<<< précédemment(((
![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation violente et gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.
![Attention [:attention:]](./images/smilies/attention.gif)
)))
La mage, au gré des fulgurations et des éclairs, observait avec intérêt les bâtisses qu'elle découvrait pour la première fois. Non seulement celle de Kendra-Kâr, mais simplement les bâtiments en général. Elle regardait avec attention les colombages qui défilaient sous ses yeux au rythme des pas nanesques. À cette heure et par ce temps, les volets étaient tous fermés et les habitants bien calfeutrés dans leurs couches. La jeune candide ne manquait aucun détail, des pavés jusqu'aux toits.
La nuit était bien avancée, et le Thorkin comme l'Aldryde étaient fatigués. Il ne ressentait pourtant pas encore la lassitude. L'un était porté par l’agacement et la promesse d'un lit à la taverne du Paladin (car c'est bien là qu'ils allaient) et l'autre par la curiosité et l’émerveillement.
Seule la pluie qui tombait avec force et abondance était vraiment désagréable. Malgré cela, Étincelle s'estimait chanceuse de se trouver, derrière ces hauts remparts, à l’abri du vent. Son voyage à pied avait été des plus pénible à cause des bourrasques incessantes qui l'obligeaient à se baisser souvent pour ne pas être emporté par le souffle de cette tempête divine.
Le nain n'y tenant plus, il quitta la rue qui longeait le temple de Valyus pour s'engouffrer dans une ruelle qui partait au nord et où les étages supérieurs des maisons s'élargissaient, fournissant ainsi un passage protégé du torrent céleste qui s'évertuait à se déverser sur la pauvre ville qui n'avait rien demandé.
Par bonheur, les rues de Kendra-Kâr avaient toutes été tracées bien droites et il était facile d'y circuler, sauf quand elles étaient encombrées des nombreux habitants qui y couraient jour et nuit pour des raisons aussi diverses que variées. Néanmoins, par une nuit telle que celle-ci, les avenues comme les impasses étaient totalement désertes.
Totalement... Pas exactement à vrai dire.
Le guerrier se déplaçait en longeant les murs. Les panneaux de bois barrant les fenêtres se ressemblaient tous, solides et renforcés de métal. Les façades étaient de pierre, les allèges bénéficiaient de bas-reliefs. La richesse se manifestait un peu plus à chaque pas.
Alors qu'ils se dirigeaient vers la fin de cette petite rue, L'Aldryde découvrit d'abord avec joie puis avec dépit, derrière les larges grilles qui se dressaient à sa droite, une longue rangée d'arbres noirs et crochus qui émergeaient de buissons aux épines acérées. Face à ces sentinelles moribondes, un haut mur d'une immaculée blancheur. Même par cette nuit de tourmente, le contraste était saisissant.
Les deux serpillières ruisselantes allaient atteindre la rue qui menait à la taverne, le calvaire pluvieux appartiendrait bientôt à ces histoires que l'on se remémore lorsque l'on est bien confortablement installé devant l’âtre.
Soudain, un éclair plus proche que les autres s’abattit et illumina les environs. Étincelle qui regardait toujours les troncs noueux et tortués put apercevoir un effrayant bâtiment derrière ceux-ci. Les affreuses gargouilles qui l'ornaient lui donnaient un aspect cauchemardesque.
Le Thorkin n'avait que faire du lieu de culte de Phaitos. Il l'avait croisé de nombreuses fois depuis son arrivée en ville deux semaines plus tôt.
Il en était tout autrement du grand homme qui venait d’apparaître au coin de la rue et qui leur barrait la route.
Il se trouvait à peine à trois mètres d'eux. Il dépassait le nain de deux bonnes têtes. Il portait un manteau noir et un large chapeau de pluie de la même couleur.
La jeune femme l'avait découvert alors qu'elle détournait le regard du monstrueux bâtiment. Cette inquiétante silhouette s'était transformée pour son esprit déjà apeuré en la personnification des sombres statues du temple horrifique. Nul cri ne sortit de sa gorge tellement la surprise l'avait contractée. Aussi quand l'homme s'adressa à son compagnon, une vague de soulagement l'envahit. Elle n'était pas en présence d'une créature infernale, mais bien d'un simple mortel.
Le Thorkin, lui, ne partagea pas ce sentiment.
"- Alors nabot, on se promène. Je croyais que ton espèce rouillait au contact de l'eau. Tu devrais faire gaffe.- Barre-toi la donzelle, ou je te refais ta gueule de fiote ! cracha l'intéressé en empoignant sa hache de bataille à double tranchant.- Mais c'est qu'il est hargneux l'avorton. On va voir si tu feras autant le malin quand on aura écrasé la demi-portion qui t'accompagne."Avant qu'il ait pu réagir, une main, arrivée furtivement dans son dos, se saisit de l'Aldryde. Dans le même mouvement, son propriétaire, un elfe encore plus haut que son comparse, fit un grand bond en arrière le mettant, temporairement, hors de portée de la francisque vengeresse. Cette fois, la surprise l'avait emporté sur la peur et Étincelle poussa un cri strident.
Prise dans l'étau que constituait la main du malandrin, la captive vociférait.
"- Ah ! Lâchez-moi ! Lâchez-moi, ou sinon je..."Elle ne put pas finir sa phrase. Le mécréant avait resserré sa poigne de fer lui comprimant les poumons et l'empêchant presque de respirer. Il ricana.
