Dirigé de Karz :
De toute évidence, la garde à laquelle tu débites tout ton discours n’en attendait pas tant, car alors que tu palabres fort extensivement, elle se met dans une position plus relaxée bien que toujours vigilante qui laisse planer un doute quant à savoir si elle te prête vraiment l’oreille ou attend juste que ton laïus prenne fin. Quoi qu’il en soit, elle ne t’interrompt pas, son expression indéchiffrable dans l’obscurité ambiante, sa robuste stature reposant en partie sur sa non moins robuste lance, et ce n’est qu’une fois que ton plaidoyer a pris fin qu’elle répond avec un soupir dans lequel tu peux déceler une pointe d’amusement au lieu de l’agacement que ses paroles pourraient laisser croire :
« Je t’ai pas demandé de me raconter ta vie ! »Puis la décidément charmante demoiselle se tourne vers l’arrière, et d’une voix désormais assez forte, et même sans doute trop forte, pour être entendue des occupants du camp en cercle autour du feu, elle hèle un dénommé…
« Trévis ! De la visite pour toi ! »A l’appel, le silence se fait un moment, mais un moment seulement, car les bruissements de la conversation reprennent tranquillement alors qu’une silhouette solitaire détache du groupe avec un « Allons bon ! » pour se diriger lentement dans votre direction, s’armant au passage d’une torche pour s’éclairer. Au fur et à mesure qu’il se rapproche, tu peux distinguer que c’est un homme de haute stature à l'air vieillissant qui se vérifie par ses courts cheveux roux grisonnants comme grisonnante est sa barbe fleurie, par sa peau burinée de même que par sa démarche légèrement boiteuse. Cependant, il semble avoir conservé à peu près le physique alerte de ses jeunes années étant donné sa stature droite fière en dépit de la canne qu'il utilise pour se soutenir de la main droite avec une prestance teintée de quelque chose d'impérieux qui pourrait évoquer un chevalier appuyé sur son arme. Pourtant, rien d’une telle figure chez lui, car il n’a pas la moindre arme sur lui, sa seule armure est un pourpoint de cuir brun, et le sourire matois avec lequel il vous découvre tous les trois n’a rien de vindicatif ni d’inquisiteur, le gaillard ayant l’air d’en avoir vu d’autres.
Au passage, il éclaire aussi celle qui t’a stoppé précédemment, et tu peux voir que c’est, comme il était facile de le deviner, une femme décidément bien râblée et pas si grande que ça, son impression de haute taille à première vue provenant de son casque qui la rallonge de quelques centimètres. La donzelle est vêtue d’un équipement de cuir renforcé ça et là par des mailles de métal, et elle porte avec elle une épée en plus de son arme d’hast, son harnachement de soldate ne lui donnant pas un abord des plus commodes. Pourtant, à y regarder de plus près, son visage encadré par des cheveux bruns mi-longs n’est pas si désagréable que ça, et pourrait même être considéré comme joli avec ses yeux bleus et ses joues pleines si la propriétaire de ce minois y consacrait davantage de soins. Elle n’a vraiment pas l’air de vous considérer comme une menace (à juste titre très certainement), et vous jauge du regard avec une curiosité détachée tandis que le dénommé Trévis vous salue sans cérémonies en te tendant la main :
« Trévis Flocon, capitaine de la compagnie du Cri du Cœur. Qu’est-ce que vous venez donc faire dans le coin à une heure pareille ? »