L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 48 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Jeu 4 Aoû 2011 22:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 16 Juil 2011 23:47
Messages: 398
Localisation: Sur la route de Kandra Kâr
L'affaire était trop belle évidement, il fallait que tout cela nous retombe dessus... Je me relevais en poussant un gémissement imperceptible puis m'approchais d'Artai. Je savais que mes forces étaient à bout, comme l'ont sait lorsque nos jambes sont tellement fatigués que s’asseoir serait une erreur fatal. Je murmurais à mon compagnon.

« Je n'ai plus la force d'user de la magie encore une fois... Fuyons. »

J’espérais qu'il ne faudrait pas combattre de nouveau et m’apprêtais à courir à toutes jambes au moindre mouvement de mon ami.

_________________
Kenrag Demi-sang


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Sam 6 Aoû 2011 18:04 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 5 Déc 2010 22:54
Messages: 1165
Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
La fuite était en effet une des seules options censées qui s'offraient à eux.

-La mort n'est pas une issue, pas pour moi, murmura Aztai d'un air tendu.

Devant eux, l'archer avait amorcé un nouveau trait mortel, prêt à tirer. Le mage venait de tendre son doigt en direction de la pointe, et bientôt, un trait magique bleuté les rejoignit. La glace se matérialisa avec le métal, l'enrobant peu à peu pour lui donner l'allure d'une pointe dentelée. Un tel projectile promettait une douleur affreuse, et le fauve se tendit un peu plus.

-J'opte pour ton plan, dit-il simplement.

Sans crier gare, il fit volte-face et se mit à courir en direction du sud (Kendra Kâr!), et ne regarda pas en arrière pour voir si Kenrag l'avait suivit, ça allait de soi. Les plaines qui s'étendaient face à eux, leur issue, était cernées par la forêt de Cuilnen, à l'est, et les montagnes, à l'ouest. Le woran neige ne voulait pas s'écarter du chemin principal, et s'il pouvait par chance semer ses ennemis, il ne gagnerait que plus de temps à courir jusqu'à l'épuisement...

_________________
Fléau des légion d'Oaxaca Image Champion de Meno Image Allié de la Lance Ardente


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Sam 6 Aoû 2011 18:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 16 Juil 2011 23:47
Messages: 398
Localisation: Sur la route de Kandra Kâr
Je jetais un dernier regard vers les imposteurs avant de rejoindre Aztai dans sa course folle. Courant à toute haleine, je me trouvais juste derrière lui, n'arrivant cependant pas à rattraper son allure. Les cries derrières nous commencèrent à diminuer d'intensité, avant que je me rende compte qu'ils c'étaient mit à notre poursuite.

« Vous ne vous en tirerez pas aussi facilement ! »

La voix tonnante du mage accompagnait le sifflement d'une flèche. Je ne me retournais pas, préférant ignorer si elle allait faire mouche avant le dernier moment. Mon allure s'accéléra et c'est haletant que petit à petit je complais la distance qui me séparait de mon allier.

_________________
Kenrag Demi-sang


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Sam 6 Aoû 2011 21:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 5 Déc 2010 22:54
Messages: 1165
Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Confiant que Kenrag n'allait pas tarder à le rattraper, Aztai ne se retourna pas. Bientôt, la fameuse flèche les devança, par chance, sans faire de dégât. Impuissants, voilà ce qu'ils étaient. Ils n'avaient que leur jambes pour fuir, et leur chance pour vivre. S'ils continuaient ainsi, peut-être avaient-ils une chance de repartir sains et saufs, mais un tir bien placé mettrait un terme à leurs espoirs. La forêt de Cuilnen devait être à environ un kilomètre sur leur gauche, ils n'auraient qu'à dévier pour se mettre à couvert...

-Kenrag, il faut se cacher dans la forêt!

Cela n'enchantait vraiment pas le fauve, mais il fallait juste rester sur la lisière et continuer à tracer comme ils le faisaient.
Avant que le Demi-Sang n'ait répondu une bref secousse empoigna le sol. Soudain, à environ dix mètres devant eux, un mur de glace en jaillit, s'allongeant sur une longueur impressionnante. Aztai fit volte-face. Le magicien était agenouillé, les deux paumes collées à la terre, une aura bleutée les entourait. A ses côtés, une nouvelle flèche quitta son arc. Agile, le fauve esquiva sans trop de peine vu la distance qu'il y avait. Dans un craquement, le trait alla se briser sur la glace. Pas le temps de réfléchir.

-La forêt! Cria Aztai.

_________________
Fléau des légion d'Oaxaca Image Champion de Meno Image Allié de la Lance Ardente


Dernière édition par Aztai le Mar 16 Aoû 2011 00:58, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Lun 8 Aoû 2011 15:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 16 Juil 2011 23:47
Messages: 398
Localisation: Sur la route de Kandra Kâr
Un bourdonnement désagréable commençait à se faire entendre à mes oreilles. Je suais à grosses gouttes et mon cœur battait la chamade. Pourtant, j'arrivais à tenir le cap tout en restant à bonne distance de nos poursuivants. Sans réfléchir, je suivis la direction prise par mon compagnon, mettant un pied devant l'autre sans réfléchir, ignorant la douleur et les crampes.

Je ne pris le temps de m'arrêter qu'une fois arrivé à l'intérieur du bois. Dos contre un arbre, je regardais fixement au loin, vers les es silhouettes du mage et de ses acolytes.


« Je crois... que... on peut ...s'arrêter...un peu... »

Essayant de respirer le moins bruyamment possible, je me remettais avec mal, me tenant le cœur comme si il allait exploser.

_________________
Kenrag Demi-sang


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mar 9 Aoû 2011 13:19 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 5 Déc 2010 22:54
Messages: 1165
Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Les deux fuyards étaient enfin parvenus à la lisière de la forêt. Leurs poursuivants bien en vue approchaient à grands pas, alors que le garzok et le woran reprenaient leur souffle contre un arbre. Décidément, les quelques heures passées avec Aztai avaient failli coûter la vie bien des fois à Kenrag. Cet être valeureux, qui jamais n'avait flanché face aux ennemis, ceux du fauve.
Il fallait en finir avec le mage et l'archer, qui fonçaient sur leur position.

-Fuis! Ordonna Aztai. Je pense... pouvoir les retenir.

Si ces mots n'eurent aucune crédibilité, le woran avait pourtant une petite idée. Sous le regard de Kenrag, peut-être la dernière fois qu'il le voyait, il saisit les pans de sa cape tigrée.

-Cours, Kenrag! Je vais m'en charger. Tu as trop de fois frôler la mort à cause de moi!

Il releva la capuche de sa cape, s'enroula dedans et, grâce à sa concentration, devint bientôt invisible, du moins tant qu'il restait immobile...

_________________
Fléau des légion d'Oaxaca Image Champion de Meno Image Allié de la Lance Ardente


Dernière édition par Aztai le Mar 16 Aoû 2011 01:00, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mar 9 Aoû 2011 19:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 16 Juil 2011 23:47
Messages: 398
Localisation: Sur la route de Kandra Kâr


J'observais dubitatif Aztai, il me criait de courir, de fuir. Je n'aurais probablement pas accepté si je n'avais lu cette lueur de malice dans ses yeux ; il avait une idée. Je lui tint le bras un moment, le fixant quelques secondes avant de m'enfoncer sans un mot dans les bois.

Je ne me retournais pas, je savais que cela aurait été probablement trop dur, que j'aurais flanché. Je continuais mon chemin droit devant moi, espérant secrètement que ma course attirerait sur moi les poursuivants, laissant mon ami libre.

_________________
Kenrag Demi-sang


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mer 10 Aoû 2011 13:46 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 5 Déc 2010 22:54
Messages: 1165
Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Les deux lames collées contre chaque jambes, Aztai se mit face à leurs poursuivants. Kenrag était en quelque sorte l'appât, et le fauve était le piège. Les deux hommes semblaient légèrement perturbés de ne plus voir le woran neige, leur cible principale, mais ne semblaient pas se résigner à tuer le garzok. Ils fonçaient droit sur la lisière, suivant leurs traces un peu plus tôt. Ils ne voyaient pas, bien sûr, Aztai qui s'étaient enroulé dans sa cape, le dissimulant entièrement. Il attendait le moment propice.
Serrant ses lames à s'en faire mal aux doigts, les hommes le dépasserait dans quelques mètres, au pire, il le percuterait.

-Il faut absolument retrouver le woran, entendit dire Aztai de la bouche de l'archer.

-On peut toujours tuer l'autre crapule! Le fauve ne s'est pas volatilisé, quand même... rétorqua le mage.

Alors qu'ils accéléraient leur course sur la traque de Kenrag, Aztai, d'un double revers, croisa ses épées au moment même où les deux hommes se tenaient devant lui. Leur élan les empêchèrent de s'arrêter, et s'ils avaient eut le temps de voir le fauve apparaitre, c'était simplement pour comprendre le piège. L'acier et l'os de fulminaire tranchèrent sans pitié le cou de chaque hommes, inondant de sang le sol feuillu de la forêt. Faisant volte-face, Aztai vit les deux hommes s'écrouler. L'archer se tenait la gorge à deux mains, les doigts souillés de liquide vermeille. Le mage, lui, avaient les derniers spasmes d'un mourant: il avait presque été décapité par le revers d'Aztai.
Le fauve s'approcha du complice presque mort...

