L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 15:34 
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La tempête se calma peu à peu dans les jours qui suivirent, mais Azra eut quand même de la peine à trouver la crête en question. Son nom n'aidait pas beaucoup. Des bouquetins, ils en virent plusieurs, sans que ça apporte grand-chose... Ces animaux se tenaient à distance, lançant de temps à autre un regard curieux dans leur direction. En contrebas, ils y avait des vallées enténébrées, dont les pins formaient les ombres alors même qu'ils étaient en grande partie couverts de neige. Lorsque le vent se levait, Azra regrettait de ne pas être à l'abri parmi eux, car la marche devenait difficile.

Ils passèrent un col et commencèrent à descendre de l'autre côté. Avec un peu de chance, il y aurait d'autres abris. Les séances de méditation étaient difficiles et il avait dû en sauter plusieurs. Par tous les dieux, comment Zéphanie pouvait-elle avoir passé ça ?

Ces maudites montagnes étaient un véritable enfer blanc, et Azra ne pouvait que saluer la pensée que des explorateurs aient pu réussir à les traverser avec leurs corps de chair... Mais maintenant qu'ils descendaient, ils s'approchèrent d'une forêt qui les mettrait un peu plus à l'abri. Rendrak allait encore devoir veiller à ce qu'aucun loup ne vienne se ronger un nonos, mais le nécromancien avait besoin de méditation...

Puis, le voyage reprit. Cela n'allait-il donc jamais finir ? Ils sortirent de la forêt pour se diriger vers une deuxième passe entourée de deux pics lourdement enneigés.

« Tu crois qu'on est encore loin ? » grogna Azra.

« Difficile à dire. Je ne connais pas trop la région, mais à vu de nez, après ça, je pense qu'on va descendre vers Luminion... »

Les marmonnements du seigneur liche furent interrompus par un cri venant d'en haut. Une forme jaillit d'une ouverture à flanc de montagne. Une femme ? Autant dire une informatrice potentielle ! Azra invoqua un squelette avec pour ordre de la lui ramener. La créature s'élança dans la direction de la jeune femme mais, déjà, Azra voyait avec stupeur une dizaine de créatures semblables à d'énormes loups bondir de la grotte, s'élançant droit devant elles... et fonçant sur lui. Cette folle avait dérangé une meute de créatures et maintenant, c'était vers lui qu'elles se dirigeaient !

Avec un juron, Azra tendit la main et prépara sa magie. Rendrak tira sa chaîne et la fit tournoyer. Les créatures n'étaient pas des loups. Ils étaient trop gros et deux étranges petites cornes, sur leur tête, étaient animées d'étranges étincelles.

« Des woger... grogna Rendrak. Attention à leurs pouvoirs de foudre ! »

Azra répondit en concentrant un souffle de Thimoros dans sa main et en le projetant, nuage noir qui emporta l'âme de la bête. Puis, d'un mouvement, il tira la dague. Rendrak faucha une créature d'un mouvement latéral de son crochet. Comme d'habitude, les attaques du colosse étaient dévastatrices et brisèrent un peu l'élan de la meute, mais déjà, il y en avait un qui se jetait sur le nécromancien. La dague le cueillit au passage, mais le mort-vivant ne s'écarta pas assez vite et le corps de la bête le percuta et l'envoya à terre. La suite ne fut qu'une confusion de coups et de hurlement. Azra frappait où il pouvait tandis que des mâchoires se refermaient sur ses membres. Il transperça un crâne, puis, incapable de prendre le temps de combiner un sort assez puissant, il lança un simple voile de désespoir. Cela fit hésiter la meute et un woger s'enfuit même en gémissant. Azra parvint à se redresser à demi. Une imposante créature lui fit face et les étincelles montèrent de son front avec un crépitement, avant de lancer un petit éclaire dont il sentit la brûlure. Son esprit froid de mort-vivant lui fit remarquer que c'était une bonne chose à savoir : la foudre pouvait le blesser, même s'il n'avait plus de chair à brûler.

Il en fallait plus, cependant, pour le terrasser. Il arma sa dague et la projeta en avant, transperçant la bête avant de la ramener, enduite de fragments de cerveau. Réussissant enfin à regarder un peu autour de lui, il vit que Rendrak avait fait un bon ménage. Les monstres, malgré leur aspect colossal, semblaient désorientés. Sans doute que la combinaison du sort de désespoir et du fait d'affronter des êtres à l'odeur inconnue parvenait à les perturber. L'un d'eux en profita tout de même pour lui saisir le bras par surprise. Il se trouva aussitôt désorienté, ne comprenant pas comment il avait pu si facilement casser son adversaire. Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions, un souffle de Thimoros le laissa à terre, gémissant, et Azra l'acheva d'un coup de dague. Les deux woger restant prirent la fuite en gémissant. Il ramassa son bras et le remit en place comme il pouvait.

Azra allait féliciter Rendrak, qui achevait miséricordieusement son dernier adversaire blessé, quand il remarqua... Ash ! Le compagnon de Zéphanie, jeune semi-elfe adorateur de Meno issu d'un autre âge, se glissait dans le dos du liykor ! Il lança un cri d'alerte juste à temps pour que son compagnon esquive l'attaque en traître. Aussitôt, la chaîne tinta contre l'épée. Ash bougeait à une vitesse surhumaine, frappant en de multiples endroits les ossements noircis du géant, sans toutefois parvenir à les entamer.

Le regard du nécromancien capta également la femme qu'il avait vue au début. Une guerrière... sans doute une alliée de Zéphanie qui avait préparé ce traquenard ! Elle était aux prises avec le squelette qui avait réussi à la ramener jusqu'ici. Elle venait de se dégager et ferraillait avec lui, non sans difficulté. Azra avait invoqué un serviteur faible pour ne pas gaspiller ses pouvoirs, mais il réalisait maintenant qu'il avait peut-être visé un peu trop faible...

Peu importait, il se détourna vers Ash et invoqua un souffle de Thimoros pour le foudroyer sur place, mais il l'esquiva. Cependant, il enchaîna en se précipitant en avant pour porter un coup de dague, esquivé également, mais qui laissa une ouverture à Rendrak pour porter un coup de pied qui envoya le semi-elfe bouler. Il se redressa sans peine, cependant. Son visage était toujours aussi inexpressif. Ni victoire, ni défaite ne s'y lisaient, juste le devoir de protéger sa maîtresse. Rendrak aurait-il eu le même visage s'il avait encore eu de la chair ? Cette pensée troubla le nécromancien qui ne vit qu'un dernier moment un coup d'estoc. Heureusement, la robe des Ol'Toga détourna l'essentiel du coup, mais il se plia en deux. Son âme damnée s'élança alors et, d'un coup de bouclier, détourna l'attaque suivante qui allait être décisive. Azra recula de quelques pas. Son compagnon avait bien appris de son premier combat contre Ash, et semblait réussir à le tenir en respect.

Alors, le jeune mort-vivant vit la fille, qui avait vaincu le squelette. Malédiction ! Il tourna un regard vide sous son casque à masque d'ossement :

« Où est Zéphanie ? »

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 21:07 
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Les wogers étaient donc - comme Kay le découvrait avec curiosité en jetant son énorme torche dans leur tanière et en s'enfuyant avec l'espoir de n'être vue par aucun d'eux - des sortes de loups beaucoup plus gros avec deux cornes pointues sur le devant du crâne qui ne devaient pas être posées là simplement pour la décoration. Une seule de ces bêtes, finalement, aurait pu aisément, d'un seul coup de patte, lui arracher la tête. Mais Kay avait réussi à se déporter suffisamment rapidement et étais remontée au-dessus de la grotte, où elle s’aplatit, à l'abri des regards et des griffes. Étonnamment, le plan fonctionna. Son cri réveilla les bêtes et la torche en flamme les effraya. Une petite dizaine de ces monstres déguerpit de la grotte et foncèrent vers l'aval, c'était à dire, vers les deux silhouettes qui étaient actuellement en train de monter. Kay resta encore un moment immobile pour s'assurer que l'impact entre ces deux groupes avaient bien lieu. Quelque part, elle était peinée ; elle n'aurait jamais apprécié qu'une telle chose lui arrivât et qui plus était, d'une parfaite inconnue qui n'avait rien contre elle. Son regard se releva vers le versant opposé où Ash devait toujours être occupé à préparer son avalanche. Mieux valait ne pas tarder dans les parages, en tout cas. Elle se releva et reprit l'ascension vers la passe d'où elle était venue. Quand deux mains squelettiques la saisirent.

Par delà le contact absolument répugnant qui lui hérissa tous les poils et cheveux de son corps entier et manqua de lui faire avoir une crise cardiaque, ce fut la totale surprise qui la laissa paralysée. Elle ne s'était tellement pas attendue à ce qu'on eût pu la rattraper en si peu de temps qu'elle ne se défendit pas - du moins très tard. Hélas, le squelette en question n'était pas simplement des os. En fait il avait même un sacré avantage car la douleur ne semblait pas l'atteindre ce qui n'était pas dénué de logique - il n'avait plus ni nerfs ni chair pour la ressentir. Son étreinte était ferme et la demi-elfe avait beau se débattre en tous sens, donner des coups de partout - et majoritairement dans le vide, rien n'y faisait. Sans compter qu'elle avait constamment le cœur au bord des lèvres. Enfin elle parvint à se dégager et roula sur le sol. En se relevant, haletant, un affreux gout dans la gorge, elle s'aperçut que l'être revenu de l'enfer avait réussi à la trainer jusqu'au pied de la montagne, près de l'auto-nommé Lord Azraël. Qui se battait toujours avec les wogers. Néanmoins, ce n'était pas cela qui la fit écarquiller ses yeux - ce combat-là touchait à sa fin, mais bien la pensée que l'avalanche ne tarderait pas et qu'il était hors de question qu'elle fût prise dedans. Elle avait peut-être encore une chance après tout. Elle sauta sur ses pieds et se précipita vers le sommet des deux pics. Malheureusement, le squelette qui l'avait attrapée n'était pas décidé à lui laisser le champs libre et se campa devant elle, lui barrant le passage. Elle se passa la langue sur ses lèvres gercées et un bref sourire apparut sur son visage.

"Tu veux danser mon mignon ?"

Elle avait toujours son épée dans la main gauche. Elle la transféra dans la droite et avec un rugissement guerrier, se précipita sur son adversaire. Le bougre se défendait bien et elle n'arrivait toujours pas à faire attraction de ces orbites vides. Sa position n'était pas des plus parfaites et ses coups passaient régulièrement entre les os. Elle jura plusieurs fois. Ça n'allait pas du tout. Son ennemi n'avait pour toute arme qu'un amas grossier de rouille qui n'avait d'épée que le titre glorieux et désuet. Subitement, la guerrière rompit le combat et se rejeta en arrière pour reprendre son souffle. Se concentrer. Les pieds légèrement écartés, le point de gravité vers le bas, le poignet souple. Elle s'autorisa à fermer les yeux. Une seconde. Juste le temps de se concentrer sur son Ki, sur cette énergie vitale qui circulait dans son corps et qui se déversait dans chacun de ses membres et qui coordonnait tout son être et qui se tendait, comme la corde d'un arc. Et qui se relâcha. D'un coup. Le coup partit aussi vif que l'éclair et vint s'abattre sur la main nacrée du mort. Ce dernier ébranlé, fit un pas en arrière avant de se reprendre. Bien sûr. La Main du Géant n'avait eu strictement aucun effet sur lui.

"Par le cul blanc..."

Kay se retint in extremis. Mais il était temps d'en finir. Elle dégaina sa deuxième épée et fit quelques moulinets dans le vide, tant pour tenir l'autre en retrait que pour s'échauffer les poignées. Ensuite, elle entra à nouveau dans la danse et ses coups précis cherchaient à toucher les rares parties qui se mouvaient encore chez cette abomination. Tanaëth lui avait sans cesse répété qu'elle devait transpercer et non hacher. Mais enfin là, il n'y avait pas grand chose à transpercer ! Elle eût été en pleine couture que la difficulté eût été la même ! Le combat s'éternisait, mais Kay s'habituait petit à petit et du côté de l'affreux, à deux épées contre une, son sort était plus ou moins scellé. D'un coup droit, elle lui arracha son arme et d'un coup gauche, lui emporta carrément le poignet. Elle ramassa alors ses lames contre elle, avant de les lancer l'une après l'autre. Les lames sombres tranchèrent dans la colonne vertébrale, le coupant en deux puis se plantèrent avec force dans le crâne sans vie. Le corps séparé en 2 s'effondra à ses pieds. Elle retira alors le crâne de son épée et d'un coup de botte bien placé, le fracassa en mille morceaux. Aussitôt, le squelette tomba en poussière. Au même moment, la voix d'Azra s'éleva.

