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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Mar 18 Juin 2013 23:25 
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Tout comme la nuit dernière, mon sommeil a été des plus réparateurs, mais le réveil n'est pas aussi facile. Le corps meurtri à cause des derniers affrontements, je me lève difficilement avant de me rendre sans attendre auprès de ma monture. J'ai survécu grâce à ma magie, mais même si cette dernière fait des miracles, elle ne sert à rien pour tout ce qui est courbatures et compagnie. Après un effort qui me semble presque surhumain, je parviens à me mettre en selle et à lancer Revanche au galop. Chaque mètre parcouru apporte son petit lot de douleur, dans mes cuisses, au niveau de mon abdomen, mais surtout...pour mon délicat postérieur. Je ne suis pas du tout habitué aux grandes chevauchés et je ne le suis pas plus aux petites à vrai dire, mais je ne peux pas me permettre de perdre du temps en voyages inutiles. Je dois vite m'éloigner des Bois Sombres et je devrais encore plus vite m'éloigner d'Oranan une fois que j'y serai arrivé.

Et d'ailleurs, après plusieurs heures de marche sans aucun problème, je peux voir la cité apparaitre à l'horizon. Je peux voir les solides remparts se dessiner, progressivement. Cette ville, remplie de guerriers aussi puissants que valeureux qui luttent fièrement et avec honneur contre les forces Oaxiennes se trouve juste devant moi. Cette même ville pour laquelle je suis désormais un danger, une personne à abattre. Je regrette un peu de m'être fait de tels ennemis, mais avais-je réellement le choix ? Pouvais-je me permettre de refuser l'offre de Cwedim ? De refuser un gain de puissance certain et de me retrouver poursuivi par de nouveaux ennemis ? Je n'avais pas le choix...Et pour ces soldats dans la forêt, n'est-ce pas eux qui ont ouvert les hostilités ?

A bien y réfléchir...Pas du tout! C'est moi qui ai attaqué, c'est moi qui ai démarré ce massacre, j'ai même été plutôt cruel, comme dans un état second de colère, de haine. Je crois que je suis devenu...Un monstre, ou quelque chose du genre. Mais peu m'importe! Peu m'importe pour le moment. Je ne peux pas me permettre d'avoir des regrets et de douter, je dois aller de l'avant et faire ce que j'ai à faire. Il sera toujours temps de me racheter plus tard, et si ce n'est pas possible et bien soit, j'assumerai les conséquences de mes actes et je survivrai comme je l'ai toujours fait, peu importe le camp dans lequel je serai. Enfin, à dire vrai, je ne suis dans aucun camp! Je ne suis que mes propres règles! Jamais personne ne m'a dicté ma conduite et ce n'est pas près de commencer. J'ai accepté l'offre de Cwedim car j'avais besoin d'être plus fort. Je ne fais que me servir de lui et le jour où je n'aurais plus besoin des Treize et de l'armée d'Oaxaca...J'aurais sans doute de gros problèmes en fait. Je crois que je me suis collé dans de beaux draps.

Mais les réflexions sur mon avenir proche et lointain devront finalement attendre car je suis arrivé à destination: Oranan. Pourtant c'est maintenant que je me rends compte que hier et dans le bagne, j'ai commis quelques erreurs. Je veux être discret, survivre tout simplement...Bon, pour mon accession au rang de Sergent dans l'armée d'Oaxaca, je n'avais pas vraiment le choix, c'était l'option la plus sûre. Mais hier, qu'est-ce qui m'a pris?! Je me suis rendu responsable de la mort d'un groupe de soldats ynoriens, mais surtout, j'ai laissé le petite éclaireur en vie, je lui ai donné mon nom et je lui ai ordonné de témoigner de mon acte. Et là, je ne crois pas que c'était le choix le plus judicieux! Cwedim est un abruti! Son enseignement est ridicule! La colère rend peut-être plus fort, mais j'ai surtout l'impression qu'elle rend aussi terriblement stupide! Je ne dois pas trainer ici, je ne dois plus remettre les pieds à Oranan tant que je n'aurais pas trouvé une solution pour me sortir de ce marasme. Raaaaah! Mon cerveau va fondre!

_________________

Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Lun 26 Aoû 2013 01:34 
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Le D’Arkasse ne tarda pas à lancer Katsuro au galop, il était content de voir que l’animal n’était pas si têtu qu’il en avait l’air et qu’il répondait plutôt bien à ses ordres. Il y avait certes quelques progrès à faire et il lui faudrait probablement plus de temps pour s’habituer à son nouveau maitre. Heureusement pour lui, le champion de Lorener s'avérait être doté de plus d’humanité que ces peaux vertes chez qui il avait faillit finir. Les cheveux ballotés par le vent, Ezak ne se détourna pas une seule fois pour observer le paysage. Il n’y avait de toute façon pas grand chose à voir en ces terres désolées. Tout n’était que roche et poussières, c’était à se demander si la vie pouvait évoluer dans ce lieu qui ne rappelait que le vide de la mort. Omyre n’était surement pas nourrit grâce à l’agriculture.

Le sergent sur son destrier avait le regard sévère, concentré sur son objectif premier : rallier Oranan. Il était encore bouleversé par le contenu de la lettre qu’il avait reçu. Il était dans une colère froide, mais aussi terriblement inquiet pour les membres de sa famille. Que pouvait-il bien se passer dans son Ynorie ? Le contenu du message n’était pas très explicite et il s’imaginait le pire. Pourquoi Oaxaca voulait l’envoyer lui ? Etait-il le seul ? Toutes ces questions sans réponses le troublaient, le plongeant dans une réflexion intense. Si bien, qu’il s’aperçut à peine de son arrivé dans un lieu qui ne lui était pas si inconnu et qu'il avait presque oublié, les Bois Sombres d'Omyre.

_________________

"L'objet de la guerre n'est pas de mourir pour son pays, mais de faire en sorte que le salaud d'en face meure pour le sien."

- George Smith Patton


Dernière édition par Ezak le Ven 6 Sep 2013 09:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Mar 27 Aoû 2013 17:18 
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Cette fois-ci c’était parti, nous voilà sur la route nous menant vers Oranan, la capitale de l’Ynorie. Je marchais devant suivi de près par mon escorte. Nous marchions à un bon rythme, on pouvait presque nous prendre pour une troupe en déplacement et qui allait faire une manœuvre dans la campagne. Sauf que notre campagne ne commencerait vraiment que dans 4 jours. 4 jours de marche s’annonçait devant nous, je pourrais en profiter pour faire plus ample connaissance avec mes hommes.

Tisser des liens de respect, des liens hiérarchiques également entre nous permettrait de resserrer les rangs, d’avoir du respect les uns pour les autres et surtout cela déboucherait sur une meilleure cohésion de groupe. C’était à mon sens le plus important mais surtout asseoir ma domination sur eux. Ils avaient peut être connu plus de bataille que moi mais j’avais gagné la plus grande d’entre elle, celle qui m’avait permise de devenir un sergent d’Oaxaca, un serviteur de Xenair.

Ceci faisait ma fierté. Je pouvais presque rêver du jour où j’irais voir ma mère accompagné de mes fidèles soldats afin de mettre un terme à sa vie. Je n’avais jamais éprouvé ce genre de sentiment haineux, ce sentiment puissant qu’était la vengeance et aujourd’hui je regrettais. Oui je regrettais amèrement de n’avoir pas pu tenter ma chance, de ne pas avoir tué cette femme abjecte qui m’a asservi et servi de mère. Cela allait changer, certes pas dans un avenir proche puisqu’on requérait ma présence en Ynorie, mais dans un avenir certain.

Après une bonne heure de marche, je tournai la tête derrière moi. La grande tour Noire d’Oaxaca d’où j’étais sorti plus d’une heure auparavant était toujours visible, majestueuse dans le ciel. Un sentiment de fierté m’envahit soudain en voyant ce bâtiment.

- « Tout va bien Monsieur ? »

Un de mes hommes s’inquiétait de me voir ainsi regarder la ville ou du moins ce qu’on pouvait encore en voir.

- « Oui merci, je regardais une dernière fois la tour qui a changé ma vie. Repartons. »

Nous nous remîmes en route et marchâmes ainsi pendant des heures, voyant le paysage défiler passant de la poussière aux rochers. La route devint à ce moment-là moins facile à pratiquer, nous dûmes ralentir quelque peu l’allure pour ne pas nous fatiguer inutilement. Le soleil commença à décroître dans le ciel, il était temps pour nous de nous arrêter pour la nuit et de monter un camp. J’attendis de trouver un endroit où il y avait un petit cours d’eau et un sous-bois pour lever mon poing droit en signe d’arrêt. Je me retournais vers mes 10 hommes du désert.

- « Nous passerons la nuit ici. Je veux trois hommes pour aller récupérer du bois, trois hommes pour aller chasser, les quatre autres restent avec moi, nous allons préparer notre campement. »

- « Oui Monsieur ! »

Sans avoir désigné qui devait faire quoi, ils se séparèrent en trois groups afin d’accomplir les tâches que j’avais donné. Autant de bonnes volontés étaient plaisant à voir et surtout réjouissant pour la suite des choses. Je partis ainsi avec 4 de mes hommes délimiter le campement pendant qu’eux préparait ce qu’il fallait pour manger, le feu et remplissaient leurs gourdes d’eau fraîche. Je m’assis sur l’un des rochers regardant ce petit monde s’affairer à sa tâche. C’était plaisant et reposant à voir, même si je n’étais pas spécialement fatigué.

En 10 minutes à peine, le feu brûlait et la viande cuisait au-dessus. Le vent diffusait des odeurs absolument fabuleuses dans le campement. Le ciel était clair, nous allions dormir à la belle étoile, il ne manquait que la lumière de la lune pour voir comme en plein jour mais il ne fallait tout de même pas en espérer tant. Cependant, il manquait quelque chose à cette belle ambiance : du bruit, celui des voix. Tous mes hommes étaient tristement silencieux, comme si ils attendaient mon consentement pour parler ou quelque chose du genre. Incroyable.

Je me levai de mon rocher et les rejoignis autour du feu. Je humai l’odeur de la viande qui cuisait à pleines narines et m’en délectai. J’affichai un sourire sur mes lèvres avant de parler.

- « Qui a cuisiné cette magnifique pièce de viande ? »

L’un des hommes des sables se leva.

- « C’est moi Monsieur ! »

- « Ca sent drôlement bon ! »

- « Merci Monsieur. »

- « Quel est ton nom ? »

- « Licymnios Monsieur. »

- « Et bien Licymnios, j’ai hâte de goûter. »

- « Il faudra attendre encore une heure Monsieur. »

- « Alors asseyons-nous, il serait plus que temps de faire les présentations. »

Licymnios se rassit, je m’approchai du feu et m’assis à mon tour en tailleur.

- « Je vais donc commencer. Je me nomme Léandre, mon nom de famille n’est pas important. Je viens de Gwadh où ma mère a tué mon père, la puissance matriarcale de Gwadh oblige. Je suis parti après son enterrement loin d’elle parce que j’avais peur mais cela a changé depuis mon expérience dans ce bagne où j’ai gagné de puissants alliés mais également vous, mes chers soldats des dunes. A vous de m’en apprendre plus sur vous. Si vous voulez me posez des questions, n’hésitez pas, je ne veux avoir aucun secret pour vous. »

Licymnios commença.

- « Vous connaissez déjà mon nom Monsieur, il est donc inutile que je me répète. Cependant, je peux vous apprendre que nous sommes du désert de l’est de l’Imiftil. Nous avions l’habitude de nous battre férocement jusqu’à ce que l’un des lieutenants d’Oaxaca nous repère et nous demande d’entrer à votre service. »

Il tourna la tête vers son voisin de gauche.

- « Je me nomme Arcas. »

Il tourna la tête vers son compatriote dont j’ignorais encore le nom.

- « Moi c’est Cinyras. »

Ils continuèrent ainsi de la droite vers la gauche. Proetos, Gordias, Battos, Thoas, Porphyrion, Nisus et enfin Idoménée.

Au moins, je pourrais les appeler par leurs prénoms plutôt que de simplement les héler. J’étais curieux cependant sur eux, sur leurs vies. Je voulais en apprendre plus.

