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 Sujet du message: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 13:09 
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Voyages en Aliaénon.

Afin de ne pas encombrer les sujets géographiques « locaux » avec les voyages, longs et nombreux, que vous pourrez faire pendant cette quête, ceux-ci se dérouleront tous dans le présent sujet, où je décrirai petit à petit leur avancée et les diverses péripéties que vous y rencontrerez.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 14:04 
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Voyage vers l’Ouest - Tour d’Or > Treeof/Arothiir/Methbe-El. (14h – 22h)
(Kiyoheïki, Yurlungur, Dorika, Algaries, Charis, Karz, Xël, Thrag Varag, Galelia, Krayne, Thersien)

    La grande chevauchée partit donc en début d’après-midi du bourg de la Tour d’Or, en direction de l’Ouest d’Aliaénon. Ser Thersien d’Esseroth, Chevalier d’Or et seul résident d’Aliaénon, avait pris la tête de l’expédition et avait brièvement décrit les temps de voyage de chacun avant de chevaucher.

    « Ceux qui se rendent à Treeof en auront pour quatre journées de trajet à cheval. Semblablement pour ceux qui iront jusqu’à Arothiir. Nous séparerons ces deux groupes demain dans la journée, à l’orée de la Forêt d’Emeraude. Ceux qui rejoignent Methbe-El par la suite, en ma compagnie, devront rajouter à cela trois jours de chevauchée. Libre à eux de choisir de s’arrêter à Arothiir pour une étape, ou non. »

    Le voyage pouvait donc commencer, sous les meilleures auspices : le soleil rayonnait sur la plaine d’or, couverte de cultures de blé et de prés aux herbes aussi dorées que l’or lui-même. Ils chevauchaient sur une route pavée de blocs de roche dorée, écrasés sous le ciel bleu où ne perçaient que de rares cumulonimbus blancs et lointains. Une après-midi de voyage plutôt paisible, en l’occurrence, sans rencontre inopportune ni péripétie particulière. Un bon moment pour apprendre à faire brièvement connaissance avec les autres mercenaires engagés pour l’occasion.

    Thersien resta toujours en tête de file. Krayne Vassiliev, fort de sa promesse, ne quitta pas la route de Galélia, la suivant de sa monture puissante sans la quitter du regard, mais sans lui adresser spécifiquement la parole non plus. Thrag Varag, depuis qu’on lui avait annoncé qu’ils feraient route commune avec les aventuriers se rendant dans le Royaume Pâle, s’était muré dans un mutisme reclus et bougon. Si l’on ne connaissait guère les nains pour leurs aptitudes à l’équitation, celui-ci ne semblait guère avoir de problème à monter le puissant frison qu’il avait choisi dans le cheptel équestre des Chevaliers d’Or. Charis, Xël et Karz avaient pu en entendre la raison, dans le bourg de départ. Les autres pouvaient la deviner, s’ils l’avaient écouté préalablement, au rez-de-chaussée de la Tour d’Or. Fidèles à leur image, les frères Dhongo ne dérogeaient pas à leur image. Là où Edmar restait silencieux, dans l’ombre de son frangin volubile, Celemar n’hésita pas à se mêler aux autres aventuriers, s’aventurant au début du trajet aux côtés de Charis Kel Asheara pour lui faire la conversation.

    « Alors comme ça vous vous rendez dans le Désert de Feu ! Vous allez visiter la cité donc vous m’aviez parlé, j’imagine ? Mon frère et moi avons choisi de nous joindre à cette troupe se rendant au Royaume Pâle. Je gage que les aventures nous seront gratifiantes, là-bas. Ce jeune demi-elfe, Kiyoheïki, semble savoir ce qu’il veut. »

    Plus tard, alors que le soleil disparaissait derrière la silhouette lointaine d’une forêt gigantesque qui barrait tout l’horizon, ils quittèrent la Plaine d’Or pour se retrouver dans des valons plus communs, aux quelques bosquets isolés parmi des herbes hautes et sauvages. Alors que l’obscurité devenait gênante pour la progression, lorsque les derniers nuages colorés par le crépuscule disparurent pour laisser place aux étoiles et à la lune, Thersien ralentit l’allure jusqu’à s’arrêter, à l’affut. De fait, les plus attentifs l’avaient entendu aussi : des bruits de ronflements puissants, de pas lourds sur le sol, les cernaient dans l’obscurité. Thersien rassura la troupe :

    « Nous allons dormir ici cette nuit. Nous sommes au milieu d’un troupeau de Buffapas. Il n’y a pas animal plus placide et amical en ce monde. Installons le camp. »

    Et chacun mit du sien pour monter sa tente et y installer des couvertures. Pendant qu’Edmar montait la tente fraternelle, Celemar se paya la corvée de bois pour allumer le feu, avec les autres volontaires qui voudraient s’y mêler. Une corvée de peu d’effort, car un bosquet voisin était fort fourni en bois sec.

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    Un buffapa


    Alors qu’ils se rassemblaient pour partager un repas, Thersien lança, perplexe :

    « Il est curieux que ces animaux soient là. Ils ne se rendent pas tant au Sud, d’habitude, préférant les abords des Monts du Raa’Saaksha pour paître. Il a dû se passer quelque chose, là-bas, pour que tout le troupeau soit ici. »

    Après le repas, il ne leur resta plus qu’à s’organiser pour passer la nuit sur place. Et attendre l’aube du lendemain.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 14:30 
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Voyage vers le Nord – Tour d’Or > Fan-Ming. (14h-22h)
(Ernold Thessier, Hisaya)

    Ernold Thessier et Hisaya s’étaient donc joints l’un à l’autre pour rejoindre la nordique cité de Fan-Ming, patrie des Ynoriens en ce monde. Ils chevauchèrent à bride abattue sur la Plaine d’Or pendant tout l’après-midi, cernés de champs de blé et de plaines à l’herbe dorée, sur une route entretenue de pavés dorés, eux aussi. Vers la fin de l’après-midi, ils quittèrent enfin la Plaine d’Or pour se retrouver dans un environnement moins artificiel : des plaines sèches d’herbe et de rocs. Des steppes s’étendant à perte de vue jusqu’à l’horizon embrumé.

    Vers la tombée de la nuit, alors qu’ils commençaient à devoir ménager leurs montures, ils croisèrent par chance la route d’une auberge de voyage, dans laquelle le rouquin décida de s’arrêter pour la nuit. Ils confièrent leurs montures à un garçon d’écurie humain, à la peau pâlotte et aux cheveux de jais, pour ensuite entrer dans l’établissement, humble, où ne trônaient que quelques êtres : un aubergiste se présenta à eux, cheveux gris en bataille et barbe drue, masquant difficilement une balafre lui barrant la bouche, et faisant peiner sa diction.

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    « Bienvenue, voyazeurs, à l’Auberze du Poney Ecarleté. Inftallez-vous, je m’en vais vous porter la pitanfe. »

    Il revint quelques minutes plus tard avec un bouillon de volaille et une miche de pain, ainsi qu’une carafe d’un vin sans doute coupé à l’eau. Le garçon d’écurie devait être son fils, et son épouse devait se trouver en cuisine. A part eux, l’auberge ne contenait que deux clients : un vieux hère qui sirotait une chopine de bière dans un coin de la salle, appuyé sur un bâton de marche, et un Chevalier en livrée matelassée bleu et noir au col d’hermine, la tête enfermée dans un casque de chevalier, armé de deux lames à la ceinture, qui contrairement au premier vint se mêler aux arrivants, posant les mains sur la table pour les apostropher sans détour.

    « Vous n’avez pas l’air du coin, vous deux. Je peux savoir ce qui vous amène si proche de la Plaine d’Or ? »

    Ernold, dînant, ne crut pas bon de lui répondre, et nia tout bonnement la tronche du chevalier, qui sembla s’en offusquer, se tournant vers Hisaya dans l’attente d’une réponse.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 14:50 
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Voyage vers l’Est – Tour d’Or > Nagorin. (14h – 22h)
(Sirat, Sibelle, Endar, Gasaru, Dragon d’Or, Nastya.)

    Sitôt décollés du Bourg de la Tour d’Or, le Dragon doré s’éleva haut dans les cieux, comme s’il filait droit vers le soleil. Jusqu’à une altitude où, finalement, il faisait plutôt frais. De quoi donner des frissons aux plus frileux, ou à ceux qui ne s’étaient pas prémunis du froid pendant leur voyage. Durant cette première après-midi de vol, paisible, ils purent faire brièvement connaissance entre eux. Alors que le soir tombait, le Chevalier dans son armure Noire et or s’adressa à ses pairs aventuriers :

    « Nous survolons les Landes Arcaniques, domaine des Titans. Le Dragon d’Or ne pourra pas se poser pour le nuit, il nous faudra tenir éveillés jusqu’à notre arrivée dans le Royaume d’Ouessie. Si l’un d’entre vous ne tient plus, qu’il se fasse surveiller par un autre pendant qu’il se repose. »

    Et sans en dire davantage, il sortit de quoi se sustenter, pain et viande séchée, dans le confort spartiate d’une monte de dragon. Pendant son repas, entre deux bouchées, il s’exprima :

    « Pour que vous ayez plus simple : appelez-moi Ser Gasaru. Ce n’est guère mon nom, sachez-le. »[/b]

    Il faisait trop sombre pour que la petite assemblée puisse vraiment voir ce qui se tramait en bas, loin au sol. Sauf pour Endar, qui put discerner, dans l’obscurité nocturne, d’immenses formes floues se mouvoir sur un paysage varié, aux plaines changées par une magie intense.

    Alors que la nuit s’avançait, Nastya se tourna vers Sirat pour lui faire une demande :

    « Ser, vous semblez fort, et robuste. Pourriez-vous veiller sur mon sommeil ? Je tombe de fatigue, et préfère rester en forme pour notre aventure prochaine. »

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 15:17 
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Voyage vers le Sud. Tour d’Or – Savanne Tanathéenne. (14h-22h)
(Elysea, Anastasie, Ezak, Naral Shaam, Ser Frinaldi)

    Naral Shaam, sous sa forme draconique, déploya ses larges ailes violettes pour prendre son envol au-dessus de la Plaine d’Or, direction plein sud. Après quelques heures de vol, ils survolèrent une cité fortifiée aux larges et hauts murs de pierres, bordant un lac immense recouvert de brume. Naral Shaam, comme s’il jouait le guide touristique, commenta en plein vol :

    « De nombreux troubles ont secoué cette cité, ces dernières années. Mais se tient désormais à sa tête un impétueux jeune guerrier, dont la soif de combat sert notre objectif. Hihihi. »

    Le reste de la journée passa alors qu’ils survolaient le lac Andel, dans cette région toujours un peu nuageuse et grise. Le soir tomba, et puis la nuit. Et ce ne fut que lorsque la nuit fut noire que Naral descendit en piqué vers les plaines : ils venaient d’atteindre une rive du lac, qui s’étendait encore plus loin au Sud, immense étendue d’eau douce. Naral Shaam, sitôt au sol, reprit sa forme elfique, et s’adressa au groupe.