-J'ai gagné, encore une fois.

-Darhàm... Darhàm te tombera dessus! Balbutia le mourant, s'étouffant dans son sang. Toi et... le garzok vous mourrez!

Non, pensait Aztai. Il ne rejoindrait pas Kenrag. A cause de lui, le garzok avait eut assez de problèmes. La mort avait joué avec leurs vies, et Aztai ne tolérait pas cela. Il se releva, laissant l'homme mourir, vidé de son sang. Il prit la direction opposée à celle que le Demi-Sang avait prise. Il fallait peut-être mieux faire comme ça.

-Meno, veille sur le Demi-Sang, chuchota Aztai. Kenrag... merci.

Il rengaina ses lames et, au pas de course, s'engagea en direction du Royaume Kendran, seul.

Fin du Chapitre 2

_________________
Fléau des légion d'Oaxaca Image Champion de Meno Image Allié de la Lance Ardente


Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Dim 8 Mar 2015 19:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



J'ai beau me concentrer, il n'est pas rare que mon esprit dérive sur cette main contre mon ventre. Que ce soit à cause des mouvements de ma monture, ceux du brun ou même les miens lorsque je suis pris d'une quinte de toux, sa peau claire frotte contre la mienne. C'était une mauvaise décision, mais le laisser voler seul était pire. Même si j'ai dans l'idée de l'ignorer pour me reprendre, je n'y parviens qu'à moitié. Et c'est plus difficile encore quand l'oudio et mon passager parlent, comparant cette forêt étrange avec celle de Cuilnen.

Razar comme le taurion sont silencieux, mais je croise parfois le regard du chat. Lui aussi a hâte de sortir de cet endroit, et je ne peux que l'approuver. Malgré la saison et l'heure de la journée, je suis certain d'avoir vu du givre sur certains buissons. Impossible, sauf si d'origine magique. Raison de plus pour ne pas trainer. Au détour d'arbres secs et grisés, le cheval met le pied sur un sentier forestier mieux dessiné, qui nous permet d'avancer beaucoup plus vite. Sans discontinuer. Sans prendre la peine de ralentir.

C'est la raison pour laquelle je suis encore contrarié. Nous venons à peine d'émerger enfin de cette maudite forêt que l'animal de trait refuse de faire un pas de plus. Je pensais que ces bestioles étaient taillées pour des travaux d'endurance, mais il faut croire que tracter une charrette dotée de trois passagers est trop demander. Ou c'est un cheval capricieux, une tête de mule comme l'a fait remarquer plus tôt le félin.

"Bon, ben j'crois pas qu'on bougera plus aujourd'hui.", déclare Razar en reposant l'un des sabots de la bête.

"Le cheval est blessé ?", s'inquiète Dae'ron, venant auprès du conducteur pendant que Lyïl se pose sur le banc de tête.

"Nan. C'est l'un de ses fers qu'est pas bon. Ça lui fragilise le pied. Si on l'pousse dans cet état, c'est là qu'il va s'blesser.", annonce le chat en se frottant distraitement une oreille. "J'peux bricoler un truc genre chausse avec c'que j'ai sous la main, mais le temps d'trouver du solide et de m'y coller, j'vais en avoir pour un moment."

Le protecteur se tourne alors vers moi, comme attendant quelque chose. Les regards de l'oudio et du chat s'ajoutent au sien, me faisant grimacer avec agacement.

"Quoi encore ?", lâche-je.

"Bah à toi de nous dire. On fait quoi ? On s'pose ?", me demande Razar sur le ton de l'honnête franchise.

"Ah ?!", m'écrie-je comme la veille, quand ils m'ont forcé la main pour les escorter. "Parce que maintenant on s'intéresse à ce que je pense ?", lance-je sans masquer mon amertume.

"Avis de Nessandro être important.", fait soudain entendre le bouleau. "Être comme Dae'ron ! Guide et gardien groupe !", affirme-t-il avant que les faciès indescriptibles des autres ne se tournent dans sa direction, lui faisant afficher une moue perdue. "Non ?"

Je décolle de mon harney et croise les bras, remonté. Avant de pouvoir m'exprimer, je tousse deux fois, mais mon rhume ne me retient pas.

"Alors ça, c'est la meilleure !", fais-je avec un rictus et collant mon poing noir contre ma hanche. "Déjà que je vous accompagne à cause de quelqu'un...", gronde-je en lançant un regard direct sur le protecteur. "Vous n'allez pas en plus me coller toutes les responsabilités sur les ailes !"

Mon soudain éclat de voix jette un petit silence sur le groupe. Je ne me soucie que de moi, de mon harney... Et un peu trop de Dae'ron depuis que je l'ai retrouvé, je l'admets. Mais voilà qu'ils veulent me coller à la place de chef de groupe ? Moi ? Sérieusement ? De nous tous, ce doit quand même être mon congénère, le mercenaire avec quinze ans d'expérience en trajets, qui devrait s'y connaitre le plus, non ?

Les membres de ce groupe se regardent longuement, sauf le taurion. Le jeune elfe vert lève ses yeux innocents dans ma direction. Ses doigts serrent le sachet d'aliments bien vide. Ah. Il doit avoir faim mais n'ose pas le dire ou ne peut pas. Je ne l'ai pas encore entendu parler celui-là. L'enfant est muet ou juste infoutu de connaître les bases du langage ?

Je grimace encore plus violemment, le faisant tressaillir, et m'élève un peu. J'ai besoin de me changer les idées. Cela tombe bien. J'ai cru voir une butte où la vie animale, genre lapin, avait tendance à grouiller à une poignée de minutes de vol. Tuer quelques-unes de ces bestioles va me faire le plus grand bien. Et Razar me foutra enfin la paix s'il avale de la viande plutôt que mes fruits sans consistance ! Je viens à peine de me tourner vers mon objectif que Dae'ron m'interpelle, montant un peu dans les airs à ma suite.

"Où vas-tu ?", s'enquiert-il avec ce que je devine être de l'inquiétude.

"En chasse.", fais-je froidement en lui lançant mon nécessaire pour allumer un feu avant de lui tourner le dos. "Montez le camp à l'abri du vent."

Sur ce, je m'empare de ma sarbacane et gagne de l'altitude sans prendre le temps d'écouter sa répartie s'il en fait une. C'est quand même un comble ! Moi, responsable d'un groupe ! Et je viens en prime de donner naturellement des directives ! Par mes ailes ! Si ma liberté avait un visage, ce genre de remarques s'apparenterait à un uppercut droit dans ses gencives ! Des géants qui dépendent de moi...

Quelle blague !



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Ven 20 Mar 2015 18:49, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Lun 9 Mar 2015 19:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Il ne me faut pas beaucoup de temps pour parvenir aux environs de la butte à l'herbe rase. Prudent, je me place face au vent, histoire que ces rongeurs de grande taille ne me détectent pas. Je parviens à en tuer deux, aventurés un peu à l'écart, avant que les autres ne réagissent enfin. Cavalcade et disparition dans les souterrains. Maintenant, il ne me reste plus qu'à ramener mes proies. Sauf qu'en approchant de la première, je me rends compte qu'il va me falloir plusieurs voyages. C'est que ces bestioles sont plus grasses que je le croyais. Les tirer hors de vue de leurs camarades me fatigue plus que je ne l'aurais cru.

Mon instinct me hurle soudain de faire attention, chose qui me pousse à reprendre mon envol. Il n'y a pourtant rien au-dessus ou autour de ma position, d'évident en tous cas. Sourcils froncés, mes yeux sont attirés par un détail. Une zone d'herbe qui ne bouge pas vraiment. Quand j'identifie ce que c'est, je contourne un peu la forme et me pose abruptement à côté d'elle. Mauvaise idée, cela réveille la blessure de ma jambe. J'en grimace mais sans laisser paraitre ma douleur. Le taurion sursaute mais reste à plat ventre, ses petits yeux bleus braqués sur moi.

"Pourquoi t'es là, toi ?", lui lance-je en croisant fermement les bras, tirant une expression désolée du gamin tenant son petit arc. "Tu voulais t'en servir ?"

Signe positif du chef. J'inspire lentement tant la situation est risible. Un enfant qui ne parle pas et tient à peine debout seul maintenant voulait m'aider à chasser ? Un peu tard pour ça.

"Comme tu le vois, c'est inutile.", réponds-je en désignant les deux corps étendus plus loin.

L'elfe verdâtre semble grandement peiné par ce que je viens de lui sortir, alors que pour une fois je n'ai pas spécialement cherché à faire du mal. Les gosses. Franchement, je n'y comprends rien. Il n'empêche que je dois reconnaitre que sans ma méfiance naturelle, j'aurais eu du mal à le repérer. J'ignore où il a appris cela, mais sa façon de ne faire qu'un avec des herbes pourtant pas franchement hautes reste intéressante. Je pousse un souffle agacé.

Malgré la responsabilité que je lui donne de m'aider à porter mes proies, le petit semble encore attristé de ne pas avoir pu m'assister autrement. Une nouvelle quinte de toux menace de venir, que j'étouffe derrière mon poing.