Le seigneur liche portait un masque de mort sur une tête qui l'était tout autant voire plus. Ce qui était... de très mauvais goût. Ou relevant d'un humour vraiment pourri. Ce masque, de plus, comme la robe qu'il portait n'empêchait pas ses os nus de saillir dans cet environnement blanc. C'était le deuxième squelette (vivant ?) debout qu'elle contemplait dans la même journée, mais Kay n'en frissonna pas moins d'horreur et de dégout mêlés. Celui qu'elle avait été censé ralentir lui demanda alors où était Zéphanie, de la façon la plus directe possible. La semi-elfe, sans rengainer ses deux épées, haussa les épaules.

"Je ne vois absolument pas de qui vous voulez parler."

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 21:39 
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Pour toute réponse, elle affirma ne pas comprendre la question. Se moquait-elle de lui ? Avec un grondement de colère, il invoqua une main des ténèbres qui saisit la fille à la gorge, l'étranglant et la soulevant presque du sol. Il se tourna vers Ash :

« Si tu ne me dis pas où est Zéphanie, je la tue. »

Le semi-elfe recula de deux pas, la garde levée. Inexpressif et sans un regard pour la prisonnière, il lâcha :

« Et c'est censé me faire quelque chose ? Elle a accompli sa tâche sur cette terre. »

Comme pour ponctuer cela, un grondement terrible monta des hauteurs. Rendrak lâcha un juron retentissant et Azra lâcha la fille dans sa stupeur. Une avalanche ! Ce salaud avait dû utiliser ses pouvoirs de feu pour faire fondre de la neige et déclencher une réaction en chaîne ! Ash sourit, le premier sourire qu'il lui voyait :

« Ma maîtresse sera tranquille. L'ordre des Messagers du Corbeau la suivra plutôt qu'une relique du passé comme vous. Adieu. »

Avec un hurlement, Rendrak se jeta sur lui... mais il disparut dans un nuage de poussière, désinvoqué à distance tandis que retentissait le hurlement de rage de la liche. Elle était allé jusque là... Zéphanie avait monté cet odieux piège et manipulé quelqu'un dans le seul but de l'éliminer. Tant de haine... c'était trop...

La déferlent de neige s'abattit sur les trois individus restants. Une masse de neige infinie, un flot de chaos tel un raz-de-marée qui les entraîna, encore et encore... Il y eut un choc, puis un autre... puis plus rien.

Combien de temps resta-t-il là, sonné, dans une étrange ambiance bleutée, sous une couche duveteuse dont il sentait à peine le froid ? Impossible à dire. Quand il se releva et fouilla la neige, il lui fallut une bonne minute pour distinguer clairement le haut du bas et réussir à en sortir. Il y avait des pins autour... ils avaient été entraînés sur plusieurs centaines de mètres, jusqu'à la forêt qu'ils avaient traversé précédemment. Son bras s'était à nouveau détaché. Rendrak était déjà ressorti et l'aida à chercher, tout en se félicitant de leur nature de mort-vivant.

« La neige est plus passé à travers nos os qu'autre chose, et le froid ne nous fait rien... J'ai juste quelques os fêlés. Par contre, on a eu de la chance de ne pas nous cogner davantage dans ces arbres... »

Finalement, à force de fouillé, il trouva... une jambe de la guerrière, qui avait également toutes les peines du monde à s'extraire. Rendrak l'attrapa et la souleva. Bonne et ironique surprise, elle était tombé par hasard sur le bras manquant. Avec un calme plus dû à un léger état de choc qu'autre chose, Azra le lui reprit délicatement...

« Excusez-moi, c'est à moi... »

… et le remit en place, s'efforçant de concentrer sa magie pour renforcer le lien. Rendrak avait déposé la guerrière et ils restèrent là, tous les trois, au milieu des pins et d'un silence de mort.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 22:57 
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Kay offrit son plus beau sourire au seigneur squelettique lorsqu'elle lui répondit avec toute l'impertinence dont elle était capable - et par Sithi, cela lui plut pas mal. Ce qui lui fit moins plaisir fut que, sous le coup de la colère provoquée par cette réponse, le mort-vivant invoqua une sorte de main à peine visible qui vint enserrer sa gorge grise dans une étreinte peu chaleureuse. L'invocation la faisait presque décoller du sol tant elle l'étranglait. Kay laissa tomber ses deux épées sur le sol, tentant de se dégager, les larmes aux yeux. Azra parla encore, mais cette fois-ci, cela ne lui était pas destiné, mais bien à Ash que la semi-elfe remarqua alors, aux côtés d'un autre squelette dont la structure rappelait celle d'un fauve. La guerrière écarquilla à nouveau les yeux en découvrant le compagnon de Zéphanie. D'où sortait-il ? N'était-il pas censé être en train de déclencher une avalanche ? Cependant ces questions parurent sans intérêt quand, sans même la regarder, il répondit qu'Azra pouvait bien la tuer, il considérait qu'elle avait "accompli sa tâche" et par conséquent, n'avait plus aucun intérêt. Pour la jeune femme c'était un des coups les plus durs qu'elle avait eu à encaisser depuis la découverte de l'amante de son mari. Même le grondement plus que menaçant qui suivit cette déclaration ne l'atteignit pas.

Le prétendu disciple de Meno sourit, déclarant que l'ordre des Messagers du Corbeau allait suivre Zéphanie plutôt que le seigneur liche - à ce qu'elle comprenait. Il n'avait donc jamais été question d'une histoire d'amour par un côté répugnante, mais une simple querelle pour la domination d'un ordre dont elle n'avait, en outre, jamais entendu parler. Elle s'était faite complètement manipuler. Le liykor se précipita vers Ash qui disparut dans un nuage de fumée comme avait disparu le squelette qu'elle venait à l'instant de battre. Même lui n'était pas réel... La liche poussa un long hurlement de rage, faisant écho au murmure assourdissant de l'avalanche qui les emporta tous les trois dans la minute qui suivit. Une marée de neige, la colère d'un océan blanc et froid qui dévastait tout sur son passage, ne fit cas de ces trois brindilles. Sans même avoir le temps de comprendre ce qui se déroulait, Kay n'y voyait plus rien et son monde tournait et son corps n'était plus qu'un fétu de paille balayé en tous sens. Elle ouvrit la bouche et la neige s'y engouffra. Elle voulut ouvrir les yeux et un solide coup à l'arrière du crâne manqua l'assommer. Elle ne pouvait respirer et c'était blanc et elle ne savait ce qu'il se passait et elle avait mal partout.
Et l'avalanche passa en les laissant.

Kay resta de longues secondes immobile, sans se rendre compte qu'elle étouffait, ayant toutes les peines du monde à garder conscience. Soudain, elle sentit quelque chose la saisir par la jambe et en une seconde elle était de nouveau à l'air libre, la tête en bas, s'apercevant après coup que c'était le Liykor qui la tenait. Elle vit ensuite Azra s'approcher et lui reprendre des mains... eh bien... son bras manquant qu'elle avait, elle ne savait comment, attrapé et gardé avec force depuis. Le plus naturellement possible, la liche remit son bras en place tandis que Rendrak la reposait au sol.

"Je vous en prie..."

Elle était complètement sonnée. Avec hébétude, elle regarda autour d'elle à la recherche de quelque chose dont elle mit plusieurs secondes à se rendre qu'il s'agissait de ses deux épées. Elle pouvait tout autant cesser au vu de la faible probabilité qu'elle remît un jour les mains dessus après cette avalanche. Lentement, ses jambes se dérobant sous elle, elle se remit sur pied.

"Bon..."

Kay fixa Azra d'un air ahuri. Son esprit, en cet instant, était un véritable bordel. Le choc de l'avalanche tout comme celui d'être pourtant encore vivante après ce déchainement blanc l'empêchait de réfléchir à ce qu'il venait de se passer, c'était à dire : le fait qu'elle avait pitoyablement été manipulée par la première étrangère venue.

"En fait... Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?"

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 23:07 
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Elle avait l'air complètement perdue. Elle n'était pas la seule. Azra se sentait vidé. Zéphanie le rejetait... elle avait agis guidée par la peur qu'elle avait de lui... peut-être avait-elle raison ? Peut-être n'était-il vraiment pas à sa place ici ?

Rendrak, fouillant de-ci de-là, trouva une épée, puis une autre. Il les rapporta à la fille d'un air méfiant.

« Z'avez pas intérêt à les utiliser encore contre nous ! »

Comme elle demandait ce qui s'était passé, la liche haussa les épaules :

« Vous vous êtes mêlé d'une affaire qui ne vous regardait pas... enfin, quelqu'un vous y a mêlé. Et quoi ? On vous a parlé de méchant mort-vivant ? Bah ! Le bien, le mal... tout ça n'existe pas. Juste des gens prêt à tout pour accomplir leur but. Si vous ne comprenez pas ça, vous ne ferez pas long feu dans ce vaste monde. »

Puis, sans lui accorder plus d'attention, il se leva et s'éloigna. Ils marchèrent au milieu des arbres, en silence. Il n'y avait même pas de vent, juste parfois quelques cris d'animaux lointains, à peine audible. Cela convenait à Azra.

Rendrak, qui sentait que quelque chose n'allait pas, tenta :

« Ça ne te ressemble pas, de renoncer ainsi. Tu es sûr que... oh, d'accord. »

La fin de la phrase était dû à la constatation de sa désinvocation. Azra restait seul, en silence. Oui, cela lui convenait encore mieux. Seul au milieu de l'infini. Seul au milieu d'un monde. Seul avec lui-même.

C'était bien.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 24 Jan 2017 23:26 
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Les garzoks attaquent une heure avant l'aube, si silencieusement cette fois qu'ils ne sont plus qu'à vingt mètres de la palissade lorsque l'alarme est donnée. J'envoie en urgence un villageois réveiller les soldats en train de se reposer et, après m'être assuré que Sinwaë ne fera pas des siennes, je hurle aux archers de tirer en saisissant moi-même ma relique de glace pour me joindre à eux. Mon projectile gelé d'un effort de volonté se fiche dans l'oeil d'un orc qui s'effondre lourdement, tout comme deux autres abattus par le petit groupe d'archers. La chute de ce trio nous révèle la présence d'un bélier porté par quatre solides garzoks. C'est un simple tronc ébranché, mais il suffira largement à mettre à bas les portes hâtivement relevées et renforcées! J'abats l'un des porteurs d'un autre trait bien placé, un deuxième orc est atteint par deux flèches humaines mais cela ne suffit pas à le terrasser et celui que j'ai descendu est aussitôt remplacé! J'ai le temps de tirer un dernier projectile, qui ne fait malheureusement qu'égratigner un ennemi, avant que le bélier ne percute rudement la porte, ébranlant toute la palissade sous la violence de l'impact. Avisant un groupe de guerriers qui sort précipitamment d'une maison pour rejoindre le combat, je leur désigne la porte malmenée en criant:

"La porte! Formez le mur devant!"

Les vétérans réagissent au quart de tour et parviennent à se mettre en position alors qu'un deuxième choc ébranle rudement l'huis sommaire, qui émet un craquement sinistre. Un vol de flèches ennemies oblige soudain nos archers à s'abriter, les empêchant d'abattre les porteurs du bélier qui frappe une nouvelle fois. Les troncs placés en travers de l'entrée se fendent sous l'attaque mais ne cèdent pas, contrairement à une brèche de la palissade trop légèrement réparée située à ma droite! Une demi-douzaine de Garzoks s'y rue aussitôt en hurlant, si sauvagement que nos hommes reculent instinctivement devant cette fureur sanguinaire.

"Tenez vos positions! Repoussez-les!"

