L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 3 Avr 2013 09:01 
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Herboristerie locale


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Située dans une ruelle du quartier le plus au sud-ouest d'Oranan, cette petite boutique n'affiche sa vocation qu'au moyen d'un panneau proche de son entrée. Modeste et de style typiquement Ynorien, elle propose des remèdes à base de plantes, mais sert également de devanture à une demeure humble.

De plein-pied, l'habitation est de taille moyenne, ne comportant que cinq pièces : une arrière-boutique, une chambre, une salle d'eau, une pièce à vivre, et un débarras. Elles sont fermées par des portes coulissantes, et séparées par un couloir. Le débarras possède une sortie donnant sur un jardinet caché des rues par les murs des constructions mitoyennes.

Rendue assez sombre à cause de sa position entre deux bâtisses plus hautes, la propriété n'est pourtant jamais plongée dans le noir grâce aux diverses lampes rondes présentes un peu partout.

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Quatrinette pour les intimes, n'hésitez pas à poser des questions, je suis là pour y répondre ;)
Merci à Itsvara
Et surtout, bon jeu à tous !


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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 3 Avr 2013 13:39 
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Interlude, partie 3
~1~



Le réveil est rude ce matin. Les larmes de la veille ont rendu ma tête lourde et mes paupières quelque peu gonflées, malgré le traitement que j'y ai appliqué. Le regard rivé au plafond, je songe à ma vie, à ce que je vais faire dorénavant. Sans oncle Masaya, la responsabilité de la boutique m'échoit, et je me vois mal la clore pour poursuivre des activités de milicien. Lentement, je tourne mon visage vers la forme humaine dormant sur l'autre futon à ma droite. En fin de compte, le milicien Tanigura Hidate a passé la nuit ici, contraint de le faire par la venue brutale de l'orage. Je tends mon oreille pointue, à l'affût de ce son si particulier, témoignant de la fureur des éléments. Rien ne se produit, le silence étant tout juste brisé par la respiration forte de mon camarade milicien.

Je me redresse avec lenteur, décidé à laisser Hidate se reposer. D'ailleurs, son souffle un peu rauque me fait penser qu'il a peut-être attrapé froid. Sans un bruit, je m'empare de mon yukata et sors discrètement de la chambre pour me rendre dans la pièce à vivre. Après avoir ravivé les braises du foyer, je place un récipient pour préparer de l'eau chaude. Un bref coup d'oeil en direction de la boutique m'apprend que l'aube n'est pas encore tout à fait là. J'ai donc le temps de procéder à mes ablutions. J'apprécie d'ordinaire de me sentir propre et délassé, mais ce matin le coeur n'y est pas. Je sais que je dois me montrer fort, que la perte de Masaya ne doit pas devenir un fardeau pesant sur mon quotidien, mais cela n'empêche pas ma poitrine de se serrer. Comme je le redoutais, tout ici me rappelle mon parent décédé. Vivement, mes mains s'emparent d'un seau d'eau froide que je me renverse en partie sur le crâne. J'en frissonne, mais le choc est suffisamment important pour chasser mes mauvaises pensées, du moins pour le moment.

De retour dans la pièce à vivre, revêtu de mon yukata bleu sombre et ma chevelure mi-longue quasiment sèche, je suis surpris de voir le grand humain assis sur un coussin. Un bref instant, il me rappelle mon parent. Je me souviens alors que c'est moi qui lui ai prêté un yukata marron de Masaya, afin qu'il puisse se sentir plus à l'aise que dans sa tenue cérémonielle. Silencieux, les yeux sombres du géant humain n'en sont pas pour autant inexpressifs. Il hoche même doucement la tête, puis se tourne juste assez pour attiser les flammes.

C'est sans une parole que nous prenons de quoi remplir nos estomacs. Etrangement, je ne suis pas gêné par cette absence de sons, la présence de Hidate se suffisant à elle-même. Il décide de rester encore un peu, lorsque je mentionne devoir faire un brin de ménage dans l'habitation. Avec son aide, je commence même à faire le tri dans les affaires de mon parent. Mes mains tremblent encore, mais le chagrin de la veille demeure en moi. J'ai suffisamment pleuré ou je tente du moins de m'en convaincre.
Je doute cependant que le débarras soit le meilleur endroit pour entreposer ces biens. D'ailleurs, je n'y suis que rarement allé seul. Peut-être me faudra-t'il envisager de vendre ou d'offrir ses possessions.

Alors que je tends à bout de bras l'un des habits de mon parent, mon attention est attirée par de vifs coups portés à l'entrée de la boutique. Reposant l'objet, je m'y hâte. Les habitués ont beau savoir que Masaya n'est plus, cela peut aussi bien être une urgence. Après avoir fait jouer la clé dans la serrure, j'ouvre, pour découvrir deux silhouettes connues. J'identifie sans peine les miliciennes Uzuuma Akiko et Nawakura Ayame. La première m'offre un sourire compatissant. Cela fait plusieurs semaines que je ne l'ai pas vue, mais je l'ai reconnu au premier coup d'oeil. Toujours aussi ynorienne, dotée d'une longue chevelure détachée cette fois-ci, elle arbore une armure d'un ton rouge sanguin.

"Bonjour débutant. Enfin, ce n'est plus vraiment le cas, instructeur d'Esh Elvohk."

Je fais un petit signe de tête positif puis reporte mon attention sur la jeune humaine, fiancée de mon ami Uzuuma Junji. Celle-ci affiche déjà les premiers signes de sa grossesse bien entamée, ce qui ne facilite apparemment pas son caractère.

"Oui, bonjour, bonjour... Et condoléances... Pour ton parent. J'le connaissais pas, mais Junji n'avait quasiment que son nom à la bouche avant son départ."

Lentement, j'offre un léger sourire de gratitude à la milicienne. Je sais pertinemment qu'elle ne m'apprécie pas, et pourtant elle semble sincère. D'un geste, je les invite à entrer, les découvrant surprises de voir le géant apparaitre dans le couloir. En quelques minutes, j'ai rallumé les lanternes rondes, éclairant l'habitation. Notre quatuor se retrouve dans la pièce à vivre, à partager un thé ynorien. Après avoir échangé quelque mots avec le milicien, Akiko se décide à aborder un sujet plus sérieux, non sans avoir laissé son regard peser longuement sur la future mère.

"Je sais que le moment n'est pas des plus adéquats, mais j'ai une requête à formuler, Kiyoheiki."

Ayame détourne la tête, chassant toute cette politesse du revers de la main.

"Pas la peine de faire autant de cérémonie, cousine Akiko..."

Un bref regard autoritaire de la milicienne plus âgée met fin au petit acte rebelle de la promise. Elle pousse un souffle agacé, puis rive son regard dans le mien.

"Il se trouve que cette tête de bourrique a réussi l'exploit de faire perdre patience à son supérieur. En conséquence, elle ne peut plus œuvrer à la milice avant d'avoir mis son enfant au monde."

"Tout ça pour un peu d'encre renversée..."

"Et employée pour redécorer les murs, sans oublier des rapports importants. Tu as eu de la chance que cela ne soit qu'une suspension, Ayame... Pour en revenir à ma requête, j'aimerais que tu l'héberges."

J'incline légèrement la tête, interrogeant mon interlocutrice du regard. Même Hidate hausse légèrement les épaules. Malgré son faciès stoïque, je devine son intérêt pour ce qui se passe. Il m'envoie d'ailleurs un regard intrigué, sans doute reflet du mien. Conservant mon silence, je reprends une gorgée de mon breuvage chaud, l'incitant à poursuivre. Je suis toutefois surpris de la conduite décrite par Akiko. J'ai beau ne pas porter Ayame dans mon cœur, chose réciproque, je ne comprends pas ce qui a pu lui passer par la tête. Elle a beau sembler avoir quelques soucis de sociabilité, de là à compromettre le travail de camarades miliciens, cela ne lui ressemble pas.

Il a certainement du se passer quelque chose, mais je me retiens de poser la moindre question.

"Je vais être envoyée en mission longue, et le futur nid de nos jeunes tourtereaux est loin d'être bon pour sa condit..."

Akiko est brutalement interrompue par sa voisine.

"Pour faire court, j'ai besoin d'un toit et tu as de la place."

Hidate lui lance un regard appuyé tandis qu'une petite pointe douloureuse s'enfonce dans mon torse. J'ai beau comprendre sa démarche, sa façon de le dire est loin d'être agréable. L'embarras causé est visible sur le faciès de la milicienne plus âgée, qui semble s'inquiéter d'un refus catégorique de ma part. J'inspire puis souffle lentement.

"C'est vrai, l'endroit est vide à présent."

Je jette un coup d'oeil sur les étagères proches, vers Hidate dont le regard sombre indique une idée identique à la mienne, puis reporte mon attention sur la future mère.

"J'ai une proposition à te faire Nawakura, qui pourrait régler nos problèmes à tous deux."

Son jeune visage d'oranienne s'assombrit un peu, mais elle se garde de faire un commentaire.

"Junji nous a expliqué que votre future habitation a besoin de réparations, donc il te faut un revenu stable pour y participer. Et cela semble compromis."

"N'en rajoute pas..."

J'esquisse un bref sourire compréhensif puis enchaine.

"Faisons simple. Je ne peux pas à la fois tenir la boutique et accomplir mon devoir de milicien. Est-ce que cela t'intéresserait de devenir mon aide, ici, à l'herboristerie ? "

Le regard en amande de la jeune femme se rive dans le mien. Elle a beau afficher un air boudeur, elle est véritablement attentive. Du coin de l'oeil, je devine un certain appui dans l'attitude de Uzuuma Akiko.

"Je te formerai à l'élaboration et la vente de remèdes, tout en t'offrant un toit. Nous y trouverions tous deux notre compte. Tu gagnerais un salaire quotidien, sans avoir à le dépenser pour le logement ou les repas."

"Humph. Et toi, t'y gagnes quoi ?"

Je prends un court instant de réflexion, rassemblant mes idées. La perspective d'avoir quelqu'un que je connais en charge de l'endroit me rassure un peu, même si je dois au préalable être certain qu'elle sera capable d'apprendre les bases.

"L'assurance que la boutique reste ouverte, même lorsque je reprendrai du service à la milice."

Les yeux vifs de Nawakura Ayame se rivent aux miens, son visage ne trahissant qu'une certaine énergie, mais ni sentiments hostiles ni reconnaissance superflue. Toutefois, elle finit par s'écarter de la table basse, mettre les mains sur ses cuisses, et se pencher un peu en avant. Je me doute que ce geste doit lui être difficile, fière et indomptable comme elle l'est, ce qui me pousse à demeurer le plus impassible possible.

"J'accepte ta... Votre... Enfin, la proposition. Merci instructeur d'Esh Elvohk."

J'échange un regard entendu avec le géant silencieux. Lui-même semble surpris que son idée d'apprenti herboriste se concrétise aussi vite, et surtout de cette manière.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 19 Avr 2013 14:02, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Jeu 4 Avr 2013 19:21 
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~2~



Le thé fini, notre quatuor s'organise. Bien évidemment, même si j'accepte d'héberger la promise de Junji, la bienséance veut que nous ne dormions pas dans la même chambre. C'est d'ailleurs à son grand soulagement que je l'informe de l'existence d'un débarras, dans lequel nous nous rendons tous ensemble. La pièce est emplie d'une odeur poussiéreuse, expliquée par la présence de nombreux meubles anciens accolés aux murs, ainsi que de vieux habits. Certains objets de bois font remonter des souvenirs. Je retrouve par exemple l'étagère que j'ai autrefois cassé par accident, dont l'histoire avait amusé mes compagnons miliciens.

J'inspire doucement, me rappelant que c'était oncle Masaya qui l'avait conté. J'effleure lentement le bois, puis m'attèle à aider au déplacement des objets divers et variés trainant un peu partout. Parmi ceux-ci, je déniche une pièce d'équipement. J'ai beau fouiller dans mes souvenirs, je n'arrive pas à m'en rappeler. De quand peut-elle bien dater ? Tandis que mes compagnons s'amusent ou s'étonnent de leurs trouvailles, y compris d'une toupie décidée à s'échapper dans le couloir, j'examine l'artéfact.