"De toute façon, d'ici, tu n'aurais rien pu avoir.", l'informe-je après que mon épisode se soit calmé, attirant son attention sur moi. "Ils savent qu'on est là. Regarde.", fais-je en coupant un brin d'herbe et le laissant aller. Le courant d'air l'entrainant devant nous, vers la butte trouée. "Tu es sous le vent. Et t'as presque le soleil en face."

Les yeux du taurion se plissent un peu, puis une lueur de compréhension y passe. Et alors, c'est une envie d'apprendre que je lis sur son visage. Il semble attendre que je lui en dise plus. Ma main scintillante vient se river à mon casque et une moue exaspérée pare mes traits.

"J'ai été assez clair, non ?", gronde-je en étendant mes ailes puis en reprenant mon envol.

Je décris un arc-de-cercle, m'assurant que mes proies sont toujours là. Les lapins, eux, hésitent encore à mettre le nez dehors. J'assiste alors au manège de l'enfant. Il me jette des œillades, puis recule à quatre pattes, son arc en main. Ce géant miniature semble avoir compris de quoi je parlais puisqu'il revient lentement par un autre flanc du terrier. Cela me coûte de l'admettre, mais ce petit a un bon instinct.

Ses yeux restent rivés à la forme de l'un des lapins. Curieux de ce qu'il fait, je garde pourtant mon attention sur les alentours. Il serait stupide qu'un animal plus féroce se jette sur lui pendant qu'il chasse. Pas que son sort me préoccupe, mais Dae'ron m'en casserait les spirales à m'en rendre sourd si cela arrivait. Et je ne suis pas assez en forme ou patient pour endurer cela. L'idée me surprend. Depuis quand est-ce que l'opinion du protecteur a une quelconque importance pour moi ?

L'enfant se redresse trop vite. Son mouvement alerte les lapins. Sa flèche passe à plusieurs mètres de sa proie. Un échec monumental, qui lui fait afficher un air stupéfait. Il lève les yeux vers moi, épaules affaissées, comme si j'allais l'engueuler. Par mes ailes, ce qu'il m'agace à me regarder comme ça ! Je pousse un soupir en me laissant descendre par terre. C'est alors totalement contre mon gré que prends le temps de lui expliquer ce qu'il a raté. Avant de m'en être aperçu, je suis en train de rectifier la façon dont il tient son arme et sa posture de tir.

Il recommence avec quelques minutes d'intervalle, le temps que les rongeurs ressortent de leur cachette entre deux échecs. Finalement, alors que le soleil est bien descendu, l'une des flèches parvient à blesser un lapin à l'écart. C'est par contre à moi de l'achever, la créature demeurant vivace malgré tout.

Joyeux, le taurion bondit de sa cachette, faisant fuir le reste des rongeurs. Il s'empare de sa victime par les oreilles. Incompréhensiblement, il trace un symbole bizarre et que je qualifierais de respectueux dans l'air. Un bref instant, il a l'air triste, puis il brandit fièrement sa prise.

"Un autre chasseur serait là, tu serais mort.", lâche-je froidement en le regardant totalement exposé, et surtout entre le terrier et un possible poste de tir. Le taurion perd de sa superbe et baisse les yeux. "Suffit.", fais-je en donnant un léger coup de sarbacane sur sa caboche penchée. "Tu t'es pas mal débrouillé... Pour un morveux... Bouge, il est tard.", clame-je en agrippant fermement l'un des lapins.

De retour au camp, l'oudio se jette sur le taurion, le prenant dans ses bras avec fougue. Les regards qui me sont lancés attestent d'une tension certaine. Je n'ai pas besoin de prononcer un mot pour comprendre. Le petit a échappé à leur surveillance pour me suivre. Dae'ron, Razar et l'oudio se tiennent autour du jeune chasseur, commençant pour l'être de bois pâle à lui faire un sermon. Brutalement, je laisse tomber ma proie.

"Ca va ! Fous-lui la paix !", siffle-je méchamment en détournant leur attention. "Couve-le davantage et il te poussera des plumes."

Pendant que j'ôte mon casque, Dae'ron vole jusqu'à moi. Il me scrute de ses yeux sombres, jette un regard au taurion, puis esquisse un sourire contrit.

"Essaie de comprendre. Il nous a fait peur en disparaissant comme cela... Mais je suis soulagé de savoir que tu étais avec lui.", affirme le protecteur avec tant de sincérité que j'en reste coi. "Pff ! On dirait que tu t'es trouvé un admirateur.", se moque gentiment le brun en tournant le regard.

"Ah ?", réplique-je férocement avant de remarquer le petit sourire ravi et empli d'une horrifiante gratitude de l'elfe vert. "Je ne sais pas à quoi tu penses, mais arrête tout de suite."

"Oh, mais ne t'en fais pas. Ce sont sans doute juste des louanges mérités, Chef Nessandro.", me fait Dae'ron avec une agaçante expression amusée, avant de retrouver son sérieux. "Mais... Pour être honnête... Plus le temps passait sans vous voir revenir et plus...", s'assombrit-il lentement en croisant les bras. "J'ai crains...", avoue-t-il, son ton baissant graduellement.

Casque sous le bras, je regarde le visage clair. Son expression devrait me laisser indifférent. Ce n'est pas le cas. Son ressenti m'affecte. Moi... J'ai beau vouloir refuser de l'écouter, je n'y parviens pas. Expression ennuyée rivée au visage, je me sens franchement agacé. Mais je ne trouve pas la force de répliquer par un trait d'esprit mesquin ou moqueur. Cet aveu d'inquiétude me laisse perplexe. Plus le lien que j'ai avec Dae'ron se fait évident dans mon esprit, moins j'ai de facilités à l'envoyer paître. Ou alors cette partie de chasse m'a plus fatigué que je le croyais.

Après un souffle ennuyé, je me vois faire un geste pour le moins... Inattendu. Je pose la main contre son épaule et la serre sans violence. Nos regards se croisent. Après un gros effort pour m'y contraindre, je hoche brièvement la tête. J'attends même d'avoir aperçu une esquisse de sourire courageux pour le lâcher. Alors que je me laisse descendre puis tire le lapin jusqu'au feu de camp, je l'aperçois du coin de l’œil effleurer l'endroit où je l'ai tenu. J'en ressens un énervant embarras. Je ne dois pas me laisser aller !

"Razar ! Au lieu de te faire les griffes sur la charrette, étripe-moi cet autre lapin !", lance-je sans ménagement à l'humain chat.

"Hein ? Mais comment tu sais... Et pourquoi moi ?", réplique-t-il, le nez froncé.

"Tu bosses pas, tu bouffes pas, clair ?", dis-je froidement en sortant ma dague-croc et m'attaquant au cadavre.

"Attends Nessandro, je vais t'aider.", m'informe le protecteur, tenant la bête immobile sans attendre mon avis.

Entre mon rhume qui n'a pas l'air de s'arranger, l'étrange ambiance de ce groupe et les personnalités plus insupportables les unes que les autres, je me sens franchement épuisé. En prime, voir le visage tranquille de mon congénère a le don de m'apaiser, et pire, de susciter des bribes d'émotion dont je n'ai nullement besoin.

Et je n'aime pas ça, mais alors vraiment pas.



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Lun 23 Mar 2015 20:36, édité 6 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mar 10 Mar 2015 16:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Tout mon corps basculé sur le flanc me fait connaître sa faiblesse. Je me sens mal et trempé. J'ai des difficultés à respirer. Quand j'y parviens, une toux épuisante me submerge. Paupières entrouvertes. Aperçu flou d'une paroi de pierre. Yeux fermés. Un tissu humide et frais est apposé contre ma tempe et mon front. Effort colossal pour rouvrir les yeux. Un mouvement à côté de moi. Mes spirales m'apportent des bruits flous. Puis des sons. Et enfin une voix calme.

"Ce n'est rien. Dors encore."

Le ton est familier, rassurant. Je sais qui parle, mais je suis trop confus pour mettre un nom dessus. Mes paupières s'alourdissent encore. Frottement de ma couverture contre ma peau. Vrombissements de plusieurs voix aux tonalités diverses, en échos. Une image floue parvient à mes yeux. Ma main noire est enserrée dans des doigts clairs qui la lissent doucement. Je me sens basculer dans un sommeil lourd et désagréable.

L'éclat doux d'un feu me tire de mon repos étonnamment sans mauvais rêve. J'ai du mal à faire le point, aussi bien au niveau de ma vue que de mes souvenirs. Je suis dans mon hamac, et autour, je crois distinguer les parois d'une petite grotte. Les silhouettes de Razar et de l'oudio sont assises non loin. L'enfant est étendu et sa tête repose sur la cuisse de l'arbre. Je veux remonter ma main pour me frotter les yeux. Celle-ci résiste, comme tenue. Avant d'avoir pu y porter le regard, mes spirales me font entendre une voix.

"Nessandro ?", m'appelle doucement Dae'ron en apparaissant dans mon champ de vision. "Comment tu te sens ?"

"Trempé...", fais-je en constatant que tout mon corps est couvert de sueur. "Assoiffé aussi.", ajoute-je en sentant ma langue râper mon palais.

"Content de t'entendre.", sourit-il lentement avant de lâcher ma main que je ramène à moi, dubitatif.

