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 Sujet du message: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Mer 29 Oct 2008 15:17 
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Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes


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Description du voyage à pied et/ou cheval :

La première partie du trajet est accidentée. La progression y est lente et difficile mais, une fois les premiers villages atteints, les chemins redeviennent carrossables. Prudence tout de même, les pentes peuvent être glissantes...

Une fois la plaine rejointe, vous pourrez vous lancer dans un galop effréné, ou marcher à votre guise sans devoir constamment surveiller la moindre pierre qui roule, vigilance constante et nécessaire vis-à-vis des éboulis.

Enfin vous arriverez aux portes d'Oranan où aubergistes et taverniers vous accueilleront. Vous aurez également l'occasion de vous ravitailler en armes et en équipement dans les boutiques de la cité.

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent de Nirtim

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

(Postez vos RP de voyages ici )

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Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Jeu 22 Sep 2011 07:37 
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Localisation: Sur la route entre Luminion et Oranan
Jour 1 : Intervention GMique de GM8

Cela doit faire au moins deux heures que j'ai courageusement quitté la porte sud de Luminion. Les mollets commencent déjà à me tirer, mais je sers les dents et continue à marcher, droit vers Kendra Kâr. Le terrain est dur et rocailleux, je sens que le voyage va être plus complexe que prévu. Je me retourne une dernière fois vers ce qui était mon chez moi, mais il est déjà trop tard, je ne vois plus la porte qui a disparu dans les méandres brumeux de l'aube.

***


Cela fait en fait un peu moins d'une demi-heure que notre courageux aventurier a quitté son village natal, vers l'Ouest et Oranan et non vers Kendra Kâr. Le terrain, autant que le temps est merveilleux pour une longue randonnée, un peu de soleil, il fait sec sans pour autant faire chaud.
Quant à la porte, elle n'est guère loin, il suffirait à Gwylin de marcher environ cent mètres pour la voir au détour d'un tournant.


***


Une fine brise vient rafraîchir mes muscles brûlant sous l'effort, j'espère qu'elle n'annonce pas la pluie.

(Ni pire d'ailleurs !)

Mes craintes se confirment, cette brise ne pouvait qu'être le signe d'un malheur et d'une grande source d'affliction pour moi, et pour tous les citoyens du village. Un monstre, unique et mouvant fonce droit vers moi, il est rouge comme le sang dont il doit se repaître. Je regarde à gauche, à droite, nulle aide à espérer dans ses contrées inhospitalières. Je soupire et bande mes muscles, c'est à moi de sauver mon village d'ingrat. Pendant une seconde, je songe à prendre mes jambes à mon cou, mais je demeure sur place prêt à combattre.

(Premier défi d'aventurier. Tu peux le faire.)

***


C'est dans la pâle matinée que notre aventurier allait donc rencontrer son premier défi ? Qu'a-t-il donc vu comme monstre ?

***


La créature fonce sur moi, droit sur moi. Ca y est, elle m'a vu. Je respire difficilement, sers mon arme jusqu'aux crampes en essayant d'étudier la bête monstrueuse. Elle est rouge et noir et le bruit qu'elle produit est infernal, on se croirait dans une forge aux heures de pointes tellement le boucan est insupportable. Elle semble se mouvoir en flottant, changeant de formes à chaque mouvement, comme une larve se déplaçant sur le sol sans pour autant se diminuer.

***


A l'écouter, il fait face à une des terribles créatures d'Aerq. Mais il n'en est rien, le monstre est juste un adorable, mais très grand et très dense... nuage de coccinelles totalement inoffensif.

***


Mon coeur s'accélère, ma respiration aussi. Sans que je me souvienne l'avoir ordonné à mes jambes, je m'avance d'un bond vers l'horrible créature. Avec un cri de guerre, je porte le premier coup, frappant au milieu de la masse qui se met à bourdonner plus fort encore. L'ai-je blessée, j'en sais rien ? Aucun sang ne semble couler, aucune marque ou plaie n'est visible. Mon arme l'a pourtant traversé de part en part.

Je sens la créature m'attaquer de toute part, m'englober littéralement. Je n'ai vu ni bouche, ni dent. Elle semble avoir la capacité d'avaler, ou plutôt de recouvrir entièrement pour digérer sa proie sans même la blesser avant. Ca ne peut être que ça sa technique de combat. Ce monstre est bien plus dangereux que j'aurais pu le croire, mais il est trop tard, je ne peux plus fuir.

***


La première attaque de notre héros est particulièrement bien visée et vient de mettre en rogne une nuée de coccinelles qui n'avaient pas d'autres objectifs que de traverser le chemin vers une clairière de fleurs non loin particulièrement riche en parasites en tout genre. Forcément, se sentant agressée, ces adorables bestioles ont ripostés, sans pour autant être dangereuse pour notre héros qui n'est pas un puceron.
Et il a raison, dans la situation présente, chargé comme il l'est avec les réserves qu'on lui a donné aux portes, il ne fait aucun doute qu'il avancerait moins vite que le nuage qui désormais l'entoure.


***


Sans attendre, je lève mon bâton et frappe une seconde fois, tranchant dans le tas comme si j'avais une épée. Cette fois-ci, je peux constater l'efficacité de mon attaque. Même si le monstre n'en demeure pas moins debout, il met plus de temps que la première fois pour se reconstituer. Ferme, j'enchaîne les frappes, attaquant de droite et de gauche, bien décidé à cogner le plus de fois possible pour me débarrasser de cette créature abominable.

***


Comprenez par là, que notre héros, sous le coup du stress, est entrain de frapper n'importe comment, s'agitant et perdant plus d'énergie à bouger qu'à frapper en réalité.

***


J'ai sous-estimé la puissance de mon adversaire, celui-ci se régénère à chaque fois, à tel points que mes heurts ne semblent pas le blesser plus que cela. Le bruit autant que les attaques m'affaiblissent, je ne pourrais plus faire durer le combat très longtemps. Il faut que je trouve à tout prix comment achever la lutte, si je ne veux pas rester sur le carreau.

(C'est impossible, je ne peux pas mourir ici, pas dans ma première aventure, pas sur mon premier monstre...)

Mon père avait raison, je n'aurais jamais dû quitter Luminion, j'aurais dû trouver un autre travail, sur place, n'importe quoi. L'extérieur, c'est trop dangereux.

Au bout d'une demi-heure de lutte acharnée supplémentaire, je finis par m'avouer vaincu et chois au sol, épuisé, éreinté.

(Est-ce donc la fin ?)

***


A force de lutter n'importe comment, le pauvre corps de notre héros, absolument pas taillé pour le combat, vient de céder, au bout d'à peine cinq minutes. Terrassé par la fatigue, il vient de s'écrouler au sol.
Les coccinelles s'acharnent un peu sur lui et finissent par partir au bout d'une poussière de secondes. Une demi-douzaine d'entre elles se détachent du groupe et restent attachées à notre héros. Une bonne cinquantaine gisent au sol, dans un rayon d'une dizaine de mètres, assommées ou mortes, trophées dérisoires de l'acharnement de Gwylin.


***


Je ferme les yeux pour ne pas voir la suite, je ne veux pas mourir pas ainsi. Tremblant de peur, je prie tous les Dieux qui me viennent à l'esprit, en espérant qu'au moins un ait pitié de moi. Le vrombissement diminue jusqu'à disparaître.

(Ca y est, je suis mort.)

C'est la seule pensée qui me vient à l'esprit. Je n'ai pas mal, il n'y a plus le bruit abominable, il n'y a plus que le doux vent dans les feuilles. Si c'est ça la mort, y a plus désagréable. Enfin, si on ôte la douleur des cailloux qui rentrent dans mon genou. Inquiet, j'ouvre prudemment un oeil, puis l'autre. Le décor n'a pas changé, le monstre a juste disparu, laissant place à quelques mignonnes coccinelles sur mes chaussures, mon manteau et le bout de mon nez.

Je me redresse et cherche l'horreur du regard, mais elle a définitivement disparu, comme s'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve. Je remercie les Dieux de m'avoir tiré de ce mauvais pas, préférant les louer tous que d'en oublier un par mégarde. La tristesse envahit mes yeux quand je m'aperçois que le sol autour de moi est un cimetière à coccinelles; elles sont plus d'une cinquantaine au sol, sans le moindre doute victime de la créature abominable...

Evitant de marcher dessus, je traverse la zone et continue mon chemin, longeant le sentier...

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Chanson thème : "A l'aventure compagnon" de Naheulband.


En italique, c'est le narrateur extérieur, il vous conte l'histoire en vous expliquant les détails que Gwylin n'a pas capté.
En écriture normal, c'est la vision de la situation par Gwylin.
En bleu, ce sont les pensées et les paroles de Gwylin.
Dans les autres couleurs, ce sont les PNJ qui interviennent.


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Jeu 27 Oct 2011 14:55 
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Je continue à marcher, fier d'avoir vaincu mon premier monstre, même si les dieux y sont pour quelque chose, c'est certain. Le sentier s'enfonce dans une forêt assez sinistre fait de hauts sapins aux troncs décharnés avant de disparaître totalement. Opiniâtrement, je continue mon avancée, le plus droit possible, me demandant comment les marchands font pour amener leurs carrioles jusqu'à notre village sans s'égarer ou se faire dévorer par des bêtes sauvages.

*****


La forêt n'est autre qu'un petit bois, sans le moindre danger et les troncs décharnés sont juste des sapins classiques avec les branches loin en hauteur, empêchant le soleil d'inonder le sol forestier.

*****


Poursuivant mon voyage en usant de toutes les forces en ma possession, je parviens à quitter le bois pour me retrouver face à un croisement de trois routes, l'une d'entre elle fait le tour de la forêt et va donc droit au Nord, c'est certain.

(Bon, si celle-là va au Nord, l'Ouest est à ma droite, l'Est à ma gauche et le sud dans le dos, si je regarde dans la même direction que la route. Donc logiquement celle-là part vers le Nord-Ouest, ça m'intéresse pas. L'autre route part vers le Sud-Est. C'est donc la plus proche de ma direction.)

Ma décision prise, je m'engage vers qui se tourne le plus vers Kendra Kâr.

*****


Sans doute avez-vous déjà remarqué les deux erreurs énormes de Gwylin dans son choix ? Le chemin faisant le tour de la forêt revient bien sur ses pas à lui, soit vers l'Est et Luminion et non pas vers le Nord. Mais en confondant l'Est et l'Ouest, il fait une erreur encore plus grossière. Le premier chemin descend vers le Sud-Est, avant de tourner vers l'Ouest au bout de quelques kilomètres pour franchir des cols plus doux avant d'atteindre la plaine d'Ynorie.
Le second chemin, si vous avez bien suivi, le guide vers le Nord-Ouest, il bifurque d'ailleurs plus loin vers le Nord avant de s'achever dans les méandres d'une route plus grande qui termine sa course à Omyrhe.


*****


Le chemin, bien que caillouteux est assez agréable à marcher encore, j'avance toute la journée, ne m'accordant qu'une brève pause à la mi-journée pour déjeuner à l'ombre d'un grand arbre près d'une source fraîche.

*****


La brève pause ayant durée en réalité un peu plus de deux heures, Gwylin s'étant assoupi dans une sieste digestive bien mérité au vue de l'entame fait sur ses réserves. Mais, louons cette idée de notre héros qui lui a évité de paniquer et de se faire remarquer par l'escadron gobelin de reconnaissance qui est passé à quelques dizaines de mètres à peine de lui.

*****


La soirée approche alors que je suis encore dans les montagnes. Je m'étonne légèrement du fait de n'avoir encore croisé âme qui vive, ni même l'ombre d'une signalisation indiquant un relai ou tout autre endroit où me reposer. L'idée de dormir à la belle étoile dans une région sauvage, seul, n'est pas franchement la plus rassurante, surtout que la température commence à baisser doucement, indiquant une nuit sans doute claire, mais sans aucun doute froide.
Mon vieux me racontait toujours que le plus dangereux en montagne était de s'endormir dans la neige, car on ne s'en éveillait que rarement. Suivant les conseils de mon vieux père, je décide de ne pas dormir jusqu'au matin ou jusqu'à une auberge, ou une simple maison d'ailleurs.

La nuit tombe autour de moi, inquiétante, allongeant les ombres jusqu'à leur permettre de dominer le monde. J'avance prudemment, remerciant Gaïa d'avoir créé la lune pour nous éclairer durant la nuit. La pleine lune éclaire de sa lueur blafarde ma route, un loup hurle au loin, me faisant avaler ma salive de peur. Je réalise soudain que même si je le voulais, il me serait impossible de dormir dehors une nuit pareille.

Puis soudain un bruit, ne ressemblant absolument pas à celui d'un animal connu me surprend : un grognement lourd et rocailleux me fait sursauter et surtout courir. J'ignore où je trouve ce soudain regain d'énergie, mais mon corps semble plein de ressources inconnues à l'heure actuelle. J'avance, je quitte la route et m'enfonce dans les fourrés qui bordent le chemin.

*****


Pour une fois, Gwylin fait preuve de jugeote. Courir pour s'éloigner des garzoks qui s'approche est une excellente idée quand on est pas un combattant et qu'on est seul. Par contre, le faire dans des montagnes, hors des sentiers, avec peu de lumière, sans connaître le terrain, c'est s'exposer à une chute tôt ou tard.

*****


Je suis bloqué par des ronces qui déchirent mon pantalon, m'entaillant légèrement les jambes, je commence à paniquer, me débattant dans tous les sens. Soudain, les lianes épineuses finissent par me relâcher, mais déséquilibré par ce changement soudain, je me vautre au sol, en pente de ce coté-ci des broussailles.

*****


Connaissant notre héros, la chute était forcément plus tôt que tard. Le taillis est plus dense que prévu et surtout nettement plus pentu que notre artisan pouvait le prévoir. A peine entré dedans qu'il s'emmêle les pieds dans des ronces. Quand il parvient à s'en détacher, il est au bord d'un versant assez sec, très caillouteux, sans trop d'arbres heureusement ou malheureusement, mais surtout étrangement éclairé.

*****


La dégringolade est violente, je culbute dans tous les sens, entraînant avec moi une avalanche de cailloux manquant de m'estropier durablement et faisant un boucan du tonnerre.

Puis soudain, l'arrêt. Je me retrouve au sol, couché, en vie manifestement. Le bruit a cessé, à part l'une ou l'autre caillasse achevant sa course auprès des énormes pieds verts qui me font face.

(Pieds verts ?) réalisé-je inquiet.

*****


La chute bien que brève, suffit à secouer notre aventurier débutant, mais surtout à le mener à un endroit où assez peu d'humain auraient envie de se retrouver. En effet, il vient d'atterrir... dans un campement orque, au pied d'une sentinelle venu voir l'origine du bruit.

*****


Le choc est sans doute la seule chose qui m'empêche de m'enfuir et de hurler. C'est lui aussi qui, après un violent mal de tête me fait m'effondrer, évanoui tel quel au sol, sans pouvoir rien faire.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 09:20 
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Inscription: Lun 25 Avr 2011 12:47
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Localisation: Sur la route entre Luminion et Oranan
Je m'éveille douloureusement, il fait jour, ou plutôt non, je suis dans un espace brillamment éclairé. Des voix aussi cassantes que le flanc de la montagne me rappellent ma situation. Je suis à genoux, attaché à un piquet, les poignets douloureux, les mollets aussi.

(J'aurais mieux fait de ne pas quitter Luminion, j'aurais fini poivrot dans la taverne, mais ça vaut mieux que d'être mort mangé par des garzoks !)

Impossible d'ôter de mon esprit que j'allais finir au-dessus de l'énorme feu qui brûle non loin, crâmé tel un sanglier pour repaître ces monstres assoiffés de sang. La peur, la fatigue, la crainte me font m'effondrer en larme tel un enfant.

(Même un aventurier aguerri à le droit d'avoir peur dans des circonstances pareilles, je suis sûre qu'il le ferait eux aussi.)

Des pas approchent de moi, pas le rythme lourd des peaux vertes, non, un léger, celui d'un humain !

"Il est enfin réveillé, apportez-le moi !"

*****


Depuis son évanouissement de peur, Gwylin avait été désarmé, ce qui ne fût guère long, on avait rangé son sac dans une tente. L'humain qui commandait la troupe avait demandé qu'on l'attache, pour limiter les risques, autant pour lui que pour toute la troupe. En effet, les éclaireurs en route pour Luminion avait déjà repéré l'énergumène, plus tôt dans la journée et son combat contre les coccinelles.

*****


Sans le moindre ménagement, on me traîne par le piquet, m'intimant de ne surtout pas bouger ni tenter quoique ce soit. En même temps, que voulez-vous que je tente, les pied et les mains attachés, désarmé, seul dans un campement rempli de peaux vertes manifestement pas amicaux.

Je finis par être largué dans une immense tente où siège un individu vêtu d'un costume sombre, tranchant avec sa peau claire. Bientôt, sans qu'un seul mot ne soit prononcé, nous nous retrouvons seuls.

"Si tu me promets d'être calme, je te détache."

Le ton est doux, totalement désorientant, je sens venir le piège, mais libre est toujours mieux qu'attaché, c'est un petit pas vers une grande fuite.

"D'accord, je ferais rien, c'est promis."

Avec un sourire sadique, je vois l'homme sortir une dague d'un fourreau et l'approcher de moi. Inquiet, je ferme les yeux.

*****


Gwylin est apporté aussi doucement que des garzoks sont capables de le faire puis posé à terre, doucement. Il se retrouve ainsi dans une tente, assez grande pour rentrer une véritable table et des véritables chaises. Le campement où il se trouve n'est pas un camp de fortune mais un poste avancé.

*****


L'homme vient trancher les liens, me libérant de mon poteau qui roule un peu plus loin.