Il s'agit d'un casque, dans un métal rendu sombre par la saleté. Son aspect donne une impression de résistance, et pourtant il est d'une légèreté surprenante. Rien dans sa facture ne semble indiquer une provenance de la République. Arrondi, cet étrange heaume protège les flancs du visage, laissant apparents les yeux et les lèvres. Une excroissance métallique protège l'arête du nez, mais le plus surprenant est sans aucun doute le cristal d'un blanc transparent qui orne le front. Taillé avec soin dans une forme de large losange, le minéral est incrusté dans le métal avec une certaine harmonie. Quelques arabesques, que je devine elfiques, masquent les dégâts causés par la technique.

Avec précaution, je frotte du pouce ce cristal sans coloris, esquissant vaguement un sourire.

(Je me demande si Masaya connaissait son existence.)

Penser à lui ravive ma peine. Je redoute soudain que cela se voit, aussi je tourne le dos à mes amis humains, mais c'est un phénomène tout autre qui se produit. Entre mes mains, la pierre réagit. Un mince filament, me rappelant quelque peu ma magie de lumière, établit une sorte de passerelle entre mon torse et le casque. Intrigué, je demeure méfiant, et éloigne l'objet de moi, rompant le filin lumineux. Aussitôt, la douleur morale de la perte de mon oncle me revient de plein fouet. J'en tremble un peu, mais finis heureusement par me calmer. Je hausse un sourcil, et décide de laisser momentanément de côté ce heaume, le temps de prêter main-forte à Hidate.

À mesure que nous déplaçons les meubles, la pièce se dégage, révélant même une fenêtre au volet clos. Ce n'est d'ailleurs pas la seule découverte que ce déménagement imprévu nous amène à faire.

"Tiens ? Tu étais au courant, instructeur ?"

Je fais un signe négatif du chef, aussi surpris que mes camarades de découvrir une porte, masquée par un meuble à étagères bancal. À l'image de celle de la boutique, celle-ci a des gonds, et s'ouvre vers l'intérieur du bâtiment. Quoi qu'il se trouve derrière, aucun passage n'était permis de ce côté. C'est avec précaution que Uzuuma Akiko prend les devants, la main sur la garde de son arme. Lentement, elle actionne la poignée au timbre rouillé, tirant le panneau de bois vers elle.

Un vif parfum végétal accompagne le courant d'air occasionné par le mouvement, tandis que nous découvrons un espace inconnu. Une marche de pierre sépare l'habitation du lopin de terre couvert d'herbes hautes. J'ai du mal à en croire mes yeux, mais un jardinet se trouve là, presque à l'état sauvage. Prudemment, la milicienne Uzuuma décide d'user de son arme pour tailler dans le couvert végétal. D'abord étonné que les fortes pluies n'aient pas inondé l'endroit, je m'aperçois que de petits canaux, masqués par des grilles d'argile cuites, courent le long du périmètre. À n'en pas douter, c'est leur présence qui empêche l'endroit de finir noyé. Rapidement, notre petit groupe est allé chercher de quoi protéger ses pieds de la terre humide, avant de s'engager dans l'espace.

Tandis que la milicienne s'affaire à dompter les plantes, Hidate inspecte minutieusement les murs qui entourent l'endroit. C'est vrai, il s'agit là de cloisons des bâtiments voisins. Avant que j'ai pu poser la moindre question, la future mère prend la parole.

"Alors ? À quoi penses-tu ?"

Le géant se tourne dans notre direction, et désigne un mur du revers de la main.

"Pas d'origine."

Il inspire brièvement, puis poursuit, désignant les constructions enfermant cette parcelle de terre.

"Le tout devait être une seule propriété. Et ça, le jardin d'intérieur. Je pense à un morcellement. Peut-être par héritage."

Tout en se passant le revers de la main sur le front, Akiko lance un petit rire.

"En tous cas, la porte désigne notre camarade comme propriétaire. Et une herboristerie sans son petit jardin n'en serait pas vraiment une, hum ?"

Je souris à la remarque puis opine. L'endroit va demander de l'entretien, mais nul animal ne semble avoir pris possession des lieux. À toute vitesse, mon esprit s'agite, m'amenant les images de plantes à semer à cette saison. Certes, certains endroits manquent un peu de lumière, mais qui ne risque rien n'a rien.

La matinée s'écoule, chargée d'une atmosphère agréable. En terminant le rangement du débarras, notre quatuor tombe sur du matériel de jardinage encore en état. Il n'en faut pas plus pour que le grand ynorien décide de retrousser ses manches, et de s'atteler à rendre un aspect oranien à cette parcelle de terre. Il est encouragé par la future mère, tandis qu'Akiko m'aide à trier et déplacer les objets restants vers la boutique. Il va nous falloir encore plusieurs heures pour rendre à la chambre en devenir d'Ayame sa propreté originelle.

Bientôt, pendant que le trio de miliciens discute, échangeant des possibilités d'usage de ce jardin en cours de réhabilitation, je tente de rendre au casque son aspect premier. Le métal finit par reluire sous le chiffon, et à voir mes camarades sourire et vivre chez moi, j'en ai un pincement au coeur. J'aurais aimé que mon parent voit cela, lui aussi. J'ai à peine songé à lui que ma poitrine se serre, et que le même phénomène se produit avec le cristal. Tournant ce dernier vers moi, je reste attentif à mes réactions. Petit à petit, la passerelle lumineuse se teinte d'un bleuté doux, venant emplir le losange. À mesure que la pierre change de teinte, je ressens la douleur de la perte de Papa s'amoindrir. Elle est toujours là, mais bien plus supportable.

Mû par un pressentiment, je m'efforce de penser à Masaya, à cette vie qu'il a laissé derrière lui. Le lien se renforce, le coloris ciel chassant la neutralité du minéral. D'un coup, le filament se rompt. Entre mes paumes, la pierre pulse lentement. En l'observant attentivement, j'ai l'impression d'apercevoir la silhouette de mon parent dans l'un des reflets. J'esquisse un faible sourire, puis serre ce casque contre moi.

"Kiyo' ?"

Je relève subitement la tête, l'orientant vers l'ynorien torse nu.

"Si tu veux planter... Un espace est libre."

Je pousse un souffle et souris, amusé que ce grand gaillard se prenne au jeu à ce point.

"Je vais chercher de quoi semer."

Sur ce, je tourne les talons, profitant du passage par ma chambre pour y déposer la pièce d'équipement sur le mannequin. Plus je la regarde, plus j'ai la sensation que ce cristal a repris vie, un peu comme moi, d'ailleurs.

Je me hâte ensuite dans l'arrière boutique, pointant du doigt des sacs de graines ou de bulbes soigneusement répertoriés. Jusque là, Masaya se fournissait chez des marchands de passage, ou des journaliers. Avoir une plantation propre à la boutique ne peut qu'aider à faire des économies sur les plantes courantes, et en acquérir d'autres plus coûteuses mais plus efficaces.

Malgré la disparition de Masaya, j'ai l'impression de voir un nouveau jour se lever. Et je compte bien en profiter, sans pour autant oublier à qui je dois d'être le demi-elfe que je suis.





Acquisition rp du Heaume serti d'un cristal d'âmes.

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Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 5 Avr 2013 18:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Ven 5 Avr 2013 18:22 
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~3~



Mon coeur est étrangement calme et empli d'une chaleur agréable, tandis que je prends pleinement conscience de la vie qui règne dans l'habitation. C'est peut-être temporaire, mais l'instant me fait beaucoup de bien. Hidate prend le jardinage aussi sérieusement que l'un de ses entraînements, si ce n'est plus. De leur côté, les miliciennes finissent d'arranger la future chambre d'Ayame. Maintenant que le passage vers le jardin a été découvert, je demeure quelque peu ennuyé de devoir traverser les lieux pour m'y rendre. Contre toute attente, la personne enceinte ne s'en plaint pas. Au contraire, elle m'affirme préférer pouvoir aller prendre l'air quand bon lui semble. Le problème est réglé simplement : un paravent décoré de grues en vol est placé pour délimiter le passage.

Lorsque la deuxième partie de la journée commence, Hidate et Akiko doivent prendre congé, à mon grand regret. Tous deux semblent avoir fort à faire, même s'ils ne laissent aucun détail important leur échapper. Le grand ynorien me propose tout de même de le retrouver le lendemain matin, afin de m'enseigner les bases de l'équitation. L'idée d'apprendre à monter mon immense étalon me ragaillardit. J'ai hâte, mais j'ai d'autres priorités pour le moment.

Depuis une vingtaine de minutes, la milicienne Nawakura et moi sommes dans l'arrière-boutique. J'avais presque oublié ce petit plaisir. Des étagères couvertes de plantes en tous genres, soit en gerbes soit dans des bocaux et des pots, séchées ou pas. Sans fenêtre, la pièce est éclairée par une large lanterne ronde, suspendue au plafond. La lueur n'est pas bien forte, mais elle est suffisante pour nous permettre de voir le plan de travail et les outils nécessaires aux préparations.

Tout d'abord visiblement intéressée, la jeune femme semble perdre toute motivation lorsque je lui présente les différentes plantes, et les moyens de les différencier. J'ai même l'impression de l'avoir rendue totalement confuse quand je lui demande de répéter quelque chose que je viens de lui dire, au sujet des racines de guimauve.

"N'insiste pas, je ne sais pas."

"Je viens tout juste de t'en parler."

"Mais j'ai pas besoin de savoir ça. Tu as juste à m'écrire les recettes, et c'est tout. Qui se préoccupe de savoir identifier de stupides bouts de feuilles ?"

Malgré moi, mon visage se ferme. Est-ce moi qui suis trop exigeant, et trop impatient ? Ou est-ce elle qui n'a pas la moindre envie d'apprendre ? Elle n'a pas tout à fait tort cependant, peut-être que lui enseigner la fabrication de baumes plus basiques serait un bon début. Ce serait également plus simple que d'essayer de lui faire retenir les caractéristiques de plantes, locales ou pas.

Je pousse un souffle, mais n'affiche pas plus mon état d'esprit. Prenant sur moi, je m'efforce de lui montrer la procédure pour créer un baume cicatrisant. À ma grande surprise, ses gestes d'abord timides s'affirment. En levant un peu le nez vers elle, je me rends compte de sa concentration. Peut-être fait-elle tout simplement partie de ces gens qui apprennent mieux en faisant les choses plutôt qu'en étudiant la théorie. Toutefois, après une poignée de minutes, ma jeune acolyte pose rudement le mortier sur la table et croise les bras.

À mon regard étonné, elle affiche un air ronchonneur.

"Bon, allez, j'ai compris le principe, et le pilonnage me fait mal aux mains. "

Je hausse un sourcil, observant la quantité de pulpe extraite de la plante. Lentement, je secoue la tête, plantant mon regard violet dans ses yeux sombres.

"Et ?"

"Et ? J'arrête là, ce n'est pas clair ?"

"Penses-tu vraiment qu'il soit possible de faire quelque chose d'utile avec si peu d'ingrédients ?"

"Eh, garde tes commentaires. Ce n'est pas parce c'est chez toi que tu dois me parler comme tu l'entends !"

Je m'apprête à répondre quand j'entends la porte de la boutique s'ouvrir. Une voix féminine et âgée résonne dans la salle. J'inspire profondément. L'herboristerie a beau être encore fermée, certaines personnes s'en moquent tant qu'elles trouvent la porte déverrouillée. Avant de sortir de l'arrière-boutique, j'encourage la future mère à terminer sa tâche. Je rejoins ensuite le comptoir, en prenant soin de refermer la porte coulissante du couloir derrière moi. Dans la pièce, une ynorienne âgée s'avance, l'air fier malgré son âge et sa chevelure blanche retenue en chignon. Je la reconnais immédiatement, et fais de mon mieux pour refouler mes souvenirs.

