Ils avaient marché une bonne trentaine de minutes, pendant laquelle Nayem avait pu raconter à son oncle les nouvelles d’Henehar, des villageois, de la famille, etc. Dimitri, quant à lui, s’était contenté de donner un aperçu au garçon de ce qu’il comptait le faire visiter à Tulorim, et ça avait l’air de plaire au petit. Puis pour finir, après avoir traversé les longues avenues de Tulorim, le garçon aperçut une immense maison devant laquelle Dimitri s’arrêta net.
« Waouh ! C’est chez toi ? » « Et oui ! »
Puis après avoir sorti une clé dorée de la poche gauche de son pantalon en cuir, probablement très cher, il ouvrit la porte de la grande maison en montrant l’entrée au garçon de la main gauche.
« Après toi. »
Une dame aux cheveux bruns attachés en chignon sur la nuque portant un tablier de femme de ménage, en entendant le bruit de la serrure, tourna immédiatement les yeux qui se mirent à briller vers Nayem. Puis avec une voix forte et un accent étranger bien marqué, elle demanda :
« Alors c’est lui, le fameux fils d’Enzo ? » « Oui, Emira. C’est bien Nayem ! » « Mais qu’il est beau ! Oh, j’en oublie mes bonnes manières. Je m’appelle Emira, ravie de faire ta connaissance. En temps normal, je vous aurais proposé une tasse de thé, hélas, avec les températures que nous avons en ce moment à Tulorim, je doute que vous en ayez envie. »
En effet, c’était l’une des premières choses qui avaient frappé le garçon : il faisait une chaleur caniculaire à Tulorim. Certes, un génie comme Dimitri avait pensé à créer un système de refroidissement pour la maison, rendant l’atmosphère bien plus agréable qu’à l’extérieur, mais par les fenêtres panoramiques de l’énorme salon de l’oncle, Nayem pouvait remarquer les pauvres habitants dégoulinant de transpiration comme lui-même quelques minutes plus tôt, et sans s’en plaindre ! De toute façon, cela n’aurait rien changé. Sur cette remarque, le garçon regarda son oncle.
« C’est toujours comme ça à Tulorim ? » « Oh que non ! Selon moi, Tulorim a le climat le plus agréable qui soit ! Ca doit bien faire quelques semaines que cette vague de chaleur a commencé. »
La femme de ménage hochait la tête pour confirmer.
« Pourtant, crois-moi, j’ai étudié toutes les possibilités géographiques, et je ne vois vraiment pas d’où une telle vague de chaleur pourrait venir. »
Voilà qui était une situation bien curieuse. Certes, Dimitri n’était pas une quelconque entité omnisciente comme un Dieu, mais on pouvait presque en avoir le doute ! Depuis tout jeune, il avait toujours eu les meilleurs résultats à l’école et il apprenait très vite les choses. Ceci, en plus d’être super créatif ! Enzo trouvait d’ailleurs que son frère serait un excellent exemple pour son enfant.
« De la magie, tu penses ? » « Je sais pas. Il est trop tôt pour avancer quoi que ce soit, mais j’ai mes théories. »
Puis il s’interrompit par une petite toux et demanda à Emira :
« Emira, pourrais-tu m’amener deux verres d’eau, s’il te plaît ? » « Bien sûr monsieur. »
Pendant qu’elle se retirait, Dimitri prit dans la même poche que la clé de la maison, une petite boîte parallélépipédique d’où il sortit un cigare qu’il alluma avec le bout de son index. Puis, après avoir craché un nuage de fumée vers le toit pour éviter le visage du petit, il reprit :
« À vrai dire, j’ai fait une découverte assez intéressante… »
Emira arriva alors avec deux verres remplis d’eau et les posa sur la table basse se trouvant entre les deux confortables fauteuils à la fourrure rouge foncé où étaient assis Nayem et son oncle, posés sur un tapis rond aux motifs royaux, en plein milieu de l’énorme pièce. Dimitri prit alors l’un des deux verres dans sa main libre, puis l’eau qui s’y trouvait se mit à évaporer jusqu’à ce que le verre soit totalement vide.
« Deux minutes dix-sept. J’ai compté. Avant, pour évaporer tout le contenu d’un verre d’eau à 200 ml, il me fallait au moins trois minutes. Conclusion ? » « L’air est plus sec… ? » « Et donc ? » « Ben, l’eau s’évapore plus facilement… » « Certes, certes. Mais qu’en est-il des aquamanciens ? » « Ils ont sûrement plus de mal à utiliser leur magie. » « BINGO ! »
En effet, Dimitri l’avait constaté, plusieurs magiciens maîtrisant l’eau ou la glace avaient affirmé qu’ils avaient beaucoup de mal à utiliser leurs sorts depuis le début de la vague de chaleur. Ce n’était peut-être qu’une coïncidence. Après-tout, il ne semblait y avoir aucune raison particulière pour laquelle on veuille affaiblir une certaine catégorie de magiciens en particulier. Cela restait cependant une remarque à ne pas négliger. Au bout de quelques secondes, l’atmosphère de suspense qui s’était mise à régner fut gâchée par le désagréable rire strident d’Emira :
« Ohohoho ! Si petit et déjà futé. Exactement comme son oncle ! »
Faisant abstraction de la remarque de la femme de ménage, Nayem se rappela tout d’un coup de la petite boîte qu’il devait donner à son oncle, qu’il sortit aussitôt de sa poche et tendit à Dimitri.
« Tiens, papa a dit que c’était pour toi. » « Merci petit. »
L’oncle n’avait pas l’air de s’en soucier plus que ça. Il prit la petite boîte et la rangea dans sa poche. La droite, cette fois-ci. C’était typiquement le genre de détail que Nayem adorait analyser. Il avait depuis peu remarqué que les gens rangeaient généralement les mêmes choses toujours dans les mêmes poches. D’ailleurs, bête coïncidence : son papa rangeait toujours ses clés et son paquet de cigares dans la poche gauche lui aussi, exactement comme Dimitri.
« En fait, j’ai quelques courses à faire. Tu m’accompagnes ? »
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Dernière édition par Nayem le Sam 12 Mai 2012 16:46, édité 3 fois.
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