"Tu veux manger, il reste un peu du repas de ce soir !"
"J'ai pas faim !"

Mon courage semble avoir décidé de revenir en même temps que le sang dans mes orteils engourdis. Mais la peur m'a creusé l'appétit et mon estomac crie famine, assez bruyamment pour être entendu à l'autre bout de la tente.

"Ton ventre ne semble pas d'accord avec toi. Fais pas ton difficile et vient manger."

Le ton est sans appel, ce n'est pas invitation, mais un ordre manifeste, même si à aucun moment il n'a élevé la voix. Après une courte seconde d'hésitation, je me lève et vient m'attabler.

*****


Un ordre ? En es-tu certain, Gwylin ? Il n'y a pourtant rien d'agressif ou de menaçant dans l'attitude de l'homme qui te fait face, pour l'instant au moins.

*****


Je regarde les restes à table, impossible de déterminer l'origine de la viande et à part du pain, il n'y a pour ainsi dire rien d'autre. Je me sers donc un énorme bout dans la miche et commence à la picorer, regardant l'être qui me fait face dévorer un énorme morceau de viande. Il est grand, aux cheveux bruns foncés quasiment noirs et la peau pâle, mais légèrement plus hâlée que la mienne. Son visage semble taillé à la serpe et il porte des traces de cicatrices un peu partout. Je m'attends presque à voir des yeux rouges capable de percer l'obscurité la plus sombre, mais quand je croise son regard, ce ne sont que des yeux bleu gris. Des oreilles rondes, ce n'est donc pas un elfe. Il est vêtu d'une tunique noire et d'un pourpoint de cuir.

"Hé bah, qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? Mange vas-y, te gène pas !"
"Je mange pas d'humain !"

Sourcils qui se lèvent vers de surprises suivit d'un éclat de rire tonitruant de l'humain qui me fait face.

*****


Cheveux bruns, peau très légèrement hâlée, yeux bleus, oreilles rondes, taille moyenne. Comment notre héros a-t-il pu louper ce détail ? L'être qui lui fait face n'est pas un humain d'une race sombre, anthropophage qui s'accoquinerait avec des garzoks... Non, c'est bien un kendran qui lui fait face, quelqu'un de la même ethnie que lui finalement.

*****


"Tu me prends pour qui ? Moi non plus je ne mange pas d'humain. T'as juste un reste de bouloum et un reste de sanglier."

J'hésite, il pourrait très bien me mentir, mais la faim me taraude trop. Je tends la main et tente de repérer un goût étrange, mais n'y parvient pas.

(Gaïa, pardonne-moi si c'est de l'humain, mais j'ai trop faim.)

*****


C'est sûr qu'il est proche de mourir de faim notre héros. Après tout, son dernier remonte à au moins quatre heures...

*****


Le repas se poursuit en silence. Sur le final, l'homme m'offre un petit verre d'un alcool assez fort pour me faire perdre mes cheveux. Naturellement, nos langues se délient :

"Tu viens d'où ?"
"De Luminion, je suis en route pour Kendra Kâr."
"Hum... Que vas-tu faire là-bas ? T'as de la famille à voir ?"
"Non, je cherche à gagner de l'argent, pour me rouvrir un atelier de rempaillage de chaise."
"Ah, mais si tu cherches de l'argent, moi je peux t'aider !"
"Ah ?"
"Je suis Bouhannais d'origine... et je cherche un message ayant le droit d'y aller."
"Bouhannais, c'est impossible. Que faites-vous au milieu de ces Garzoks alors ?"
"Je cherchais de l'argent pour rembourser certaines dettes... Et Oaxaca paye mieux que Solennel, c'est tout."
"Et que dois-je faire ?"
"Le messager. Je te donnerais des colis et des messages à porter à ma femme à Bouhen et tu iras. Tu seras payer grassement à chaque livraison !"

Et c'est sur ces mots que nous démarrons une négociation âpre qui s'achève sur ma victoire et la remise d'un casque et d'une bourse de yus en avance du reste du payement.

*****


C'en était fini des craintes de Gwylin : l'être qui lui faisait face venait de lui proposer de l'argent. Même si l'histoire s'avérait fausse, notre héros ne remettrait rien en doute tant qu'une récompense était à la clé.
Pour ce qui est de la négociation, peut-être notre ami est-il doué, en tant qu'ancien artisan et donc vendeur, mais dans le cas présent, l'homme a de lui-même proposé le payement d'avance.


*****


J'accepte les cadeaux et enfile le casque, me sentant nettement plus protégé ainsi. L'humain, qui s'appelle Ardelic, m'explique rapidement ma première mission : livrer un colis enveloppé dans du tissus et ficelé à l'auberge du chat enroué à Bouhen. Il me décrit la personne que je dois trouver, ainsi qu'un mot de passe qu'il inscrit sur un bout de parchemin.

*****


Et voilà comment notre héros reçoit sa première mission qui doit le conduire à Bouhen finalement.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Sam 23 Nov 2013 19:41 
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Localisation: Quête 30 : Fan-Ming
(((Trajet entre l'ermitage -duché de Gramerian- et le lac de Nostyla, distant de 80 km. Le trajet dure donc 1,5 jours à cheval au lieu de 4)))

Nous quittons l'ermitage toutes les deux et traversons la forêt protectrice sereinement, sans parler. Nuilë m'a brièvement montré une carte pendant que sa fille se préparait et, de ce que j'en ai compris, il va nous falloir passer un col puis redescendre sur la vallée jusqu'au lac. Saraki m'accompagnera jusqu'au Nord-Est du lac et il me faudra continuer alors jusqu'à l'Ouest et Oranan en suivant simplement la route. Si tout se passe, ça devrait pouvoir se faire sans trop de problèmes.

(Si tout se passe bien. Parce qu'il y a un seul voyage qu'on a fait ensemble qui s'est bien passé ?)

Je me retiens de répondre, sachant très bien que non, il y a eu des petites imprévues un peu tout le temps. Saraki oblique en sortant de la forêt, prenant le sentier qui monte vers le col.

"Nous passerons le col d'ici une heure. Sur la descente, il y a un petit hameau, nous nous arrêterons là pour dormir. Parce que si toi tu te reposes en deux heures, moi il me faudra bien huit heures, la journée a été longue."

Comme prévu dans les plans, à l'exception d'un éboulis que nous devons contourner tant bien que mal, la journée se passe normalement. Saraki me tient au courant des affaires de la guilde, des affaires de disparition, dont une à l'ermitage même. Ce mystère n'a pas pu être résolu, mais ils espèrent en apprendre plus prochainement, l'ermite capturée ayant été aperçu par un autre ermite dans les montagnes. Mais ne sachant quoi en penser, il n'a pas pris contact avec la lutine. Puis, il y a aussi un meurtre de prêtre de Yuimen dans un château non loin de l'ermitage. Le château en question est sur le territoire de Bouhen, ils ont avertis la milice et le comte, mais pour l'instant sans réaction, malgré des preuves concernant d'autres exactions. Ils n'ont pas voulu envoyer d'ermites, le but de la guilde n'étant certainement pas de créer d'autres martyrs.
Pour ma part, j'entre plus en détail sur les derniers évènements du Naora, ainsi que ma rencontre avec le vieux fou de Raynna. Elle s'intéresse d'ailleurs tout particulièrement à mon sort d'arcane ultime et aux détails de son utilisations.

Nous passons donc la journée comme deux filles à papoter, mais aussi et surtout comme deux guerrières, de combats et d'affaires politico-religieuse. Ce n'est qu'en fin de soirée que quelque chose tourne mal.

(Qu'est-ce que je disais, jamais tranquille.)

Le village dans lequel nous devions nous arrêter est juste derrière la montée d'après Saraki, mais une fumée assez dense s'échappe de cette zone-là. C'est étrange, il ne fait pas assez froid pour que toute la population ait besoin de se chauffer et les seules cheminées d'un boulanger et d'un éventuel forgeron ne ferait pas autant de volutes, ni aussi noires. Je fais arrêter nos chevaux et descend d'Harniän, confiant les rennes à Saraki.

"Attends-moi, je vais voir."

(Laisse-moi faire !)
(Tu vas faire un massacre encore !)
(J'tue que les peaux vertes. Ca t'va ?)
(Soit.)

Je laisse mon corps à Astinor qui se met à quatre pattes pour approcher du sommet de la colline. Parvenue en haut, elle s'aplatit complètement jusqu'à se fondre dans les ombres. Comme je m'en doutais, ce ne sont pas les cheminées qui produisent cette fumée, mais bien des incendies. Astinor s'approche tandis que je cherche des indices, la puanteur en tout cas est désagréable, sans doute des corps sont-ils entrain de cramer. La femme panthère que je suis devenue se déplace encore, doucement, sans laisser échapper le moindre bruit. La violence des flammes ne laissent guère de soupçons quant à sa nature, ce n'est pas un feu de joie sur la place du village, mais bien le bourg qui brûle.

Astinor tourne la tête vers une cadavre sur le bas de la pente que nous longeons. Il porte une flèche dans le torse. La lumière des flammes permettent de distinguer l'individu sans la moindre difficulté : un sekteg. Après tout, le garde m'avait prévenu d'attaques sur le duché, cela n'a finalement rien d'étonnant. Aucun bruit, signe que les peaux vertes sont parties, cela fait du boucan un groupe de peaux vertes qui fêtent une victoire. Vu la puissance du feu, cela doit faire à peine quelques heures que ça flambe, et encore. Nous sommes arrivés trop tard, mais pas de beaucoup.

Nous nous redressons et retournons voir Saraki, la mine défaite.

"Plus personne. Pas d'humains, plus de Sektegs. Juste des morts et des flammes."

Le rapport est simple, bref et tellement réaliste à la fois. Que dire d'autre après tout. Il y a eu une attaque de Sektegs et ils ont gagnés. Ca arrive parfois dans les montagnes.

"Nous sommes fort loin d'Omyre pourtant !"

Je reprends ma forme de Sindel et grimpe sur mon destrier en haussant les épaules.

"Tous les Sektegs n'obéissent pas à Oaxaca. J'ai déjà croisé des clans libres dans les duchés avant."

Je n'ose pas lui raconter ma première rencontre avec des Garzoks, dans la plaine de Kendra Kâr, avant l'ermitage, presque un an avant le retour de la Dame Sombre. En attendant, nous contournons le champs de ruine et continuons notre route, vexées de n'avoir rien pu faire, que ça soit pour sauver les habitants ou les venger. Une bonne heure plus tard, quand l'odeur s'est apaisée, Saraki s'écarte du sentier caillouteux vers une clairière herbeuse.

"C'est le dernier pallier avant la plaine de Nostyla. On va rester ici pour la nuit, je ne peux pas aller plus loin de nuit. Si toi tu vois la route, moi avec ces nuages, je ne vois pas grand chose."

Nous installons notre campement, Saraki s'occupe de la tente, moi du feu de camp. Après un simple repas, sur mes provisions, nous décidons de nous reposer. Je laisse Saraki dormir et prends la garde, au cas où les Sektegs aient envie de venir nous narguer. La nuit est longue, terriblement longue et silencieuse, juste accompagnée des reniflements de nos deux montures qui broutent sagement l'herbe à leur disposition. Je réalise que voyageant seule, je n'ai jamais réellement fait de tour de garde. A quoi bon ? Si c'est pour rester éveiller autant avancer. Mais là, elle a besoin de sa nuit complète, contrairement à moi.

Au bout d'un temps certains, je décide d'ouvrir un autre de mes parchemins, ça m'occupera à défaut de mieux. Je plonge ma main dans le sac et en retire le parchemin d'hallucination collective. Mon second sort non-élémentaire. Je l'ouvre et le décode avec l'aide d'Anouar. Contrairement à celui lu hier soir, celui-ci permet de contrôler les cinq sens, là où l'autre les brouillaient. Plus qu'une évolution, ce sont surtout deux techniques fort différentes et n'ayant pas les mêmes implications. C'est étrangement pour des situations hors de combat que je vois l'intérêt de ce sort-là.

(Tu parles. L'est génial en combat !)
(Parce que tu aimes la magie, toi, maintenant ?)
(Pas la magie, juste les effets, chaton !)
(Et tu l'utiliserais comment ?)
(Retourner des troupes contre leurs chefs. Tu leur fais croire que y a toi où y a leurs chefs et l'inverse.)
(Ou je peux leur faire taper les rochers ?)
(Ouais aussi. Ou qu'ils croient que toi t'es un rocher.)

Je lis rapidement le parchemin, la phrase magique vient s'inscrire dans mon esprit. A nouveau, j'aurais aimé pratiquer le sort avant de l'utiliser en situation réelle, mais je me vois vraiment pas utilisée ma compagne de route comme cobaye pour une expérience de ce type, même avec son consentement. Une fois le papier inutile, je le jette au feu, et contemple les étoiles.

Astinor désirant s'entraîner, je lui laisse volontiers notre corps et plonge dans un univers de sensations, à mi-chemin entre la fatigue et la curiosité.

Le lendemain passe nettement plus silencieusement, Saraki n'étant pas habituée aux horreurs de la guerre reste sur le choc, à digérer ce qu'elle a vu.

(Elle n'est pas prête !)
(Prête à quoi ?)
(A prendre la place de son père !)

Comme d'habitude, Anouar n'en dira pas plus, malgré la pression curieuse exercée alternativement par Astinor sous forme de menace et par moi sous forme de questions.

C'est vers midi que nous arrivons enfin au Lac de Nostyla, que nous devons désormais longer vers le nord. Nous faisons une petite halte dans un village de pêcheur où une auberge nous accueille très volontiers à coup de poisson grillé. L'après-midi passe très vite, la nuit est tombée quand nous arrivons au village où nous devons nous séparer. Mais à nouveau une odeur et surtout des hautes flammes nous contraignent à changer nos plans.

Je concentre ma vision sur l'incendie et découvre des femmes et des enfants entrain de fuir.

"Et merde ! Saraki, va à l'Est, y a des femmes et des enfants qui fuient. Moi je vais voir ce qu'il se passe !"

_________________


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Dim 16 Nov 2014 02:25 
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Œuvre III :
La Tour des Dieux

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Le Mort aux Millions de Pas




Sans plus de manières, Goetius quitta Wulfin et suivit le macabre guide.

Le squelette avait le pas rapide, faisait fi des obstacles et avançait en ligne droite sans relâche. L'encapuchonné le suivait comme il le pouvait, mais sa marche était si droite et mécanique qu'un instant d'inattention de sa part aurait suffit à le perdre de vue.

Le cliquetis des os s'entrechoquant à chaque pas donnait l'impression d'un étrange métronome qui, telle une caisse claire militaire, imposait un rythme de marche rapide et régulier. D'ailleurs, à force qu'il le suivait, Goetius se fit une réflexion qu'il garderait à méditer pour la suite...
Le squelette, animé par la magie de la nécromancie, n'était finalement qu'un outil auquel on avait donné une mission simple, qu'il suivait à la lettre : Marcher jusqu'à la Tour des Dieux. Il ne faisait attention à rien d'autre, et l'âme invoquée là-dedans n'avait aucun pouvoir d'y changer quoi que ce soit, cette magie la contraignant à suivre cet ordre quoi qu'il en fût. La volonté de l'âme en peine, si tant est qu'elle en eût toujours, n'avait pas voix au chapitre, était totalement impuissante. On n'avait fait que lui offrir un corps dont elle n'était de toute façon pas maîtresse. Elle servait juste à lier les os ensemble et à leur rappeler comment ils bougeaient avant.
Ne serait-il possible, alors, de lier une âme à quelque chose qui ne fut pas organique avant ? A une armure, à une statue ou que savait-il encore ?
Il se voyait mal trouver une réponse à cette interrogation durant le voyage. Le squelette ne lui laissait aucun répit, l'expérimentation n'était pas de mise. Et encore eût-il les moyens et le temps de s'y livrer, il ne maîtrisait pas encore bien toutes les arcanes de la nécromancie. Peut-être était-ce là une question à réserver pour son prochain entretien avec Wulfin.
Mais il continuait d'y songer et sa réflexion aboutit ailleurs. Préparer des squelettes en attente de leur invocation, avec des armes qui leur serait attribué à l'avance... Peut-être même renforcer leur défense grâce à quelques bricolages de forge... Lorsqu'il serait revenu à Mordansac, cela lui permettrait d'avoir sa propre garde, en sommeil, hibernant tranquillement en silence jusqu'à ce qu'il ait besoin de ses services.
Il le savait déjà depuis longtemps, mais cela le confortait dans l'idée qu'utiliser des mortels comme armée était aussi dangereux que bruyant et coûteux. Les squelettes ne craignaient quant à eux ni faim ni soif, ni froid ni chaleur, ni fatigue ni douleur, ni hésitations ni regrets. Ils ne criaient pas, ils ne hurlaient pas, ils ne riaient pas, ils ne pleuraient pas, ils ne mentaient pas, ils ne quémandaient pas. Aucune communication de quelque sorte. Et, si ce n'était le bruit des os qui se cognaient les uns contre les autres, aucun son n'en sortirait, pas même le souffle d'une respiration. Des serviteurs presque parfaits en somme, mais il devait y avoir moyen de faire mieux. Beaucoup mieux.

Si Goetius songeait à tout cela, c'était hélas qu'il n'avait mieux à faire en suivant le squelette. Un détail le turlupinait cependant ; quelle mission Wulfin lui avait-il donné exactement ? Le guider à la Tour des Dieux certes, mais qu'en était-il, concrètement, des modalités du voyage ?

