« Je ne suis qu'une vieille grand-mère, rien de plus. Les jeunes gens ont malheureusement peur de nous, à cause de notre peau ridée, nos dents cariées et notre dos courbée. », me répond la grand-mère. Puis, elle marque une pose pour me fixer attentivement,ce qui ne manque pas de me troubler un peu.

« Pour l'objet, il s'agit d'une toute petite boîte, une bonbonnière, elle m'a été donnée par ma mère qui l'a reçu de la sienne et ainsi de suite. Je veux donc la remettre à ma fille, pas à la mère de Théo qui n'est que la femme de mon fils aîné. Je vous expliquerai en détail à quoi elle ressemble, lorsque vous viendrez ici avec Théo avant de le reconduire chez lui. », continue-t-elle.

Elle fait une seconde pause, plus longue que la première.

« Mon petit Théo est un petit garçon particulier, il ne fait confiance qu'à peu de gens, il se méfie beaucoup des miliciens, des soldats, et puis il a une peur bleue des hommes. Comme je ne suis pas en état de le reconduire chez lui et qu'il semble vous avoir adopté, je crois que vous ferez l'affaire. », termine-t-elle.

Je l'écoute attentivement, les yeux à demi ouverts mais ne laissant paraître aucune émotion sur mon visage. Quand elle termine son monologue, je me racle doucement la gorge et lâche un subtil « Je vois. » Je n'ai pas envie d'en savoir plus, la vie de cette bonne femme ne m'intéresse vraiment pas, et l'avoir écouté m'a profondément lassé. En plus, je doute toujours que le mioche souhaite me revoir après la frousse que j'ai dû lui faire avoir.

A présent si je pouvais partir d'ici au plus vite, ça m'arrangerait. Maintenant que j'ai mangé et que je sais que je dois retrouver le gamin pour une récompense rien ne me retient davantage. Le seul souci c'est que si je me perds dans cette ville qui m'est inconnue ou si je n'ai toujours pas retrouvé le gosse aujourd'hui, je n'ai pas d'endroit ou dormir. Je fais frotter ma chaise sur le sol en la poussant vers l'arrière, puis je me lève en m'étirant.

« Très bien, je vais y aller. Par contre, j'aimerais savoir où je pourrais dormir ce soir, connaître l'adresse d'une auberge. », demande-je presque blasée.

Je tâte ma tunique en attendant sa réponse, pour voir si elle a séché depuis tout à l'heure, mais de toute façon, avec le soleil qui brille dehors, cela ne devrait pas être un problème trop longtemps.

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La vieille te regarda un air moqueur affiché sur son visage avant de te répondre:

" Mes jambes sont vieilles et mes mouvements douleureux, mais ce n'est point votre cas, ni celui du petit. Vous avez le temps de le retrouver, de venir ici pour que je vous donne une missive destinée à sa mère, d'aller reconduire le petit, me rapporter ma bonbonnière avant que la nuit ne tombe. Je pourrai même vous offrir le gîte si vous le désirer. "

Elle se leva péniblement pour se diriger vers son chaudron, ramassa la cuillère et brassa sa soupe. Elle se tourna ensuite vers toi.

"Et maintenant, à toi de jouer, trouve mon petit Théo."

Tout en frottant ma tunique, la vieille me regarde avec une moue condescendante qui défie mon amour-propre.

« Mes jambes sont vieilles et mes mouvements douloureux, mais ce n'est point votre cas, ni celui du petit. Vous avez le temps de le retrouver, de venir ici pour que je vous donne une missive destinée à sa mère, d'aller reconduire le petit, me rapporter ma bonbonnière avant que la nuit ne tombe. Je pourrai même vous offrir le gîte si vous le désirer. », me répond-elle.

« Oh ça va, je connais mes capacités, ce n'est pas la peine de prendre ce ton avec moi. Ca prendra le temps que ça prendra. », rétorque-je.