    « Dormons ici. Nous reprendrons la route à l’aube. »

    S’il ne se sustenta pas, ce ne fut pas le cas du Chevalier d’Or, ni d’Elysea, qui prirent la peine de ronger l’une de leurs rations de voyage dans un silence total. Chacun avait pourtant été disponible, en vol, pour parler. Fille de ville, Elysea semblait embarrassée dans le montage de sa tente, et pestait entre ses dents, enveloppée dans une couverture, contre le froid de la nuit. Le chevalier s’était occupé d’allumer un feu, et l’observait à travers son casque hermétique à toute parcelle de sa peau.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 21 Jan 2017 16:19 
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...

Une fois que Kiyo lui eut répondu, Yurlungur hocha la tête et repartit en arrière, vers les étals, pour récupérer le matériel de cuisine - avant de songer que Kiyo n'avait pas donné de compagnons de nuitée précis. Il s'agissait d'aventuriers, sans doute assez au fait de l'organisation de voyages comme cela, contrairement à elle, mais en cet instant, il lui sembla qu'elle était l'une des plus consciencieuse. (Quelle drôle de sensation.)

Alors qu'elle réfléchissait à qui devrait aller avec qui, elle fourrait dans son sac un pull en laine, comme l'avait conseillé Kiyo, une casserole, des couverts, divers ustensiles de cuisine : bref, tout ce qui pourrait s'avérer utile. Remarquant d'un coin de l'œil un savon et une petite serviette, elle les embarqua de même. Ce n'est pas des voyages comme celui-ci qui allait l'empêcher de garder un minimum de propreté. Comment ferait-elle si ses cheveux se teintaient d'un pourpre sanguin à nouveau ?

Finalement, elle s'éclipsa dans les champs de blé doré alentours pour se changer en vitesse. L'ensemble n'était pas très lourd, certes, mais cela faisait un changement. Elle avait enfilé sa chemise avant sa pièce de cuir, mais le corset - à la mode de Dahràm et non de Kendra Kâr, c'est-à-dire très usé et avec seulement de vagues similitudes - par-dessus. Quant à ses jambières, c'était au-dessus des collants qu'elle les avait enfilées et avait troqué ses chaussures “de ville”, qui était surtout un peu trop usées, pour des bottes plus pratiques pour la marche.

Revenant vers les chevaux, elle vit Kiyo se choisir un cheval non loin et le groupe entier s'assembler. S'approchant de Dorika, elle lui adressa un sourire avant de lui demander :

« Excusez-moi ? Serait-ce possible de partager votre tente, puisque nous nous rendons toutes deux à Arothiir ? »

Sa réponse fut aussi abrupte que méprisante, rappelant presque Naral Shaam. La gamine haussa les épaules et se retourna vers les équidés, cherchant des yeux ce qui s'apparenterait à un poney. Ce serait tout de même bien plus pratique pour elle...

Mais il n'y en avait pas. Partout, de fiers et grands chevaux se dressaient, hennissaient, et elle se retrouva bien vite la seule encore à terre alors que les autres étaient montés. Si bien qu'ils se mirent tous à la regarder, comme attendant qu'elle se décide à en choisir un : mais elle devait sembler si embêtée (ou si rouge tomate) que Dorika, dans un élan de bonté odieuse, s'approcha et l'aida à monter en croupe. À peine eut-elle le temps de balbutier un timide : « merci » qu'ils étaient déjà en route, partis pour un voyage de quelques jours vers le Royaume Pâle.


***


Le route avait été prise avec Charis et son groupe, ce qui ne pouvait qu'enchanter la petite fille. Même si Dorika, dans sa morosité qui semblait presque habituelle, ne s'approchait pas beaucoup des autres, Yurlungur observait la jeune femme de loin avec attention. Celle-ci racontait bien les histoires, pour sûr, et rien que cela était déjà une excuse suffisante pour aller l'embêter le soir même. Mais il y avait aussi cet homme bizarroïde qui portait un corps à moitié métallique, alors qu'il allait dans le désert - démence ! Il ne semblait pas perdu le moins du monde, de surcroît, ce qui faisait penser à la gamine qu'il était peut-être suicidaire, menteur, ou les deux à la fois. Il faudrait se renseigner sur lui.

C'était un de ces chevaliers d'or (quoique lui semblait moins doré que les autres) qui avait pris la tête de leur vaillante expédition. Elle-même préférait, pour l'occasion, écouter en silence ce qui se dirait peut-être à portée plutôt que d'entamer quoi que ce soit. C'était peut-être l'influence de Dorika qui la tenait entre ses bras, le mal aux fesses qui se développait lentement (et qui lui faisait craindre de devenir un peu trop odieuse), ou tout simplement la volonté de se montrer discrète. Le matin, tout le monde l'avait remarquée, elle, sans forcément lui prêter grande attention, mais c'était déjà un peu trop. Elle avait toujours profité du fait qu'on la sous-estimait et il ne fallait pas que cela change.

Enfin, ils finirent par s'arrêter, la nuit tombant et envahissant l'azur d'une sombre coloration. Alors que tous commençaient à s'organiser, Yurlungur vint suivre Celemar pour chercher du bois, laissant à Dorika le soin de monter leur tente - elle était sans doute bien plus habile pour cela que la petite fille. Se tournant vers Celemar, elle lui demanda à brûle-pourpoint :

« C'est drôle, vous et votre frère vous êtes très différents, n'est-ce pas ? Est-ce que vous connaissez des histoires, comme la dame du désert, Charis ? »

Elle semblait drôlement excitée par cela. Il ne manquerait plus, tiens, qu'elle n'ait que des compagnons de route aussi mornes que Dorika pour que ce voyage se change en torture. Elle savait dormir sans histoires - là n'était pas le problème - mais cela faisait une éternité qu'elle n'en avait pas entendues, et, sans vouloir l'admettre consciemment, elle souffrait de ne pas en avoir entendu une dernière de sa propre mère.

Il lui sourit en voyant qu'elle venait l'aider, apparemment content de ne pas être seul à faire tout le boulot. Sans se défier de la gamine, peut-être même flatté qu'on s'intéresse à lui - la discussion avec Charis, pendant la journée, n'avait-elle pas été légèrement distante ? - il répondit qu'au contraire, lui et son frère partageaient de nombreuses choses, dont notamment leur éducation. Sans grande surprise, il ajouta savoir plus aisément prendre contact avec les gens, et Yuyu y comprit qu'il était simplement bavard. Quelle chance. Au vu des dernières personnes avec qui il avait “pris contact”, il semblait même être dans le genre séducteur, quoi que ses précédents choix fussent plutôt étranges. Pourquoi ne pas avoir tenté la belle blonde Kendrâne ou la plantureuse Elfe qui accompagnait le nounours ?

Il revint alors à ce qu'elle avait demandé sur les histoires. Une étincelle d'excitation se mit à briller dans les yeux de l'enfant, oubliant tout ce qu'elle avait pu penser de mal sur lui - le temps qu'il partage avec elle son butin. Il demandait toutefois à ce qu'elle précise ce qu'elle entendait par histoire. Quel “type” ?

« Eh bien, vous avez sans doute vu des tas de trucs au cours de votre vie, non ? Je ne sais pas, des histoires de vos aventures, comment vous en êtes arrivés là, quelque chose de trépidant... ou quelque chose qui ferait peur. »

Un sourire était apparu sur son visage alors qu'elle disait cette dernière phrase et elle y ajouta un clin d'œil, comme pour détendre l'atmosphère. Peur, elle avait eu très peur il y a tout juste une semaine. Ou était-ce déjà deux ? Elle avait vécu dans le danger et l'affront en compagnie d'une entité qui voulait la détruire : si cet homme était suffisamment orgueilleux pour croire qu'il la traumatiserait d'une simple histoire, il se fourrait le doigt au plus profond de sa petite cervelle. Et puis, si elle était là, il pouvait quand même comprendre qu'elle n'était pas si banale, n'est-ce pas ?

Se baissant à ses ordres pour ramasser les bûches et les lui placer entre les bras, elle y ajoutait quelques bouts de bois sec qui se trouvaient en abondance au sol. Il suffisait heureusement de tâtonner pour en trouver, dans la semi-obscurité, à la simple lumière des étoiles... Cette pensée étreint légèrement son cœur et assombrit son visage. La dernière fois qu'elle s'était trouvée dans une pareille situation, elle était seule, ou presque. Il y avait eu une fois le récit de Liniel, qu'elle avait odieusement laissée en arrière à Dahràm sans la moindre explication - quoique, quand elle verrait les corps, elle comprendrait sûrement en partie... - puis celui de Papillon. Et dire qu'à l'époque, elle se croyait heureuse...

Chassant ces pensées désagréables, elle finit par se concentrer sur sa tâche et, lorsque Celemar se trouva chargé comme un mulet, elle se releva et affirma, comme s'il ne s'était pas passé tant de temps que ça :

« Mais je dois vous prévenir que je suis très exigeante en ce qui concerne les histoires qui font peur. Je ne suis pas sûre que vous y arriverez facilement... »

Son expression semblait malicieuse, ou du moins aussi malicieuse qu'elle arrivait à la rendre artificiellement. Mais dans les ténèbres de la nuit, de tels artifices étaient bien méconnaissables et Celemar ne devait rien avoir remarqué aux états d'âme de Yurlungur. Celle-ci désigna le tas de bois et indiqua :

« Je pense que ça devrait suffire. »

Ça tombait bien, elle même n'avait rien à porter. Le gaillard, quant à lui, devait avoir vu son orgueil piqué par le défi lancé par une simple gamine, aussi offrait-il un sourire mystérieux, avant de rétorquer qu'il avait effectivement des histoires intéressantes, semblant préférer la quantité à la qualité. C'était tout ce qu'elle pouvait espérer, puisqu'ils n'allaient sans doute pas rester ensemble toute leur vie, d'autant que d'autres aventuriers que lui avaient certainement des tas d'histoires à raconter eux aussi. Il n'y avait peut-être qu'elle qui ne souhaitait pas divulguer ses propres secrets, d'ailleurs.

