L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 18 Nov 2017 05:45 
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Si la robe de soirée que portait Sibelle était plus légère qu’une armure, sa longueur s’avérait plutôt contraignante. Ainsi Sibelle dut relever les pans de sa robe afin de ne pas s’y empêtrer. Ses sandales, bien que plus minces que ses bottes ne la ralentirent pas dans sa course.

Étant en bonne forme physique et n’ayant pas tout le poids de son armure à porter, en quelques minutes à peine, la guerrière eut rejoint l’hôtel de la fourchette d’argent sans être essoufflée. Elle grimpa deux par deux les marches la conduisant à sa chambre située au deuxième étage. Une fois dans le corridor, elle vit que la porte de sa chambre était ouverte, elle dégaina le poignard qu’elle avait dissimulé à sa ceinture et y pénétra sans tarder.

Elle vit alors que l’humoran était là, en armure et accompagné de Nastya qui avait revêt aussi ses vêtements. Elle referma la porte de sa chambre et s’enquit de leur présence.

« Que faites-vous ici ? » Demanda-t-elle sur un ton non agressif, bien qu’expéditif.

« Vous avez sûrement entendu le message d’un des sauveurs d’Aliàénon ? »

Puis déposant son poignard à côté de ses armes, elle s’assied sur le bord de son lit retira son diadème et entreprit de délasser rapidement ses sandales de soirée tout en continuant à parler.

« J’ai bien l’intention de me rendre dans la forêt d’Émeraude afin de leur prêter main-forte ! »

Elle se tourna vers Sirat et l’examina quelques secondes. Ne voyant plus les traces de son ivresse, elle lui demanda :

« Vous vous sentez en état de vous y rendre aussi ? » Aucune agressivité ne pouvait se lire dans le ton de voix de l’hinionne… par contre un certain agacement était perceptible… L’hinionne en voulait à l’humoran d’avoir bu ainsi sans retenue.

À la question de la belle, l’humoran lui offrit d’abord un sourire narquois. Puis il annonça être plus en forme que jamais. Il renchérit même en lui demandant si sa diversion lui avait permis d’en savoir plus.

Perplexe, les sourcils froncés, les lèvres serrées, Sibelle écoutait les propos de Sirat attentivement tout en l’examinant avec soin. Il ne possédait plus cette voix pâteuse, il avait l’œil clair, la posture droite et fière…

Sirat rompit le silence en annonçant qu’ils partiraient à l’aurore le lendemain. Nastya opina alors de la tête puis repartit à sa chambre sans oublier de refermer la porte.
Demeurant muette, l’elfe blanche se dirigea vers le paravent derrière lequel elle retira soigneusement sa robe de soirée pour remettre sa tunique de combat. Une fois, le délicat vêtement sur le crochet, elle revint vers le lit tout en réfléchissant.

(sa diversion…)

Elle comprit enfin ce que Sirat avait voulu faire, et elle en fut soulagée. Elle n’avait pas aimé la perspective de combattre auprès de quelqu’un qui ne pouvait contrôler sa consommation de boisson alcoolisée lors d’une mission.
Tout en déplaçant son équipement sur une petite commode afin de libérer le lit, elle commenta d’un ton neutre.

« Je suis… j’étais en colère contre toi… Je craignais que ton comportement nuise à l’avancée de l’enquête… je n’en ai pas vraiment appris plus…. Sauf que Gasaru va venir nous rejoindre ici et qu’il s’est passé quelque chose entre lui et Endar.

À la remarque de la belle à propos de Endar, Sirat se contenta d’un léger haussement d’épaule et d’un minime commentaire, Endar était réputé pour être un solitaire. Mais l’humoran ne semblait se soucier outre mesure de l’elfe noir, il semblait avoir d’autre préoccupation.

Lorsque la guerrière releva sa tête, elle vit l’humoran repentant s’approcher d’elle tout en lui offrant ses excuses, précisant qu’il ne voulait pas la tourmenter, il y avait vu seulement une bonne occasion pour tromper l’assistance.

Ne détachant son regard de celui de l’humoran, la guerrière ne dit mot, le laissant s’approcher encore plus près, même si elle ressentait toujours une certaine rancune envers lui. Puis, alors que la guerrière ne s’y attendait pas, le colosse se pencha et déposa un baiser sur la commissure des lèvres de la guerrière.

Aussitôt Sibelle sentit une chaleur intense l’envahir du bout de ses lèvres en passant par ses joues et enflammant son corps tout entier. La fougueuse guerrière tenta de se contenir, mais elle n’y arriva pas. Elle se hissa alors sur le bout de ses orteils, attrapa de sa main gauche la tignasse de l’humoran afin qu’il ne puisse s’échapper et puis lui rendit son baiser. D’abord timide, elle se fit plus généreuse, entrouvrant ses lèvres charnues permettant à l’humoran d’y pénétrer.

Après quelques baisers échangés, sentant tout son corps s’enflammer, la guerrière relâcha le fauve et recula d’un pas.

« Nous devrons nous tenir là…. Tant que notre mission ne sera pas terminée… Retourne à ta chambre, tu as besoin de sommeil, tu dois être en forme demain. »

La voix de Sibelle n’était plus la même, on pouvait y sentir la tendresse d’une femme aimante. Une partie de sa carapace était tombée et elle s’en voulait déjà d’avoir cédé à ses désirs.

L’humoran obtempéra et s’en alla sans dire un mot. La guerrière s’étendit sur son lit tout en réfléchissant à ce qui venait de se passer. Elle avait voulu résister au charme de son compagnon, mais elle en avait été incapable… peut-être était-ce dû à la fatigue ? Au vin ? Ou à cette soirée, vêtue plutôt en femme du monde qu’en guerrière ? Elle avait profité de ce court moment enflammé, mais se promettait de ne plus récidiver. Elle mit de côté ses réflexions et médita les dernières heures restantes afin de récupérer.

****


Elle se réveilla au petit matin, elle enfila prestement son armure après avoir fait une rapide toilette, ramassa ses affaires et descendit au rez-de-chaussée en passant par la salle à manger ou leur hôtesse leur avait préparé un petit déjeuner. Elle ramassa un bout de pain, un morceau de fromage et remercia la propriétaire avant de se rendre dans la cour intérieur de l’auberge, Nastya sur ses talons.

Gasaru et Sirat y étaient déjà. Le chevalier d’or s’était occupé des préparatifs de l’expédition et leur avait dégoté trois bonnes montures. Sirat avait, avec raison, choisi la plus massive, une bête fière à la robe noire. Sibelle opta pour l’étalon roux, plus fin et haut au garrot, laissant le destrier blond à la guerrière humaine.

Lorsque les quatre cavaliers furent bien installés sur leur monture, Gasaru prit la tête de l’expédition et ils se mirent en route. La guerrière laissa passer la première heure, puis s’approchant de Gasaru, elle lui posa les questions qui lui trottaient dans la tête depuis un petit moment.

« Avez-vous appris quelque chose d’intéressant lors de votre séjour à Ouesseort en compagnie de Endar ? …. Tout ce qu’il m’a dit c’est qu’il ne souhaitait nullement voyager avec un chevalier qui avait choisi de le pourfendre. »

Le chevalier lui répondit qu’il n’avait rien appris de plus avec Endar au sujet du Sans-Visage. Sauf que le dénommé Endar avait décidé de trahir Sibelle, Sirat et Nastya en faisant croire aux autres chevaliers qu’ils étaient des suivants du Sans-Visage. L’elfe noir s’était rendu seul chez l’Ouessien Belliand s’arrangeant pour qu’ils ne puissent les rejoindre. Quant au propos d’Endar à son endroit, Gasaru se contenta de hausser les épaules.

Sibelle laissa échapper un grognement de colère, puis ralentit sa cadence afin de laisser Gasaru en avant se contentant de suivre à l’arrière tout en ruminant sa rage. Rancunière, comme pas une, Sibelle ne manquerait pas d’apostropher l’elfe noir lorsqu’elle le reverrait.
Ils traversèrent plusieurs plaines, les heures passèrent, et la belle reprit sur elle, se promettant de régler ça le moment venu. Selon la carte personnelle que Sibelle avait griffonnée à la hâte, elle crut lire qu’ils avaient traversé les landes arcaniques et les plaines d’Or. La forêt d’Émeraude se présentait à eux et au-delà, se trouvait Treeof leur destination.

****


Après quelques jours de chevauchées, ils arrivèrent à la capitale des hommes pâle. Il n’était pas nécessaire d’être une fine observatrice pour remarquer l’ambiance mauvaise et pesante qui régnait à l’intérieur de la petite bourgade. Cette cité forestière constituée de maisons de bois et de pierre aurait pu être invitante de la forêt si d’énormes palissades n’y avaient pas été dressées. Fait de rondins, la palissade était précédée d’un fossé creusé dans le sol. Et les arbres centenaires avaient même été sacrifiés au profit d’une meilleure vision dans le but évident d’une meilleure protection.

Nos voyageurs n’eurent guère le temps de pénétrer dans la ville qu’ils furent immédiatement redirigés vers le manoir d’une famille de notable de Treeof. Ce manoir appartenant à la famille D’Omble et était érigés à quelques lieues au nord de la cité et son allure sophistiquée contrastait avec la rusticité des maisons de la ville.

Dès leur arrivée, leurs chevaux furent conduits aux écuries et ils furent accueillis par les maîtres de la maison Khar’Tar D’Omble, un homme pâle à l’air sévère et aux tempes ainsi qu’à la barbe grisonnante. À ses côtés, se tenait son épouse, Elisa D’Omble, une femme élégante.

Sibelle et ses compagnons furent conduits à leur chambre afin qu’ils puissent y déposer leurs sac et équipement. Hôtesse hors pair, Elisa avait prévu une chambre pour chacun des invités.

Un somptueux repas les attendait ainsi que des explications précises de la situation. Sibelle reconnut sans peine certains aventuriers qu’elle avait rencontrés à la tour d’Or, mais n’entama aucune discussion avec eux. Elle se délecta des mets préparés par l’hôtesse et écoutait attentivement ce qui y était dit. Elle apprit alors que si les parents D’Omble n’avaient été affectés d’aucune mutation, il en était autrement de leurs enfants. Leur fille Talia était devenue une femme oiseau, leur seconde fille s’était réfugiée dans la forêt Émeraude avec les autres carnivores alors que leurs fils s’étaient enfuis tout de suite après sa mutation. Sibelle ne saisit pas de quelle nature, elle était.