Celui-ci ne lui poserait vraisemblablement aucun souci mais il en était dépendant. Comment trouver la Tour des Dieux sans ? Demander aux mortels ? Quelle blague ! Plutôt errer entre les monts le reste de sa vie que de s'approcher de trop de ces braillards puants. Le nécromant novice se faisait une fierté toute particulière de ne pas être comme ceux-ci, alors se mêler à eux... Idée grotesque et répugnante s'il en était.
Goetius redoutait que le liykor fut négligent et n'ait pas songé à faire arrêter le réanimé à la nuit tombée. Après tout, il avait passé la précédente journée à patauger dans la gadoue de Blakalang et la nuit suivante à apprendre la science des morts. Tout nocturne qu'il était, il aurait bien vite besoin de sommeil. Et l'inconvénient, lorsque l'on souhaitait dormir de jour sans risquer d'être surpris par quiconque, c'est qu'il fallait passer du temps à chercher un abri adéquat. Et l'osseux guide ne semblait pas disposé à interrompre sa marche.
Tant pis, il le suivrait au maximum et s'arrêterait dès qu'il verrait un endroit à sa convenance. Après tout, il se débrouillerait bien pour trouver seul sa destination. Il n'aimait pas improviser, il préférait toujours savoir à quoi s'attendre, mais il n'avait pas le choix et, de toute façon, se savait bien assez intelligent pour se débrouiller par lui-même pour trouver sa destination. Et puis Zewen et Phaïtos ne le laisserait certainement pas errer ainsi dans la campagne indéfiniment. Il avait une quête divine à suivre. Rendre son silence au monde, en une vie d'humain, était un but qui n'aurait souffert d'une telle perte de temps.

Fort de sa décision, la marche continua.
Le soleil n'était pas encore levé lorsqu'ils quittèrent le sol boueux et les arbres élevés de Blakalang. S'en suit de la plaine verdoyante d'herbes hautes. Peu encourageante et laborieuse traversée étant donné que le sol, épongé d'eau, transformait le tout en véritable marécage. L'opacité de cette flore chaotique cachait la surface et Goetius se disait que bien des créatures pouvaient se cacher entre ces herbes bizarres et ces fleurs chétives se mêlant ça et là en sacs de nœuds voulant le faire trébucher. Loin s'en faut de véritablement s'inquiéter cependant, car si bêtes il y avait, les herbes ne lui dépassaient que rarement la hauteur des genoux et ça n'aurait été ni plus ni moins que des monstres de poche. Rien d'alarmant, il avait une palette de manières pour s'en débarrasser si besoin était.

Mais mis à part les moustiques, rien n'attaqua durant les six kilomètres qu'il dût traverser. C'était cependant une véritable épreuve que de suivre le squelette, ce tas d'os ne ralentissait jamais et ne s'inquiétait d'aucun obstacle. A de nombreuses reprises, il se fit distancer. C'était exaspérant de devoir ainsi courir après lui toutes les deux minutes. Il aurait au moins aimé, à la sortie du marécage, pouvoir sécher ses chausses. Mais il n'était vraisemblablement pas question de pouvoir s'arrêter ne serait-ce que quelques minutes.

C'est ainsi qu'à la montée suivante, Goetius, dont la fatigue commençait à se faire sentir, suivait de loin l'inépuisable squelette. Il ne regardait même plus devant lui. La tête baissée dans son capuchon, mirant la terre, il ne suivait plus son guide qu'à l'ouïe, mené par le son des os s'entrechoquant comme les cliquetis de l'interminable horloge de l'existence.

Du bas de la colline survint alors un cri d'effroi enfantin.

Le nécromant tourna la tête et le vit.
Un petit ynorien se trouvait là, montrant les deux monstres du doigt comme s'il avait vu Phaïtos en personne. Goetius ne put s'empêcher de sourire en voyant la peur qu'il avait inspiré sans s'en rendre compte. Un homme en aube sombre suivant un mort vers la cime d'une colline... Si l'enfant s'était tût, il aurait pu croire en un présage, il aurait pu en garder l'image et l'interrogation tout au long de sa vie... Il aurait pu répandre superstitions, légendes et histoires d'horreur à son sujet. Ç’aurait été beau. Mais non. Ce petit imbécile eût à se signaler par un hurlement à faire s'envoler les corneilles. Un affront direct contre le silence, ça ne se pardonnait pas.
Et il était là, à la bordure d'un petit potager. Une cabane allongée à quelques mètres derrière lui. Le bâtiment était entièrement en épicéa. Il devait avoir de nombreuses années maintenant, car il ne restait de la clarté originelle de ce bois que de pâles planches grisonnantes qui auraient pu laisser à penser que les lieux avaient été abandonné depuis des décennies. Qui donc pouvait vivre là avec un enfant si jeune ?

Sur cette interrogation, Goetius n'hésita que le temps d'un regard vers le squelette continuant son périple pour se décider à le laisser tomber. Dépendre d'une coquille vide jusqu'à la Tour des Dieux était un abaissement dont il ne souffrirait plus.

Et alors que le marcheur d'os conduisait sa marche inexorable jusqu'au territoire divin en gravissant la terre, le nécromant dévalait la pente pour aller assassiner au loin l'innocent enfant qu'il n'avait jamais été.



La Quête de la Paix

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Playlist de Goetius Gomorrheus
Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Lun 1 Juin 2015 22:39, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Ven 21 Nov 2014 19:21 
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Le Mort aux Millions de Pas



La Quête de la Paix




Goetius se rua vers l'enfant comme un dément, sa capuche se relevant pour dévoiler le visage horriblement balafré au garçonnet qui hurlait de plus belle. Le petit ynorien, d'abord tétanisé par ce qu'il voyait, eût enfin l'instinct de fuite. Il courut vers la cabane, en appelant à l'aide de sa mère d'une voix stridente.

Le nécromant enfin le rattrapa à l'ombre d'un pêcher et le fit tomber à terre d'une puissante gifle du revers de la main. Il empoigna le dos de sa tunique et, de son autre main, sortit son stylet en le relevant. L'enfant était terrifié. Il tremblait comme une feuille d'érable sous le vent d'automne. Goetius posa la pointe froide et métallique de son stylet contre le menton enfantin du garçon déjà égratigné par sa chute. Une goutte de sang surgit du pic de l'arme, qui coula dans son cou, et des perles de larmes s'échappaient de ses yeux en amande. Ce fut à ce moment qu'il lui chuchota à l'oreille :
"Si tu te remets à fuir, si tu n'émets ne serait que l'ombre d'un son, je serais obligé de te tuer. Et si je te tue, je devrais aussi tuer ta mère. Ce serait de ta faute. Tu ne voudrais pas que ta mère meure n'est-ce pas ?"
Il hocha la tête de droite à gauche, le regard paniqué. Il avait envie de s'effondrer.
"Bien..."

Pendant qu'il le menaçait, un autre bruit s'était fait entendre auquel il essaya de ne pas prêter attention pour se concentrer sur l'effroi qu'il voulait inspirer à l'enfant. De l'intérieur de cette petite maison de bois, l'on entendait des aboiements canins.
Maintenant, la porte s'ouvrait et laissait le chien courir à la rescousse de son petit maître. Le chien était un kai bringé noir, une belle bête de garde qui devait bien faire son office contre les nuisibles. Mais le courage tout entier de l'animal ne pouvait rivaliser contre la puissance meurtrière d'une magie interdite. Goetius, d'un geste vif de la main, projeta un filet concentré de magie obscure contre la bête, qui le fit virevolter contre le tronc d'un arbre. Du grand choc dans le dos qu'il venait de recevoir, il s'affala à terre, les pattes branlantes, s'agitant nerveusement, couinant sa détresse.

De cette même porte sortirent deux personnes. Un couple, un vieux couple, bien trop âgées pour être les parents. La femme s'avança la première, s'affolant, criant le nom du garçon :
"Momotaro !"

"Silence ! Et pas un pas de plus, sinon je le tue !", dit-il en resserrant sur sa lame.

L'homme retint sa femme. Il était visiblement perturbé lui aussi, mais voulait faire en sorte d'apaiser les choses.
"Que voulez-vous ? Pourquoi menacez-vous mon fils ?"

"Votre fils ? Non, vous êtes trop vieux pour ça. Où sont ses vrais parents ?"

Le vieil homme baissa la tête et répondit, comme s'il avait des regrets :
"Ils sont morts. Il y a des années..."

Le garçon eût un tressaillement à cette phrase. Goetius le serra plus fort pour s'assurer qu'il ne tentait pas de fuir.

"Dans quelles circonstances ?"

"La guerre contre les peaux-vertes. Les garzoks et les sektegs étaient venus raser notre village. Ils se sont mis à tuer tout le monde et à tout brûler. Lorsque l'armée arriva pour nous sauver, nous faisions parti des survivants et ce petit bout d'homme était en état de choc. Il avait tout vu. Il était dans le déni. Il voulait tellement nous prendre pour ses parents... Et comme nous n'avions jamais pu avoir d'enfants, nous l'avons pris comme s'il fut le nôtre. Et on est venu s'installer ici, loin de la frontière de l'Omyrhy, pour avoir la paix."

L'enfant semblait s'effondrer toujours plus sur lui-même, les larmes coulant à grands flots, reniflant. Il avait refoulé ce souvenir bien au loin de sa conscience et se reprenait tout ça comme un coup de poignard dans le cœur, effrayé, dans les bras d'un psychopathe.
Goetius, qui n'entendait rien à l'empathie, ne s'en préoccupa guère. Aussi il regretta vite sa question lorsqu'il vit que la réponse fut si longue. Et pendant ce temps, le chien à terre continuait ses appels à l'aide agoniques.

"Achevez-moi ce chien ! Ses bruits m'insupportent !"

L'homme, dépité par la situation, regarda le chien. Il semblait désemparé. Il aimait ce chien. Le voir dans cet état l'attristait. Avoir à le tuer était une fatalité qu'il se refusait à comprendre. Il le regarda, figé. Il ne pensait plus, il ne savait pas, il ne voulait pas savoir comment s'y prendre.
Le voyant resté statique, Goetius le relança :
"Allez ! Prenez-moi prestement cette fourche contre le mur et faites-moi taire cette bête !"

Le vieil ynorien marchait comme s'il fut un automate. Il était devenu pâle, il penchait vers l'avant, la gorge serrée, nauséeux de ce qu'il était sur le point de faire. Lorsqu'il tendit le bras vers la fourche, d'un tremblement maladroit, il la fit tomber au sol avant de la ramasser doucement. La femme, toujours au pas de la porte, le regardait faire en sanglotant. Lorsqu'il fut enfin à côté du chien, il leva mollement la fourche, ses pointes prêtes à être plantés dans le cou du canidé. Encore une fois, il resta paralysé, ne pouvant se résoudre à ainsi tuer son fidèle compagnon.
"Allez, tuez-moi ce chien !", insista Goetius, qui commençait à prendre cette lenteur pour de l'insoumission.
Et aussitôt, il ficha sa fourche dans la poitrine du chien. Le coup dût être mal placé, car l'animal se mit à couiner de plus belle.
"Vous voyez bien qu'il n'est pas mort ! Frappez encore !"
Le vieil homme, impuissant, reprit alors sa fourche en tremblant de tout son être, suppliant les dieux que cette torture s'arrête. Il la retira du chien en prenant soin de le maintenir d'un pied au sol, sommant à l'animal de le pardonner d'une petite voix. Chaque couinement de ce chien était d'une horreur lancinante. Enfin, il lui enfonça une seconde fois la fourche dans le torse et le fit taire à jamais. Il s'effondra alors, genoux à terre, gémissant, suppliciant :
"Par pitié, par pitié... Nous n'avons aucune richesse. Qu'est-ce que vous attendez de nous ?"

"J'ai besoin d'informations, et vous allez me répondre. A chaque réponse que je suspecterais être un mensonge, je lui ferais une estafilade."

"Tout ce que vous voulez ! Dites-nous ce que vous voulez savoir, nous ne mentirons pas !"

"Quelle est la frontière la plus proche ?"

"Ga... Gamerian est à une dizaine de kilomètres en prenant la route du sud-est."

"Une route ? Fréquentée ? Des gardes à la frontière ?"

"Oui, tout le temps."

"Ça ne m'intéresse pas. J'ai besoin d'un chemin peu fréquenté. Où je pourrais passer sans attirer l'attention..."

Le vieil homme reprit place près de sa femme, tendant son bras derrière elle pour lui serrer l'épaule opposée et lui prenant sa main. La vieille femme ne connaissait pas de réponse à cette question et ce fut son mari, se forçant autant que possible à rester calme, qui lui ôta le poids d'y répondre :
"A six kilomètres au nord, il y a le chemin des druides. Suivez-le jusque dans une petite forêt de conifères au milieu de laquelle il y a un vieil autel de Yuimen. Lorsque vous l'aurez trouvé, continuez vers l'est. Avant que vous ne vous en rendiez compte, vous serez arrivé en Luminion. Leur armée est occupée à repousser les garzoks au nord, il n'y a plus guère beaucoup de gardes au sud hormis quelques patrouilles exceptionnelles. Vous devriez pouvoir vous faufiler sans problèmes. Je l'ai moi-même déjà emprunté à de nombreuses reprises."

"Avez-vous déjà entendu parler de la Tour des Dieux ?"

"Oui, les luminais en parlent de temps en temps comme d'un endroit interdit aux mortels que même les peaux-vertes évitent. Elle serait à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Luminion."

"Comment sauriez-vous tout cela ? Pourquoi vous croirais-je ?"

"Je suis herboriste, je me dois de connaître les bois par cœur, beaucoup de voyageurs viennent me voir pour acheter mes décoctions et j'ai des amis parmi les druides montagnois qui disent que les plantes proches de la Tour des Dieux auraient des propriétés étonnantes. Je projetais de m'y rendre un jour. Aussi, vous détenez entre vos mains la seule raison qui me pousse à vivre. Je me fiche de qui vous êtes et de ce que vous voulez faire là-bas."

"Magnifique ! Alors vous allez m'y guider !"

"Je vous accompagnerais si vous le souhaitez, mais laissez ma famille en paix."

"En paix...", chuchota Goetius avant de laisser glisser d'un trait net la lame de son poignard contre la gorge du garçon. Une ligne écarlate se dessina sur son cou, un soupir guttural et il s'effondra aussitôt à terre.

La mère, à cette vision, se rua vers son enfant. Le balafré se relevant et commençant à marcher vers la cabane, il intercepta la vieille femme avec cinq violents coups de poignards dans le ventre et la poussa derrière lui. La laissant pour morte au sol, elle continua à ramper vers son fils. Malgré ses blessures, elle cherchait de toutes ses forces à l'atteindre, ne serait-ce que du bout des doigts. Elle n'y arriva jamais. Un fils était mort, une mère était morte. Si proches qu'ils se partageaient l'ombre d'un même pêcher, si éloignés qu'ils ne se rejoignirent jamais.

Le père n'en revenait pas. Il venait de tout perdre en un instant, à cause de ce monstre. Le vieil homme fut soudainement enragé, alla récupérer la fourche et se rua vers Goetius, qui marchait calmement vers lui. Alors qu'il se rapprochait, il l'arrêta en projetant ses fluides obscurs contre la main qui tenait la fourche. Il la fit alors tomber, sa main crépitant sous l'effet de la magie sombre. Malgré la douleur, il essaya de récupérer l'arme de son autre main. Goetius maintenant proche, il l'arrêta en le retenant au sol et lui envoya un solide coup de poing au visage qui le calma instantanément.
Aussitôt, il lui chuchota à l'oreille :
"Écoutez-moi bien. Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel. Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ? D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne. Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou. Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal. C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure. Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera : Faites silence."



La Soumission des Résineux

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Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Lun 1 Juin 2015 22:50, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Sam 22 Nov 2014 20:31 
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La Soumission des Résineux




Le discours de Goetius fit son effet sur le vieil homme, qui abdiqua en s'effondrant en larmes et en souillant son pantalon. Il était pathétique.
Pour appuyer son bluff, il n'écarta même pas la fourche de l'endeuillé. Il le laissa à son désespoir, au plus profond du gouffre, dans la poussière, en position fœtale, entouré par les cadavres de ses proches. Tout ce qui était sa vie n'existait plus. Il n'existait plus. Il n'était plus humain. Il était esclave.

Pendant que l'herboriste prenait pleine conscience de son nouveau statut, le nécromant rentra dans la cabane. C'était une habitation pauvre, constituée de seulement deux grandes pièces. La première que l'on rencontrait en ouvrant la porte était une sorte de grand fatras d'outils de jardinage, de cuisine et d'alchimie mal organisé autour d'une seule grande table et d'une petite marmite dans un foyer éteint. L'herboriste en herbe ne devait ici guère produire plus que des potions de virilité ou des onguents cicatrisants. Si ces recettes étaient si prisées, il ne vivrait pas dans un tel gourbi. Rien de bien intéressant donc. Goetius en savait quelque chose après avoir vécu dans une ferme seul pendant des années, le petit potager qu'ils entretenaient suffisait à peine à les sustenter. Ils devaient ici plus survivre qu'autre chose et le couple vieillissant n'aurait rapidement plus eu la condition pour s'en occuper convenablement. Il passa ensuite à l'autre salle, beaucoup plus petite, qui se révélait être une chambre bien piteuse. L'unique couche qui s'y trouvait n'était autre qu'une peau de bête posée à même le sol et pour toute couverture n'était que des morceaux d'étoffes cousus ensemble. Elle semblait bien légère pour les hivers qui devaient se dérouler ici. Il nota que la salle n'avait pas de fenêtre. La lumière se contentait de passer à travers les interstices des murs en bois sénescents.

Le nécromant espérait trouver un endroit où se reposer jusqu'à la tombée de la nuit, il l'avait trouvé. Son nouveau serviteur n'avait pas bougé d'un poil, resté catatonique à terre. Il alla le trouver et lui dit :
"Enterrez les morts avant qu'ils n'attirent les corbeaux. Lorsque ce sera fait, vous me préparerez un bouillon."