Mon injonction claque aussi sèchement qu'un coup de fouet dans le vacarme ambiant, mais je n'ai pas le temps de vérifier qu'elle soit suivie car un nouveau coup de boutoir fracasse à cet instant la porte! La douzaine d'orcs qui se pressait derrière l'huis bondit par dessus les débris de bois en poussant des cris de guerre gutturaux et se précipite à la curée avec une férocité effrayante! Je peine un peu à tenir mon fauve qui grogne et brûle de se jeter dans la mêlée, mais je parviens néanmoins à l'empêcher de bondir. Les défenseurs à qui j'ai ordonné de tenir la zone sont moins nombreux que les assaillants, mais ils encaissent calmement l'attaque en formant un bloc compact que les orcs ne parviennent pas à disloquer. Des cris retentissent sur ma gauche, un bref coup d'oeil m'apprend que d'autres ennemis ont escaladé la palissade, bien insuffisante pour constituer un obstacle sérieux à la bestialité qui anime nos agresseurs, et qu'ils s'en prennent à une groupe de forestiers terrorisés! Ces derniers tentent malgré tout de contenir leurs adversaires, mais ce ne sont pas des guerriers et plusieurs d'entre eux tombent dans les premières secondes de combat. Mon instinct me hurle de leur prêter main-forte sans délai, mais la situation est presque aussi critique de l'autre côté de la porte et guère meilleure devant celle-ci. Je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine admiration mêlée d'effroi devant ces combattants Garzoks, dont l'incroyable sauvagerie a réussi à amener notre défense au point de rupture en quelques secondes seulement!

Malgré tout, la discipline sévère des troupes de Kardân fait merveille face à la désorganisation des orcs, les soldats sont soumis à rude épreuve mais ils maintiennent leur cohésion et luttent férocement pour défendre notre bastion. Les forestiers en revanche se sont laissés disperser et les survivants luttent isolément pour sauver leurs vies. Ce ne sont pas des guerriers mais la bravoure qu'ils manifestent à cet instant, usant avec force de leurs simples cognées de bûcheron pour faire face aux orcs bardés d'acier et d'armes lourdes, fait poindre en moi un respect nouveau pour ces hommes rudes. Je serre les dents en voyant l'un d'eux se faire embrocher le dos par un cimeterre, ils meurent et je reste là à ne rien faire sous prétexte de veiller à ce que la défense tienne partout? Une vague de colère et de Ki me submerge, lente, profonde et glaciale.

Sérénité.

Les garzoks ne s'aperçoivent de ma présence qu'à l'instant où mes lames tracent leurs sanglantes arabesques parmi eux. J'entre dans la mêlée comme une tornade silencieuse et mortelle, toute en courbes célestes, imprévisibles et vicieusement dissimulées. Ma lame ardente s'insinue sous l'aisselle du premier garzok au terme d'une puissante ellipse et lui tranche net le bras, le revers brutal de ma Vorpale lui décolle à moitié la tête des épaules et envoie son corps dans les pattes de deux de ses congénères. Ces derniers glapissent en s'efforçant de conserver leur équilibre compromis, mais déjà mes lames se faufilent dans les failles béantes de leurs défense et ils meurent.

J'esquive de justesse un coup de cognée qui ne m'était pas destiné et souris férocement à son propriétaire avant de m'en prendre à un gros Garzok armé d'une lourde masse et d'un écu bosselé. Il pare joliment ma flamboyante et esquive d'un bond en arrière ma lame lactée, puis rugit en se ruant sommairement sur moi dans la ferme intention de m'aplatir. Je me fends vivement, pointant dangereusement mon ardente vers son visage bestial et grimaçant, et le force à interrompre maladroitement son assaut sous peine de s'empaler proprement. Il esquive de peu mon attaque et trébuche sur le sol inégal dans sa hâte, j'en profite pour m'insinuer dans sa garde d'une contre-volte aérienne lui assène un rude revers de ma Vorpale dans les côtes! Il titube en arrière, du sang jaillissant de son armure défoncée, mais avant que je n'aie pu enchaîner il me lance sauvagement sa masse au visage! Surpris, je ramène mes lames en parade avec un temps de retard et ne parviens qu'à dévier imparfaitement l'arme qui se contente de me heurter l'épaule gauche. Le choc est rude et je grince des dents en sentant la douleur affluer et mon bras s'engourdir, mais mon armure a tenu bon et un léger mais douloureux mouvement me signale que mes os également. Je n'ai rien de cassé mais je vais avoir de la peine à me servir de ce bras pendant un moment.

Un fracas de troncs brisés suivi de hurlements retentit soudain de l'autre côté du hameau, par Sithi que se passe-t'il encore?! Il faut que j'en finisse ici! Je bondis sur mon adversaire et rassemble mon Ki dans mon bras valide pour lui asséner un effroyable coup latéral, brutal et sans la moindre subtilité. L'Orc pare avec son écu mais la puissance de mon coup est telle que ce dernier se fend et que ma lame ardente entaille son avant-bras jusqu'à l'os malgré l'armure. Il recule en beuglant de douleur, je lui colle aux basques d'un tournoiement qui dissimule vicieusement le revers de mon enflammée. Le Garzok tente de parer mon arme avec les débris de son bouclier, mal lui en prend car les lanières ne maintiennent plus correctement l'écu fendu qui pivote autour de son avant-bras sous l'impact. Ma lame l'atteint sous le menton et lui entaille salement la gorge, carbonisant les chairs au passage dans un abject grésillement fumant. Elle met aussi le feu à sa chevelure et c'est un atroce spectacle que de voir le visage de cet orc se tordre de souffrance et de terreur sans qu'un cri ne puisse plus franchir sa gorge tranchée à moitié cautérisée.

Les Garzoks alentours cèdent soudain et refluent en désordre sous la violence de mon attaque, j'encourage les humains à les massacrer et à les rejeter hors de leur village puis je me précipite vers la source du fracas entendu quelques instants plus tôt. Je blêmis en découvrant deux monstruosités, parodies abjectes d'obèses littéralement cousus de graisse, qui ont visiblement défoncé palissade et défenseurs par leur seule force brute! Leurs mufles torturés semblent se liquéfier alors qu'ils hurlent de joie en écrasant leurs proies et des cornes tordues se dressent sur leurs crânes déformés. Leurs gueules béantes sont remplies de crocs désorganisés et ils portent de ridicules protections de cuir et de fer noirs ainsi que des massues grossières et pesantes. L'un d'eux est hérissé de flèches, j'en compte au moins trois, mais cela ne semble aucunement le déranger! J'aperçois du coin de l'oeil une cahute s'effondrer sur ses occupants qui hurlent de terreur, et réalise qu'il y a un troisième de ces monstres! J'avale rapidement une potion de soin pour recouvrer le plein usage de mon bras, ces saletés ont l'air rudement coriaces et je ne tiens pas à les affronter avec une seule arme. J'ordonne ensuite à Sinwaë de rester à l'écart en le faisant asseoir et en lui répétant de ne pas bouger, j'espère qu'il m'obéira car je doute fort que ses armes naturelles puissent vraiment menacer ces êtres odieux.

Cela ne me prend qu'un instant, mais la créature difforme qui vient de faire s'effondrer la masure a tout de même le temps de fracasser sous mes yeux la tête d'une fillette. Je m'interpose férocement en hurlant pour attirer l'attention du monstre qui s'apprête à réitérer son discutable exploit sur un vieillard. Ma Vorpale entaille largement sa panse sans que cela ne le perturbe le moins du monde et, pire, ma lame semble littéralement ventousée par le gras! Cela ralentit malencontreusement ma danse et l'horreur en profite pour tenter de m'asséner avec sa masse un monumental coup de haut en bas sur le crâne! J'esquive d'un gracieux entrechat et je riposte en pointant sa gueule de mon ardente pour le forcer à conserver ses distances. Il recule en beuglant comme un troll enragé et en brandissant sa masse pour se protéger, apparemment il n'aime pas le feu...voilà qui est bon à savoir. J'enchaîne d'un tournoiement en m'accroupissant presque pour pouvoir atteindre le bas de ses jambes massives. Mon ardente dessine dans le gras de l'abject une méchante balafre dont le pourtour se racornit en chuintant effroyablement, mais cela ne l'empêche pas d'abattre une fois de plus sa masse sur moi! Je l'esquive d'un pas dansant sur le côté et pivote sèchement pour lui asséner un revers remontant de ma Vorpale à l'entrejambe, mais je n'atteins que sa panse qui, une fois encore, menace de bloquer mon arme! Je m'y attendais un peu et je parviens à la dégager d'une torsion nerveuse avant d'être contraint à une nouvelle esquive. J'évite adroitement sa masse mais la baffe qu'il tente de m'offrir dans la foulée me surprend et m'envoie rudement bouler au sol! Costaud le bougre!

Je me relève en me secouant pour reprendre mes esprits et jette un bref regard autour de moi pour savoir où sont les deux autres sinistres parodies, qui s'avèrent être en train d'anéantir purement et simplement notre défense! Celui qui vient de me malmener galope pesamment sur moi en braillant à pleins poumons, mais il trébuche sur des débris jonchant le sol! Je frappe de toute ma célérité, profitant vicieusement de sa perte d'équilibre pour le pointer de mes deux lames, qui plongent profondément dans les chairs de l'ignoble! Cela ne le tue pas et, à mon plus grand dam, ma Vorpale s'est coincée dans le monstre, je ne parviens pas à la retirer contrairement à mon ardente qui consume le gras plutôt que de s'y laisser piéger. Je puise modérément dans mon Ki et le modèle en une unique attaque circulaire et surpuissante de mon enflammée, peu subtile mais visant efficacement son cou. L'horreur lève instinctivement sa main libre pour se protéger, ce qui est une bien mauvaise idée car ma flamboyante lui tranche le poignet sans ralentir et va se ficher à l'angle de son cou et de son épaule, dévastant graisse, chairs et os d'un même élan. Ma Vorpale se dégage du fait des contorsions du monstre et parachève le travail en venant plonger dans la gueule hurlante du monstre, qui daigne enfin agoniser après que ma lame soit ressortie par sa nuque!

Nul cri de victoire ne franchit mes lèvres, il reste encore deux de ces abjections, de puissants adversaires mais je sais maintenant qu'ils sont relativement lents et sensibles au feu. Leur existence va s'achever, ici et maintenant.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Lun 6 Fév 2017 23:49, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mer 25 Jan 2017 02:44 
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Je presse les villageois terrorisés d'aller se réfugier dans la salle commune, plus résistante, puis cours en direction du monstre le plus proche, accompagné par mon fauve qui rugit à en faire trembler les cabanes environnantes! Le colosse graisseux est en train d'achever un soldat en le piétinant et en lui assénant de monstrueux coups de masse lorsque je lui tombe sur le dos. J'arrive trop tard pour sauver le malheureux vétéran mais j'inflige une terrible blessure à son ennemi, mon ardente lui plongeant de plusieurs mains dans le bas du dos. Je grogne malgré tout de dépit en enchaînant d'un rude coup de taille de ma Vorpale en direction de ses jambes, j'ai raté sa colonne vertébrale... Le monstre pare le coup bas de ma lame lactée à l'aide de sa masse en hurlant de rage et se retourne si brutalement qu'il m'arrache ma lame brûlante des mains! Je pivote vivement sur moi-même et glisse un puissant revers remontant de ma Vorpale dans la foulée, bien décidé à ne pas lui laisser l'initiative. Je l'atteins juste au dessus du coude et ma terrible relique découpe dans le gras du monstre une ignoble tranche rosâtre, qui laisse poindre l'os en dessous lorsqu'elle tombe. Le monstre rugit et tente frénétiquement de m'atteindre de ses redoutables bras épais et gélatineux, je fais vivement retraite d'une glissade, connaissant maintenant la force de ces créatures damnées et ne me souciant pas d'encaisser un nouveau coup.