La jeune Reine du peuple pâle, Sheeela d’Argentar, accompagnée de son garde du corps, un vieux guerrier répondant au nom d’Astidenix, leur expliqua les enjeux de leur mission. Ils apprirent que suite à l’éveil des Titans, les hommes pâles furent victimes d’étranges mutations qui les transformèrent en hommes animaux. Certains avaient l’apparence d’herbivores, cerfs, chevaux, boucs alors que d’autres celui des carnivores, passant du loup à l’ours ou encore des aigles. Les mutants végétariens craignirent la férocité des carnivores et les taxèrent rapidement d’agressivité. Redoutant de terminer dans leurs assiettes, ils exigèrent que l’ensemble des carnivores soient jugé. Refusant d’accepter un tel châtiment, les carnivores préférèrent se réfugier dans la forêt d’Émeraude dirigés par un homme-loup nommé Bortë-a-Tchino.

Cherchant à tout prix à exécuter le jugement qu’ils avaient prémédité, un groupe de végétariens armé tenta d’attaquer le campement secret des carnivores, celui regroupant les femmes et les enfants. Les carnivores, prévenus, purent éviter le pire. Ils décapitèrent le meneur du groupe des végétariens et relâchèrent les autres après quelques jours avant de s’enfoncer davantage dans la forêt d’Émeraude.

Il y avait désormais trois clans : les végétariens, les carnivores et le clan neutre. Ce dernier clan regroupait que quelques membres, dont Sheeala, Astidenix et la famille d’Omble.

Sibelle n’avait dit mot de la soirée se contentant de réfléchir et de tenter de peser le pour et le contre. Alors qu’elle allait se coucher, elle rencontra Sirat, Nastya et Gasaru qui discutaient. Sirat ne croyait pas la reine à la hauteur de la situation et ne ressentait donc pas la nécessité d’aller lui parler. Il proposa alors de rendre visite aux carnivores.

Sibelle ne partageait pas le point de vue de Sirat au sujet de la reine. Elle n’avait aucunement été surprise par le choix de l’humoran,… lui-même avait l’allure d’un carnivore. Sa présence faciliterait sans doute leur intégration parmi les carnivores.

« Je suis aussi d’avis de nous rendre chez les carnivores. Il y a sûrement quelques informations qui nous échappent. »

Leur choix fait, ils regagnèrent leur chambre respective, et se retrouvèrent le lendemain, prêt à récupérer leur cheval et partir en direction de la forêt.

(((2014 mots )))
(-se rendre au camp des carnivore avec Sirat )))

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Sibelle, Maître d'armes


Dernière édition par Sibelle le Dim 19 Nov 2017 19:05, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 18 Nov 2017 06:44 
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Localisation: Sur la planête Aliaénon
Le voyage jusqu’à Treeof à travers les étendues sauvages fut éreintant, même pour un mort-vivant. Long de plusieurs jours, chaque journée supplémentaire pesait sur Daemon : son sursit diminuait en peau de chagrin et il craignit un long moment ne pas pourvoir atteindre sa destination. Finalement, ils arrivèrent tant bien que mal dans les bois et taillis avoisinants la capitale des Hommes Pâles.

La cité humaine n’avait pas vraiment l’envergure d’un centre politique. Une simple bourgade portuaire entourée de forêt. Les fortifications récentes attirèrent l’œil de Daemon, qui y devina des rondins de bois verts, à peine arrachés à la forêt. Un climat de tension se fit ressentir des leurs premiers pas en ville. Les portes étaient sévèrement gardées, les larges rues désertés et parcourus par des habitants pressés, apparemment désorientés.

La stupeur gagna Daemon lorsqu’il aperçut les premiers passants « particuliers » de la bourgade. Certains avaient des allures peu humaines, presque animale, avec d’étranges déformations de leurs membres ou de leur pilosité. Azra avait évoqué la capacité des Hommes Pâles à se muer en animaux, mais pas à se transmuter en bestioles à la frontière de l’humanité. Il avoua d’ailleurs que les choses avaient notablement changer.

Daemon insista pour faire un détour par les quais, par nostalgie de ceux de Daharam, avant d’emprunter un modeste chemin sortant de la ville, jusqu’à un somptueux manoir. Les Yuiméniens avaient été conviés à une rencontre avec Kiyo, le responsable de l’appel, chez une famille de nantis et apparemment très concerné par le conflit. Nommés Ombles, les hôtes dégageaient une certaine noblesse, malgré leur humanité, mais leurs enfants furent frappés par l’étrange sort qui avait frappé la région. Leur fille apparut aux invités sous une forme mi-oiseau mi humaine, instillant une impression de malaise à Daemon.

Le semi-elfe resta en retrait tout le long de la réunion, dissimulé dans l’ombre d’Azraël comme un vulgaire homme de main. Le nécromancien au masque de fer était à son aise parmi l’assemblé, saluant les nombreuses connaissances qu’il avait, des Yuimeniens ou des personnalités politiques locales, comme la reine de Treeof. La pauvre semblait éreintée et dépassée par le conflit qui soulevait la région et tout dans son attitude transpirait la confusion. Daemon ne s’étonna pas de la guerre civile avec son manque de poigne, mais là où il fut dépourvu, ce fut quand on lui annonça qu’un homme aux allures de lion n’était pas de la région, mais bien de sa terre natale.

Il devina d’ailleurs quelques échanges de regard équivoques entre plusieurs Yuiméniens, signe qu’ils se connaissaient, mais sans parvenir à en deviner le fond réel de ces œillades. Il ne comprenait pas grand-chose à toute ces discussions entremêlées, mais suffisamment pour rester sur ses gardes. Tous n’avaient pas le même avis et les chemins pourraient bien se séparer rapidement, voire se confronter.

Il resta donc en retrait toute la soirée, laissant Azra glaner quelques informations et essayant de retenir les noms de chaque intervenant. Il attendit donc le lendemain pour apprendre les plans d’Azra et la marche à suivre.


-500 mots -
ZzZzz..ZZzz

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 18 Nov 2017 21:10 
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Manoir D’Omble – 10h. (Azra, Daemon, Kiyoheïki.)

    Kiyoheïki ne tarda guère à trouver ses hôtes, Khar’Tar et son épouse Elisa D’Omble, rassemblés à la tablée de leur salle à manger devant les restes du petit déjeuner, sirotant infusions de plantes et grignotant quelques pâtisseries fraîches du matin même.

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    Ils se tournèrent tous deux vers le semi-elfe court sur pattes, amant de leur fille et sauveur de leur nation, pour lui octroyer un regard reconnaissant. Le maître de maison prit le parti de commencer la conversation, fut-ce évident que ce soit Kiyoheïki qui les cherchait.

    « Alors ? Comment ressentez-vous la situation ? Certains de vos pairs semblaient fort pressés de se choisir un camp extrême, dans cette guerre… Je me demande si les mener ici était finalement des plus pertinents. Leur faites-vous confiance ? »

    De leur côté de la maisonnée, Azra le nécromancien et Daemon le mort-vivant trouvèrent la personne qu’ils cherchaient également : Talia D’Omble, la jeune femme-oiseau renseignée par le milicien ynorien comme étant celle la plus à même de les aider dans leur quête de savoir. Elle se trouvait dans la bibliothèque de la maison, au milieu d’un vrai capharnaüm de grimoires et rouleaux de vélin dépliés.

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    Elle s’étonna de voir arriver ce si curieux duo, apparemment un peu mal à l’aise de leur apparence, bien qu’elle tenta de ne rien laisser paraître. Elle se tourna vers eux et leur fit un sourire poli.

    « Bonjour, aventuriers. Vous ne trouvez plus la sortie du manoir ? »

    Elle ne s’attendait sans doute pas à ce qu’ils la cherchent, elle.

    [Apartés possibles (et recommandés) pour vous trois]


Treeof – Centre ville – 10h30 (Xël)

    Xël quitta le manoir pour arpenter le sentier le séparant de la cité forestière de Treeof. Il était seul, pour le moment. Thrag semblait avoir passé une mauvaise nuit, et se reposait encore lorsqu'il avait quitté le manoir. Lorsqu’il arriva en bordure de ville, il fut surpris de constater que le calme y régnait. Un vrai calme. Si ce n’était les palissades de bois dressées au-dessus de fossés profonds eux-mêmes hérissés de piques de bois, c’aurait été là le spectacle d’une agréable ville rurale coulant paisiblement ses jours au quotidien.

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    Pourtant, avant qu’il eut pu atteindre ces artères à peine pavées pour certaines, il fut arrêté par un duo d’hommes-bêtes en armes qui semblaient monter la garde à l’entrée de la récente forteresse. Le premier était mi-cerf blanc, mi-homme, torse nu orné de tatouages verts. Ses yeux luisaient comme deux saphirs sous un soleil d’été. Il était armé d’une longue lance de bois.

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    Le second n’était pas armé, mais ses cornes de bouc pouvaient sûrement être considérées comme telles. Torse-nu, lui aussi, quoique particulièrement poilu, il regardait Xël de ses yeux orangés. C’est lui qui prit la parole en premier.

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    « L’on voit beaucoup d’étrangers parcourir notre forêt, ces derniers temps. Les D’Ombles fomenteraient-ils quelque coup d’état ? Nombre sont ceux qui farfouillaient du côté de leur manoir, ces derniers jours. »


Forêt d’Emeraude – 11h (Yurlungur, Sibelle, Sirat)

    Suite dans le sujet approprié.


[Azra : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (recherche de Talia) + 1,5 (bonus longueur). Fond : Un RP agréable à lire, dans lequel je n’ai pas relevé d’erreurs. L’introspection est bien présente et ça fait plaisir à voir, parce que ce n’est pas toujours le cas dans tes textes.
Xël : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (départ vers le centre-ville) + 1 (bonus longueur).
Yurlungur : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (réveil avancé) + 0,5 (recherche des carnivores) + 2 (bonus longueur).
Sirat : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (recherche des carnivores) + 1,5 (bonus longueur).
Kiyoheïki : 0,5 (introspection) + 1 (apartés) + 0,5 (recherche de personnes) + 2 (bonus longueur).
Sibelle : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 0,5 (recherche des carnivores) + 1,5 (bonus longueur).
Daemon : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Dim 19 Nov 2017 14:29 
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Je quitte le manoir pour emprunter d'un pas enjoué le sentier qui se dirige vers la cité tout en dégustant mon croissant encore chaud. Je m'étonne moi-même de ma bonne humeur étant donné les circonstances. Il faut quand même dire que Treeof a des allures de petite ville paisible où il fait bon vivre. Evidemment, il faut faire abstraction des palissades érigées et des fossés creusés. Malgré-ca, la ville est encore loin du tumulte d'une cité comme Kendra-kar. Le chemin est propice à la réflexion et les mots du cuisinier agitent mon esprit. Accuser tout un groupe de personne pour quelques meurtres, ça me semble exagéré. Les carnivores auraient le meurtre dans le sang, pourquoi pas après tout, si c’est pour se nourrir. Mais d’après lui, les corps n’étaient pas dévorés et en plus, il devait il y avoir suffisamment à manger dans la cité. C’était des humains normaux avant si j’ai bien compris. J’imagine qu’ils n’étaient pas tous végétariens. Il doit se trouver ici des élevages de poules, de vaches, de cochons. La forêt offre sûrement des possibilités de chasse. Alors pourquoi des carnivores se mettraient à manger d’autres habitants de Treoof. Ça n’a aucun sens.