Dans son kimono aux teintes passées, elle s'avance droit dans ma direction, ses yeux sombres se rivant sur mon visage, puis ma chevelure coupée au-dessus des épaules. Elle pousse un souffle méprisant.

"Il était temps !"

"Veuillez pardonner mon absence, l'herboristerie n'est pas censée rouvrir avant quelques jours."

"Tu es toujours aussi impoli, shaakt. N'essaie pas de me faire croire que tu as assez de coeur pour que Masaya te manque. Je me demande combien de temps cette boutique va tenir le coup sans lui."

Malgré la gêne que je ressens, je m'efforce de me montrer courtois.

"Que puis-je pour vous ?"

"À ton avis ? Ne me fais pas gaspiller plus de salive, et donne-moi mon onguent pour les mains."

J'opine, me tournant vers les étagères dans mon dos. Cette ynorienne m'a toujours mis mal à l'aise, et elle ne prend même plus la peine de masquer son hostilité à mon égard. D'ordinaire, je m'arrangeais pour ne pas être dans son champ de vision, laissant mon oncle s'occuper d'elle, mais ce n'est plus possible. Tandis que j'attrape un pot, je l'entends reprendre la parole avec assurance.

"C'est sans doute la dernière fois que je viens ici. Après tout, il est hors de question que j'utilise des préparations faites de mains de shaakt ! Quelle horreur."

Je n'ai jamais compris son comportement, ni pourquoi chacune de ses paroles a le don de me blesser aussi habilement. Presque avec dédain, elle envoie une sacoche de yus sur le comptoir. Prenant un ton neutre, je fais de mon mieux pour répondre. Maintenant que j'y songe, même si elle me met mal à l'aise, je ne la redoute plus comme autrefois. Sans doute est-ce là un effet inattendu de mon intégration à la milice.

"Soyez rassurée, je forme en ce moment une apprentie. Elle est parfaitement humaine, et originaire de la République."

Son visage exprime un léger étonnement, puis ses rides se renforcent. Elle s'empare de son bien, tournant les talons.

"Ne t'avise pas de poser les mains sur elle, bête. Je les connais les gens de ta race !"

Je pousse un soupir soulagé lorsque la porte claque derrière elle. Avec lenteur, je frotte mes paupières un peu lourdes. Dans mon dos, un bruit me fait tendre une oreille vers la porte coulissante. J'aurais préféré éviter qu'une telle chose se produise, mais visiblement Zewen adore me jouer des tours.
Prenant un léger appui sur le comptoir, je m'adresse à ma colocataire.

"Combien de temps comptes-tu écouter à cette porte ?"

Un son surpris émane de l'autre côté, puis le panneau de bois glisse, révélant la future mère. Un air entre agacement et gêne peint ses traits. Elle demeure toutefois immobile, le mortier dans la main.

"Hum... Quel caractère cette vieille peau !"

"En effet."

"Et tu la laisses faire ? Tu ne réponds pas ?"

"Ce n'est pas faute d'en avoir envie, mais elle fait partie des clients réguliers. Elle a beau dire, elle a besoin de ces remèdes, raison pour laquelle elle revient toujours ici. "

"Et cela ne te fait rien ? De voir tes capacités dénigrées ? De te faire insul..."

Nawakura se tait d'elle-même, réagissant sans doute à mon air calme. Je déteste toujours autant la conduite de cette aînée, mais je n'en souffre plus autant. Gardant pour moi un commentaire mettant en parallèle sa propre façon de réagir et celle de cette patiente, je l'invite à aller se reposer, pendant que je prépare d'autres remèdes. Elle me confie le mortier, et se dirige vers sa chambre. Je la suis du regard quelques secondes, puis me dirige vers l'arrière-boutique. D'un coup, la jeune femme fait volte-face, me reprenant l'outil des mains.

À mon grand étonnement, elle s'installe de nouveau au plan de travail, visiblement décidée à pilonner des racines en quantité. Tout ce que j'obtiens comme explication de sa part est qu'elle est en proie à un trop-plein d'énergie négative, qu'elle souhaite évacuer. Tout en écrasant la plante, elle grommelle des jurons à l'encontre de l'ynorienne. Quand elle arrête, c'est pour me lancer un regard que je trouve presque compatissant. Je ne sais pas d'où viens cette soudaine bonne volonté, mais je ne compte pas m'en plaindre.

J'esquisse un sourire, venant prendre place à ses côtés. Si l'on m'avait dit que la venue de cette voisine médisante allait arranger les choses, je n'y aurais certainement pas cru.



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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Sam 8 Fév 2014 23:24 
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L'inconfort d'être resté alité trop longtemps me submerge tandis que je me réveille. Mes yeux violins scrutent le plafond rendu sombre par l'absence de lanterne allumée. Petit à petit, je recouvre mes sens et me redresse dans mon futon, portant une main engourdie à mon visage. Eprouvé par ma mission à Omyre, je me souviens tout juste de mes pas alourdis me conduisant jusqu'à ma propriété. La milicienne Nawakura Ayame n'avait, contrairement à ses habitudes, rien dit à mon retour. Elle s'était contentée de me préparer une boisson chaude et m'avait laissé m'étendre. Mes souvenirs sont un peu vagues, mais je suis certain de ne pas avoir émergé de mon état plus de deux fois, juste pour avaler une soupe épaisse.

Au moment où une certaine lassitude m'envahit, je distingue vaguement mon reflet sur le miroir en pied de ma chambre. Une trace de glaise est encore visible sur ma peau, contrastant avec mon teint de demi-shaakt. Comme s'il s'agissait d'une clé déverrouillant une lourde porte, sa simple vue fait ressurgir tout ce que j'ai vu à la Cité Noire. Les garzoks enclins aux rixes, les sektegs chamailleurs, l'arène ponctuée de traces sanguines et ce milicien que j'ai laissé derrière moi. Ce traître de Kuon avait raison. Que je choisisse d'agir ou non, cela aura des conséquences sur la vie de mes camarades. Penser à ce combattant me fiche une pointe de culpabilité dans le torse. Même mon reflet a l'air de m'adresser un regard réprobateur.

(Debout. Paresser est un luxe que tu ne peux pas te permettre.)

Je repousse le tissu qui me recouvre et me redresse, attendant que mon équilibre refasse surface. Je devine sur ma peau des éraflures et de la poussière, raison supplémentaire pour que je prépare un yukata propre et me dirige vers la salle d'eau. J'ai à peine fait glisser le panneau coulissant que j'entends des voix provenant de la boutique à ma gauche. L'une est celle de la milicienne, l'autre est plus jeune, mais étrangement familière. Intrigué, je longe le couloir, la main libre frôlant le mur pour rester debout au cas où. À l'entendre, Ayame semble décontenancée et perdue. Lorsque je fais se mouvoir la séparation donnant accès à l'herboristerie, c'est une expression entre confusion et soulagement qui m'est offert.

Je n'ai toutefois pas le temps de prononcer un mot qu'un bruit de course se fait entendre. L'instant d'après, je distingue une silhouette d'assez petite taille qui vient se cramponner à mon habit, au-dessus du obi noir. Le contact finit de me réveiller, et ma voix me revient quand je reconnais la personne.

"Tohru ?"

Les petites épaules de l'enfant que j'ai connu à bord du Terrible tremblent un peu. Décontenancé, je finis par apposer ma main gauche sur sa tête à la chevelure sombre et mi-longue, et la tapoter avec gentillesse. Je croyais ce petit représentant du peuple ynorien bien à l'abri à Bouhen. Comment cette jeune pousse est-elle parvenue jusqu'ici ? Est-elle seule ? J'échange un regard avec mon apprentie herboriste, la rassurant par mon expression.

"Nawakura, je te présente Oda Tohru. Nous avons été compagnons de voyage quand mon oncle et moi sommes allés à Bouhen."

Évoquer mon parent m'attriste, mais je fais au mieux pour chasser ces sentiments, surtout en comprenant que Tohru ne va pas très bien. Je ne sais pas si c'est Ayame qui l'a effrayé ou s'il s'est passé quelque chose. Son étreinte serrée me pousse à continuer mon geste protecteur. Au bout de longues secondes, sa petite voix me parvient.

"Kiyo'... Kiyo'..."

À son ton, je devine la proximité de larmes mais la fierté ynorienne est déjà bien ancrée, et rien ne parait. Finalement, l'enfant lève les yeux vers moi, semble faire fi de mon apparence, et m'offre une expression peinée.

"Me renvoies pas... J'veux pas y retourner..."

Je rends son regard inquiet à la jeune future mère qui n'a toujours pas prononcé un mot. Le silence est rompu par l'arrivée dans la boutique de la cliente âgée qui ne peut pas me supporter. Je la salue rapidement du chef puis entraine gentiment l'enfant dans la demeure. Docile, Tohru renifle un peu, mais se laisse guider. Je l'amène rapidement dans la pièce à vivre où je rends son éclat au foyer et place un reste de soupe épaisse à chauffer. Sans avoir besoin de lui dire, l'enfant s'agenouille sur l'un des coussins de la pièce, triturant une petite sacoche. Maintenant que j'y fais attention, son odeur porte des relents de marée, de charbon et de poussière. Son visage est aussi marqué par des cernes et il me semble que ses joues étaient un peu plus rondes.

Silencieux, je sers un bol à mon jeune invité, dont je ne parviens toujours pas à identifier le genre. Je prends place à ses côtés, dégustant le breuvage. J'ignore si c'est ma présence, le repas simple mais agréable ou ce lieu inconnu, mais les larmes contenues se mettent à rouler. Je plisse légèrement les yeux, concerné et inquiet. Je n'ai connu ce petit être que jovial, curieux et attentif. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? Après de longues minutes, je décide de rompre le silence, sans aborder de sujet risquant de renouveler les pleurs.

"J'allais me laver. Souhaites-tu m'accompagner ?"

Tohru lève le nez, le baisse, puis acquiesce presque timidement.

"Finis ta soupe, je vais te préparer une tenue propre."

Sur ces paroles, je me lève, hâtant le pas jusqu'à ma chambre. Il ne me faut que quelques instants pour retrouver l'un de mes anciens yukatas. Je ne me souviens pas vraiment avoir un jour porté un vêtement teinte crème, mais cela ira. Je retourne auprès de l'enfant, l'incitant à me suivre jusqu'à la salle d'eau. Je m'inquiète peut-être pour rien, mais je préfère laisser la porte entrouverte pour que cette jeune personne ne se sente pas piégée. Ne portant plus que mon fundoshi, je demande à mon interlocuteur de se défaire de sa tunique d'un grisé poussiéreux. L'enfant s'exécute, et il ne me faut que quelques instants pour distinguer des marques récentes. Muet, je place de l'eau à chauffer, me retenant d'effleurer les bleus.

Si je brusque Tohru par mes questions, je redoute qu'elle, maintenant que j'en ai eu la preuve, se ferme totalement. J'invite la fillette à s'asseoir sur un petit tabouret et, maintenant son visage en arrière, je verse de l'eau sur sa chevelure. Je demeure attentif à ses réactions, certain qu'elle finira par me raconter elle-même son périple. A-t'elle pris le Terrible seule ? Avec quel argent ? Et surtout qu'est-ce qui s'est passé à Bouhen depuis mon départ ?



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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 22 Fév 2014 09:37, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Dim 9 Fév 2014 14:27 
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M'occuper de Tohru me permet de noter les différents endroits tuméfiés. Je tente de ne pas imaginer le pire, espérant qu'il s'agit là simplement des séquelles d'une bagarre d'enfant. Toutefois, une large trace contre son omoplate suggère davantage un impact de martinet ou d'une pièce de cuir qu'un coup de pied. J'en profite aussi pour me défaire de la poussière qui me recouvre, laissant l'enfant faire quand elle propose de frotter mon dos. Je peux sentir le contact de l'outil se réduire au niveau des cicatrices de mon épaule gauche.