A ma surprise l'odieux ne se précipite pas à ma suite, il tente au contraire désespérément d'atteindre son dos de ses mains mais sa corpulence l'en empêche. Il me faut une seconde pour réaliser la nature de son problème: la flamme de mon ardente toujours fichée dans sa chair est en train de l'incendier. Un sourire sinistre ourle mes lèvres et je profite très peu chevaleresquement de sa mauvaise posture pour user une nouvelle fois de mon énergie spirituelle sous sa forme la plus brute. Je le rejoins d'un tournoiement bas, oblique et traître, mais lorsque je parviens devant lui je me dresse soudainement de toute ma taille et lui assène sauvagement ma Vorpale sur le crâne, de toutes mes forces soutenues d'une débauche maîtrisée de Ki! Le monstre a un soubresaut de surprise en me voyant jaillir sous son nez, ce qui à mon grand dam lui sauve provisoirement la vie. Si tant est qu'on puisse parler de vie...Ma relique pourfend néanmoins son énorme bedaine sans s'y coincer malgré la profondeur de l'entaille, mais cela ne l'abat pas! J'aperçois Sinwaë qui tourne nerveusement derrière mon adversaire, excité par l'odeur du sang et hésitant visiblement à l'attaquer mais rompant à chaque fois en voyant les flammes qui s'élèvent de son dos et le rongent peu à peu. Le colosse titube tout de même, sans doute davantage à cause de ces flammes qui le dévorent que grâce aux autres coups que je lui ai porté, mais qu'importe! Sans cesser de le menacer, je le force d'un entrechat à pivoter pour me conserver dans son champ de vision, une manoeuvre froidement calculée car la présence d'un poteau planté dans le sol et dépassant de moins d'un mètre entrave salement le mouvement de sa masse, ce qui l'empêche de parer correctement! J'abats férocement ma lame d'adamantite sur la trogne abjecte de la créature avant qu'elle n'ait le loisir de relancer sa pesante arme, un terrible coup orbital qui lui fend le museau jusqu'à la mâchoire supérieure, interrompant net son hurlement et ses gesticulations.

Je dois m'y reprendre à deux fois pour dégager ma Vorpale du crâne fracassé, et utiliser un long et robuste pieu comme levier pour parvenir à faire pivoter cette masse et à récupérer enfin ma flamboyante! Je me redresse en cherchant du regard le dernier damné et ai la satisfaction de le voir tomber sous les assauts de trois vétérans munis de piques aidés d'un archer. Je réalise aux bruits que les combats sont devenus plus sporadiques, mais qui est en train de l'emporter, ça, je n'en ai pas la moindre idée. Mon combat ici étant achevé, je cours en direction de la porte et arrive juste à temps pour voir le dernier garzok tomber sous les coups des survivants, peu nombreux hélas, de l'Aube Radieuse et des forestiers. La victoire est nôtre, mais seuls quelques maigres vivats épars retentissent pour la célébrer. Nombreux sont les morts et les blessés, le village a subi de lourds dégâts et ne s'en relèvera peut-être jamais.

Je contemple froidement la scène macabre pour estimer les pertes et les dégâts, adressant un signe de tête respectueux aux hommes qui croisent mon regard et leur faisant signe de me rejoindre. A chacun j'assigne une tâche, s'occuper des blessés, barricader les brèches de notre défense, faire le guet au cas peu probable où les orcs reviendraient. Je vais ensuite voir les villageois terrés dans leurs maisons et demande leur aide, les pertes ont été lourdes parmi les combattants et nombreux sont ceux qui ont besoin de soins urgemment. C'est d'ailleurs dans la salle commune transformée en hôpital de campagne que je me rends ensuite. Je ne suis pas guérisseur, mais je sais garrotter une plaie pour arrêter une hémorragie et immobiliser un membre à l'aide d'attelles. Je peux sans aucun doute amputer aussi si nécessaire, bien que j'espère ne pas avoir à le faire.

Je déchante vite.

Bien des vies s'éteignent ce matin là, en hurlant ou dans le silence le plus total. Certaines morts sont accueillies par des mines sombres et un silence austère, d'autres par des lamentations plus ou moins éplorées. Notre groupe disparate de guérisseurs improvisés sauve quelques vies, moins nombreuses que nous ne le souhaiterions. Kardân, encore très faible, accomplit quelques menus "miracles" à l'aide de ses fluides, mais l'épuisement le force bien vite à renoncer. Je sors de là bien des heures plus tard, épuisé et ignoblement crasseux, couvert de sang d'esquilles d'os et de matières moins recommandables encore. Il me faut un long moment et de nombreux seaux tirés au puits du village pour me décrasser. Sentir l'eau glaciale couler sur mon visage me fait un bien fou, et cette bienfaisante sensation me fait repenser à la prêtresse de Moura et à ses révélations sur la nature profonde de la Déesse des eaux. Je lui adresse une prière simple mais fervente, la remerciant de ce bienfait qui ne tarde pas à s'étendre à ma gorge puis à mon ventre alors que je me désaltère longuement.

Je me force à avaler un repas malgré l'écoeurement et la fatigue, puis je fais le tour du village pour voir où en sont les choses. Deux grands bûchers ont été construits à quelque distance du hameau, les corps des orcs y sont jetés sans ménagement après avoir été dépouillés, ce qui me laisse totalement de marbre. Les corps humains en revanche ont été respectueusement posés sur des draps ou des couvertures et alignés sur le sol de l'endroit servant de place de village. Les brèches de la palissade ont été plus ou moins colmatées avec les débris disponibles, mais à voir le nombre d'ennemis que nous avons abattus ils ne reviendront pas si les estimations de leur nombre de départ étaient correctes. En me renseignant auprès des hommes, je finis par estimer à moins d'une douzaine les orcs qui ont pu s'enfuir. Certains d'entre eux n'iront sans doute pas loin, quelques-uns regagneront peut-être leur pays mais, ce qui m'importe dans l'immédiat, c'est qu'ils ne reviendront pas aujourd'hui.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Mar 31 Jan 2017 11:55, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 26 Jan 2017 00:38 
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Les quelques heures de repos que je m'accorde ensuite sont troublées par un souvenir qui revient en boucle, je revois encore et encore la tête de la fillette éclater sous la masse de l'un des monstres, à en avoir la nausée. C'est d'ailleurs elle qui me tire de ma torpeur, je n'ai que le temps de me précipiter hors de la cahute où je me suis allongé pour restituer mon repas dans une succession de hoquets rendus effroyablement acides par la bile qui me tord les entrailles. Je me maudis de n'avoir su éviter cette mort, d'avoir été incapable de protéger cette enfant innocente, un sentiment destructeur de culpabilité répand insidieusement son ombre dans mon âme et plante ses griffes venimeuses dans mon coeur. Je sais que j'aurais pu éviter cette mort en intervenant plus tôt, seulement je me suis précipité dans la bataille pour affronter de la vulgaire piétaille au lieu de confier cette tâche à d'autres comme un commandant aurait dû le faire. Résultat, je me suis empêtré dans une action qui ne nécessitait pas réellement ma présence, je n'étais pas là où il le fallait vraiment et cette fillette a été assassinée.

(Si tu n'étais pas intervenu pour dégager les forestiers, ils seraient probablement tous morts, Tanaëth. Et les orcs auraient été libres de s'en prendre aux villageois), murmure ma petite compagne de fluide.

(J'aurais dû envoyer quelques soldats en renfort au lieu d'y aller moi-même...)

(En es-tu certain? Ta présence et ta danse ont galvanisé les défenseurs, peut-être est-ce cela qui leur a permis de tenir pendant que tu combattais les...graisseux?)

(Mmm. Que veux-tu me dire au juste?)

(Garde-toi des regrets, seul Zewen peut dire quel aurait été le futur si tu avais agi différemment. Aurait-il été meilleur ou, au contraire, pire? Tu n'en sais rien. Tu as fait de ton mieux, je suis placée pour le savoir. Sois heureux d'avoir sauvé des vies, triste que des êtres soient morts, mais ne te lamentes pas sur ce que tu n'as pas pu. Ce n'était peut-être tout simplement pas en ton pouvoir, toute Lame du Crépuscule que tu sois.)

Ma conscience s'apaise peu à peu, lente acceptation de mes propres limites, des erreurs que j'ai commises et de celles que je commettrai encore. Des êtres mourront encore sans que j'y puisse rien ou, pire, parce que j'aurais décidé que le sacrifice de leurs vies sert ma stratégie et mes buts. J'étais un guerrier, je dois devenir un commandant si je veux avoir une chance d'ébranler la puissance considérable de l'empire Oaxien. Un guerrier envoie ses ennemis à la mort, un commandant y envoie aussi ses amis. Suis-je vraiment capable de cela? Et si je n'en suis pas capable, cela n'obligera-t'il pas quelqu'un d'autre à endosser ce rôle?

(Nul ne le peut, c'est TON destin, Lame du Crépuscule.)

(Les ténèbres entourent ton Fil d'Or, Syndalywë.)

(Ombre et Lumière, bien sûr. Toujours.)

Sithi n'est pas présente dans les cieux mais mon âme troublée se tourne néanmoins vers elle pour une courte prière. Les souvenirs de notre rencontre m'apparaissent aussi nettement que si elle se déroulait au présent et ces réminiscences claires-obscures raffermissent mon courage et ma volonté. Je ne faillirai pas, j'affronterai les ténèbres en les regardant au fond des yeux et la lumière de même. Oaxaca s'en est prise aux Enfants de Sithi, il est temps de lui faire sentir le poids de notre courroux. Temps que mon peuple cesse de se comporter comme si ce monde n'était pas vraiment le sien. Je verrai d'autres enfants se faire assassiner mais ce ne sont pas mes lames qui feront cet ouvrage, elles s'efforceront d'éviter que cela se produise mais ne pourront jamais l'empêcher totalement. Allons, il est temps de se relever et de poursuivre la danse, si sombre soit-elle, qui rapprochera les Sindeldi de Sithi et lui permettra de revenir sur Yuimen. Des rêves nait l'espoir, et l'espoir fait vivre...

J'ai retrouvé ma sérénité lorsque je rejoins Kardân, un peu plus tard, pour voir comment il va et l'informer de mon prochain départ pour Luminion. Je trouve l'Imperator assis à la grande table de la maison commune, il m'accueille d'un signe de tête et m'invite à prendre place en face de lui. J'obtempère sous son regard scrutateur et pensif, m'installant posément en lui laissant le soin de débuter la conversation.

"Tu es un rude combattant, Sieur Ithil. Comment puis-je te remercier pour ton aide?"

Je le fixe d'un regard assuré et lui réponds:

"Je suis un Danseur d'Opale, nous sommes tous de rudes combattants. Quant à me remercier...dis-moi pourquoi les dirigeants de Nirtim tolèrent cette Oaxaca et ses exactions au lieu de la museler. Explique-moi la situation stratégique actuelle. Et paie aux villageois ce que tu leur as pris."

Le commandeur d'Aube Radieuse sourcille à cette dernière demande, son regard se fait plus dur et il s'apprête à y répondre négativement mais quelque chose dans mes yeux le fait douter et il finit par se raviser.

"Tu sembles tenir à ça, pourquoi?"

"Parce que cette guerre durera longtemps. Aujourd'hui les villages t'accueillent comme un protecteur et te donnent ce dont tu as besoin, soit qu'ils le veuillent soient qu'ils n'osent te refuser ce que tu exiges. Combien de fois accepteront-ils que leurs biens soient sommairement réquisitionnés avant de voir en toi bien autre chose qu'un protecteur? Fais-en tes amis plutôt que des outils dont tu peux user à ta convenance, et tes hommes n'auront jamais faim."

Kardân me dévisage longuement, d'abord avec une certaine incrédulité, peu de gens doivent oser lui parler ainsi et je pense qu'il me remettrait à ma place s'il était certain d'en avoir la capacité, puis avec un air profondément songeur.

"J'y réfléchirai, il y a du vrai dans ce que tu dis. Quant aux raisons de l'immobilisme actuel c'est assez simple: les relations entre l'Ynorie et Kendra-Kâr sont fragiles et tendues. L'Anorfain se borne à défendre ses frontières et les Nains se pensent à l'abri au fond de leurs mines. Aucun de ces royaumes n'est assez puissant pour se confronter seul à l'Empire Oaxien, alors les politiciens discutent sans fin mais rien ne bouge, ils n'arrivent pas à s'entendre pour mener une action d'envergure conjointe."