Sur mon chemin, avant d'avoir pu atteindre les rues de la ville. Deux hommes bêtes me barrent la route. L'un à moitié cerf et l'autre à moitié bouc. Je les observe d'en bas, la bouche encore pleine, déclarant un joyeux.

"Shalut les gars."

L'homme bouc prend la parole tout en me fixant de ses yeux orangés, me rappelant ceux de la belle Zariah. J'espère néanmoins que sous son attirail du désert, elle était moins poilue que ce garde qui me fait remarquer que beaucoup d'étrangers se promènent dans la forêt ces derniers temps, plus particulièrement aux alentours du manoir D'Omble. Il me demande ensuite si les D'Ombles ne fomente pas un coup d'état. Je hausse un sourcil, surpris, tout en finissant de mâcher et avaler mon morceau de croissant. Je plisse ensuite les yeux en demandant.

"Un coup d'état ? C'est le genre de la famille ?"

Je me gratte le menton, pensif, avant d'hausser les épaules.

"Je ne crois pas, ils veulent simplement éviter une guerre civil. Ils ont demandé de l'aide aux aventuriers de Yuimen. C'est pour ça qu'on est si nombreux. "

Je libère ma main droite de ma pâtisserie et l'essuie sur mon sac avant de la tendre vers l'homme bouc.

"Je m'appelle Xël."

Je lui offre un sourire amical avant de poursuivre.

"Je voulais en savoir plus sur les raisons du jugement des carnivores. On m'a dit qu'on a découvert des corps et que les carnivores ont été accusés. Vous pouvez m'en dire plus ?"

Je me tourne ensuite vers l'homme cerf. J'ai remarqué qu'il était équipé d'une lance, ce serait dommage de passer à côté de l'occasion de m'apprendre à m'en servir.

"Je sais que ça peut paraître bizarre mais je débute au combat au bâton et je vois que tu manie la lance, est-ce que tu pourrais m'enseigner quelques bases ? Si jamais ça tourne au vinaigre, ce serait bien que je puisse me défendre."


((510 mots))

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Mer 22 Nov 2017 18:56 
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Azra flâna un certain temps, avant de se rappeler que sa condition d'immortel lui permettait peut-être de passer des années à chercher son but mais que le monde, lui n'attendrait pas. Il finit donc par demander son chemin, puis se dirigea vers la bibliothèque. Sur le trajet, il croisa Daemon. Inutile de lui mentionner que Kiyo n'avait aucun pouvoir de résurrection, d'autant plus qu'il semblait que le fanatique s'en fichait... Il se contenta de lui annoncer :

« J'ai appris l’existence d'un obélisque d'ossements mystérieux dans la forêt. Et le fait que seuls les homme-pâles de cette ville ont été transformés. Je compte enquêter là-dessus. Si tu veux en faire partie... »

À ce moment là, ils arrivèrent devant la bibliothèque. Sans être immense, elle rassemblait manifestement une lourde somme de connaissances... bien trop lourdes en fait, car beaucoup d'ouvrages étaient à même le sol ! Au milieu, il y avait la femme-oiseau qu'ils avaient vu précédemment. Surprise, elle leur demanda ce qu'ils faisaient là. Azra s'avança tranquillement, comme s'il était chez lui :

« Je suis un amis de Kiyoheiki. Après avoir discuté avec lui, j'ai appris l'existence d'un certain obélisque dans la forêt, avec des inscriptions mystérieuses. Il m'a dit que vous sauriez peut-être me renseigner sur un moyen de déchiffrer ces inscriptions et d'en découvrir l'origine. »

Sa réponse stupéfia Azra. En effet, selon elle, l'obélisque autour duquel s'était déroulé les négociations était sans doute apparut à l'époque de l'éveil des titans ! Les inscriptions lumineuses étaient inconnues, mais Azra ne put s'empêcher de penser aux étranges monolithes lumineux du Chaos d’Ethel’Ar. Il échangea un regard avec Daemon et vit qu'ils avaient pensé à la même chose.

« Tient donc... les titans reviennent, un obélisque apparaît et tous les gens de la région se changent en homme-bêtes... Car il n'y a que les hommes-pâles de Treeof qui ont été touchés, n'est-ce pas ? Je pense vraiment que cet objet mériterait qu'on s'y penche. Vous n'avez vraiment aucune idée de l'origine de ces inscriptions, ni de qui pourrait nous aider à les identifier ? »

Elle restait sceptique. Pour elle, seul les titans pourraient répondre à ces questions, et elle ne voyait pas très bien ce qu'ils pourraient en tirer. Hum... évidemment, ces ignares de la magie ne comprenaient rien ! Bon, il allait falloir être plus claire :

« J'ai déjà croisé un étrange monolithe qui était à l'origine du changement globale d'une région. Il était impossible de s'en approcher mais sa destruction aurait très probablement mis fin à la malédiction qui planait sur les lieux. Si nous pouvons mettre cette chose hors d'état de nuire, il y a peut-être une chance de mettre fin à votre transformation... et donc à la cause même de la guerre. N'est-ce pas notre objectif à tous ? »

Mais étonnamment, elle ne sembla pas emballée par l'idée. Pour elle, c'était dans leur nature, et il fallait l'accepter. Elle alla même jusqu'à présenter ça comme un génocide ! Était-elle aveuglée par sa condition ?

Daemon fut cependant le premier à protester, signalant qu'ils avaient tout à gagner, et au pire rien à perdre, à mettre fin à cela. Après tout, il avait largement connu le rejet, en tant que semi-elfe et adorateur des dieux sombres. Mais pour Talia, le problème n'était pas là. Les rancœurs qui pesaient parmi le peuple pâle venaient d'eux-même ne ne se corrigerait pas si aisément. Mais Daemon insista, parlant de la vie que l'on menait lorsqu'on était différent. Ses pointes de sagesses étaient décidément fort surprenantes de la part de quelqu'un qui pouvait se suicider pour rien ! Il expliqua à quel point les risques perdureraient dans le temps si le mal n'était pas détruit à la racine.

Azra appuya :

« Vous n'avez pas idée d'à quel point nous avons pu expérimenter ce qu'est le rejet de la différence ! Cette querelle a démarré parce que des herbivores ont accusés les carnivores d'être des bêtes assoiffées de sang... Bien sûr que rendre à tout le monde son apparence original n'arrangera pas tout, mais cela retirera le principale argument des belliqueux. Alors, nous auront une chance de faire entendre raison au plus grand nombre. Avec le temps, plus personne ne se souviendra qui étaient les carnivores et qui étaient les herbivores, et les choses se tasseront. Alors que si on laisse ouvertement les deux communautés distinctes voulant le même territoire, alors comme dit Daemon, une guerre évitée ne sera qu'une guerre reportée. »

Mais elle ne voulut rien entendre. Elle ne voyait pas plus loin que la génération actuelle. Elle revendiquait le fait que son peuple était unis malgré l'évidence de la fracture qui venait d'avoir lieux. Elle les enjoignit à faire ce qu'ils voulaient mais n'avait visiblement pas envie de faire quoique ce soit pour l'empêcher. Peut-être que sa nouvelle forme lui plaisait, ce qui était compréhensible, mais Azra préférait s'inquiéter du sort de toute cette population.

Daemon, qui semblait excédée par la femme-oiseau, demanda finalement s'il fallait appeler des hommes pour démolir le monument, admettant que c'était là chose difficile, et qu'ils avaient été incapable d'y parvenir dans la savane Thanatéenne. Azra haussa les épaules, s'amusant presque de son nouvel éclat de soif destructrice. Décidément, il était terriblement lunatique ! Il se contenta de répondre :

« Nous n'en sommes pas encore là. Allons étudier avant de détruire. »

De toute façon, d'après Talia, la maison d'Omble n'avait pas les moyens de détruire l'édifice et les peuple pâle ne l'accepterait sans doute pas, le lieu revêtant une porté symbolique et magique certaine. Daemon, furieux, sortit en trombe, proclamant qu'il irait donc demandé des hommes directement à la reine. Azra s'élança à sa suite et l'attrapa par l'épaule :

« Avant de nous mettre à dos l'ensemble de ce peuple, ne penses-tu pas qu'il faudrait s'assurer qu'il s'agit bien de ce qu'on pense ? »

Mais il ne voulut rien entendre, insistant pour aller voir la reine tandis qu'Azra enquêtait sur le monument. Bon, il n'y avait rien à faire... et de totue façon, ce n'était pas comme s'il n'était pas déjà condamné. Azra soupira :

« Fait de ton mieux. Avec diplomatie, si possible... À plus tard. »

Il n'était pas sûr de le revoir, et il devait se faire à l'idée que, quoiqu'il arrive, il disparaîtrait bientôt. Azr resta un instant planté là, à le regarder s'éloigner. Puis, se refusant à une pensée supplémentaire sur le sujet, il prit le chemin de l'obélisque.

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Mer 22 Nov 2017 19:15 
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Des serviteurs tiraient des chevaux par la bride à travers la cour. Ils s’arrêtèrent devant la grande porte. Quelques éclats de voix montèrent et les cavaliers rejoignirent leurs équipages. Il eut quelques gestes de mains, des échanges inaudibles, puis l’homme lion, Sirat, et l’elfe rousse nommée Sibelle sanglèrent leurs montures.

Accoté à de riches rideaux, Daemon les observait à travers la fenêtre. Ils ne remarquèrent guère sa présence au premier étage.

Tous les convives avaient passé la nuit au manoir et ils se dispersaient à présent ; déterminés à contrecarrer la guerre à venir. Il était difficile d’imaginer par une matinée aussi paisible qu’une guerre se préparait à quelques encablures de là. La malédiction qui avait frappé le pays et transformé ses habitants en animaux, l’avait divisé en deux camps : les herbivores et les carnivores. Ces derniers soupçonnés d’appétences douteuses furent chassés de la ville et contraints de vivre dans la forêt. Cependant la rumeur courait qu’ils étaient décidés à reprendre leurs droits, favorisant ainsi la montée d’un courant belliciste dans l’autre régime.

La famille D’Omble, particulièrement touché par le conflit, notamment par la mutation de leurs enfants, demandait donc de l’aide aux yuiméniens, avec les faveurs de la reine, pour former un troisième camp et résoudre le conflit. Néanmoins, Daemon restait pessimiste envers ce projet. Des évènements avaient déjà ensanglanté Treeof et la situation paraissait sur le non-retour. Apaiser les tensions était toujours envisageable, mais la haine s’était insidieusement insinuée dans le cœur des Hommes-Pâles et les rancunes finiraient bien par ressurgir un jour ou l’autre…

Un tintement de porcelaine le fit sortir de ses pensées. Un serviteur muni d’un plateau d’argent s’était figé au milieu du couloir. Il fixait le semi-elfe avec une expression effrayée. Il bredouilla des paroles confuses qui s’apparentaient à des excuses, avant de fuir d’un pas pressé dans la direction opposée.