J'ai beau ne pas vouloir la brusquer, je finis par me décider à l'interroger.

"Que s'est-il passé après notre départ ?"

La petite main se crispe, accompagnant un certain silence. Je tends l'oreille sans me retourner, retenant mon souffle quand la petite voix me parvient.

"Les gens de Bouhen sont méchants. Ils ont dit que mes yeux étaient... sour... souris ? Sour... Sournois. La dame n'est pas une vraie amie de maman... Elle m'a tapé quand j'ai demandé pourquoi elle ne voulait pas que j'apprenne à écrire... Et mon frère est parti. Il déteste ma lumière."

Plongeant dans mes souvenirs, je me rappelle de l'atmosphère désagréable de la ville. Les humains de Bouhen semblaient mépriser les ressortissants d'autres contrées. Tout de même, l'idée que quelqu'un s'acharne contre un enfant me laisse outré. Il me faudra écrire à Marko, l'ami apothicaire de mon oncle, afin de le prévenir et d'en apprendre plus à ce sujet. Ce qui est certain, c'est que je ne compte pas laisser ma jeune invitée ressasser ces souvenirs désagréables longtemps.

Une fois propres et vêtus, nous allons retrouver Ayame dans la boutique. Elle me lance un regard interrogateur puis se penche un peu vers la fillette. Les grands yeux noirs de cette dernière la scrutent un instant, puis elle les baisse comme redoutant de se montrer insolente. Une expression peinée peint les traits de la future mère qui met un genou à terre.

"Tu t'appelles Tohru, c'est cela ? Moi, je suis Ayame. Je suis... En apprentissage ici."

La fillette acquiesce, marque une hésitation, puis se fait entendre. La timidité dans sa voix me chagrine, mais au moins elle ne se mure plus dans le silence.

"Tu... Vous apprenez quoi ?"

"Tu peux me tutoyer."

Lentement, comme si elle approchait un animal craintif, ma camarade milicienne vient apposer sa main sur la tête de la petite. Tohru se raidit d'abord, mais quand elle comprend que ce geste est purement amical, elle se rapproche de la jeune femme, venant attraper le tissu de sa tenue. La proximité de Nawakura semble apaiser ma petite invitée, qui finit par nous raconter ses malheurs. Peu après notre départ de Bouhen, Tohru est passée d'un statut de réfugiée à celui de servante. Charmé par la femme blonde, le frère de la demoiselle s'est apparemment laissé embarquer dans des affaires peu légales. C'est aussi dans le même laps de temps que la magie de lumière de la jeune pousse est devenue instable. À plusieurs reprises, elle a apparemment aveuglé des passants en pleine rue. Réaction en chaine, certains auraient heurté des étals, et ramasser les produits pour aider à les ranger aurait fait passer l'enfant pour une petite chapardeuse. Ynorienne jusqu'au bout des cheveux, elle a enduré tout cela autant qu'elle l'a pu, jusqu'à la disparition de son parent.

Elle nous raconte ensuite avec une visible honte qu'elle a effectivement dérobé quelques yus à Marko. La famille de ce dernier étant déjà nombreuse, et la proximité de l'humaine blonde l'effrayant, Tohru aurait apparemment patienté dans les docks jusqu'à ce que le Terrible rejoigne les quais. À l'entendre, le voyage n'aurait pas été de tout repos, et elle s'est égarée dans Oranan à son arrivée. Heureusement pour elle, son chemin a apparemment croisé celui de l'un de nos habitués qui l'a aiguillé jusque-là.

"Tu es très courageuse Tohru. Tu peux être fière de toi."

L'enfant se réfugie dans les bras d'Ayame qui l'enlace dans une étreinte protectrice. Mon apprentie m'adresse un regard où se lit son courroux face à ce récit. L'une des mains de la jeune femme effleure son ventre, et je devine où se dirigent ses pensées. Je dois dire que je la comprends, mais tout ce que je peux faire est de compatir et de l'accueillir au mieux. Je m'empresse d'aller chercher de quoi rédiger un courrier pour demander des conseils à l'apothicaire, l'informer de la présence de la petite et aussi du décès de mon oncle.

Alors que je suis en pleine rédaction, la porte de la boutique s'ouvre sur une grande silhouette familière. Tunique brune, chevelure noire en chignon haut, visage d'abord stoïque puis affichant une certaine surprise réjouie, le milicien Tanigura Hidate me salue.

"Content de te voir deb..."

Il s'interrompt en apercevant la petite personne. Lorsque leurs regards se croisent, Tohru semble apeurée, se cachant contre la future mère. J'esquisse un sourire en devinant le faciès du grand milicien se décomposer légèrement. Je l'invite à s'approcher et m'adresse à l'enfant.

"Tu n'as aucune crainte à avoir. C'est un bon ami. Tohru, je te présente le milicien Tanigura Hidate. Hidate, cette enfant s'appelle Oda Tohru. Elle va rester vivre ici pendant quelques temps."

Indécis, Hidate finit par mettre à son tour un genou à terre sans dire un mot. Après des encouragements, la petite finit par faire un salut respectueux, typiquement ynorien. Je trouverais presque comique l'inconfort qui semble s'emparer du grand humain. Il finit toutefois par se relever et me tendre deux coupons arborant l'enseigne stylisée de l'armurerie de la ville.

"Oubli du sergent."

Tout en effectuant un signe de gratitude du chef, j'examine les objets. Ce sont là des bons permettant l'amélioration d'une arme ou d'une armure. Ajoutés à la nécessité d'envoyer mon courrier et d'acquérir des biens pour la petite, je songe à aller effectuer des achats. J'expose mes intentions à mes camarades, les laissant m'assurer prendre soin de la petite en mon absence. Je sais que je peux leur faire confiance, aussi je m'équipe rapidement. Tandis que je me dirige vers la sortie, j'entends le grand milicien proposer à l'enfant de l'aider à arracher les mauvaises herbes du jardin.

Je suis soulagé quand mes oreilles en pointe m'indiquent que Tohru se porte volontaire pour l'aider. Cette petite est quelqu'un de bien. J'espère sincèrement que ces dernières épreuves ne vont pas la hanter trop longuement.



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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Ven 21 Fév 2014 13:05 
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C'est revêtu d'une nouvelle armure et encombré de quelques vêtements d'enfant que je rentre dans la boutique. Assise sur le siège bas derrière le comptoir, je devine à sa chevelure mi-longue et sombre la future mère. Elle est absorbée par la lecture d'un rouleau dans lequel j'ai consigné quelques recettes de baume simples. Il faut que je sois presque arrivé face à elle pour qu'elle me remarque. Je fais un petit signe de tête à son attention, geste qu'elle me retourne avant de poser le document sur ses cuisses.

Devinant qu'elle veut me parler, je demeure immobile, l'invitant sans un mot à s'exprimer.

"Que vas-tu en faire de cette petite ?"

Je plisse les yeux, ne voyant pas vraiment où elle veut en venir.

"Elle n'est pas encore trop âgée pour rejoindre une école publique ou tu pourrais la placer en apprentissage quelque part."

"L'école dis-tu..."

Je jette un regard vers le couloir à ma gauche. De mauvais souvenirs me reviennent. J'ai moi-même suivi l'instruction ynorienne, mais j'ai du mal à m'en rappeler avec précision. C'est comme si j'avais été trop jeune pour comprendre. Père avait pris en charge mon éducation, puis oncle Masaya avait pris le relai. Tohru est intelligente, mais même si elle n'est pas trop âgée pour être éduquée, elle va afficher un retard certain par rapport à ceux des mêmes années. Et je sais à quel point les enfants peuvent être cruels entre eux.

Je songe sérieusement à la former aussi à l'herboristerie et la médecine, mais son talent dans la magie de lumière me fait envisager sa présentation au temple de Gaïa. Ceci dit, je ne me prononce pas. Qui sait si un membre de sa famille ne va pas finir par venir la chercher ? Et puis, je n'ai même pas encore demandé son avis à la première concernée. L'important pour le moment est qu'elle prenne ses repères, et qu'elle se sente en sécurité, entourée. Je veux être utile et offrir mon soutien à ceux que je connais.

Ce n'est qu'en constatant l'air boudeur de la milicienne que je me rends compte avoir pensé à voix haute.

"Tu ne te rends même pas compte que c'est ce que tu fais depuis que tu es propriétaire des lieux ? Pourquoi crois-tu que Hidate vient chercher le calme ici ? Et qu'Akiko s'est adressée à toi ?"

Je me sens soudain embarrassé par les remarques. Il est vrai que j'ai songé qu'avoir mes proches autour de moi, à peupler les lieux, était agréable et salvateur pour moi. Je n'avais pas pensé que la réciproque était vraie. La boutique et l'habitation sont d'un calme rassurant, mais ce n'est qu'aux paroles de la jeune humaine que je m'en aperçois. J'esquisse un sourire.

( Si je devais accueillir ici tous ceux que je connais, il me faudrait acquérir les bâtiments voisins et reconstituer la propriété d'origine pour disposer d'assez d'espace. )

Un brusque bruit de course dans le couloir attire notre attention. Tohru vient d'émerger du jardin et s'est enfermée dans la pièce à vivre. Peu après elle, le grand milicien apparait dans l'encadrement de la porte menant au jardin, une main sur les yeux. J'échange un bref regard avec la jeune femme, ôte mes getas et entre dans l'habitation. Après avoir déposé mes achats et mon arme dans ma chambre, je vais à la rencontre du grand homme. Hidate secoue un peu la tête.

Ses mots sont brefs mais explicites.

"Une lumière forte et soudaine. Petite Oda s'en veut."

D'un signe de tête, je montre ma gratitude à l'ynorien qu'Ayame commence ensuite à chahuter gentiment. Faisant glisser le panneau de la pièce illuminée par le foyer, j'entre. La fillette est à genou sur un coussin, fixant les flammes, inexpressive. C'est le cas jusqu'à ce qu'elle prenne conscience que je suis entré. Dès lors, son visage se crispe. Devinant sa tension, je ne fais que prendre place sur un autre coussin, sans rien dire. Lentement, je mets de l'eau à chauffer, décidé à lui préparer un breuvage apaisant.

Les pas de mes autres camarades s'éloignent de la porte, un rire féminin suivant un grondement embarrassé. Voyant que je ne bouge pas de ma place, la petite m'adresse un regard coupable. Elle scrute de nouveau le feu pendant de longs instants, alternant entre expression angoissée et perdue. Au bout de plusieurs minutes, et tandis que je rajoute quelques herbes à la préparation, elle finit par prendre la parole.

"Pardon."

Conservant mon mutisme, je lui rends son regard sans animosité. Je sais ce qu'il s'est passé, mais je ne veux pas prendre les devants. Il faut qu'elle parvienne à exprimer sa pensée.

"Grand-frère Hidate m'a fait arracher les herbes. J'ai mis toute ma force, et la lumière..."

Ses petites mains se serrent sur son yukata. Elle m'adresse un regard où je lis toute son incertitude.

"Pourquoi elle fait ça ? Pourquoi ma lumière qui guérit fait maintenant mal aux yeux ?"

Je lui sers un petit bol de breuvage et l'incite à souffler dessus, sans prendre la parole pour le moment. Dubitative, elle ne me quitte pas du regard, mais finit par obtempérer. Je lui laisse quelques instants pour se calmer, et décide de l'interroger.

"La magie obéit à certaines règles. Si tu la contrôlais bien avant, c'est que tu as peut-être fait quelque chose qui l'a rendu désobéissante. Tu ne vois pas ce que tu aurais pu faire ?"

Immédiatement, l'enfant baisse les yeux. J'ai fait mouche, et elle le sait. Je pense savoir dans quelles circonstances un fluide en soi peut devenir plus rude à contrôler, mais mon hypothèse se heurte à ses moyens financiers.

"Je veux juste comprendre et t'aider, Tohru. Tu le sais."