Mais il ne s'arrêta pas là. Il osa affirmer que ses histoires la tiendrait en haleine, qu'elle lui feraient peur... Allons, qu'il ajoutât seulement qu'elles étaient affreuses, horribles, terrifiantes, insoutenables ! Cela semblait comique. Comme pour appuyer d'un geste ses paroles dérisoires, il se pencha vers elle, un regard intense dans sa direction. Elle pouvait alors clairement distinguer la balafre sur son visage, qui lui donnait un certain air, presque méchant. Mais elle avait déjà connu pire que lui - ne serait-ce qu'un énorme tas de chair, d'os et de muscles qui faisait trois fois sa taille, armé d'une hache toute aussi imposante et qui l'avait poursuivie dans un manoir abandonné pour la découper en morceaux. Et elle était toujours là.

Prise par le souvenir qui la faisait plus frémir que lui, bien que ce soit d'excitation, elle revint au présent au moment où il se redressa, déclamant qu'il lui manquait une ambiance correcte (mon œil...) et qu'il se ferait un plaisir de tout raconter au coin du feu à tout un auditoire. Elle ne s'était pas trompée. Il aimait parler. D'accord avec Yurlungur, ils prirent le chemin du retour mais elle ne put s'empêcher de lancer une dernière pique, enrobée d'un sourire gentil et d'un petit rire d'enfant :

« En effet, vous semblez peu à l'aise pour faire naître ce genre d'ambiance. Haha ! »

Et, apparemment aussi insouciante que possible, comme pour montrer que ce n'étaient pas de simples menaces qui allaient la faire flancher, elle revint vers le camp à ses côtés. Avec un peu de chance, il serait suffisamment offusqué pour essayer dès ce soir d'impressionner toute la galerie. Cela serait parfait : elle aurait alors tout le loisir de voir lesquels ici étaient plutôt trouillards - elle pariait déjà sur Xël et peut-être cette Elfe Hinïonne complètement perdue - et lesquels avaient réellement des tripes. Pour son propre cas, cela ne faisait évidemment aucun doute.

Ensemble, ils allumèrent le feu en quelques minutes avant de se séparer, Celemar ayant à vaquer à d'autres occupations. Les tentes se dressaient entre les imposants herbivores et la petite fille, n'ayant pas grand-chose à faire, aurait aimé venir en titiller un si cette fatigue étrange n'était pas arrivée. Elle ne voulait pas dormir, au contraire - la perspective d'histoires au coin du feu, de révéler secrets et machinations, cela la gorgeait d'adrénaline - mais ses muscles (et surtout ses fesses) étaient éprouvés après cette journée à cheval.

C'est alors qu'elle aperçut, rôdant non loin à proximité d'une des tentes, celui qui s'appelait “Karz”. Un nom peu commun, mais qui était-elle pour juger ? C'était lui, en tout cas, qui portait ces bras massifs et métalliques, incomparables, et qui avait tout l'air d'être autre chose qu'un humain, quand bien même la forme de son corps correspondait. Elle s'approcha de lui, les mains dans le dos, le fixant jusqu'à ce qu'il remarqua sa présence, ce qui ne tarda pas.

« Bon... soir ? Vous êtes drôle, vous, n'est-ce pas ? »

Elle faisait référence à ses bras, bien entendu. Mais elle se souvenait qu'il était identique à sa statue sur la place de la Tour d'Or, aussi finit-elle par ajouter après un bref instant de réflexion :

« Vous avez toujours été comme ça ? »

Elle désignait, sans la moindre peur ni honte, les deux membres métalliques qui encadraient ce corps. Son air était intrigué et elle était à mille lieu d'être elle-même impressionnée. Et, par le choix de son vocabulaire, il sembla qu'elle parvint finalement à amuser le gaillard, le tirant de son apparente neutralité d'expression. On ne l'avait donc jamais qualifié de “drôle” ? C'est qu'il n'avait jamais rencontré de véritable enfant. Répondant à la question de Yurlungur, il affirma avoir un jour été différent.

Mais, comme si cette question autorisait plus de complicité, il s'approcha d'elle et, la figure presque sévère, il osa lui demander ce qu'elle faisait ici, à Aliaénon, l'appelant “gamine”.

Oh, c'était vrai et cela ne la gênait pas. Mais il était simplement dans la continuité de ces personnes qui se croyaient capables de lui refuser toute autonomie sous prétexte qu'elle n'était qu'une enfant, avec l'excuse qu'elle était vulnérable et se croyant, bien entendu, les seuls responsables pour sa propre vie. Cela l'aurait exaspéré si elle ne commençait pas à y être habituée. Et puis, c'était le premier à lui demander une explication en ayant l'air de vouloir l'écouter... Il fallait avouer que cela flattait. Sa moue disparut et, avec un petit sourire, elle proposa :

« Si je vous le dis, vous m'expliquerez comment vous avez eu tout ça ? »

Après tout, une information valait bien une information, surtout que ces bras devaient être extraordinaires. Sans s'en rendre compte, son visage avait adopté l'expression enfantine de malice de celui qui croyait gagner quelque chose au change et elle indiquait également de son index tendu l'insecte agrippé au métal. Karz, sans hésitation aucune, lui fit signe de venir s'asseoir et accepta le marché. Elle-même s'approcha, vérifiant simplement que personne ne pourrait les entendre, son visage exprimant une satisfaction toute bête : celle de révéler des petits secrets.

« Je doute que ma vie entière intéresse qui que ce soit. Mais pour ce qui m'a poussé à venir par ici... »

Prenant la pose, elle s'assit et leva les yeux au ciel, comme cherchant l'inspiration, tout en emmêlant autour de son index gauche une mèche de cheveux. N'était-ce pas ainsi qu'agissaient les filles de joie lorsqu'elles avaient à raconter des trucs sans importance à leurs clients ? Liniel serait sûrement fière d'elle et de sa capacité à les imiter.

« Il me semble bien que je fuis. J'essaie de rester en vie ! s'exclama-t-elle avec une joie peu naturelle. Et j'ai estimé que c'était sur un autre monde que ce serait plus aisé. Et en même temps, survivre... C'est un objectif formidable ! Vous savez peut-être à quel point on se sent vivre lorsqu'on est constamment à deux doigts de chuter. »

Sans doute qu'il le savait, puisqu'il était déjà venu sur Aliaénon, qu'il passait sa vie à défendre la veuve et l'orphelin, et que Naral avait précisé que ce monde était hautement mortel. Mais loin de ces basses préoccupations, son sourire persistait tandis que ses yeux s'étaient figés sur les astres qui illuminaient la voûte céleste.

« Et puis, quoi de mieux que de fuir pour sauver sa peau en s'amusant ? Tout ce que je découvre sur ce nouveau monde me permet de me divertir à loisir, et c'est tout ce qui importe. Il n'y a peut-être rien de plus doux dans ce monde que l'oubli total dans lequel on peut plonger, une fois que l'on est au cœur de l'action. »

Tout ce qu'elle disait était assez vague pour qu'il n'en sache pas trop, et à la fois terriblement vrai. Elle cherchait simplement à laisser son passé derrière elle, à faire disparaître Asmodée de sa vie, à se forger une nouvelle voie. Elle lança un regard vers Karz, satisfaite d'avoir réussi ainsi à garder des zones d'ombre sur son récit tout en lui expliquant avec une précision suffisante pourquoi elle se trouvait là. Comme pour obtenir son appui formel, elle reprit :

« Mais je crois que j'en ai déjà dit beaucoup, vous ne pensez pas ? À vous de m'expliquer ce que je désire. Je suis toute ouïe. »

Son regard, désormais, était rivé sur lui, attendant avec une gaieté non feinte le début de l'histoire, remarquant du même coup que le sien s'était assombri alors que ses poings s'étaient resserrés. (Un émotif... ?) Il poussa un soupir en se relâchant, plongeant maintenant ses deux yeux tout aussi étranges que ses bras dans ceux de Yurlungur, bleus et mignons - c'est du moins ce qu'on lui avait toujours dit.

Il affirma connaître la fuite, depuis une dizaine d'années - avait-il lui aussi un poursuivant fixe, terrible, ignoble ? Il n'en fit pas mention et, comme si l'aparté était déjà fini, il se gratta l'arrière de la tête et sourit, lui demandant simplement de ne pas l'interrompre. Elle opina de la tête : il avait déjà commencé. D'un simple tapotement sur la tête de l'insecte, celui-ci bougea - les yeux de la petite fille s'écarquillèrent, plus d'émerveillement que de stupéfaction - et vint se mettre en place jusqu'à se raidir, un fil de soie reliant les deux extrémités.

Karz expliqua qu'il s'agissait d'un arc offert par l'un des Treize d'Oaxaca, du temps où l'homme était devenu son champion. Abrégeant l'histoire, il voulut tout de même préciser qu'il les avait trahis mais gardé l'arme, en partie parce que c'était un symbole (même si la fillette ne voyait pas en quoi - mais il ne fallait pas l'interrompre).

L'insecte revint à sa position initiale et lui, comme pour montrer ses supers-pouvoirs, fit se dilater ses pupilles rapidement, expliquant qu'il avait récupéré ce corps sur Aliaénon même la dernière fois qu'il était venu. Il était donc mort sur place et avait eu la chance de piquer un corps à son ancien propriétaire... Intéressant. Mais il ne faisait aucun doute que ce n'était sans doute plus aussi facile, maintenant que les morts avaient aussi un problème.

Il avait fini et, par politesse, elle applaudit sans bruit pour le remercier. Il ne fallait pas que quelqu'un les entende, tout de même.

« C'est fou ce que ce voyage est récréatif. Votre histoire est tout à fait fantastique ! Quant à votre alignement par rapport à Oaxaca, si vous voulez tout savoir, je m'en préoccupe comme des sous-vêtements de Solennel, glissa-t-elle en se rapprochant, l'air complice. »

C'était faux, bien sûr, mais mieux valait-il qu'il croie le contraire. Elle ne se ferait pas beaucoup d'amis si elle leur reprochait sans cesse le moindre geste qu'ils pourraient faire, surtout qu'elle n'était absolument pas en position de critiquer des adultes.