Daemon souffla et observa son reflet dans les carreaux. Son regard était devenu terne. L’anémie avait fait perdre la couleur de ses lèvres et sa peau avait la blancheur d’un mort, en plus d’être terriblement aride, au point de craqueler par endroits. Il comprit pourquoi les invités l’avaient jaugé avec une certaine méfiance.

« Enfin… S’ils savaient ce que dissimule Azraël… »

Les derniers grains de sable n’allaient pas tarder à tomber au fond du sablier. Il ignorait combien de temps il lui restait, mais il savait en disposer de peu. Il appréciait donc chaque moment avec une certaine contemplation, s’attardant sur chaque détail avec une acuité acérée.

Le spectre du monolithe de la Lande continuait à la hanter. Il en rêvait chaque nuit dans des songes d’une inconcevable lucidité. Il revisitait la forme dans la brume et il entendait très clairement, lorsqu’il était assoupi, malgré la distance, l’appel lugubre de la lande. C’était souffle indicible. Un râle d’agonie qui fluait et refluait en rythme et qui lui faisaient l’effet de tambours impies résonnant dans le lointain.

Lorsqu’il fermait les yeux, concentré dans le silence, il pouvait l’entendre respirer… Mais de nouveaux bruits interrompirent son introspection. Azraël déboulait dans le couloir en grand renfort de cliquetis et de claquements osseux. Quelle idée de s’accoutrer pareillement. Sa grande robe était une sépulture ambulante.

Daemon se redressa, dans l’attente de son expertise. Il ne l’avait pas vu depuis la réception de la veille. Le nécromancien entra aussitôt dans le vif du sujet, expliquant qu’il avait découvert l’existence d’un obélisque d’ossement mystérieux dans la forêt, ainsi que le fait que seuls les Hommes-Pâles avaient été transformé. Il préférait enquêter sur ces sujets plutôt que de tenter une vaine réconciliation. Daemon ne signifia rien sur ce point, mais il lui en était reconnaissant de ne pas se lancer dans des négociations ennuyantes. Découvrir la vérité sur les mutations l’intéressait davantage.

« Dans la lande, un monument aussi influençait la magie des lieux. »

Puisque les Hommes-Pâles maitrisaient une magie de métamorphose, il était possible que l’obélisque eût rendu leur magie incontrôlable. Azra l’invita alors à le suivre si cela l’intéressait.

« Comme tu le vois, je suis extrêmement occupé. » fit-il en se tournant vers la fenêtre.

Le nécromancien continua donc son chemin et Daemon partit à sa poursuite avant de le perdre de vue. Ils s’introduisirent dans une bibliothèque assez sombre, éclairée par une unique fenêtre munit de barreaux et donnant sur un bureau recouvert de grimoires et de parchemins. Des bougies éteintes constellaient ses alentours et le reste des meubles entre les étagères étaient recouverts jusqu’à la moindre parcelle de rouleaux et de bibelots ésotériques. Le tout dans un fameux désordre. Talia D’Omble, la femme-oiseau et unique fille de leurs hôtes encore présente, était affairée dans le capharnaüm dont elle seule devait comprendre la logique. Elle tenta de réprimer son étonnement en les voyant arriver en leur servant un sourire poli, pour leur demander s’ils cherchaient la sortie du manoir.

Azraël venait la questionner au sujet de ce qu’il avait évoqué plus tôt. Il se présenta comme un ami de Kiyoheiki, le semi-shaakt qui leur avait demandé de l’aide par la pierre de communication, même si Talia devait bien savoir à qui elle avait affaire. Il parla de l’obélisque et évoqua la présence d’inscriptions mystérieuses.

La femme-oiseau ne savait pas grand-chose sur le monument, qui semblait apparemment récent, et qui selon ses dires serait apparu à l’époque de l’éveil des titans. Aussitôt le nécromancien s’épancha en corrélations, mettant en lien cette concordance de date avec son expérience dans la Lande Tanathéenne.

Daemon partageait son avis, mais il le laissa abreuver Talia de questions et entreprit de faire quelques pas pour examiner les rayonnages et feuilleter un ouvrage.

La femme oiseau restait sceptique envers les suppositions d’Azra. Elle prétextait ne pas voir le rapport entre les titans et la guerre qui menaçait la région. Azra lui expliqua donc que s’ils pouvaient neutraliser la malédiction, le conflit pouvait être évité. Mais elle restait encore hermétique à cette idée. Le changement d’apparence avait été difficile à accepter, mais il faisait partie intégrante de leur identité. Elle accusait essentiellement les préjugés envers ce qui était différent, convaincue que le conflit allait se résoudre en dépassant les apparences.

« HAHAHAHAHAAHA ! »

Daemon émit un rire puissant en refermant le grimoire, avant de s’arrêter brutalement, les yeux écarquillés vers le sol.

« Vous êtes bien égoïste de renier l’importance de votre mutation, alors qu’elle est à l’origine de l’embrasement de votre pays et du déchirement de votre famille. Tout le monde n’a pas votre finesse d’esprit sur ce conflit. »

Il parlait d’une voix monocorde, très attentif à la réaction de la femme-oiseau, qui ne se fit pas attendre. Elle darda aussitôt un regard noir dans sa direction.

« Pour revenir à votre obélisque, comme le disait mon compère, s’il s’avère qu’il a émergé au moment de l’éveil des titans, alors c’est inévitable : il est la source du problème. Le pouvoir des titans se répand dans la terre et des résurgences du Chaos d’Ethel’Ar sortent un peu partout. Elles influent sur la magie des régions. Sur votre magie. Il suffirait donc de détruire cet obélisque pour mettre fin à la guerre. »

Il se garda cependant d’ajouter que si le monument était semblable à celui de la lande, il était de facto indestructible. Mais si une personne avait connaissance de ce que dissimulaient les écritures de l’obélisque, ainsi que sa réelle nature, c’était probablement cette femme-oiseau. Pour une concernée qui se voulait érudite, elle manifestait un cruel manque d’intérêt.

« Ça ne nous coûte rien d’essayer. Briser la malédiction résoudrait bon nombre de choses, non ? »

Mais Talia D’Omble refusait de l’entendre. La source du problème avait été identifié et elle se contentait de rouler des yeux avec un air méprisant, en arguant que même s’ils retrouvaient leur apparence humaine, les rancunes persisteraient. Elle ne voulait pas briser la malédiction, mais changer les mentalités. Daemon comprenait son point de vue, mais il ne put réprimer son agacement. À être trop idéaliste, elle manquait de pragmatisme. La réalité ce n’était pas ça.

« J’ai assez vécu pour voir que différence engendre haine. Je suis un semi-shaakt, issu d’une lignée de bâtards. Les elfes me rejettent comme un pestiféré et les hommes se méfient de mon ascendance… Je n’ai aucun peuple, ni identité, si ce n’est ma dévotion envers mon dieu.

J’entends vos beaux principes. Les hommes ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas. J’entends que les querelles pourraient être résolue avec sagesse, si chaque camp apprenait à se connaître. Mais pour combien de temps ? Par le monde, il y a beaucoup plus de couillons que d’hommes. La bêtise émergera de nouveau et le conflit reprendra immanquablement. Supprimer l’influence des Titans, c’est détruire la source du problème. Ce conflit ne sera peut-être pas évité, puisqu’il est déjà installé, mais nous pouvons en écarter d’autres à venir. »


Mieux concerné parce qu’engendre la différence, Azra appuya les arguments du semi-elfe. Mais la femme-oiseau n’en démordait pas. Elle demanda à Daemon : s’il avait le choix de s’absoudre de sa différence, en reniant une part de son ascendance, le ferait-il réellement ? Il ouvrit la bouche pour lui répondre, mais aucun mot ne put en sorti. Elle lui avait cloué le bec ! Il grogna de contrariété en affichant une mine sombre, avant de reprendre avec mauvaise foi.

« De toute façon, ce n’est pas possible… »

Elle répondit ensuite à Azra, en prônant l’unité de son peuple, qui devait passer avant toute autre considération. Elle abandonna cependant l’idée de les convaincre, en les invitant à suivre les options qui leur semblaient pertinentes. Avant d’ajouter qu’ils étaient des héros, pas comme elle…

« Nous n’avons rien de héros… »

Il se tourna ensuite vers son compère.

« Abandonnons-nous l’idée de lire ces glyphes au profit de la simple destruction de l’obélisque ? Nous devrions réclamer au seigneur D’Omble des hommes, des masses et des burins pour effectuer ce travail. »

Il adressa ensuite un sourire de serpent à Talia.

« Je n’ai pas été totalement franc avec vous. Nous n’avons pas pu détruire le monolithe de la Lande Tanathéenne. Tout ce qui s’apparente aux titans est empreint d’un formidable pouvoir, qui nous dépasse de très loin. Cependant, comme je le disais, cela ne nous coûte rien d’essayer. »

Mais Azra se contenta de hausser les épaules, il préférait étudier le monument avant d’essayer de le détruire. Daemon n’apprécia pas qu’il n’abonde pas dans son sens et Talia finit de le fâcher en ajoutant que son père était un homme modeste, qu’il n’avait pas d’hommes à lui céder. Il porta un regard circulaire en songeant au manoir, en se demandant si elle ne se moquait pas de lui. Elle reprit en annonçant que l’obélisque était un symbole pour les siens, un tabou presque religieux, que personne n’osait approcher.

« Ben voyons. Voilà qu’ils adorent la cause de leur décadence ! »

Il bouillonna quelques instants, avant de sortir en trombe de la bibliothèque.

« Puisque votre père n’a pas les hommes requis, je m’en vais directement les réclamer à la reine. Je vais te résoudre cette satanée guerre à coup de pioche ! »

Talia paraissait furieuse et lui adressa un regard noir avant qu'il ne franchisse l'ouverture. Azra le suivit dans le couloir et l’attrapa par l’épaule, pour lui signifier qu’avant de se mettre à dos l’ensemble du peuple, ils devaient confirmer leurs soupçons. Daemon repoussa sa main d’un geste brusque, avant de rétorquer :

« Ne t’inquiète pas pour ça. Le peuple est bien trop occupé à s’entredéchirer. Je m’en vais trouver l’aval de l’altesse pleurnicharde, ainsi que les moyens pour mener une excavation. C’est la meilleure option que nous avons. De ton côté, trouve une solution pour déchiffrer ces symboles. Tu te charges de la compréhension, moi de la destruction. Je te contacte avec la pierre de communication lorsque je suis prêt. »


- 2000 mots -
(((Citations : François Rabelais – « Pantagruel » et Stendhal – « Le rouge et le noir »
Daemon se dirige vers le palais pour rencontrer la reine.)))