- « Racontez m’en un peu plus sur votre contrée d’origine, je ne connais pas grand-chose du désert. »

L’un après l’autre, ils se mirent à décrire le désert de l’est comme étant dangereux pour quiconque ose s’y aventurer sans un bon guide. Ils étaient des marchands avant d’en venir aux armes, ils en eurent un jour marre de se faire constamment attaquer par les Lances d’El Abhar dès qu’ils allaient dans la partie la plus septentrional du désert. Ils prirent les armes, se défendirent et se rendirent compte que le matériel qu’ils utilisaient habituellement pour la chasse pouvait servir à tuer les hommes. Ils y prirent goût et se mirent finalement aux services d’un des lieutenants d’Oaxaca, Xenair, car ils étaient efficaces et silencieux au possible. Deux qualités rares mais précieuses dans un groupe d’hommes.

Licymnios se leva régulièrement afin de regarder l’état de la cuisson de la viande durant cette petite heure et finalement il la sortit du feu pour la déposer sur un lit de feuille qu’il avait préparé au préalable. Il sortit un couteau de son sac et commença à couper des morceaux de sanglier pour les donner à tout le monde. Une fois la distribution terminée, il revint à sa place.

- « Bon appétit messieurs. »

- « Bon appétit Monsieur. »

Nous mangeâmes avec plaisir cette viande tendre et cuite à point. C’était absolument délicieux, nous avions un chef parmi la troupe et de toute évidence de très bons chasseurs pour avoir déniché aussi vite une telle proie. Je me levai et me dirigeai vers le cours d’eau qui passait non loin de notre position afin de me laver les mains et me rafraîchir le visage. En me retournant, je vis que tout mon petit monde se préparait pour la nuit. Il était également temps pour moi de leur donner le programme des réjouissances.

- « Bien messieurs, trois tours de garde pour cette nuit. Le premier avec trois hommes, le deuxième avec 4 hommes et le dernier avec les trois hommes restant et moi-même. »

- « Permission de parler Monsieur ? »

- « Accordé. »

- « Vous devriez vous reposer Monsieur. »

- « Je ne suis ni vieux, ni impotent et j’ai besoin de moins de temps pour récupérer d’une journée de marche que vous. Il me tient également à cœur de vous montrer que je ne vous utilise pas simplement pour mon bon plaisir mais que je peux également faire ma partie du travail. »

Aussitôt Proetos baissa la tête en signe d’excuse.

- « Ta sollicitude me touche Proetos, inutile de t’excuser. N’en parlons plus. Licymnios, Cinyras et Arcas, vous ferez le premier tour de surveillance, Proetos, Gordias, Battos vous ferez le dernier tour avec moi. Les autres, second tour. Sur ce, tout le monde sait ce qu’il doit faire, donc je vous souhaite une bonne nuit messieurs. »

- « Bonne nuit chef ! »

Je m’installai confortablement sur le sol, m’enroulant dans ma cape aérienne et trouvai rapidement le sommeil, un sommeil salvateur et réparateur après le combat que j’avais livré dans le bagne maudit.

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Léandre - Shaakt - Soldat



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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Ven 30 Aoû 2013 14:54 
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Je fus réveillé par l’un de mes hommes qui me secoua doucement. J’ouvris les yeux et constatai qu’il faisait encore noir mais que les premières lueurs du jour n’allait pas tarder à poindre. Je me levai immédiatement et regardai les trois soldats qui étaient debout à côté de moi. Je m’enquis rapidement de la situation.

- « Rien à signaler messieurs ? »

- « Rien à signaler Monsieur. »

Proétos avait parlé tout bas pour ne pas réveiller les quatre hommes qui venaient tout juste de s’endormir. D’un signe de la main, je les enjoignis à me suivre jusqu’au rocher où je les avais regardé la veille au soir s’activer pour préparer notre campement.

- « Le ciel est visible, les dieux sont avec nous. »

Je levai la tête et constatai que l’on pouvait compter toutes les étoiles dans le ciel.

- « Il semblerait que tu aies raison Gordias. »

- « Est-ce que vous voulez quelque chose Monsieur ? »

- « Merci de ta sollicitude Battos mais je n’ai besoin de rien. Restez en alerte, c’est tout ce que je vous demande. »

Les trois hommes approuvèrent de la tête et deux d’entre eux prirent leurs arcs dans leur main alors que Battos sortit sa lame de son fourreau. Nous attendîmes patiemment que la nuit se termine et que le jour arrive jusqu’à ce que Proétos se lève pour se poster devant moi.

- « Monsieur, puis-je vous poser une question ? »

- « Bien sur ! »

- « Etes-vous déjà allé à Oranan ? »

- « Non, je n’ai jamais eu cette chance. Pourquoi cette question ? »

- « Pour savoir si nous allions en territoire inconnu. »

- « Il semblerait que oui. »

Je vis un léger sourire apparaître sur son visage, il semblait heureux de se rendre dans un lieu qu’il ne connaissait pas pour découvrir autre chose que son désert natal. En tournant la tête vers les deux autres, je vis le même sourire sur leurs visages. Ils aimaient l’aventure, ça se voyait, un bon point pour eux et un excellent point pour moi. Espérons simplement qu’ils soient suffisamment sur leur garde pour que rien de fâcheux ne nous arrive.

Pendant que je restai sur mon rocher à observer mes hommes qui profitaient d’un sommeil réparateur, les trois autres faisaient le tour du campement observant les alentours, scrutant l’horizon en détail. Je finis par me lever également et rejoignis le proche torrent pour m’y abreuver et jeter un peu d’eau fraîche sur mon visage. En regardant vers l’ouest, je vis que la route était toujours aussi mauvaise mais que nous pouvions aisément suivre le cours d’eau, plutôt pratique.

Je me relevai et m’étirai de toute ma hauteur, faisant craquer mes articulations alors que les premiers rayons du soleil commençaient à pointer le bout de leur nez. Un coup d’œil vers le feu et je pus distinguer ce qu’il restait de la viande de sanglier que nous avions dégusté hier soir. Il en restait suffisamment pour tout le monde. Parfait, nous allions manger un morceau avant de reprendre notre marche.

Je regardai ensuite les 7 hommes du désert qui dormaient encore, ils semblaient faits pour des conditions de vie difficile, pas étonnant après avoir vécu des années dans le désert. Ce n’était pas simple d’y vivre, tout comme il n’était pas simple de vivre toujours sous terre à Gwadh, cette ville était pour moi synonyme de vengeance. J’y serais bien allé en expédition punitive mais on requérait ma présence ailleurs.

Lorsque les rayons du soleil furent suffisamment hauts dans le ciel, je claquai des doigts et les trois hommes debout se retournèrent vers moi. Je leur fis signe de réveiller tout le monde ce qu’ils firent facilement. Ils devaient avoir l’habitude de se réveiller avec le soleil dans le désert, une bonne chose. Rapidement, ils s’équipèrent convenablement et attendirent mes ordres pour avancer.

- « Licymnios, coupe la viande restante en 11 parts égales, un petit encas avant de prendre la route ne fera de mal à personne. Mon père m’avait toujours dit qu’un homme qui voyage le ventre vide n’ira jamais loin. »

- « Votre père est un homme sage Monsieur. »

- « Etait un elfe sage… »

- « Désolé Monsieur. »

Une excuse unanime de toute ma troupe me redonna le sourire après un léger passage nostalgique à l’évocation de mon paternel que j’aimais de tout mon cœur et donc le souvenir était encore vivace dans mon esprit. Licymnios se mit alors à découper la viande avec une dextérité hors du commun, mieux valait ne pas se battre avec lui avec une lame car il aurait tôt fait de vous trancher en petit morceau.

Il fit ensuite la distribution de la viande et effectivement il en restait suffisamment pour avoir une belle pièce chacun. Nous mangeâmes avec appétit et tout le monde passa par le cours d’eau pour se désaltérer, remplir leurs gourdes et se rafraîchir. Certains éteignirent les dernières braises de notre feu et tous se tinrent rapidement prêt à reprendre la route alors que le soleil était maintenant clairement visible à l’horizon.

- « En route messieurs. »

Ouvrant la marche, je me mis en route d’un bon pas souhaitant avancer rapidement. La route ne changea pas des masses durant les trois premières heures mais au fur et à mesure que nous avancions ce qui se présentait devant nous n’était pas rassurant. Une sinistre forêt s’offrait à notre vision, de plus en plus clairement à mesure que nous avancions. Mes yeux d’elfes tentèrent de trouver un moyen de contourner ce bois par l’intermédiaire de la route mais il semblerait bien que cette dernière passait par cet endroit fort peu accueillant.

Nous avançâmes jusqu’à arriver à l’orée de ce bois très sombre qui ne m’inspirait aucunement confiance. Mais que faire ? C’était la seule route pour aller vers Oranan, je n’allais pas renoncer maintenant à une belle aventure. J’avais mes hommes avec moi, inutile d’avoir peur dans de pareilles conditions.

Je me tournai vers eux et lançai quand même une petite question.

- « L’un de vous connaît-il ces bois ? »

- « Ce sont les bois sombres Monsieur. »

- « Que sais-tu d’autre au sujet de ce lieu Arcas ? »

- « Beaucoup y entrent sans en sortir vivant, il paraît que des orques et des gobelins un peu plus sauvages que la moyenne y ont élu domicile. »

- « Alors messieurs, soyez sur vos gardes. Formation serrée, soyez tous prêt à tirer votre épée en cas de besoin. »

Ils acquiescèrent tous d’un signe de tête et portèrent leurs mains sur le pommeau de leurs lames arquées. A nous les bois sombres.

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Léandre - Shaakt - Soldat



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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Sam 23 Nov 2013 02:30 
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Les ordres du Capitaine

Le Capitaine avait donné des ordres pour qu'on fournisse aux membres de la Compagnie du Serpent noir des chevaux. Ainsi tous les soldats avaient pu se mettre en route au plus tôt, et chevauchaient maintenant à bride abattue vers les villages alentours d'Oranan, assez près de la ville pour répandre un semblant de terreur et de soupçon, assez éloignés de celle-ci pour que les guerriers d'Omyre ne tombent pas sur les patrouilles ynoriennes les mieux dotées. La vitesse ne dénotait pas tant la hâte de croiser à nouveau le fer que l'obéissance aveugle à un ordre, et à la menace qui lui était sous-jacente : "Quittez au plus vite la cité, avant que les gars de l'autre compagnie décident de frapper fort".

Le pied sur les plaines

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La faim chasse le loup du bois...


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Dim 19 Jan 2014 13:19 
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~Auparavant~

~22~



Égaré. C'est l'unique constat que je peux faire à présent. J'ai marché droit devant moi pendant de nombreuses heures, à tel point que je pense que la nuit est finie depuis longtemps. Dans cet endroit aux végétaux secs, faire la distinction entre journée et soirée est presque impossible. Mon corps est lourd et douloureux car j'ai encore une fois trébuché sur un tapis de ronces sournoises. À genoux, je perds mon regard dans la brume, mon esprit me faisant voir dans les ombres quelques paires d'yeux accompagnant des cris moqueurs. Lentement, je porte à mes lèvres une bouchée de poisson séché et deux gorgées d'eau, cherchant à duper mon estomac. Seul, j'en viens à me questionner sur ma situation et à ne trouver aucune réponse pertinente.

Kuon aurait pu me tuer ou me dépouiller, mais il n'a pris que ces rouleaux. S'il est vraiment un traître, il n'est pas le plus efficace d'entre eux. Alors que j'y songe, un sentiment d'inutilité m'envahit, comme si cela n'avait que peu d'importance. Un éternuement m'échappe, résonnant dans les environs. Je sais que j'ai quelque chose à faire, mais j'ai le sentiment que mon esprit et mon corps se rebellent. Abattu, je range ma gourde dans ma sacoche, heurtant doucement les médaillons des morts. Je les extirpe de là, les observant un peu. Petit à petit, les images du champ de bataille me reviennent. Je dois me reprendre, je dois avancer... Mais dans quelle direction ? Levant le nez, oreilles aux aguets, j'adresse une prière aux divinités que je respecte. À Gaia en particulier.

( Dame de Lumière... Je vous en conjure, guidez mes pas à travers ces ténèbres. )

De longues minutes s'écoulent, me faisant esquisser un sourire quelque peu dépité tandis que seul le silence accueille ma demande.

