les quatre brutes étaient terrées au fond de leur cellule. Il régnait un silence de mort et même le lieutenant était resté vissé sur sa chaise, sans dire un mot. Il a dû s'écouler à peine une minute mais, sur le moment, cela ressemblait à une éternité. Le temps était comme gelé et je m'impatientais. Je me suis donc avancée de nouveau vers la cellule de l'inconscient, prête à prouver que mes paroles n'étaient pas que de simples menaces.
J'ai pris une profonde inspiration et je tentai une nouvelle fois d'engourdir son cœur au point de le tuer… mais… rien de ne se produisit. À nouveau, mon cœur s'emballa, non d'excitation, mais de peur et d'honte mélangées. Je me retrouvais faible, limitée, frustrée même. Les dents serrées, je me retournai vers le lieutenant et lui demandai de me prêter leur matériel. Il esquissa un sourire et montra d'un mouvement leste l'armoire en fond de pièce. À l'intérieur, un trésor de sadisme. Des outils pour trancher, déchirer, percer, écarter, briser, écraser, des potions pour assoiffer, faire saigner plus encore, irriter la peau ou rendre muet - quel intérêt quand on veut faire parler ?!
Je pris le temps de lire les étiquettes et de me renseigner, ma bonne humeur revenait au fur et à mesure de mes découvertes. Il était temps de passer à la pratique et de, je l'avoue, découvrir une activité dans laquelle je me défends assez bien.
À ma demande, on sortit notre premier interrogé. Il avait eu le temps de reprendre quelques forces et fut attaché sur la table de torture. Il me fixait avec rage sans effacer son sourire provocateur qui avait le don d'augmenter ma fureur.

"Continue mon beau, tu me donnes envie d'en profiter un moment."

Pour illustrer mon propos, je commençai à lacérer le dessus de ses cuisses avec une sorte de minuscule râteau aux dents acérées. Le sang se mit rapidement à couler, striant sa peau verdâtre de minces filets carmin. Mais l'orc restait impassible.
Je ne sais pas vraiment ce qui m'a pris, il m'a agacée, j'étais en rage même. Comment osait-il gâcher ainsi mon plaisir ? Je l'ai tapé encore et encore, avec ce petit râteau qui ressemblait presque à un jouet de plage, pour enfant. Je l'ai planté dans sa chair que j'ai arrachée sur son visage, éclatant l'un de ses yeux au passage, sur ses bras, son torse, son ventre, son crâne. Je devais ressembler à une furie, à une hystérique. J'avais chaud et mal aux bras. Je me suis arrêtée une fois essoufflée. Le type avait des spasmes, son visage était labouré, ses pectoraux étaient striés, on distinguait à peine sa peau sous le sang. Le lieutenant s'est finalement levé pour se mettre à côté de moi. Je me sentais si bien, à ce moment. Comme si je m'étais déchargée d'un trop plein d'angoisse, de frustration, de rage… retenu depuis bien trop longtemps.
Il m'a pris l'outil et l'a essuyé consciencieusement. Puis, il m'a tendu un long pic en me précisant qu'on ne tirerait plus rien de lui et qu'il me fallait l'achever. Je n'en voyais pas l'intérêt, mais j'ai obéi. La seule chose qui m'attirait dans cet ordre était de voir s'il m'était possible de tuer de sang-froid. Ma colère était, en effet, passée. Je n'avais aucun intérêt à le tuer, ni même à le garder en vie. Je n'avais rien contre lui, finalement. J'ai pris le pic à deux mains et l'ai déposé juste au-dessus de son cœur. J'ai essayé de l'enfoncer, mais ça glissait, ça résistait. Le lieutenant m'a donc conseillé de prendre un peu d'élan, et d'abattre le pic en y mettant ma force et mon poids. Ce que j'ai fait. Un petit craquement se fit entendre, malgré les râles du torturé. Je suis restée un moment, le pic enfoncé à travers son torse. J'étais si proche de lui, penchée, appuyée sur le pic. Je pouvais sentir son odeur acide et rance, j'entendais son souffle s'écourter jusqu'à ce qu'il prenne une dernière inspiration qui s'est éteinte dans un dernier soupir. Je sus qu'il était temps pour moi de retirer l'arme. Une gerbe de sang remplaça le métal et, après quelques bouillons, l'écoulement se fit plus lent, comme la lave refroidissante d'un volcan.
Mon cœur battait fort, mais lentement. Je le sentais dans mes mains, dans mes tempes, dans ma gorge, dans ma poitrine.

Il était mon premier meurtre. Le soldat dans la grange n'était qu'une erreur, un réflexe de survie.



_________________
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Dernière édition par Dame Negliits le Sam 1 Aoû 2015 04:41, édité 3 fois.

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