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Ven 24 Nov 2017 23:54 
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Mes pas me conduisent à la salle à manger où Dame Elisa et Ser Khar'Tar sont attablés devant un reste de collation. L'endroit est désert à part eux, mais l'atmosphère n'en reste pas moins agréable. Nos hôtes tournent vers moi un regard reconnaissant, bien que je ne parvienne pas à en déterminer la raison exacte. Est-ce parce que je me conduis en invité digne ? Parce que j'ai fait venir d'autres aventuriers ici malgré leurs affaires peut-être déjà en cours ? Je ne saurais le dire, mais ne cherche pas non plus à le savoir.

Bien vite, le maître de maison me demande mon opinion sur la situation, et surtout concernant les aventuriers qui ont répondu à mon appel. Malgré moi, je sens mon regard dévier un instant avant de faire connaître mes pensées.

"En toute sincérité, mon ami, je suis des plus perplexe. J'ai foi en certains d'entre eux, mais d'autres me sont trop étrangers ou ont déjà fait preuve d'une trop grande instabilité pour que je leur accorde ma confiance."

Je croise pensivement les bras, avisant les alentours pour débusquer de possibles oreilles indiscrètes avant de poursuivre, doucement.

"Leur présence a déjà apporté son lot de changements. La jeune fille, Yurlungur, m'a appris que le Trio d'Arothiir était prévenu de la situation et risque fort de chercher à l'influencer en sa faveur. Elle m'a demandé d'agir comme si nous ne la connaissions pas, afin de débusquer de potentiels agents."

La réaction du Pâle ne se fait pas attendre. Son regard se fait rond et son ton dénote une grande contrariété. Les "harpies" d'Arothiir pourraient profiter du chaos pour frapper à leur avantage et déposséder la Reine du pouvoir qui lui reste. Un but évident : régner en maîtresses des Pâles. Je n'en dis mot, mais j'approuve la conclusion du maître de maison. Toutefois, mes pensées vont plus loin. Si le Trio agit en ce sens, les Pâles d'Andel'Ys ne resteront pas sans réagir. Ils en seraient quittes pour une deuxième guerre civile, capable de faire s'effondrer ce peuple pour de bon. C'est une peur qui me taraude, mais je sais que partager une crainte de cette ampleur ne ferait qu'inquiéter en vain. Si nous parvenons à régler la situation, alors cette tragique suite d'événements n'aura pas lieu.

Mon engagement envers la jeune humaine rempli, j'inspire lentement puis reprends la parole.

"Je n'ai croisé que peu de yuiméniens, d'ailleurs. Vous ont-ils fait part de leurs intentions ?"

Visiblement, la coopération n'est pas le fort de ceux que j'ai contacté, car plusieurs d'entre eux sont partis sans rien dévoiler de leurs plans. Je peux constater l'appréhension du père de Talia tandis qu'il m'apprend que certains ont rallié la forêt et d'autre la cité. Avoir les pierres de vision pour communiquer ne me rassure que peu. Qu'ont donc les autres derrière la tête ? Je doute qu'ils veuillent réduire à néant le camp des Carnivores. Pas après avoir certainement perçu que ces derniers sont les plus lésés dans cette histoire. J'aimerais que mes amis ynoriens soient de la partie. Avec eux, au moins, j'aurai pu avoir un appui fiable.

Refusant de causer plus de tracas que nécessaire ainsi que risquer de ruiner le calme et la paix de la pièce, je prends le parti de changer un peu de sujet.

"La voie à suivre semble plus trouble encore, mais puisque peu semblent l'avoir fait, je vous offre mes remerciements. Choisir de rester neutre est une position peu agréable en ces temps troublés."

J'effectue une salutation destinée à appuyer mes mots de gratitude avant de continuer. Il est temps que je me penche effectivement sur mes possibilités.

"Croyez-vous possible que d'autres partisans d'une réconciliation se trouvent encore dans la cité ?"

À ma question, le Ser D'Omble hausse les épaules. Choisir la réconciliation est une voie plus engagée que la simple neutralité, et si des Pâles aussi bien Carnivores que Végétariens partagent nos idées, ils ne pourront l'exprimer s'ils sont parmi leurs pairs. Il faudrait donc les isoler des autres. Cela risque de ne pas être une tâche aisée, et à la pensée j'esquisse un sourire.

"Certes, mais cela vaut la peine d'essayer. La crainte d'être sans pairs pousse de nombreuses voix à se taire. Je pense à... Ceux qui sont revenus de l'assaut, par exemple. Peut-être leurs convictions seront-elles moins fortes à présent."

Mon interlocuteur parait un peu dubitatif à mes paroles. Il me rappelle à raison que ces Végétariens autrefois prisonniers de Bortë-a-Tchino faisaient partie des plus vindicatifs. Il doute que l'on puisse espérer quoi que ce soit d'eux, mais sans en être sûr. C'est cet instant précis qui ravive mon espoir. Rien n'est écrit concernant les cœurs des Pâles. Si ne serait-ce qu'un seul d'entre eux peut ouvrir les yeux et nous épauler, ce sera déjà un grand pas en avant. De fil en aiguille, leur adhésion pourrait en entrainer d'autres. Aller à leur rencontre serait une piste à ne pas négliger. Échangeant un court moment avec mon hôte, j'en viens à comprendre qu'il ne peut pas m'aiguiller davantage.

Petit temps de réflexion puis signe de tête tandis que j'expose une pensée.

"Certes. Et l'absence d'un représentant des Végétariens est un handicap supplémentaire..."

Mon poing monte à mes lèvres closes. Je suis pratiquement certain de ne pas pouvoir inciter ce camp à se regrouper derrière une seule figure, ma position dans celui de la neutralité engagée doit déjà être connue. Cela compromet d'office ma parole au sein des habitants de Treeof. Si le "traître" que je suis expose une idée, elle sera rejetée quasiment à coup sûr. Peut-être pourrai-je en parler à un yuiménien resté dans la cité plus tard.

Un léger souffle m'échappe, que je masque vite par un remerciement pour sa précieuse opinion. Mon assurance vacille quelque peu tandis que mes pensées se tournent bientôt vers quelqu'un d'autre.

"Avant de prendre congé de vous, sauriez-vous me dire si... Où puis-je trouver votre fille ? Je ne l'ai pas encore... Saluée... Ce matin."

L'homme réfléchit un court instant avant de m'indiquer la bibliothèque. Si l'imaginer parmi ses ouvrages manque de me tirer un sourire, entendre qu'elle est certainement contrariée par la présence de tant d'étrangers me fait m'assombrir. Non seulement je ne l'ai pas encore saluée, mais la présence de tant de personnes en sa demeure est de mon fait. Une petite angoisse pique mon sternum, et j'ai du mal à m'en défaire.

"Oh. Je m'en vais donc la trouver de ce pas. Merci encore, à tous deux."

Mon buste s'incline légèrement, je fais deux pas en arrière et prends la direction de la bibliothèque. Le Lord Azra devait demander conseil à la charmante Pâle. J'espère qu'il n'a pas commis quelque impair à son endroit. L'ayant incité à aller à la rencontre de Talia, cela ferait une troisième chose désagréable dont je devrais endosser la responsabilité.

Je n'apprécie déjà pas de la savoir contrariée, mais imaginer qu'elle pourrait me prendre en grippe pour cela me chagrine bien davantage.




(1 160 mots)

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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 2 Déc 2017 03:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 25 Nov 2017 12:11 
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Manoir D’Omble – 10h30 (Kiyoheïki).

    Kiyoheïki ne tarda pas à rejoindre Talia dans la bibliothèque de la maison familiale, dans un état de désordre signifiant son utilisation quotidienne intense. La jeune femme-oiseau appréciait toujours autant se perdre dans les tomes anciens et légendes oubliées.

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    Mais ce n’est pas dans un livre qu’il la trouva, mais faisant face à une fenêtre, poings serrés à tel point que ses griffes longues et acérées entaillaient la chair de ses avant-bras. Lorsque le semi-elfe entra, elle tourna un instant la tête vers lui, comme pour chasser un inopportun, mais lorsqu’elle vit que c’était lui, elle se contenta de serrer les mâchoires et se tourner à nouveau vers la vitre. Après quelques secondes, elle commenta sans le regarder, amère et visiblement courroucée :

    « Le compagnon de votre ami masqué est une plaie aussi dérangeante que la guerre elle-même. »

    Le constat était balancé, sans doute exagéré par son énervement du moment. Visiblement, la conversation entre Azra, Daemon et elle-même ne s’était pas si bien passée.


Treeof – Centre ville – 10h40 (Xël, Daemon).

    Les deux hommes-bêtes se jaugèrent un instant avant que l’homme bouc ne rétorque au magicien :

    « Si je ne respectais pas cette antique famille pour tout ce qu’elle a fait pour Treeof, je traiterais volontiers ses membres de lâches : ils savent que nous, végétariens, avons raison dans notre position contre les carnivores, mais leurs enfants s’étant tous changés en bêtes assoiffées de sang, ils refusent de prendre parti dans la défense de Treeof comme ils l’auraient fait alors, avant que tout ça n’arrive. »

    Il renifla bruyamment, puis poursuivit.

    « Le jugement des carnivores ? Une nécessité. Vivriez-vous tranquille dans une cité où vous seriez l’essence même du régime alimentaire de votre voisin ? La situation n’était pas possible, et leurs revendications sur la ville totalement déplacée. Oui, un cadavre, au moins, a été retrouvé. Je l’ai vu de mes yeux : coups de griffes, gorge arrachée par des coups de dents. Le responsable est un carnivore, sans aucun doute possible. Mais ils le cachent, refusent de nous le remettre. Ils forment une coalition, et sont tous coupables. »

    C’est à cet instant que Daemon arriva du manoir, après une vingtaine de minutes de marche pressée. Pour accéder au palais de la Reine, il devait traverser la cité, afin d’atteindre le lac, et l’île sur laquelle il se juchait. Il arriva au moment où le second gardien de l’entrée, un homme cerf blanc à la ramure impressionnante répondait à Xël sur sa demande spécifique.

    « Un entrainement au bâton ? Oui, c’est possible. Mais pas pour l’heure : nous travaillons à la surveillance de la cité, et quelque chose me dit que nous n’aurons pas la paix aujourd’hui. »

    Il se tourna vers Daemon avec un regard fataliste, et lui adressa la parole.

    « Vous aussi, vous êtes un yuimenien dépêché par les D’Omble ? Que venez-vous faire ici ? »

    Apparemment, ils ne seraient pas spécifiquement les bienvenues dans l’enceinte de bois de cette cité forestière.



