Les souvenirs continuent de me tourmenter, mes pensées profondes sont interrompues par les paroles de la vieille femme qui nous priait d'entrer, ce que je fait, et ce que Neo tente de faire. Le géant, à cause de son imposante carrure, a bien du mal à faire passer son corps entre les murs. Cette situation cocasse m'amuse mais en fin de compte, il réussit à passer.
La baraque était tout ce qu'il y a de plus modeste, les meubles étaient rares et chaque salle semblait minuscule, bien que le nombre d'étages compense le tout. La femme nous invite rester un moment pour prendre un "thé", mais qu'est-ce donc ? Alors que la faim devenait insupportable, il m'est donc devenu facile d'accepter un bon repas. D'un coup, un chien aboie à mort sur ma personne, il est vrai que je n'inspire pas confiance. Je le sentais prêt à me mordre quand l'ancienne lui ordonne :
"Eurikène ! Couchée !"Le chien, fidèle à sa maitresse, s'arrête d'aboyer sans hésiter. Il rentre dans une petite niche en paille peu confortable sans même protester, que les chiens sont bêtes.
Je suis toujours menotté, je m'approche discrètement de la grand mère et lui demande :
"Toutes mes excuses, pouvez vous me défaire de mes chaînes, madame ?"Elle me regarde avec méfiance, après m'avoir entièrement scruté de ses yeux ridés, elle finit par dire d'un ton sec :
"Bien."Elle saisit une énorme machette et me demande de rester calme, mais je suis tout de même inquiet, je pose mes mains sur la table :
"Vous ne me ratez pas, hein ?"Les traits de la vieille se crispent, je détourne mon regard et j'entends un grand coup sur la table. M'a-t-elle tranché la main ? Non, c'est une bonne chose. Elle me passe un seau d'eau et une étrange tablette blanche.
"Tenez, enlevez les bracelets, mais c'est bien parce que vous avez aidé ma petite fille."Elle quitte la salle, me laissant seul avec le seau et l'étrange ustensile qui glisse dans ma main. Décidément, je suis en retard !
Après un long moment et de durs efforts, je parviens à ôter mes menottes, enfin ! La dame nous invite à nous mettre à table. Depuis le moment que j'attendais ça ! Je me mets tout de suite au festin. La vieille était au bout de la table, la petite Judith est à côté de moi qui suis en face de Neo.
La vieille nous sert une petite tasse minuscule qui contenait un liquide brun qui dégage une odeur chaleureuse. C'est ça notre repas ? Je n'ose pas demander plus, je suis tout de même un invité. Je goûte à l'étrange liqueur qui me parait délicieuse ! Le géant tente de réconforter la petite en pleurs, s'ensuit un long blabla sans intérêt entre la vieille, la petite et le colosse. Je ne prête néanmoins guère d'attention à ces discours inutiles, trop occupé à savourer le breuvage. A peine ai-je fini ma tasse que la petite met sa main sur ma poitrine.
"Monsieur, merci d'avoir tenté de la sauver, vous faites semblant mais je sais que vous avez un cœur là." Décidément le chagrin lui a tourné la tête ! Je lui répond avec dédain :
"Cœur ou pas cœur, de toutes façons j'en ai pas besoin." C'est dit, maintenant je bois la dernière gorgée. Notre "repas" terminé, nous n'avons plus rien à faire ici, alors que la petite fille essaie en vain de convaincre Neo de rester, je vais voir la grand mère et lui tend mon arbalète, comme seul geste de remerciement :
"Tenez, pour qu'un tel drame ne se reproduise plus dans votre famille. Et merci pour tout."Je m'apprête à partir lorsque la vieille me tient le bras :
"Attendez, c'est moi qui devrais vous remercier, jeune homme, tenez, venez voir."Elle m'emmène dans une petite salle où repose un grand coffre en bois. La femme l'ouvre et me montre le contenu : il y avait ici une armure de cuir, une cape avec une capuche, deux couteaux et un grand arc.
"Tenez, c'est pour vous, bien que ce soit un peu vieux et cassé, je vous remet le contenu de ce coffre qui appartenait à mon époux qui a fait la guerre de Pohélis, il a pu s'enfuir par chance de la domination orque. Une guerre terrible ... Mais il est mort peu de temps après et nous a laissé ses biens. Je te les confie à toi car je n'aurais pas pu les donner à ton compagnon qui ne rentrerais pas dedans. Prends tout, je te l'offre." Sa demande était formelle, de plus, j'avais besoin de m'équiper, je prends tout le contenu, bien que, de l'armure, seules les bottes pouvaient me fournir une protection.
"Merci.""Non, vous merci, et adieu."Elle me regarde partir vers la porte, mais devant moi il y avait cet abruti qui s'était encore coincé ! Je ne peux m'empêcher de rire. Quand il est enfin parvenu à sortir, je le suis sans regarder en arrière.
Le soleil allait bientôt se coucher, derrière les toits des maisons, j'aperçois le clocher d'une église, je fais un coup de coude à mon compagnon et me dirige
vers l'église.