Voyant qu'il ne réagissait pas, il insista en haussant la voix :
"M'avez-vous entendu, ou ai-je besoin de répéter ce qui a déjà été dit tout à l'heure ?"

"Non. Non. J'obéis. J'obéis.", bafouilla l'esclave qui ne contenait pas ses pleurs. Il se leva alors mollement, le dos courbé, écrasé par le poids de son chagrin, le regard vers le sol et récupéra la pelle avec une telle faiblesse qu'on aurait pu croire qu'elle pesait l'équivalent d'un arbre.

Il le regarda se diriger lentement vers un coin de terre non loin où il commença à creuser sans conviction. L'on pouvait voir que sa main lui faisait toujours mal. Goetius n'aimait pas avoir à contrôler des mortels. Ils étaient trop imprévisibles. Il fallait toujours être derrière leurs dos. Ils mettaient de la mauvaise volonté à la tâche. Celui-ci ne dérogeait pas à la règle.

Le nécromant, peu désireux de s'attarder dessus, préféra rentrer à nouveau dans la cabane. Après le repas, il dormirait. Mais il n'était pas question de faire confiance à l'herboriste. Il l'enfermerait dans la chambre durant son sommeil et lui dormirait dans la salle principale. Il s'attela donc à disposer un espace dans l'atelier et y ramena la peau de bête et la couverture pour constituer sa couche.

Enfin, l'ynorien finit par rentrer dans la cabane. Il regarda les changements qu'avait opéré Goetius avec dépit. Son propre foyer ne lui appartenait plus. Il regarda son maître avec la mine basse. Le vieil homme avait les yeux rouges d'avoir trop pleuré et un visage blême à se demander s'il était toujours de ce monde. Ses mains étaient pleines de terre. Il transpirait. Et il puait. Il portait toujours son pantalon souillé et, tout las de la vie qu'il était, n'avait pas pris peine de l'en nettoyer.
"Si vous ne pouvez pas prendre soin de conserver les substances nauséabondes qui constituent votre corps à l'intérieur de celui-ci, tâchez au moins de ne pas me les faire sentir. Débarrassez-vous de ces défroques et enfilez des vêtements propres."

Fallait-il tout lui dire, à cet imbécile ?
Le nécromant était bien incapable de compatir. Là où l'homme désespéré perdait toute volonté, il ne voyait que d'ultimes provocations à son égard.

L'herboriste pris alors une tenue en prenant soin de ne pas trop s'approcher de Goetius. Une fois fait, il le regarda d'un air interrogateur.
"Changez-vous dehors, et mettez-moi ce linge sale loin d'ici."

Le vieil homme s’exécuta et, peu de temps après, revint.
"Assez perdu de temps, préparez-moi un bouillon maintenant."

L'ynorien ne parlait plus. Il regardait, il écoutait, il obéissait en tremblant. Il était craintif et soumis, se reprochant ses mains tremblantes et l'intelligence qu'il ne réussissait plus à atteindre.
Tout ce sur quoi il portait l'attention ne faisait que lui remémorer sa famille. Les sauts d'eau fraîche récupérés plus tôt le matin au ruisseau, les légumes récoltés par sa femme, l'amadou dont il voulait apprendre l'usage à son fils adoptif...
Malgré sa torture intérieure, il préparait ce plat avec automatisme.

Goetius, derrière lui, s'était défait de ses souliers et s’affairait à les nettoyer de la boue qui les entachaient. L'herboriste eût alors une tentation. Non loin de ses ingrédients de cuisine se trouvait une petite fiole. Il la récupéra discrètement avec sa main blessée qui arborait encore de nombreuses petites cloques noires. Il s'agissait de la commande d'un berger local, qui avait besoin d'un poison pour se débarrasser des loups qui s'en prenaient à son bétail. Une goutte de ce concentré de belladone disposée sur un morceau de viande suffisait à faire trépasser le premier loup à l'ingérer. S'il vidait la fiole entière dans le bouillon, le nécromant n'y survivrait certainement pas. Et c'est là que se joua son dilemme. Cet homme, qui avait tué sa femme et son fils, cet homme, qui se disait nécromant, cet homme, qui avait la marque d'un égorgement conte son cou, cet homme, qui se disait protégé par Phaïtos... Il devait mourir. Il devait souffrir. Mais pouvait-il le tuer, lui ? Devait-il prendre ce risque, malgré les menaces qu'il avait entendu tantôt ? Ou peut-être fallait-il qu'il le boive, qu'il mette fin à ses jours et rejoigne sa famille. Il préférait encore prendre le risque d'être esclave dans la mort que de continuer à se soumettre lâchement durant sa vie, mais qu'en aurait-il été de l'âme de son fils et de sa femme ? L'herboriste était paralysé, ses mains tremblaient encore.

Ce fut à ce moment que Goetius s'approcha doucement de lui et vit la fiole. Aucune écriture ou symbole ne figurait son contenu, mais qu'est-ce qui aurait pu mettre le vieil homme dans un tel état si ce n'était un poison ? Il aurait bien été tenté de le tuer ne serait-ce que pour avoir penser à l'éliminer, mais il avait toujours besoin de lui. Il ne la lui retira pas des mains. Il se contenta de deviner l'irrésolution du vieil homme et lui susurra à l'oreille : "Le seul être qui peut encore mourir ici, c'est vous. Mais ce serait regrettable pour votre enfant si vous mourriez avant de m'avoir conduit à la Tour des Dieux."
L'herboriste reposa aussitôt maladroitement la fiole sur l'étagère, manquant de la faire tomber.

Goetius alla alors s'assoir sur une chaise paillée qui traînait là et regarda de loin le vieil homme terminer son repas. Lorsque ce fut fait, il l'enferma dans la chambre maintenant vide et lui somma de faire silence durant son sommeil.

Lorsqu'il fût réveillé, il se chaussa et sortit de la cabane. Le soleil était encore haut dans le ciel, il devait avoir quitté son zénith depuis une paire d'heures. Il était encore trop tôt pour Goetius, qui aurait préféré faire le chemin plus discrètement de nuit. Il prépara ses affaires et alla se dégourdir les jambes dehors. Il vit alors les tombes improvisées par l'herboriste. Le vieil homme, tant concerné par le sort des siens, ne semblait pourtant pas avoir mis cœur à l'ouvrage. Les cadavres étaient recouverts de si peu de terre qu'un jour d'averse aurait été suffisant à les exposer à nouveau au grand jour.

Mais qu'importait, il fallait maintenant se mettre en marche.
Il ouvrit la porte de la chambre occupée par l'herboriste. Celui-ci était en position fœtale contre le coin intérieur de la salle. Celui-ci devait avoir cherché la meilleure façon possible de se réchauffer pour dormir mais il y avait fort à parier qu'il n'ait pas fermé l'œil durant tout ce temps. Ses yeux gonflés trahissaient de longs moment de pleurs durant lesquels il avait dû faire de son mieux pour ne pas réveiller le nécromant.

Goetius le pris par la tunique pour le forcer à se lever rapidement et lui dit :
"Il est temps de partir. Vous allez me montrez le chemin. J'espère qu'il est inutile de vous dire ce qu'il va se passer si vous prenez la fuite ou refuser d'obéir à un de mes ordres."

L'herboriste évitait de regarder le nécromancien dans les yeux et gardait la tête vers le bas. A sa question, il répondit en hochant la tête de manière affirmative. Bien. Il en était arrivé au moment où il n'avait plus à formuler de menaces, sa victime se les imaginait seule.

Il récupéra la fiole de poison incriminée le soir dernier, pris la main saine restante du vieil homme, la lui fit ouvrir, déposa le flacon contre sa paume et lui fit refermer les doigts dessus sans plus d'explication, mais il comprit qu'il lui chargeait de la garder.

Pour Goetius, c'était une sécurité. Un poison pouvait être utile en de nombreuses situations et, s'il y avait besoin d'en faire boire à quelqu'un, il écouterait sans doute avec plus de confiance l'herboriste local que l'étrange inconnu défiguré qu'il était.
"Si nous rencontrons des gens, vous parlerez. Je serais un confrère herboriste de Kendra Kâr auquel vous montrez la localisation et l'usage des plantes montagneuses. Soyez convaincant. Je n'aimerais pas avoir à éliminer tous ceux que nous croiserons jusqu'à la Tour des Dieux."

Le nécromant ne mentait pas.
S'il se révélait très habile dans la manipulation et qu'il utilisait la mort comme une composante à part entière de cet art, tuer n'était pas pour autant un particulier plaisir. C'était le plus souvent une question de stratégie.
S'il avait éliminé la femme et le fils de l'herboriste, c'était car il était toujours plus aisé de contrôler un individu que plusieurs et que pour peu qu'on sache s'y prendre, un être en état de choc, seul, était bien plus facile à réduire à la servilité.
Il s'agissait là d'une nécessité pour la suite de ses objectifs et rien de plus.

Sur le chemin de la Tour des Dieux, s'en prendre au moindre passant n'aurait par contre guère de sens et serait même dangereux. Une confrontation directe pourrait vite mal tourner et le bruit engendré pourrait toujours attirer d'autres adversaires. Il n'aurait pas non plus le temps de s'arrêter pour bien cacher les cadavres, des individus tombant dessus pourraient se mettre à ses trousses.

L'herboriste fit sagement son office. Il le guida à travers quelques chemins escarpés et rocailleux en direction du nord. Le trajet fut silencieux et lourd. Son guide était quelques fois pris d'étranges tremblements causés par son émoi toujours présent. Goetius le suivait de près, prêt à agir s'il le fallait. Il regardait aussi les lieux avec attention. Il s'agissait de pouvoir se repérer si quelque chose tournait mal. C'était un massif de landes, où les arbustes dominaient. Il n'aimait pas être ainsi à découvert. On pouvait le voir de loin. Certains passages délicats demandaient de passer aux travers de chaos granitiques ou par d'étroits chemins envahis par les orties.

Enfin, après une montée, ils arrivèrent dans la fameuse forêt de conifères dont l'herboriste avait parlé plus tôt. Le relief se fit plus doux, l'humidité plus présente et Goetius plus détendu.

Plus ils s'enfonçaient au cœur de la forêt, plus celle-ci se révélait luxuriante et pleine de vie. La faune se faisaient entendre et le nécromant commençait à redouter la présence d'animaux dangereux.

Ils continuèrent ainsi d'avancer et, au détour d'une montée, ils arrivèrent à l'autel de Yuimen. Il s'agissait d'une souche d'arbre immense, recouverte par endroit de mousse et de champignons, qui devait faire dans les six mètres de largeur et qui avait en son centre une grande statue représentant le dieu de la nature.
Celui-ci était sculptée dans un bois sombre, dans une posture sereine, avec un léger sourire sur les lèvres. Aux côtés de sa coiffure en queue-de-cheval étaient accolés ce qui devaient être de véritables bois de cerfs. De magnifiques bois qui allaient jusqu'à dépasser la cime des arbres environnants. La trace de la longue cicatrice qui courrait sur le côté de son visage fut peinte avec une teinture blanche et ses yeux, recouverts d'une teinture dorée.

Si Yuimen n'était pas le dieu qui le préoccupait le plus maintenant, il restait pour Goetius un dieu important. C'était le dieu le plus prié par ses parents et, lorsqu'il passa des années à vivre en solitaire dans sa ferme, il serait mort s'il ne l'avait pas gratifié de ses récoltes fructueuses qu'il lui avait souvent permis. Il n'était cependant pas en accord avec toutes les valeurs de la religion yuiméniste, notamment les interdits qui l'entouraient.

Soudain, il remarqua de l'autre côté de la statue un être étrange, agenouillé, avec un vieil espadon à flamberge à moitié rouillé planté sous les mains, les yeux fermés, vraisemblablement en train de prier. Ce n'était pas un homme. Il ne connaissait pas cette créature.
Elle avait une forme humanoïde, mais son corps semblait tout entier être végétal. Il devait faire plus de deux mètres, avait un menton long et pointu se terminant par une toute petite branche se relevant vers le haut ainsi qu'une simili-coiffure en aiguilles végétales qui poussaient jusqu'à l'arrière de sa tête. D'ailleurs une toute petite pomme de pin solitaire dépassait d'un brin du côté de sa tempe gauche. Sa peau ressemblait comme deux gouttes d'eau à l'écorce d'un sapin, en plus souple cependant. Il avait pour seuls habits une vieille brigandine bleue délavée et une paire de jambière omyrienne vraisemblablement beaucoup trop large pour lui. Le tout tenait par d'étranges liens végétaux. Ses habits, inhabituellement liés, étaient emprunts de marques de coups et de lames. On aurait dit qu'il les avaient volé sur deux cadavres différents.

Intrigué par cette vision et n'étant pas encore repéré, il bouscula l'herboriste derrière un arbre et chuchota :
"Vous avez voulu m'attirer dans un piège, c'est ça ? Qu'est-ce que c'est que cette créature, là-bas ?"

Le vieil homme semblait pris au dépourvu. Lui non plus ne pensait pas croiser qui que ce soit ici.
"Je... Je ne sais pas, je ne comprends pas. il n'y a jamais personne d'habitude ici ! Ça... Ça ressemble à un oudio. Un druide m'avait parlé d'eux, qu'il y en avait dans les forêts luminaises..."

"Sont-ils dangereux ?"

"Je n'en sais rien ! Pitié !"

Les deux hommes n'avaient pas remarqué que, pendant leur discussion, une petite et maigrichonne zibeline, casquée par une fourchette dépourvue de manche, s'était rapprochée. A son dos, un petit être d'une vingtaine de centimètres, torse nu, un peu bedonnant, dans un minuscule pantalon beige et sale, portant à la main une épingle à chapeau argentée ayant dû appartenir à une bourgeoise ou à une noble quelconque. En son dos, l'on pouvait apercevoir la base de petites ailes qui avaient dû être coupées depuis longtemps.
Si cette inhabituelle monture semblait plus curieuse que craintive envers Goetius et l'ynorien, son cavalier semblait plus mitigé sur la question. La grimace à son visage laissait présager qu'il ne savait pas trop comment réagir face à sa découverte.

Finalement, Goetius vit le petit espion. Surpris alors que l'herboriste le suppliait, il ne lui semblait pas avoir d'autre choix que de supprimer ce témoin gênant. Le petit être l'ayant vu venir, celui-ci s'échappa rapidement en évitant par chance un jet de fluide sombre avant de fuir en direction de l'oudio.

Celui-ci, alerté par le bruit, se leva et regarda arriver vers lui la petite cavalerie en déroute.

"Messire Chiflado, messire Chiflado !", dit-il, déjà tout essoufflé.

"Que se passe-t-il mon cher Cobardia ?", demanda-t-il d'une voix gutturale.

"Des humains se cachent là-bas, ils ont tenté de me tuer !"

"Ah ! Que ne vous avais-je donc pas dit ? Les humains hantent ces bois et ma quête est une juste mesure. Trop longtemps nous leur avons laissé s'approprier les terres d'écorce, et il est maintenant impossible de parcourir une forêt sans en retrouver leurs traces. Où est l'ennemi, que je le boute loin d'ici ?"

Goetius pesta derrière son arbre. Voilà typiquement le genre d'affrontement qu'il voulait éviter. Mais il n'avait plus le choix, maintenant. Il sortit de sa cachette et se révéla à l'oudio.

"Il est ici.", répondit-il avec un air grave.

Il le considéra un instant avec étrangeté. A croire que l'oudio n'avait encore guère vu nombre d'humains.
"Tiens donc, quelle outrecuidance ! Vous avez fait là une terrible maldonne, sombre humain. Alors ainsi vous oser vous en prendre à Zancudo Cobardia et à Mustelante, sa fidèle zibeline, tous deux de très chers et loyaux compagnons du majestueux Granabéto Chiflado ? Infamie ! En garde, vil ennemi et puisse vos dieux vous protéger, car je ne vous ferais pas de quartiers !"

"Vous êtes sûr de ce que vous faites, messire Chiflado ?"

"Il suffit, Cobardia ! Ne vous tourmentez pas, je n'escompte de vous nulle forme de hardiesse. Allez donc vous dissimulez dans quelques cachettes, comme à l'accoutumé, jusqu'à l'épilogue de cet affrontement."

"Bien, mais soyez prudent, messire. Ne laissez pas votre témérité vous a..."

L'aldron n'eût le temps de finir sa phrase qu'un jet d'obscurité jaillit contre lui et sa zibeline d'un coup sec. La belette ne semblait pas avoir eu le temps de souffrir, mais Zancudo Corbardia était encore vif, une jambe coincée sous l'animal. Et il se tordait dans l'humus comme une limace, son corps affligé par la brûlure crépitante de cette magie noire qui lui heurtait la moitié du corps.

Goetius n'avait pas de temps à perdre ici et si son adversaire à la peau de résineux s'attendait à un combat en bonne et due forme, c'était mal le connaître. Le nécromant ne connaissait en rien les capacités de cet être sylvestre alors, s'il pouvait le déconcerter ou le faire enrager, cela ne pouvait qu'être un avantage. Les autres créatures intelligentes qu'il avait pu croiser jusque là partageaient toutes la même faiblesse : Celle d'être moins intelligentes sous le coup d'une émotion vive. Et une émotion vive, c'était ce qu'elles ressentaient en voyant la mort atteindre les vivants. Si en plus, il s'agissait de personnes auxquelles elles étaient attachées, la réaction n'en était que plus forte et souvent plus inconsidérée.

Sur cette exécution brutale, l'herboriste eût un petit cri et un geste de recul.
A ce bruit, le nécromant le fixa avec insistance. Il ne devait pas fuir et ce regard était là pour lui rappeler les menaces de tantôt. Il se figea avec un air de supplication, semblant vouloir à tout prix que tout cela cesse. Mais Goetius n'en avait cure.