« Mais bien sûr, j'imagine que tout cela ne s'ébruite pas forcément, conclut-elle. De toute façon, avons-nous jamais discuté ensemble ce soir ? »

Elle se releva en faisant mine d'épousseter sa jupe, puis enchaîna avec un large sourire :

« Bonne soirée. »

Lui, amusé par ses mimiques, laissa s'échapper un petit éclat de rire avant de préciser que son histoire pouvait être contée à tous sans problème, la saluant d'un simple geste. Elle haussa un sourcil en entendant cela. Allait-il raconter cela à tout le monde ? Ce n'était peut-être pas très équitable, tout compte fait... Avec un ton plus amer, elle crut bon de préciser :

« Eh bien quant à moi, je cherche plutôt à le cacher, justement, et même à l'oublier. »

Adressant un dernier signe à Karz, elle s'en alla vers le camp.

Une fois la tente qu'elle partageait avec Dorika dressée, elle prit son sac et sortit de quoi manger pour le soir, déposant les ustensiles de cuisine à côté du feu pour qui voudrait quelque chose de plus élaboré. Elle-même se contenterait des gâteaux qu'elle avait chapardés sur le banquet de la Tour d'Or : le reste du sac fut placé dans un coin de la tente.

Elle vint s'asseoir autour du feu, l'ensemble des aventuriers se rassemblant, et commença à manger. L'ensemble n'avait que peu de goût, à vrai dire - c'était surtout des provisions qui se conservaient bien et longtemps, faites pour les voyages et les voyageurs - mais c'était ce à quoi elle avait été habituée toute sa vie. Ne dit-on pas que l'on mange pour vivre et non pas le contraire ? Le Chevalier commença à exprimer sa surprise de voir de tels animaux dans la région, mais Yurlungur ne réagit pas. Tant pis pour eux, après tout -ils n'avaient pas à être responsables de tous les petites choses qui arrivaient aux créatures d'Aliaénon. Charis proposa ensuite d'organiser des tours de garde et Xël se porta volontaire pour la première partie de la nuit. La gamine, avalant la nourriture qu'elle avait dans la bouche, ajouta à ce moment :

« Moi je veux bien veiller avec Charis... Si c'est d'accord, bien sûr, finit-elle par préciser en croisant son regard. »

Au moins, ce serait plus passionnant qu'en compagnie de Dorika.


(((3 500 mots)))

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Thème musical


Dernière édition par Yurlungur le Mer 1 Fév 2017 23:17, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Dim 22 Jan 2017 06:21 
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Voyage vers l’Est – Tour d’Or > Nagorin. (14h – 22h)
(Sirat, Sibelle, Endar, Gasaru, Dragon d’Or, Nastya.)


Les autres aventuriers prirent place sur l’immense dos du dragon, Endar à l’avant, Natsya à droite. Puis Sibelle et Sirat à sa gauche formèrent la deuxième rangée, laissant le chevalier noir à l’arrière. Le dragon doré prit son envol et s’éleva très haut dans le ciel comme si sa destination était l’astre jaune qui les réchauffait. Sibelle n’éprouvait aucunement la peur, ayant une confiance absolue aux capacités de pilote de l’être ailé qui les transportait. Elle regarda les plaines s’éloigner et les nuages se rapprocher. Leur altitude augmenta et la guerrière appréciait toujours l’expérience bien qu’elle frissonnait de froid. Elle rabattit sa cape sur ses épaules, mais elle grelottait encore. Ne disposant pas d’une épaisse toison comme son voisin de droite, elle sortit de ses bagages l’épaisse couverture, regrettant de ne pas avoir ramassé l’épais manteau qu’elle avait pourtant effleuré des doigts.

N’étant pas la plus bavarde des femmes, Sibelle se contenta de profiter du voyage, tout en respirant l’air frais à pleins poumons, tout en souriant. Elle était de très bonne humeur.

« Je comprends votre excitation avant l’envol Sirat, c’est une expérience inoubliable. » Lâcha-t-elle d'un souffle sans se départir de son sourire.

Alors que Sibelle admirait le début du coucher du soleil, le chevalier d’Or s’adressa à eux. La guerrière se retourna à demi afin de mieux capter ses paroles. Il leur expliqua qu’ils se trouvaient tout juste au-dessus des Landes Arcaniques qui s’avéraient à être le domaine des Titans. Le dragon ne pouvait donc pas se poser pour la nuit et il faudrait qu’ils se tiennent mutuellement éveillés jusqu’à leur arrivée dans le Royaume d’Ouessie. Sibelle qui avait écouté ses explications tout en consultant la carte qu’elle avait rapidement griffonnée rangea cette dernière dans son sac avant de répondre au chevalier. Ce dernier qui avait fait vœu d’anonymat, les pria par commodité de l’appeler Ser Gasaru.

« Il sera en effet plus facile de vous appeler Gasaru que chevalier d’or, mon prénom est Sibelle. »

Tandis que Gasaru se nourrissait de pain et de viandes séchés, Sibelle, qui avait amplement mangé avant son départ, se contenta d’une pomme, de trois amandes et de quelques gorgées d’eau.

« Je n’ai besoin que de deux heures de méditation par nuit, ma nature elfique est ainsi. Je les prendrai en fin de vol. Je me porte donc volontaire pour surveiller l’un de vous lorsqu’il en sera nécessaire. » Tout en toisant l’humoran, elle rajouta à son intention:

« Je pense même être assez forte pour vous soutenir le cas échéant. »
En fait, la maître d’armes disposait d’une force hors de l’ordinaire pour une femme de sa nature, mais elle ne jugea guère nécessaire d’en dire plus, en tant que nouveau compagnon d’armes, il devait lui faire confiance sur parole.

Tout en rangeant sa gourde, et puisqu’ils avaient amplement le temps de discuter, elle s’adressa à Gasaru.

« J’en suis à ma première visite sur Aliéanon, je ne connais donc pas la ville de Nagorin et pas davantage ses habitants les Ouessiens. Car bien que Sirat et Endar y sont allés, cinq ans se sont tout de même écoulés. Vous pourriez me dire ce que vous savez sur eux ? Et ne vous limitez pas au fait, racontez-moi également les rumeurs. J’adore les rumeurs. Les faits sont parfois trompeurs alors que les rumeurs, vraies ou fausses, sont souvent révélatrices. »

(((564 mots.
Je n'ai fait que la première partie, je terminerai mon rp lorsque j'aurai la réponse de 9 et que mes collègues du rp ont répondu une première fois à leur tour )))

Citation:
« J’adore les rumeurs. Les faits sont parfois trompeurs alors que les rumeurs, vraies ou fausses, sont souvent révélatrices. » (Inglorious Basterds)

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Sibelle, Maître d'armes


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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Dim 22 Jan 2017 20:20 
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Voyage vers l’Est – Tour d’Or > Nagorin. (14h – 22h)
(Sirat, Sibelle, Endar, Gasaru, Dragon d’Or, Nastya.)

Les paroles du Chevalier d'Or bien que calmes restaient tout aussi virulentes à son égard que celles qu'il avait prononcé à son encontre. La confiance était une chose difficile pour un shaakt, encore plus si celui-ci avait été emprisonné une décennie entière à combattre dans l'arène pour le plus grand plaisir des femelles de la cité souterraine. Autrefois sa haine l'avait sauvé, autrefois Endar appréciait tuer ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin, ceux qui bloquaient son destin. Il en était certain, il était promis à un grand destin et rien ni personne ne l'arrêtera. Ce faible espoir le différenciait de tous les autres mâles shaakts de Khonfas ou des autres cités des elfes noirs, il s'était juré de ne plus passer sa vie sous le joug des femelles ni de passer sa vie à fuir. La mission confiée par la reine de Khonfas s'était achevée il y a cinq ans selon les standards d'Aliaénon, il y a quelques mois, quelques semaines à peine selon les standards yuiméniens. Son ancienne apprenti allait transmettre les informations qu'il avait chinées lors de son premier périple dans ce monde. Il allait enfin pouvoir rentrer à Khonfas, libre ou tout du moins sans crainte d'être puni pour les meurtres de quelques soldats et de prêtresses.

Alors que le Dragon d'Or peu porté sur la discussion, ce qui lui allait très bien, commença son envol en direction de la magnifique cité de Nagorin, il réfléchissait aux raisons qui le poussaient à agir cette fois. La raison était assez simple: l'acquisition d'un plus grand pouvoir. Libéré de l'amnésie partielle causée par le sort de son grand-père, Endar était certain que plus il avancerait plus il découvrirait de talents enfouis en lui et qui dormaient encore à cause de ce vieillard impotent. Le shaakt songea qu'il était aussi sûr d'une autre chose, ce monde l'attirait en raison des conflits qui l'agitaient. La guerre était un doux son à ses oreilles, un son hypnotique où l'on percevait les bruits fracassants des haches et des épées, les grincements des engins de siège et la bestialité inhérente en chacun de nous.

Il songea à nouveau à ce qu'il était lors de son premier séjour sur Aliaénon. Il se souvint de sa faiblesse, de son impatience à en découdre après tant d'années passés dans les entrailles de la cité souterraine à écouter les gémissements des prisonniers, les cris d'agonie lorsque les araignée venaient se repaître de leur corps. Autrefois, il pensait que le pouvoir n'était qu'affaire de forces physiques et de ruses, à présent, il entrevoyait d'autres possibilités pour parvenir à ses fins. Il lui fallait dépasser sa propre vue, ses propres sens et voir au-delà de cette limite. Pour cela, seuls les ouessiens pourraient l'aider et en particulier leur guide, Clirley Xissirant. Il désirait acquérir plus de sagesse, dépasser ce qu'il était autrefois, car cette fois-ci en retournant dans sa cité natale, il ne se satisfera plus d'une simple vie d'obéissance ni de redevenir le simple capitaine qu'il fût jadis. D'autres peuples allaient sans doute pouvoir l'aider dans sa quête perpétuelle de savoirs et de pouvoir, mais pour l'instant il devait se concentrer à collecter autant d'informations sur le Sans-Visage. A la fois, un Dieu, l'Unique pour certains, à la fois un Titan, un être corrompu ou une simple erreur de la nature pour d'autres. Il ne faisait pas confiance à Naral et encore moins depuis que le Conseil d'Or semble être à sa botte. Il leur fallait aussi découvrir la raison de la disparition de Triman au Conseil et investir le Temple autrefois détruit lors de son passage à Nagorin.