Il déroule devant moi la grande carte que j'avais vaguement aperçue la veille et me désigne toute une série de points rajoutés qui forment une ligne en bordure de la frontière du sombre empire:

"Les Omyriens ont construit des camps proches de leurs frontières, à des emplacements stratégiques. Non seulement ils verrouillent l'accès à leurs terres, mais cela leur permet de harceler sans trêve leurs adversaires. Oranan en particulier s'épuise à contenir d'incessants raids, les troupes Ynoriennes et Kendranes qui séjournent aux frontières n'ont pas connu un instant de repos depuis des années."

J'étudie soigneusement la carte et la grave en ma mémoire tout en réfléchissant à ce que je viens d'entendre. Un plan audacieux commence à germer en mon esprit, mais il me manque encore trop d'éléments pour définir comment le mener à bien et je préfère poursuivre mon questionnement plutôt que de l'exposer:

"J'imagine que les dirigeants sont partagés quant à l'idée de porter la guerre sur les terres d'Oaxaca?"

"Bien évidemment. Beaucoup ont peur, pensent qu'Oaxaca ne peut être vaincue et que la défense est notre seule option. D'autres encore ont tout intérêt que rien ne change, il y a de gros intérêts financiers en jeu et rien n'est plus rentable qu'une guerre pour les avides de profits."

"Mmm. Je vois. Et toi, qu'en penses-tu?"

"Je pense que ces divisions politiques et cette inaction nous mèneront à notre perte. J'ai vécu la libération d'Oaxaca, j'étais chef de la garde du temple de Gaïa et Yuimen à Tulorim quand c'est arrivé. J'ai échoué à empêcher cette trahison et je n'aurais de cesse avant d'avoir réparé cette négligence! J'ai fondé l'Ordre d'Aube Radieuse dans ce but et je l'ai lancé dans la bataille parce que nul ne semblait vouloir se décider à agir, mais la puissance de l'empire Oaxien est considérable, nous ne sommes de loin pas assez nombreux et nos actions n'ont malheureusement que peu de conséquences."

"Si je comprends bien, seule une alliance solide entre l'Ynorie et Kendra-Kâr permettrait de rassembler assez de forces pour ébranler l'Omyrhie?"

"Ce serait un pas important, mais il faudrait encore arriver à convaincre leurs dirigeants de passer à l'offensive plutôt que de se borner à renforcer leurs défenses. Et ça, crois-moi, ce ne serait pas une mince affaire."

Curieux, je l'interroge ensuite sur divers sujets, son Ordre d'aube Radieuse, les différents dirigeants qu'il connaît afin de me faire une idée de leurs positions face à la situation sur Nirtim, Oaxaca et l'épisode de sa libération. De fil en aiguille j'en apprends passablement, bien que Kardân ne puisse ou ne veuille répondre à toutes mes questions. Il m'interroge ensuite sur les Danseurs d'Opale, mon passé et mes buts, sur mon peuple et ses croyances, aussi. Je ne lui révèle évidemment pas tout, loin s'en faut, mais je ne lui mens pas et lui en dis assez pour satisfaire sa curiosité et lui faire réaliser que l'Opale est un ordre militaire ancien et mystérieux dont il ferait bien de tenir compte. Au final, ce qui ressort surtout de cette longue discussion c'est qu'il a besoin d'alliés, que l'Opale a besoin d'alliés, et que nos objectifs par rapport à Oaxaca sont similaires. Nous nous entraiderons dans cette guerre, chacun gardera son indépendance mais nous échangerons des informations et coordonnerons nos actions si l'occasion s'en présente. Nous scellons cet accord d'une poignée de main ferme et d'un échange de regards francs.

Alors que je m'apprête à me mettre en route pour Luminion, Kardân me fait signe d'attendre une minute et rédige rapidement une courte lettre qu'il signe, roule et scelle de son sceau avant de me la tendre:

"Le Duc de Luminion rêve de pouvoir mener campagne contre l'empire Oaxien. Robert de Pérussac est un homme puissant et influent, un général clairvoyant et expérimenté aussi, qui est grandement écouté du Roi Solennel VI. Va le voir de ma part, c'est un ami et cette lettre lui apprendra ce que je pense de toi."

Un sourire narquois souligne ses dernières paroles et me fait imaginer le pire, mais je me contente d'en sourire et incline la tête pour le remercier. Un dernier regard, la promesse que nous tirerons bientôt l'épée ensemble, et je quitte discrètement la maison, puis le village, sans me retourner.


Dernière édition par Tanaëth Ithil le Lun 6 Fév 2017 23:56, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 27 Jan 2017 20:12 
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Ce qui se passait était purement hallucinant, incroyable. Et pourtant des choses étranges, extraordinaires, elle en avait déjà vues, et en bon nombre ; elle avait même été sur un autre monde. Mais jamais n'avait-elle été aussi déboussolée qu'en cet instant. Les causes étaient sûrement multiples. Elle s'était prise une avalanche dans la tête. Elle parlait à des squelettes plus ou moins vivants. L'un d'eux, au passage, lui ayant ramené ses deux épées de métal sombre à sa très grande surprise - si grande, qu'elle lâcha à peine un faible remerciement, sans même tiquer sur ce que le liykor lui disait. Ne les pas utiliser encore contre eux. En réalité, cela ne lui avait même pas traversé l'esprit. Pourtant, à peine plus tôt, le seigneur liche avait menacé - non, failli - l'étrangler à mort. Mais le choc, encore le choc.

(J'aimerais tant que Tanaëth soit là...)

Lui, rendrait les choses clairs. En sa présence, elle n'était jamais désorientée - jamais complètement en tout cas. S'il avait été là, il lui aurait expliqué ce qu'il s'était passé, lui aurait montré l'attitude à tenir, la voie à suivre. La danse à mener. Les gentils des vilains ? Non, bien sûr, le monde n'avait été et ne serait jamais aussi simple. C'était ce que Azra lui racontait. Elle s'était mêlée d'une histoire qui ne la regardait pas. Quand Zéphanie lui avait désigné la liche comme son poursuivant, son ennemi autant le dire, qu'Ash avait monté son plan et qu'il avait combattu contre le compagnon de cet être ; Kay avait pris son parti. Elle s'était méfiée de la jeune femme. À partir du moment où elle avait raconté son histoire, elle s'en était méfiée. C'était bien. C'était peut-être la chose à faire ou c'était simplement son instinct, un drôle d'instinct qui s'était réveillé en elle. Mais à quoi avait mené ce doute ? Elle avait cru au "méchant mort-vivant". Qui s'en détournait d'ailleurs - déjà - sans davantage lui prêter attention, sans plus menacer sa vie.

"J'ai déjà compris tout cela !" hurla-t-elle dans le vent froid et sifflant de la montagne. "Sauf que moi j'ai choisi de ne pas suivre égoïstement mon but !" Sa voix se brisa. "Mais celui des Danseurs d'Opale."

Évidemment, les deux squelettes ne l'avaient pas entendue. Ils s'étaient déjà enfoncés entre les arbres comme deux ombres sortis d'un passé tourmenté ou d'un futur craintif. La semi-elfe resta entre ces lambeaux de neige immaculée tâchée seulement de branches vertes de sapins éternellement vigoureux. Sans trop savoir pourquoi, l'image de son mari s'imposa à elle. Il était coupable de l'avoir trompée, certes. Était-il pour autant mauvais ? Un léger sourire vint flotter sur sa face à peine cendrée. Zéphanie était coupable de l'avoir manipulée. Était-elle mauvaise ? Azra venait de le dire lui-même : elle ne faisait que poursuivre son but. Et lui-même : il était coupable d'avoir attenté à sa vie. Tous deux étaient mauvais. Ou tous deux ne l'étaient pas. Ce qui était, c'était leur relation, leur envie réciproque de détruire l'autre, pour une raison qu'ils étaient seuls à connaitre. En dehors, ils pouvaient très bien être des gens normaux, neutres. Enfin, normaux. Si l'on admettait qu'une liche fût un état normal pour une personne.

(C'est exactement comme sur Izurith.)

Un frisson la parcourut soudain et Kay se mit à claquer violemment des dents. Bon. Où était-elle ? À défaut d'avoir quelque indice sur son emplacement et celui de la ville d'où elle venait, elle choisit de suivre les traces toutes fraîches des deux personnes qui venaient de la quitter. Avec un peu de chance, ils se rendaient à Luminion. Avec une autre sorte de chance, elle finirait par reconnaitre son chemin. Elle se mit en route. Elle se frictionnait énergiquement ses bras nus pour tenter - vainement - de ne pas trop geler. Cela, de toute façon, n'avait aucune espèce d'importance, si profondément était-elle perdue dans ses pensées. Elle repensait à Izurith, à ces humaines qui voulaient les convaincre du caractère malicieux des elfes. Finalement, Tanaëth et elle étaient repartis sans avoir eu droit à la version des elfes. D'une certaine façon, c'était la même histoire qui s'était reproduite ici : elle avait pris pour argent comptant la version de Zéphanie sans avoir celle d'Azra. Bien sûr, ce n'était pas quelque chose qui aurait pu être envisageable, mais le résultat était le même. Qu'aurait fait son mentor ? Lui si prompt à venir en aide aux gens ? À dire vrai, si elle avait agi ainsi, c'était pour l'imiter. Se montrer à la hauteur, digne de lui, en quelque sorte.

(Ou je n'ai rien compris du tout.)

Finalement, elle perdit les traces d'Azra et son compagnon - qui s'étaient brusquement fondues en une seule lignée sans qu'elle comprît pourquoi ni comment - et retrouva son chemin. Moitié-moitié pouvait-on dire. Elle arriva par le soir à Luminion, crevée, tant physiquement que mentalement. Elle ne savait plus ce qu'il lui incombait de faire. Ce qu'il convenait qu'elle fît. Le matin, elle reçut un message télépathique du maître d'armes. La mission qu'il s'était donnée allait apparemment lui prendre beaucoup plus de temps qu'il ne l'avait cru. Il lui proposait ainsi de se rendre à Clair de Lune, un des lieux, un des refuges des membres de l'Opale. Là-bas, elle pourrait se rendre plus utile qu'à simplement attendre son retour. Quelques renseignements pris, de la nourriture achetée, une reconnaissance du terrain par l'entremise d'un vrai baroudeur, un marchand au nez constamment rouge sans qu'on pût savoir si c'était dû au froid ou au vin - à midi, Kay était déjà sur la route, en direction de Mertar, laissant en ces lieux blancs un souvenir amer et une question à laquelle elle n'avait pas encore décidé d'apporter une réponse. Ou n'avait-elle simplement pas pu ?

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Sam 30 Sep 2017 17:52 
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Le rythme de déplacement effréné des deux voyageurs leur permit d'arriver aux alentours de Luminion en huit jours au lieu de douze mais leur tâche était encore loin d'être achevée. Il leur fallait à présent réussir à trouver un serviteur de Gaïa qu'ils pourraient ramener à Omyre. Comme ils n'étaient que deux, ils ne pouvaient décemment pas attaquer la ville à eux seuls et préférèrent rôder sur les routes environnantes en espérant croiser leur proie. Si Kurgoth avait passé plusieurs années à hanter les duchés des montagnes avec le groupe de pillards auquel il appartenait, ce n'était pas le cas d'Eden qui n'avait connu qu'Omyre et son camp de déportation. Les haillons portés par l'enfant ne le protégeaient en rien du froid qui existait à ces altitudes à l'approche de l'hiver et Kurgoth, qui semblait voir en son apprenti plus de valeur que son mentor n'en avait vu en lui, dû composer avec ces difficultés.

La manière de procéder qu'ils adoptèrent fut assez contraignante pour le garçon mais le garzok n'avait pas de meilleur solution pour assurer sa sécurité. Pendant que le guerrier passait ses journées à l'affût au bord des routes, son compagnon devait dormir dans une sorte de terrier ou d'igloo creusé dans la neige, les peaux de la tente trop voyantes dans le paysage lui servant alors de couvertures. Ce modeste abri, profitant des qualités d'isolant thermique de la neige, le protégerait ainsi de la mort par hypothermie. Le soir venu, n'ayant toujours pas capturé la cible désirée, les aventuriers, conscients que leur présence n'était pas souhaitée, détruisaient leur abri et profitaient du couvert de la nuit pour se déplacer et en creuser un ailleurs. Ils n'avait pas les talents de pisteurs nécessaires pour effacer leurs traces alors ils adoptèrent ce style de vie nomade pour minimiser les risques. Leurs déplacements dépassèrent rarement la moitié de la nuit, Kurgoth ayant en effet besoin de se reposer pour la chasse du lendemain. Eden, de son côté, montait la garde à la limite de l'abris mais tout de même emmitouflé dans une peau pour se réchauffer.