"- Ou sinon quoi moustique ? Tu vas me faire une vilaine piqûre ?"Les deux tire-laine s'esclaffèrent. Le Thorkin qui s'était retourné en direction du géant aux oreilles pointues n'avait pas pipé mots, mais fulminait intérieurement. Sa mâchoire était si serrée que même un pied-de-biche n'aurait pu l'ouvrir. Les jointures de ses doigts blanchissaient à cause de la force qu'il exerçait sur le manche de son arme.
L'elfe, qui avait gardé jusqu'à présent sa main droite sous son manteau, découvrit une dague effilée. Son comparse fit de même.
"- Bon, finit de jouer maintenant. Donne-nous ton..."Soudain, le malfrat ressentit une vive douleur au pouce gauche. Étincelle lui enfonçait ses dents au plus profond de la chair, et ce, du plus fort qu'elle pouvait. Les Aldrydes ne sont pas très puissantes, mais possèdent des canines très coupantes, héritage de leurs lointains ancêtres qui chassaient des insectes de deux fois leurs tailles et cassaient leurs exosquelettes à la force de la mâchoire.
De colère, le bandit projeta la mordante effrontée contre le mur de pierres blanches. Le nain saisit alors sa chance. Il prit trois pas d'élan. Levant sa hache, il sauta sur son ennemi en beuglant.
"- Je te pourfendrai vaurien !"L'elfe, par un prompt réflexe, parvint à éviter de justesse la lame furieuse qui fendit le pavé sur lequel elle s'était abattue. Le deuxième briguant qui s'était lancé sur les traces du guerrier en furie tenta de le poignarder lâchement dans le dos. Ne manquant pas de ressource le Thorkin pivota juste à temps pour que la dague atteigne son bras gauche au lieu de son cœur. D'un coup de l’extrémité du manche de sa hache qui était pointue et acérée, il le blessa même profondément à la cuisse.
Étincelle avait accusé le choc. L’arrière de sa tête avait heurté le mur, mais elle n'avait pas perdu connaissance, bien qu'elle n'en eût pas été loin. Elle avait assisté, impuissante, à la formidable attaque de son compagnon et la pleutrerie des truands.
Bien qu'elle n'ait jamais vraiment raisonné en ces termes, elle était pourvue d'un sens de l'honneur assez développé et détestait les bassesses telles que celles subies par le Thorkin.
Ainsi, dans son cœur, la peur n'était plus, une haine prodigieuse l'avait remplacé.
L'aldryde s'envola. Sans même s'en rendre compte, elle se saisit de ses deux orbes. Ses oreilles se déroulèrent, ses cheveux blanchirent et ses ailes bleuirent. Sa rage et son pouvoir se concentraient.
En bas, le nain semblait mal en point. L'humain avait reculé, mais l'elfe l'avait blessé à la jambe droite en se dérobant encore au coup de sa francisque. Les deux coupe-jarrets marquèrent une très courte pause, le temps d'un regard pour s'entendre sur une attaque simultané qui aurait raison du forcené.
Alors qu'ils allaient se jeter sur lui, deux éclairs les atteignirent en même temps. Ils n'étaient pas assez intenses pour les terrasser, mais les laissèrent un instant interdits. Le courroux d'Étincelle venait de s'abattre sur eux.
Le Thorkin n'attendit pas qu'une si belle occasion se représente. Faisant fi de la douleur, il saisit sa hache de ses deux puissantes mains et trancha les jambes de l'elfe au niveau des genoux. L'estropié poussa un hurlement et s'écroula dans une gerbe de liquide rouge.
Le nain, le regard haineux, n'avait pas étanché sa soif de sang, bien que celui-ci maculât sa barbe et son visage. Il se retourna lentement face à l'humain, un sourire carnassier aux lèvres. On pouvait lire la terreur dans les yeux de ce dernier.
Il n'eut même pas le temps d’ordonner à ses muscles de bouger que deux nouveaux éclairs s’abattaient ; l'un le faisant s'écrouler au sol, à bout de force, et l'autre achevant son complice.
Étincelle avait donné tout ce qu'elle avait, elle descendit lentement à terre, puis s’évanouit.
Le Thorkin s'approcha de l'homme, qui était encore conscient malgré son impossibilité de se mouvoir, sa détresse était palpable.
"- Pitié ! Pitié, seigneur Thorkin !-Tu ne bénéficieras de nulle pitié, vaurien. Pas de témoin, pas de survivant, pas de représailles, récita-t-il. C'est un de ta race qui m'a appris ça.- Je vous en supplie !- Quand tu verras les lopettes qui te servent d’ancêtre tu leur donneras le bonjour de "Chopin FendCrânes" et de la moucheronne qui roupille là bas. Adieu.- Non !"Sous le coup de hache, les deux moitiés de sa boîte crânienne s'étaient ouvertes comme un fruit trop mûr laissant s'écouler le ruisselet de liquide pourpre et visqueux qui se mêlait à la pluie.
Celle-ci, bien drue, lavait le guerrier des souillures écarlates dont il était couvert.
Il ramassa l'Aldryde inconsciente ainsi que ses deux billes qu'il remit dans la musette de sa propriétaire puis la gratifia d'un :
"- Bien joué moucheronne."Sur ces mots, le nain alla déposer sa nouvelle amie sous un abri en prenant soin de la couvrir de sa pelisse. Il traîna ensuite les cadavres et leurs morceaux jusqu'à une ouverture dans les grilles qui entouraient le temple. Il les cacha dans les buissons denses. Enfin, il profita de la pluie abondante pour effacer toute trace de sang sur lui.
Une fois sa besogne achevée il retourna chercher l'Aldryde qu'il prit dans ses bras et se dirigea vers la réconfortante chaleur de la taverne.
<<< précédemment