C'est vrai quoi, même si je ne suis pas toute pourrie comme elle, je ne connais pas la ville et puis je n'ai pas forcement envie de me dépêcher. Je sens comme une boule au niveau de ma poitrine, comme une colère qui commence à s'accumuler. Le même genre de sensation que j'avais ressenti tout au long de mon séjour chez les chasseurs dans la forêt. Cette énergie négative, cette colère refoulée envers les gens, cette lassitude envers mon état de santé, qui peu à peu me brûle l'intérieur et qui semble se transformer en une sorte d'aversion envers le monde. Le moindre sarcasme, le moindre pet de travers, la moindre chose qui ne me plaît pas prend tout de suite des proportions exagérées qui viennent s'entasser en moi.
Mais ce qui me chagrine et m'énerve le plus c'est le fait de ne pas savoir qui je suis, enfin qui j'étais. En effet, je ne digère pas cette amnésie. Le plus étrange c'est que je n'ai pas oublié mon prénom, comme si mon coup de colère lors de mon réveil avait rappelé le passé.

Pendant que je m'interroge, la mamie s'est levée pour aller touiller son chaudron de soupe dont le fumet régale encore mes narines.

« Et maintenant, à toi de jouer, trouve mon petit Théo. », me dit-elle.

« Oui, oui j'y vais je vous ai dit, pas la peine de me le dire. », répond-je sèchement.

Elle commence sérieusement à m'agacer et mon côté paranoïaque me fait penser qu'elle lit dans mes pensées. Je suis toujours persuadée que c'est une sorcière et elle s'amuse à m'irriter davantage en lâchant ses offenses et en titillant mon égo.
Répétant sa phrase en grommelant, je me tourne pour ouvrir la porte. Le soleil me plisse les yeux et ma vue met quelques instants à s'habituer à la soudaine lumière. Je retourne dans la rue sans parler à la grand-mère, préférant claquer la porte derrière moi. Je me alors en route, au hasard, pour aller trouver ce satané gamin.

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Tout est calme dans la rue, les habitants poursuivent leur train-train quotidien. Le milicien est encore là, à vingt mètres plus loin, mais il te tourne le dos occupé à interroger une vieille dame. Pour ce qui est de la gamine qui t'avait dénoncée, elle n'est plus là !

A peine sortie, j'aperçois sur ma droite, le milicien qui avait été prévenu de mon délire sur la place par la gamine qui elle, a maintenant disparue. Comme il est de dos, il ne me voit pas, et puis il est de toute façon occupé à parler à une vieille dame.
Je prends alors à gauche, en direction de la place avec la fontaine pour prendre le même chemin qu'avait prit le gamin lorsqu'il s'est enfuit. Le ventre plein, je me sens clairement mieux et j'avance tranquillement, profitant des rayons du soleil qui me réchauffent, mais aussi des quelques coins d'ombre pour me rafraîchir. J'ose même un petit sourire en coin, timidement, presque gaiement. Au diable mes pensées négatives, je m'énerve pour un rien et y penser m'agace, c'est un cercle vicieux. Au contraire j'évite toute pensées hormis les plus futiles et superficielles, comme changer mes bottes en cuir par exemple. En effet, elles sont toujours abîmées et ça ne sied pas à ma stature. Avoir une si belle tunique sur une si belle personne et avoir des bottes déchirées est complètement ridicule, et j'ai eu ma dose de ridicule pour aujourd'hui.
J'avance nonchalamment en observant parfois les gens, surtout ceux qui vendent ça et là leurs produits.

( Il faudrait que j'aille faire un tour au marché. )

Si je peux trouver quelque chose pour ingurgiter mon remède, comme une pipe ou quelque chose dans le genre. Je préférerais inhaler une fumée irritante, car avaler directement les graines et le liquide visqueux, ce n'est vraiment pas mon truc, surtout que ça irrite aussi de toute façon.

( Et puis, avec la fumée je pourrais faire profiter de la désagréable sensation aux gens autour de moi. )

Je lâche un petit rire en coin en soufflant du nez. Si je peux emmerder les gens, je ne vais pas me priver désormais. Je passe ma main près de mes hanches pour attraper la bourse contenant mon or. Au poids, j'estime que je peux faire quelques folies, et au pire je pourrais toujours jouer de mes charmes. La manipulation peut être visuelle aussi. Je ricane de nouveau.
Pour ce qui est du gamin, je ne le cherche pas vraiment, si je dois tomber dessus, et bien ça se fera tout seul. Pour l'heure tout va bien, les gens ne me croisent pas de trop près, personne ne me parle, il fait beau, je ne suis pas malade. Je prends une grande respiration et lâche un « Ah » sec suivi d'un long soupir de soulagement et de bien-être. Je m'approche de la place de tout à l'heure, je distingue un peu plus loin la fontaine et sa colonne.