( Elle m'a déjà accordé son don, qui suis-je pour lui en demander plus ? )

La fatigue doit m'avoir quelque peu perturbé, car je perçois soudain comme un murmure. Il est étrangement rassurant, comme venant d'un ami de longue date. Aux aguets, je tends l'oreille, en cherchant l'origine. Le silence m'entoure de nouveau, me faisant secouer la tête. Je finis par me relever et m'appuyer sur un tronc rugueux proche. Une nouvelle fois, cette voix se manifeste et un peu plus fort, me permettant de discerner quelques mots. Ils sont en ynorien, ont une sonorité ancienne, et constituent des ordres me poussant à me remettre en route. Méfiant, je fais un pas et m'arrête de nouveau. D'un coup, sur ma gauche, j'aperçois une lueur dorée et douce qui semble suspendue dans l'air. Son coloris me rappelle ma magie. Est-ce un signe de Gaïa ?

J'avance dans sa direction, mais la lueur semble vouloir maintenir une certaine distance avec moi. Je dois être fou, mais je m'efforce de la suivre, percevant par moment ce doux murmure rassurant. Quelle que soit cette chose, elle ne semble pas vouloir me nuire. Mon cœur bat la chamade tandis que je force mon corps à avancer encore et encore à sa suite. Je suis fatigué, mais aussi persuadé que m'arrêter signifie perdre cet étrange guide. De longues heures s'écoulent encore, au bruit de craquement d'épines et du métal de mon arme heurtant des buissons bas.

Soudain, l'horizon se défait de la végétation oppressante, me donnant la vision d'une vaste plaine. Au loin, la silhouette floue d'un fort de la République se dresse dans le jeune jour. Je suis de retour sur nos terres. Un renouveau d'énergie m'envahit et je me retourne vers ces bois. La lueur est toujours là, mais bien plus proche. Lentement, je lui adresse un signe de tête marquant ma gratitude, constatant ensuite que ce phénomène se rapproche de moi. Prudemment, j'élève la main portant la bague de San-Divyna, lui offrant ma paume ouverte. J'ignore si je suis bien réveillé, mais sitôt qu'elle touche ma peau, l'étrange lumière semble se glisser dans le bijou doré. Surpris, je secoue vivement la tête, faisant volte-face et me hâtant sur nos terres.

( Merci Gaïa. Ma foi en vous sera éternelle. )

À grandes enjambées, je m'éloigne de la végétation en direction du fort. Il me faut du temps pour le rallier, et encore plus pour expliquer aux soldats méfiants que je suis bien un milicien. La présence de mes jambières au blason de la milice et le fait que l'un des soldats me reconnaisse comme un ami de Hidate m'aident grandement. Malgré ma petite taille, mon aspect sale à cause du voyage et ma nature de demi-shaakt, le capitaine de la place-forte autorise deux de ses subordonnés à me ramener immédiatement à Oranan.

À cheval, me tenant à un humain moyennement équipé, je regarde droit devant moi, impatient.

Me refusant le droit de dormir, je vois finalement au loin les hauts murs de la cité. J'ai perdu le compte des jours et ne distingue plus vraiment le moment de la journée, chaque parcelle de mon corps me signifiant sa lassitude. Je tente de ne pas y prêter attention, ni à ce rapport que je vais devoir faire au plus vite, et ne garde en tête qu'une seule chose : ma mission s'achève.

Enfin.



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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Mer 30 Juil 2014 17:56 
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Chemin d’Omyre vers Oranan.

La route quittant Omyre vers le sud est aussi chaotique et mal entretenue que tout le reste de la ville. Des pavés arrachés, d’autres mal placés, des herbes en dépassant, et des zones carrément recouvertes de terre, de cailloux et de végétation sèche, aplatie par les nombreux passages des troupes orques allant faire l’un ou l’autre raid sur la capitale d’Ynorie. Chevauchant néanmoins à vive allure, espérant ne pas croquer la jambe de ma nouvelle monture… Ou plutôt celle de Lysis, même si je suis encore peu habitué à la considérer comme un être humanoïde à part entière, je trace mon chemin jusqu’à un imposant pont de pierres sombres chevauchant un cours d’eau à l’allure vive. Large et tumultueux, je me félicite de n’avoir pas à le traverser à la nage, ou même à gué. Ce que j’aurais dû faire immanquablement si j’étais un ennemi ouvert d’Oaxaca. Avoir ses entrées à Omyre, comme quoi, ça a du bon.

(Sans doute ne serais-tu jamais passé par là si tu n’avais pas eu de lien avec Omyre…)

Elle n’a pas tort… Mais il n’empêche, c’aurait été gênant au possible. Quoi qu’il en soit, la traversée du pont se fait sans peine, et débouche sur un paysage de plaine dévastée, cernée d’un bois que je ne connais que trop bien : les Bois Sombres. Pour m’y être déjà rendu, puisqu’il abrite le portail vers Gramenou, dans l’antre de l’Oubli. Ou un truc du genre… J’avoue que les souvenirs d’un tel lieu, et des événements y étant associés ne me réjouissent pas forcément, et je sais que je ne tarderai guère dans ces sombres bois, même si je dois pousser mon destrier plus loin que la raison l’exige.

(Après tout, il sera toujours mieux traité que de là où il vient…)

Un peu faiblard comme excuse pour dédouaner mon exigence, mais je ne changerai pas d’avis : aucune envie de tomber sur un troupeau d’araignées mécaniques de Khynt, ou sur les troupes d’Hommes Lézards de Sisstar. D’autant qu’Aerq m’a prévenu qu’ils me considéraient l’un comme l’autre comme un parasite malvenu… Pas au point de me nuire, vraisemblablement, comme Crean Lorener le ferait volontiers pour sa part, après ce que je lui ai fait. Même si je n’ai fait que remettre les choses dans l’ordre, en état de légitime défense, il ne semble pas comprendre cette notion, et m’en tient rigueur. Soit… Je n’ai jamais rencontré ses troupes, et n’ai aucune envie de les croiser dans les Bois Sombres.

Je passe sous le couvert des arbres sombres et aux branches crochues au triple galop. La voie est large, entre les arbres, même si de grosses racines tortueuses encombrent le passage. Je chevauche ainsi une bonne partie de la journée, et pousse encore Nuit jusqu’à l’orée de ces maudits bois funèbres, même alors que le soleil est couché.

Sorti des bois, après une journée de chevauchée harassante, je fais pause et laisse Nuit se reposer… Moi-même, j’établis un campement de fortune pour passer la nuit, m’enroulant dans sa couverture de selle pour somnoler quelques heures en attendant le lever du soleil…

Après une nuit sans incident, je me réveille et remets le pied à l’étrier, sur ce cheval fougueux avide de course et de voyages. Lui qui n’a sans doute jamais quitté son élevage que pour de courtes balades, un tel trajet doit pas mal le changer. Je lui flatte l’encolure tout en le lançant au trot rapide, poursuivant mon voyage vers Oranan.

Je me rappelle avec tristesse de cette zone de l’Ynorie, désertée de toute vie. Les fermiers, paysans, éleveurs, tenanciers d’auberges de route et échoppes de voyage sont tous partis vers la ville forte, laissant derrière eux des ruines fumantes, incendiées ou détruites, de leur ancienne vie. Depuis des générations, ils subissent des raids orques terribles et sans pitié… Ainsi va la guerre. Violences inutiles et pillages brutaux. Le choc d’une culture expansive et violente face à une autre, défensive et traditionnaliste. Si les Ynoriens s’étaient laissé faire envahir, sans doute cette guerre serait-elle finie. Même si on ne peut leur reprocher l’état actuel des choses, ils font également partie des responsables de la guerre latente et perpétuelle… Je me surprends de penser ça, mais je m’en sens plus ouvert d’esprit. Comme l’a souvent dit Lysis : tout dépend du point de vue. Tout est relatif… Et davantage dans une guerre que dans le quotidien.

Chevauchant à vive allure dans ce paysage désert et désolant, j’arrive en vue d’Oranan dans l’après-quatre heure de mon second jour de voyage. Rangeant mon médaillon sous mes habits avant d’arriver en vue de la ville, je me laisse mener par Nuit, sur un chemin enfin potable, une route pavée, bien qu’usée elle aussi… mais moins détruite que la partie Omyrienne de cette voie antique. Rapidement, j’arrive sous les murailles de la capitale d’Ynorie. Prêt à entrer dans la ville… A retourner à mon ancienne vie. Celle que je devrai désormais relier à un mensonge sombre, à un secret profond…

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Mar 23 Sep 2014 15:22 
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La traversée avait été beaucoup plus facile que prévu. Sur son chemin, Hrist n'avait rencontré que peu de personnes et la plupart n'étaient que des paysans dans les champs qui lui échangèrent quelques informations sur son itinéraire contre une petite pièce. Les autres, caravaniers et commerçants en tout genre qui avaient accepté de bon cœur de l'assoir sur leurs reliquats de farine à l'arrière de leur cargaison.

La route rapidement avalée sous ses bottes, les habitations et moulins des alentours prenaient des allures plus désastreuses. Les ronces et la végétation débordait des pierres disparues, tombées d'un mortier sans cesse agressé par les vents mordants. Des grincement de bois et de structures en branle s'élevaient dans le ciel, seul signe qui trahissait des vestiges d'humain.

Seule, Hrist se protégeait le visage des bourrasques qui emportaient avec elles des poignées de poussière qui meurtrissait ses yeux. Aucun signe de vie aux alentours, toujours.

La nuit, elle restait le plus souvent dissimulée dans un vieux moulin ou dans un renfort de berger à dormir sur d'antiques merdes de mouton desséchées par le temps. Elle ne faisait pas de feu, pour chasser elle faisait uniquement appel à Cèles qui faisait venir un bouloum maladroit ou un lapin dodu à l'air naif. Cet avantage lui offrait de continuer à avancer sans perdre de temps à chasser et se fatiguer.

Observant les plaines vides et sauvages, confortablement assise sur des sacs en toile crevés et grouillant de toiles, elle jeta à terre les morceaux encore tiède d'un bouloum et s'essuya les lèvres du revers de la main. Elle prenait ses repas crus afin de ne pas construire de feu et de rester invisible. Ici ceux que les flammes pourraient attirer n'avaient rien d'humains et même si elle était plus ou moins reconnue à Omyre, elle préférait se payer le luxe de ne pas rencontrer une troupe Garzok. Dans la pénombre et sous le climat actuel, personne n'était à l'abri d'une bavure.

Omyre n'était plus si loin.

Derrière les végétations se trouvaient les plaines de pierre et elle n'était plus qu'à un jour de son objectif.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Mer 15 Juin 2016 14:22 
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Talonnant nos chevaux comme si toutes les créatures les plus viles de Yuimen nous coursaient, nous quittâmes l’entourage direct d’Omyre. Nous étions un peu plus à l’abri d’un possible raid de récupération. J’avais cependant des doutes concernant la situation de nos camarades qui risquaient de retourner en ville et se feraient attraper par les sbires restants de Liam.

Non, ils n’allaient pas se jeter volontairement dans la gueule du loup. Ils s’étaient battus pour obtenir leur liberté, ils allaient fuir comme nous mais peut être pas dans la même direction que nous. Nous n’avions pas choisi la route la plus simple, nous allions devoir traverser les bois sombres, une forêt qui avait une aussi mauvaise réputation que le camp dont nous venions de nous enfuir.

- « A quoi penses-tu Aenaria ? »

- « Les bois sombres. »

- « Et ? »

- « Tu n’en as jamais entendu parler ? »

- « Non, ça ne me dit rien du tout. Pourquoi cela devrait me parler ? »

- « J’ai entendu les plus folles rumeurs au sujet de ces bois, des rumeurs à l’image de celle que j’avais pu entendre sur le camp dont nous venons de nous échapper. »

- « On est sorti du camp, nous nous sortirons de ce nouveau mauvais pas. »

- « Pour cela nous devons dormir. Je ne pense pas que les gardes de la ville se mettront en quête des fuyards immédiatement, ils seront trop occupés à voir l’étendue des dégâts au camp et attraper les fugitifs proches de la cité. La nuit n’est pas encore trop avancée, nous allons cravacher quelques heures afin de rejoindre le pont de pierre qui se trouve à une heure de la lisière de la forêt. Nous pourrons nous abriter en dessous pour prendre du repos. »

- « Bonne idée mais il y a un hic, nous avons beau être des elfes tous les deux, nous ne voyons pas grand chose, une solution ? »

Je claquai les doigts de ma main droite et aussitôt une boule de lumière fit son apparition juste à côté de moi, nous permettant de voir devant nous. Enfin voir, tout était relatif, on ne voyait pas à deux cent mètres à la ronde mais juste assez pour éviter les obstacles et suivre ce qui ressemblait à une route.