Après m'avoir averti qu'il allait me chercher à boire, le protecteur décolle. Lentement, je me redresse dans mon couchage et remarque mes équipements posés non loin. Je fronce les sourcils, cherchant à raviver ma mémoire. Je me rappelle vaguement du repas de la veille, de la nuit horrible où j'ai peu dormi et du départ. Mais après... Perplexe, je tente de sortir de mon lit suspendu mais une faiblesse m'étreint sitôt que j'ai posé le pied par terre. Aucune douleur par contre. La blessure de ma jambe a disparu. Je n'ai pas pu guérir si vite. Une initiative du brun, peut-être ?

"Ah, Nessandro réveillé ?", demande doucement l'oudio en m'apercevant, faisant se redresser l'enfant.

"On dirait. Lui aussi doit avoir plusieurs vies !", se moque Razar un instant, avant qu'un soulagement certain ne prenne la place.

"... J'ai comme un trou de mémoire.", m'entends-je dire peu avant que Dae'ron ne me propose une coquille végétale remplie d'eau.

"Rien d'étonnant... Tu as été saisi par la fièvre.", m'informe mon congénère en posant une main entre mes ailes, l'autre soutenant le récipient que je porte à mes lèvres. Le contact ne me rebute pas. Il est même plutôt utile.

"Dae'ron avoir eu très peur.", raconte l'arbre. "Nessandro plus répondre quand aldryde lui parler. Nessandro avoir presque glissé de l'oiseau."

Je fronce les sourcils, n'ayant aucun souvenir de cet incident. Plus les êtres de cette troupe m'aident à rattraper ce que j'ai raté, plus je m'assombris. Contrairement à ce que je croyais, je n'ai pas passé quelques heures dans cet état, mais pratiquement deux jours. Je me fais grandement silencieux. Mon orgueil en prend un coup. Je n'ai jamais été malade. En tous cas, pas jusqu'à avoir besoin de rester alité plus de quelques heures. Et en prime, on m'a veillé comme une larve... Comme un poids à trainer... Parce que j'ai été saisi de faiblesse. L'amertume me ronge subitement.

Mes yeux sombres se posent brièvement sur le visage du taurion. L'elfe me sourit et chasse des larmes. Pourquoi est-ce qu'il pleure au juste ? Ah ? Razar a l'air de se contenir aussi, et Dae'ron également. Mais enfin, qu'est-ce qui leur prend ? Un peu de toux m'échappe, mais elle est moins violente. Même mon nez est dégagé. Je plisse les yeux, envahi d'une soudaine frustration.

"Oh ça va.", m'agace-je en devinant enfin ce qui les chagrine. "On repart dès demain. Pas la peine de se mettre dans cet état."

Là, j'ai droit à des expressions interloquées. Visiblement, ma tirade les a pris au dépourvu. D'ailleurs, je ne comprends pas. S'ils sont si pressés, pourquoi ont-ils pris la peine de rester avec moi ? Un individu malade est un boulet à trainer et contrarie tout le monde.

"Mais de quoi tu parles ?", renifle le félin en haussant un sourcil.

"Chouiner parce qu'on est pas foutu de se débrouiller seuls, hein ?", déclare-je en levant mon bras noir. "C'est vraiment pathét..."

"Assez !", me coupe violemment Dae'ron.

Je cligne des yeux deux fois, incrédule d'abord puis perplexe. Je ne suis pas le seul. Les géants écarquillent les yeux tandis que je lève mon revers de main pour frotter ma joue. Il m'a giflé, comme cela, sur un coup de tête. La claque n'est pas très douloureuse, mais son impression persiste. Je lance finalement un regard noir au protecteur, curieux de comprendre pourquoi il a fait ça.

"Tu dépasses les bornes, Nessandro !", s'écrie le brun. "Ce n'est pas une façon de parler à ceux qui ont pris soin de toi !"

"Et ?", lâche-je sur un ton acéré, redevenant maître de moi. "Je n'ai rien demandé que je sache."

"Alors là, bonjour l'ingratitude, le piaf.", siffle Razar, effaçant méchamment ses larmes.

"Tu n'as rien demandé, c'est vrai.", fait amèrement Dae'ron avant de braquer son regard dans le mien. "Et c'est exactement ce que je te reproche !", éclate-t-il en étendant un bras, pointant ma jambe. Sans cette fièvre pour t'arrêter, combien de temps aurais-tu continué avec une telle blessure ?, m'engueule-t-il.

"Vrai.", ajoute l'oudio. "Nessandro pas dire blessé. Groupe inquiet. Pourquoi cacher ?"

"Ce sont mes affaires, pas les vôtres !", persiffle-je avant qu'une quinte de toux ne m'interrompe.

"Que tu le veuilles ou pas, nous sommes un groupe.", m'apprend froidement le protecteur, visiblement remonté. "En terrain inconnu, on doit se serrer les coudes."

"Je suis un grand aldron et j'ai déjà enduré pire... J'ai pas besoin de chaperons !", râle-je en montrant les dents encore une fois.

"La preuve que si !", réplique le protecteur avec plus de véhémence que je l'en croyais capable. "Et ton égoïsme met tout le monde en danger !"

"Eh ! Eh ! Respire Dae'ron !", plaisante Razar, cherchant visiblement à atténuer la tension.

"Ne t'en mêle pas ! C'est entre Nessandro et moi.", déclare l'aldryde en étendant ses ailes, barrant le champ de vision aux alentours. "Il faut qu'il comprenne."

"J'ai rien à comprendre.", gronde-je d'une voix grave. "Et ton sermon m'emmerde grandement.", poursuis-je froidement.

"Va falloir t'y faire, parce que je n'ai pas fini de te rebattre les spirales avec ça !", réponds vivement le brun.

"Eh ben vas-y, gaspille ta salive. Mais ce sera sans moi !", réplique-je en me redressant trop vite, provoquant un étourdissement. Je perçois alors les mains du protecteur se coller contre le haut de mes bras pour me soutenir. Par réflexe, je tente de les repousser aussi fortement que mon corps affaibli me le permet. "Me touche pas.", ordonne-je de façon glaciale sans parvenir à me libérer. Ce côté vain perce ma poitrine d'amertume.

"Seulement si tu te recouches.", me fait-il avec une certaine distance. "Tu n'iras nulle part dans cet état."

"Pfff ! Haha ! Toi aussi, tu en viens au chantage ?", souris-je amèrement.

"C'est pour ton bien, idiot !", m'engueule-t-il à nouveau avant de me repousser en m'appuyant sur les épaules. Mes jambes sont trop faibles et je suis contraint de m'asseoir sur mon hamac. J'en ai marre de tout ça !

"Mon bien...", grince-je sur un ton dépourvu de la moindre chaleur. "À force de te mêler de ce qui te regarde pas, t'étonne pas de finir encore dans le purin... Et dis plutôt que ça t'amuse de me voir dans cet état, incapable de tenir debout sans aide ! Tu trouves ça grisant, hein ? Voir le fier Nessandro avoir besoin de toi ! Avoue-le donc, monseigneur le "bel aldryde" !", lance-je en une pique violente et amère.

Je l'ai provoqué. Je le sais. Je l'ai fais exprès. Cela avait besoin de sortir. Je ne suis donc pas surpris quand sa main frappe durement ma joue épargnée. Ce coup-ci est violent, instinctif, au point que ma peau est prise d'une vive chaleur désagréable. Ma canine perce brutalement ma lèvre sous l'impact et mon visage est rejeté sur le côté. Des hoquets surpris émanent des géants, mais je m'en fous. Le souffle du protecteur s'est accéléré, et je devine l'éclat de larmes liées à une blessure dans son regard. C'est là, en voyant son expression de souffrance, que quelque chose d'anormal se produit. Je sens mon torse se serrer, comme pris dans un étau. Je mobilise toute ma volonté pour bloquer la pensée qui menace de se former.

J'ai un peu mal, mais je ressens surtout un grand vide. Un souffle amusé puis un petit rire dépité m'échappent. Au final, je ne sais pas quelle partie de ma pique a déclenché son geste. Je grimace, ayant du mal à respirer. Je reconnais cette douleur intérieure, mais je refuse d'accepter sa présence. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

"Je le savais bien que j'allais regretter de te retrouver...", constate-je péniblement en effleurant ma joue brûlante du choc.

L'aldryde fronce les sourcils, ravalant son émotion. Il tient sa main qui m'a frappé comme si elle était douloureuse, puis affreuse, la regardant avec incrédulité. Son expression se fait inquiète et coupable tandis qu'il avise ma lèvre délivrant des perles sanguines. Il secoue la tête. Visiblement, perdre le contrôle de ses émotions semble le prendre de court.

"Je... Tu n'aurais pas du dire... À cause de tes paroles et... J'ai... Mais... Je ne voulais pas...", commence-t-il en scrutant ma bouche puis mes yeux sombres.

"Ça va, Dae'ron.", tente-je sans grande conviction. Je n'avais pas espéré de retrouvailles agréables. Et honnêtement, de retrouvailles du tout., avoue-je, le voyant s'assombrir un peu à mes paroles.