Il se retourna vers Chiflado, semblant toujours subjugué par la vision de son écuyer mourant.
"De la magie noire... Vous êtes donc de ceux à qui l'honneur fait tant défaut."

"L'honneur n'est qu'un mot de plus qui rompt le silence...", dit-il avant d'envoyer une nouvelle salve de fluides obscurs en direction de la poitrine de son adversaire.

A sa grande surprise, l'oudio investit sa main d'une boule gazeuse de fluides bruns et verts qui se répandit devant lui. Aussitôt, les arbres autour semblèrent se tordre et leurs branches étouffa le sort maléfique.

Goetius ne connaissait pas ce genre de magie et comprit soudainement que son adversaire serait plus coriace qu'il ne le pensait. Mais peu importait, il ne devait pas s'en laisser distraire.

"Je ne vous laisserais pas semer la mort en ces lieux !", hurla la créature en se ruant vers lui, espadon en main.

Surpris, le nécromant s'écarta, esquiva la puissance que l'oudio avait mis dans son attaque mais la pointe de l'épée percuta cependant violemment la pommette de sa joue qui le coupa jusqu'à l'oreille. Il recula encore, alors que la créature s'était laissée entraîner dans sa charge.

"La mort est déjà là, ne la sentez-vous pas ?!", hurla-t-il à son tour. En sa main gauche, comme lui avait appris la bête de Blakalang, s'était imprégné la magie verdâtre de la nécromancie. Des âmes en peine erraient dans les bois, mais elles n'étaient pas les mêmes que celles qu'il avait rencontré dans la grotte aux ossements. Ici, des âmes plus petites se faisaient voir et celles d'oudio, non pas sous forme de crâne, mais de bois mort, hurlaient leurs tourments.

Chiflado laissa tomber son arme, dévasté par la vision d'ancêtres voués à l'errance de Phaïtos. Cruelle erreur dont Goetius n'allait pas manquer de profiter. Dévoilant l'âme vivante de l'oudio d'un revers de la main, les esprits foncèrent sur lui.

L'oudio s'enfuit jusqu'à se retrouver acculé à un arbre, priant Yuimen de le débarasser de ce cauchemar et suppliant les ancêtres de le laisser tranquille. Le nécromant dégaina tranquillement le stylet de sa ceinture, s'approchant doucement. Mais l'homme-arbre l'avait vu venir, envoyant vers lui une nouvelle salve de sa magie en invoquant à nouveau le dieu de la nature. Aussitôt, les arbres semblèrent se secouer et un nuage de pollen jaune investit Goetius. D'abord moqueur face à ce sort risible, le nuage s'épaissit. Il s'étouffait, toussant d'un timbre fort, et commença à rapidement avoir des vertiges le faisant s'effondrer au sol. Lui aussi lâcha son arme.

Sous les yeux de la statue immobile, les deux adversaires souffraient de deux tortures bien différentes, aucune des deux ne semblant vouloir s'arrêter.

Mais si le nécromant ne pouvait combattre, d'autres le feraient pour lui. Il alla chercher ce qu'il lui restait d'énergie pour rappeler ses fluides des morts. Si des esprits hantaient les lieux, alors ils pouvaient s'incarner en des cadavres. Il n'y avait songé sur le moment, mais le cadavre de Cobardia ferait l'affaire. Il le visa et, une âme se détacha du groupe qui tourmentait l'oudio pour aller s'incarner dans l'aldron récemment décédé.

Le petit être reprit alors vie comme s'il eût s'agit d'une marionnette. Se débarrassant de sa monture d'un coup vif et s'armant de l'épingle à cheveux tombé à quelques dizaines de centimètres de là. Le cadavre était trop lent. Goetius continuait de s’asphyxier et se sentait peu à peu perdre pied. Chiflado lui aussi supportait de plus en plus mal les visions d'horreur qui ne cessaient pas et se retrouvait en position fœtale au sol, fermant les yeux et essayant tant bien que mal de se recouvrir les oreilles de ses longs doigts végétaux ; il ne le vit pas s'approcher. Le corps de Cobardia, jambe cassée, corps à moitié calciné, s'avançait sûrement malgré un boitillement certain. Son tibia s'était fendu en une fracture ouverte d'où quelques gouttes de sang perlaient. L'os se laissait aller à tomber vers le sol lorsqu'il levait la jambe, et à se remboîtait de justesse à chaque fois qu'il le posait à nouveau. Le cliquetis macabre s'approchait tel un mécanisme funeste, une machine organique faite pour tuer qu'il ne prit pas attention d'entendre alors que les esprits languissaient de leur attente qui n'en finissait pas. Ils fonçaient dans le corps vivant de Chiflado, le traversaient de part en part comme des affamés à qui l'on aurait voulu faire dévorer un mirage...

Enfin, le ressuscité arriva jusqu'à son ancien maître et lui enfonça la fourchette dans sa gorge. La peau de cet oudio était bien moins solide qu'on aurait pu le croire. Au contraire, elle se dévoilait aussi fragile que celle d'un humain. Un sang brun et épais s'en écoulait doucement, avec un cri de langueur.

Aussitôt, les spores qui atterraient Goetius se dispersèrent, tombant mollement contre lui en une nappe de poudre jaune vive balayée par la brise. Le nécromant eût besoin de respirer l'air un instant pour reprendre quelques forces. L'oudio n'était pas encore mort. Sans doute la gorge n'était pas pour eux un endroit si stratégique que pour les humains. Son sang ou devait-il dire, sa sève, s'écoulait bien moins vite et sa respiration n'en semblait que peu altérée. Le nécromant, bien qu'accablé par cette surcharge de pollen dans ses poumons, voulait en finir plus que tout. Il se traîna au sol, ramassant son arme d'un geste éreinté. Il arriva alors jusqu'à l'oudio, se relevant de l'humus humide par un coude. De son autre main, il poignarda la créature des bois dans son flanc. Encore, et encore, et encore alors que l'âme en Cobardia semblait plus vicieuse, lui perçant les yeux, lui arrachant la pomme de pin à sa chevelure.

Lorsque, enfin, il ne réagit plus, Goetius s'effondra dos contre l'arbre et laissa ses sortilèges s'estomper. Le corps de l'aldron, dépossédé, tomba inanimé dans le creux du cou ensanglanté de son ancien seigneur avant de se faire inonder d'une coulée de cette sève étrange. Le nécromant avait réussi, il avait vaincu.

Soulagé d'en avoir enfin fini, il s'effondra à côté de son adversaire déchu. De sa plaie coulait mollement des gouttes de sang sombre qui allèrent se mélanger à la sève de l'oudio. Une forte et prolongée quinte de toux s'enclencha pour lui faire expulser tous les spores qu'il avait inspiré et qui le distrayait d'un danger encore à venir.

Au loin, on entendait des aboiements de chiens et des cris d'humains inintelligibles qui venait en sa direction. Même s'il s'agissait de simples chasseurs, c'était un combat qu'il ne pourrait pas livrer dans cet état. Il lui fallait trouver une solution, et vite. Celle-ci lui fut offerte sur un plateau. L'herboriste s'était avancé jusqu'à la flamberge et l'avait ramassé doucement. Voyant le nécromant dans cet état, il cessa d'avoir peur et vit là la chance de venger sa famille. Il n'était cependant pas un tueur et avait toujours un doute concernant les pouvoirs du nécromant. Il était lent, il tremblait... Mais il eût enfin la force de lui faire face et commença à soulever la lame en l'air. Goetius le regardait faire avec dépit, impuissant. Il n'allait cependant pas se laisser faire, il était trop important pour se laisser mourir ainsi. Il souleva d'un geste confus son bras soudainement chargé de ce qu'il lui restait de fluides obscurs et les projeta dans la poitrine du vieil homme. Il laissa aussitôt retomber son bras alors que le vieil homme s'effondrait, mort, sur le dos, et que l'épée relâchée tomba dans l'humus non loin.

Les aboiements et les cris se rapprochaient. Ils semblaient avoir compris où il se trouvait. Cette fois-ci, il n'avait plus rien à offrir en réserve pour combattre.

Alors qu'ils n'étaient plus loin maintenant, que l'on pouvait entendre les chiens menaçant et les bruits des bottes au pas de course se faire de plus en plus présent; il devait jouer sa dernière carte.

Lorsqu'ils furent assez près, il commença, entre plusieurs toussotements, à gémir :
"Au secours, au secours..."



Le Fou Noir et la Tour Blanche

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Playlist de Goetius Gomorrheus
Méléagant, le personnage l'ayant inspiré

Écoutez-moi bien.
Je suis Goetius Gomorrheus, le nécromant, l'élu de Phaïtos et de Zewen, le prophète qui va rendre au monde son silence originel.
Croyez-vous vraiment que rien de pire que la mort ne puisse vous arriver, à vous et à votre famille ?
D'un geste, je pourrais les ramener à la vie, en faire des pantins soumis à ma volonté jusqu'à la fin des temps. Ils ne rejoindraient jamais le repos des enfers. Leurs âmes disposées à ma jouissance, dépossédées de volontés, pourriraient petit à petit jusqu'à totalement oublier qui ils furent. Ça, c'est ce qu'il arrivera si vous ne faites pas exactement tout ce que je vous ordonne.
Et, si vous avez l'audace de croire que me tuer résoudrait votre problème, regardez donc mon cou.
Vous la voyez, cette cicatrice, qui longe ma gorge ? Le vestige d'un combat qui aurait dû m'être fatal.
C'est un témoignage des dieux. Ils ne veulent pas que je meure.
Désormais, que vous le vouliez ou non, vous m'appartenez. Et mon premier ordre sera :
Faites silence.


Dernière édition par Goetius Gomorrheus le Mar 3 Nov 2015 15:32, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Dim 10 Mai 2015 17:57 
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Ainsi, laissant le danger planant derrière eux, la famille Goont et leur écuyer réussirent à passer les portes de la ville sans se faire voir. Cela dût passer le fait de laver les tâches de sang et les plaies qu'ils arboraient, mais on ne s'attarda heureusement pas sur eux. Après tout, entre son premier départ de Mertar et son retour, Hivann avait réussi à se rendre méconnaissable. Les influences ynoriennes de son style s'étaient faites bien plus rares et il ressemblait maintenant à n'importe quel mercenaire. La seule chose qui le trahissait étaient la pierre frontale qu'il cachait sous son chapeau et... son poids, auquel il ne pouvait pas vraiment faire grand chose. Rawf était un liykor, même avec son kimono, ce qui attirait l’œil autrement vers lui. Sujima s'était toujours habillée comme un garçon et Taé... Et bien seule Taé portait une robe d'un style ynorien évident. Cela dit, aucun garde ne les arrêta. Il semblait que l'influence d'Amaury s'arrêtait sans doute à son quartier et qu'en voulant faire justice lui-même, il avait dû éviter de faire arrêter Goont "légalement".

Ils arrivèrent donc aux écuries à l'extérieur de la ville bien rapidement. Et ils purent louer une calèche sans encombres. Cependant, pour être en sécurité, ils préférèrent charger Rawf de diriger les montures, sans demander les services du propriétaire. Hivann l'aurait bien fait lui-même, mais ils était encore sévèrement blessé à la hanche. Ce voyage dans la calèche lui permit alors enfin de s'assoir une fois pour toute et de traiter ses blessures. Dans le peu de place qu'il avait, donc, il se mit dans la position du lotus avant de demander à sa fille Sujima de voir si elle pouvait nettoyer et traiter sa blessure.
Retirant son manteau et le haut de son kimono, il dévoila la plaie. Une large partie de sa chair était enflée tout autour et du pus en grande quantité y avait pris place. C'était d'une saleté remarquable en sachant que seules deux heures s'étaient probablement écoulées entre le moment où il reçut ce coup de poignard et le début de ce voyage.

"C'est infecté, fit remarquer sa fille. Il faut faire demi-tour ou bien cueillir de quoi te soigner."

"Nous n'avons que quelques jours de voyage entre Oranan et Mertar. Je ne vais pas mourir de si peu."


"Cela suffirait à..."

"Laisse-moi méditer, si tu veux que je guérisse bien."


Sa fille se tut, à la manière de Taé qui ne faisait que regarder le paysage défilant devant ses yeux. Et ainsi, sans voir le temps passer, Hivann resta dans sa position et fit le vide dans son esprit.
Plusieurs heures passèrent ainsi, jusqu'au moment où il rouvrit ses yeux. La nuit était tombée et ils ne s'étaient manifestement toujours pas arrêtés. Sujima s'était endormie, mais Taé... Taé était aussi endormie, sur ses genoux. Pour lui, elle semblait avoir de nouveau dix ans, qu'elle était redevenue une enfant. Par à cause de la maturité qu'elle ne pouvait pas acquérir à cause de cette situation... Mais parce qu'elle avait était trop fragile, parce qu'elle avait besoin d'un père contre elle.
Il resta longtemps ainsi, éveillé, à regarder ses enfants, priant pour qu'elles soient toutes les deux en sécurité. Mais il ne pouvait s'empêcher de repenser à Lùthian... A la façon dont il était mort. Il regrettait de ne pas être resté pour retrouver son corps. De l'avoir laissé là, livré à son propre sort. S'il était mort, c'était sa faute, il le savait. Et maintenant qu'il se dirigeait vers Oranan pour sauver sa famille, il avait davantage le sentiment qu'il y allait pour purger sa peine.
Et puis Taé se réveilla, comme si elle avait ressenti la peine de son père. Elle eut un air paniqué, mais Hivann la réconforta immédiatement.

"Ça va aller, Taé. Ce n'était qu'un cauchemar."

Elle resta un moment ainsi, interdite, à regarder autour d'elle. Puis à travers la fenêtre de la calèche, elle vit la route qu'ils avaient parcouru. On ne voyait plus la montagne dans laquelle Mertar était creusée. Déjà, ses yeux se mouillèrent.

"Je me sens coupable..."

"Pourquoi tu te sens coupable, Taé ?"

"Je... Je l'ai traité de gamin, alors qu'il allait mal. Quand il ne sortait plus de sa chambre. Quand il était dans sa dépression."

"C'est bon, Taé... Tu ne le pensais pas."


Il la serra dans ses bras. C'était incroyable de la voir si petite et fragile après tout ce qu'elle avait fait pour lui. Après l'avoir si grande et si forte et si talentueuse et si belle. Jamais il ne s'était senti aussi misérable d'avoir rendu ses enfants si faibles en les confrontant à de tels dangers.

"Pourquoi... Pourquoi Iwa était là, papa ? Pourquoi est-ce qu'elle a fait ça à Lùthian ?"

Hivann sentit son estomac se nouer. Il avait presque envie de vomir, tant il se forçait à retenir ses larmes et sa culpabilité. Effrontément, la préservant de la vérité, il mentit.

"Je ne sais pas, Iwa. Elle était triste... Beaucoup de personnes font des choses insensées dans ces moments là. Ta soeur et moi n'échappons pas à la règle. Beaucoup de choses terribles arrivent à tout le monde et c'est difficile de rester soi-même après cela."

Il y eut encore une silence, durant lequel Rawf se mit, étonnamment, à chantonner un petit air qu'Hivann n'avait encore jamais entendu jusque là. Un air mélancolique qui lui rappela à quel point ils étaient seuls.

"Crois-tu que nous avons bien fait ? De nous venger, ainsi."

"Peut-être, je ne sais pas..."

"C'était difficile Taé. J'en avais envie et je ne regrette rien... Mais je ne sais pas si c'était la bonne chose à faire."

"Comment le savoir ?"

"Et bien... Ce n'est pas comme l'alchimie. Des fois, il n'y a simplement pas de bonnes réponses. Il y a des choses dans le fait de grandir qui font qu'on doit faire certaines actions pour protéger ceux qu'on aime. Et parfois, cela implique de faire du mal."

"Je ne veux blesser personne."


Il se figea un instant. Puis répondit en toute franchise.

"Ce n'est pas si facile, Taé."

Ils restèrent encore ainsi. Rawf continuait de chanter en tenant les rênes et Sujima dormait encore en boule, sur l'une des banquettes. A travers la vitre, on pouvait voir clairement les étoiles au dessus d'eux mais aucune lumière ne les aidait ici. Seule une lampe éclairait encore faiblement la route pour les chevaux. Dans cette obscurité qui les entourait, Taé se mit à trembler.

"J'ai peur, papa."

"Papa". Depuis si longtemps, ses enfants l'appelaient "père" ou par son prénom, mais "papa", c'était un terme qu'il n'avait pas entendu depuis longtemps. Seulement depuis ce sauvetage, elles avaient commencé à l'appeler ainsi, à nouveau.

"Qu'est-ce que je peux te dire pour que tu ailles mieux ?"

"Que tu ne m'abandonneras pas."

"Mais non, Taé. Jamais je ne le ferais. C'est une promesse. Tout ira bien."

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Dim 10 Mai 2015 20:54 
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Trois jours passèrent. Ils ne s'arrêtèrent que très rarement, seulement le temps de se restaurer et de laisser les chevaux se reposer à quelques moments. Comme ils n'avaient pas pu prendre de nourriture, ils durent compter sur Rawf qui tenait de sa race un talent indéniable pour la chasse. Aussi, ils n'eurent pas à se plaindre en ce qui concernait les repas, même s'ils avaient évidemment vu mieux. Mais déjà, ils se rapprochaient beaucoup de l'Ynorie. Bientôt, même, il allaient passer les portes de la République. Mais une chose les arrêta. Le bon vieux liykor fut arrêta pas un homme en armure, manifestement un garde qui appartenait à l'armée de la République. Il était seul et de loin, Hivann ne sut être capable de le reconnaitre. D'autant que sa blessure à la hanche, comme l'avait prédit sa fille, commençait à lui faire sérieusement mal. Même s'il ne saignait pas, elle le brûlait intensément et il ne pouvait se déplacer sans assistance. Mais enfin, quand l'homme arriva à son niveau, il se figea presque. Son cœur s'accéléra alors qu'il ouvrait la porte du véhicule, sans attendre qu'on l'autorise. Il s'agissait évidemment d'Ethian, son fils aîné.