- « Pas mal, on y verra mieux ainsi. Allez, ne traînons pas trop dans le coin. Si l’un de nous ressent la fatigue, on s’arrête quoi qu’il arrive. »

- « Et la pluie ? »

- « Crois-moi, elle ne devrait pas tarder à s’arrêter. »

Faerlyn fit claquer ses rennes afin de relancer sa monture et je fis de même, me doutant bien qu’il savait plus de chose que moi sur les nuages. Nous galopâmes sur ces terres hostiles pendant au moins trente minutes avant que la pluie ne cesse définitivement, comme l’avait prédit l’éarion.

Les trente minutes suivantes nous permirent de sécher quelque peu ce qui était plutôt bien car je commençai sérieusement à greloter sous ma cape elfique. La fatigue commença à m’assaillir, mes yeux se fermaient malgré moi mais je devais tenir encore un peu plus longtemps.

Nous devions galoper à vive allure depuis presque deux heures maintenant, nous pouvions ralentir et trouver un lieu pour prendre du repos, même si j’aurais préféré être au pont de pierre. La boule de lumière se mit à éclairer de gros arbres qui longeaient la rivière. Parfait pour s’arrêter.

Je sifflai afin de faire se retourner Faerlyn dans ma direction avant de lui indiquer les quelques arbres sur ma gauche. Il comprit et ralentit aussitôt l’allure tout comme moi avant de tirer les rennes de sa monture pour la diriger vers la rivière. Je choisis un arbre avec un large tronc permettant la plus grande couverture et avec le premier niveau de branchage le plus élevé.

Je fis faire demi-tour à ma monture et la guidai avec les rennes vers le dernier arbre que nous venions de passer. Sur place, je fis passer mon cheval sous les branchages et constatai par la même occasion que je pouvais tenir sur la scelle sans toucher les feuilles. C’était parfait car nous pourrions faire un feu sans risquer de mettre feu à l’arbre avec un minimum de surveillance évidemment.

Je posai pied à terre et Faerlyn me suivit rapidement. Il récupéra les rennes de mon moyen de locomotion et attacha les rennes au sien.

- « Alors que fait-on ? »

- « Tu récupères des pierres dans le rivière suffisamment grosses et tu formes un cercle pendant que je vais couper avec mon épée les branches au-dessus de nos têtes. »

Il acquiesça de la tête et se mit à l’ouvrage. Je rejoignis le tronc et récupérai mon épée. Je fis une encoche dans le bois au niveau de mon genou puis une au niveau du haut de ma cuisse, une autre au niveau de ma taille et une dernière au niveau de ma poitrine, me créant ainsi un escalier afin de grimper dans l’arbre.

Remettant mon épée dans son fourreau, j’utilisai mes prises afin de prendre un peu de hauteur. Je me mis à califourchon sur la première branche que je trouvai et repris mon épée en main afin de couper les branches au-dessus de moi. Il me fallut plusieurs coups avant de faire tomber une grosse branche non sans prendre des feuilles dans la tête. Je n’étais plus totalement lucide et mes réflexes laissaient quelque peu à désirer.

Je m’attaquai à une deuxième grosse branche afin d’avoir suffisamment de bois pour toute la nuit. Mes oreilles captèrent des bruits de branches que l’on casse, aussitôt mon regard descendit sur Faerlyn qui avait commencé à couper tant bien que mal les ramures. J’accélérai le mouvement afin de le rejoindre dans sa besogne.

Une deuxième branche sur le sol, je rengainai mon épée et tenant fermement la branche sur laquelle j’étais assise, je me laissai tomber en arrière, me retenant avec mes bras avant de lâcher prise pour tomber doucement sur le sol. Je rejoignis Faerlyn et coupai les branches rapidement de ma lame. Je dus m’y reprendre à plusieurs reprises pour couper certains morceaux, mes forces m’abandonnaient progressivement.

L’éarion porta les premiers morceaux et les feuilles dans le cercle de pierre qu’il avait rapidement constitué. Il déplaça le reste rapidement et fit une pile avec la dernière partie des branches.

- « Et maintenant. »

Je mobilisai mes fluides de feu qui semblait être bien vide mais ma réserve fut suffisante afin de lancer une simple boule de feu dans le tas de bois. La première tentative échoua, mes fluides refusant de m’obéir. Je secouai ma main et mobilisai de nouveau mes fluides de feu qui cette fois-ci répondirent en formant une boule dans ma main qui je lançai rapidement.

J’attendis de voir si le brasier prenait correctement avant d’enlever ma cape pour la sécher le plus possible. Faerlyn s’assit en tailleur près du feu, les mains vers lui pour se réchauffer. Je tournai ma cape pour la sécher le plus possible le tout en baillant à m’en décocher la mâchoire.

- « Bien, je prends le premier tour de garde et toi le second. »

- « Non Aenaria, tu as livré un combat beaucoup plus rude que moi. Je suis juste fatigué magiquement, toi tu es fatiguée physiquement et magiquement. Tu tiens à peine debout. Va dormir, je te réveille avant que le soleil ne se lève. »

- « Même si tu te bats avec ta magie, je te laisse quand même mon épée et mon bouclier au cas où. Cette région n’est pas sûre. »

- « Nous sommes à côté d’une rivière, je n’ai peur de rien. Repose-toi jeune sindel. »

Il ne m’en fallut pas plus. Je m’allongeai près du feu, posai ma cape sur moi et, une fois en boule, me laissai aller au sommeil, un sommeil bien mérité, un sommeil synonyme de liberté.

*****


Je fus réveillée par Faerlyn quelques heures plus tard. En ouvrant les yeux, je pus constater que le soleil commençait tout juste à poindre le bout de son nez à l’horizon. Je me levai, m’étirai et tendis ma cape à Faerlyn qui l’accepta volontiers.

- « J’ai dormi combien de temps ? »

- « Je dirais quatre bonnes heures. »

- « Je te réveille dans quatre bonnes heures alors. Repose-toi bien. »

Il acquiesça de la tête, s’enroula dans la cape et s’allongea près du feu. Sa respiration se calma rapidement, son torse se levait et se baissait plus doucement. En regardant autour de moi, je distinguai clairement le cours d’eau dont l’onde semblait pure et fraîche. Le soleil continuait sa course vers son zénith, je n’aurai donc plus besoin d’alimenter le feu.

Je gardai mon épée et mon bouclier à portée de mains et rejoignis la rivière afin de me rafraîchir. Me laver correctement était une illusion mais enlever quelques stigmates de la nuit que nous venions de passer n’était pas impossible. Mon regard tomba sur mon reflet dans l’eau, je pus voir à quel point mes traits étaient tirés par la fatigue de ces derniers jours.

Rapidement ce reflet se brouilla pour laisser apparaître une scène familière, le salon de la maison d’Ehemdim avec mon cher et tendre qui faisait quelques passes d’armes. Il avait bien récupéré enfin c’était ce que je croyais. Lorsqu’il se tourna vers le point à partir duquel je le voyais, je vis un voile blanc devant ses yeux.

(Oh non !)
(Que se passe-t-il ?)
(Ehemdim a rechuté, la maladie de Kendra Kâr le touche de nouveau.)
(Attends, ce n’est pas à cause de cette maladie qu’il t’a fait ta cicatrice dans le dos ?)
(Si.)

Je reportai mon attention sur la vision que j’avais dans l’onde claire et là qu’elle ne fut pas ma surprise en voyant un visage familier entrer dans le salon. Tamìa ! Je n’avais qu’une hâte, qu’Ehemdim la coupe en petits morceaux pour ce qu’elle nous avait fait subir à tous les deux.

Mais ce que j’attendais avec impatience n’arriva pas, à la place mon cœur rata un battement lorsque je vis cette vipère embrasser à pleine bouche mon fiancé.

(Ce n’est pas son fiancé à la base ?)
(Si mais le problème ne vient pas de là. Il m’a juré qu’il ne voulait plus avoir à faire avec elle. En plus de cela, elle n’a pas la même couleur de cheveux. Attends une minute, elle ressemble beaucoup à l’elfe qui avait embrassé Ehemdim alors qu’il était atteint pour la première fois de la maladie de Kendra Kâr !)
(Tu m’expliques ?)
(Lorsque j’ai retrouvé Ehemdim à Kendra Kâr, il a été attaqué par les sbires de mon frère, je l’ai fait soigner et je suis partie pour l’île volante. Tu me suis ?)
(Oui, jusque-là j’ai bon.)
(Une fois sur cette île, j’ai eu une vision d’Ehemdim qui fricotait avec une elfe grise brune dont le visage me disait quelque chose mais je n’avais pas réussi à mettre le doigt dessus à l’époque. C’était Tamìa en brune !)
(Oh je vois… En fait pas du tout !)
(A l’époque, à mon retour de l’île, j’avais cru que c’était « cette elfe » qui était la raison de sa maladie, mais j’avais tort, il avait attrapé la maladie qui sévissait dans la ville à l’époque. Il avait un voile blanc devant les yeux et ne semblait pas me reconnaître. Nous nous sommes battus, il m’a fait cette blessure dans le dos et je l’ai fait soigner. Griffin et Milian ont trouvé un remède et je suis repartie pour la région d’Oranan pour la mission des Amants.)
(A partir de là, je n’ai pas besoin d’explication puisque je suis entrée en contact avec toi à cette époque.)
(Donc là, imagine un peu le tableau : Tamìa, un voile blanc devant les yeux d’Ehemdim, mon fiancé qui embrasse une elfe qu’il a clairement répudié. Comment veux-tu que je réagisse ?!)
(Reste calme c’est tout ce que je peux te dire.)
(Comment veux-tu que JE RESTE CALME !!!)

J’avais toujours les yeux rivés à l’onde et ma faera choisit ce moment pour se matérialiser devant moi, me cachant par la même occasion cette vision cauchemardesque.

(Regarde-moi Naria.)
(C’est ce que je fais.)
(Suis-moi du regard.)

Je m’exécutai et levai les yeux vers l’horizon où le soleil pointait le bout de son nez. Les premiers rayons me touchèrent le visage. Je fermai les yeux et respirai profondément, sentant une vague de calme m’envahir.

(Merci Crysti.)
(Toujours. Maintenant, mets-toi en tailleur et médite avec les rayons du soleil, cela te reposera encore un peu.)

Ma faera me connaissait bien, les exercices de méditation m’avaient toujours fait du bien. Les jambes en tailleur, je posais mes mains sur mes genoux, paumes vers le ciel et commençai à respirer en cadence tranquillement. Inspiration, expiration, inspiration, expiration…

Les premiers rayons du soleil me transportèrent des années en arrière lorsque je faisais ce même exercice de concentration et de respiration à Faronia. C’était père qui m’avait dit que cela m’aiderait au combat pour retrouver mon calme et après la bataille pour évacuer toutes les horreurs.

Je restai ainsi pendant de longues minutes, me concentrant seulement sur les battements de mon cœur et sur ces rayons de soleil. Je devais évacuer cette vision de mon esprit sinon je risquai une nouvelle « crise magique ».

(Pense à des choses apaisantes.)
(Ma mère.)
(Pourquoi tu associes apaisant à Fanìa ?)
(Tu sais à quel point j’étais proche de mon père ?)
(Tu l’es encore plus aujourd’hui.)
(C’est vrai, dis-toi que j’étais encore plus proche de ma mère. Elle était toujours là pour moi lorsque j’en avais besoin. Par exemple, nous avons un magnifique jardin au manoir et elle adorait passer du temps à s’occuper de ses roses.)
(Elle avait la main verte.)
(Comment tu sais ça toi ?)
(Vu la manière dont tu en parles, il ne faut pas avoir fait de grandes études pour le comprendre !)
(Mouais. Bref, elle adorait me donner le nom scientifique de ses plantes, les différentes fragrances qui s’exprimaient en fonction des saisons, les différentes variétés qui poussaient. C’était un espace de bonheur sans pareil, j’adorais ces petits moments volés entre filles. Elle me manque tellement, j’aurais tant besoin de ses conseils aujourd’hui.)

Sans que je ne le contrôle, une larme roula le long de ma joue. J’effaçai sa trace d’un revers de main et ouvris les yeux afin de voir que la moitié du disque solaire avait fait son apparition à l’horizon.