"J'aimerais comprendre, Nessandro... Si c'est vraiment ce que tu voulais, pourquoi es-tu...", tente-t-il avant de sursauter quand Razar toussote.

"C'est bon ? Z'allez mieux ?", ose-t-il avec une once de timidité.

Je me contente d'un vague signe de main puis regarde le brun. J'aimerais répondre, mais pas ici, pas maintenant. Pas devant ces géants gênants. Et parce que ce frisson glacé enserre encore mon torse. Je ne le connais presque pas, et pourtant j'ai envie de lui parler un peu. Plus encore qu'à Hyjuud. Je ne peux plus ignorer avoir un lien avec lui, et cette simple pensée me tétanise. Il faut croire que j'ai du mal à retenir certaines leçons.

"Plus tard, Dae'ron.", finis-je par lâcher avant d'essuyer ma lèvre ouverte du pouce. Je devine ses yeux me sonder. Il a l'air encore mal à l'aise à cause de son geste brutal. "Parole d'aldryde."

Il acquiesce et me laisse me recoucher, dos à sa silhouette. Sans un mot, il hésite puis prend ma couverture, la ramenant sur moi. Quand il est penché un peu au-dessus de ma forme pour repousser un pli, j'agrippe son poignet et tourne la tête vers lui. Je l'ai surpris. Pourtant, il ne cherche pas à me faire lâcher prise. Ma faiblesse me frustre, mais je parviens après de longues secondes de lutte contre mon instinct à me faire entendre du protecteur.

"Pour... Euh... M'avoir veillé...", commence-je mais suis incapable de finir ma phrase. Mon orgueil m'en empêche. "...Tch. Oublie...", grimace-je en le relâchant et fixant le mur en face.

"... Je t'en prie.", répond-il avec une esquisse de sourire dans la voix. J'en détourne davantage le regard, me sentant embarrassé qu'il ait compris mes intentions. Comment peut-il être aussi cordial malgré ce que je lui ai sorti ? Je sais qu'il n'est pas spécialement rancunier, mais à ce point... Décidément, ce mâle me déstabilise grandement. Je m'enfouis sous ma couverture, décidé à ne pas songer à tout cela. Non, je veux dire à dormir rapidement. J'ai chaud, et je me sens mal à l'aise.

Franchement, c'est la dernière fois que je tombe malade !




_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Lun 23 Mar 2015 21:17, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Lun 16 Mar 2015 01:06 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr




Je sais que reprendre la route était mon idée. Je suis parfaitement au courant des pics fiévreux et réguliers de mon corps. J'ai aussi totalement conscience que me reposer dans la charrette n'aurait pas été faisable. Les à-coups m'auraient beaucoup trop malmené. Et puis mon orgueil m'interdit de dormir pendant que tout le monde est réveillé. Mais je n'arrive toujours pas à digérer la situation actuelle.

Razar conduit adroitement le chariot à travers la plaine, échangeant tranquillement avec le bouleau. Lyïl les survole presque, mené par Dae'ron. Et ce que je n'ai pas encore réussi à accepter après deux heures de vol, c'est de me retrouver dans cette posture humiliante. Je chevauche mon harney avec les deux jambes du même côté, bras croisés et ailes pendantes. Devant le protecteur... Oui, je suis de très mauvais poil. Dae'ron guide ma monture d'une main, son autre bras soutenant mes épaules, mon côté éclairci vers lui. "Pour ton bien" qu'il m'a sorti. "Parce que je ne veux pas prendre le risque de te voir chuter." a-t-il ajouté en une vaine tentative de se justifier.

Tu parles ! Il doit juste s'amuser à mes dépends à me traiter comme une larve. Ou pire ! Une femelle infoutue de chevaucher sa monture comme on se doit de le faire ! Je n'ai pas desserré les dents. C'était cette position ridicule ou devoir rester dans cette grotte jusqu'à ce que je sois parfaitement rétabli. Et ça, c'est hors de question. Plus on traine avec ces géants et plus le risque d'attachement est élevé. Pas de ma part. Je me fous royalement de ce qui peut arriver à ces géants. Mais Dae'ron est un aldryde bien plus sociable que moi. Je n'ai pas envie qu'une idée aussi saugrenue que former une troupe décousue lui vienne.

Un courant d'air ébouriffe ma tignasse blonde. Pas de casque, parce que là encore, le brun veut être capable d'évaluer ma température rapidement. Il m'énerve à être aux petits soins. Je ne lui ai rien demandé !

"Pfff.", souffle-je avec dépit et en perdant mon regard sur la plaine.

"Comment tu te sens ?", s'enquiert mon support vivant.

"Exactement comme la dernière fois que tu m'as posé la question.", réplique-je avec agacement. Un souffle insatisfait parvient à ma spirale gauche. "Ugh ?!", laisse-je m'échapper malgré moi. Le bras de Dae'ron s'est fait serpentin autour de mes épaules et s'est glissé sous ma chevelure. Contre ma tempe.

"Tu es encore un peu chaud.", déclare-t-il après quelques instants, une once de contrariété dans la voix.

"Tch ! J'te l'avais dit !", siffle-je en détournant la tête et repoussant sa main du dos de la mienne. "Au fait... T'avise pas de recommencer ce coup-là...", le préviens-je, rivant un regard noir dans ses prunelles sombres.

Il m'a pris par surprise. Déjà que je lui permets de toucher mes épaules, voilà qu'il prend des libertés ? Soit il ne se rend pas compte à quel point il est envahissant, soit il le fait exprès. Dans les deux cas, ça m'énerve. Je ne suis pas en pleine possession de mes moyens, et cette faiblesse est déjà exploitée. Et non, je n'accepte pas que sa paume fraiche ne soit pas entièrement insupportable contre ma tête lourde.

Le grincement du chariot allié aux mouvements de mon harney commencent à me causer un élan de fatigue. Sans parler de la luminosité ambiante à cette hauteur. Je ferme un instant les yeux, agacé par tant de choses que je n'arrive même pas à en dresser la liste. Une lassitude soudaine m'étreint, sans doute fruit des nombreuses nuits où le sommeil m'a fui.

Tout mon corps est détendu quand je rouvre partiellement les paupières. Le soleil a changé de place. Je me serais assoupi ? Avant de voir clairement, mes spirales auditives m'apportent des sons doux et réguliers. Ah, je crois savoir. C'est Dae'ron qui fredonne... Il a toujours aimé chanter après tout. Comme faire des cabrioles. C'est dans sa nature. Mes yeux se ferment de nouveau. Je perçois un léger impact sur ma gauche. La voix du protecteur stoppe sur un son surpris. Quelque part, j'entends de vagues échos réguliers plutôt rapides.

"Mmh...", gronde-je du fond de la gorge, contrarié sans savoir pourquoi. "Continue...", souffle ma voix engourdie.

Je sens m'appuyer sur quelque chose de frais. La main du protecteur se pose une nouvelle fois contre mon front sans cesser de me soutenir. Cela m'agace. Je lui ai pourtant dit de ne pas faire ça, mais là, je n'ai pas la force d'ouvrir les yeux pour le poignarder avec. Dès que je me serai débarrassé de cette fatigue, je lui dirai ma façon de penser ! Je ne sais pas ce qui se passe, mais j'ai comme une impression familière et lointaine. Quelque chose que j'ai oublié depuis longtemps. Le fredonnement reprend doucement. Je sombre à nouveau dans un sommeil étrange.

Quand mes yeux sombres se rouvrent, le soleil a dépassé le zénith. Il m'aveugle un instant, me faisant pousser un grondement mécontent. Au moins, je ne suis plus fatigué du tout. Toutefois, quand je prends pleinement conscience de ma situation, j'ai du mal à étrangler un son surpris. Je suis totalement appuyé contre le torse à peine paré de son collier de Dae'ron. Je me raidis immédiatement, me repousse de ma main noire et lui lance un regard sévère. Il cligne des yeux plusieurs fois puis tourne un peu la tête sur le côté. Pourquoi il a l'air de bleuir ? Il sait qu'il a fait une connerie, sans doute. Et il a raison d'être gêné.

"T'aurais du me réveiller...", fais-je sur un ton accusateur.

"Tu avais besoin de repos. Et puis... Cela ne m'a pas dérangé...", répond-il en évitant encore mon regard.

"Moi si.", réplique-je en me redressant totalement, ma main noire contrastant avec sa peau claire pour me repousser plus. Je mets de la distance entre nous. Un coup d’œil me permet de voir la trace de ma tignasse contre son épaule. Je la sens contre ma joue aussi. Cela ne fait que m'irriter davantage. J'ai dormi, comme cela, sans la moindre défense ! Et pire, contre quelqu'un ! Contre Dae'ron ! L'aldryde avec lequel je tente de ne pas me lier davantage ! La maladie me rend faible, mais à ce point...

Et son embarras semble contagieux en plus. Je détourne aussi les yeux, inspirant longuement pour me calmer. Il m'a servi d'oreiller, c'est tout. Mais qu'il m'ait connu aussi vulnérable me laisse un arrière-goût d'une amertume certaine. Combien de fois va-t-il me voir dans ce genre de situations ? Y penser me fait froncer les sourcils. Pourquoi suis-je à ce point irrité ?

"Eh ! Dae'ron ! Nessandro !", lance Razar en levant le nez. "On fait quoi là ?"