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En tapotant, ta bourse tu peux constater en effet, qu'elle fait tout son poids. Il en est malheureusement autrement pour ton sac. Si tu l'examines un peu, tu remarqueras que le fond a été découpé avec un objet tranchant et qu'il est complètement vide.

La rue est bien tranquille, les passants assez rares, et si tu es attentives à ton environnement, tu remarqueras que tu es suivi... par un gamin.

Je lâche ma bourse qui est vulgairement accrochée à ma taille, mais tout de même cachée par ma tunique. Le bruit des pièces qui s'entrechoquent me ravie. D'ailleurs je m'empresse de la reprendre en main pour la laisser pendre une nouvelle fois. Je recommence encore quelques fois avant d'arriver près de la fontaine. Après avoir joué avec ma bourse, je plonge le bout de mes phalanges dans l'eau claire et passe ma main sur ma nuque pour me rafraîchir. En effet, le soleil tape de plus en plus fort et c'est agréable de sentir l'eau fraîche qui ruisselle dans mon cou et mon dos. Je m’assois un instant sur le rebord du monument.
Il y a moins de passants que tout à l'heure, la foule s'est vite dispersée. Quelques promeneurs profitant du soleil et d'autres revenants les bras chargés d'achats du marché. D'ailleurs, j'entends au loin les bruits des marchands qui crient pour attirer l'acheteur. Personne fait attention à moi et pour une fois je passe inaperçue. Enfin, je me relève pour repartir.
Je prends la rue que le petit Théo avait emprunté un peu plus tôt lors de sa fuite. Cette nouvelle ruelle ressemble à la précédente mais je n'ai pas peur de me perdre, je me guide au bruit. Je continue d'avancer pendant plusieurs minutes, marchant doucement, regardant les différents édifices autour de moi. Par contre, j'ai tout de même l'étrange sensation d'être observer, ce n'est pas agréable mais je préfère me concentrer sur mon moment de bonheur.

(Je me demande si je vais avoir assez de place dans mon sac si je fais des folies au marché.)

Je m’arrête alors pour vérifier la taille de mon sac mais aussi pour en profiter pour mieux ranger mes petites bourses de remède et les placer dans des compartiments du bagage. Je fais glisser mon sac le long de mon bras et l'ouvre en grand devant moi. Je reste terrifier face à ce que je vois. En effet, au lieu de voir le fond de mon sac, je vois les pavés du sol. Quelle horreur ! Le fond de mon sac s'est déchiré !
Paniquée, je plonge ma main dedans pour voir si c'est bien réel mais en plus de constater le trou immense, je me rends compte que tous mes remèdes ont disparus. Je tourne vivement la tête autour de moi puis derrière moi pour vérifier si j'en ai pas semé dans mon chemin, mais non, rien du tout. Je suis vraiment mal à l'aise, comment passer du pur bonheur à la panique totale en quelques secondes.

« C'est pas possible ! C'est pas possible », répète-je sans cesse, au bord des larmes.

C'est vrai que c'est difficile de croire que mon sac puisse autant se déchirer, surtout qu'il était quasiment vide. J'en viens à la conclusion que quelqu'un a délibérément tailladé le fond pour me voler.

« Aaah, j'ai vraiment la poisse », crie-je en jurant ensuite.

Je regarde une nouvelle fois derrière moi pour chercher mes sacoches de Kamilot mais il n'y a rien. Rien à part un gamin tapit dans la pénombre, d'ailleurs je ne suis même pas certaine que c'est un enfant humain. Je prends mon sac avec la main qui tient ma lance puis je me dirige alors vers lui d'un pas décidé comme si je venais de trouver le coupable, il faut dire qu'aujourd'hui j'ai que des problèmes avec les mioches.

« C'est toi qui a déchiré mon sac ? Je suis sûre que tu me suis depuis tout à l'heure ! Rend-moi ce que tu m'a pris voleur ! Parle ou je te tranche la langue et t'arrache les dents. », hurle-je en m'approchant en postillonnant.

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Lorsque tu t'approches suffisamment du petit gamin, tu peux te rendre compte qu'il s'agit du petit Théo tout penaud.