[Xël : 0,5 (questions) + 0,5 (bonus longueur.)
Azra : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 1 (bonus longueur).
Daemon : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 1 (bonus longueur).
Kiyoheïki : 0,5 (introspection) + 0,5 (aparté) + 1 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Dim 26 Nov 2017 14:48 
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Les deux hommes bêtes s'observent un instant avant que le bouc prenne la parole. Il déclare qu'il traiterait volontiers les D'Ombles de lâches si il ne respectait pas autant cette famille pour ce qu'elle a fait pour cette cité. J'hausse un sourcil, tandis que je termine mon croissant, curieux de savoir de quoi il peut bien s'agir. Il est convaincu que les végétariens ont raisons sur tout et met leur neutralité sur le dos des enfants D'Ombles qui se sont changés, selon lui, en bêtes assoiffés de sang. Il renifle bruyamment avant de me parler des meurtres et du jugement des carnivores. Son argument consiste à me demander si je me sentirais tranquille dans une ville où je serai la nourriture de mon voisin. J'hausse les épaules, me gardant de lui répondre qu'entre se faire dévorer ou assassiner il y avait peu de différence et que n'importe qui peut vous planter une dague dans le cœur au coin d'une ruelle et ça même dans la cité la plus sure du monde. Les gens sont mauvais par nature, qu'importe le régime alimentaire.
Après qu'il m'ait décrit le cadavre griffé et égorgé je lui demande:

"Pas de morceaux dévorés ? Plutôt étonnant venant de la part d'un carnivore non ? Et j'imagine qu'avant de tous vous transformer vous mangiez parfois de la viande sans tuer personne. "

J'hausse brièvement les épaules avant de continuer.

"Et pour les Ombles, essayez de comprendre. Ils cherchent à éviter une guerre civile. Qu'auriez-vous fait si vos propres enfants étaient jugés pour un crime que d'autres ont commis ? Comment réagiriez-vous si on vous accusait d'un crime qu'un autre végétarien à commis ? Plutôt injuste non ?"

Je continue en m'adressant aux deux gardes cette fois.

"J'aimerais juste un peu enquêter sur ce meurtre, réfléchissez-y, vous risquez peut être de vous entre tuer sur un malentendu. "

Je reste amical, m'exprimant sur un ton cordial, ne souhaitant pas me montrer désagréable. Un autre Yuimenien s'approche, un type pâle et étrange que je ne reconnais pas. Je sais juste qu'il accompagnait Azra hier soir.

Je réponds alors au cerf qui accepterait éventuellement de m'aider mais pas pour l'heure, trop occupé à surveiller la cité.

"Pas de problèmes, je comprends ! " Dis-je en souriant. "Dites-moi où et quand vous retrouver. Pouvez-vous aussi me dire où a eu lieu ce meurtre ?"

Ce jugement hâtif est vraiment étrange. J'ignore pourquoi j'ai tant l'impression que quelque chose ne tourne pas rond dans cette histoire mais je suis bien décidé à le découvrir. Si les carnivores sont victimes d’un mauvais jugement, la cité toute entière doit être au courant et les laisser revenir auprès de leur famille avant qu’une catastrophe ne se produise. La victime avait peut-être des ennemis qui voulait se débarrasser de lui ou que c’est juste un complot pour se débarrasser des carnivores. Si je pense de telle chose c’est parce que au milieu des filous de Kendra-Kar, j’ai appris que certains n’avaient aucun scrupule à faire du mal aux autres pour leur propre intérêt.

((500 mots))

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Lun 27 Nov 2017 22:29 
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Daemon marchait depuis une vingtaine de minutes d’un pas énervé. Il ne s’était pas encore tout à fait calmé avant d’arriver en ville. Il se remémorait son accrochage avec Talia D’Omble, notamment ses derniers mots concernant les croyances autochtones. Pour parvenir à détruire l’obélisque responsable de la malédiction, il allait avoir besoin d’hommes. Cependant, s’ils étaient réticents à l’aider, cela n’allait pas le faire avancer. Sans cela, sa seule option était de trouver un mage assez puissant et téméraire pour résoudre le problème d’une déflagration.

Mais il se concentra sur son objectif : convaincre la reine. Les ignares du coin n’auraient guère le choix si leur souveraine accédait à sa demande. Il allait donc devoir faire preuve de finesse et établir une relation de confiance avec elle. Un entretien privé arrangerait ses affaires, en écartant ses conseillers qui pourraient s’avérer gêneurs.

Alors qu’il se faufilait dans les premières artères de la ville, il reconnut un yuiménien, Xël, en pleine conversation avec deux gardes victimes de la malédiction : un homme bouc avec de grandes cornes spiralées et un homme cerf, munit d’une lance et doté de bois formidables. Leur apparence originale captiva Daemon et cette attention fut réciproque lorsqu’il passa à proximité. Il put saisir des bribes de la discussion sur un entraînement au bâton, puis Xël demanda des renseignements sur le lieu du meurtre.

L’exclusion des carnivores avait été déclenché par l’assassinat d’un herbivore. Il s'y intéressait logiquement, enquêter sur cet événement pourrait mettre en lumière bien des aspects du conflit. Il lui vint alors une idée. Mais le cerf l’apostropha à son passage en lui demandant ce qu’il venait faire ici et s’il était aussi dépêché par les D’Ombles. Daemon lui adressa un regard mauvais, n’appréciant guère le ton avec lequel il l’interpellait, avant de se raviser à la vue de la lance.

« Je suis en effet engagé par les D’Ombles, mais ce n’est pas par gaieté de cœur. Enfin, être ici est toujours mieux que d’attendre la mort sur un rocher. Vous ne trouvez pas ? »

Les gardes le toisèrent d’un air circonspect, sans parvenir à définir où commençait l'insubordination.

« Je me rends au palais réclamer une entrevue avec son altesse. »

Il apprécia les hommes bêtes avec un air mielleux, avant de s’arrêter sur le voyageur. Vêtu d'une tunique très urbaine, qui jurait avec son allure de mage itinérant, le bâton à la main, dissimulé sous un bonnet de laine, l'aventurier lui adressait un regard aussi perçant qu’incrédule.

« Xël, c’est bien ça ? »

Daemon l’attrapa par l’épaule et il s’éloigna de quelques pas. Avant d'entamer ses messes basses, il adressa un regard méfiant aux autres pour s’assurer qu’ils n’écoutaient pas.

« Je t’ai entendu parler du lieu du crime. Avant de chercher de ce côté, essaye donc de retrouver le corps du malheureux. Ensuite contacte mon compère Azraël par le biais de la pierre de communication. Il se fera un plaisir d’interroger la victime. »

Il jeta un œil aux alentours, avant de reprendre plus doucement encore.

« Il va sans dire que cela reste entre nous. Si nos intentions s’ébruitent, le corps pourrait bien disparaître. Tu sais bien ce qu’on dit à ce propos : sans ossement, pas ne nécromancie ! »

Il acheva sa phrase avec un rire espiègle, avant de faire un geste de main en direction des gardes.

« Messieurs ! Je viens de me souvenir que le palais est sur le lac. L’un de vous pourrait-il m’indiquer quelle embarcation je dois emprunter pour m’y rendre ? »


- 500 mots -

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 2 Déc 2017 03:30 
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Suivant les indications de mon hôte et ami, je me dirige vers une pièce dont je sais avoir la préférence de la jeune femme Pâle. Mon regard est accueilli par le désordre témoignant de la vie quotidienne du lieu. Sur le mobilier, sur le sol et parfois même sur les sièges se trouvent rouleaux et codex ôtés de leur rangement puis laissés à l'endroit même de leur consultation. Toutefois, ce n'est pas penchée sur l'un d'eux que je retrouve celle qui m'intimide parfois plus encore que le plus terrifiant des combattants. Talia est à la fenêtre, poings si serrés que ses serres éraflent sans doute douloureusement ses avant-bras. Découvrir son dos tandis que son attention est tournée vers l'extérieur me rappelle de bien désagréables souvenirs. Ceux de nos retrouvailles sur une note d'amertume. Fort heureusement, ma sincérité et son généreux coeur sont parvenus à dépasser cet épisode fâcheux. La voir de nouveau contrariée me peine.

Un mouvement de tête dans ma direction m'offre la vision d'un visage fermé et mécontent. Pour qu'elle en vienne à poignarder du regard le premier venu, c'est que son ire ne doit pas être superficielle. Qu'a donc pu dire la liche pour la révolter à ce point ? La voir aussi remontée m'afflige, mais je me contente d'endosser le poids de sa colère au moins le temps qu'elle réalise qu'il ne s'agit que de moi. Sa mâchoire se crispe et elle me tourne le dos une nouvelle fois. Respectant son espace, je demeure à ma place en attendant un signe de sa part. De longues secondes s'écoulent. Celui qui m'est donné est un commentaire lié à la rencontre, mais pas exactement ce à quoi je m'attendais. Elle reproche au compagnon du Lord d'être une plaie aussi dérangeante que le conflit lui-même. Azra devait simplement se renseigner concernant l'obélisque et la magie de métamorphose. Qu'a-t-il bien pu se passer ?

L'abcès semblant ouvert, autant l'aider à se vider. Je fais quelques pas dans la pièce, me rapprochant du bureau en veillant à ne pas abimer le moindre ouvrage.

"Je vous sais maîtresse de vous-même, tendre amie. Qu'a donc bien pu faire cet être pour vous courroucer ainsi ?"

Une idée qui ne me serait jamais venue auparavant surgit dans mon esprit, ravivant ma propre contrariété.

"S'il a tenu des propos indignes à votre endroit, je vous jure que je..."

Subitement, la voix de ma faëra résonne dans mon crâne et brise mon élan. Réaliser que ma main était montée quasiment seule au niveau de mon torse me laisse sidéré. J'étais sur le point de tenir des propos qui ne me ressemblent pas, mon sang-froid ébranlé par l'idée que l'inconnu ait pu se comporter de façon indécente. Cela sonne comme de la jalousie, mais ce n'en est pas. Je suis simplement... Un peu trop protecteur. Talia est une femme forte qui n'a pas besoin que je la couve et en laquelle je sais pouvoir avoir confiance. Okina a raison, je suis un peu trop souvent la proie des émotions ces derniers temps.

J'avise la silhouette de Talia puis ferme les yeux doucement. Si je me sens attiré par elle et songe que ces sentiments sont réciproques, elle est encore une jeune femme libre de disposer d'elle-même. Je n'ai aucun droit de lui imposer mon ressenti, surtout maintenant. Mes prunelles violettes se posent sur la chevelure sombre tandis que ma sérénité me revient.

"Hum... Je le convaincrai de s'excuser."

J'inspire lentement pour chasser mes sombres idées et dévie mon attention sur ses plaies. Mon irritation se teinte d'inquiétude, mais je ne souhaite pas ébrécher la fierté de ma douce Talia en lui faisant la remarque. Peut-être puis-je la distraire de ce qui l'a contrarié et qu'elle me présentera d'elle-même ses blessures ? Balayant le sol du regard, je choisi un ouvrage que je ramasse et en lisse la couverture du bout des doigts.

Quelque part, j'envie les D'Omble d'être propriétaires d'un lieu comme celui-ci. Qui sait quels savoirs sont contenus dans cette pièce ? Mon oncle ne possédait qu'une poignée de documents de ce style, rangés soigneusement dans un coffret. Rien de plus.