"Alors tu as accepté." dit-il simplement.

Hivann acquiesça en hochant de la tête et tenta de descendre du véhicule. Voyant son père en difficulté, Sujima essaya de l'aider mais il lui fit comprendre de rester à sa place. Il prit le bras de son fils et l'emmena un peu plus loin. S'il tremblait au moment de la voir, c'était pour une raison bien simple : il redoutait la manière dont il devrait lui dire que son frère est mort. Qu'il avait été tué par Iwa Ishwari et que c'était de sa faute. Mais rapidement, beaucoup trop rapidement, Ethian se rendit à l'évidence.

"Pourquoi... Pourquoi Lùthian n'est pas là, père ?"

Le mage voulut continuer à marcher, mais son fils cessa. Ils étaient maintenant à une petite trentaine de mètres de la calèche où ses filles et Rawf étaient restés. Il tenta d'ouvrir la bouche, mais trop affaibli par sa blessure et assailli par les souvenirs de ce meurtre, rien n'en sortit. Il n'en fallut pas plus pour Ethian. Le jeune lieutenant de la garde républicaine d'Ynorie comprit. Il pointa son père du doigt, comme l'accusant d'une faute, mais lui-même ne fut pas capable de dire quoi que ce soit. Il voulut un instant se diriger vers la calèche, puis il revint vers son père. Il fit ainsi plusieurs aller-retours sans être capable de mener la chose jusqu'au bout, comme si cette annonce l'avait définitivement coupé de tout repère.

"Toi... Toi !"

"Je suis désolé Ethian... J'ai fait ce que j'ai pu..."

"J'ai fait ce que j'ai pu ?" C'est ce dont je dois me contenter ? Je t'ai fait confiance pour les ramener en vie ! Et tu l'as laissé mourir ? Je viens de perdre mon frère !"

"Et j'ai perdu un fils !"

"Ne me lance pas cet argument, père ! Je te connais ! Lùthian a toujours été une plaie pour toi ! Tu l'as toujours trouvé trop faible, trop idiot, trop incapable, mais il était MON FRÈRE !"


Et Hivann se rappela bien vite ce qu'il avait dit à Thôko. Il l'aimait son fils, mais il l'avait trouvé trop imbécile. Cette pensée, il le regrettait maintenant qu'il était mort.

"Je connais tes allures et surtout, je sais jusqu'où elles peuvent mener tes ennemis. Tu as poussé des personnes à haïr notre famille et c'est ainsi qu'il est mort."

"Je sais que tu as de la peine Ethian et je suis fautif... Mais tes sœurs sont là. Il faut au moins rentrer pour qu'elles soient en sécurité."


Mais Ethian n'était plus si clément. Il l'avait été le Pavillon d'Or en comptant sur son père pour sauver sa famille. Mais il semblait que sa présence à Oranan n'importait plus autant. Son frère n'était plus là, et cela, plus que cette promesse de laisser vivre sa lignée faisait tout le reste. Sa volonté de juger son père n'était plus. Ou plutôt, au contraire, il voulait appliquer ce jugement lui-même.
Son regard devint noir et il sembla oublier bien vite que ses propres sœurs étaient présentes. Il tira son sabre courbe et le pointa vers son père, encore blessé.

"Les Goont ne seront en sécurité que lorsque tu ne seras plus là."

"Reprends-toi, Ethian... Sans moi, ta promesse à la République ne tiendra plus et tes sœurs n'auront nulle part où aller !"

"Comme si tu t'en souciais... J'ai vu le Fusil dans la calèche, mais je ne vois pas le corps de mon frère."


Sans attendre, aveuglé par sa rage, il porta un coup de sabre en diagonale sur son propre père, mais le vieux mage s'y était finalement préparé. En ayant concentré ses fluides, il érigea un mur de pierre qui stoppa net la lame, la faisant ricocher et emportant le bras du jeune lieutenant en arrière. Cela dit, il mit cette surprise à son profit en utilisant ce nouvel élan et en portant un nouveau coup circulaire, sans qu'Hivann n'aie le temps de se protéger. C'est fort heureusement grâce à l'épaulière en mithril qu'il fit poser sur son manteau qu'il se garda de recevoir un coup mortel qui l'aurait sans doute égorgé. Mais pourtant, malgré tout ce danger, le mage se refusa à attaquer son fils. Ce combat, pour lui, ne consisterait qu'à se défendre.

"Je t'en prie, Ethian, il y a eu assez de morts comme cela ! Arrête !"

Mais il ne répondit pas. Encore concentré dans son combat, il tenta de l'attaquer en portant un coup cette fois-ci en estoc. C'est seulement grâce au peu d'agilité qu'il lui restait qu'Hivann réussit à esquiver l'attaque. Mais c'était une tentative bien téméraire. Car sa blessure à la hanche s'ouvrit à tel point qu'il eut l'impression que le bas de son corps ne lui répondait plus. Il sentit la chaleur du sang couler bien trop rapidement sur sa jambe et incapable de rester debout pour se protéger, il tomba en arrière.
A ce moment là, trop incapable d'invoquer ses fluides pour suffisamment se protéger, il dût se contraindre à en utiliser le moins possible et de la manière la plus efficace. Une action d'une seconde seulement, car Ethian n'attendait pas. Aussi, sans avoir eu le temps d'alimenter les fluides terrestre, dans le faire chauffer, de réellement se préparer, il le convoqua de manière à protéger essentiellement ses points vitaux. Il sentit son corps se raidir alors que sa gorge, sa blessure à la hanche, son buste, en somme tous organes fragiles devenaient durs comme de la roche. Il était incapable de bouger alors que son fils lui assénait maintenant des coups répétitifs sur tout son corps, de manière complètement hasardeuse, ne cherchant même plus à se battre ou à tuer, mais seulement à punir son père.

"Arrête ! Je t'en prie !"

Mais encore une fois, Ethian continuait. Il continua jusqu'au point où Hivann n'en put plus. Sa magie l'avait longtemps protégé, lui épargnant clairement une mort affreuse, mais quand la dureté de son corps reprit une consistance normale et que l'énième coup d'épée fit jaillir un flot de sang sur son propre fils, il lui sembla que tout s'arrêta.
Son ventre avait été entaillé profondément. Ses organes n'en avaient pas été touchés mais il souffrait atrocement et il n'avait plus même la force d'utiliser ses fluides pour se protéger.
Alors, au moment où son fils s'arrêta, lui-même surpris par son attaque, il comprit que c'était la fin.

Oui, il était coupable. Son fils était mort et il avait lui-même déshonoré toute sa famille. Les Goont n'avaient pas besoin de lui pour restaurer leur nom. Ce n'était qu'en quittant ce monde qu'il saurait les épargner. Car tous ses ennemis n'attendaient que cela. En voyant son fils mourir, il avait lui-même compris son mal être. Pourquoi il avait été ainsi, dans sa chambre, incapable de bouger, de simplement vivre. Tout était trop dur, et maintenant il le comprenait.
Il n'avait plus la force de continuer. Ni même de mentir, de dire à son fils que c'était Iwa Ishwari qui l'avait tué. Il acceptait tout. Pour la première fois, il y avait un peu plus d'une semaine, il avait accepté l'idée de se rendre pour sa famille. Mais ici, il acceptait pour la première fois qu'il avait réellement fait trop de mal. Ce n'était pas même au nom des Goont qu'il l'avait fait. S'il avait tué, s'il avait été corrompu... C'était seulement parce qu'il ne voyait plus comment vivre autrement. Et aujourd'hui, il n'avait plus rien.

La promesse qu'il s'était faite en prenant pour la première fois le Fusil de Mertar entre ses mains lui sembla lointaine. Iwa Ishwari, il n'y pensa plus. Il se contenta seulement d'une chose, alors que son fils était resté devant lui, l'arme au dessus de sa tête.

"Fais-le... Qu'on en finisse."

Ethian, pourtant si enragé, resta figé un instant. Il semblait hésiter, maintenant que son père lui disait d'en finir. Mais cela ne dura pas. Il serra un peu plus la lame et retint sa respiration. Hivann ne put que fermer les yeux quand il vit l'élan que son fils commença à prendre. Alors un grondement sourd lui vint aux oreilles. Il crut un instant qu'il était mort, mais trop rapidement, il se rappela de ce bruit. Il ouvrit à nouveau les yeux...
Devant lui, Ethian avait laissé tomber son arme et se tenait le flanc. Il tituba au-dessus de son père et finit par tomber sur le côté.
Hivann regarda en direction de la calèche. Sujima était là, descendue du véhicule, le Fusil à ses pieds et tenant douloureux son épaule. Enfin, elle se dirigea vers son frère et son père, lentement, comme redoutant ce qu'elle allait trouver, ce qu'elle venait de faire. Hivann, lui, resta figé. Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait de se passer. En trois jours, ses deux seuls fils étaient morts. La lignée des Goont était éteinte désormais.

"Est-ce que... Tu vas bien ?" demanda Sujima.

"Je vivrai."

Il n'était pas même sûr que cela lui convenait. Tant de pensées contradictoires... Tout était arrivé trop rapidement. Il ne sut pas même accorder de la reconnaissance à sa fille pour lui avoir sauvé la vie. Mais le pire ne s'arrêta pas là. Ethian était encore vivant, seulement pour quelques secondes.

"Oh, Sujima... Tu as..."

"Je suis désolé Ethy ! Pardon, je ne voulais pas !"

"Tu as fait le bon choix... Je vous ai abandonnés, toi, Taé et Lùthian... J'aurai dû vous empêcher de partir."

"Non... C'est ma faute."

"Tu as toujours fait le bon choix. Seul notre père a fait le mauvais."


Le temps sembla suspendu. Le cœur d'Hivann se serra, non seulement parce qu'il assistait à la mort d'un deuxième membre de sa famille, mais parce qu'il voyait que son fils lui en voulait jusqu'à la fin. Que même dans la mort, il préférait voir son père sombrer que d'imaginer ses sœurs rester avec lui.

"Nous y étions presque... J'allais vous faire entrer à Oranan."

"Tiens bon..."

"On y était..."


Et il ferma les yeux. Hivann sentit que les yeux commençaient à être inondés, jusqu'au point où il n'eut plus la force de retenir ses larmes. Rawf s'était approché de la scène, mais la balle avait été plus rapide. Il ne put que rester là, à distance, sans savoir quoi faire. Sujima, elle, pleurant autant que son père, aida ce dernier à se relever. Il était difficile de lire dans son regard, mais l'ynorien sentait que ce qui venait de se passer allait marquer quelque chose pour toujours. Ils n'allèrent pas même vers la calèche.

"Il a... Il a perdu la tête, Sujima. J'ai du mal à l'admettre, mais il n'était plus lui-même. Il n'y avait pas de bon moyen de régler tout cela..."

"Il a dit qu'il allait nous faire rentrer."

"Oui... Je lui ai promis de vous ramener en sécurité, après avoir eu le Fusil..."

"Le Fusil, hein ?"


Hivann ne sut quoi répondre. Il lui semblait que tout ce qu'il disait n'avait plus de sens. Il venait de perdre les personnes les plus chères à ses yeux et il ne savait même plus comment réagir. Dire que son fils perdait la tête... Non, c'était faux : Il avait lui-même perdu la tête ! Depuis le début ! Depuis la mort de sa femme, Inoka ! Il avait été dans l'erreur jusqu'au bout et maintenant il en venait à mentir à ses propres enfants. Il avait tout risqué seulement pour le pouvoir, le Fusil de Mertar. Et maintenant, il l'avait. Et sa fille qui lui avait jusqu'ici tout pardonné, qui l'avait même aidé à trouver cette relique millénaire, sa propre fille qui avait tout fait pour tout arrangé... A ce moment là, elle comprit.

"Tu es dangereux, père."

Le vieil homme sentit son cœur se briser en des morceaux tranchants, le déchirant de l'intérieur. Elle l'appelait de nouveau "père". Plus aucune affection ne semblait présente dans ses paroles.

"Je... Je sais, ma fille. Mais j'essaie de changer, il faut me croire. C'est pourquoi je emmène à Oranan. Je sais que je peux..."

"Je pars."

Elle allait le quitter. Elle n'avait aucun autre endroit où aller, et pourtant, elle préférait quitter sa famille, sa noble et riche famille plutôt que de vivre encore avec eux.

"Mais nous serons en sécurité Sujima... Je le promets, nous y serons pour de bon..."

"Je ne veux pas partir, mais je le dois."


"Je t'en prie..."

"Je ne peux plus, père. C'est fini, je ne peux plus rester là. J'ai pas ma place ici... Et je ne peux aller nulle-part avec toi."

Hivann voulut l'enlacer une dernière fois, mais elle se recula. Jusqu'ici, tout ce qu'il avait dit, elle l'avait cru, sans chercher à comprendre. Mais il lui sembla qu'elle voyait clair désormais. Et lui aussi. Il la regarda un instant, du haut de ses quinze ans. Sa jeune fille, si mature, si forte, capable de tout. Il se mit à genoux devant elle, sans pouvoir même lui prendre les mains. Mais il se confit à elle.

"Je suis fier de toi, si tu savais Sujima. Tu es si jeune et pourtant si forte... Je ne peux plus t'empêcher de partir, mais je sais que tu t'en sortiras. Tu es ma fille et tu seras une grande personne. Je te le garantis. Mais moi... Oh je ne sais pas si je m'en sortirai sans toi..."

"Tu t'en sors toujours. Mais ce ne sera plus avec moi."

Et elle s'éloigna. Elle ne prit même pas la route. Sujima avait seulement marché en direction de la plaine infinie sur laquelle la route donnait. Hivann n'était même pas capable de dire quelle ville serait la plus proche de sa direction. Dans toute sa faiblesse, il dût seulement se contraindre à la laisser partir, acceptant sa force. Mais il n'en était pas capable.

"Je suis désolé Sujima ! Reviens !"

Il cria autant qu'il le pouvait, jusqu'à saigner encore un peu plus de ses plaies.

"Je ne m'en sortirai pas sans toi ! C'est ce que tu veux entendre ?"

Elle ne s'arrêta qu'à un moment, tournant juste un peu la tête. Alors Hivann espéra juste un instant qu'elle se retourne. Qu'elle voit dans quelle misère il se trouvait, à quel point il était faible et incapable sans elle. Il avait besoin de ses enfants, ils lui étaient nécessaires, et trois d'entre eux étaient déjà partis. Il lui semblait que Zewen le maudissait pour de bon. Alors cet instant où elle s'était tournée, c'était comme une lueur d'espoir dans tout ce qui lui arrivait de plus mauvais. Et pourtant... Elle ne se retourna pas. Une seule seconde d'hésitation, contre une nouvelle marche vers l'horizon. Sa respiration se coupa en constatant cela. Ses plaies ne le déchiraient pas autant que la tristesse qui le laissait ainsi, à genoux, dans l'herbe et le sang de son propre fils. Il eut à peine la force de l'appeler une dernière fois, avant de tomber sur le flanc.

"Sujima..."


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Apprentissage de sort évolutif de combat :
Résistance du Golem :
Vous protégez vos parties vitales : durant [lvl/5] tours, vous ne pouvez pas mourir suite à une attaque physique. (si vos PV devaient passer sous les zéros, ils restent à 1)

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Mer 10 Juin 2015 11:45 
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Le début de la route se passa tranquillement, un beau soleil pas trop chaud, une route sûre et relativement simple à pratiquer. Toutes les conditions pour faire une trajet dans de bonnes dispositions. Le paysage était régulier, des plaines à pertes de vue, voir presque monotone.

Après quelques heures de marche sans encombre, ta route traversa celle d'un ruisseau. Un pont était à disposition des voyageurs qui passaient par là afin de le traverser sans problème. En t'engageant dessus, tu entends les planches craquer dangeureusement. Deux mètres plus loin, un immense trou s'était formé dans le pont qui avait été abîmé par le ruisseau qui n'en était pas vraiment un mais plutôt une vrai rivière profonde de presque deux mètres au niveau du pont.

- "AU SECOURS !!!!!"

Ce cri venait du trou devant toi, une personne, à la voix un homme, avait du tomber dans ce trou. En regardant autour de toi, tu remarques un cheval qui est à l'abandon de l'autre côté de la berge. Sa celle est à l'envers, presque détachée, il est encore humide par endroit, il devait appartenir au prauvre homme qui était tombé du pont. L'accident avait du avoir lieu peu de temps avant ton arrivée.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Dim 27 Nov 2016 16:13 
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Les jours de voyage s'étaient succédé, longs et fastidieux, mais pourtant emprunt d'une nouvelle liberté. Loin de la ville, Azra n'avait plus à supporter les regards. Il était de nouveau un humble voyageur... quand bien même l'humble voyageur était à présent assez puissant pour vaincre n'importe quel brigand. Pourtant, il manquait quelque chose... le soleil sur la peau, les cheveux ébouriffés par le vent... tout cela, il ne pouvait plus le ressentir. C'était frustrant, au point qu'il était parfois sujet à de violentes crises de colère, dont le pauvre Rendrak, son compagnon mort-vivant, faisait les frais. Azra essayait de se contrôler, mais sa condition de liche continuait à lui jouer des tours. Son humeur dérégulée avait tendance à l'envoyer aléatoirement vers des émotions qui n'étaient pas forcément appropriées au moment. Il faudrait faire avec, et continuer son chemin, comme il avait toujours fait...