Je rencontre enfin les yeux noirs de ma jeune interlocutrice. Après un soupir, elle se confie. Embarqué dans de sales affaires, son frère avait réussi à dérober des fioles de magie. La femme qui les hébergeait aurait vendu la mèche et obligé le parent à rapidement plier bagage. Dans sa précipitation, il aurait oublié un contenant. Chérissant son frère malgré tout, Tohru en aurait avalé le liquide et aurait brisé la fiole pour masquer les traces. À sa description, je suis soulagé d'apprendre qu'il s'agissait bien d'un fluide de lumière. Un élément contraire aurait été catastrophique pour la petite, mais je sais à présent que la dose avalée était concentrée. Le soudain accroissement de son potentiel n'a pu que mettre à mal la prise en main récente de ses pouvoirs.

Je lui souris avec satisfaction et sors ma grande gourde magique de ma besace.

"Je vais nous mettre dans la même situation. Ce sera plus simple de t'apprendre comment remédier à ton problème."

"Remédier ?"

"Cela signifie régler ou mettre un terme."

Je porte le contenant à mes lèvres, songeant au fluide concentré dont je viens de faire l'acquisition. Jamais je n'ai absorbé une magie aussi dense. La chaleur issue de cette lueur est intense. Je perçois le fluide irradier en moi avec force. Malgré le bien-être que son déplacement procure et le sentiment bienveillant qui m'envahit, je reste attentif aux tâches de lumière qui apparaissent à la surface de mon corps. Contrairement aux doses que j'ai déjà pris, celle-ci crée de nombreuses zébrures dorées contrastant avec la teinte de mon épiderme. Je sens la magie se répandre dans chaque parcelle de mon être et observe les marques dorées s'allonger sur mes doigts et mes bras. Il ne m'est pas difficile d'en deviner d'autres se former sur mon visage ainsi que ma gorge. Je ne suis pas inquiet, familier depuis des années avec cette énergie lumineuse. Néanmoins, je demeure sur le qui-vive.

L'échantillon absorbé est si puissant que j'ai la sensation d'avoir accru de moitié mon potentiel. Lentement, les marques dorées se retirent de ma peau, et je peux sentir la chaleur bienfaisante se nicher dans mon torse. Elle rejoint celle que j'ai déjà en moi, mais elle pulse avec plus de force, accompagnant mon rythme cardiaque accru. Je me sens essoufflé, comme si tout mon être me mettait en garde ou m'avertissait être bientôt à sa limite. Je dois faire attention. N'ayant pas eu à proprement parler de formation magique, je commence à me douter qu'un corps vivant ne peut pas engranger une quantité sans limite de magie.

Tendant la main devant moi, je pousse ma lueur au creux de ma paume et, comme je m'y attendais, je constate que la boule lumineuse est difficile à stabiliser. Tohru me regarde sans cligner des yeux, la bouche entrouverte. Il n'est pas dur de deviner son inquiétude pour moi.

"Je vais bien, et je suis comme toi maintenant. Il nous faut apprivoiser notre lumière, et nous allons le faire ensemble, d'accord ?"

Un mouvement énergique de tête répond à ma question. J'invite ma partenaire d'entrainement à avaler quelques gorgées du breuvage chaud avant de démarrer la séance. J'ai beau connaître le principe et avoir procédé à l'exercice plusieurs fois, j'espère me montrer assez pédagogue pour que la petite puisse suivre.





[Absorption d'un fluide 1/4 de lumière]

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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 22 Fév 2014 09:43, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Ven 21 Fév 2014 19:15 
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Face à face, nos bols à portée de main, je prends une pose détendue que je conseille à la fillette. La première chose que je fais est de la pousser à pratiquer des exercices de respiration. Elle est tellement tendue que le moindre craquement soudain du feu proche la fait sursauter. Sans parole, je lui montre comment respirer par l'abdomen et souffler en douceur. Je continue ce geste qui m'aide aussi à faire le vide. Manier la magie de lumière est quelque chose de plus en plus aisé pour moi, mais je dois tenir compte du manque de pratique de ma petite protégée.

Après quelques minutes, je décide de rompre le silence.

"Tu te sens moins mal à l'aise ?"

Sa réponse est contenue dans un geste positif du chef.

"Parfait. Pour commencer à manipuler ta magie, il faut d'abord que tu la ressentes en toi."

Un air dubitatif peint son visage, et j'anticipe sa question. Mettant la main contre mon sternum, je plisse les yeux.

"Pour moi, c'est une chaleur agréable qui se niche ici."

La petite main mime le geste de la mienne. Je ressens ma magie de lumière pulser lentement dans ma cage thoracique, me faisant penser à mon lien avec les humains que je connais. Toutefois, ce n'est pas le cas de la fillette qui finit par mettre ses deux mains l'une sur l'autre. Je sais que l'exercice n'est pas facile, mais l'air perdu qu'elle affiche m'intrigue.

"Si tu as des questions, je suis là pour y répondre. Si je le peux."

"Je sens du chaud... Mais je crois que c'est parce que tu es gentil avec moi... "

Mon visage se pare d'un petit sourire.

"C'est la base pour comprendre notre magie. Elle n'est pas destinée à blesser, mais à aider. Si tu gardes cette force dans le cœur, tu trouveras ta lumière."

Je la vois froncer les sourcils puis opiner. Je manipule la mienne en attendant, tentant de la canaliser jusqu'à mes mains. La chose est difficile. Le flot magique a augmenté en puissance, et il me faut me montrer prudent. Plus condensée, mon énergie dorée doit être maniée avec plus de précision pour que les effets correspondent à ce que je souhaite. Tout en maniant l'élément, je surveille les progrès de la fillette.

Ses mains se sont séparées. L'une est au niveau de son sternum, l'autre du côté de l'estomac. Il lui faut de longues minutes pour que finalement ses sensations l'amènent à superposer ses doigts à mi-distance des deux points. Ses yeux en amande se rivent aux miens.

"Je crois que j'ai trouvé."

J'opine puis tends mes mains devant moi, l'invitant à avancer les siennes.

"Bien. Maintenant, touche mes doigts."

Affichant un nouvel air entre doute et curiosité, Tohru obéit. Sa fine peau de pêche rencontre mon épiderme sombre et épaissi par le maniement du Fang Bian Chan. Je la laisse pousser du bout des doigts mes phalanges pendant un moment. La sensation est agréable et chaleureuse. Le visage adouci et quelque peu réjoui de l'enfant atteste que le contact lui fait plaisir.

Je romps ensuite le silence, écartant mes mains d'un centimètre. Les yeux sombres remontent immédiatement sur mon visage.

"Garde la sensation dans ta mémoire. Si tu ne te rappelles plus, avance tes mains. "

L'enfant me touche une nouvelle fois, et retire ses mains ensuite.

"Ta magie ne te servira pas si tu ne parviens pas à la diriger où tu le veux. Pour nous qui guérissons, la main est la partie la plus évidente."

Une lueur de compréhension passe, m'amenant à poursuivre.

"Pense fort à ce contact. Tu dois pousser ta magie de ce point là..."

Je désigne son torse.

"... À celui-ci."

Je pointe la zone de contact. Un mince sourire peint mes traits quand je décèle de la réticence. Nul doute qu'elle craint de mal faire dès que le mot "magie" est prononcé. Illustrant mes propos, je puise dans ma force dorée et la canalise dans mon bras. La chaleur douce se répand dans mon avant-bras gauche, puis ma paume, et je finis par tirer une expression intéressée à mon élève quand un point lumineux apparait sous ma peau, à l'extrémité de l'index. Même pour moi, cet exercice a mis du temps. J'ai besoin de me concentrer pour préciser mon contrôle.

Pendant que la fillette tente de prendre le dessus sur ses fluides, je me penche sur les miens. Sans précipitation, je fais se mouvoir la sensation agréable à travers mon corps. D'un bras à l'autre, d'un doigt au suivant, d'une partie de mon corps au point d'ancrage de la lueur en moi.

Le temps s'écoule lentement. Tandis que ma maîtrise s'améliore, je me rends compte de l'impasse dans laquelle se trouve ma jeune camarade. Elle touche de nouveau mes doigts, indécise. Je veux l'appuyer, mais c'est à elle de travailler le plus. Sans un mot, je m'adresse à Gaïa, priant la Dame de m'aider à guider la fillette. Elle avait réussi à maîtriser le soin à bord du Terrible, retrouver ses capacités n'est qu'une question de temps et d'effort. Face à ses difficultés, j'en viens à me demander si ma propre magie ne pourrait pas la guider. Je laisse cette idée en suspend quand Tohru baisse la tête, visiblement déçue.

"Pardon... Je suis une incapable..."

Le mot est trop dur de sa part. Elle me rappelle mes jeunes années où ce manque cruel de confiance en moi me rendait pessimiste. Sans oncle Masaya ou mon entrée à la milice, ce serait sans doute encore le cas. Prenant ses petites mains dans les miennes, je me penche un peu.

"Tohru... Tu peux dire que l'exercice est difficile, que tu n'y arrives pas si tu le souhaites, mais je t'interdis de proférer de telles paroles envers toi-même."

Ma main gauche vient tapoter sa tête avec gentillesse.

"On ne contrôle pas son don aussi vite. J'ai mis des années pour arriver où j'en suis."

La petite détourne le regard, comme accablée par la tâche à venir. Je poursuis, sur un ton rassurant.

"Tu sais que tu es plus douée que moi ?"

Un petit mouvement trahit le fait que j'ai toute son attention.

"Tu as soigné un marin sur le Terrible quand, à ton âge, je savais à peine ce qu'était la magie. Je suis sûr que tu vas vite reprendre en main ta lumière. Fais-moi confiance, et ai aussi un peu plus foi en toi."

En réponse, j'ai droit à un sourire empli de gratitude. Je perçois bien quelques larmes se former, mais le cœur ynorien de la demoiselle l'incite à les ravaler. Nos bols sont remplis une nouvelle fois, et vidés doucement. Je songe que la fatigue de la petite l'empêche peut-être de se concentrer comme la tâche le requiert. Le plus simple serait qu'elle passe une bonne nuit, et que nous reprenions le jour suivant.

C'est ce que je suggère à l'enfant, avant que la porte coulissante ne s'ouvre sur la future mère. La silhouette du grand humain n'est d'ailleurs pas loin.

"C'est vrai. Assez travaillé. Kiyoheiki t'a acheté quelques vêtements, il faut que je te les fasse essayer."

J'opine à la question implicite de l'enfant, cherchant mon approbation. Elle se lève et rejoint Ayame. Arrivée devant Hidate, elle se penche en avant, présentant ses excuses. L'homme au chignon, aussi stoïque qu'à l'ordinaire, met un genou à terre et fixe la petite. Il opine et je suis même surpris, tout comme ma camarade milicienne, de voir un sourire attendri naître sur son visage. Sa grande main se place au-dessus du front de Tohru et s'y pose en un geste protecteur.

Il a à peine le temps de se redresser qu'Ayame enlève la petite avec une expression réjouie. L'air tendre du grand humain n'a toujours pas disparu quand il m'adresse la parole.

"Bien élevée cette petite."

"Pleine de qualités, mais qu'elle ne voit guère elle-même."

"Elle n'est pas la seule."

J'acquiesce avant de m'apercevoir de son regard appuyé. Effleurant ma pommette de l'index, je toussote et me redresse, levant le nez vers lui.

"Partageras-tu notre repas ce soir ?"

Le silencieux géant semble réfléchir à ma proposition, croisant les bras. Bientôt, la petite silhouette humaine revient vers nous. Fièrement, elle étend les bras, tournant sur elle-même pour nous montrer le yukata bleuté à motif floral que je lui ai acheté. Il est un peu grand, mais cela lui permettra de le porter pendant quelques temps.