"Vous semblez avoir consulté nombre de registres ces jours-ci. Cherchez-vous quelque chose en particulier ?"

Je lui proposerais bien mon aide en ce sens, mais je redoute de l'amener à penser que je ne me fie pas à ses connaissances ou à ses méthodes. Elle est contrariée et pourrait mal interpréter mes paroles.

Et cela, je le redoute grandement.




(744 mots)

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 2 Déc 2017 11:36 
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Treeof – Ruelle sombre – 10h50. (Xël)

    Les deux gardes finissent par laisser entrer, de mauvaise grâce, les deux aventuriers dans la cité. L’homme-cerf conclut la discussion :

    « N’essayez pas de nous faire la morale. Si la moitié de votre population avait pour nature de dévorer l’autre moitié, vous auriez vous aussi des positions extrêmes à leur égard. Le meurtre s’est passé non loin d’ici, là-bas. »

    Il désigne une direction approximative.

    « Prenez la deuxième ruelle à gauche et enfoncez-vous un peu. Mais n’espérez pas trouver grand-chose : ça fait un certain temps qu’il s’est déroulé, ce meurtre. Quant à nous entraîner… Hé bien si vous y tenez vraiment, retrouvez-moi ce soir, ici-même. »

    Xël parvient à la ruelle indiquée, s’étendant entre deux rangées de maison dans un sentier un peu boueux qui mène à un petit bosquet à l’intérieur des palissades, entourant une petite mare verdâtre, à côté d’une maisonnette aux volets clos. Le lieu semble désert.

    Image


Treeof – Palais – 11h (Daemon).

    L’homme-bouc, pendant que le cerf s’arrangeait pour les derniers détails de sa demande avec Xël, indiqua à Daemon la position de l’embarcadère le plus proche, où il pourrait se servir d’une barcasse en libre-service, du moment qu’il la remettait à sa place une fois qu’il aurait remis pied à terre. Il le laissa ensuite entrer dans la cité de mauvaise grâce, sans commenter davantage.

    Daemon ne tarda pas à arriver au bord du Lac Pâle, dont nul ne savait s’il avait été nommé comme ça à cause des Hommes Pâles vivant autour, ou si ce sont les Hommes Pâles qui tenaient leur nom du lac. Au milieu des flots, sur un ilot non loin de la cité se dressait un castel digne des contes de fées : de hautes tours blanches aux toits pointus, des murs d’enceinte renforcés. En sus de sa position sur cet ilot ne contenant que lui, ça en faisait une place forte véritablement difficile à prendre.

    Image


    Il traversa les flots calmes et brumeux du Lac jusqu’à se retrouver en bas du castel, près d’une monté pavée se dirigeant vers les portes. Ce qui le frappa le plus fut, sans doute, l’absence totale de gardes dans les environs. Lorsqu’il arriva dans la Cour de l’endroit, il vit l’ancien gouverneur Astidenix faire les cent-pas dans celle-ci. Lorsqu’il aperçut Daemon, il s’arrêta et, d’un air soupçonneux, apostropha ce dernier.

    « Vous êtes un ami du ser Kiyoheïki, c’est bien cela ? »

    Puis, maugréa.

    « Oui. Bien sûr que vous l’êtes. Qui d’autre viendrait ici, sinon… Que cherchez-vous en cet endroit, ser ? »

    [Aparté possible]



Manoir D’Omble – 10h40 (Kiyoheïki).

    Face aux hésitations ostensibles de Kiyoheïki, Talia finit par se retourner et poser un regard tendre sur son aimé. Elle lui saisit doucement le poignet en le fixant de ses yeux repentissants.

    « Je suis désolée que vous me voyiez ainsi. Vous ne méritez pas ces revers émotionnels, vous qui faites tant pour mon peuple, pour ma famille, pour moi. »

    Elle revint un instant sur la raison de son ire.

    « Ce dénommé Daemon n’a juste aucun sens commun. Il juge sans connaître, conclut sans savoir. Il s’est montré insultant à l’égard des nôtres, mon aimé. J’ai réagi avec démesure. La pression est forte, sur moi et les miens, ces temps-ci. Pardonnez-m’en. »

    Puis, soupirant comme si elle venait de se débarrasser de quelque chose de pesant, elle questionna le semi-elfe.

    « Vous souhaitiez me voir ? »

    [Aparté possible]



[Xël : 0,5 (question) + 0,5 (bonus longueur).
Daemon : 0,5 (introspection) + 0,5 (question) + 0,5 (bonus longueur).
Kiyoheïki : 0,5 (introspection) + 0,5 (question) + 0,5 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Dim 3 Déc 2017 18:02 
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Le garçon pâle explique simplement qu'il est engagé par les D'Ombles et qu'il souhaite se rendre au palais pour parler avec la Reine. Une idée que j'aurais partagé avec lui avant mais depuis ma conversation avec Charis je suis convaincu que c'est auprès du peuple qu'il faut s'informer.

Il m'adresse la parole avant de m'emmener à l'écart pour quelques messes basses. Il me propose de retrouver le corps et de contacter son compère Azraël pour interroger la victime. Un rapide lien se tisse entre deux de mes neurones tandis qu'il me conseille de rester discret de peur que le cadavre disparaisse, rajoutant que sans ossements, pas de nécromancie. Mon cerveau s'illumine alors que je regarde mon interlocuteur avec un air ahuri. Il parle d'Azra, c'est un nécromancien, ça explique sa gueule étrange et l'étrange créature qui l'accompagnait à Fan-Ming. Moi qui pensais qu'ils étaient juste moche tous les deux. C'est une bonne idée, un peu étrange, mais une bonne idée. Je lui souris et hoche la tête, montrant que j'ai compris. Interroger directement la victime permettrait de savoir qui est le responsable et même, peut-être, de savoir pourquoi il s’est fait si sauvagement assassiné.

Nous retournons auprès des deux hommes bêtes. L’homme bouc indique à mon compatriote où trouver une embarcation pour traverser le lac tandis que l’homme cerf me rétorque de ne pas essayer de lui faire la morale. Que si la moitié de notre population voulait dévorer l’autre, nous aurions aussi des positions extrêmes. Je réponds en haussant les épaules.

" Certains n’ont pas besoin de ça… " Répondais-je presque tristement.

Il m’indique ensuite le chemin pour rejoindre la scène de crime mais ajoute de ne pas espérer trouver grand-chose. Il m’invite ensuite à le retrouver ici même ce soir pour s’entraîner. Je lui offre un sourire avant d’accepter et de prendre la direction qu’il m’a indiqué. Je pénètre dans la cité et emprunte la deuxième ruelle à gauche. M’enfonçant dans une ruelle boueuse menant à une petite mare. Le lieu semble désert. Je ne vois qu’une petite maison aux volets clos. Je m’y dirige d’un pas assuré pour frapper à la porte dans l’espoir que quelqu’un réponde et que je puisse l’interroger sur les événements qui ont eu lieu ici.

((370 mots))

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 Sujet du message: Re: Treeof
MessagePosté: Sam 9 Déc 2017 03:52 
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La jeune D'Omble finit par me faire face et m'offrir un regard tendre. Elle accompagne cela de la saisie prudente de mon poignet et s'excuse pour sa conduite envers moi. Je la laisse s'exprimer sans mot dire, l'accompagnant silencieusement dans le déroulement de ses pensées. Son expression se fait un instant plus perçante tandis qu'elle évoque le ser Daemon, origine de sa colère, car jugeant et concluant sans savoir. Il s'est montré hâtif et désobligeant envers le peuple Pâle, ce qui allié aux tensions actuelles, a fait réagir la jeune femme avec un certain débordement. Un poids semble quelque peu s'ôter de ses épaules au soupir qu'elle pousse. Elle ramène le sujet à ma présence, questionnant les raisons pour lesquelles je suis venu la trouver.

J'élève lentement la main de la jeune femme à mon visage, lui rendant hommage en premier lieu.

"Nul n'est à l'abri de ses émotions en ces temps troublés. Il serait hypocrite de ma part de juger votre attitude, chère Talia."

J'avise la pièce un instant puis reprends.

"Je venais vous saluer avant de sortir à mon tour, mener une petite enquête. Et je vois que vous avez été occupée également de votre côté. Êtes-vous à la recherche d'une chose précise ?"

Après avoir avisé comme moi le côté désordonné des lieux, mon interlocutrice m'apprend avoir effectivement été en quête de réponses concernant son peuple. En particulier les origines, pour savoir si les Pâles sont humains ou hybrides d'animaux, ont toujours été dépossédés de magie ou s'ils sont bel et bien sous le joug d'une malédiction. En vain, semble-t-il. Retracer l'histoire d'un peuple est une tâche colossale, et je ne peux qu'être admiratif devant les efforts déployés par la damoiselle D'Omble.

Je songe à ce que la Reine m'a dit autrefois, et il est vrai qu'être contraintes d'utiliser le sang des hommes afin de se métamorphoser en femmes-harpies est une étrange condition. Bien des questions peuvent se poser en ce sens, et je ne doute pas que Talia l'a déjà fait maintes fois. J'évoque la possibilité d'en parler à Sa Majesté ou de consulter les archives dont elle dispose peut-être, mais cette piste est écartée assez rapidement. Seule la mémoire de la Reine pourrait être mise à contribution, car les rares archives Pâles sont détenues par les D'Omble. Ma tendre amie me fait bien vite part du côté peu fiable de ces écrits, car légendes approximatives. Ce peuple de mes amis est davantage guerrier qu'historien.

Je comprends l'impasse dans laquelle la jeune femme se trouve, mais ne parviens pas à proposer de solutions. J'ai beau y réfléchir, ma culture d'Aliaénon est trop lacunaire pour que je puisse suggérer pistes ou alternatives méritant que l'on s'y attarde. Les ynoriens sont là depuis trop peu de temps pour avoir des connaissances intéressantes sur les origines Pâles. Les elfes peut-être ? J'en doute également. Les deux peuples ont été en conflit suffisamment longtemps pour altérer le savoir recueilli en la défaveur de l'adversaire.

"Je vois, et je doute qu'un peuple extérieur ait davantage de réponses... Maintenant que vous en faites la remarque, est-ce là la vocation de votre famille ? La conservation de savoirs ?"

Un sourire se dessine sur les traits de la belle damoiselle tandis qu'elle me confirme que tout cela a davantage trait à ses propres passions. Sa famille a la charge de protéger le peuple Pâle et de défendre la cité de Treeof, que ce soit par les actes ou le savoir. C'est là une noble tâche que je ne peux que respecter, moi ardent défenseur des ynoriens, et qui me fait sourire de façon compréhensive puis incliner la tête pour marquer mon approbation. C'est une thématique qui me parle, mais je redoute de raviver le sérieux de la situation en poursuivant sur le sujet.