Je tourne la tête, découvrant le lit d'un fleuve non loin. Et il a l'air profond. Sans que j'ai besoin de le dire, le protecteur fait descendre Lyïl.

"Inutile de fatiguer le cheval. On va aller en reconnaissance, essayer de trouver un passage.", annonce le protecteur. "Euh, si tu es d'accord Nessandro."

"Cela me va.", réponds-je, manifestant mon appui d'un bref mouvement de tête.

"Faites gaffe, hein ? C'fleuve, c't'un peu une frontière naturelle avec l'royaume shaakt.", préviens Razar, le poil hérissé. Il n'est apparemment pas tranquille.

L'idée de danger finit de me réveiller complètement. Je vérifie avoir ma sarbacane à portée de main et fais un signe approbateur à Dae'ron. Avec habileté, ce dernier encourage Lyïl à se diriger vers le cours d'eau. L'oiseau répond si rapidement à sa demande que j'en ressens une pointe de jalousie. Mais ce n'est ni le lieu ni le moment.



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Lun 23 Mar 2015 21:35, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mar 17 Mar 2015 13:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Lyïl longe le fleuve vers l'aval docilement. Le canal naturel est plutôt pauvre en végétation de grande taille. Un ou deux arbres côtoient de hautes herbes. Au moins, cela a l'avantage de nous permettre d'y voir loin. D'ailleurs, il ne faut pas plus d'une dizaine de minutes pour apercevoir un large ouvrage de pierre passant bien au-dessus des flots. Je perçois la tension du protecteur. Moi aussi, j'ai vu.

Sur le sol menant au pont, quelques corps baignent dans leur sang encore brillant. Chevelure blanche, yeux vides, peau sombre. Un uniforme commun à plusieurs cadavres. Féminins, bien entendu.

"Une patrouille d'elfes noires ?", souffle Dae'ron avec prudence.

"On dirait bien.", réponds-je sur le même ton en extrayant ma sarbacane de ma manche, aux aguets.

Nos yeux sont alors attirés vers l'ouvrage minéral où des glapissements résonnent. Sur le pont, dos tourné vers le haut mur de pierre qui le borde, un elfe noir se tient en posture défensive. Même depuis notre position, je peux me rendre compte qu'il ne porte pas l'uniforme des femelles. Et surtout que ses habits sont tachés de sang. Une lame longue dans chaque main, genoux pliés, il fait décrire un mouvement lent et en arc-de-cercle à ses armes. Il semble prêt à riposter, et n'amorce aucune offensive.

Face à lui, respectant grossièrement la menace, des créatures plus petites que lui l'encerclent. Les glapissements viennent d'elles. Cela se tient sur deux pattes arrières, semble être des canidés mais pas des liykors. Je n'ai jamais vu ce genre de bestioles.

"Des gnolls...", gronde le protecteur, délaissant mes épaules pour prendre Plume d'Argent. "Et il est seul face à une dizaine d'individus... Il... Il a besoin d'aide !", déclare-t-il avant de me regarder, comme demandant mon appui.

"Tch...", siffle-je entre mes dents. "Pas comme si on avait le choix.", réponds-je en plantant mes yeux dans les siens, devinant sa perplexité. "T'as vu d'autres ponts à proximité ?"

Dae'ron comprend où je veux en venir et se met à genoux sur le dos de l'oiseau. Il a l'air de vouloir qu'on se sépare. Bref coup d’œil aux protagonistes. L'elfe n'avance pas car servant de mur vivant entre les gnolls et deux formes elfiques plus ou moins allongées par terre. Et les créatures animales sont armées de bric et de broc, mais surtout de hallebardes, lances et frondes. Pour peu qu'elles sachent s'en servir...

"Attends.", fais-je en retenant Dae'ron puis en ôtant mon plastron. "Enfile ça."

"Mais...", commence-t-il avec perplexité. "Et toi ?"

"J'ai Lyïl.", dis-je en attrapant la huppe de ma monture. "Et aussi..."

Il me suffit d'un instant de concentration, d'un bref appel de la force de l'orbe d'Amalia pour que presque aussitôt mes bras et mon torse soient protégés par deux pièces de l'armure dorée. La stupéfaction se lit sur le beau visage de l'aldryde. Il l'a reconnu.

"Je sais.", le coupe-je avant qu'il ne parle. "On a des choses à se dire. Mais plus tard."

Le protecteur scrute un reflet sur l'armure puis acquiesce et déploie ses ailes.

"Je prends à droite.", décide-t-il en enfilant mon plastron. "Sois prudent."

J'ai à peine le temps d'acquiescer que mon congénère a pris son envol. Au sol, l'un des gnolls couine, sa hallebarde repoussée avec assez de violence pour qu'il se blesse sur celle d'un voisin. Le shaakt a ouvert sa garde, et une lance lui érafle l'omoplate. Il la chasse d'un revers si puissant que la hampe se brise sous sa lame. Il a l'air fort, mais aussi en manque de souffle. Il doit se battre depuis un moment.

Reprenant une posture à califourchon sur mon oiseau, je le fais plonger en avant, vise l'une des bestioles les plus en retrait, et lance une fléchette. Le projectile file et percute le dos de ma cible. Un couinement vif lui échappe, attirant l'attention de deux autres gnolls sur sa forme. Leurs petits yeux vifs balayent la zone puis aperçoivent le mouvement de Lyïl. Deux frondes se préparent. Leurs oreilles se redressent quand, venant de l'autre côté du pont, le même bruit s'élève. L'éclat de la javeline se retire d'une épaule poilue.

La troupe grondante se scinde. Trois me scrutent, trois autres visent Dae'ron, et les quatre derniers ne lâchent pas l'elfe. Une pierre siffle non loin de moi. Ces choses ne paient pas de mine avec leur taille dépassant à peine celle d'un nain, mais elles veulent en découdre. Tant mieux.

Après tout, j'ai besoin d'exercice !



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Ven 20 Mar 2015 22:31, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mar 17 Mar 2015 19:18 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr




Le gnoll que j'ai blessé grogne. Sa hallebarde se tend dans ma direction, inutilement. Mon oeil est surtout rivé sur les bêtes à fronde. Les pièces de cuir tournoient et s'ouvrent. Encore engourdi par ma fièvre récente, je tarde à faire virer Lyïl. Fort heureusement, la première pierre manque de vitesse pour m'atteindre, mais la deuxième percute ma protection dorée. À part une vibration légère, je ne ressens rien. Ou si. La montée de mon instinct combattif. Mon harney fait un virage et un piqué brutal à ma demande, rasant les poils de mes adversaires. Un glapissement leur échappe alors qu'ils baissent la tête. C'est le temps dont j'ai besoin pour rassembler ma magie.

Concentré, je suis décidé à les frapper tous les trois. Ma hargne revient. Ma magie sombre s'agite. Mes plumes noires se forment au bout de mes ailes, mais j'ai besoin d'encore un peu de temps. Le hallebardier se reprend et se place en posture défensive. J'en prends note et pousse Lyïl à monter. Pas question de refaire un passage s'il est prêt à cueillir ma monture. Les deux autres bondissent dans ma direction, armant leurs frondes. Ils sont motivés, et plus adroits que je le pensais. Le premier impact contre mon bras me déstabilise. Sueur froide. Le deuxième me désarçonne. J'étends brutalement mes ailes et rive mon regard assassin à ces créatures.

Le harney poursuit sa course. Sentant toutefois ne plus recevoir de directives, il se dirige vers un arbre proche. Je le remarque à peine. M'entourant de mes ailes, je me laisse choir tête la première. Lorsque les trois créatures sont à ma portée, je les déploie et mes plumes de corruption les frappent de plein fouet. Cris bestiaux. Pattes cherchant à arracher cette parcelle de magie. Le hallebardier est le premier à réagir. Il tente de m'intercepter de son arme. Non seulement il me rate totalement quand je plonge entre les pattes d'un de ses confrères, mais il le frappe au passage. Pas de chance, c'était le dos du fer. À part avec un couinement surpris, la bête n'y réagit guère.

De nouveau, j'utilise la stratégie employée contre les faux humains du livre maudit. Je tourne autour de leurs chevilles, préparant ma sarbacane. Gonflant mon torse, bloquant une petite toux, je vise. Ma fléchette, aidée par mon énergie martiale, part et frappe la rotule du hallebardier. Le coup est puissant. Le projectile se loge entre les différents os, bloquant l'articulation. L'un des gnolls abandonne sa fronde, agrippant un gourdin pour tenter de m'intercepter. Sifflement moqueur. J'ai vu le coup venir de loin. Je l'esquive sans problème en passant entre le bout de bois et sa silhouette, remontant droit dans sa face.

J'aperçois le mouvement du troisième, lâchant sa pierre. Sauf que je suis près. Trop, et déjà en plein élan. J'esquive le projectile. Pas le gnoll à gourdin. La pierre le frappe pile entre les deux yeux, là où ma plume noire se trouve. Le choc est si violent que la cible bascule en arrière. Il vient à peine de choir que l'épée de l'elfe s'abat brutalement sur sa gorge et la tranche nette. J'en fronce les sourcils. Encore un géant qui s'amuse à me contrarier !