(Continue de me parler de tes parents, cela semble t’appaiser.)
(Ma mère était une prêtresse de Sithi, une ithilna pour être précise. Elle faisait partie des membres les plus importants au sein du temple de Balsinh. J’avais eu l’occasion de la voir pratiquer une cérémonie une fois et j’avais été fascinée… Elle avait dansé afin de célébrer la lune, notre astre vénéré, elle était tellement gracieuse dans sa robe blanche, si voluptueuse. On aurait dit une enchanteresse, mais une bonne rassures-toi.)
(J’ai déjà eu l’occasion d’assister à de nombreuses cérémonies religieuses par le passé, étant plutôt du genre à m’attacher à des pacifistes. Les cérémonies du culte de Sithi m’ont toujours fasciné, les sindeldis qui officient sont toujours d’une beauté presque divine dans la lumière de la lune.)
(Tu connais bien ton dossier, de toute évidence je n’ai que peu de chose à t’apprendre sur le sujet.)
(Continue de me parler de ta mère.)
(Elle était douce mais pourtant elle savait lever la voix lorsque nous faisions des bêtises avec Aenarion. Elle était dotée d’une grâce naturelle et d’une beauté insolente pour certaines sindeldis qui la jalousaient pour cela. Mais elle arrivait à passer outre cela, accomplissant son devoir envers sa déesse. Et à côté de cela, elle aimait passer du temps au manoir à s’occuper de notre éducation. Elle m’a ouverte à la lecture et à l’écriture, elle m’a montré la beauté de ce monde lorsque mon père m’a montré la noirceur de l’âme.)
(Deux mondes différents qui se retrouvent sous le même toit en quelque sorte.)
(Tu as très bien cerné le sujet. Sauf qu'en présence de ma mère, mon père était transformé, c’était un autre elfe. Il aidait ma mère dès qu’il le pouvait, complétant notre éducation à mon frère et moi. Il nous a appris des rudiments sur la géographie de notre planète, sa faune et sa flore, les différentes races qui la peuple et principalement les liens qu’elles ont entre elles. Il savait pertinemment que l’un de nous serait un soldat et l’autre un diplomate, il faisait cela pour notre avenir.)
(Tes parents étaient prévenants envers vous deux, pas de distinction j’ai l’impression.)
(Avec un peu de recul, je peux te dire que j’ai passé plus de temps avec mes parents que mon ignoble jumeau. Peut être que c’est là qu’a commencé l’envie de mon frère de prendre la place de mon père, montrer à tout le monde qu’il devait être le centre d’intérêt de la famille.)
(Ne te sens pas fautive, il a peut être délibérément voulu se séparer de vous et n’a fait que ce que vos parents vous demandaient pour ne pas éveiller de soupçons de votre part à tous les trois.)
(Tu as sans doute raison. Mais quand je pense qu’il est potentiellement responsable de ce qu’il m’est arrivé dans ce camp de malheur, je n’arrive toujours pas à le réaliser. Comment peut-on aller à de telles extrémités pour essayer d’obtenir l’amour de quelqu’un ? Quand je pense que c’est Tamìa l’arme de la vengeance d’Aenarion, beurk.)
(Doucement Aenaria, reste calme s’il-te-plaît.)
(Ne t’inquiète pas, je me maîtrise suffisamment. C’était juste pour pointer du doigt cette relation absolument invraisemblable entre les deux, je me demande même si ce n’est pas une relation d’opportunité.)
(Qu’est-ce que tu veux dire par là ?)
(Je me demande si ils ne sont pas alliés parce qu’ils avaient un but commun, Ehemdim et moi. Tamìa veut récupérer Ehemdim, Aenarion me veut dans son lit, donc concrètement, ils veulent nous séparer. Regarde, je suis séparée d’Ehemdim par Aenarion et Tamìa s’occupe d’ensorceler d’une manière ou d’une autre Ehemdim tout en gardant un œil sur moi pour Aenarion, pour Aenarion…)
(J’en connais une qui a une idée derrière la tête.)
(Ce n’est qu’une supposition mais réfléchis à cette question : pourquoi est-ce Tamìa qui est venu vérifier mon état de santé et non pas mon frère ?)
(Parce qu’elle obéit aux ordres de ton frère ?)
(Oui mais pas seulement. Elle était aussi la plus proche géographiquement de moi ! Je pense que mon frère n’est pas sur Nirtim à l’heure où nous discutons mais plutôt au-delà de l’océan.)
(Tu le penses vraiment ?)
(Oui et j’en suis persuadée. Il aura laissé Tamìa gérer la situation ici, depuis Kendra Kâr.)
(Si tu rentres suffisamment vite, il y a des chances pour que tu la rattrapes ?)
(C’est possible, mais il reste encore un jour et demi à cheval sans compter le temps de vol depuis Oranan. Qui sait si nous n’allons pas rencontrer des peaux vertes en route ! La zone en regorge, souviens-toi notre retour de chez Grantier.)
(Oui, je vois de quoi tu parles.)
(Bon allez, bougeons nos fesses.)
(Parle pour toi !)

Je fis une grimace pour répondre à ma faera avant de me lever et de regarder un peu plus en détail ce qui m’entourait avec la lumière de l’astre solaire. Il avait déjà bien entamé sa course dans le ciel, ma discussion avec ma faera avait fait passer le temps plus vite que je ne l’aurais cru.

Le bruit d’une charrette sur la route arriva jusqu’à mes oreilles, je tournai ma tête dans la direction d’où semblait provenir ce son. Il provenait de la lisière de la gauche, donc des bois sombres. Plus le bruit avançait, plus il changeait. Il n’y avait pas qu’une charrette, il y avait d’autres paires de sabots.

Je ne connaissais pas la qualité du sommeil de Faerlyn mais j’osais croire que vivre près de la mer avec tout le bruit que cela pouvait engendrer, il ne se réveillerait pas avec le bruit des sabots approchant. Je rejoignis la route non sans avoir remis mon épée et mon bouclier dans mon dos au cas où ce convoi chercherait des ennuis.

Plus ce dernier avançait et plus une impression de déjà vue s’emparait de moi. Je me postai sur le bord de la route et plissai les yeux afin de comprendre d’où me venait cette impression. A mesure que le convoi s’approchait, je pus discerner plus clairement le visage du conducteur de la charrette. Et là, je compris.

Vladir.

(Tu m’expliques ?)
(C’était avant toi. Lorsque j’ai débarqué à Bouhen à la recherche de mon frère, j’ai fait la route entre Bouhen et Kendra Kâr à cheval. Sur la route, un marchand avait sollicité mon aide pour rejoindre en toute sécurité la cité blanche.)
(D’accord. Et donc tu penses que c’est lui ?)
(J’en suis sure, je n’oublie jamais un visage. C’est lui mais va-t-il me reconnaître ?)
(Tu as changé à ce point ?)
(Ma tenue, non, mon équipement oui.)
(On verra bien.)

Le convoi ralentit à mon approche, l’un des cavaliers se porta jusqu’à moi et sortit sa lame de son fourreau comme une menace à mon égard. Je levai un sourcil de surprise avant le rabaisser. Je croisai les bras sur mon torse et attendis que le cavalier ne mette pied à terre. Il s’approcha doucement de moi non sans penser à mettre la main sur le pommeau de son épée.

- « Que nous voulez-vous ? »

- « Absolument rien, vous voyiez je ne suis qu’une voyageuse qui ne fait que surveiller le sommeil de son ami. »

- « Votre tête ne me revient pas. »

Dans ses yeux, je pus lire la décision qu’il venait de prendre. Il sortit son épée de son fourreau mais j’avais été un poil plus rapide que lui, lui présentant ma lame sous son menton. Je fis non de mon index gauche alors que la charrette s’arrêtait à notre hauteur. J’avais vu juste, c’était bien le marchand de Bouhen qui la conduisait.

- « On ne joue pas avec un adversaire dont on ne connaît pas la force, n’est-ce-pas Vladir ! Je ne savais pas que tu avais étendu ton secteur d’activité ! »

- « Aenaria ! Jamais je n’aurais cru te croiser ici. Qu’est-ce que tu fais dans le coin ? »

Je rengainai mon épée et rejoignis mon interlocuteur afin de lui serrer la main.

- « Si tu savais ! Je fuis Omyre pour faire simple. »

- « Pourquoi cela ? »

- « Version courte : je viens de mener une rébellion dans le camp de déportation d’Oaxaca, les prisonniers sont libres et probablement sur toutes les routes autour d’Omyre et ma tête va être mise à prix pour avoir tuer Liam de Falek. »

- « Tu ne fais jamais les choses à moitié ! »

- « Et non ! Donc soyez prudents lorsque vous arriverez aux portes de la ville. Je pense que les contrôles vont être plus intensifs. »

- « Merci de l’information. Qu’est-ce que je peux faire en retour ? »

- « Dis-moi que tu as des pommes dans ta charrette ? »

Vladir siffla entre ses dents et aussitôt le second garde monta dans la charrette et récupéra une caisse de pommes qu’il me présenta. Vladir me fit un petit clin d’œil.

- « Profites-en bien ! »

- « Merci et soyez prudents. »

- « Allez les garçons, en route. »

Le garde qui avait voulu m’agresser me fit un signe de tête avant de remonter en selle. Il talonna sa monture et le convoi s’ébranla pour repartir vers Omyre. Prions le ciel pour que rien ne leur arrive. Je regardai dans la cagette que j’avais gagné et y trouvai des pommes rouges et jaunes qui nous permettraient de manger Faerlyn et moi. Parfait.

Je rejoignis notre campement et donnai une pomme à chaque monture histoire de les motiver. Nous avions suffisamment de fruits pour faire la route sans avoir à nous arrêter dans les bois sombres, ce que je cherchais à tout prix. Je posai la cagette près du feu et me postai en tailleur les yeux rivés sur la route. J’avais encore une bonne heure à attendre.

*****


Une bonne heure plus tard, je me relevai, m’étirai et rejoignis Faerlyn. Je lui touchai l’épaule avant de le secouer légèrement. Il sortit du sommeil rapidement et se leva me rendant ma cape par la même occasion.

- « Bien dormi ? »

- « Comme une souche. Rien d’intéressant ? »

- « Regarde près du feu. »

Il tourna la tête et tomba sur la cagette de pommes.

- « Tu m’expliques ? »

- « Sur la route. Mettons les fruits dans les sacoches de nos selles et partons. »

Faerlyn acquiesça et m’aida à tout ranger. Il se tourna vers les braises encore fumantes et lança une boule d’eau dessus afin de les éteindre définitivement. Je montai sur la selle de ma monture et l’éarion fit de même. Nous reprîmes la route à une allure me permettant de lui raconter le passage de Vladir.

Cette discussion nous permit d’arriver à la lisière des bois sombres. Je ralentis l’allure afin de donner des recommandations à Faerlyn.

- « Bien. Nous allons traverser la forêt sans nous arrêter. Cela devrait nous prendre une journée. Nous alternerons entre route à cheval et route à pied histoire de ménager nos montures. Nous n’irons pas trop vite à cheval histoire de pouvoir entendre ce qui se passe autour de nous. J’ai peur que l’on se fasse attaquer par une bande de gobelins ou d’orques voir les deux. Soyons sur nos gardes quoi qu’il arrive. »

- « Je te suis Aenaria. »

En avant dans les bois sombres.

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Dernière édition par Aenaria le Lun 20 Juin 2016 16:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Dim 19 Juin 2016 19:39 
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Qu’il était bon de revoir ces plaines ! Mon dernier voyage ici remontait à un mois maintenant et il n’avait pas été de tout repos. Je n’avais pas oublié les personnes que j’avais rencontrées durant ce périple : Cromax le chef de l’expédition qui dégageait une telle assurance, Lilith le cryomancien avec qui j’avais livré un magnifique combat, Mathis le chasseur de primes qui nous avait rejoint en cours de route, Duncan le guerrier ynorien qui avait perdu un œil pendant une séance de torture, Oryash la phalange de Fenris un peu sauvageonne, Salymïa l’hinionne qui j’espérais filait le parfait amour avec Amhalak et enfin la plus importante de tous.

(Toi Crystallia.)
(Merci !!!)
(Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée durant cette expédition. Je le pense sincèrement.)
(C’est gentil. Tu sais que je ne peux pas rougir mais c’est l’intention qui compte.)