Ce cycle de vie s'imposa dans la continuité de celui qu'ils avaient utilisés pour accélérer leur trajet jusqu'ici et, même si l'enfant tentait chaque matin de suivre le garzok avant de se faire réprimander et de se résigner à obéir lorsque la fatigue devenait trop pesante, s'appliqua dès qu'ils passèrent le col de Lebennon. Six jours durant, ils tentèrent ainsi d'éviter d'éventuels ennemis mais laissèrent chaque jour un peu plus de traces de leur présence dans les bois enneigés. Au matin du septième jour, après avoir mangé du gradouble qui, en plus d'avoir son goût immonde habituel, était aussi presque gelé, Kurgoth se mit à l'affût aux abords de la route la plus proche. Quelques minutes plus tard, il entendit des pas dans la neige et, à présent habitué aux désobéissance de l'humain commença à le réprimander.

"Gamin, combien de fois t'ai-je répé..."

Il s'interrompit brutalement lorsqu'il se retourna. Devant lui ne se trouvait pas le jeune garçon mais cinq garzoks le menaçant de leurs armes et arborant une sourire vicieux.

"On peut savoir qui tu appelles "gamin" ?"

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Dim 1 Oct 2017 14:29 
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Kurgoth était cerné et il savait, de par les années passées dans son ancien clan, qu'il se trouvait dans une situation où sa survie était loin d'être assurée. Tout en se relevant, il demanda leurs intentions à ses agresseurs.

"Vous venez d'un groupe de pillards c'est ça? Que me voulez vous? Où est votre chef?"

Il échangèrent un regard puis l'un d'eux pris la parole.

"Un clan de pillards? Nous faisons partie de l'armée de la déesse Oaxaca elle même. Avant qu'on t’amène devant Baronk le borgne, dis nous qui tu es et où est ton clan."

"Je m'appelle Kurgoth, fanatique de Thimoros. Je n'appartiens à aucun clan, je suis uniquement ici pour trouver un sacrifice afin de procéder à mon Haténesia. Si vous êtes l'armée de notre reine, nous sommes dans le même camp."

Afin de prouver sa bonne foi, il lâcha ses kitranches à ses pieds et écarta les bras. Un soldat récupéra ses armes puis ils l'encerclèrent afin de le conduire à leur campement.Le religieux se laissa escorter en laissant derrière lui son compagnon, si devait perdre la vie dans ce camp, l'enfant aurait une chance de survivre en rejoignant la ville de Luminion. Après presque une heure de marche dans la neige épaisse, ils arrivèrent à un regroupement de tentes faites de peaux de bêtes. Cependant, contrairement aux campements de pillards qu'il avait toujours connu, celui-ci était protégé par plusieurs rangées de pieux encerclant les tentes à l'exception d'un unique passage servant d'entrée et de sortie. Ce camp-ci ne se cachait pas non plus au milieu des arbres, il occupait une vaste clairière mais semblait dans le même temps ne pas avoir de constructions particulièrement solides afin d'être déplaçable ou abandonné rapidement et sans remords si le besoin s'en faisait sentir. Les soldats, à l'opposé des pillards tentant de faire des campements discrets, revendiquaient pleinement leur appartenance aux troupes de la reine noire en affichant son ostensiblement blason rouge flanqué d'un dragon noir ainsi que le blason noir d'Omyre reconnaissable au fouet et au crâne de garzok. Ils s'immobilisèrent devant une grande tente dans laquelle rentra celui qui portait les armes du religieux. Kurgoth en profita pour examiner ce qu'il pouvait voir autour de lui. Les tentes semblaient réparties de manière anarchique et de tailles diverses à l'exception de celle qui se tenait devant lui. Celle-ci était plus grande, semblait plus solide et les étendards présents à l'entrée du camp encadraient également l'ouverture par laquelle le soldat était rentré. A propos des soldats, le guerrier remarqua un détail qui ne l'avait pas frappé jusqu'ici, ils portaient tous des uniformes semblables sur lesquels les deux symboles des étendards étaient visibles, chacun sur une épaule mais celle-ci pouvant varier d'un individu à l'autre. Le soldat finit par ressortir de la tente mais sans les kitranches. Il ordonna simplement:

"Baronk t'attend à l'intérieur, rentre et dépêche toi, le capitaine est très occupé."

Kurgoth s'exécuta et aussitôt à l'intérieur son regard parcouru la pièce. Quatre braseros réchauffaient la tente dont l'armature solide donnait plus l'impression d'une hutte. Il y vu aussi un tas de peaux servant probablement de lit, un ratelier sur lequel étaient entreposés un arc, un carquois et une hache immense et, au milieu, penché au dessus une table massive sur laquelle semblait être une carte de la région, un garzok dépassant le fanatique d'une bonne dizaine de centimètres. Il portait une grande peau blanche en guise de cape et les longues pointes sur ses épaulières de métal sombre accentuaient son imposante carrure. Le maître du camp leva les yeux et inspecta Kurgoth de haut en bas puis lui fit signe de s'approcher. Une fois qu'il eu rejoint le côté de la table le plus près de sa position initiale, le capitaine demanda simplement d'une voix caverneuse:

"Que fais-tu seul par ici ?"

"Je cherche un serviteur de Gaïa à sacrifier pour procéder à mon Haténesia lors de la célébration de Ghwar."

"Ça je le sais, c'est ce que tu as dis à mes soldats... Je ne penses pas que tu mentes sur ce point, je ne connais aucun garzok assez fou pour porter une bure volée à un fanatique de Thimoros... Ce qui m'intrigue, c'est la raison qui t'as poussé à venir rôder par ici seul. Ne sais tu pas que Kardân et ses paladins sont toujours aux environs de Luminion? Tu as eu de la chance d'être tombé sur nous avant qu'ils ne te trouvent... Surtout si c'est toi qui laisse les traces que mes éclaireurs rapportent voir depuis des jours."

Kurgoth, comme tous les pillards des dûchés, savait que les paladins de l'Aube Radieuse étaient la plus grande menace de la région, il leur avait d'ailleurs échappé de peu lors de son retour à Omyre il y a presque un an.

"Le grand prêtre d'Omyre, Romthaars’t, ne m'a laissé qu'un mois pour trouver un sacrifice. Ne possédant pas de monture, Luminion est la seule destination à ma portée si je me réserve du temps pour la traque qui fut jusqu'ici infructueuse. Je connais l'Aube Radieuse ne vous y trompez pas, l'un d'entre eux ferait d'ailleurs un parfait sacrifice... Avec votre aide une patrouille de paladins serait rapidement mise en pièces et je pourrais retourner à Omyre."

Baronk sourit. Ce vagabond sorti de nulle part, qui ressemblait certes à un fanatique de Thimoros d'après sa bure, lui demandait l'aide de son détachement pour attaquer l'Aube Radieuse le plus naturellement du monde.

"Et que dirais-tu de Kardân lui même hein? L'idée d'envoyer ces paladins - damnés soient-ils - à Omyre pour se faire torturer me plaît bien, sois en certain. Mais penses-tu vraiment être capable d'en garder un prisonnier aussi longtemps? Ce serait une grave erreur de sous-estimer leur magie et leur capacité à combattre."

Kurgoth ne sût d'abord quoi répondre. Aussi réfléchit-il en silence sous le regard sévère du borgne.

"Comprenez moi bien, je suis entré au service du dieu de la guerre pour racheter une faute. Ma foi en lui et en sa fille, notre reine, est inébranlable mais ma place n'est pas dans un temple, mais au combat. Si je n'ai rien d'autre qu'un paladin à ramener à Omyre, alors je prendrai les risques que cela implique car une fois libre de prêcher où bon me semble, c'est bien ces mêmes paladins que j'affronterai à nouveau. C'est contre eux que le clan de pillards dans lequel j'ai grandi se battait en permanence et je n'ai pas peur de croiser leur chemin. Vous les pensez trop forts pour moi? Soit, n'y a t il donc aucun autre serviteur de Gaïa en ces terres?"

Baronk plongea son oeil unique dans le regard du religieux et répondit.

"Inutile de mourir comme un idiot en jouant les héros, cela ne servirait ni ton dieu ni notre reine. Et il y a toujours une alternative. Luminion ne possède pas de temple de Gaïa mais des prêtres et leur acolytes y viennent régulièrement. Ils accompagnent les convois marchands afin de profiter de la protection des soldats qu'ils engagent. Si je ne te crois pas de taille contre un paladin, tu devrais t'en tirer face à un prêtre ou un acolyte... puisque le sort que tu réserverais à un potentiel prisonnier est pire que la mort que nous lui apporterions en attaquant le convois, je peux accepter de t'aider à trouver ton sacrifice... Nous verrons bien de quoi est composé le prochain convoi que nous attaquerons. Cela te demandera une contrepartie, si tu veux notre aide, alors tu travailleras dans ce camp au même titre que tous mes soldats."

"Avant de suivre vos ordres, je n'ai qu'une dernière demande. Puis-je retourner chercher le matériel que j'ai laissé dans laforêt ainsi que le jeune humain qui m'accompagne? C'est un enfant croisé à Omyre que j'ai pris sous mon aile pour ses talents de jeune voleur. Je peux comprendre que cela vous laisse dubitatif mais il travaillera dur pour manger et rendra utile, faites moi confiance... Et puis s'il devait se retrouver seul, il rejoindrait la ville et trahirait notre présence en racontant comment il est arrivé là."

Bien que soupçonneux, le capitaine consenti à ce qu'Eden vienne dans le camp, principalement pour ne pas attirer Kardân trop près du campement inutilement. Il précisa néanmoins que s'il se faisait dévorer, Kurgoth serait seul responsable. Les deux compagnons furent acceptés parmi les soldats de Baronk, ce qui ne manqua pas d'agacer les troupes. Heureusement pour eux, l'armée d'Oaxaca fonctionne comme le reste de sa société, les plus forts dirigent. Personne n'osa donc s'opposer ouvertement au fait qu'ils restent. Ils héritèrent cependant des tâches les plus ingrates, ne faisant pas partie du corps militaire et étant uniquement tolérés dans le camp, ils ne pouvaient donner aucun ordre et devaient éxécuter tous ceux qu'ils recevaient.

L'attente à l'affût du guerrier la semaine précédente lui avait semblé une éternité et chaque seconde passée à faire les basses besognes pour ces soldats lui semblait également une perte de temps précieux. Le travail qui lui était demandé n'était pas un problème en lui-même, il l'avait déjà fait avec Olur et Romthaars’t auparavant. Ce qui le rongeait de l'intérieur, c'était cette sensation d'impuissance face aux événements. Lorsqu'il était à l'affût, il pouvait choisir où se cacher et agir dès qu'il verrait sa cible, il ne risquait pas de la manquer. Ici, il devait faire aveuglément confiance dans les éclaireurs surveillant les routes alentours pour lui signaler sa cible. Il savait certes que cela multipliait ses chances et que les éclaireurs étaient probablement plus entraînés que lui à suivre une piste, mais cela le faisait se sentir faible, impuissant et incapable de prendre seul son destin en mains.

Cela dura cinq jours, durant lesquels Eden faillit être mangé près d'une dizaine de fois sans l'intervention du fanatique, toujours aux aguets. Après tout ce temps perdu, d'après Kurgoth, Baronk réunit tout le camp devant sa tente en peaux.

"Un convoi venant de Kendra Kar a été repéré. Que les plus blessés restent pour surveiller le campement et les montures. Pour les autres, départ à pied au crépuscule. On coupe à travers les bois discrètement et on se place pour les attaquer peu après leur départ, quand leur vigilance sera au plus bas. Ils sont bien escortés mais on est plus nombreux et pas de signe de l'Aube Radieuse aux environs."

Se tournant vers le fanatique en mission, il conclut:

"Il y aurait un prêtre de Gaïa et deux acolytes. C'est ta chance."