Derrière elle, Ayame sourit. Difficile de croire que cette pyromancienne a un caractère difficile en cet instant. Pas un mot n'a le temps d'être prononcé qu'un estomac grogne. Impossible d'en déterminer la provenance exacte, mais cela ne décourage pas la fillette. Elle s'approche de notre ami à chignon, regarde ses pieds puis lève le nez.

"Pour... Pour te demander pardon Grand-frère Hidate... Tu veux bien rester ? Je sais faire cuire du riz et préparer du thé."

Comme se rappelant qu'elle n'est pas chez elle, la fillette me lance un regard inquiet. J'y réponds par un sourire et un mouvement approbateur. L'immense milicien émet un petit souffle nasal masquant mal son amusement.

"J'accepte l'invitation, petite soeur Tohru."

L'enfant s'empourpre, affichant un air ravi. Ayame aussi a l'air satisfaite quand elle raccompagne l'enfant pour changer de tenue. Une fois qu'elles ont disparu, le milicien retrouve un air indifférent. Quoique non. Il a l'air tendu, presque fâché, et ses paroles brèves ne laissent aucun doute sur son état d'esprit.

"Dans le jardin... J'ai vu les bleus... Si ces lâches croisent ma route..."

Son poing se serre. Je comprends ce qu'il ressent, même si ma foi en Gaïa m'incite à ne pas cultiver une rancune trop tenace.

Ce dont j'ai la certitude aujourd'hui est que Tohru a fait l'unanimité dans le cœur des ynoriens présents. J'ai hâte de la voir heureuse à nouveau, et je compte bien faire de cet objectif une priorité.



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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Ven 21 Fév 2014 23:44 
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La matinée suivant l'arrivée de la jeune ynorienne démarre tranquillement. Le milicien Tanigura Hidate a dormi dans la même pièce que moi, une soudaine pluie accompagnée de puissantes bourrasques le dissuadant de rentrer chez lui. Tohru a passé la nuit dans la chambre d'Ayame, et c'est avec une certaine surprise que l'humain et moi les découvrons dans la pièce à vivre, déjà au travail. Par là, j'entends le fait que la magicienne ait pris l'initiative d'apprendre les savoirs de base à l'enfant. Sur un parchemin, des traits peu assurés côtoient l'écriture élégante de la future mère.

Le repas est pris en commun, temps utilisé pour s'enquérir de l'état de l'enfant. À mon grand soulagement, elle a dormi profondément et sans mauvais rêve. D'ailleurs, elle avoue avoir eu un songe plutôt heureux où elle dessinait un arc-en-ciel à l'aide de sa magie. Elle m'apparait encline à reprendre les exercices là où nous les avons laissés, ce qui me fait plaisir. La petite se sent tout de même concernée quand elle comprend que le milicien Hidate se sent un peu laissé de côté. Si je lui enseigne à maîtriser sa magie, et qu'Ayame se charge de ce qui concerne la lecture et l'écriture, le taciturne géant ne semble pas avoir grand-chose à offrir.

"Mon seul point fort, c'est le combat... Désolé."

Tohru frémit un peu, puis elle semble se plonger en pleine réflexion. Elle finit par relever le nez résolument. Là, je retrouve le jeune être décidé, rencontré sur le navire.

"Alors... Alors tu peux m'apprendre à devenir forte ?"

Le milicien oriente son visage vers elle. Je devine de la curiosité dans son attitude.

"Je ne veux pas revoir du sang... Je n'aime pas faire mal... Mais si j'avais su me défendre avant..."

Ses petites mains cherchent à atteindre ses omoplates sans qu'elle n'y parvienne. L'humain me consulte du regard.

"Dans d'autres contrées, on verrait d'un mauvais œil qu'une jeune fille prenne les armes. Mais nous sommes dans un pays en guerre. La décision t'appartient Hidate."

Je n'ai pas besoin d'ajouter autre chose. La fillette affiche un air résolu, même si ses mains agrippent un peu trop fermement son yukata neuf. Finalement, l'ynorien pousse un souffle court.

"Je vois. Je te préviens, je suis un maître sévère. J'attendrai de toi de la discipl..."

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que la petite lui offre un sourire radieux qui le coupe dans sa tirade. Elle s'incline avec tout le respect qu'un enfant d'Ynorie est censé avoir appris de sa famille. C'est sur cette note positive et de promesse future que notre quatuor se sépare. Le milicien semble décidé à chercher une arme adéquate pour Tohru, la future mère est allée tenir mon herboristerie tandis que mon élève et moi reprenons notre entrainement.

J'ignore si son rêve l'a inspiré à ce point, mais Tohru met du coeur à l'ouvrage. Elle touche de moins en moins fréquemment mes mains pour s'aiguiller. Il lui faut tout de même du temps pour atteindre son objectif. À plusieurs reprises, elle prend l'initiative de cesser de manipuler son énergie alors qu'elle sent la proximité d'un flash lumineux. J'admire son courage et la soutiens, parfois sans un mot. Je vois son comportement changer peu à peu. Elle comprend que la lumière est une partie d'elle-même, et pas un animal sauvage à dominer et emprisonner.

Les exercices la fatiguant rapidement, je décide de ne pas prolonger les activités au-delà d'une demie-journée. Malgré les pauses où elle se détend avec du thé ynorien, je ne veux pas qu'elle finisse épuisée. Elle est jeune et a encore du temps devant elle.

L'après-midi est consacré à la formation de mon apprentie herboriste, la milicienne Nawakura Ayame. Lui avoir laissé la charge de la boutique lui a fait du bien. Elle possède assez de savoir-faire dans les baumes basiques pour en expliquer la confection à la fillette. Un sentiment de fierté un peu mal placé m'étreint quand je perçois la soif d'apprendre à laquelle je fais face. Une rivalité sans grand danger semble naître entre les deux ynoriennes. Le mortier est toutefois un peu grand pour les mains de Tohru, mais elle se débrouille très bien pour recueillir les fruits séchés de certains plantes.

Ce jour-ci, je leur présente une plante appelée consoude. Je commence par expliquer comment la distinguer. Une tige piquante, une taille variant entre le genou et ma stature, des feuilles rêches au toucher, et une floraison vers le milieu d'année. Bien que certains l'emploient en tisane, mon oncle m'a appris que cette utilisation était peu recommandée car malmenant parfois le foie.

"La partie la plus importante est le lot de racines. Utilisée fraiche, leur pulpe est un puissant cicatrisant. La plupart des maux sur l'extérieur du corps peut être traité grâce à cette plante. Les feuilles ont un pouvoir à peu près identique, mais il faut y ajouter de l'eau bouillante pour obtenir une pâte à employer en cataplasme. "

Je joins le geste à la parole en montrant la force nécessaire pour extraire l'intérieur des racines, en réduisant au maximum la perte de matériau. Quelques questions s'élèvent, mais aucune à laquelle je n'ai pas de réponse. Tohru me confie avoir hâte d'en voir pousser dans le jardin. Il est vrai que si j'en avais à disposition une bonne partie de l'année, cela s'avérerait bien pratique. Dommage que les graines mystérieuses identifiées la veille ne comprennent pas la lettre 'c'.

La journée se termine sans événement notable, si ce n'est le retour de Hidate. Ce dernier présente quelques armes contondantes à la fillette. Un gourdin, une masse, une sorte de marteau et un bâton de bois légèrement lesté à ses extrémités. J'ai du mal à masquer une expression amusée quand elle choisit l'arme ressemblant le plus à la mienne. Ils se font la promesse d'étrenner ce que j'apprends être un "bô" de petite taille après nos exercices magiques. Ayame boude un peu.

"Vous la monopolisez déjà ! Et quand est-ce que je vais pouvoir passer du temps avec elle, moi ?"

Tohru glousse un peu. Je suis soulagé de l'entendre et de la voir faire. J'ai tout de même hâte d'avoir la réponse de Marko à mon courrier. Il est cependant certain qu'aucune des personnes présentes n'est prête à se défaire facilement de cette enfant.

--


Le matin suivant, les exercices précédents ayant été maîtrisés, je décide de former la fillette à la matérialisation de sa magie.

"Maintenant que tu sais comment faire bouger ta magie en toi, il faut que tu apprennes à la concentrer en un point."

Tendant ma paume, je fais apparaitre dessus un demi-soleil immobile. Je lui explique qu'elle doit ramener la chaleur en un seul endroit de sa main, et la garder sous contrôle. Si elle la pousse vers l'extérieur, seule une tache lumineuse se manifestera sur sa main. Il lui faut paradoxalement la placer au plus près de sa peau, mais la contenir en elle en plus de la maintenir en un point. C'est l'exercice qui demande le plus de maîtrise.

Tandis qu'elle s'y met, je l'observe avec attention. Je veux la guider davantage, mais j'ignore comment faire sans interférer avec ses efforts. Peut-être que je peux discrètement déposer quelques parcelles de ma propre lueur pour paver la voie de la sienne ? Sans un mot, j'adresse une prière à la Dame de lumière. Je me concentre ensuite sur ma magie et décide de m'y prendre comme lors de ma bénédiction envers Uzuuma Genji. Lentement, j'établis un léger fil doré entre moi et la fillette. Je fais au mieux pour qu'elle ne remarque pas ce que je suis en train de faire, mais suis obligé de m'interrompre lorsqu'elle pose sur moi un regard cherchant l'approbation.

"Tu disperses trop ta pensée. Reste concentrée sur un endroit précis de ta main."

Elle acquiesce et fixe une zone entre deux lignes à peine marquées de sa paume. De mon côté, je recrée le lien doré, cherchant à faire résonner nos fluides lumineux. Le sien étant plus faible, je fais de mon mieux pour ne pas perturber le flux. Alors que je sonde ce fluide familier, l'écho devient trop fort et m'oblige à rompre une nouvelle fois le filin d'or. Tohru affiche un air frustré. Visiblement, son regard se perd à la surface de sa peau, et elle a du mal à ancrer son énergie.

Touché par cette difficulté, j'essaie de songer à une aide ou à une marque pouvant l'aiguiller. Glissant les doigts dans ma sacoche proche, je heurte de l'index un objet dont j'avais occulté l'existence. C'est l'anneau du guérisseur offert par mon défunt parent. Toujours aussi plat et simple, ce petit bijou au motif ondulé est parfait. Je le place dans la main ouverte de mon élève.

"Ce sera plus facile de te concentrer avec un objet. Amène ta lumière dans le cercle. Si tu finis par réussir cet exercice, tu pourras garder ce bijou."

La petite ynorienne me sonde de ses grands yeux, comme doutant de ce que je viens de dire. Pourtant, je suis sincère. Je ne peux pas me défaire de la bague de Mère ni de celle confiée par le guérisseur Dwao. Et je sais qu'oncle Masaya serait d'accord pour que cet objet aille à qui en a besoin. Mon interlocutrice sourit et opine. Tandis qu'elle se remet à la tâche, je m'attelle à la mienne. Le lien en place, je m'efforce d'user de mon savoir pour aider la fillette à canaliser sa magie. Je cherche à rendre son esprit et son corps plus sensibles à l'activité, adressant une pensée à la Déesse lumineuse avant chaque tentative.

Je veux améliorer le contrôle qu'exerce la petite sur ses pouvoirs, même si ce n'est que temporaire. Ce n'est pas un soin que j'applique, mais cette volonté est proche de celle d'aider à se calmer. Ici, elle cherche surtout à améliorer des qualités déjà présentes chez ma cible. Concentré, je décide de matérialiser ma magie. Le seul résultat que j'obtiens est une gêne pour Tohru. Son éclat doré oscillant à cause de l'interférence du mien.

Pourtant, elle fait des progrès certains. Sa paume ne brille qu'au niveau du cercle de métal, mais elle a encore des difficultés à contraindre le fluide à rester dans une forme précise. Je la laisse faire aussi longtemps qu'elle a l'air déterminée à parvenir à un résultat. Lorsque je sens poindre de la frustration, je la conseille. Mes mots l'incitent à imaginer la sensation d'un tissu, attaché par ses quatre coins, et retenant un souffle de vent. La toile gonfle mais demeure en place. Le plus dur à lui faire comprendre est que cette étoffe est en réalité constituée par sa volonté.