Il profita des derniers rayons de soleil pour dévorer quelques bouts de viande séchée ainsi que du pain et but un peu d'eau de sa gourde, un dîner royal pour un être comme lui. Tous silencieux au départ, le Chevalier d'Or décida de leur parler alors que le soir tombait. Il leur révéla qu'ils allaient devoir rester éveillés jusqu'à leur atterrissage dans le Royaume d'Ouessie. Il proposa la surveillance de ceux qui devaient dormir, chose que ni Sibelle ni lui n'avait à accomplir étant tout deux des elfes. Endar avait néanmoins un avantage de plus sur l'elfette puisque sa vision était accrue la nuit, ce qui lui permit de distinguer des ombres mouvantes dans l'obscurité d'assez large et haute taille d'ailleurs. La plaine était déformée par leur magie. Etait-cela qui l'attendait en souhaitant atteindre les îles Rocsombre ?

Silencieux, il prêta peu attention aux paroles alentour, préférant s'allonger de tout son long sur les omoplates du saurien pour surveiller les Titans en contrebas.

(816 mots)

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Lun 23 Jan 2017 20:46 
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Tous sautèrent sur le dos du saurien et il décolla. Il monta haut dans le ciel, usant de ses ailes puissantes, le vent se figeait sur les visages à la manière d’un masque invisible. Peu à peu l’oxygène se raréfia et il fut un temps pour s’adapter. L’air se fit plus glacial, malgré la lumière du soleil qui s’était rapproché. Sirat sortit le manteau de fourrure et les bottes de Nosveris et les enfila. Il observa Sibelle qui fit de même et qui se retourna vers lui pouir lui dire qu’elle comprenait son excitation, elle décrivit le voyage comme une expérience inoubliable. Sirat acquiesça d’un hochement de tête gardant un sourire. Endar restait silencieux perdu dans ses pensées, Sirat le jaugea un instant mais ne le dérangea pas. Le chevalier considéra qu’il était bon de se donner un nom, Gasaru, cela faciliterai les conversations. Gasaru, donc, leur expliqua qu’il fallait faire attention de ne pas tomber et qu’il ne pouvait dormir pleinement. Le dragon survolait les landes arcaniques et donc il ne s’arrêterait pas. Tous se mirent à manger quelques rations, Sibelle se vanta de pouvoir méditer que deux heures et être suffisamment forte pour retenir l’humoran. Sirat ne répondit pas il mangea une portion de viande et une gorgée de vin pour se réchauffer. Quand la jeune guerrière humaine se rapprocha de lui. Elle demanda d’une voix cristalline, ses yeux céruléens plongeant dans ceux de l’humoran pour les dompter, s’il pouvait veiller sur son sommeil. Sirat sembla un peu gêné, mais flatter par la demande. Il accepta que pouvait-il faire d’autre. La guerrière du nord se disait fatigué. Il écarta les jambes afin qu’elle puisse si blottir et poser sa tête sur son torse. Il en profita pour en savoir plus sur l’une de celle qui formait son groupe.

Que venez-vous chercher ici en Aliaénon ? Vous êtes loin de vos terres.

Endar s’était posé sur le flanc et regardait en bas. Dans la nuit l’humoran ne voyait rien, mais le shaakt semblait accaparé par ses visions. Sibelle posa des questions sur Nagorin à Gasaru.


Citation:
346 mots

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Lun 23 Jan 2017 23:11 
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J’observe avec amusement Xël faire connaissance avec sa monture. Il ne sait peut-être pas encore monter, mais il sait s’y faire pour que la jument s’intéresse à lui, et la petite friandise qu’il lui tend n’y est pas pour rien. Je l’entends l’appeler Gaïka et hoche la tête d’un air appréciateur, cela lui va bien. Le jeune homme se tourne ensuite vers moi en me remerciant de l’aider et m’indique qu’il a suivi mon conseil concernant l’équipement à apporter, s’attardant sur le bonnet qu’il a également trouvé. Le regard toujours amusé, j’acquiesce. Il m’indique également qu’il a pris une tente pour Karz et lui afin de me laisser mon intimité. Je dois avouer être touchée par son attention, j’aurais vu avec un certain malaise de partager ma tente avec des hommes, n’ayant pas l’habitude qu’ils entrent ainsi dans mon intimité. Il me demande si ses équipements suffiront.

- Je l’espère, nous verrons sur place si nous trouvons quelque chose d’autre d’utile, pour le moment cela fera l’affaire. Pour le bonnet, cependant… il sera sans doute utile la nuit, dis-je avec un petit sourire, avant de poursuivre en lui montrant comment tenir les rennes. Prends bien les rennes à cet endroit-là pour le moment, le temps de te sentir à l’aise sur le dos de Gaïka. Pas trop long pour garder une maîtrise de ton cheval, et pas trop court pour ne pas lui faire mal aux mords. Garde aussi les talons vers le bas, ton assise sera meilleure. Par ailleurs, si cela vous intéresse, la couleur de sa robe s’appelle palomino.

Le Chevalier d’Or me répond d’une voix affable que je ne suis pas certaine d’apprécier en me disant que je ne connaîtrais pas son nom, mais pour que je puisse le nommer, il m’en donne tout de même un. Ser Thersien d’Esseroth. Je retiens avec peine un haussement de sourcil critique quoi que légèrement amusé. Je lui demandais un nom par lequel l’appeler, je n’avais pas besoin de tous ces salamalecs. Il me confirme qu’il ne quittera pas son armure non plus, mais il est conscient des risques de la porter dans un désert trop chaleureux. Il aurait néanmoins pris l’habitude de vivre avec, jour et nuit en ne l’ôtant que pour ses ablutions. Il semble faire une tentative d’humour – ou est-il sérieux ? – en ajoutant qu’il ne se changera pas en fait-tout sur pattes. Je retiens là encore un regard critique. Outre le fait que je doute grandement de sa capacité à supporter réellement la chaleur, je crains qu’il ne se transforme en amas d’odeurs nauséabondes et méphitique. Je prends mentalement note à rester le plus loin possible de lui lorsque nous serons dans le désert.

- Asheara, simplement demoiselle Asheara, Kel signifie clan pour les miens, le corrigeai-je néanmoins.

Xël a la franchise de lui expliquer qu’il souhaite avant tout tenter un dialogue avec le Sans-Visage et lui demande s’il interfèrera dans cette tentative de façon violente. Le Chevalier ne répond pas directement à sa question, ce que je ne manque pas de noter en nous disant que son engagement le force à occire les suivants hérétiques du Sans-Visage. Je me renfrogne un instant. Ce sont là les propos d’un fanatique et nous considèrera-t-il comme hérétiques si nous souhaitons parlementer ? C’est une éventualité que je garde bien présente à l’esprit. Il ajoute souhaiter exclure le Sans-Visage d’Aliaénon, s’attirant cette fois un véritable haussement de sourcil de ma part.

- Et vers où comptez-vous exclure le Sans-Visage, une fois que vous aurez mené votre tâche à bout ? demandé-je.

Un autre monde ? Si cela me semble être la réponse la plus évidente, ne serait-ce pas là déplacer simplement le problème pour le mettre entre d’autres mains ? Ma question, sans surprise, le déstabilise. Il me répond en bafouillant que sa tâche consiste à amoindrir son influence sur Aliaénon, mais, manifestement, la pensée de son ordre s’arrête là. Et la sienne, sans doute. C’est pour cette raison que je ne peux m’empêcher de demander :

- Et vous, Messire, qu'en pensez-vous ?

Le Chevalier hésite une nouvelle fois, ne répondant pas tout de suite. Lorsqu’il prend la parole, c’est pour bafouiller de nouveau. Il pense ou espère que la situation de résoudra d’elle-même et que la solution se présentera clairement le moment venu. Je retiens une moue sceptique et hoche simplement la tête en répondant :

- Je vois, Messire, j'espère qu'elle se présentera sous de bons augures pour tous.

Le nain, lui, m’accueille avec un signe de tête auquel je réponds. Il me dit qu’il souhaite justement nous rejoindre car nous ne l’avons pas abandonné à son sort. Il ajoute qu’il aura tout le temps de nous expliquer la situation une fois en chemin, car celui-ci sera long. Le Chevalier, lui, tel le preux qu’il est, lui annonce d’ores et déjà qu’il pourra compter sur son aide.

Sans un mot de plus de ma part, je monte sur le dos de mon étalon pommelé. Ignorant le nom de ma monture et trouvant cela inconvenant d’en avoir une sans la nommer, je me penche pour lui murmurer :

- Hisan, qu’en penses-tu ? C’est joli, hein ? Va pour Hisan.

Les groupes ainsi formés et tous sur nos montures – aussi étranges soient-elles – nous nous mettons en route. Je lance un dernier regard à la Tour d’Or avant d’effleurer des talons le flanc d’Hisan qui se met tout de suite à marcher. Un cheval sensible, je préfère ça que les bourriques à qui il faut donner de véritables coups pour qu’ils avancent. Celui-ci a l’air bien dressé, même si je sais déjà que je ne pourrais pas m’empêcher de lui apprendre quelques petits ordres en chemin.

Le chevalier nous annonce que nous partons avec ceux qui se rendent au Royaume Pâle car les routes y sont aisément praticables. Nous bifurquerons ensuite vers le sud pour Arothiir et ensuite Methbe-el. Si une partie de moi est irritée de ce contretemps induit par le détour que nous allons faire avec autant de personnes, je ne peux m’empêcher d’être curieuse de découvrir un peu plus d’Aliaénon. Après tout, le désavantage de la monture ailée que nous avions est qu’elle nous empêchait d’en apprendre plus sur le pays.

Nous sommes rejoints par l’un des ancien « Sauveurs d’Aliaénon », Kiyoheïki que je ne peux, encore à présent, m’empêcher de regarder à la dérobée, étonnée de son apparence générale. Ses traits sont étranges, mêlant de l’humain et de l’elfique, je pense, mais sa taille, elle, me laisse pantoise. Il est si petit ! Peut-être en réalité son ascendance est-il elfique mixée avec les semi-hommes ? Si je n’en ai jamais vu, j’ai entendu dire qu’ils étaient pas plus grands que des nains. Toujours est-il que j’ai entendu du bien de lui, aussi suis-je curieuse d’en apprendre plus à son sujet. Nous sommes également accompagnés des deux frères Dongho, de la jeune enfant, de l’elfe Galelia, du grand loup Algaries et de deux autres aventuriers. Je dois également avouer être un peu surprise de voir l’homme-loup parmi nous. Sa masse est impressionnante et le noir de sa fourrure me donne des frissons d’angoisse. Malgré tout, je chasse ses pensées et garde un visage relativement ouvert à leur égard, leur adressant un signe de tête.

