(Voilà près de deux heures que j’marche sur s’te foutu Col, j’me les gèles ! Vivement que j’me rentre dans une taverne de Mertar, l’idée d’une mousse me fait saliver.) Hurdrim marchait depuis un moment sur les routes dangereuses du Col blanc, exilé de son village, renié par ses pairs, il arpente la montagne en direction de Mertar afin de se racheter son honneur bafoué.
« Arf, rien que d’y penser ça m’fout en rogne ! » Gromella Hurdrim.
(Par la barbe de Valyus pourquoi ya fallu que j’naisse sans un poil sous l’menton ? Même Brog, s’te mangeur de caillasse, en à une. Arf, la misère. Rien que d’penser à mon père ça m’fout les ch‘tons…) Ses yeux s’embuèrent de larmes, repensant au regard empli de honte que son père lui jeta avant de partir. Hurdrim secoua la tête et se frappa les joues.
« Courage fiston, t’es un Thorkin, ça chiale pas comme ces fichus grandes oreilles. » Dit-il pour s’encourager.
( Une fois arriver à Mertar, j’irai j’ter un coup d’œil chez l’forgeron voir si j’peux pas m’dégoter de quoi casser des mâchoires. Satanée neige, c’est froid, ça glisse, que je déteste ça grrr. ) Hurdrim progressait toujours plus loin sur le col Blanc, le froid mordant de la neige et le souffle glacial du vent venait former une fine couche de neige sur ses larges épaules.
(A croire qu’il n’y a pas de fin à cette satanée route, s’pas un temps à foutre un Sekteg dehors…)Le ventre d'Hurdrim se mit à gargouiller.
(J’casserais bien la croûte tiens ! ) Songea-t'il.
Hurdrim aperçut un léger renfoncement dans la montagne à l’abri du vent et qui semblait épargné par la neige.
(Super, j’vais m’y poser trente secondes histoire de grailler un peu. ) Il avança, luttant contre les violentes bourrasques, heureusement pour lui, étant un Thorkin, sa constitution lui permettait d’avancer sans trop de mal vers le refuge. Arriver enfin à couvert il expira un coup comme soulagé d’un poids. Il frotta fortement ses mains afin de les réchauffer, les doigts engourdis, l’impression d’avoir des poches d’eau à la place de ses mains l’amusa légèrement.
« Bon voyons voir s’que j’ai dans ma besace. »Hurdrim posa son sac à dos à ses pieds, le frappa pour faire partir la neige qui s’y était déposé. Il défit la sangle qui maintenait le sac fermait et l’ouvrit.
« Par la hache de Valyus ! » Jura-t’il.
Son sac était à l’image de son estomac, aussi vide que la tête d’un troll. Son moral en avait pris un coup. Il referma, exaspéré, son sac, le remit sur son dos et repris la route.
Hurdrim avançait, inexorablement, en direction de Mertar, les mains blotties sous les aisselles pour les garder, autant qu’il le pouvait, au chaud.
( Allez p’tit gars, t’y es presque, dès qu’t’arrives tu t’calles dans une taverne ! ) Le blizzard frappait violement la montagne, Le vent et la neige bloquaient son champs de vision, rendant chacun de ses pas hasardeux. Etait-il sur le bon chemin ?
Alors que son moral était au plus bas, que le désespoir gagnait le cœur d’Hurdrim, un miracle se produit. Telle une intervention divine, le blizzard pris fin, le ciel se découvrit laissant passer les rayons du soleil, réchauffant sa peau gelée par la neige. En effet, le temps dans les montagnes est capricieux, par chance pour Hurdrim cela joua en sa faveur.
« Par le feu de Meno ! » hurla de joie Hurdrim.
Galvanisé par l’arrêt brutal des intempéries, il avança avec plus de détermination, décidé à rejoindre la ville qu’il convoitait, celle qui allait lui permettre de changer de vie. Hurdrim continuait sur la route, le chemin étant parfois quasiment invisible, caché par une épaisse couche de neige, mais il se savait sur la bonne route. La neige se profilait à perte de vue, Hurdrim s’éloignait toujours plus de son village natal, loin des siens, quand soudain du haut de la corniche, il aperçut au loin une immense porte, taillée à même la montagne, gravée de fresques naines.
« Mertar ! », dit-il soulagé.
Hurdrim était enfin arrivé à destination, l’endroit où, il l’espèrait, sa vie allait prendre une autre tournure. Il dévala la pente enneigée, arriva sur le sol pavé directement en face de la porte géante. Hurdrim leva la tête, contempla les magnifiques ouvrages ornant la façade de la ville. Il était enfin arrivé à destination, maintenant il s’agissait de trouver de quoi se réchauffer et retrouver des forces.
Entrée de Mertar