Les consignes reçues, chacun retourna à sa tente se préparer et Kurgoth profita du temps restant pour dormir en prévision de la nuit de marche et du combat qui s'annonçaient. Quand l'heure du départ arriva, Kurgoth ordonna à Eden de venir avec lui, il n'avait aucune confiance dans les soldats qui restaient au camp, pas plus qu'Eden ne sembla en avoir puisque cette fois, il ne rechigna pas à fournir l'effort demandé.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Jeu 19 Oct 2017 22:19 
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La marche nocturne fût longue mais Eden fit de son mieux pour suivre avec le peu de lumière provenant des lumières célestes qui filtraient au travers de la forêt. Kurgoth fut cependant contraint de le porter pour la fin du trajet et en profita pour le cacher à quelques centaines de mètres de la route, là où le combat ne l'atteindrait pas. Suivant les ordres de Baronk, les garzoks se répartirent de part et d'autre de la route. Ils secouèrent les sapins les plus proches du chemin de montagne pour en faire tomber la neige en un talus le plus naturel possible afin de se dissimuler entre ce dernier et les branches les plus basses des résineux. Alors que le soleil commençait à poindre à l'horizon et que les derniers pisteurs les plus doués finissaient d’effacer au mieux les traces à l'aide de branches, les autres s'allongèrent dans la neige épaisse et commencèrent l'attente.

Après une petite heure, le convois arriva enfin. Il y avait tout au plus une trentaine de gardes pour près de cinquante garzoks. Les marchands semblaient de toute évidence s'attendre à rencontrer des ennemis dans la régions et les mules transportant sur leur dos de lourdes caisses ou tirant des charrettes étaient au centre du cortège, encerclées par les hommes d'armes. Kurgoth aperçut également ses cibles, elles marchaient à l'avant du convois juste derrière un cavalier un cavalier en armure. Il y avait un homme d'âge mûr, portant une barbe et des cheveux grisonnants, et deux jeunes kendrans, un homme et une femme, arborant tous deux les yeux bleus et la chevelure blonde des ennemis jurés de son peuple. Regardant Baronk pour ne pas louper son signal, il vu qu'il se relevait lentement l'arc à la main. Il le banda, pris le temps de viser et laissa la corde glisser hors de ses doigts. La flèche, jaillissant du couvert forestier, se planta dans la gorge du cavalier en tête de file et, tandis que son cheval se cabrait et que son corps chutait vers le sol, les soldats de la reine noire surgirent des talus enneigés. Une vive lumière explosa dans les airs alors que la vague de guerriers à la peau verte commençait à déferler sur les humains. Grâce au sortilège ainsi lancé par le prêtre, les gardes purent se mettre en position pour accueillir de leur lances les soldats désorientés qui se ruaient sur eux tandis que les acolytes commençaient à les renforcer par leurs bénédictions. Le fanatique, qui ne s'était jamais entraîné à charger ainsi, se laissa distancer par ses semblables qui, bien qu'hébétés par la vive lumière, ne ralentirent qu'en s'écrasant contre le mur de boucliers qui les attendait.

Alors qu'il s'élançait pour les rejoindre, il vit que le prêtre s'attelait maintenant à soigner magiquement les gardes l'escortant pendant que ses acolytes continuaient leurs bénédictions. Cela ne sembla pas suffisant pour arrêter Baronk qui, de sa hache énorme, se créa une brèche dans laquelle Kurgoth essaya lui aussi de se faufiler. Un violent coup de coude au visage, qu'il reçu accidentellement de l'un de ses alliés tant le chaos régnait sur ce minuscule champ de bataille bien trop surpeuplé, le projeta en arrière. Se relevant sur le talus, légèrement au dessus de la mêlée, il aperçu Baronk attraper le prêtre par le col de la bure, se tenant entre les lignes ennemies au niveau des religieux et au milieu des mules paniquées. Il vit également un fantassin se ruer, la lame au clair, dans le dos du capitaine. Comprenant que neutraliser les utilisateurs de magie permettrait de conclure l'affrontement au plus vite, il tenta d'aider celui qui l'avait accueillit dans son campement en neutralisant le soldat humain. Pointant dans la direction souhaitée avec son bras gauche pour l'aider à viser, il rassembla ses forces dans son bras droit pour projeter son arme avec un maximum de puissance. Lorsque ses doigts laissèrent filer le manche de la kitranche, celle-ci fendit l'air en tournoyant au dessus des lignes défensives qui résistaient difficilement devant le nombre des assaillants. Le fantassin visé aperçut la lame volante se diriger et plongea pour l'éviter in extremis alors que cette dernière finit sa course dans le crâne d'un acolyte qui, le dos tourné à la scène et trop occupé à bénir les gardes de la ligne de défense opposé, n’eut aucune chance d'esquiver le coup et s'effondra, tâchant de son sang la neige immaculée entre les lignes de combat.

Kurgoth se mordit les lèvres, de déception d'avoir loupé son lancé mais pas seulement. Il réalisa à quel point il pouvait être compliqué de faire des prisonniers dans une telle mêlée. Des trois sacrifices potentiels qu'il pouvait ramener, il venait d'en abattre un par accident et il avait peur que les autres ne connaissent le même sort. Passant sa deuxième arme dans sa main forte, il se revint au contact des boucliers adverses pour passer au travers de la défense. Avant de revenir au niveau où son champ de vision était obstrué, il vit toutefois le capitaine lâche le prêtre de Gaïa pour se tourner vers le fantassin qui se relevait. Kurgoth se jeta l'épaule en avant pour pénétrer la défense à la manière de Baronk. Il réalisa cependant que ça technique n'était pas au point quand il s'écrasa contre la plaque de métal en ne faisant reculer son porteur que d'un pas. Sonné par le coup, il faisait à présent une victime facile pour le garde qu'il venait de percuter. Heureusement pour lui, les garzoks avaient une grande supériorité numérique dans cette bataille et, sans même accorder d'attention au fanatique, un soldat à la peau verte profita de l'ouverture dans la garde de l'ennemi pour l’abattre de son arme.

Se faufilant à quatre pattes à l'intérieur du cercle d'humains armés en train de céder, Kurgoth senti un corps percuter son flanc droit alors qu'il approchait d'une charrette du convoi. Se relevant dans cette direction en s'agrippant à la roue de bois, il n'aperçut pourtant que le capitaine affronter un soldat à quelques mètres de lui. Se retournant pour voir si la personne n'avait pas basculé par dessus lui, il se rendit compte qu'il se tenait à présent devant sa cible, le prêtre de Gaïa. Celui-ci tentait apparemment de se mettre à l'abris sous la charrette. Se jetant à sa suite pour l'empêcher de fuir, le fanatique lui attrapa la jambe. Le religieux humain tenta alors de se débattre en reculant sur les fesses. Mais lorsqu'il s'agrippa aux rênes entre les montures et la charrette pour se hisser, trop concentré sur le garzok qui le retenait, il ne pu esquiver la ruade des équidés qui, déjà paniqués pas le combat, réagirent à la pression exercée sur les sangles qui les retenaient par un puissant coup de sabots.

Kurgoth senti alors la résistance de l'humain faiblir et, toujours couché sous la charrette, vit ses genoux vaciller faisant ainsi s'effondrer le corps du prêtre juste devant lui. Attirant le corps inconscient à lui dans le but de sécuriser sa proie, le garzok esquissa un geste de recul en voyant l'agencement anormal de la tête et de la nuque. Il tenta vainement de tâter le pouls de l'humain mais cela ne fit que confirmer que le coup de sabot de l'équidé lui avait brisé la nuque et l'avait tué sur le coup. Le monde semblait s'effondrer dans la tête du garzok. Il venait déjà de tuer par accident deux des trois cibles potentielles qu'il pouvait ramener. Thimoros voulait-il donc continuer de le voir ronger son frein en servant son temple ? Où est-ce Gaïa, ennemie jurée du dieu de la souffrance, qui, refusant de voir ses enfants souffrir mille morts des mains du serviteur de son némésis, préféra les envoyer elle-même auprès de Phaïtos par une mort rapide et presque indolore?

Le garzok chassa ces idées de son esprit, il n'avait plus le temps de réfléchir. Il ne restait plus qu'un acolyte en vie et il pouvait mourir d'une seconde à l'autre au milieu de cet affrontement armé. Alors qu'il émergeait de sous la charrette où il avait poursuivit le prêtre, ce qu'il vit en premier lieu était ce qu'il redoutait. Les lignes humaines avait enfin cédées devant la vague de peaux vertes et celle-ci se déversait à présent autour de lui, achevant au passage les gardes qui avait rompu le rang en espérant pouvoir fuir. Levant les yeux vers le ciel de dépit, il aperçu le dernier acolyte escalader une pile de caisses entassées sur un chariot proche et se lança à sa poursuite. Il se rendit malheureusement compte qu'il n'était pas le seul à avoir localisé le dernier humain en vie et que d'autres avaient eu la même idée.

Alors qu'il commençait à grimper, il vit de la lumière se concentrer dans les mains de la jeune humaines. Bien qu'il pensait que cela lui était destiné il n'essaya pas d'esquiver et préféra avancer. Alors que sa main arrivait enfin au niveau des pieds de sa cible, il senti le ciel s'obscurcir, un autre garzok l'avait devancé et brandissait sa kitranche dans les airs. Kurgoth hésita un instant, il avait été particulièrement malchanceux avec les deux autres serviteurs de Gaïa et ne pouvait plus se permettre de perdre ce dernier. Fort heureusement, la jeune humaine repoussa l'ombre menaçante en utilisant le trait de lumière que le fanatique l'avait vue concentrer. Ce dernier poussa un soupir de soulagement en voyant cette menace disparaître. Mais lorsque deux nouveaux guerriers apparurent, il se résolu à tenter le tout pour le tout. Il agrippa ferment la cheville de la demoiselle et l'attira dans le vide du côté où il se trouvait. Lâchant également sa prise sur les caisses pour la suivre, il réussit à atterrir sur ses pieds et, alors qu'il abattait le plat de sa kitranche en direction de la tempe de l'humaine pendant que celle-ci tentait de se relever, il lui lâcha simplement:

"T'as intérêt à rester en vie."

Avait-elle réellement intérêt à rester en vie? Après réflexion pas du tout, mais peu importait à présent car elle était allongée inconsciente dans la neige boueuse et entourée de garzoks armés, son sort ne lui appartenait plus. Baronk ordonna ensuite que ses troupes se regroupent et chargent un maximum de cadavres dans les chariots et traînent les restants jusqu'au camp, dans ces montagnes les cadavres des convois fournissaient en effet un apport de nourriture que les garzoks ne pouvaient se permettre de gaspiller. Après avoir déposé sa prise auprès du capitaine, le seul en qui il avait à peu près confiance, il alla chercher sa kitranche sur le cadavre du second acolyte puis retourna dans les bois pour retrouver Eden. Après avoir retrouvé son compagnon, ils retournèrent auprès du capitaine et cheminèrent jusqu'au camp en gardant un œil sur la prisonnière.

Une fois arrivés au campement, les soldats restés sur place firent leur rapport au capitaine, apparemment rien de notable ne s'était passé ici, et aidèrent leurs camarades à emmener les corps vers les réserves de nourriture et à rassembler armes et armures devant la grande tente centrale. Baronk et ses lieutenants prirent ensuite soin de répartirent et distribuer ces équipements martiaux équitablement entre les différents soldats, y compris ceux restés au camp dont le rôle était reconnu. Même Kurgoth reçu quelque chose pour sa participation. Une fois la distribution finie, le fanatique vint remercier la capitaine pour son aide et, emportant son sacrifice, pris la route en direction d'Omyre suivit de son jeune compagnon.

2008mots

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Lun 8 Oct 2018 01:38 
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Et c'est ainsi qu'ils se mirent en route quittant la ville et empruntant d'abord un petit chemin qui se transforma bientôt en sentier praticable par une monture, mais trop étroit pour être deux de larges.

Cette position n'aidait pas à la conversation. Mais de toute façon, le nain peu bavard n'essaya aucunement de discuter avec l'homme des montagnes... ou l'eut-il fait qu'il aurait peut-être réclamé des yus supplémentaires prétextant un autre service qu'il rendrait.