Le Chevalier prend la tête du groupe et nous annonce que nous en aurons pour sept jours de voyage avant d’atteindre Methbe-el. Et bien ma foi, ce sera fort long, comme trajet, mais au moins aurons-nous l’occasion de faire plus ample connaissance.

Le soleil, lui, a déjà commencé sa lente déclinaison, baignant les épis de blés de son doux éclat. Le lieu est magnifique et je ne puis m’empêcher de l’admirer. Je ressens cette petite flamme de l’aventure brûler dans mon cœur. Je sais que je dois éviter au plus de l’utiliser, mais je ressens sa présence apaisante, et cela me suffit. Ah ! quel plaisir de me retrouver de nouveau sur les routes, baignée de soleil et montée sur un étalon vigoureux ! Je suis tirée de ma contemplation par Celemar, l’un des deux frères, lorsque sa voix retentit à mes côtés. Je tournais la tête vers lui, et lui adressai un léger sourire de bienvenue. J’aurais souhaité passer cette première partie du voyage dans mon mutisme, en profitant pour apprendre à connaître Hisan, mais je savais que rien de ces pensées ne transparaissait dans mon sourire. Ainsi avais-je été élevée par mon père et mon clan.

Il s’exclame, ravi, que je me rends dans le Désert de Feu pour aller visiter la cité dont je lui ai parlé avant de poursuivre en me disant que son frère et lui ont décidé de se rendre au Royaume Pâle. Il semble confiant dans les aventures qui les attendent car le demi-elfe, Kiyoheïki, semble savoir ce qu’il veut. J’acquiesce en disant :

- Je le connais très peu, mais j’en ai entendu beaucoup de bien, je ne doute pas que vous saurez vous plaire au Royaume Pâle.

N’était-ce pas eux qui m’avaient surnommé Flamme de l’Ouest ? Mes yeux se plissent légèrement à ce souvenir.

- Quelle est votre première impression sur Aliaénon ?

Il me répond avec un sourcil amusé qu’il a été reçu dans la Tour d’Or par une liche et de charmantes dames, qu’il a vu des dragons partir à la chasse d’un dieu, … Que ce monde n’est que démesure et que cette démesure lui plaît grandement. Un sourire flotte un instant sur mes lèvres avant que ma mine ne s’assombrisse et que je le regarde pour dire :

- Prenez garde, tout de même, les dangers de ce monde sont à la mesure de sa démesure et qui sait ce qui nous attend avec cette situation tendue ?

Celemar se fait charmeur en me répondant que pour sa part il espère que nous nous reverrons avant car il doute de faire de vieux os dans la forêt. Il s’agit d’un citadin qui compte bien visiter les grandes villes de ce monde. Si son attention me fait détourner les yeux, gênée de son attention, moi qui y suit si peu habituée, mais je réponds tout de même :

- Je crains de ne pas être très à mon aise dans les grandes villes, j'ai grandi dans les grands espaces avec seulement le ciel et le désert pour seul horizon.

Il poursuit son attention, toujours souriant, en me disant que ce sera au moins un domaine où il aura plus d’expérience que moi et qu’il se ferait un plaisir de m’y guider afin de ne pas tomber dans les nombreux pièges d’une grande cité. Mon regard se tourne de nouveau vers lui et je penche légèrement la tête sur le côté, me demandant ce qu’il veut dire par là.

- Il doit y avoir de nombreux sujets sur lesquels vous avec plus d’expérience que moi, Messire Celemar. A quels pièges faites-vous référence ?

Il éclate de rire et je me retrouve à sourire tandis qu’il me répond qu’il existe de nombreux pièges dans les villes, comme les vols à la tire, les arnaques commerciales ou ludiques, les querelleurs ou encore les ivrognes. Il semble aimer ce danger, de cet inattendu qui cours les rues là-bas. Je secoue la tête, toujours souriante. J’ai du mal à imaginer comment on peut aimer tout ceci.

- N’avez-vous pas peur, parfois ? Ne souhaitez-vous pas vous retrouver au calme, au milieu de nulle part ?

Il hausse un sourcil, étonné de ma question. Il me demande si moi-même j’ai peur du désert avant de me répondre que la ville est son élément. Ses dangers, ses inconforts ne l’empêchent pas de s’y sentir chez lui. C’est au contraire se retrouver seul au milieu de nulle part qui pourrait lui faire peur.

J’esquisse de nouveau un sourire en disant :

- Je tâche, depuis le massacre des miens, de repousser la peur. La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance. Alors je tente de l’occulter au plus profond de moi. Si vous m’apprenez à aimer la ville, peut-être vous apprendrai-je à aimer le désert et son calme, son empyrée plus brillant que vous ne le verrez jamais.

Le sourire de Celemar s’accentue avant qu’il ne me dise que ce sera un plaisir non feint pour lui. Je détourne la tête, incapable de soutenir son attention et je sens un peu de chaleur remonter à mes joues.

Plus tard, en fin de journée, nous quittâmes la pleine d’or pour retrouver des paysages plus ordinaires de bosquets nichés au creux de vallons. Je décide alors à mon tour d’aller engager la conversation avec l’un des aventuriers. Mon choix se porte sur Kiyoheiki, l’aventurier avec lequel je partage une histoire commune sur Aliaénon, sans pourtant lui avoir jamais parlé. Il m’intrigue, je dois bien l’avouer. Je m’approche donc de lui avec un sourire avenant, quoi que légèrement réservé. Je ne parviens pas à être parfaitement à l’aise avec des étrangers en prenant ainsi les devants.

- Bonjour, il me semble que n'avoir jamais officiellement fait votre connaissance, je suis Charis Kel Asheara du Désert d'Imiftil. J'ai entendu parler de vous en bien.

Il abonde en mon sens, disant que nous n’avons en effet pas eu l’occasion de nous parler lors de notre dernier voyage. Il se dit également honoré de faire ma connaissance et se présente sous le nom de Sergent d’Esh Elvohk Kiyoheiki d’Oranan avant de me remercier de nouveau pour la pierre de vision. J’incline la tête à son encontre avant de le voir extirper un pendentif auquel est accroché l’ancienne pierre.

- En effet, je pense me rendre à Messaliah où se trouve la pierre maîtresse pour tenter de comprendre la situation là-bas. Je crains qu’elle soit mouvementée, car la politique locale est très tendue avec les Sorciers de Feu. Néanmoins j’espère faire mon possible afin d’améliorer la situation. Et vous, quels sont vos buts ? Que pensez-vous de tout ceci ?

Kiyoheiki serre brièvement la pierre entre ses mains avant de la replacer sous son vêtement. Il me répond que tension et conflits sont les termes qui nous ont accueillis à notre arrivée sur ce monde et a le sentiment d’avoir reculé malgré le pas en avant que nous avons fait il y a cinq ans. Il se demande si le Sans-Visage a provoqué ces schismes ou si elles reflètent un mal plus profond. Il m’avoue ne pas se sentir aussi légitime à présent que lors de sa première venue. Je penche la tête sur le côté, méditant. J’ai le sentiment inverse, étrangement. Peut-être est-ce dû à mes expériences personnelles, au fait qu’Aliaénon m’a vue m’émanciper et devenir ce que je suis.

Son regard, lui, se porte au loin avant de revenir sur moi qui l’observe toujours avec intérêt. Il semble troublé par la Reine Sheeala d’Argentar qui, selon lui, n’aurait pas abandonné le Conseil si les troubles avaient été passager. Il veut l’aider et se rendre de nouveau utile, mais ne comprends pas ce qui peut séparer Treeof d’Andel’Ys, les deux cités étant dirigées par des amis à lui.

Je hoche la tête d’un air sombre, comprenant sa vision.

- Bien trop de zones d’ombre demeurent et d’avis divergent. Je crains de baser mon jugement sur des allégations biaisées, que ce soit à l’égard du Sans-Visage, des Chevaliers ou encore des différentes situations politiques. J’aimerais avoir le temps d’embrasser la situation dans son ensemble avant d’agir, mais je crains de ne pas avoir ce luxe.

Mon regard s’adoucit et un léger sourire nait sur mes lèvres :

- Je ne doute pas que vous puissiez agir pour le bien des peuples que vous avez aidé. De même que je pense que notre présence est plus légitime que jamais en ces lieux car nos regards sont plus neutres, nouveaux et extérieurs. Votre légitimité, Messire d’Esh Elvohk, est plus forte que jamais.

Le Sergent me rend mon sourire, léger, peut-être un peu circonspect. Il me fait penser à ce que j’étais avant, en ces temps où sourire était un luxe que je m’accordais rarement.

J’écarquille brièvement les yeux à sa réponse, étonnée de l’entendre ainsi parler de moi. Il pense que mon cœur est fort et que si le sien est affirmé, il ressemble encore trop à celui d’un enfant. Il me remercie pour la sagesse de mes paroles qui lui a permis d’aborder les choses sous un angle nouveau. Je ne me suis jamais considérée comme une personne sage ou forte. J’ai toujours agit comme je pensais être le mieux dans chacune des situations qui m’ont été données, voilà tout.

Le semi-elfe incline la tête avant que son visage ne se referme de nouveau. Il craint manifestement que cette pensée puisse monter trop rapidement à la tête de certains Sauveurs car les propos tenus à l’égard des Chevaliers étaient d’une violence inappropriée. J’incline la tête, rejoignant son propos. Si le seul Chevalier d’Or que j’ai rencontré ne m’apparaît pas comme quelqu’un pensant par soi-même, je n’ai encore rien vu qui justifie ce traitement. Son regard se perd un instant avant qu’il ne reporte son attention sur moi, faisant remarquer qu’après cinq ans, certaines de mes connaissances pourraient avoir rejoint leurs rangs. Je songe un instant à cette situation avant de secouer la tête.