La compréhension innée de Tohru en matière de magie se manifeste quand elle me demande si la force poussant son fluide vers sa paume est la même que celle destinée à lui donner une forme. J'ai à peine le temps d'acquiescer qu'elle change de tactique, superposant ses mains en laissant assez d'espace pour voir l'anneau. Je suis impressionné par son idée somme toute simple mais brillante. Elle veut sans doute restreindre la poussée par une force identique, allant en sens contraire.

Tandis qu'elle est affairée, je reprends ma propre manipulation. J'applique des parcelles de ma magie en elle, traçant un chemin invisible et pratiquement imperceptible le long de son bras. Je prie Gaïa de m'aider à la guider, à accroître sa maîtrise magique. Lorsque je relâche mon sort, je perçois ma magie former de petits canaux diminuant la dispersion magique de la fillette. Les résultats sont peu visibles, même si je suis convaincu de leur présence. Le petit soleil apparait au centre de la main claire, et même si quelques rayons s'en échappent parfois, la forme est là.

J'affiche un air satisfait.

"Je vois que tu as compris le principe. Bravo."

Tendant la main vers la sienne, je la referme doucement sur le bijou.

"Chose promise, chose due. Continue régulièrement ce genre d'exercices, et les accidents lumineux ne t'arriveront plus aussi souvent. Quand tu auras acquis une maîtrise suffisante, je pourrais même t'apprendre quelques sorts."

Tohru se mordille la lèvre inférieure, les mains serrées sur son habit.

"Tu peux être fière de toi."

Touché par l'émotion qu'elle dissimule, je me rends soudain compte que j'ai oublié de lui dire quelque chose d'important.

"Au fait, j'ai omis une chose..."

La petite garde la tête baissée, mais je sais avoir toute son attention.

"Je suis heureux de te revoir. Sois la bienvenue chez moi, et aussi chez toi, Tohru."

Un pincement au cœur pour moi, une expression entre joie et émotion pour elle. Oubliant les habitudes ynoriennes, la fillette se redresse rapidement et se jette à mon cou. Ses frêles épaules tremblent un peu, et j'y applique la main en un geste protecteur.

Cette jeune pousse représente la République que je veux protéger, et la savoir là plutôt que loin du conflit renforce ma détermination. Je ne laisserai rien ni personne faire couler de nouveau des larmes sur ce visage, quitte à aller moi-même au-devant de la menace et d'un danger certain. Je suis déterminé à suivre cette ligne de conduite, et sur mon honneur de citoyen de la République, je fais silencieusement le serment solennel d'assurer la sécurité de nos terres, ou de perdre la vie en essayant.




[Tentative d'apprentissage du sort de lumière "Bénédiction"]

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mar 15 Nov 2016 21:47 
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Les paroles d'Azra me chagrinent un peu tandis que nous progressons, mais au moins il joue cartes sur table. Lui a perdu sa monture, et il me prévient être du genre à attirer les ennuis. La réaction de mon grand ami me l'avait laissé entendre, en effet. Toutefois, mon offre de l'héberger semble l'arranger, lui permettant d'éviter l'ire des habitants pendant sa méditation. J'acquiesce puis le guide à travers les ruelles.

Peut-être est-ce lié à la pénombre dont je m'extrais ou à ce sentiment de retrouver un paysage familier, mais Oranan m'éblouit. Je trouve les édifices resplendissants, plus que dans mon souvenir. Et pourtant, je n'ai en réalité vécu qu'une semaine de séparation. Notre intriguant binôme suscite une curiosité teintée de méfiance, que je m'efforce de dissiper en saluant poliment les détenteurs des regards les plus insistants. Finalement, j'aperçois la porte de mon herboristerie, et un détail m'interpelle. Une lanterne en papier est suspendue à l'avancée du toit, allumée malgré la force du soleil. Une silhouette connue sort de l'édifice, nous tournant le dos pour s'adresser à quelqu'un à l'intérieur. J'ai malgré moi une hésitation en reconnaissant la cliente âgée qui n'a jamais pu me souffrir. Je retiens mon souffle un instant, espérant la voir partir. Je n'ai aucune envie d'entendre son refrain dénigrant à mon propos, surtout en aussi... Voyante compagnie.

Fort heureusement, elle s'éloigne, et je profite de l'instant pour pousser l'une des rares portes à gonds de l'établissement. Une odeur de plantes m'accueille tandis que je retrouve les étagères ponctuées de pots, et que j'aperçois juste en face, derrière le comptoir, une autre silhouette. Elle est penchée, sans doute en train de ranger le produit d'un échange.

"Vous avez oublié quelque chose, Vénérable ?"

À mon silence, mon apprentie herboriste et camarade de milice Ayame dirige son attention vers moi et me scrute de ses yeux noirs, un enfant de plusieurs mois dans les bras. Je ne l'ai jamais vu porter cette tenue, un yukata blanc et rouge. Sa chevelure brune a assez poussé pour atteindre ses épaules. Elle ferme doucement les yeux et se frotte les paupières.

"Rana Toute-Puissante... Je me suis encore endormie debout, hein ? ... Mais dans le doute... Tohru !"

De légers bruits de pas. La porte coulissante derrière elle s'ouvre bientôt sur une fillette, ma pupille, dans le yukata bleu ciel que je lui ai offert. Et qui est juste à sa taille, maintenant. Elle a grandi, je le devine d'ici, et un petit sourire m'échappe en la voyant se figer, son regard rivé à ma forme. J'avance et elle fait de même avec hésitation.

"Kiyo' ?"

"Je suis rentré, Tohru."

Elle a beau être ynorienne, la fillette laisse clairement voir la montée de ses larmes. Et oubliant toutes les conventions de notre peuple, elle contourne le meuble, se rue à ma rencontre et se jette à mon cou.

"Il est là ! Il est rentré ! Tu as vu, Ayame ? Je le savais ! Je ! Je..."

L'enfant sourit, mais son visage se tord soudain d'une grimace et ses larmes roulent sur ses joues. Ma poitrine se serre au diapason de mes bras autour de ma jeune élève. J'ai manqué à mes devoirs envers elle, et ne pas être responsable de la durée de mon absence n'excuse rien. Je câline la petite, m'apercevant seulement à cet instant de la présence d'un autre bébé, lové contre son dos dans un tissu. Priorité à ma jeune pousse toutefois.

"Pardonne-moi, Tohru. Tout ceci a pris plus longtemps que prévu."

La jeune mère contourne le comptoir, laissant la flamboyance de son caractère s'afficher.

"Ah ça, ce n'est pas peu dire ! Un an, bon sang ! Une année entière que tu as disparu ! Tu te rends compte que j'ai eu le temps d'accoucher et de m'en remettre ? De pouvoir presque commencer une nouvelle récolte de plantes ? Sans parler de ce que tu as raté ! Le siège de la ville ! Que tu n'as pas eu à vivre avec deux enfants dans les entrailles, toi !"

Un air coupable s'affiche sur mes traits. Je sais que j'ai l'obligation de m'expliquer, mais je ne peux pour le moment pas le faire. Entre ma tentative pour réconforter la petite et le côté sourd et sauvage d'Ayame, je n'ai guère d'opportunité pour m'exprimer. La milicienne darde ensuite un regard d'abord effaré puis suspicieux envers le semi-mort qui me suit. Je me hâte de faire les présentations avant qu'un incident incendiaire éclate.

"Je vous présente le Lord Azraël. Au vu de ses circonstances un peu particulières, je lui ai offert de loger ici quelques temps. Azra, cette enfant est ma protégée, Oda Tohru, et cette autre jeune femme est Nawakura Ayame, une camarade de milice."

Jeune femme qui gronde un peu en protégeant ostensiblement son enfant. Et en me parlant sans quitter l'être squelettique des yeux.

"Après les mères célibataires, les héritiers fuyant leur responsabilités, et les enfants réfugiés, tu comptes accueillir des résidus de magie noire ? Ce sera quoi ensuite ? Une rihanère de compagnie ?"

"Ayame..."

"Ça va, pas la peine de faire les gros yeux. Tu es chez toi après tout, mais signale à ton... Invité... Que mes petits ne seront jamais au menu."

Je pousse un léger soupir et essuie du pouce les joues de la fillette, qui semble enfin se calmer. Je songe toutefois que si mon apprentie parle d'elle de cette façon, c'est que son promis n'est pas encore rentré. Quelque part, j'espère que Junji acceptera sa responsabilité. Il est parti en mission fiancé, il va revenir et se découvrir père de jumeaux. Mon regard violet suit la jeune mère, qui s'arrête dans le cadre de la porte coulissante, et tourne légèrement la tête pour se faire entendre. D'abord en langue commune, puis en ynorien.

"Ah oui, j'oubliais... Bon retour parmi nous, Kiyoheïki."

Je cligne des yeux plusieurs fois, incrédule. Elle qui me méprisait pendant notre mission d'escorte, qui grondait quand j'ai du l'accepter sous mon toit et qui rechignait à apprendre mon art des plantes m'a... Adressé une salutation... Et chaleureuse avec cela. Décidément, il s'en passe des choses en une année.

Lissant la tête de la fillette d'une main, je me tourne vers le semi-mort.

"Mes excuses pour cet accueil... Particulier. Venez, entrez. L'habitation est derrière la boutique. Suivez Ayame."

La scène que je viens de vivre signifie toutefois une chose : je suis chez moi, enfin.



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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mar 15 Nov 2016 22:26 
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Les rues d'Oranan, il n'avait guère eu le temps de les admirer à sa venue. Elles étaient larges et claires, entourées de bâtiments resplendissants... mais en définitive, il était difficile de les apprécier tant avec les gens qui le regardaient en coin. Il n'était pas le bienvenu, c'était évident, et lorsque quelqu'un s'arrêtait pour les saluer de leurs exploits, c'était plus à Kiyo qu'il s'adressait. C'était sans importance. Azra savait qui il était, que les autres l'ignorent s'ils voulaient...

Finalement, ils arrivèrent à une maison élégante et recouverte de végétation. Une enseigne annonçait l'herboristerie. Décidément, ce semi-shaakt avait de nombreuses fonctions ! Il entra à sa suite, regardant curieusement partout autour de lui. Les salles étaient bien éclairées, la boutique simple donnait directement sur des appartements au parquet en bois souple. Une ravissante femme ynorienne les accueille, d'abord sans un regard, puis le silence tombe. Son regard va d'Azra à Kiyo et reste bloqué sur ce dernier. Elle appelle une petite fille et le semi-shaakt semble avoir de la peine à se contenir.

« Je suis rentré, Tohru. » lâche-t-il simplement.

Azra tapote distraitement sa manche dans le torrent de mièvrerie qui s'ensuit. C'est du moins ce qu'il se dit. Il n'est certainement pas jaloux, non... Enfin, quand l'ynorienne se met à piquer une crise, il se dit que finalement, il s'en tire plutôt bien. Leur absence d'un an semble avoir laissé un vide, ici. Et bien sûr, la pluie de remontrance ne tarde pas à le rejoindre et son compagnon doit assurer qu'il est son invité pour convaincre que le nécromancien peut rester ici. Heureusement que la femme aboie plus qu'elle ne mord, car la force de volonté et de conviction qui caractérise le milicien semble réduite à néant en ces lieux.