Les larmes aux bords des yeux, il te regarde d'un air piteux, puis il attrape ta main et te supplie :

"Je n'ai rien fait de mal, j'attendais que tu passes par ici, puis je t'ai suivi. Tu veux bien m'aider à me rendre chez moi ? Sinon, ils vont nous tuer, elle et moi ! "

Prenant congé du Capitaine ainsi que du garde survivant, Aztai engagea le pas du diacre Holonust, de ses deux prêtres qui l'accompagnaient, ainsi que de la dizaine de soldats de Meno qui leur réservaient une escorte digne de ce nom. Aztai ne s'était jamais senti autant en sécurité dans les rues de Kendra Kâr depuis que le Monarque s'en prenait à lui.

-Votre accueil est une surprise, une agréable surprise oui.

Autours d'eux, les habitants laissaient passer l'escorte des soldats du dieu du feu, les quelques fidèles saluant et se prosternant à leur vue.

-Le diacre Erigius d'Henehar nous a informé de vos exploits et de l'importance que vous tenez dans notre combat. Est-ce vrai alors? Fit-il d'un air impatient.

-Hum?

-Vous avez invoqué la volonté de Meno lui-même, raconte-t-on parmi les fidèles. Cette nouvelle à fait le tour de tous les temples, la rumeur s'étend à une vitesse incroyable.

-C'est ce que je vois, à peine arrivé et je croule sous une montagne de compliments et de bonnes paroles. C'est un honneur!

-Alors? Relança le diacre.

-Oui c'est la vérité.

Il s'empara de la sacoche qui renfermait l'armure de l'Ordre Flamboyant, tapant fièrement dessus.

-Meno m'accorde son attention, son regard est tourné dans ma direction et je ne le décevrai pas, au prix de ma mort. Son aide m'a été précieuse et c'est pour cela qu'aujourd'hui je suis sa volonté.

-Des paroles dignes de votre stature. Votre histoire raconte que nous avons des ennemis en commun, car fils et frères de la Flamme nous sommes tous.

-Connaissez-vous le Monarque? C'est un capitaine kendran infiltré depuis des années j'ignore s'il fait toujours la taupe parmi nos alliés...

-N'ayez crainte si j'ose dire, sa couverture à été compromise et il fut contraint de fuir. Dorénavant il ne se cachera plus parmi nous, nous l'affrontons visage découvert.

-Nous? La Lance Ardente est impliqué contre cet homme?

-C'est un ennemi majeur de la ville à présent, considéré comme un traître par la milice kendrane et comme une menace grandissante pour la Lance Ardente. Bien sûr ça n'a jamais été un le cas puisque son coeur et son esprit sont voués à Oaxaca depuis le début. Nous savons qu'ils rassemblent un bataillon de mages, enrôlant les meilleurs pour les soumettre à sa volonté et assouvir celle de la demi-déesse.

-Vous savez où ils se terre actuellement?

-Nous pensons que son quartier général se situe à Omyre, naturellement. Il possède une terrible armée conduite par une femme aux sombres pouvoirs qui...

-... qui est autre que le Capitaine Raven, une chienne a qui je dois une captivité éprouvante. C'est elle qui a déchainé l'armée du Monarque sur Ambervalle, sur mon peuple!

-Je vois que vous connaissez toute la famille...

-Je peux même vous informé qu'un colosse au nom de Maverick la suit comme un chien, c'est le sergent chef de l'armée. Il me doit une collection de cicatrices que je lui ai infligé lors de ma fuite.

-Ah? J'ai le bonheur de vous informer qu'il n'est plus de ce monde.

La nouvelle explosa dans le coeur du fauve, il s'arrêta net, ralentissant de même le convoi.

-Il est mort? Demanda-t-il incrédule.

-Pour de bon! Nos troupes sont tombé sur un bataillon d'Oaxaca, le lieutenant à été retrouvé parmi les cadavres.

-Un rude coup porté à notre ennemi! J'en suis enchanté, s'enterre là une vengeance que je devais à un ami tombé sous le fouet de cet enfoiré de Maverick...

L'image d'Achille, le vieux compagnon qu'Aztai s'était fait dans le camp de Raven, revint dans l'esprit du fauve. Il s'était sacrifié pour effacer le dernier obstacle sur le chemin de leur évasion, sortant Aztai des griffes de l'ennemi, mais le condamnant à la tristesse de sa perte.

(Par Meno, la mort de Maverick n'est qu'une pierre dans la vengeance que je forge! Repose-toi en paix vieil Achille, ton bourreau gît à présent dans les enfers!)