- Je ne pense pas. Je me suis liée à peu de personnes lors de mon dernier passage, même si ces personnes ont fini par compter énormément pour moi. Il n’y a guère que Zaria, l’une des plus brillantes sorcières de feu de sa génération que je sais œuvrer à Messaliah, où je la rejoindrais, Belliand, un homme d’Ouesseort qui ne rejoindrais pas leurs rangs. Des hommes-lézards rencontrés dans les profondeurs de Messaliah, donc les Chevaliers ne voudraient assurément pas malgré leur bravoure et finalement le Seigneur Ibn Al’Sabbar, encore dans la tour.

Je secoue la tête encore une fois, mon regard se portant sur le dos du Chevalier qui nous accompagne, menant la marche :

- La seule chose que j’ai pu découvrir des Chevaliers est qu’ils sont dévoués corps et âme à leur cause, sans remettre en question leur savoir. Ils veulent bouter le Sans-Visage hors d’Aliaénon, mais ne semblent pas avoir la moindre idée de comment s’y prendre.

Le Sergent d’Oranan semble réfléchir aux raisons qui ont poussé le peuple d’Aliaénon à faire une nouvelle fois appel à nous. Il se demande néanmoins s’il est possible de neutraliser un Immortel et s’il est seulement encore présent sur ce monde, à la tête de tout ce qu’il s’y passe. Il marque une courte pause avant de souligner que si l’on pouvait cerner la véritable nature de l’entité, le mystère serait peut-être moins épais.

Je m’enferme dans un léger mutisme alors que je songe à ses propos. En effet, la question demeure.

- Pouvons-nous seulement cerner la véritable nature d’un être tel que lui ? Xël, l’un de mes compagnons qui se rend également dans le désert a pour ambition d’entrer en contact avec lui et de discuter avec lui. Le Seigneur Al’Sabbar l’a mis en garde contre le Sans-Visage et ses paroles aux interprétations multiples, et en connaissance de cause, car c’est le Sans-Visage qui a réduit en cendre la cité de Messaliah sur un simple de ses souhaits.

Kiyoheiki semble un instant surpris par mes paroles et prends manifestement ma mise en garde au pied de la lettre. C’est sans doute préférable. Il pense que le passé des différents peuples recèle peut-être des réponses que nous pourrons déceler et j’acquiesce, c’est pour ça que je pense que nous avons quelque chose à apporter à ce monde. Il souligne cependant les problèmes auxquels nous auront à faire face, problème dont on ne fait qu’effleurer la surface, je crains. Le Sergent se détend légèrement avant de poursuivre en disant que nous aurons le temps de nous en préoccuper une fois sur place, mais que pour l’heure, cerner nos compagnons de route est à notre portée. J’acquiesce, n’est-ce pas pour ça que je suis venue discuter avec lui ? Ce que j’ai appris, en tout cas, a tout pour me plaire. Le Sergent me paraît être quelqu’un de modéré et de réfléchis, engageant pour la suite.

- En effet, réponds-je avant d’hésiter un très bref instant pour poursuivre : si jamais vous nécessitez mon aide, n’hésitez pas à faire usage de la pierre pour me contacter, de même si vous apprenez quelque chose.

Le Sergent me réponds que je peux faire de même. Il s’interroge également sur les pierres en se demandant à quand remonte leur première utilisation et que ce ne sera qu’un mystère de plus parmi toutes les choses qu’il souhaiterait apprendre. Un nouveau sourire étire légèrement mes lèvres alors que mon regard s’adoucit en pensant au Seigneur Al’Sabbar.

- Pour les pierres que nous utilisions jadis, je ne puis vous répondre, Messire d’Esh Elvohk, je sais seulement qu’elles sont teintées d’un sombre pouvoir que j’espère découvrir. Quant aux nouvelles pierres… elles ont été façonnées par le Seigneur Al’Sabbar et n’ont pas connu d’autres mains que les siennes, les miennes puis enfin les vôtres. L’usage que vous ferez de la vôtre sera donc le premier.

Je sais que ce n’est pas grand-chose, mais c’est au moins une bribe de savoir que j’ai à lui offrir. J’espère, moi aussi, que plus tard nous pourrons échanger notre savoir dans un monde en paix.

Sur ces espérances, nous hochons la tête l’un envers l’autre. Une marque de respect, de compréhension mutuelle.

Profitant de ces heures au calme, j’entreprends de parfaire légèrement l’entraînement d’Hisan. Je ne peux aller guère loin sans manège et sur la route, néanmoins je lui apprends à obéir à certains de mes ordres et, surtout, à obéir sans que j’aie besoin d’utiliser mes rennes, simplement en utilisant mes genoux. Alors que je suis en plein entraînement, je perçois soudain un ronflement puissant et des pas lourds. Alertée, ma main se porte à l’Epine au moment où la voix du Chevalier retentit pour nous dire que nous allons dormir ici cette nuit, au milieu du troupeau de Buffapas. Il semblerait qu’il s’agisse d’un animal particulièrement calme et placide.

Je descends d’Hisan et, plutôt que de monter tout de suite le camp comme le demande le Chevalier, je prends ma monture par la bride et m’approche des créatures en question. Il s’agit de grosses créatures aux longs, très longs poils pourvus de cornes et d’une grosse flèche au milieu du front formée par des poils bleutés. Etonnée, je remarque que les buffapas sont pourvus de six pattes terminées par de gros sabots. Ils ne semblent en effet pas agressifs et je me détends légèrement. Dormir au milieu d’animaux sauvages n’est pas dans mes habitudes. Je n’ai rien d’autre à espérer qu’il ne leur vienne pas à l’idée d’écraser ma tente pendant la nuit.

Je m’attelle à mon tour à monter la tente en la plaçant à côté de celle de Karz et Xël et, tandis que Celemar et d’autres s’en vont pour aller chercher du bois, je me propose pour aider à préparer la cuisine. Je n’ai pas les ingrédients du désert, mais j’ai appris auprès des grands-mères du clan à cuisiner comme une Asheara se doit de le faire : bien.

Alors que nous mangeons, le Chevalier se montre perplexe quant au fait que les créatures soient ainsi si proches de nous, car d’ordinaire ils ne descendent pas à ce point au sud. Il pense que quelque chose s’est passé par là pour ainsi les pousser à migrer au sud.

- Si cela vous sied et puisque nous sommes aussi nombreux, peut-être pourrions-nous organiser des tours de garde ? Mettons deux personnes à la fois. Je veux bien prendre le tour après minuit.

L’un des tours qui, par expérience, est le plus ingrat, néanmoins je ne peux pas faire cette proposition sans faire ma part du travail, telle n’est pas la façon dont j’ai été éduquée.


(4016 mots, citation de Star Wars).

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Mar 24 Jan 2017 18:21 
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Charis m’observe amusé avant de me répondre et de me montrer comment tenir les rênes. Je l’écoute attentivement avant de le réciter à voix basse pour m’en souvenir.

"Pas trop long pour garder une maîtrise du cheval, pas trop court pour ne pas lui faire mal aux mors. Garder les talons vers le bas. C’est noté."

Elle m’apprend également que la robe du cheval s’appelle palomino. Un mot amusant. J’incline la tête en caressant le flanc de ma monture.

Nous nous tournons ensuite vers le chevalier d’or qui nous répond. Il nous donne son nom, Ser Thersien d’Esseroth. Je lui souris, portant particulièrement dans mon cœur la cité et ses habitants. Il se tourne alors vers moi et d’une voix grave m’annonce que si j’œuvre pour l’exclusion du Sans Visage alors il peut tolérer que je cherche à lui adresser la parole.

Je gratte ma barbe, un sourcil froncé. Il est un peu tôt pour le mettre sur la liste des trous du cul mais il ne part pas gagnant.

Je me contente d’hocher la tête avant de continuer à faire connaissance avec Gaika. Écoutant les conversations d’une oreille.

Finalement les groupes se forment et tous s’apprêtent à partir. J’adresse un signe de tête au groupe partant pour Nagorin, plus particulièrement à Sirat et Endar. Peut-être passeront-ils mes salutations à Triman et au vieillard. J’espère en tout cas que tout se passera bien.

Nous sommes le groupe le plus nombreux et tous sont déjà à cheval à l’exception du Likyor, bien trop grand pour grimper sur une monture. Je déglutis en le voyant, impressionné et fasciné à la fois.

Nous ferons une partie du voyage avec le petit Ynorien, les frères Dhongo, la fille discrète, l’enfant, la lopette et l’elfe épuisée.

A mon tour, je saisis les rênes et met un pied à l’étrier pour grimper sur ma monture. Habitué à le voir mais pas à le faire, je parviens seulement à me hisser sur l’animal, le ventre sur la selle, soufflant dans l’effort. Gaika, pensant sûrement que j’étais en place, suivit les autres sans se rendre compte que j’étais allongé sur son dos, les jambes et la tête de chaque côté.

" Gaika ! Non, attends. C’est pas bon là… "

En guise de réponse, je l’entends hennir et à mes oreilles ça ressemble très fortement à un rire.

C’est ainsi que je quitte le bourg de la tour d’or, c’est ainsi que le voyage commence.

Après quelques efforts, je parviens à me mettre correctement en selle. Je saisis les rênes comme me l’a montré Charis et je me rends rapidement compte que je n’ai pas grand-chose à faire, Gaika semble savoir exactement en quoi consiste son rôle. Je souris et caresse son cou, pas du tout rancunier.

Je peux alors profiter du voyage. M’émerveiller à la vue des champs de blé et des prairies dorées reflétant le soleil qui nous suivait en traversant un ciel bleu agrémentés de quelques nuages cotonneux au loin.

Peu satisfait de mon échange précédent avec le chevalier, je décide de profiter de la route pour converser un peu avec lui. Je tire un peu sur mes rênes pour m’écarter du groupe et les agites légèrement pour la faire trottiner jusqu’à la tête du convoi.

Arrivé à côté de l’Esserothéen, je gratifie ma monture d’une caresse tout en la remerciant avant de lui adresser la parole.

Je sais que Thersien n'est pas ton vrai nom mais est-ce que tu viens vraiment d'Esseroth ?"

Il me répond que oui, il vient bien d’Esseroth mais que ce n’est plus sa patrie désormais. Ces gens là renoncent vraiment à tout alors. J’ai du mal à le comprendre mais le souvenir de sa cité peut peut-être le dérider un peu tout en rendant mon voyage plus agréable.