- « Aenaria ? Tu t’es perdue dans tes pensées ? »

- « Oui, excuse-moi. Est-ce que tu te sens de marcher encore jusqu’aux portes de la ville ? »

- « Mettons le plus de distance possible entre nous et Omyre. »

- « Je suppose que cela veut dire oui alors en route. »

- « Nous nous écroulerons dans le cynore ! »

- « Exactement. »

Nous nous mîmes en route, gardant le silence comme nous l’avions fait durant la traversée des bois sombres sauf que ce mutisme n’était plus de rigueur maintenant. Je m’apprêtais à briser la glace lorsque mon compagnon de route lança la discussion.

- « Est-ce que tu te souviens la remarque que j’avais pu te faire dans la cour avant que tu ne la traverses sous un déluge de flèches ? »

- « Stop les envolées lyriques Faerlyn ! Je ne te savais pas poète ! »

- « À mes heures, ça m’arrive. Alors ? »

- « Attends que je me concentre… »

J’avais beau me plonger dans mes souvenirs, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus. J’interrogeai ma conscience pour un peu d’aide.

(Une idée ?)
(Il doit faire référence au fait que tu es de Balsinh et qu’il a dit connaître l’un des tiens.)
(Oh ça !)

- « Le fait que je sois balsinaise ? »

- « Belle mémoire ! »

Je fis un petit sourire sachant très bien que je ne devais cette réponse qu’à Crystallia.

- « Donc oui pour revenir à cela, je connais l’un de ses habitants qui connaît l’un de mes protégés, comme quoi le monde est petit. »

- « Un sindel, autre que moi est l’une de tes connaissances ? Je le connais ? »

- « C’était plus qu’une connaissance, c’était un véritable ami. Malheureusement je n’ai jamais su son nom de famille mais tu pourras peut être combler cette lacune. Il s’appelle Zotar. »

- « Zotar ! »

J'ouvris de grands yeux devant la révélation de ce nom, mon père avec beaucoup d'amis insoupçonné.

- « Tu as l’air surprise ! Tu le connais ? »

- « Son nom est Zotar Imfilem, c’était mon père. »

- « C’était ? Oh… Je suis désolé de l’apprendre Aenaria. C’était un elfe bon qui faisait fi de ta religion ou de la couleur de ta peau. »

- « J’ai du hériter cela de lui alors. Tes mots me touchent beaucoup Faerlyn. »

- « Mais c’est bien normal. Si je puis me permettre : que lui est-il arrivé ? »

- « Mon frère l’a assassiné ainsi que ma mère et mon fiancé. »

- « Je croyais que tu étais fiancé avec un elfe bien vivant ? »

- « C’est le cas mais c’est plus compliqué que cela et je ne veux pas te mêler à toute cette histoire. Je risque l’honneur de ma famille et ma tête, j’aimerais autant ne pas risquer la tienne par la même occasion. »

- « Je comprends cependant une question demeure dans mon esprit. Pourquoi ? »

- « Pourquoi quoi ? »

- « Pourquoi ton frère t-a-t-il laissé en vie ? »

- « Tu es prêt à entendre la triste mais abjecte vérité ? »

- « J’ai l’impression que c’est peu réjouissant. »

- « Mon frère veut m’épouser et il a vu nos parents et mon fiancé comme des obstacles à notre union, entre autre chose. »

Faerlyn ne répondit pas, un regard vers lui me permit de voir que l’expression sur son visage avait changé. De la surprise mêlée à de l’effarement voir du dégoût, tout cela en même temps. C’était à peu de choses près l’expression que j’avais du afficher lorsque Nathanael m’avait appris la nouvelle. Il avala bruyamment sa salive avant de reprendre.

- « J’avais entendu des histoires étranges mais je pense que la tienne est de loin la plus dramatique, digne d’une tragédie des temps anciens. »

- « Je ne te le fais pas dire ! »

- « C’est incroyable, je n’ai pas d’autre mot… »

- « A moi de poser une question : pourquoi étais-tu enfermé dans le camp ? »

- « Je me suis présenté un jour à l’hôtel de ville avec un dossier long comme mon bras montrant la corruption de l’un de ses membres. »

- « L’hôtel de ville ? »

- « Est-ce que tu connais un peu l’organisation de la ville de Dehant ? »

- « Je sais juste qu’il y a la plus grosse communauté d’éarion de Yuimen mais c’est tout. »

- « Alors je vais parfaire ta culture, jeune sindel. »

- « Je suis tout ouïe professeur. »

- « Donc comme tu l’as dit, la plus grosse communauté d’éarion de Yuimen se trouve à Dehant, je suis issu de cette communauté ou du moins un descendant. Mes aïeux habitaient Omyre avant de s’en faire chasser lors de la prise de la ville par Oaxaca. J’imagine que tu connais cet épisode de l’histoire ? »

- « Oui nous avons eu des cours sur l’histoire militaire des quatre continents de Yuimen. »

- « Bien. Ceci m’amène donc au régime politique à Dehant ou du moins à la manière dont la ville est gérée aujourd’hui. Cette ville est la fusion de ma communauté et d’un village crée par des sinaris et des kendrans, donc pour simplifier… »

- « Parce qu’il faut toujours simplifier ! »

- « Nous avons les mêmes références littéraires à ce que j’entends. »

Je fis un petit signe de la tête afin d’acquiescer à ces propos. Faerlyn toussota avant de reprendre son cours d’histoire.

- « Des humains, des hobbits et des elfes, voilà ce qui constituent plus de 95% de la population de la ville. Étant les trois groupes représentant le plus gros de la population, une personne de chaque race est désignée afin de diriger la ville dans un espèce de triumvirat où chacun prend successivement le pouvoir sur les deux autres, son avis ayant alors plus de poids que les deux autres dans les décisions. Tu me suis jusque-là ? »

- « Trois personnes qui dirigent la ville, ces trois personnes étant membre des trois groupes majeurs de la ville et ils jouent à saute-mouton pour le pouvoir, oui, j’ai compris. Et comment tu t’es retrouvé mélangé à des affaires politiques ? »

- « J’y viens jeune sindel, pas de précipitation. Il faut d’abord mettre les formes avant d’attaquer le fond. »

Tout en disant cette phrase il avait fait un carré dans l’air avec ses mains avant de faire comme-ci ses mains entraient dans ce carré, illustrant ainsi son propos.

- « Comme tu te doutes, même si la population se mélange bien, ayant des liens les uns avec les autres grâce notamment au commerce, nous sommes fidèles à notre propre groupe racial. Ainsi lorsque l’élu éarion est venu solliciter mon aide, je n’ai pas pu refuser. »

- « Plutôt honorable comme situation ? »

- « Oui, je te l’accorde mais j’avais déjà une très bonne réputation à Dehant. Je viens d’une longue lignée de marins qui ont la confiance des marchands de la ville et du continent. Cependant, j’ai décidé de choisir une autre voie, celle de la magie. Je suis devenu un rat de bibliothèque, lisant des dizaines de parchemins afin de parfaire mes connaissances, transmettant mon savoir aux autres membres de ma famille afin qu’ils se protègent au mieux lors de leur voyage. »

- « Tu tiens beaucoup à ta famille, tout comme je tenais à la mienne. »

- « Si je peux les aider, je le fais. Donc lorsque le dirigeant earion vient me voir en me demandant mon expertise sur un dossier, forcément j’accepte. Il me donne un nom, un seul et j’ai du tout faire, tout chercher, tout vérifier à partir de ce nom. Le dirigeant lui-même ne savait pas qui était cette personne jusqu’à ce que je lui révèle mes trouvailles. Il m’a alors demandé de me rendre à la séance suivante avec toutes mes recherches afin d’accuser publiquement le varrockien du conseil, ce que j’ai fait et… »

- « Vu que tu as fini au camp, je dirai que le varrockien avait du apprendre que tu avais fouiné derrière son dos et il a savamment préparé sa défense pour le jour où tu viendrais, j’ai bon ? »

- « Tu comprends vite. Il avait effectivement préparé sa défense mais j’ai tout fait pour que notre propre dirigeant ne soit pas inquiété et de toute évidence le nom qu’il m’avait donné était bien plus important que ce que je pensais puisqu’il s’est avéré être un lieutenant de Liam ! D’où ma présence sur place. »

- « Tu as été déporté là-bas par le varrockien ? Et bien, il a vraiment le bras long le garçon ! Mais attend, c’était quand tout ça ? »

- « Il y a environ un an maintenant. »

- « Il doit te croire mort ! Qu’est-ce que tu vas faire ? »

- « Je vais récupérer un navire à Oranan pour rentrer à Dehant par la voie maritime, au pire j’attendrais dans la capitale ynorienne jusqu’à temps que l’un des navires de commerce de ma famille n’y accoste. Je leur expliquerai la situation et ensuite, je verrai. Je ferai probablement profil bas pendant un bon moment histoire de me renseigner sur le varrockien en question, vu que Liam et le camp ne sont plus, je vais pouvoir faire exploser ce scandale au grand jour. »

- « Pas mal comme avenir à court terme. Je ne peux que te souhaiter d’y arriver. »

- « Merci. Et toi, que vas-tu faire en rentrant à Kendra Kâr ? »

- « Retrouver et soigner mon fiancé, retrouver et tuer Tamìa et retrouver et tuer mon frère. »

- « Un programme riche, j’espère que tu as de l’aide pour cela. »

Un petit regard sur mon index droit et je pus sourire. Oui j’avais de l’aide, Kellan le maître d’armes et Nathanael, l’aquamancien… Attends une minute.

- « J’ai encore une petite question : tu as dit que mon père connaissait ton protégé. Est-ce que ton petit protégé est un humain par le plus grand des hasards ? »

- « C’est officiel, tu sais lire dans les pensées des gens ! »

- « Non je n’ai pas encore ce genre de pouvoir. Communiquer mais pas lire les pensées. Simple sens de la déduction mon cher Faerlyn il suffit de faire fonctionner mes petites cellules grises. Je vais même faire encore plus fort, ton protégé je parie qu’il s’appelle Nathanael, j’ai bon ? »

- « Okay, là j’ai besoin d’explications ! »

- « La personne qui m’a appris que mon frère me voulait pour épouse et qu’il avait en parti tué mon père pour cela, c’est Nathanael. Il connaissait bien mon père et il s’est fait un devoir de m’apprendre ce qu’il me manquait sur ce tragique événement de mon histoire personnelle. »

- « Comme quoi, le monde est vraiment petit ! »

- « Je ne te le fais pas dire. »

Il me fallait faire diversion pour ne pas me mettre à parler de mon lien avec Nathanael, de l'élément qui nous unissait tout particulièrement, Equilibrium. Changeons donc de sujet de la manière la moins lisse possible.

- « Ainsi donc tu as une famille de marchands ? »

Il répondit par l’affirmative à ma question et c’est ainsi, en parlant de nos familles, de notre histoire, de nos connaissances que nous avons terminé la route jusqu’à la zone d’embarcation d’Oranan.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Sam 12 Nov 2016 17:07 
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Jour 1 à 3

Nous quittons les écuries et nous dirigeons droit vers le Nord. Durant quelques jours encore, il va m'être impossible de reprendre le contrôle de mon corps, une Garzok dans les terres cultivées d'Oranan serait vraiment mal vue et je n'ai aucun doute sur le fait que les fermiers des environs sachent manier arcs et arbalètes pour se défendre. C'est donc Astinor qui mène Otekaï, le percheron noir à travers les champs, utilisant des routes utilisées par les chariots chargés de blés qui rentrent à Oranan. En cette fin de moisson, nous en croisons plusieurs, ainsi que des chariots chargés de sacs d'où s'échappent des petits grains blancs inconnus pour nous deux.

Deux soirs d'affilés, nous avons dormi dans une ferme, échangeant contre une poignée de yus, un repas chaud et une nuit à l'abri d'une éventuelle pluie dans une grange, ainsi que du foin et de l'avoine pour notre brave monture. C'est ainsi que nous avons découvert que les grains cultivés ne servaient pas à faire du pain, comme sur le Naora ou à Kendra Kâr, mais étaient cuits dans du bouillon avec des légumes et de la viande pour être servis dans des bols. Ces grains s'appellent du riz et il semble que ça soit la nourriture de base par ici. L'autre choc, bien plus difficile à assimiler pour la panthère : on ne mange pas avec du pain ou avec un couteau, mais avec... des baguettes de bois. Le maniement s'avère plus complexe que prévu et les premières tentatives d'Astinor déclenchent une crise de fou-rire dans la famille qui nous accueille. C'est finalement aidée par le plus jeune enfant, âgé à tout casser de quatre ans, que la femme-panthère parvient à manger tant bien que mal viande, légume et riz sans devoir sortir la cuillère de notre paquetage.