Alors que je m'approche du côté ombragé de la rue tout en hurlant et jurant, je commence à mieux distinguer les traits de l'enfant que j'accuse. Malgré mes vociférations, il reste là, peut-être paralyser par la peur. Tandis que j'imagine attraper le petit par le col pour le plaquer au mur, je m'aperçois que l'enfant n'est autre que Théo, celui que je recherche. Il me regarde arriver sans bouger, comme tétaniser, les yeux mouillés. Je m'arrête près de lui, un peu surprise par ce coup de chance d'être tombée sur lui, oubliant un temps qu'il pourrait tout de même être celui qui a éventré mon sac.
C'est alors qu'il me prend la main.

« Je n'ai rien fait de mal, j'attendais que tu passes par ici, puis je t'ai suivi. Tu veux bien m'aider à me rendre chez moi ? Sinon, ils vont nous tuer, elle et moi ! », me dit-il de sa voix tremblotante.

Je l'écoute sans rien dire, un peu étonnée par ce qu'il me raconte. Très vite je retire ma main de la sienne et hausse la tête d'un air suffisant.

« Déjà, tu vas commencer par me vouvoyer jeune voyou. Je vois que tu ne te dis pas la vilaine victime que je vise mais ici je ne vois pas d'autres vils conspirateurs. Ta vaillante tentative de visiter mon bagage a été vaine car te voilà à ma portée. Ta défense est pauvre vermine vénale et je pense que si tu est revenu me voir c'est que ma bourse n'est pas vide. »

Je marque une pause et je regarde le petit, l'observant de la tête au pied puis je constate que ses mains sont vides et ses poches sont plates. Je m'apprête à poursuivre tel un reptile devant une petite souris innocente. Je sors ma langue pour humecter mes lèvres avant de poursuivre mon monologue, approchant petit à petit mon visage de celui du gamin.

« La vérité est peut-être ailleurs, plus loin dans la rue où ta sinistre conduite de serpent t'aura fait abandonner ce que tu m'as subtilisé, faux innocent. Ces sacoches sont sans doute sans importance pour toi et comme je l'ai dit j'ai saisit tes sombres desseins vis à vis de ma bourse de pièces. Ton existence n'a pour moi aucun sens et je pourrais t'éviscérer pour cet affront sur ma si belle personne, mais selon les désirs de ta grand-mère tu vas me suivre chez elle. Mais avant tu vas m'avancer jusqu'à l'endroit où tu t'es délesté. Je serais peut-être plus indulgente à ton sujet. Quant à ceux qui semblent vouloir t'assassiner, ce n'est pas mon souci.»

Satisfaite, je repasse ma langue entre mes lèvres alors que suis maintenant nez à nez avec l'enfant, plongeant mon regard menaçant dans le sien. Puis, gracieusement, je fais un pas de côté pour libérer Théo et le laisser passer devant moi afin de faire le chemin inverse jusqu'à chez la vieille femme et pour trouver l'endroit où sont tomber mes sacoches de remède, que ce soit l'enfant ou non qui les ai lâché, car je n'ai pas confiance en lui et ses paroles.

Errant parmi la foule en mouvement, se laissant porter par ses courants, ses influx, ses humeurs, Durandor songeait. Devant lui se dressaient trois problématiques majeures : manger, dormir, sa quête. Et ses réflexions l'avaient mené à un unique dénominateur commun : l'argent. Le principal problème était donc limpide : en acquérir rapidement, et en quantité suffisante pour couvrir les frais d'un long périple. Trouver un nouveau maître artisan était à exclure, ceux ci étant plutôt enclin à offrir le gîte et le couvert plutôt que la plus modeste rémunération. Et de toute manière, le Thorkin avait déjà visité suffisamment de précepteurs potentiels pour savoir qu'il n'en trouverait pas un à sa convenance dans la métropole. Le vol semblait également à exclure, se retrouver dans un cachot humide n'étant pas la meilleure manière de débuter un voyage. S'improviser gardien de caravane aurait pu être une solution s'il avait un minimum d'équipement pour donner le change.

(Assez ! Allons donc trouver refuge dans une taverne accueillante. Je suis sûr que Kubi sera de bon conseil !)

Fort de cette nouvelle résolution, notre valeureux héros reprit donc en main son destin, partant ainsi à la recherche d'un débit de boisson convenable selon les normes exigeantes des Thorkins. Et ce fût sur le perron de l'un de ces havres de félicité que Kubi, le destin, ou quelque facétieux esprit, lui vint en aide, par l'intermédiaire d'un crieur publique des plus démonstratifs.