Il devait retrouver l'âme réincarné de Zéphanie. Avec elle, il était sûr de pouvoir donner un nouveau souffle à cet ordre qui, selon sa faera, l'attendait. C'était la fondatrice de l'ordre des Lords, il n'imaginait pas que la renaissance de ce dernier se fasse sans elle. Restait à la trouver. Pour cela, il devrait s'en remettre à sa faera, car lui-même n'en savait rien.

La route qu'il suivait était relativement fréquentée, mais pas trop, de sorte qu'il n'avait que rarement à se cacher des groupes armés, tel que des marchands escortés. Pour les simples voyageurs, il n'avait rien à craindre. Au pire, ils s'écartaient de son chemin, mais, le déguisement aidant, ils l'ignoraient le plus souvent. Pour ce qui était de dormir, il n'en avait plus besoin, alors il s'installait au pied d'un arbre, sombre et silencieux, sous la garde de Rendrak pour éviter qu'un loup ne vienne lui mâchonner les os pendant sa méditation.

Une nuit, il fut tout de même troublé par l'illumination du ciel. Des feux étranges, vert et oranges, illuminaient le ciel d'un spectacle aussi étrange que féerique. Il ignorait la cause de cela et Arek resta évasive, affirmant que c'était une autre histoire qui ne le concernait pas.

Sinon, au sujet de la région, et de ce qu'il avait compris, bien que la guerre soit plus ou moins finie depuis un an, la route n'était toujours pas très sûr. C'était là une motivation supplémentaire pour éviter les bandes armées. Car lorsqu'il s’agissait d'une patrouille d'ynoriens chassant les omyriens, il valait mieux ne pas se faire trop remarquer. Ici, il n'y aurait pas de soldat pour réussir à l'identifier, et son compagnon serait... disons légèrement suspect.

Puis, un jour, Arek se mit à le presser :

(Zéphanie n'est plus très loin, mais tu dois te hâter...)

(Pourquoi ?)

(Une ombre pèse sur elle...)

Inutile d'espérer en apprendre plus. La liche hâta le pas, malgré ses os un peu trop fragiles pour ça. Cette nuit-là, il ne dormit pas. Il continua d'avancer, et c'est ce qui lui permit de voir la terre s'enflammer comme le ciel le faisait depuis plusieurs nuits. Un incendie !

Il se précipita et atteignit les lieux en quelques minutes, assez pour voir les bâtiments en proie aux flammes, les cadavres étalés à terre, et les grandes formes bestiales qui s'agitaient devant. Il marqua un temps d'arrêt en reconnaissant la silhouette. Rendrak s'empressa de confirmer avec une exclamation de dégoût :

« Des liykors noirs... Il y en a dans les montagnes. »

Azra chargea aussitôt en direction des monstres qui massacraient tout sur leur passage. Un doute horrible l'habitait. Si Zéphanie était ici...

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Dim 27 Nov 2016 18:31 
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Localisation: Le monde d'Aliaénon
Il n'attendit pas une seconde de plus, sa dague bondit dans sa main et il chargea les bêtes. Ses pouvoirs, développés sur Aliaénon, montrèrent toute leur étendue. Les énormes bêtes, nullement préparées à faire face à plus que des paysans avec des fourches, se trouvèrent brutalement assaillies. Le crochet de Rendrak volait de-ci de-là, peinant à toucher une cible mais faisant reculer par le seul effroi que suscitait sa terrible puissance. Grâce aux efforts du liykor mort-vivant, Azra pouvait être sûr de ne pas être submergé. À la lumière des flammes, il bondissait, sa lame virevoltant dans un éclat bleuté et fauchant vie après vie. Il remarqua bien vite les étranges fumerolles qui montaient des cadavres pour s'enrouler autour de la lame... voilà donc pourquoi elle lui avait semblé faite de spectres, dans la lande noire... les âmes que prenait cette lame s'agglutinaient autour d'elle... Il le sentait... elles étaient liées à sa volonté, leur destin était désormais celui qu'il leur accorderait.

Azra éclata d'un rire dément. Un tel pouvoir ! Il était presque un dieu ! L'époque où le monde lui dictait ses règles arrivait à son terme. Maintenant, ce serait lui qui donnerait les ordres...

Finalement, au détour d'une grange en feu, se taillant un chemin de mort, il arriva devant une scène insolite. Du moins elle aurait semblé insolite si l'alliance de son intuition et de la raison de sa venue n'éclaircissait pas l'ensemble : une jeune fille tenait à distance la meute, ses mains animées d’étincelantes ténèbres. Les liykors avaient l'air désemparés, regardant alternativement la fille visiblement terrorisée et les corps de deux des leurs qui gisaient à terre, sans marque de blessures, mais pourtant manifestement morts. Symptôme sans appel d'un Souffle de Thimoros.

La voix d'Azra s'éleva bien haut :

« Assez ! Venez ici, liykor noirs, mes amis... »

Un mâle imposant, au dos argenté, se tourna vers lui en grognant :

« Je sais pas qui tu es. Pas un ami. Aucun deux-pattes n'est un ami ! »

Azra ricana :

« Oh, mais tout le monde est mon ami... la seule distinction est entre ceux qui le sont dans la vie et ceux qui le sont dans la mort... »


La chef gronda et s'avança avec deux de ses acolytes. La dague d'Azra dessina une petite arabesque. Les âmes enroulées autour suivirent. Concentration. Il ne doutait pas d'être capable de vaincre ces deux brutes, mais la prudence était de mise. La moindre erreur suffirait à le réduire en morceaux !

Avec un parfait esprit de meute, les deux attaquèrent ensemble. Le nécromancien fit un bond de côté et porta un coup. Esquivé ! Sans importance, il porta un coup de pied qui déséquilibra un adversaire et le fit bousculer l'autre. Il espérait avoir assez de champ pour user de sa magie, mais ils étaient trop lourds pour être véritablement déséquilibrés. Ils revinrent aussitôt à la charge, leur chef se joignant à eux. Les choses auraient pu mal tourner si Rendrak n'en avait pas bousculé un, donnant un peu de marge de manœuvre à Azra pour s'écarter. Sa dague vola et blessa l'un des liykor. En retour, un coup dans le torse le fit reculer avec un craquement.

Le monstre marqua un temps d'arrêt, stupéfait de ce qu'il avait senti sous la robe de cuir. C'était l'occasion. Azra plongea et enfonça la lame dans la poitrine. Puis, il la retira et l'éleva en un mouvement vertical qui transperça la mâchoire. Aussitôt, l'âme vint rejoindre les autres. Il avait enfin son ouverture ! Il saisit son bâton, dans son dos, et invoqua la magie. Un souffle de Thimoros balaya la créature. Elle tenta de se relever, mais Rendrak l'acheva d'un coup de crochet.

Azra n'eut pas le temps de se congratuler que le chef au dos argenté lui sautait dessus. Il parvint à éviter l'essentiel du choc mais fut tout de même jeté à terre. Deux rangés de crocs se présentèrent devant son masque. Cela allait mal tourner...

… mais finalement, le monstre fut perturbé par une ombre qui l'enveloppa et sembla drainer ses forces. Un peu faiblard, mais bonne réussite ! Cela donna le temps de le rejeter d'un coup de pied.

L'instant d'après, le liykor était cerné par Azra, Rendrak et Zéphanie, car il ne faisait aucun doute pour le mort-vivant qu'il avait bien face à lui celle qu'il cherchait. Il reconnaissait ce visage, vu en rêve... c'était presque impensable mais elle avait bien la même figure que la Zéphanie des temps passés...

Les autres liykor s'étaient immobilisés, se demandant ce qu'allait faire leur chef. Rendrak ricana :

« Ainsi sont les sauvages. Si le chef est menacé, il faut qu'il s'en sorte seul. Sinon, il sera remplacé. »

La fille tremblait comme une feuille, et Azra hésitait. Il la regarda, elle leva une main hésitante...

« Non. Si on le tue, ils n'auront plus de chef vivant pour les retenir. »

Il se tourna vers le liykor :

« Alors, acceptes-tu de renoncer et de partir ? »

La créature hésitait, grognait...

« Impossible... impossible... impossible ! »

Il tenta de bondir... mais Azra invoqua une vague de désespoir qui le cloua sur place, gémissant.

« Non... les ancêtres... »

« Pourquoi ne peux-tu pas renoncer ? » demanda Azra.

« Ce sont des bêtes ! » gémit Zéphanie, partagée entre la colère et la peur.

Mais le liykor gémissait :

« Les deux-pattes verts ! Ils ont pris les ancêtres en otage ! »

« Les ancêtres ? »

« Les ossements de leurs ancêtres, en fait... j'imagine que les omyriens doivent menacer de les détruire. »
grogna Rendrak.

« Mais pourquoi ne pas chasser ces garzoks ? » demanda le nécromancien.

« Aucun liykor ne peut se battre chez les ancêtres, c'est la règle ! » protesta le chef.

« Mais moi, je peux... répondit Azra. Si je les chasse, vous n'attaquerez plus les villages ? »

Le grand liykor secoua la tête et la liche tourna son visage masqué vers la fille :

« Vous voyez ? Il y a toujours une autre solution... »

Elle souffla :

« Vous êtes un aventurier ? »

« En un sens... »

Et il lui fit signe de le suivre dans les ténèbres de la nuit. Au loin, des formes furtives témoignaient de la présence des liykors qui les surveillaient...

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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David le nerd


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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Mar 6 Déc 2016 01:17 
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Avant


Nous restâmes encore un moment dans la forêt avant de partir. Il nous fallait reprendre des forces. Je m’habituai pendant ce laps de temps à mon absence de langue. Je devais manger en mâchant d'avantage et j'avais perdu la quasi totalité de mon sens du goût. Si je me fis assez vite à ne plus pouvoir parler je regrettais amèrement les saveurs de la viande rouge. Je n’avais jamais été très volubile. Même à l’époque où j’étais encore un blakalang je communiquais surtout grâce au langage des signes.

Tora mit plus de temps que moi à s’en remettre. Même si il tentait de le cacher il avait subit des blessures assez importantes en défendant la porte. C’est surtout pour lui au final que nous restâmes aussi longtemps. Ca ne me dérangeait pas plus que ça, je pus en profiter pour assimiler tranquillement la grande quantité de fluide que j’avais absorbée. De plus, ce que j’étais parvenu à faire devant le repère des brigands m’intriguait. Dans le feu de l'action j'étais parvenu à créer un tout nouveau sort. Il était né du désespoir que j’avais ressenti au milieu de l’illusion du sauveur et de la puissance brut des fluides obscurs. Si je parvenais à recréer ses conditions l’un se mêlerait à l’autre et je pourrais alors projeter une ombre porteuse d’affliction.

C’était du moins la théorie que j’avais élaborée. En pratique je sentais la magie bouillonner en moi mais je ne parvenais pas à la chargée de l’angoisse qui faisait toute la force de ce sort. Je savais que j’en étais capable car je l’avais déjà fais et pourtant je n’arrivais juste pas à le recréer. Lorsque je l'avais réussi je venais tout juste de frôler la mort et les fluides encore à l’état brut se déchainaient en moi. C’est ce qui avait rendu l’exploit si facile. Maintenant malgré mes efforts je n’étais même pas proche de mon objectif. C’était terriblement frustrant.

Au bout d’un peu plus d’une semaine, Tora me fit comprendre tacitement que cette fois il était réellement prêt pour affronter la route. Durant la convalescence nous avions progressivement déplacé nos campements vers l’orée de la forêt si bien que le moment venu nous rejoignîmes la route en quelques heures tout au plus. Tora avait choisi de prendre le chemin le plus court en passant par le nord du lac de Nostyla.

C’est alors que la solution me vint d'elle même. La route passait tout près de la grande étendue aqueuse. Voir une telle masse d’eau si proche me renvoya aussitôt à mon traumatisme. Plutôt que de tenter de m’en cacher comme je l’aurais fais en temps normal, je laissai le sentiment me pénétrer au plus profond de mes cellules. Mon souffle se coupa et mes muscles se tendirent alors que mon impuissance me revenait à l’esprit. Alors seulement la magie opéra en moi. D’un coup je libérai ma respiration dans une grande exhalation. Au même moment une ombre émana de tout mon corps. Tora, qui s’était arrêté à mes côtés en voyant que je n’avançais plus, fut traversé par mon sort. Alors que je rouvrais les yeux je vis les siens s’emplir de terreur alors qu’il me regardait.

L’effet ne dura cependant que quelques secondes et bientôt un air furieux prit place dans son regard. Il me demanda de ne plus pratiquer mes sorts à proximité de lui. Il avait tenté de contrôler son ton mais je sentis la colère sourdre derrière ses propos. Je le comprenais. C’était une expérience terriblement déroutante de sentir ses propres émotions être manipulées. En un sens on se rendait compte qu’on pouvait perdre le contrôle de son propre esprit.

Tora retrouva vite son calme cependant. Il loua mes efforts pour m’améliorer mais insista sur le fait que je ne devais plus recommencer sans le prévenir. Au final il me pria de limiter l’usage de ma magie aux soirées. Cet arrangement ne me plaisait pas mais j’acquiesçais malgré tout. Il dut le lire dans mes yeux car sur un ton enjoué il me proposa une sorte de dédommagement que j’acceptai avec plaisir. Si il m'empêchait de pratiquer la magie à loisir, il m'enseignerait une technique de combat particulière à mains nues.

Notre premier entraînement eut lieu avant la pause du midi. J'avais insisté pour qu'il m'explique d'abord la théorie mais il avait refusé. Selon lui mon corps était loin d'être près et il allait falloir que je travaille avant tout mon physique. Cette remarque me sembla déplacé venant d'un être aussi frêle mais je me gardais bien de le lui faire remarquer. J'avais espoir de vite lui faire comprendre à quel point il se trompait sur mes capacités. Je me trompais lourdement.

Il se mit torse nu pour être à l’aise et je vis de nombreuses marques sur son corps. Certaines dataient juste de notre aventure dans la forêt mais elles étaient bien peu nombreuses parmi toutes les zébrure qui le parcouraient. Il avait l'air si fragile en face de moi avec son corps mille fois marqué. De mon côté pour me préparer j'ôtai ma cape et me redressai de toute ma hauteur. L’écart entre nos deux corpulences apparu alors pleinement. Face à moi, malgré son corps athlétique et pleinement développé pour un humain, il ressemblait à un enfant.

D'un signe je lui demandai si il était sûr de lui. Il se contenta d’un sourire comme réponse et se mis en garde. Je n’avais jamais appris à retenir mes coups et le dernier adversaire contre qui j’avais eu un challenge physique digne de ce nom était mon frère. Tora était sûr de lui mais je savais que si une de mes griffes touchait son corps nu il avait peu de chance d’y survivre. Je m'approchai donc lentement et portai un coup de poing sans grande conviction.

Tout alla très vite. Il anticipa mon action et se glissa sous mon bras. De là il plaça un uppercut fulgurant en dessous de mes côtes. Je tressaillis sous le choc. Qu’un aussi petit poing puisse me faire autant de dégâts était incompréhensible. Alors que je reculai il avança sur moi sans me laisser le temps de reprendre ma garde. D’un réflex je balayai d’un coup de griffe la diagonale devant moi. L'idée que le moindre de mes coups pourrait lui être fatale était totalement sortie de mon esprit. De toute façon ma patte ne rencontra que le vide. Tora avait disparu. C'est seulement lorsque je sentis sa main se poser doucement sur mon dos que je compris ce qui venait de se passer. Il avait profité de l’angle mort provoqué par mon coup pour se glisser derrière moi. C’était stupéfiant. S’il s’était agis d’un vrai combat je serai mort. Il aurait eu tout loisir d’enfoncer se dague dans mon dos avant même que je ne comprenne où il était. J’étais sûr maintenant qu’il aurait eu la force et la précision nécessaire pour sectionner ma colonne entre deux de mes vertèbres. Il était terrifiant.

D’un bond je me mis hors de porté et me retournai pour lui faire face. Il me regarda d’un air tranquille, la paume de la main toujours en avant à l’emplacement où il l’avait posé sur mon dos. Je compris qu'en face de moi se trouvait un adversaire extrêmement puissant et que je devais le considérer comme tel. Lors de mon second assaut j'ignorai son aspect fragile. Je chargeai vers lui avec toutes mes forces. Le résultat fut exactement le même. Nous recommençâmes une dizaine de fois mais je ne parvins même pas à le toucher. Je finis la séance haletant sur le dos avec Tora penché au dessus de moi qui me regardait avec un air amusé.

Ce fut la fin de notre premier entraînement. Après il m’expliqua mes erreurs pendant que nous mangions. Au final elle résultait toutes de la même chose. Je me reposais trop sur ma force brute et je n’avais aucune précision dans mes attaques. De plus me redresser était une erreur, ça augmentait la surface où l’ennemi pouvait me frapper. Je devais m’habituer au fait que je me battrais quasiment tout le temps contre des adversaires plus petits que moi et que j’adapte ma posture en conséquence. En somme il fallait que j’arrête de me comporter comme si mon adversaire était également un liykor. Ce ne serait sans doute plus le cas avant un moment.

Cette leçon terminée Tora reprit la marche tranquillement, frais comme si il revenait d’une promenade de santé. Pour ma part tout mon corps me faisait mal et juste garder le rythme était douloureux. Je savais déjà avant le combat qu’il était meilleur que moi mais je n'aurais jamais pensé qu’il y avait un tel écart entre nous deux. Nous nous entrainâmes encore dans l’après midi et ma performance fut encore pire si c’était possible. Je pus quand même avoir ma revanche au campement.