Comme la femme s'inquiète de savoir s'il mange les enfants, il ne peut s'empêcher de rire :

« Je ne mange plus rien, à présent, et suis donc plus pur et plus innocent que bien des mortels ! »

Il se rappelle après coup qu'il ne devrait peut-être pas trop se vanter de sa condition. Inutile de porter un masque et des gants si c'est pour crier sous tous les toits qu'il est un mort-vivant. Il s'empresse donc de continuer :

« Vous avez une bien drôle de manière d'accueillir des héros de guerre qui ont sauvé cette cité. Vous devriez saluer le nouveau sergent de milice pour avoir contribué à ce que vous voyiez ce jour se lever. »

Il incline le buste en dessinant une arabesque grandiloquente avec sa robe de cuir, produisant un cliquetis d'ossements :

« Salutation, Ayame. Et bonjour à toi, Tohru. Longue vie et paisible mort sont tout ce que je vous souhaite. »

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 16 Nov 2016 18:39 
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~3~



Ayame patiente, ce qui est une première d'après ma mémoire de semi-elfe. Azra s'amuse de sa réflexion concernant la consommation de chair d'enfant, et cherche à la rassurer... S'il est rassurant d'entendre un être masqué, couvert de pied en cap d'une tenue sombre et décorée d'ossements divers, préciser qu'il ne s'alimente plus et ne se compte pas parmi les mortels, bien entendu. Silencieux, je fronce légèrement les sourcils quand il semble rabrouer la jeune mère. Il s'étonne de la façon dont elle traite les héros qui ont permis à Oranan de voir un nouveau jour, avant de plutôt l'inciter à me féliciter pour ma promotion. Finalement, à l'aide d'une salutation à la gestuelle exagérée, il présente ses hommages aux jeunes femmes.

Un court moment de silence se fait, et Ayame finit de se tourner dans la direction de son interlocuteur. Je redoute de la voir faire usage de sa magie de feu sans sommation, mais sa réaction est toute autre. Elle regarde le masque d'une façon presque... Maternelle.

"J'ignore d'où vous venez, et pour tout dire, cela ne m'intéresse pas. Sachez simplement, Lord Azraël, qu'ici, en Ynorie, ceux qui permettent à Oranan de voir un nouveau jour se lever sont légion. S'il fallait qualifier de héros tous ceux accomplissant leur devoir, notre pays serait depuis longtemps rebaptisé la République Héroïque de l'Ouest."

J'acquiesce lentement à ses paroles, découvrant une jeune femme bien plus posée, sage et mûre qu'à mon départ.

"Quant au reste... Moi je vois qu'aucun de vous n'était là quand nous en avions besoin. Alors oui, félicitations d'être devenus des sauveurs ailleurs ! Et pour cette promotion, Sergent ! Pff... Moi, je n'ai sous les yeux que celui qui m'a offert un toit, a disparu sans prévenir, et fait son retour comme si de rien n'était. Et sans même rapporter un présent !"

Ou peut-être pas.

Stoïque, je laisse la légitime amertume de la jeune ynorienne couler, mais le débit est coupé par les pleurs de l'enfant qu'elle serre contre elle. Semblant oublier immédiatement de quoi il était question, elle s'enfonce dans l'habitation en adoptant une voix douce et coupable. Tohru la regarde faire, tapote gentiment celui qu'elle porte dans le dos puis, comme si elle avait repris le dessus, elle s'incline poliment selon nos coutumes. Deux battements de cœur plus tard, elle se redresse, avisant le masque avec un peu d'appréhension. Ma présence a toutefois l'air de la rassurer.

"Ayame est quelqu'un de gentil. Elle gronde juste quand elle est fatiguée, ou triste. Lord, vous me suivez dans la pièce à vivre ? Je vais faire du thé."

J'approuve l'initiative de ma pupille et avise mon voisin sombre.

"La pièce du foyer. Le lieu le plus confortable de la maisonnée."

Laissant la fillette prendre les devants, je lui emboite le pas mais bifurque dans ma chambre pour y déposer casque et bagage auprès du mannequin. Lorsque je rejoins la pièce doucement chauffée, Tohru est à genoux, ravivant le feu, tout en tenant le deuxième enfant loin de la dépression. Ayame est à côté, elle aussi sur un des coussins formant un carré autour du creux. Je laisse Azra choisir entre prendre place selon nos usages, ou utiliser la chaise basse présente dans la pièce. Je ne fais aucune remarque à Ayame, lui laissant le temps de se ressaisir, et certain qu'elle prendra la parole si elle le juge nécessaire.

Lorsqu'une accalmie se fait, j'oriente mes yeux violets vers notre invité.

"Soyez une nouvelle fois le bienvenu en mes murs, Azra. Je gage que nombre de questions vous taraudent. J'y répondrai, si je le puis."

Dans l'idée, je cherche à traiter notre interlocuteur avec neutralité voire bienveillance. Il a contribué à protéger notre cité-colonie, après tout. Toutefois, je n'ai guère oublié qui j'ai rencontré dans les geôles de la Cité Noire. Un jeune homme, dégoûté du royaume kendrain dont il était issu, et clamant à qui voulait l'entendre être prêt à entrer au service d'Omyre. Et pourtant, le voilà ici en héros d'Aliaénon, et par extension de mon peuple. J'ai du mal à le situer, à le cerner, et c'est ceci qui m'incite à conserver mon Fang-Bian-Chan à portée de main.

Simple précaution.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 3 Déc 2016 11:40, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 16 Nov 2016 19:57 
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L'Ynorienne ne semblait nullement impressionné. Pas à dire, c'était typiquement le genre de personne qu'il prendrait plaisir à tuer, histoire de lui montrer ce qu'on gagne à être arrogante sans en avoir les pouvoirs. Le fait d'avoir toujours eu un toit au-dessus de la tête ne la rendait pas supérieure !

Alors qu'elle se retirait, la gamine l'invita à venir prendre le thé avec Kiyo. Il fallait s'asseoir par terre. Sans doute était-ce les coutumes ynoriennes... étrange mélange de raffinement et de tradition primitive... Pour Azra, qui n'avait connu que kendran et omyriens, c'était encore autre chose...

Il regarda la bouilloire approcher et secoua la main :

« Inutile, comme je l'ai dit, je ne bois pas. Merci. »

Puis, il se tourna vers Kiyo, qui lui demandait s'il avait des questions. Décidément, son assurance était particulièrement rafraîchissante ! Il éclata de rire :

« N'est-ce pas vous qui devriez en avoir ? J'en sais plus que vous sur le lien mortel qui nous a unis ! Vous étiez un espion envoyé à Omyre, avec un autre qui t'a dénoncé. Moi, j'étais un milicien fraîchement recruté et je devais détruire le réseau d'espionnage d'Oranan. Finalement, je n'en ai rien fait, j'ai fui et me suis retrouvé à aider Oranan sur Aliaénon, tout comme toi. Fin de l'histoire. »

Il s'assit en tailleur, ne sachant quoi faire de plus. Au moins, il n'avait plus assez de chair pour avoir mal aux fesses...

« La seule question que j'ai, c'est pourquoi ne pas avoir tenté de me tuer ? Tu n'avais donc pas compris que nous avions été ennemi ? Je n'ai rien contre toi, au contraire, je te dois la vie... mais toi, tu ne me dois rien, et j'ai été un ennemi de ton pays. Pays dont je peux apprécier pleinement le sens de la reconnaissance... » ironisa-t-il.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 16 Nov 2016 21:08 
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Diligemment, Tohru prépare les tasses nécessaires au thé, mais avant de pouvoir servir Azra, ce dernier l'arrête d'un geste, rappelant qu'il ne boit pas. La fillette acquiesce puis prépare celles des autres présents. Le semi-mort accueille mon envie de l'éclaircir avec un éclat de rire plutôt surprenant. Il me répond en savoir bien plus que moi sur le lien que nous avons. Il m'apprend ce qu'il a su à mon propos lors de ma mission à Omyre, ainsi que le but qu'il avait à l'époque.

Je tente de me contenir mais les paroles de mon interlocuteur réveillent de mauvais souvenirs. Oui, j'ai été trahi par un autre espion, Kuon, dont les motivations demeurent encore obscures à ce jour. Et à plusieurs reprises, semble-t-il. Il aurait pu me supprimer dans les Bois Sombres, mais il ne l'a pas fait. À ce jour, je me questionne encore sur la raison...

Azra m'apprend qu'en tant que jeune recrue d'Omyre, il était censé détruire le réseau d'espionnage ynorien. Là encore je ne manifeste qu'une légère surprise. Dépêcher une nouvelle tête pour une telle tâche ? J'ignore qui est responsable de la distribution des missions là-bas, mais cela frise l'incompétence. Et d'ailleurs, le semi-mort a fui sans parvenir à sa tâche, et s'est retrouvé à défendre Aliaénon, comme moi.

Il finit par me poser une question : pourquoi je n'ai pas tenté de le tuer alors que j'étais censé avoir compris que nous avions été ennemis. L'interrogation me fait réfléchir un peu et tout en soufflant sur ma tasse de thé, je rassemble mes pensées. Je prends le parti de faire fi de son soudain tutoiement.

"Il est vrai que j'ai eu un doute lorsque mon autre nom, Taorak, a été prononcé. Mais l'Ynorie passe avant mes propres griefs. Je n'allais pas prendre le risque de diminuer nos chances en neutralisant un allié, même temporaire."

J'avale une gorgée du breuvage chaud puis avise ma pupille, à laquelle j'adresse un signe de tête approbateur. Un dosage excellent.

"Et puis... Ku... Nouk a bien caché son jeu. Je ne m'étais pas douté de son œuvre, en coopération avec d'autres. La dernière image que j'avais de vous avant nos... Retrouvailles... Était celle d'un jeune homme agrippé à un loup, fendant malgré lui la masse des combattants de l'arène. Pas celle d'un être à abattre."

Je marque une brève pause avant de river mon regard au masque.

"Autrefois, j'aurais possiblement considéré toute accointance d'Omyre comme un ennemi, mais maintenant..."

"... Attention à tes paroles, Kiyo'."

"Ma loyauté à Oranan et à la République est sans faille, Ayame. Aliaénon m'a simplement appris que mes yeux étaient plus clos que je le pensais."

Je prends une autre gorgée, réfléchissant un autre instant, pendant que Tohru berce l'un des petits en tendant l'oreille. L'image m'apaise et me permet de continuer.

"Vos actes n'ont pas lésé les miens ou mon pays. Je n'ai pas à vous considérer comme un ennemi. Je n'aurais aucune raison de le faire... Sauf si vous avez pour vocation de nuire à mon peuple, même avec une raison légitime. "

Un petit son provient de ma droite, là où la jeune mère joue avec son autre enfant. Mais je n'y prête guère attention. Mieux vaut changer de sujet.

"Dites-moi Azra... Parmi toutes les choses que vous m'avez conté dans l'arène, y en avait-il des vraies ?"



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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 3 Déc 2016 11:48, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Herboristerie locale
MessagePosté: Mer 16 Nov 2016 21:24 
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Kiyo assura ne pas voir en lui un ennemi. Apparemment, Aliaénon lui avait ouvert les yeux sur bien des choses, et il avait su tirer les leçons. C'était fort appréciable, sans aucun doute... en attendant, tant que la liche ne ferait rien contre Oranan, le semi-shaakt ne ferait rien contre elle. Il se montrait tout de même curieux de savoir ce qui était vrai dans les récits d'Azra, alors qu'ils étaient prisonniers dans l'arène. Ce dernier haussa les épaules :

« Je n'ai jamais été dans l'armée kendrane. Je ne suis qu'un vagabond maudit, affligé de pouvoirs obscurs et les utilisant pour défendre la seule cause en laquelle il croit : sa vie. Tout le monde n'a pas le privilège de pouvoir servir une cité ou de nobles idéaux. Certains doivent se battre juste pour vivre un jour de plus. Voilà pourquoi je suis allé à la seule ville où mes pouvoirs ne seraient pas rejetés. Seulement... l'égalité selon Oaxaca se conçoit en mettant tout le monde à genoux. Et de toute façon, j'abhorre les chefs et autres privilégiés, quelque soit leur camps. »

Changeant de sujet, il ne put s'empêcher de demander :

« Et toi, comment un semi-shaakt a-t-il pu devenir membre de la milice d'Oranan ? Je n'ai pourtant pas l'impression que la tolérance soit plus de mise ici qu'à Kendra Kâr. »

C'est à peine s'il avait remarqué être soudain passé au tutoiement.

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