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La Maison des GargouillesJe fis une moue déçue lorsque l'une des deux gargouilles déclina ma proposition. Facile de dire qu'on peut le faire si on ne le fait pas ! Ces deux bestioles n'étaient que des menteuses, moi je vous le dis ! Mais ma grimace laissa bien vite la place à un sourire heureux lorsque les portes de la maisonnette s'ouvrirent enfin. Cette nuit n'allait pas être de tout repos, c'était certain, mais mon excitation et ma curiosité étaient à leur comble. Et puis il avait l'air rigolo ce jeu, quoi de mieux pour occuper une si belle nuit ?
Les portes ouvertes, une corneille s'envola de nulle part et pénétra dans la maison, nous priant de la suivre dans un croassement. Décidément, une grenouille, des gargouilles, une corneille, c'était la journée des créatures parlantes ! Comble de la surprise, les gargouilles se défirent de leur déguisement de pierre pour nous prouver qu'elles étaient en réalité faites de chair et d'os. Quelques soupirs d'étonnement s'élevèrent parmi le petit groupe. Quant à moi, je fus pris d'un léger rire de moquerie, oubliant au passage que j'avais également été victime de la supercherie.
Tous ceux présents ici avaient décidé de tenter leur chance et c'est donc d'un même mouvement de foule que nous pénétrâmes dans la maison qui allait nous accueillir pour la nuit. D'ailleurs, l'accueil ne fut pas de la meilleure qualité qui soit. Plusieurs voix s'élevaient dans la maison dans une sorte de dispute qui éclatait entre ce qui semblait être trois de nos hôtes. La femme, sûrement la maitresse de la maison, ne semblait que peu enchantée à l'idée d'accueillir une "bavarde" en ces lieux. Elle devait parler de l'étrange corneille car j'avais entendu Sia (ou peut-être était-ce Mois ?) baptiser l'oiseau du même nom ... d'oiseau.
(Tu parles d'un accueil ! Ils se prennent pour qui ? Tu vas voir, je vais leur apprendre la politesse moi !) (C'est pas une bonne i...) tenta de me prévenir Toal, mais trop tard.
"Hé ! Bande de mous du bulbe ! Quand on a des invités, la moindre des choses c'est de venir les accueillir convenablement !" criai-je.
(Fais attention à ce que tu dis ! Tu crois que c'est poli aussi ? On ne parle pas comme ça à ses hôtes, même si dans ce cas c'est un peu spécial ...)Je soupirai en haussant les épaules. Après tout, ça leur aurait au moins remis les idées en place. Je dois avouer que cette attitude me servait également à contrer le sentiment de crainte que m'inspirait la situation actuelle. Car, finalement, nous étions tous entrés inconsciemment dans une maison, poussés par notre curiosité ou notre orgueil, mais aucun de nous ne savait ce qu'il s'y cachait et si cela était dangereux ou non.
(Bah ouais, mais là y'a vraiment personne quoi ! Pas même quelqu'un pour venir nous expliquer les règles du jeu ... T'as déjà joué à un jeu sans règle toi ? Moi oui, et bien c'est un beau bazar, ça je peux te le dire !)
(Ce n'est peut-être pas ce que tu penses et puis on t'a déjà donné une règle ... Si tu étais plus attentif aussi ! Vous devez vous répartir dans les trois pièces là, tu vois y'a une porte à droite, une à gauche et une en face. Par contre, les pièces ne peuvent contenir plus de quatre personnes à la fois.)
(Comment ça "pas plus de quatre personnes à la fois" ? Moi je ne suis pas aussi énorme que tous les autres, je peux me glisser partout si je veux ! Même si la pièce ne fait qu'un pied de long en large ! Na !)Mais ma faera avait raison, déjà, les membres du petit groupe se dispersaient dans les trois pièces. L'encapuchonné, la belle blonde, le mystérieux et ténébreux humain ainsi que le shaakt au regard dur se dirigèrent vers la droite. La grande humaine à la peau laiteuse accompagnée de son loup aux couleurs flamboyantes furent suivis à travers la double porte qui menait à la pièce en face par la mageresse de feu, l'elfe noir suréquipé et son compagnon à l'improbable chevelure. Le troisième et dernier shaakt, aux airs bien plus avenants que les deux autres s'était engouffré dans la porte de gauche. D'après les règles, il ne nous restait plus qu'à nous diriger vers cette dernière, les autres salles ayant atteint leur quota.
"Hé bien, ma pauvre Milyah, je crois que nous n'avons plus vraiment le choix. Si on veux jouer le jeu, il nous falloir se coltiner ces deux là et tenter notre chance à gauche. Ne t'inquiète pas, si jamais il se passe quelque chose de dangereux, je m'occupe de leurs oreilles." dis-je en lançant un clin d'oeil rieur à l'Ynorienne.
Alors que nous nous dirigions vers ce qui était désormais notre pièce attitrée, je pus percevoir les discussions du shaakt en armure et du petit baratineur qui l'accompagnait. Ces derniers voulaient, dans le but d'éviter d'hypothétiques pièges, utiliser des meubles pour l'un, l'une des invités pour l'autre, en guise d’appât.
(Mais où est-ce qu'ils se croient ces deux là ? On est pas dans une tour gardée par une méchante liche ! Ils ont trop lu d'histoires à faire peur aux lutillons eux !)
(C'est peut-être un peu exagéré, mais tu ferais bien d'être sur tes gardes aussi. Cette maison n'a rien de banal, tu as déjà dû le remarquer. C'est chargé en magie ...)Cette dernière remarque me laissa pantois. Je me concentrai d'autant plus, prêt à agir au cas où alors que nous pénétrions dans la pièce.
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