"Venez assister aux terrifiants combats de l'arène ! Or et gloire pour les glorieux vainqueurs, sang et oubli pour les faibles ! De farouches guerriers venus des quatre coins du continent, les créatures les plus terribles, les sorciers les plus vicieux, tous réunis pour le plaisir de vos yeux ! Venez quérir sang et fortune à l'arène !"

L'attention du nain fût immédiatement aiguillonnée par le doux tintement du mot 'or'. Elle fût définitivement séduite à la mention de la fortune. Le sang du Thorkin ne fit qu'un tour, ces jambes moitié moins, le tout se dirigeant droit vers une nécessaire actualisation de la rubrique nécrologique.

Dirigé pour Kementari

Sans te quitter des yeux, l'enfant écoute tout ton discours, sans t'interrompre. Il fronce légèrement les sourcils lorsque tu lui parles de sa grand-mère, mais ne te fais aucun commentaire.

Lorsque tu lui cèdes enfin le passage, au lieu de passer en avant comme tu le souhaites, il allonges sa petite menotte et te prend la main. Aussitôt, une ligne noire se dessine de nouveau sur son poignet et tel un serpent s'insinue sous ses vêtements. L'enfant marche à tes côtés, tout souriant. Cette apparition sombre et étrange ne t'importune ni t'affecte d'aucune façon.

Sur le chemin que vous empruntez, il n'y a aucune trace de ces sacoches, ni de leur contenu.

J'attends que le petit passe devant moi pour prendre le chemin de chez sa grand-mère, mais il reste contre le mur, sans bouger. Alors que je vais pour l'engueuler pour qu'il se bouge, il attrape ma main libre avec sa main droite. Puis, avant même que je me retire pour ne pas être souillée par ce vaurien, une ligne noire parcourt sa main puis son poignet pour finir encore une fois sous ses vêtements. Le même genre de dessin qui était apparu plus tôt dans la journée sur le bras du gamin mais aussi sur celui de sa grand-mère. J'enlève tout de même ma main en marmonnant des insultes à son égard et en essuyant ma peau contre ma tunique.
Comme pour me provoquer il me sourit et se décide quand même à s'avancer. Nous marchons l'un derrière l'autre, je le suis de près en regardant partout autour de moi pour tenter de trouver une trace de mes sacoches ou de mes remèdes.

« C'était quoi cette trace noire sur ta peau gamin ? », décide-je enfin à lui demander.

Je le pousse doucement avec la pointe de ma lance dans son dos pour qu'il continue la route pendant qu'il me répond.
Une fois chez sa grand-mère je me dirigerais rapidement au marché où je pourrais normalement trouver du Kamilot. La druide du clan des chasseurs m'a dit que c'est couramment vendu. Je ne peux clairement pas m'en passer, je n'ai pas envie de ne plus maîtriser mon corps et mon esprit, je n'ai pas envie de sombrer dans la folie. Toujours aucune trace de mes sacoches dans cette rue.

Dirigé pour Kementari

Théo fait une moue de déception lorsque tu retires ta main. Et le petit garçon têtu n'avance pas quand tu le menaces de ta pique de lance. Au contraire, il se croise les bras et te défie du regard.

"Je ne répondrai à ta question que si tu acceptes de me reconduire chez moi, main dans la main. Nan !"







(((Attention, lorsque tu tentes une action sur un pnj que je contrôle, tu ne dois pas considérer qu'elle a réussi, tu dois attendre ma maj avant de poursuivre. Dans ce cas, vous n'avez pas avancé d'un pas , vous êtes toujours au même endroit )))

Malgré mon arme pointée au milieu de son dos, Théo décide de s'arrêter ce qui me tire rapidement de mes pensées.

« Allez, bouge ! », ordonne-je en vain.

J'avance alors de façon à me retrouver face à lui. Le garçon fait une moue, croise ses bras et me fixe dans les yeux.

« Je ne répondrais à ta question que si tu acceptes de me reconduire chez moi, main dans la main. Nan ! », m'annonce-t-il.

(Quel toupet!)

Je me penche pour rapprocher mon visage du sien en fronçant les sourcils.

« Je crois que t'as pas bien compris à qui tu avais à faire là. Je t'ai posé une question tu me réponds sans faire le malin, point barre. », dis-je d'un ton sec.