J’étais trop épuisé physiquement pour chasser ce soir et je m’étais donc juste éloigné un peu pour pratiquer mon nouveau sort. Je me mis en tailleur et calmai ma respiration. Alors que je me concentrais pour faire monter la source de la terreur en moi, j’entendis Tora s’approcher. Surpris j’ouvris un œil pour voir ce qu’il faisait. Sans un mot il s’assit à deux mètres en face de moi tel un miroir. Il avait la mine grave mais l’air déterminé. Dans un rictus je lui montrai mes crocs. Il voulait visiblement se confronter à ma magie. Il ne serait pas déçu. Avec la motivation de ma venger de l’humiliation qu’il m’avait infligé aujourd’hui je conjurais une épaisse ombre noire qui se répandit tout autour de moi. A ma plus grande satisfaction je vis Tora blêmir et retenir son souffle. Tout son visage se crispa, alors qu’il fermait les yeux. Je tentai de maintenir mon ombre par pur esprit revanchard mais malgré moi elle disparut en quelques secondes. Tora se retrouva haletant au sol. Je ne pus m’empêcher de me lever pour me poser au dessus de lui avec un air narquois. Il finit par se redresser et me regarda encore haletant avec un air de défi. Je repris ma place et recommençai l'opération jusqu'à avoir épuisé la moindre once de fluide obscur en moi. Tora resta à la même position malgré la violence manifeste qu'avait ma magie sur son esprit.

A partir de ce moment là une belle compétition naquit entre nous. De jour il me laminait au corps à corps et la nuit j’avais ma revanche sur son esprit. Nous étions tous les deux sans pitiés avec l’autre mais je dus reconnaître que c’était un excellent professeur. Il trouvait toujours les mots justes pour me faire comprendre une erreur, le bon exemple pour une attaque ou la faille dans mes enchaînements. Si il ne m'avait toujours pas dit un mot sur son mystérieux enchaînement je me sentais plus agile de jour en jour. J’aurais aimé pouvoir en dire autant de moi mais ça aurait été mentir. Je n’avais absolument aucun conseil à lui donner pour fortifier son esprit face aux assauts de la magie, moi même n’avais survécu à l’attaque d’un expert dans le domaine qu’au sacrifice de ma langue. Il progressait cependant à une vitesse fulgurante et je devais lutter pour parvenir à maintenir mon sort au niveau de sa puissance mentale. Il était vraiment impressionnant.

Avoir un tel partenaire d’entraînement me permis d’énormément progresser. Au niveau magique je finis par totalement maitriser le sort. J’arrivais maintenant à l’invoquer en une fraction de seconde sans plus avoir à éveiller la peur en moi. Si je n’arrivais toujours pas à la maintenir plus de quelques secondes, la portée de mon ombre chargée d’affliction ne semblait être limitée que par sa vitesse de propagation. J’avais également énormément progresser à ce niveau la. L’exploit que j’avais accompli devant le repère des brigands était devenu une routine, mieux encore lorsque je créais une ombre semblable que lors de cet événement j’en étais déçu. Autre effet positif, j'eus l'impression que me confronter si régulièrement à mon angoisse de l'eau m'avait permis de la diminuer un peu. Enfin je pouvais maintenant regarder le lac pendant un court instant sans sentir une peur irrationnelle m'envahir, juste un court instant ceci dit.

Sur le plan physique j’avais également fait des progrès mais malgré nos deux leçons quotidiennes je ne parvins jamais à ne serait ce qu’effleurer Tora. Vers la fin du voyage je cru pourtant le tenir. Après une feinte en utilisant mes crocs je m’apprêtais à le saisir lorsqu’il accéléra soudainement pour atteindre une vitesse que je ne lui avais jamais vu dans nos leçons. L’instant d’après j’étais une fois de plus au sol avec une forte douleur à la tempe. Je compris alors que jusque là il avait retenu sa vitesse afin que je puisse le suivre. J’avais en réalité à peine effleuré la surface l’abîme de sa puissance. Penser qu’il existait des personnes encore plus puissantes que lui me donna des frissons.

Il me récompensa tout de même de ce pseudo exploit en m'enseignant en me parlant finalement de ce qu’il appelait le « kata du tigre ». Il m’avait déjà appris tous les mouvements qui le composaient et leur assemblement me sembla au final comme une suite logique. Je compris qu’une grande partie de nos entraînements des derniers jours avait pour but de m’amener à ce point là. Il me confia que cette combinaison de coups avait pour objectif de cibler les organes vitaux de la cible et pouvait causer de grands dommages. Il ajouta en rigolant que cela nécessitait toutefois de toucher son adversaire. Cédant à la provocation, plus par défi que colère, je tentai aussitôt de mettre en pratique ce qu’il venait de m’enseigner. Sans grande surprise je mordais de nouveau la poussière dans les secondes qui suivirent.

Nous mîmes plus longtemps que prévu pour achever notre voyage. Cela s’expliquait par nos séances d’entraînements et surtout par mes difficultés à maintenir le rythme après chacune d’entre elle. Au final nous arrivâmes à Oranan dans la matinée du seizième jour après avoir quitté la forêt.

Mais quelques jours avant notre arrivée je fis une étrange rencontre.

Après

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Dernière édition par Algaries le Mar 3 Jan 2017 13:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Oranan et les Duchés des Montagnes
MessagePosté: Mar 6 Déc 2016 21:54 
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Ce soir j'étais en forme. J'avais décidé de me lancer dans une chasse nocturne comme je n'en avais pas eu l'occasion depuis un moment. Je m'éloignai considérablement du campement courant à quatre pattes en sentant avec délice les vents frais contre ma fourrure. J'étais totalement dans mon élément et ça me faisait un bien fou. Je flairai rapidement la piste d'un lièvre. La traque pouvait commencer. Je m'élançais aussitôt dans la direction de ce que j'avais senti.

C'est presque que malgré moi que j'aperçu ce qui avait poussé ma proie a quitté son repère nocturne. Voyant comme en plein jour dans l'obscurité ambiante j'aperçu deux silhouettes dont émanait une senteur particulière. Un mélange de magie et de mort. C'était cette odeur avait fait fuir le lièvre. Je portais mon attention sur les deux individus. Pour le moment ils me tournaient le dos et ne semblaient pas avoir remarqué ma présence. C'était difficile à dire mais l'un ressemblait à un humain et j'eus un moment d'incertitude sur l'autre mais finalement je finis par me persuader de ce que je voyais. Il s'agissait bien d'un liykor!

Oubliant toute mesure de précaution je mis à courir vers le duo. Qu'un autre liykor accompagné d'un humain se retrouve sur cette route au même moment c'était un coup de chance inespérée. Alors que j'étais à la moitié de ma course je sentis que quelque chose n'allait pas. Et ce n'est que lorsque, entendant mes pas, les deux individus se retournèrent que je compris ce qui m'avait perturbé.

Le liykor n'en était pas vraiment un. Enfin si, il ne faisait aucun doute que la créature de deux mètres vingt qui se tenait devant moi eut été un liykor à une époque mais maintenant tous ce qu'il en restait était un squelette qui tenait debout par je ne sais quel magie. Je ne m'en étais aperçu qu'au dernier moment car le corps du mort vivant était entièrement recouvert de lourdes pièces d'armures en acier et d'une cotte de maille. Il portait dans ses mains squelettiques un fléau à l'aspect menaçant et un bouclier cabossé. Pour autant que je puisse en juger ses orbites me fixaient avec un air interrogatif.

Son compagnon aussi avait un aspect effrayant. Il portait une cape couverte de crânes, un bâton orné de la même façon et une grande cape noire. Il m'était totalement impossible de savoir la façon dont il me regardait ni même si il le faisait. Son visage était couvert par un masque à l'aspect effrayant. Je voyais juste deux lumières bleues scintiller à l'endroit où devait se trouver ses yeux. En un sens il me faisait légèrement penser au sauveur sauf que de lui émanait une vraie pression. Tous mes muscles se tendirent face à cette apparition. Je me tenais prêt à fuir face au moindre signe de menace. J'ignorais ce qu'étaient ces choses mais j'avais l'intime conviction que, comme Tora, elles étaient dans une toute autre catégorie que la mienne.

Soudain le grand squelette s'anima et se mis à parler. Je n'écoutai pas ce qu'il dit tant la chose me perturba. Mon attention avait été complément happée par ce qui, vu la situation, n'était qu'un détail. La créature avait une voix parfaitement normale. Tandis que moi privé de ma langue je n'arrivais pas à articuler le moindre son, cette chose qui n'avait ni lèvres, ni cordes vocales, ni poumons, ni quoique ce soit d'organique parvenait à s'exprimer parfaitement. Je serais probablement resté totalement immobile à contempler la créature si l'autre n'avait pas pris la parole à son tour. Sa voix sonnait étrangement déformée derrière son masque.

« Qui es-tu, pour suivre ainsi la mort ? Ce sont des pas qu'il est dangereux d’emboîter... »

La mort? Je ne pus m'empêcher de tiquer face à cette déclaration. Aussi impressionnant soit il, j'étais persuadé qu'il n'en restait pas moins un mage. Sans doute un humain ou un elfe vu sa carrure. L'ignorant je me tournais de nouveau vers le squelette qui était de loin le plus impressionnant des deux. Peut être avait il été un blakalang dans sa vie aussi tentais je de communiquer dans le langage des signes du clan.

"Je me nomme Algaries des blakalangs. Comment est il possible que tu sois encore en vie malgré ton état?"

« Oulà, langage des signes ? Je n'y connais pas grand chose. Je ne suis pas un noir, moi ! Je suis Rendrak, ranimé de la mort par Azra, ici présent, si c'est bien ta question... Il y en a beaucoup, des comme toi, par ici ? »

Par réflexe je secouai la tête pour apporter une réponse négative à la question qu'il venait de me poser. Puis soudain je captais l'étendu de ses propos. L'être à côté de lui avait eu le pouvoir de ramener les morts la vie? Me tournant vers le dénommé Azra je le regardai d'un oeil nouveau. Soudain l'image d'Aldor, mon défunt frère, apparut à mon esprit. Je devais absolument en savoir plus. Précipitamment je sortis de ma sacoche le livre de cuisine et à l'aide de mon bout de charbon y griffonnait quelques mots à la hâte. J'arrachai la page ainsi marquée et la tendait avec la plus grande des prudences au mage devant moi. Sur la feuille on pouvait lire ces quelques mots.

"Comment ranimer morts?
Ressuscités sont libres?"


L'être au masque se pencha sur la feuille et sans la toucher il lut ce que j'y avais écrit. Lorsqu'il eut finit il se redressa vers moi et reprit la parole. Sa voix toujours déformée avait cependant une teinte plus douce.

« Pour ranimer les morts, il faut être né avec le don de Phaïtos, gardien des enfers. La nécromancie nous est accordée pour apaiser les âmes en leur donnant une nouvelle vie, un nouveau but... mais le don à ses limites : un seul mort peut réellement retrouver sa conscience, dans mon cas, c'est Rendrak. Les autres sont des pantins inconscients qui, une fois ranimés, auront au moins le bénéfice de ne plus gêner le travail de Phaïtos. »

Je buvais ses paroles. J'avais déjà entendu parler de ce Phaïtos, c'était une figure crainte dans la mythologie des autres créatures pensantes de yuimen. Je savais que par le don il entendait la capacité de manipuler les fluides obscurs. J'avais ce don. Un mort pouvait donc retrouver sa conscience. Une lueur d'espoir s'alluma en moi. Il n'y avait qu'une seule personne que je voulais ressusciter de toute façon. Avant de continuer il fit un grand geste théâtrale du bras comme pour désigner toute l'obscurité qui nous entourait.

« Le pouvoir est là, tout autour de nous, dans les ténèbres... si tu sais le maîtriser, tu pourras apprendre la voie, comme moi. »

Ces révélations éveillaient un grand besoin d'en savoir plus en moi. Cependant un détail me gênait, volontairement ou pas, il n'avait pas répondu à ma seconde question. Sans perdre de temps à effacer ce qui avait sur la première page je la laissé tomber par terre et me mis à écrire à toute vitesse sur deux autres feuilles. La première était adressée au mage.

"J'ai le don. Comment suivre la voie?"

La seconde pour le liykor portait seulement trois mots:

Es tu heureux?

En guise de réponse le mage se mit à m'expliquer sa magie. Il me fit comprendre comment les âmes répondaient à l'appel des fluides obscure et qu'il était possible de les lier à des corps faits de terre. Cette réponse, bien que m'ouvrant des voies, me déplu. La terre, tout comme l'eau, était le domaine du roi du marais et je voulais absolument éviter de me mêler à ces magies. Ayant conscience que les connaissances qui m'étaient livrées étaient uniques j'écoutais la suite attentivement reportant ce problème à plus tard.

« Mais souviens-toi, le vrai pouvoir d'un nécromancien, c'est la peur. L'obscurité, la mort... ce ne sont rien, que des absences de vie et de lumière... notre vrai pouvoir est lié au fait que les gens ont peur de choses dont ils n'ont pas de raisons d'avoir peur. Il faut savoir jouer de ça, sans cela, nous n'avons aucune chance de vaincre. »

Le terme était donc celui de nécromancien. Cependant si j'étais d'accord avec lui sur sa vision de l'importance du secret sa perception de l'obscurité et de la mort me semblait plus correspondre à un avis personnel qu'à une vérité générale. C'est alors que l'imposant squelette prit de nouveau la parole pour répondre à ma question.

« Si je suis heureux... sache... Algaries, c'est ça ? Sache que je ne suis pas libre, et que c'est forcément une ombre sur mon âme. Mais au moins, je continue à vivre, et je traverse bien des aventures ! Au côté d'un maître plutôt tolérant... »

Ses propos finirent de poser une ombre sur la flamme que la possible résurrection de mon frère avait allumée. J'étais sûr que mon défunt jumeau préférait le repos éternel à la soumission, même si je devais être son bourreau. Ainsi donc s'effaçait mon rêve de le faire revenir par la nécromancie. Le mage ne me laissa pas le temps de ruminer cette pensée car aussitôt il enchaîna ignorant les paroles de son compagnon.

« Écoute, Algaries. Je viens d'Oranan, et plus particulièrement d'Aliaénon. Il s'agit d'un autre monde comme... un autre continent mais qui serait au-delà des étoiles et non au-delà de la mer. La milice de la ville en détient les clés. J'ai dû le quitter et laisser un travail inachevé, car un ordre voué à Phaïtos, les Messagers du Corbeaux, m'attend. Si tu le souhaites, tu peux intégrer mon ordre et partir terminer ce que j'ai commencé sur Aliaénon. Là-bas, tu pourras trouver des gens pour t'aider à développer ta compréhension des âmes... Ce sera difficile, et risqué, mais ce que tu pourras en retiré pourrait être inestimable... »

Aliaénon, c'était précisément le monde que m'avait promis Tora. Lorsqu'il me parla de son ordre je sentis au fond de moi que je me devais de le rejoindre. Certes ce groupuscule semblait dédié à une divinité que je ne reconnaissais pas mais la promesse de puissance qu'il me faisait valait que je joue le jeu. Comme pour confirmer mes pensées il continua tout en enlevant lentement son masque.

« Moi, j'en ai retiré la vie éternelle, pour servir au mieux Phaïtos et l'équilibre entre la vie et la mort. »

Sa face fut totalement dévoilée au moment où il finit sa phrase. Lorsque je vis finalement son faciès mis à nu je ne pus empêcher la stupeur de se dessiner sur mon visage. Le sien était par sa nature semblable à celui de son confrère. Il n'était qu'un crâne dépourvu de chair. A cette apparition je me penchais en avant pour saluer le mage qui avait visiblement réussi à tromper la mort. Cet individu était indéniablement extrêmement puissant. Laissant tomber de nouveau mes feuilles je me remis à écrire. J'ignorais le grand squelette cette fois, j'avais compris qu'il n'était que le servant du nécromant à ses côtés. Ma quête de puissance pour vaincre le roi des marais me poussa à écrire ces mots que je tendis au dénommé Azra.

"J'accepte de rejoindre votre ordre. Très honoré. Qui dois-je trouver? Où? Et que dois je faire dans l'autre monde?"

Il m'était compliqué d'affirmer les émotions qui se cachaient derrière ses orbites brillantes mais ma volonté de faire partie son groupe sembla le satisfaire. Il se mit alors à me parler de cet autre monde et de ce qui il y avait fait. Je sentis que ces informations me seraient très utiles dans un futur proche et pour être sûr de ne rien oublier j'en notais le maximum. Après qu'il ai fini de parler je relu à la hâte tout ce que j'avais noté.

((Trouver les Ol'Toga dans la ville de Jesuir. Les prévenir du danger des titans? et les aider. Azra champion de la bataille d'Esseroth. Trouver archisorcier? Thensoor Val'Crooh déposé d'Eldcar'Oth. L'aider à combattre les Oaxacas. Méfiance sans visage et Naral Shaam dragon!!! mauve.))

Il y avait beaucoup de noms et de point d'interrogations sur mes notes. J'avais l'impression d'en savoir plus et en même temps je venais juste de réaliser la grandeur de l'inconnu vers le quel je me dirigeai. Le nécromant écarta alors les bras comme pour signifier qu'il en avait fini. Il conclu cérémonieusement.

« Va, maintenant, Messager du Corbeau, porte ma volonté, apprend et élève toi ! Respecte la vie et la mort, ne cause pas de souffrance inutile et soit l'ombre qui rappelle au monde que la mort est l'ultime justice qui met les forts comme les faibles à égalité. »

Je ne pus que me courber de nouveau et partir avec une multitude de questions en tête. Tora ne remarqua rien d'anormal à mon retour et se moqua juste que je fus bredouille. Je décidai de garder cette rencontre secrète. Le voyage reprit comme si rien de particulier ne c'était produit cette nuit la.


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