Mon choix se reporte en conséquence sur ses travaux. Elle a du rencontrer bien des faits au cours de ses recherches, romancés ou non. Ma curiosité me pousse donc à lui demander jusqu'où elle est parvenue à remonter. Elle roule des yeux en confirmant le côté romancé de la plupart des écrits, avant de me raconter quelque chose qu'elle-même estime douteux, concernant l'origine des Pâles. Une déesse du passé aurait dévoré vivants trois valeureux et vertueux guerriers de son époque. La chair des hommes absorbés aurait grandit en elle, au point de finir par donner naissance à trois entités mi-femmes, mi-démons. L'aînée appelée Esh d'Aurum serait l'ancêtre des trois soeurs d'Arothiir. La suivante, Elisha d'Argentar, l’aïeule de la Reine. Quant à la dernière, dont le nom a été perdu, elle serait la mère de la famille d'Omble.

Son expression rêveuse de l'instant est rapidement supplantée par un retour au sérieux tandis qu'elle m'affirme que s'il y a la moindre once de vérité là-dedans, elle veut bien être bannie de la cité. J'ai juste le temps de masquer mon sourire derrière mon poing à sa réaction.

"Il est vrai que les légendes sur les divinités font la part belle à l'exagération. Il est d'ailleurs intéressant que ce soit la lignée d'Argentar qui m'ait été présentée comme la plus puissante, alors que seconde dans les origines. Je comprends aisément votre fascination pour ces récits. Ils donnent envie d'en savoir davantage."

L'ire de ma tendre amie semble dissipée. À la place, je décèle un certain enthousiasme pour le sujet. Sentiment tempéré par le fait que la société Pâle a tendance à ne s'enorgueillir que de faits passés ne remontant pas plus loin qu'une vie. Elle me cite en exemple le fidèle bras droit de Sa Majesté, le Général Astidenix. Elle le décrit comme n'étant ni le plus fort ou brillant des chefs militaires de l'époque, mais celui qui a survécu à la guerre contre les elfes. En conséquence, les Pâles en gardent le souvenir et l'homme se plie à ce devoir, y compris lorsqu'il protège la Reine. Un lourd fardeau, en somme. Je comprends mieux les réactions des Végétariens et des Carnivores si les Pâles n'ont pas pour habitude de garder trace des erreurs et gloires passées, bases rapidement enseignées en Ynorie car permettant d'en tirer sentiment d'unité et force.

Talia change de sujet pour me parler de leur Reine et de sa lignée. Si celle-ci est la plus puissante, c'est parce que l'aînée est traîtresse. Je perçois immédiatement une pointe de frustration dans la voix de mon interlocutrice. Elle n'a pas réussi à mettre la main sur le moindre ouvrage concernant la légende de cette trahison, et envisage que des bribes d'information pourraient se trouver à Arothiir. J'émets des doutes quant à la possibilité qu'un document risquant de saper la force de la Trinité soit ainsi laissé à disposition. Toutefois, la jeune érudite écarte rapidement cette crainte. Le Trio est Pâle. Ainsi, lui non plus n'y accorde guère d'intérêt car focalisé sur son pouvoir présent.

Je hoche la tête, confiant dans le fait que Talia connaisse mieux la façon de réfléchir des dirigeantes d'Arothiir que moi. Si l'opportunité se présente un jour, peut-être pourrai-je me rendre une nouvelle fois dans la cité productrice de thiir et trouver un exemplaire. Mais pour l'heure, j'ai d'autres sujets de préoccupation.

"Vous avez encore beaucoup à m'enseigner sur les vôtres, tendre amie. Puissions-nous avoir bientôt assez de temps pour cela."

Mon regard avise brièvement la fenêtre, estimant l'avancée de la matinée, puis se reporte sur Talia.

"Dans ce but, il va me falloir sous peu prendre congé de vous. À regrets."

Compréhensive, elle hoche la tête. Elle fait ensuite quelque chose qui me déstabilise. Au beau milieu de sa phrase affirmant son soutien, elle abandonne le distant et poli vouvoiement pour passer au tutoiement. Elle semble en être parfaitement consciente. Sa douce voix effleure mes oreilles en pointe une nouvelle fois. Je ne parviens pas à déceler toutes les intonations qui s'y nichent tant la question implicite m'obsède.

"J'espère être plus qu'une amie."

Un gracieux mouvement. Elle se penche dans ma direction et appose ses lèvres contre ma joue. Surpris, je demeure sans voix un instant. La soudaine proximité aussi bien verbale que physique me laisse désarçonné. Me reviennent en mémoire les souvenirs de cette soirée passée en sa compagnie, de ce repos à ses côtés dans sa chambre. De cet autre baiser matinal, que je lui ai donné. Un battement de cœur plus brutal me fait recouvrir mes sens. Je prends ses mains dans les miennes et lève mon regard violet vers elle.

"Ne doutez... Ne doute plus, Talia. Je... hum..."

Mes mots me trahissent. Je sais ce que je ressens tout en perdant mes moyens pour le décrire. Je ne veux pas qu'elle prenne cela pour une réponse négative, ou pour une méprise. Mais parler sentiments m'est une activité quasiment inconnue, surtout quand il s'agit d'inclinations. Point de paroles risquant d'être mal comprises. À la place, j'applique doucement une main de la jeune femme contre mon torse, pour qu'elle perçoive la brutalité de mon cœur en sa présence. Une agitation qu'elle a suscité.

"Il communique mieux que moi."

Je libère la main de ma charmante compagne et élève le revers de la mienne pour lui caresser la joue.

"Lorsque nous aurons mis un terme à la situation actuelle, je... Je traduirai ses paroles. Je te le promets, ma Talia."

L'audace de mes mots me frappe, échauffant mes pommettes. Je ne sais plus où me mettre tant je me sens embarrassé. Heureusement pour moi, un sourire répond à ma maladresse. Un signe de tête accompagne son encouragement afin que je me mette en route, m'offrant au sens propre une porte de sortie. Je m'incline légèrement, rive une dernière fois mon regard violet à ses magnifiques prunelles, puis fais volte-face. Jamais je n'ai été aussi conscient de ma façon de marcher ni attentif au moindre ouvrage posé au sol. Mon embarras est déjà assez présent, inutile de me rendre ridicule par une chute maladroite.

Pendant les longs instants où j'arpente la maison en direction de la sortie, le nom de Talia résonne dans mon crâne. J'effleure ma pommette, affligé et perturbé de la sentir aussi chaude. Je songe davantage à elle en cet instant qu'en sa présence. Présence qui me manque déjà alors que je viens juste de la quitter. Jamais je n'ai connu pareil trouble. Il me faut vite me remettre au travail, concentrer ma pensée sur ma mission.

(Que... Que voulais-je faire, déjà...)

(Les survivants, mon Protégé.)

(Les... Oui, me renseigner sur les Végétariens relâchés par les Carnivores. C'est exact. Merci Okina.)

Me frottant le coin des yeux, je me mets en route vers la cité. Il me faut trouver des Végétariens susceptibles de me renseigner. J'espère qu'ils ne vont pas tous me traiter en ennemi, même si mon allégeance au camp de la réconciliation doit être connue d'une bonne partie d'entre eux.




(1 789 mots)

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 Sujet du message: Re: Treeof
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Les deux gardes les toisèrent avec méfiance, n’appréciant guère que des étrangers s’insinuent dans leurs histoires. Daemon les gratifia d’un sourire qui se voulait aimable, en apparence, et il se tourna vers Xël pour s’assurer qu’il était bien sur la même longueur d’onde. Les sourcils froncés, le jeune homme paraissait être en pleine réflexion. La lumière se fit tardivement son visage. Il venait manifestement de comprendre la réelle nature d’Azraël. Daemon fut étonné qu’il n’eut nourri aucun soupçon à son sujet, alors qu’ils se connaissaient déjà. Mais la crédulité du mage le dispensait de tout jugement de valeur et c’était finalement une bonne chose. Xël opina du chef de manière entendue, signe qu’il validait son conseil.

Ils retournèrent donc auprès des hommes-bêtes. Le cerf continua la conversation comme si elle n’avait pas été interrompue et le bouc lui indiqua l’existence d’un embarcadère où il pourrait se servir d’une barque en libre-service, à condition de la restituer après. Daemon le remercia de bonne grâce, surpris que l’accès au château soit aussi simple et finalement peu rancunier envers son hostilité. Dans une période pareille, il était normal que les protecteurs de la cité fussent sur les nerfs.

Il trouva sans peine l’endroit indiqué. C’était un modeste ponton en bois qui s’étirait sur l’étendue d’eau calme, où se reflétaient les grandes tours blanches du castel. Les fortifications bâties sur les à-pics des roches qui composaient le frêle îlot en faisaient une place forte particulièrement coriace. Daemon avait vaguement entendu parler d’une ancienne rancune avec les elfes, une longue guerre que les hommes-pâles auraient menée, et il n'aurait pas été étonné d’apprendre que plus d’une armée fussent brisé sous les remparts de ce château.

Il sauta à pieds joints sur l’esquif amarré, avant de ne s’armer que d’une rame sur les deux, pour godiller tranquillement sur l’onde chatoyante. Une fois arrivé au pied des contreforts, il tira la barque sur le rivage. Les portes du château étaient ouvertes et l’absence de soldats stationnés donnait à l’endroit un air abandonné. Il s’introduisit dans l’enceinte, elle aussi déserte à l’exception d’un homme qui faisait les cent pas. Il le reconnut sans mal, avec son armure et son crâne dégarni.

Le garde du corps de la reine, Astidenix, arrêta sa marche solitaire quand il s’aperçut de sa présence. Il l’apostropha d’un air soupçonneux en lui demandant s’il était un ami de Kiyoheïki, puis il grommela, avec abattement, en se disant à lui-même qu’il ne voyait pas qui d’autre aurait eu l’initiative de venir. Sa remarque et son état d’hébétude laissèrent le semi-elfe sur sa réserve. Il ne connaissait pas grand-chose aux places fortes, mais il les imaginait mues d’une certaine agitation. Les homme-pâles avaient-ils délaissé leur reine pour s’adonner à leurs querelles intestines ? Tout ceci ne lui disait rien qui vaille.

« Ser Astidenix. Je me nomme Daemon, un envoyé des D’Ombles, en effet. Vous paraissez préoccupé. »

Il le salua d’un signe de tête, avant de considérer les alentours. La lumière du matin n’atteignait pas le fond de la cour, fraiche et ombragée, qui paraissait toujours dépeuplée.

« Je m’attendais à rencontrer plus de gardes en venant ici. Votre reine ne doit pas avoir beaucoup d’ennemis... Je viens lui demander une entrevue. Nous pensons avoir identifié l’origine de la malédiction qui pèse sur Treeof et j’aimerais demander l’aval de votre altesse, ainsi que des hommes, pour essayer de la contrecarrer. »


- 500 mots -

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