Toujours est-il que leurs montures marchant à bons pas, ce ne fut qu'à la fin de la journée qu'ils s'arrêtèrent au pied des montagnes.

La température s'avérait plus froide que dans les villages, mais tout de même agréable pour des gens plus ou moins habitués au froid.

"Nous nous arrêtons pour la nuit !" annonça le nain, tout en descendant de sa monture.

Puis en fourrageant dans son sac, il rajouta:

"Demain on repart à l'aube."

Puis ses sourcils se froncèrent, son nez se retroussa et sa bouche fit une grimace de déception.

"Ah les sales gamins qui trainent dans les rues, rien que des bons à rien de petits voleurs." Puis après avoir fouillé frénétiquement dans son sac, il s'adressa à toi.

"Les petits chenapans ont volé mon attirail pour faire du feu... Il va falloir se servir du tien, si tu as pensé à en emporter avec toi ! " Poursuivit-il d'un ton légèrement supérieur.

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Ven 12 Oct 2018 05:29 
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Mon guide semble satisfait de me voir revenir avec une monture et m’en fait part à voix haute, terminant sa phrase sur un pluriel qui m’intrigue. J’ouvre la bouche afin de l’interroger mais il s’avance alors vers moi pour serrer ma main tendue et, tout à nos civilités, je mets ma question de côté. Tobak et Têtu. Sans rien laisser paraître je me dis que le nom de l’âne aurait aussi pu convenir à ma nouvelle connaissance qui paraît également bien obstinée ! Ce dernier pose un regard sur les yus que je lui tends et je ne peux m’empêcher d’y voir une ressemblance avec celui du précédent possesseur de l’Épée des Glaces. Une adoration, un brin de folie transparaissent dans ses yeux qui ont l’air de dévorer les piécettes, se désintéressant de tout ce qui se passe autour.

Alors que je me remets en selle, je ne peux m’empêcher de laisser échapper une réflexion sur la fièvre qui habite Tobak et sûrement d’autres gens sur ce continent voire peut-être plus encore.

"Je ne suis pas sûr de jamais comprendre l’intérêt qu’il y a dans ces bouts de métal..."

Je jette un dernier regard sur Amaranthe, me demandant un court instant si ma quête me ramènera par ici avant de reporter mon attention vers l’avant, le futur. Pressant doucement mes jambes sur les flancs de Blanche et tentant de reproduire le léger claquement de langue que j’ai entendu de la bouche de Rodolphe, je nous mets en route au côté de Têtu, maintenant ma nouvelle compagne au pas pour ne pas dépasser les courtes pattes de l’âne. Il nous faut quelques minutes pour quitter l’entrelacs des ruelles du village, nous menant vers la route qui part à l’opposé de celle par laquelle je suis arrivé hier soir.

"Messire Tobak, de qui parliez-vous lorsque vous avez dit les débusquer ?" dis-je en soulignant le mot les.

Si le semi-homme a décidé de passer soudainement au tutoiement, je ne me peux me résoudre à faire de même sans qu’il m’en donne l’autorisation. Bien que fort plus petit que moi, il est possible qu’il soit tout de même mon aîné.

Nous sommes en train de laisser le duché derrière nous et mon guide pousse alors son âne en avant de moi, s’engageant sur un layon qui s’oriente vers l’est. Je n’ai presque rien besoin de faire pour que Blanche se place derrière Têtu et suive tranquillement ses pas. L’un à la suite de l’autre, nous tombons dans un agréable silence me rappelant les randonnées autour de Faërlom aux côtés de mon grand frère Tynong. A la différence que je n’étais pas ballotté sur le dos d’un animal mais je ne tarde pas à me détendre, relâchant la pression sur les rênes auxquels je m’agrippais un peu trop et appréciant le fait de pouvoir confier à quelqu’un d’autre la mission d’avancer me laissant tout le loisir d’observer mon environnement.

Nous progressons au milieu de sapins verdoyants, les rayons du soleil bientôt à son zénith jouant au travers de leurs aiguilles persistantes. Leurs branches cachent sans doute une multitude d’oiseaux que j’entends gazouiller tout autour de nous. J’aperçois parfois du coin de l’œil des nupers en troupeau se faufiler sur les troncs ou des nuées de lutinoras butinant.
Sous la ramure des arbres, le sol se couvre d’une flore dont je reconnais la plupart pour les avoir vu sur la route de Henehar. Des arbustes de selav où poussent une seule fleur d’un blanc crémeux, de rougeoyants papillons de sang dont les fleurs semblent toujours être sur le point de s’envoler et des douces féeries qui brandissent leur fleur bicolore en forme d’épée. Ça et là j’aperçois des bouquets de plantes aux feuilles dentelées qui me sont inconnues.
L’après-midi progressant, certaines espèces disparaissent, laissant place à de nouvelles qui n’ont de cesse de me ravir, là un buisson aux feuilles toutes jaunes piqué de petites fleurs violettes, ici le bleu glacial du flocon divin que je suis content de voir, sa présence indiquant que nous prenons de l’altitude.

Je savoure d’ailleurs en fin de journée la température ambiante qui est redescendue de quelques degrés, se rapprochant un peu du climat des Monts Éternels. Alors que les bois autour de nous se raréfient, Tobak déclare la fin de l’étape pour aujourd’hui. Libérant mes pieds des étriers je passe ma jambe droite par-dessus la croupe de Blanche et me laisse glisser sur le sol, manquant m’y étaler tant je suis surpris par la faiblesse passagère de mes membres inférieurs. Me retenant à la selle, j’étire l’ensemble de mes muscles me disant que pour une première balade à cheval, j’aurai peut-être du demander quelques courtes pauses au cours de l’après-midi.
Ayant entendu depuis un moment le doux ruissellement d’un cours d'eau qui doit plus ou moins suivre le sentier, descendant des montagnes qui nous surplombent, j’emmène Blanche un peu à l’écart de la sente dans un espace dégagé entre les sapins, cherchant à m’approcher du ruisseau que j’aperçois rapidement serpentant au milieu des conifères. La menant aux berges pour qu’elle puisse s’abreuver, je sors alors de mon sac la longue corde que j’attache à l’une des boucles du licol avant de fixer l’autre extrémité à une branche d’arbre, utilisant le nœud de longue que m’a appris Rodolphe. Les dix mètres de corde laisseront une certaine liberté à la jument pour brouter à son aise mais l’empêcheront d’être tentée de rebrousser chemin vers l’écurie qu’elle a sans doute toujours connue. Je m’active ensuite à la débarrasser de la selle, du tapis et du filet, tout en lui parlant à voix basse, lui expliquant pourquoi je l’attache, la remerciant pour le trajet et lui disant que j’espère que nous apprendrons à nous connaître assez pour qu’un lien de confiance se tisse entre nous.

Derrière moi le petit homme s’active, semblant presque disparaître dans sa besace à la recherche de je ne sais quoi. Alors que je me déleste à mon tour de ma cape, mon bouclier et de ma musette à même le sol, il se redresse en incriminant les enfants d’Amaranthe dans la disparition d’une partie de son matériel. Sans relever son accusation non réellement justifiée ni le ton qu’il emploie pour s’adresser à moi, je le rassure d’un sourire.

"J’ai un briquet, je vais aller ramasser du bois si vous êtes sûr qu’il n’est pas risqué d’allumer un feu par ici."

Sans attendre sa réponse qui viendra si nécessaire, je m’éloigne quoi que n’ayant guère besoin de m’enfoncer beaucoup dans les sous-bois pour trouver du combustible sec à profusion. J’en amasse le plus possible, sachant que les résineux brûlent vite et reviens déposer quelques épaisses bûches avant de repartir à la recherche de petit bois et de quelques moyennes branches pour démarrer le feu. Le rivage du ru me fournit des pierres pour créer un foyer où j’amasse les branchettes avant de poser par dessus le bois plus épais. Détachant mon baudrier pour le poser près de moi, je me saisis de mon briquet à amadou à l’aide duquel j’enflamme les brindilles à plusieurs endroits et reste vigilant, construisant le feu pas à pas en attendant qu’il soit assez vif pour y poser l’une des grosses branches. Assis sur le sol, le regard un instant perdu dans les flammes de Meno, je retrace en silence le voyage d’une vingtaine de jours depuis que j’ai quitté ma tribu, mes doigts courant sur le fourreau de l’Épée des Glaces.

(J’espère ne pas me tromper Yuia dans ma quête initiale… Mais celle-ci a déjà ôté la vie d’un homme, je souhaite que Kenmare ne soit pas le deuxième.)

Revenant au moment présent, j’arrache un morceau de la viande séchée généreusement fournie par la tenancière de l’auberge de Til’Sit puis, sortant les deux baies jaunes hérissées que m’a données Alnia, j’en tends une à Tobak.

"Ces fruits sont dans mon sac depuis bientôt cinq jours, je crois qu’il serait bon de les manger avant qu’ils ne pourrissent."

Et joignant le geste à la parole, je goutte timidement ce fruit inconnu avant de poser une question qui m’importune depuis un moment.

"Comme vous vous en êtes sûrement douté sieur Tobak, je découvre un peu le monde en dehors de mes terres. Je ne crois pas avoir jamais eu le plaisir de rencontrer un représentant de votre race..." Je m’interromps brièvement, espérant de pas mésuser de ce dernier mot. "Serait-il trop indiscret de vous demander vos origines ?"

Ayant terminé la baie au goût sucré quoi que légèrement piquant à la fois, je remue les braises naissantes à l’aide d’une branche et ajoute l’une des bûches que le feu s’empresse de venir lécher avec gourmandise.


(((Utilisation d’une des baies qui accroît l’acuité sensorielle pendant cinq minutes. Don de l’autre à Tobak.)))

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 Sujet du message: Re: Les Chaînes de Montagnes
MessagePosté: Mar 16 Oct 2018 04:54 
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Intervention gmique pour Rurik


Alors que tu terminais la préparation du feu, le nain qui venait de nourrir son âne, sortit une couverture de la sacoche accrochée à sa monture et se décida enfin à te répondre.

"Bien pardi, je parlais de débusquer les espèces d'homme-animal qui ont enlevé Kenmare.. c'est un costaud Kenmare.. c'est certain qu'il en a fallu plus d'un pour le maîtriser et le kidnapper "
Dit-il sur un ton de remontrance, sur le ton de celui qui sait qu'il a raison.

Il s'approcha ensuite du feu, déposa sa couverture dans un endroit stratégique de sorte que la fumée parte de l'autre côté sans le perturber et s’assit.

Il accepta le fruit que tu lui tendis, bien que c'était plutôt la viande qu'il lorgnait.

"Bonne idée, il ne faut pas gaspiller la nourriture. " Commenta-t-il tout en ramassant le fruit que tu lui offrais.

Il mangea goulument la baie jaune, puis voyant que tu ne lui offrais pas d'autres choses, il fouilla dans son sac et en sortie un morceau de viande fumée. Il se garda bien de t'en offrir.

Il haussa les sourcils de surprise, lorsque tu mentionnes ignorer la race à laquelle il appartenait. Se redressant les épaules et relevant le menton, ce fut avec une fierté non dissimulée qu'il répondit à ta question.

" Je suis un nain ! Rien de moins !... Et je suis l'un des plus grands de mon espèce. Beaucoup d'entre nous habitent les sous-sols. Notre vision nocturne nous permet d'y circuler sans difficulté. Nous sommes réputés pour notre talent avec les minéraux. Forger le fer ou tailler les pierres est notre spécialité.... Et nous sommes également très résistants et vivons plus longtemps que beaucoup d'espèces. "

Et voilà que notre nain était devenu loquace. Orgueil, fierté ou un peu des deux ?

Cela dit les baies que vous mangiez permirent d'augmenter pendant quelques minutes seulement toute acuité sensorielle. Tu pus voir facilement les traits de Tobak, ses yeux pétillants, même si le feu ne l'éclairait pas. Tu peux sentir plus fortement l'odeur des conifères, mais également une odeur d'urine qui provenait de l'endroit où se trouvaient les montures. Ton ouïe te permit de te rendre compte qu'un hibou nichait pas loin et ta vision te permit de le voir. Tu entendis également de petits rongeurs nocturnes filer dans l'herbe. Et curieusement, du côté des montures, un silence inhabituel prit place.

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