Sarbacane rechargée, j'avise brièvement Dae'ron. Hors de portée des lances, le protecteur virevolte au-dessus d'eux. Il a une expression concentrée, mais surtout ravie. Une vrille dans les airs et Plume d'Argent se plante droit dans l’œil de sa cible. La bête tombe raide et sans un cri. Alors que sa lance lui revient, je vois avec stupeur une bille de pierre le percuter. Pile dans le plastron. Il se courbe un peu sous l'impact et recule d'un léger battement d'ailes. Il reprend vivement son vol, à peine perturbé. Je respire. J'ai bien fait de lui donner.

Vrillant à mon tour, mais moins vite que j'en suis capable d'ordinaire, je contourne le porteur d'arme d'hast. Enragé de me voir encore lui échapper, il se retourne soudainement, cherchant à me cueillir. Et ce, en se servant de sa jambe raide comme pivot. Empressement et maladresse. Le fer ne me frôle même pas. Je m'élève vivement au-dessus et vois la hampe poursuivre sa route. Alerte, le gnoll à arme de jet fait un bond en arrière, esquivant largement le coup. Il glapit en un ricanement colérique sur son congénère. Ses petits yeux m'aperçoivent, puis se reportent sur l'elfe. Ce dernier, regard violet braqué sur lui, souffle fortement.

La bille de pierre part, mais pas vers moi. Elle file et frappe le guerrier géant. Pile dans l'épaule. Le coup de trop. L'omoplate de l'autre côté a été frappée plus tôt. L'espace d'un instant, la lame du shaakt lui échappe. Mais avant qu'elle n'effleure le sol, le combattant l'a rattrapé, a raffermi sa prise, et dans un même élan a porté un coup circulaire.

( L'idiot, il est hors de... )

Mes pensées agacées sont interrompues. Un arc de cercle suit le mouvement, comme une onde. Le croissant sans coloris, à peine visible par la déformation de l'air, percute l'abdomen de l'archer. L'attaque est si puissante que la bête est littéralement tranchée en deux. L'épéiste a présumé de ses forces. Il met un genou à terre, s'appuyant sur ses deux armes. Il a beau se trouver dans une posture dangereuse, la flamme combattive de ses yeux violets ne diminue pas d'intensité. Un frisson me dévale brièvement l'échine.

Malgré sa rotule bloquée, le hallebardier change de cible. Ricanement violent, il arme son bras. Il veut achever le shaakt. Vif, je vole sur le flanc du gnoll, le prenant de vitesse. Mon énergie physique est rassemblée au creux de mon ventre. La fléchette part, surprenant l'animal bipède avant qu'il soit à portée. La volonté accompagnant mon projectile n'est pas de l'abattre, mais de le faire reculer. Et cela fonctionne. L'attaque cueille le bras face à moi et le repousse avec force. La bête fait des pas chassés maladroits, se rattrapant brutalement au mur d'en face. Elle ne tient debout que par chance. Sa gueule laisse échapper un glapissement en direction du pont. Ce qu'elle voit a l'air de lui faire l'effet d'un jet d'eau glacé.

Le chemin de pierre est jonché des corps morts ou grièvement blessés de ses frères. Seuls deux d'entre eux répondent faiblement à son cri. L'un en se tenant un bras maculé de sang, l'autre appuyant contre son flanc. Le guerrier gnoll gémit un cri d'angoisse, tend son arme devant lui en agrippant le blessé au côté. Une toux m'échappe alors que je me pose sur le mur de pierre, bientôt rejoint par le protecteur. Il suffirait d'un rien pour en finir. Et mon regard le transmet très bien. Les bestioles reculent, les oreilles vers l'arrière et les dents dévoilées.

"Laisse-les.", m'intime le brun. "Ils savent qu'ils ont perdus."

Mes sourcils se froncent. Je ne l'approuve pas, mais il a raison. En un rien de temps, le trio survivant s'est éloigné en nous faisant face, plongeant dans une zone herbeuse. Leur mouvement est surveillé étroitement, mais ils semblent vraiment partir loin. Et vite malgré leurs plaies. L'énergie du désespoir, peut-être. Une toux m'échappe et ma respiration est sifflante quelques instants. Ces quelques jours d'inactivité physique se ressentent.

"Comment tu te sens ?", s'inquiète mon congénère en retenant de justesse la main tendue vers mon front.

"Encore cette question ?", réplique-je en apposant la mienne contre mon armure dorée, percevant mon cœur cogner fortement. "J'ai rien, ça va."

Nous sommes interrompus par le shaakt qui nous scrute en se redressant lentement. Il baragouine quelque chose dans un langage que je ne connais pas, et de façon qui me semble hostile. Je l'avais oublié celui-là.

"Eh ! Dans mon dialecte ou la langue commune, crétin !", siffle-je en scrutant son regard violin. Maintenant que je le vois, il n'a pas l'air spécialement vieux. Mais peut-on vraiment s'y fier avec les elfes ?

"Vous n'avez pas compris ? Bien.", fait posément l'elfe sombre sans réagir à mon injure. "Gardez vos distances, aldrydes.", prévient-il, une lame en protection au-dessus des deux autres elfes, l'autre menaçant vaguement l'endroit où nous sommes perchés. Au moins, il sait ce que nous sommes. Ce n'est déjà pas mal.

Les shaakts dans son dos s'assoient. Deux mâles, l'un aux cheveux courts, l'autre avec une tresse. Le premier grimace et se rallonge. L'autre lève le nez vers nous, une main au bas des côtes. Il cause encore dans un dialecte inconnu, questionnant le manieur de lames. Ce dernier n'y réagit d'abord pas puis plisse légèrement les yeux, me perçant du regard.

"Range ton arme, manieur d'ombre.", me lance l'elfe, sans la moindre menace dans le ton.

"Après toi.", réplique-je avec plus d'agacement dans la voix.

"Calmez-vous.", fait le protecteur en retenant sa javeline contre son torse protégé. "Il n'y a plus de raison de se montrer hostile."

"Cela dépend de vos intentions.", reprend posément le géant sombre. Malgré son épuisement, il se tient vaillamment entre nous et ses frères à terre, ses lames droites à un seul tranchant n'oscillant pas d'un pouce.

"Même chose...", réponds-je sur un ton semblable.

Quelques instants de flottement prennent place. Mes yeux sombres ne lâchent pas ceux de l'elfe, qui me le rend bien, comme pour me sonder. Il ne ressemble en rien à la femelle au service de cette garce d'Oaxaca. Pas de rire vil, pas de cruauté dans les yeux, et même, presque une sorte de... De fierté guerrière. Son calme est presque dérangeant.

Au final, le shaakt fait un léger signe de tête poli, vers nous. Il range tranquillement ses lames de part et d'autre de ses hanches. D'abord dans le fourreau de droite, puis celui de gauche. Sa façon de le faire est élégante et parfaitement maîtrisée, pour un géant. Il agrippe sa longue chevelure blanche qu'il rajuste sur son épaule droite, dévoilant un étrange bijou doré à son oreille opposée. Cela ressemble à deux boucles d'oreille reliées par une chaîne. Les anneaux se poursuivent depuis son lobe, jusqu'à une pierre précieuse bleue enchâssée dans une bulle d'or.

Il frotte son visage bardé de cicatrices du revers de la main, essuyant sa sueur. Et le voilà qui se remet à parler dans son dialecte incompréhensible ! Et sans nous quitter des yeux... Le mâle à tresse lui répond brièvement avec inquiétude.

Le conflit semble avoir momentanément pris fin. Je range ma sarbacane, mais je reste attentif. Ce sont des géants après tout.



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Lun 23 Mar 2015 21:48, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Darhàm
MessagePosté: Mer 18 Mar 2015 15:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Les shaakts échangent entre eux. La tonalité du mâle à tresse se fait sombre tandis qu'il se tourne vers l'elfe étendu. Ce dernier transpire beaucoup et gronde. Visiblement, il est mal en point. Le manieur de lames ne nous quitte pas des yeux en lui répondant puis finit par se mouvoir. Le grincement maintenant familier de la charrette se fait entendre. Dae'ron sur les talons, je prends mon envol et appelle Lyïl.

Razar a fait stopper le véhicule à proximité des corps en uniforme. Sa tête d'humanoïde félin affiche un certain dégoût. L'arbre a étendu ses doigts et masqué les yeux du taurion.

"On vous avait dit d'attendre.", fais-je avec une once de froideur.

"J'sais, mais c'te canasson voulait rien savoir. Il a commencé à brouter et d'fil en aig...", commence le félin avant de subitement apercevoir l'épéiste. "Un.. Un shaakt !"

Le protecteur tente de calmer le conducteur de la charrette pendant que je vois le guerrier fouiller des cadavres de femelles. Il semble trouver ce qu'il cherche et retourne prestement auprès des autres. Moi qui croyais les shaakts intolérants au soleil, j'ai la preuve du contraire sous les yeux.

Agacé, je mets fin d'un grondement à la panique naissante de Razar. L'important est de traverser ce pont et de continuer. Le véhicule a à peine atteint la hauteur des trois elfes que ces derniers en scrutent les passagers avec étonnement. Le blessé aux cheveux courts semble aller un peu mieux, une gourde dans la main m'indiquant qu'il a du prendre un élixir de soin quelconque. Reportant mon regard plus avant, j'aperçois d'autres femelles en uniforme de l'autre côté de la voie. Je ne sais pas ce qui s'est passé, et franchement je m'en fiche.

