Le conseiller tourna la clef dans la serrure avant d'ouvrir la porte qui donnait sur une pièce de taille minime. Au centre se trouvait une boule, flottant à un bon mètre du sol, les couleurs oscillant et disparaissant. La matière semblait lâche, comme de l'eau épaisse.
L'homme tendit la main pour faire signe à la jeune fille d'attendre, avant de lui indiquer l'étrange fluide, signe qu'il était temps de passer à l'action. La jeune fille prit une profonde inspiration, la main gauche logée sous la garde de son épée avant de faire un premier pas. Elle jeta un coup d'oeil en arrière, le conseiller lui faisant un signe de la tête avant de refermer la lourde porte en métal, sans qu'aucun son ne ressorte.
Elle se retrouva dans le noir et le silence absolu. Aucun son de l'extérieur ne parvenait, même sa respiration était totalement silencieuse. Elle frissonna malgré elle tandis qu'elle comprenait la signification de ces porte du silence. Lentement elle s'avança, tendant la main droite. Elle y alla presque à reculons mais les lieux étaient exiguës, si bien que bientôt ses doigts entrèrent en contact avec le fluide froid et visqueux.
Au début rien ne se passa, tant qu'elle se demanda même si tout cela n'avait pas été une vaste supercherie destinée à l'enfermer dans cette pièce sombre. Elle n'eut pas le temps de paniquer cela dit, car bientôt elle sentit le fluide remonter sur ses doigts fins, commençant à se déplacer vers elle. Instinctivement elle se recula, mais la surface lisse resta accrochée à sa peau, continuant de s'étendre, sur sa main puis sur son bras. Elle poussa un cri qui ne résonna pas, restant bloquée dans sa gorge.
Le fluide continua son avancée, lui donnant des frissons alors qu'il la recouvrit petit à petit. Elle tomba sur le sol, tandis que l'étrange substance atteignait son cou, grimpant vers son visage avant de finalement la recouvrir complètement. Une douleur violente la prit à la tête. Son crâne manqua d'éclater tandis que des milliers de sons lui parvinrent d'un coup, mêlés à des images fugaces et nombreuses qui se superposaient les unes aux autres. Elle vit sa vie défiler à une vitesse affolante, en sens inverse.
Des images certes, mais aussi les sensations, les émotions qui la pénétrèrent, se succédèrent par vagues violentes et terribles. Sa crainte, sa peur, sa rage et sa tristesse l'emplirent, lui faisant perdre tout contrôle sur son être. Elle voulait crier, se défendre, s'accrocher mais rien n'y fit, elle était tétanisée par son esprit pourfendu. Elle perdit finalement connaissance, délivrance, tandis qu'elle avait perdu toute notion de qui elle était.
_________________
|