Au troisième soir, nous faisons halte au temple de Yuimen, où nous sommes accueillies par deux jeunes prêtresses. Après un temps de prière assez long, nous sommes invités à partager un repas composé de l'éternel riz, de fruits et de viande blanche semblable à du poulet, le tout assaisonné de miel et d'épices. Le mélange de sucré et de salé est véritablement étrange au palais de la panthère, habituée à des fumets bien plus rustiques.

Petit à petit, nous découvrons aussi les saveurs des alcools locaux, car sous le conseil d'Anouar, nous devons nous réhabituer aux vapeurs éthyliques, sous peine d'avoir du mal à nous intégrer dans la culture Garzoke, où c'est pour ainsi dire les seules boissons acceptables pour les adultes. Ce soir-là, nous découvrons donc le Mirin et le saké, ainsi que la bière de riz, dont nous emportons quelques gourdes pour notre voyage et, contrairement à la soirée de fête sur Aliaénon, nous parvenons à rester toutes les deux conscientes de nos actions.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Sam 12 Nov 2016 21:56 
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Jour 4

Cela fait quelques kilomètres qu'Astinor chevauche depuis la dernière maison et les derniers champs quand soudain toute la pression de nos vies étranges explose en nous et dans un rugissement, elle hurle de joie. Nous sommes seules, au milieu des terres sauvages de Yuimen, plus libres que nous ne l'avons jamais été. Je jubile aussi intérieurement, pour la première fois depuis ma rencontre avec Nuilë, je n'ai aucune obligation, pas de guerre à mener, d'elfe ou d'homme à sauver d'un poisson ou d'une geôle, pas de compte à rendre que ça soit à un sergent de la milice ou à Yuimen. De surcroît, contrairement à cette époque-là, quand je suis arrivée sur Nirtim, j'ai bien assez d'argent pour me payer une auberge, un bon repas chaud ou n'importe quoi du même accabit et, même mieux, j'ai la puissance nécessaire pour me défendre et être au sommet de la chaîne alimentaire quoiqu'il arrive.

N'est-ce pas, finalement, juste la vie à laquelle j'aspire depuis tellement d'années ? Être libre, invulnérable et en pleine nature, ne pas devoir faire semblant, ne pas devoir courber l'échine, trouver les mots justes, dans un jeu permanent de manipulation où les phrases deviennent des armes, des poisons et des faiblesses pour qui ne sait pas les manier. S'il y a bien une chose que j'ai appris auprès de Naral Shaam, c'est que la parole n'est pas un combat qui me convient. Je suis une femme d'action et ma pleine puissance ne peut s'exprimer qu'avec une épée ou un sort.

La seule évocation de Naral Shaam me rappelle sa parole la plus juste et la plus blessante, celle qui m'a ramené à la gamine que je suis aux yeux de mon ancien peuple : tu ne comprends rien à ce qui se passe et tu ne sais rien. Je fonce tête baissée, sans plan ni connaissance, persuadée de savoir ce qu'est la justice et l'ordre naturel. J'agis en réalité tel un animal, suivant mon seul instinct.

N'est-ce pas ce que je suis ? Astinor est-elle un esprit ancien ou juste l'animal qui sommeille en moi et que j'éveillais avec mon sort de puissance avant la venue de Brythä ?

(Je ne suis pas toi. Mon histoire n'est pas la tienne.)
(Ah ? Et quelle est ton histoire ? Finalement même de toi qui est la plus proche de moi, je ne connais rien.)
(Trouve un coin pour pioncer c'te nuit. Avec un feu et un repas. Et j'te racont'rais ma vie.)

Il me faudrait donc attendre le soir pour connaître mieux la panthère qui dirige mon corps pour moitié de mon temps. En attendant, la liberté à un coup, pas négligeable : celui de devoir se débrouiller seule pour assurer sa subsistance.
Après quelques kilomètres, nous arrivons enfin à l'orée de la forêt sombre, où se trouve Kartinan Dera, le sanctuaire forestier. J'ai hâte de le voir, car j'ai décidé d'y faire une halte avant de rejoindre la cité noire. L'orée d'une forêt est un endroit idéal pour faire une halte à mon goût. Je décide donc de m'arrêter maintenant, bien que la nuit soit encore à quelques longues heures. Cela me laissera le temps de refaire mes provisions, car bien sûr, je n'ai pas vraiment pris le temps d'acheter quoique ce soit à Oranan avant de partir.

J'attache Okétaï de manière franchement lâche pour lui permettre de brouter tout son saoul, lui ôte selle et couverture pour le reposer un peu. Cette brave bête n'a pas rechigné du tout à mon changement de taille et d'apparence, il paraît en fait toujours aussi indifférent au monde extérieur. Je me prends à sourire en songeant que j'aimerais bien avoir une vie aussi simple que la sienne.

M'éloignant un peu pour jauger de la quantité de ressources immédiatement disponibles, je constate que cette forêt est une pure merveille pour qui s'y connaît un minimum. Il me faut moins de dix minutes pour remplir mon écuelle de fruits secs, de baies et de feuilles comestibles. Sur le chemin du retour, je croise un ruisseau frais où je pourrais me laver, laver ma tenue de voyage et m'abreuver plus que de raison. Ecoutant Astinor autant que mon instinct de Garzok, j'arrive à la conclusion qu'il me faudra plus qu'un ou deux poissons et une poignée de fruits pour satisfaire mon nouvel appétit. En fait, il me faudrait de la bonne viande, idéalement saignante d'ailleurs. Là aussi ce terrain s'avère excellent, il me faut moins d'une demi-heure de repérage pour voir des petites crottes typiques de lièvres, ainsi que des empreintes de pattes. Et puis, alors que je rentre auprès de mon cheval avec ma récolte végétale j'entends un cri, repérable entre tous : "looooouuuuuummmmm", une ombre bleue me confirme ce que j'espérais, ce soir, il y aura du bouloum au dîner.

De retour auprès de ma monture, je dépose mon écuelle au creux d'une branche et sors de ma ceinture l'arcane d'orme chétive et m'assied au sol, près d'un arbre. Modifiant les buissons aux alentours, je me crée une cabane confortable, ainsi qu'un abri pour mon futur feu. La décision est prise, je vais rester là sans doute une ou deux journées, pour me reposer et faire un stock de nourriture le plus large possible. Puis j'ai juste envie de profiter de cette liberté, de cette paix, loin de tous les soucis du monde. Après tout, rien ne presse, plus rien n'est urgent.

Après une sieste de deux heures, bien méritée -qu'est-ce que je peux dormir dans ce nouveau corps...-, je décide de partir à la chasse, laissant Astinor s'en charger. Sortant juste le kriss noir, la panthère s'enfonce dans les sous-bois. Là où d'autres utiliseraient un arc et des flèches, la panthère se contente d'un couteau, qu'elle lance d'une manière experte. Vous pensez sérieusement qu'un bouloum que j'étais capable de chasser, il y a des années, a la moindre chance de ne pas se faire transpercer ? Il n'en est bien sûr rien.

Nous rentrons donc au campement, heureuses, à la tombée de la nuit, avec deux bouloum et une grosse truite embrochés sur une pique en bois improvisée. Je dépose mes victuailles en hauteur avant de récupérer du bois en suffisance pour me faire un bon feu, ne craignant pas de me faire repérer par qui que ce soit.

Quelques heures plus tard, je suis couchée, près du feu, sur un matelas de branches et d'herbes en savourant une tisane au tilleul aromatisé au mirin. Des bouloum, il ne reste que les carcasses et de la truite, les arrêtes. J'avais faim, c'est dingue ce que ce corps peut réclamer comme quantité de nourriture. Entre le temps passé à dormir et celui à s'occuper de manger ou de récupérer à manger, c'est à se demander comment ils peuvent encore trouver le temps de guerroyer.

(Alors, tu me racontes ton histoire.)
(Ouais, pourquoi pas. Tu me laisses le corps ?)

Je laisse Astinor récupérer le contrôle, les poils repoussent, noir bleuté comme une nuit sans lune, le plus désagréable reste quand même cette queue qui poussent et les oreilles qui se décalent.

"J'suis née y a longtemps..."

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Ven 18 Nov 2016 19:35 
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"A l'époque, le monde était franchement pas pareil..."

Anouar, mêlant ses propres souvenirs de cette lointaine époque au récit et souvenirs d'Astinor, c'est une véritable fresque antique qui se dessine dans notre esprit commun.

Dans la Kendra Kâr de l'époque, on croise plus d'Ermansi que d'humains. Astinor naquit dans une famille extrêmement pauvre et se retrouve orpheline alors qu'elle n'est qu'une enfant d'une dizaine d'années, à cause de son frère, de quelques années son cadet. Le gamin est un cryomancien, né avec des fluides de glace, qui ne contrôlait absolument rien de ses pouvoirs élémentaires. Sans le vouloir, il a congelé ses parents et sa jeune soeur, seule Astinor, partie chercher du bois pour le foyer en réchappa. Elle me raconte, avec force détails, la découverte des corps, morts d'hypothermie et de son frère, resté debout au milieu de cette scène. L'image est figée dans son esprit et le souvenir assez vivace pour qu'elle puisse me le transmettre d'une manière très, trop claire.

"Nous avons bien sûr été adoptés par les Ermansis..."

Elle crache quasiment le nom des elfes dorés avant d'évoquer une vie de labeur au sein d'un foyer d'elfes dorés, au milieu d'autres jeunes humains : un orphelinat pour les victimes de la magie. Elle avait certes à manger, à boire, un toit et un feu où se réchauffer, mais il lui manquait une chose capitale à cette âge-là : de l'attention. Son frère, lui, en avait; lui il avait des sucreries, lui il recevait une éducation, lui il mangeait et parlait avec la belle grande humaine... Yuia peut-être elle-même d'ailleurs, rien n'était impossible à cette époque-là pour ceux qui avaient les fluides dans le sang. En effet, depuis peu, la magie était apparue et les mortels éprouvaient des difficultés à utiliser correctement leurs pouvoirs, bien qu'ils soient presque toujours innés. Les Dieux, voyant les ravages ont pu revenir sur Yuimen pour enseigner l'Art aux mortels, à l'aide des elfes dorés.

Plus le récit avance, plus je sens une jalousie empreinte de haine pour les mages et les fluides dans les paroles de la panthère. La mort de ses parents, mais surtout le traitement injuste entre le meurtrier, centre des attentions à cause de ses pouvoirs et elle, réduite à l'état de larbin par la simple absence de fluide, sont venus se cristalliser dans son âme. Plus encore que son frère, c'est les fluides et les éléments magiques qu'elle a peu à peu appris à détester, haïssant ceux qui les manient et perdant confiance en elle.


"Puis un jour, j'ai crois un mec, et ma vie... bah elle a changé..."

Cela fait déjà quelques heures qu'elle parle à voix basse, en apparence toute seule. La fatigue est bien là, et nous nous taisons sur cette pensée qui me laisse en attente d'une suite que je n'aurais que demain soir, je le sais. Je m'endors rapidement, plongeant dans mes propres souvenirs. Ma dernière pensée nocturne est due à un recoin de mon esprit qui se demande si nos rêves à la panthère et à moi sont communs ou s'il s'agira toujours d'un jardin secret intouchable par notre alter ego.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Ven 18 Nov 2016 20:02 
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Le lendemain débute froid et brumeux; mais les nuages finissent par se lever et le soleil vient réchauffer l'atmosphère. La journée passe, répartie entre le bois nécessaire à la fumaison et la chasse de ce qui finira sur le feu. Je suis par ailleurs surprise par la résistance de ce corps à l'effort. S'il me parait parfois désespérément balourd et demande beaucoup de sommeil et de viande, il supporte bien mieux les longues et harassantes journées à travailler, que ça soit pour scier des branches ou pour les transporter après. Cet effort n'est pas sans m'évoquer l'ordalie, cette terrible épreuve divine qui m'a permis d'augmenter ma quantité de fluide. Tout en travaillant, je raconte à Astinor et aux arbres autour de moi ces longues journées sur Nyr 'tel Ermansi, véritable jouet des Dieux. Malgré l'année de sommeil, mes deux morts et toutes mes aventures, je n'ai rien oublié. Pourrais-je d'ailleurs oublier l'arbre géant pour lequel j'ai modifié mon épée pour en faire une scie, le magnifique jardin que j'ai conçu pour Yuia, ou le débat sur les éléments pour Rana ? Non, pas plus que la fatigue et l'épuisement qui suit plusieurs jours et autant de nuits à abuser de la magie et à se droguer avec des éléments magiques.