Les elfes parlent encore entre eux pendant que je les surveille. Dae'ron revient prendre place derrière moi, sur le harney. La charrette avance lentement, évitant les corps.

"Un instant.", fait subitement le porteur d'épées, se mettant en travers du chemin. "Quelle est votre destination ?"

"Pas tes affaires, elfe.", réponds-je avec une pointe d'hostilité.

"Hum... Pourquoi voulez-vous le savoir ?", s'enquiert plus mesurément le protecteur.

"J'ai deux frères d'arme blessés et un seul cheval.", annonce calmement l'épéiste, désignant un étalon marron un peu plus loin, soufflant des naseaux sur le cadavre d'un autre. Logiquement, il voudrait donc...

"Wow wow wow ! Voyager avec des shaakts ? Eh, j'suis pas fou ! Pas envie de r'trouver une cage d'si tôt !", persiffle Razar, le poil hérissé.

L'elfe balafré avise délibérément Dae'ron. Observateur ce type. Il sait que le protecteur est celui qui a le plus de chance d'envisager de les aider. Mes dents se dévoilent en une grimace agacée. Pas question. Je déploie une aile, barrant le champ de vision du géant. Son regard violet se dirige alors vers moi. Il fronce légèrement les sourcils en percevant le gémissement du blessé. Mais ce dernier tente un sourire douloureux et parle encore en shaakt, je suppose. L'épéiste serre les poings et lui répond avec un ton entre agacement et amertume. Encore une tirade du blessé, et ce dernier reçoit un regard direct et noir qui le fait taire.

"Nessandro.", souffle le brun dans mon dos. "Qu'en penses-tu ?"

"Qu'on perd du temps.", finis-je par répondre après quelques instants.

Une tension s'installe, le shaakt bougeant pour continuer à empêcher Razar de faire avancer le véhicule. Il m'énerve ce type, et je sens mes fluides sombres s'agiter. L'elfe à boucle d'oreille plisse un instant les yeux, décidé. Il contourne le cheval, grimpe vivement à bord en esquivant le chat et empoigne le taurion. L'enfant écarquille les yeux, plaquant ses deux mains autour du coude retenant sa gorge. La vigueur de ce shaakt pourtant épuisé me cause un brin d'admiration, que sa conduite change en méfiance.

"Que faites-vous ? Laissez-le !", s'insurge le protecteur, reprenant Plume d'Argent en main.

"J'ai besoin de votre charrette.", explique toujours aussi calmement l'elfe noir.

"Tch !", siffle-je, apercevant cette menace, sans qu'elle me touche pour autant. Il aurait attrapé Dae'ron, j'aurais peut-être réagi différemment. Là, je suis frappé d'indifférence. "Tous les mêmes, ces shaakts."

Le protecteur est tendu. Sa paume s'accole subitement à mon dos, geste qui me surprend. Elle tremble. Il doit penser à cette femelle qui a fait massacrer sa troupe. Ou il est remonté d'avoir été berné par l'attitude du porteur de lames.

"Et tu comptes faire quoi avec ? Le tuer ?", lance-je avec une froideur certaine au preneur d'otage.

"Si j'y suis contraint. Écartez-vous tous et il ne lui arrivera rien.", annonce posément l'elfe sans me quitter des yeux.

Je l'observe un instant. Leur laisser la charrette, c'est se trimballer les trois grandes-gens que j'ai déjà sur les bras à pied. Bonjour la galère. Razar se plaindra tout le temps, le petit sera infoutu de tenir la cadence, et le tout me causera une sacrée migraine. Pas question de céder, menace ou pas. Et s'il croit que je vais obéir à ces ordres, ce géant va vite déchanter. Mes yeux sombres analysent la silhouette du shaakt.

Sa main libre est posée contre la garde d'une épée, comme prête à la tirer au clair. Son attitude est plutôt détendue vue la situation. J'avise ensuite le visage du taurion. Le petit a un air craintif, mais il ne souffre visiblement pas. Au contraire, il semble retrouver peu à peu son calme dans cette étreinte puissante. Même ses mains tiennent le bras comme si cela le rassurait. Je pousse un souffle nasal amusé.

"À d'autres, elfe. Tu penses vraiment donner le change ?", lui lance-je avec une pointe d'amusement.

"Qu'est-ce que tu fais ?", me demande le brun sur un ton presque horrifié.

Le shaakt me fixe encore, sondant mon regard. Il demeure silencieux, écoutant à peine les voix des deux autres. De longs instants s'écoulent sans que quiconque ne fasse un mouvement. Je crois même que Razar retient son souffle. L'elfe noir finit par sortir de son état statique. Il pousse un soupir à peine perceptible. Toute son expression passe du stoïcisme à un brin de contrariété, et il relâche le petit. Je le savais. À sa façon de le retenir, il n'avait aucune intention de vraiment lui faire du mal. Dae'ron et les autres soufflent de soulagement. Ils ont laissé leur crainte prendre le dessus, pas moi. Surtout parce que tout cela m'indiffère. Genou au sol, l'elfe sombre place une main protectrice sur la tête du gosse. Pas un mot, juste un échange de regards.

À peine est-il descendu de la charrette que le petit le suit. Doucement, il attrape le poignet du guerrier des deux mains. Le shaakt affiche un air étonné, tout comme le reste des protagonistes. Pourquoi ne suis-je pas plus surpris de sa crétinerie ? Finalement, l'enfant lève le nez dans ma direction, chose qui me hérisse les plumes. Quand je regarde mon congénère, celui-ci est perplexe et semble attendre ma décision. Bon sang ! Pourquoi c'est toujours à moi de tout faire ? Il ne s'inquiétait pas pour ma santé il y a encore quelques minutes ?

"Rhaaaa, par mes ailes !", gronde-je en apercevant encore plus de regards dans ma direction. "Tu ne voulais pas rentrer chez toi, morveux ?", accuse-je en scrutant le taurion, qui tressaille, mais ne lâche pas le shaakt. "Qu'avais-tu en tête, elfe noir ?"

"Suivre le fleuve vers l'Est et atteindre rapidement les marais.", annonce-t-il posément, faisant réagir négativement les deux autres.

"Hmf.", lance-je nasalement en plissant les yeux. "C'est sur notre route.", suis-je obligé d'admettre. "Mais qu'est-ce que nous nous y gagnons ?"

"Une protection.", commence-t-il en dégainant légèrement une de ses armes. "Un itinéraire aussi sauf que possible en territoire atha-ustois. Des vivres.", répond-il avec une honnêteté certaine, désignant les sacs pendants sur les flancs de la monture. "Et une dette à votre endroit.", ajoute-t-il, se courbant un peu dans un mouvement bizarre.

Je jette un regard au taurion qui n'a toujours pas lâché le shaakt puis aux autres. Les blessés n'ont pas l'air content du tout, mais ils la bouclent.

"Je suis d'avis de les aider.", finit par dire mon congénère.

"Comme toujours, jusqu'à ce qu'ils fassent un truc regrettable.", lui fais-je en soupirant, contrarié à la simple pensée des mots que je vais prononcer. "Une poignée de géants de plus ou de moins, je ne suis plus à ça près... Soit, elfes. Mais ne faites rien de stupide..."

La tension dans l’atmosphère se dissipe. Razar n'approuve pas, mais ne tente rien pour nous faire changer d'avis. Mieux, il aide l'elfe aux cheveux courts à s'installer sur et sous les couvertures. Dae'ron nous présente dans les grandes lignes. La nourriture déposée dans la charrette, les deux autres shaakts montent sur l'équidé marron. Je n'écoute pas les présentations, sauf quand c'est le guerrier qui s'apprête à répondre. Il échange brièvement avec son passager. Ce dernier semble blasé, comme avertissant l'épéiste de quelque chose. Le guerrier reste stoïque, semblant ne pas lui prêter attention.

Ses yeux violets passent sur chacun d'entre nous. Il semble réfléchir puis il donne enfin son nom.

"Myrimak. D'Esh Elvohk Myrimak."

Son passager se plaque théâtralement la main sur le visage et baragouine dans son dialecte. Il est forcé de se taire quand la monture est lancée. La charrette suit peu après. Je jette un regard vers Dae'ron, une expression épuisée au visage.

"Trois de plus... La prochaine fois qu'un géant est dans les parages, fais-moi penser à faire un détour...", grince-je en voyant ce groupe de créatures insupportables s'agrandir encore. Je m'en fiche, ces êtres n'ont aucune importance pour moi. Mais j'en suis contrarié quand même !

Le protecteur pousse un souffle amusé à mon commentaire puis s'accroche à ma tenue. Je me surprends à être conscient du brun. Et pas parce qu'il me taperait sur les nerfs. Franchement, cette situation est des plus grotesque, et le pire, c'est que je commence à ne pas trouver cela aussi insupportable qu'avant.

Vivement que je me débarrasse de tout ce monde ! Et de cette foutue maladie ! Par mes ailes, pourquoi rien ne se passe jamais comme je le voudrais !



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 48 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016