Je souris en me demandant si ce corps de Garzok aurait été plus adapté aux épreuves que mon frêle corps de Sindel. Je me mets à éclater de rire quand Astinor se met à imaginer mon gros corps vert aux muscles hypertrophiés avec des binocles entrain de tenter de philosopher sur la nature des éléments ou entrain de parcourir les rayonnages de la bibliothèque que Gaïa avait mis à ma disposition.

(En même temps, tu sais, c'est Anouar qui m'aidait à lire.)
(Tu sais pas lire ?)
(Uniquement en langue Sindel. J'ai jamais appris la langue commune.)
(J'sais pas lire du tout moi. Et ma langue a dû changer d'puis, de toute façon.)
(T'as pas idée, Astinor. Sans moi, vous seriez incapable de vous comprendre. Enfin peu de gens te comprendraient en fait.)
(Et toi, chaton. Tu as appris ça où ?)
(C'est une longue histoire, ça...)
(Allez ! Racontes-nous. Ne te fais pas prier !)
(Si vous y tenez...)

Entre temps, nous sommes de retour au camp, Astinor a repris le contrôle pour s'occuper des deux bouloums de ce soir, du blaireau, du bouloum supplémentaire, des trois écureuils gris et du couple de lièvre qui constituent le fruit de notre excellente chasse. Bien que je fasse confiance à mes connaissances et qu'entre mes pièges végétaux et la chasse plus classique, nous ayons été très active depuis tôt ce matin, je ne peux m'empêcher de trouver cette récolte un peu trop fructueuse pour être totalement naturelle. Mais bon, qu'importe le moyen, cela me fait des provisions pour quelques repas et pour peu que je chasse chaque jour dans cette forêt, je doute pouvoir manquer de quoique ce soit durant mon voyage.

Pendant qu'Astinor évide et dépèce nos proies, c'est Anouar qui nous explique comment elle s'est liée à un Ermansi possédant des fluides aériens juste pour faire râler Yuimen. Le jeune elfe du début est vite devenu enseignant à Kendra Kâr, où il a vécu deux millénaires chiants sans jamais quitté, ou presque, les murs de la cité. Sans doute ce qui a été la vie la plus lassante de tout son passé de faera. De plus, loin de la sagesse à laquelle elle s'attendait, elle a trouvé l'elfe très vaniteux et méprisant. La présence des Dieux à leur côté leur a fait perdre la notion de mortalité et leurs connaissances ont fini par leur faire croire qu'ils sont l'équivalent des Dieux, des êtres supérieurs infiniment meilleurs que les mortels. Celui-là était d'ailleurs un exemple parfait, persuadé d'être un avatar de Rana parce qu'il était capable de contrôler une tornade. Il est mort stupidement d'ailleurs, foudroyé sur le pont d'un aynore, certain de pouvoir lutter contre une tempête d'altitude en chassant les nuages par la seule puissance de ses fluides.

(Un peu comme si un druide espérait stopper la croissance d'un arbre, quoi...)

Dans notre esprit, je surprends Astinor à douter à moitié de l'histoire, persuadée que notre faera raconte ça juste pour lui faire plaisir. Quand je lui apprends qu'Anouar ne peut mentir, elle marque mentalement la surprise, avant de lâcher un rire de pure joie.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et Omyre
MessagePosté: Sam 26 Nov 2016 20:35 
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Ce n'est que le soir, à nouveau posée contre un arbre avec une tisane au sake à la main qu'Astinor reprend sa longue histoire. L'homme en question se nommait Kérant, il était maître d'arme et cherchait des jeunes gens sans pouvoir, de manière à les sortir de la misère. Venant dans la "maison elfique" où demeurait Astinor, il est parvenu à la sortir de là, voyant en elle une force et une détermination, manifestement. Elle ne s'intéressait que peu à cet homme, mais la perspective de s'éloigner de son frère et des elfes à la peau dorée était bien plus forte encore que cette indifférence qu'elle ressentait; alors c'est sans un regret qu'elle est partie.

Elle avait appris plus tard que ce soir-là, l'homme avait déboursé plusieurs milliers pour "payer la charge" comme on disait; c'est à dire pour payer l'équivalent de la charge de la travail perdu par la famille qui l'avait adoptée.

(T'étais une esclave, en fait ?) pensé-je en frissonnant à ce mot qui m'évoquera toujours le fouet et le désert.

(Non. Elle était libre de partir quand elle le souhaitait.)
(Pour partir, fallait payer la charge.)
(Ca représentait combien de temps à travailler ?)
(Tes parents, il t'payait pour les aider ?)
(Nombreuses étaient les familles qui entretenaient des gamins ainsi. Ils étaient à la fois des serviteurs, des rey'drim, soumis à la charge, à l'obéissance -qui incluaient les châtiments physiques, parfois très sévères-, corvéable à merci. Et à la fois des membres de la famille et donc ne touchant pas de salaire mais avec une obligation d'être nourris, logés et blanchis. Les Dorés nommaient ce système des serviteurs familiers. Pour d'autres, il ne s'agissait de rien de moins que d'un esclavage déguisé.)

"Bref, autant dire qu'j'étais finalement contente d'aller chez Kérant. Surtout que c'mec-là, l'était bien."

Chez Kérant, la vie a brutalement basculé par rapport aux Ermansis, ne faisant que renforcer la haine d'Astinor. En effet, là-bas, elle avait une journée par semaine totalement libre pour aller se balader ou aller en ville; elle touchait un peu d'argent pour faire des économies ou au contraire s'acheter des petits plaisirs. Mais, et c'est réellement ce qui a tout changé, Kérant avait fixé la charge à 1 yus symbolique et surtout au lieu de les faire travailler, il formait les jeunes. Certains apprenaient les arts et l'écriture; d'autres la forge; d'autres des métiers d'artisanats dont la joailleries ou l'ébénisterie; mais la majorité apprenait le maniement des armes. Son objectif à lui était simple : former une milice non-magique qui l'aiderait à pacifier les trajets entre Bouhen, récemment construite et Kendra Kâr. Il rêvait aussi de monter des expéditions pour explorer les montagnes au Nord.

C'est là qu'Astinor a rencontré une femme, Shaëra, et un homme, Grunfit, qui ont changé définitivement sa vie. Shaëra et Grunfit étaient tous les deux des orphelins tout comme elle. Mais c'était bien la seule ressemblance. Astinor était alors une jeune fille de quasiment quinze ans, aux formes inexistantes, à la tignasse noire grasse et à la mine revêche. Shaëra avait tout d'une courtisane, dix-sept ans selon ses dires, les cheveux auburns légèrement bouclés tombant dans le dos, des formes dignes d'une femme faite, le visage avenant. Grunfit quant à lui était un monstre de puissance de quasiment deux mètres, les cheveux blonds courts, le visage et la corps semblant être taillé dans du marbre. Seuls ses grands yeux bleus détonnaient, lui donnant un air très doux. Il était aussi le plus jeune, avec quasiment un an de moins qu'Astinor.

***


Durant les jours qui suivent, une routine douce s'installe sur nos deux vies conjointes. Après un réveil tôt, nous chevauchons tant bien que mal dans la forêt, évitant les chemins les plus fréquentés autant que possible, quitte à faire l'un ou l'autre détour de plusieurs heures. Le soir, après une courte partie de chasse dans cette forêt extrêmement giboyeuse -à croire que les animaux profitent de ce lieu de guerre comme d'un havre de paix-, notre faera continue à nous apprendre à lire et à écrire comme elle l'avait débuté avec moi il y a longtemps sur le Naora. Une fois le repas grillé et dévoré, je nous crée un abri dans les arbres à l'aide de l'arcane où nous nous installons avec une boisson, souvent chaude et de plus en plus alcoolisée. Là-haut, à l'abri des querelles du monde, Astinor continue son histoire.

Certes, notre prudence ne nous a pas empêché de croiser des brigands, tout prêts à détrousser le moindre voyageur égaré. Mais se retrouver face à face avec une Garzok lourdement armé et armuré n'entre pas vraiment dans leur mode opératoire et au final, il aura suffit d'un mort, tué à dix mètres d'un kriss entre les yeux, pour avoir la paix le reste du temps.

Quant aux prédateurs, les rares s'attaquant à l'homme ont fini assez blessé pour mettre fin à toute vélléité de leurs parts... ou en morceaux sur le feu, nous épargnant quelques heures de chasse. Il n'y a pas à dire, mais être au sommet de la chaîne alimentaire a parfois un coté très reposant.

Ces longues journées à pied ou à dos de percheron sont l'occasion pour moi de raconter l'un ou l'autre souvenir de mes nombreuses aventures, ainsi que d'autres, plus personnels comme celui de la mort de Sarya. Parfois, c'est Anouar qui nous gratifie d'une histoire, que ça soit une légende, ou un morceau de l'Histoire Ancienne des peuples de Yuimen ou encore des extraits de vie des nombreux gardiens qu'elle a accompagné.

C'est ainsi que j'apprends l'histoire de Nirtim et de l'Imiftil, du moins en partie, des différents royaumes, y compris celui de l'Omyrhie. Elle nous en apprend plus sur le grand dragon noir, la monture d'Oaxaca, sa toute première chute et le dernier départ des Dieux.

Puis bien sûr, avec de nombreux détails, Astinor se prend au jeu et nous raconte petit à petit ses années sous la coupe de Kérant, libre mais refusant de partir. Kérant lui avait sauvé la vie, elle le savait et elle avait une dette, puis elle se sentait bien chez lui.

Kérant s'était avéré un homme bon mais terriblement manipulateur. En réalité, son objectif était de former des soldats dociles pour monter un coup d'état qui renverserait les Ermansis et faire exterminer les mages. La haine de tous les jeunes qu'il avait adopté était assez forte pour le faire, mais si tuer des animaux et des monstres était une chose agréable avec toute la sensation de puissance qu'il en ressortait; tuer des humains et des elfes s'était avéré impossible pour Grunfit et Astinor qui s'était enfui. Shaëra, la belle qui refusait de tuer, y compris des animaux, s'était sacrifiée pour leur permettre de partir. Grunfit, qui l'aimait passionnément, en fut détruit mentalement. Elle avait donné sa vie pour éviter que son aimé ne commette l'irréparable et tue un humain ou un elfe et Grunfit se sentit responsable de cette mort. Il ne parvint d'ailleurs jamais à s'en remettre totalement, la culpabilité lui rongea le coeur sans que le temps ne parvienne à l'apaiser.

Le coup d'état a bien sûr échoué et ils se sont retrouvés seuls à la tête d'une bande de gamins qu'ils avaient libérés des Ermansis en partant, dans la forêt sauvage du duché des montagnes. La communauté qu'ils fondèrent prospéra après deux années difficiles et devint bien plus tard la naissance du premier Duché des montagnes, aujourd'hui disparu, sur les berges du lac d'Hynim.

Petit à petit, leur groupe avait pris en réputation et s'était retrouvé à vivre dans le luxe des gens à qui les puissants sont reconnaissants. En effet, Grunfit et Astinor s'occupaient de la sécurité extérieure de Kendra Kâr, combattant cote à cote, rendant coup pour coup aux monstres sans jamais blesser un être humain ou elfe. De cet amitié, et de la perte destructrice de Shaëra, naquit un amour entre les deux jeunes gens, âgé d'une belle vingtaine d'années.

Le monde était simple durant cette période-là, il y avait trois types de créatures : les monstres, les assassins et les autres elfes et humains. Les deux premiers méritaient la mort. Le dernier groupe devaient être protégé au péril de sa vie. Ce goût pour la vie l'avait fait se convertir au culte de Yuimen dont elle était devenue une voyageuse du temple de Kendra Kâr.

C'est ainsi qu'Astinor durant presque dix ans avaient combattu des monstres et des assassins, amassant les primes, les richesses et la gloire.

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