"Tu y es retourné depuis sa construction ? Tu pourrais m'en parler un peu. J'adore cette cité, enfin je n'ai pas eu l'occasion de la visiter, simplement d'en avoir une description par Finarfin Seuillé. Tu le connais peut être ?"

"Je l'ai connu. Lui aussi a quitté Esseroth. La ville, tout en restant fidèle à ses valeurs d'antan, n'est plus la même qu'avant, depuis le massacre des esserothéens. Mais j'ignore ce qu'elle devient, depuis mon départ. Nous, les chevaliers d'Or, préférons rester à bonne distance de nos origines."

J’hoche la tête avant de poursuivre.

"Il m'a dit qu'il voulait faire le tour du monde oui. Je comprends... Tu as dû quitter famille, amis en quittant ton nom. Pourquoi d'ailleurs ? Pourquoi avoir choisi de tout laisser tomber pour chasser le Sans Visage ?"

Dicté par son code, il garde ses raisons secrètes avant de me demander pourquoi moi j’étais revenu, hésitant entre me tutoyer et me vouvoyer ce qui me déclenche un mince sourire que je garde pour continuer la discussion.

"Pas de nom, pas de passé. Tu ne crois pas que ça fait de toi un peu une coquille vide à l'unique but ? Sans vouloir t'offenser."

Mon ton n'est d'ailleurs pas du tout offensant, mais surtout curieux.

"Moi je suis revenu car je me sens très lié à ton monde, j'ai accouru vers le fluide dès que j'ai su que vous aviez un problème. Je vois Aliaénon comme un second foyer. C'est pour ça que j'aimerais tenter de dialoguer avec le Sans Visage. Je veux éviter un conflit entre les peuples ou pire entre les entités. J'ai vu de quoi était capable un Titan et j'imagine de quoi est capable celui qui a réussi à les maintenir captif."

Le chevalier opine du chef à mes paroles et ne répond qu'à la question en m’informant que le but des Chevaliers sans Patrie sont nombreux mais que l’un d’eux les transcendent tous. Il conclue en m’annonçant qu’ils ne craignent pas le Sans Visage.

Il ne cherche pas à débattre plus. Cela doit être un sujet tabou. Étrange de ne pas vouloir ou pouvoir parler de ce qu’ils recherchent tous.

Je continue sur un autre sujet, cherchant à en apprendre plus sur lui, sur ses motivations.

"Mais si tu n'as plus de proches ou de patrie à protéger... Qu'est-ce qui motive ton but ?"

"C'est ce monde que nous protégeons. Loin de toute attache, pour que notre jugement ne soit pas affecté. Et nous le protégeons car c'est notre monde, et que nous l'aimons."

Je souris à sa réponse avant de préciser ma question.

"Pourquoi aimer un monde si ce n'est pour les proches aimés qui y vivent ? "

Il me retourne la question. Me demandant si j’aimais ce monde, si j’y avais de la famille, des êtres proches et chers. Si j’aimais ce monde pour eux ou pour ce qu’il représente dans son ensemble. Je ris avant de lui répondre avec un sourire amical.

" J'ai rencontré des gens incroyables qui me sont chers. Fin' par exemple, Sim' aussi. J'ai vu des peuples qui s'ignoraient combattre ensemble et fêter leur victoire ensemble, tous mélangés. Bien sûr j'aime aussi les paysages qu'il offre."

Dis-je en désignant ce qui nous entoure.

" Nagorin et Ouesseort sont des cités incroyables, de même qu'Esseroth et la façon dont ils vivent."

"Alors vous savez ce que je ressens. Protéger tout ça, sans s'y lier trop personnellement, afin de n'avoir aucune faiblesse. Voilà la raison de notre Ordre. Les Veilleurs, les Chevaliers d'Or, exacerbant les principes mêmes du Conseil d'Or : des gens de tous horizons ayant renoncé à leur patrie pour représenter les peuples au sein d'un même conseil."

"Je ne suis pas sûr de comprendre... Dans les moments difficiles, c'est le souvenir de mes proches et la volonté de les revoir qui m'a fait tenir le coup. Enfin quoiqu'il en soit, je respecte ton choix, votre choix."

Je marque une courte pause, soucieux.

"Une fois ta mission accompli, tu pourras reprendre ta vie d'avant ?"

"Il ne me reste plus que cette vie-ci. Avant, je n'étais pas vraiment vivant. Je vis pour protéger ce monde. C'est ma voie, c'est mon but. Et il en sera ainsi jusqu'à mon trépas."

Me dire qu’avant il n’était pas vraiment vivant ne fait qu’accentuer ma curiosité mais sachant qu’il n’y répondra pas et ne voulant pas me montrer trop intrusif, je me contente d'incliner la tête avec respect.

"J'espère que nous y arriverons en évitant un maximum de pertes et j'espère que nos manières de faire ne nous monterons pas les uns contre les autres."

Je lui adresse un sourire avant de conclure.

"J'arrête de t’emmerder avec mes questions."

Je garde alors le silence et lui aussi, le laissant me dépasser peu à peu pour rejoindre le reste du convoi.

Nous quittons la plaine d’or pour nous retrouver dans des valons aux hautes herbes dépassées à quelques endroits par des bosquets isolés. Le soleil lui, terminait son voyage pour aujourd’hui, disparaissant peu à peu derrière l’horizon boisé, laissant la lune et les étoiles commencer le sien.

Thersien arrête la marche tout en nous rassurant sur la provenance des bruits lourds de pas et de ronflements que nous entendons avant d’annoncer que nous sommes au milieu d’un troupeau d’animaux amicaux et placides. Amicaux d’accord mais qui semblent tout de même énorme.

Je mets pied à terre avec les autres. Je décroche ensuite la casserole pour y verser un peu d’eau avant de la porter à la bouche de Gaika.

"Tiens bois un peu."

Je n’y avais pas pensé avant mais comment allions nous transporter assez d’eau pour nos chevaux dans le désert. Je l’observe dans les yeux avant d’hausser les épaules tout en chuchotant.

" J’imagine que je suis le seul à m’en inquiéter."

Je tapote l’encolure avant de me saisir de la couverture pour la mettre sur mes épaules, me préservant du froid nocturne. Je prends ensuite la tente et après quelques essais. J’abandonne l’idée de la monter seul et cherche quelqu’un susceptible de m’aider.

Mon regard tombe sur la lopette, assis à côté d’une souche, à l’écart du groupe.

L’occasion de faire la paix, je crois qu’il n’a pas très bien pris ma plaisanterie. Je m’empare d’un fruit dans mes réserves et ramène Gaika en compagnie des autres montures, imitant leurs manières de faire pour les attacher.

Je m’approche ensuite de Krayne et lui propose de partager mon fruit en souriant.

"J'ai pas pensé à prendre de la bière donc ça reste encore ce que j'ai de mieux à partager. Sans rancunes pour ma petite boutade j'espère."

C'est maussade qu'il accepte mon présent et mord dedans à pleines dents avant de m’adresser la parole d’un ton peu engageant.

"Mouais. Certains aventuriers feraient bien d'apprendre à tenir leur langue. Toi, ça va, t'as pas l'air d'être un mauvais bougre... Mais ce shaakt, là. Et l'humoran qui l'accompagnait... J'ai bien cru que j'allais les encastrer. J'suis pas mécontent qu'ils ne soient pas de notre compagnie."

D'abord surpris qu'il parle autant je lâche ensuite un rire avant de m'asseoir à côté de lui.

"Endar et Sirat. J'ai fait un petit bout de route avec eux la dernière fois que je suis venu sur Aliaénon et si Endar s'est toujours dressé contre Vallel et son armée, ça n'a pas été le cas de l'humoran qui a fait un trou énorme dans la muraille de Fan-Ming. Encore maintenant je ne sais pas vraiment quel est son but... Mais ils peuvent être sympathique."

Son regard devient sombre.

"Alors peut-être aurais-je du l'encastrer. Face à l'Ombre d'Oaxaca, nous ne pouvons souffrir d'aucun élément incertain."

J'hausse simplement les épaules devant son regard.

"C'est pour ça que tu es venu ? Encastrer des trucs d'Oaxaca ?"

Il renifle.

"Ouais. Ouais, c'est pour ça qu'je suis là. Et toi ?"

"Pour apporter mon aide. Tu pars tout au sud alors, avec elle ?"

Dis-je en désignant sa protégée qu'il ne quitte pas du regard. Il grogne.

"Hmpf. Non, personne ne part au sud. Y'a bien ce nain, là, qui voulait y aller, mais personne le suivait. Tant pis. J'irai plus tard. Le mal semble prendre pas mal de formes, ici."

Je ramène mes genoux contre mon torse, m’enroulant dans ma couverture tout en observant le fameux nain avant de continuer.

"Le seul mal que j'ai croisé ici c'est Vallel et son armée."

J'ajoute après une hésitation.

"Et Naral qui a massacré les Ouessiens et qui a cherché à tous nous buter à Fan-Ming aussi... Mais il y a là-dedans des détails que je n'ai pas très bien compris alors je ne veux pas trop m'avancer. Quant au nain il vient nous aider dans le désert en espérant qu'on l'aidera par la suite donc je pense qu'on l'accompagnera même si je ne suis pas vraiment certain que donner un coup de pied dans une fourmilière qui se tient tranquille soit une bonne idée..."

Je souris avant de lui demander un peu gêné.

" Ça te dérange si je te demande de m'aider à monter ma tente. Déjà que je ne sais pas monter à cheval, j'ai peur de vraiment passer pour un boulet si j'me foire à dresser un bout de toile..."

"Y'a pas d'mal à faire payer à ces chiens ce qu'ils nous font subir sur Yuimen. J'irai aussi avec le nain. Tu saurais me prévenir avec ces pierres bleues, là, quand vous en aurez terminé dans le désert ?"

Il grimace avant d’aviser ma tente démontée, hausse les épaules et accepte finalement de m’aider. Je lui donne une tape amicale dans l'épaule avant de le suivre jusqu'à la tente.

"Ouais je te préviendrais. Et je dirais au nain que tu es prêt à l'aider. Merci de ton aide."

Grâce à lui, ma tente se dresse assez rapidement et je peux rejoindre les autres près du feu pour manger un peu de viande séchée et un morceau de pain. Je reste silencieux au commentaire du chevalier et propose à Charis de rester debout pour surveiller le camp jusqu’à ce que ce soit son tour.

Après tout je n’ai pas fait grand-chose pour monter le camp, je peux bien faire ça.

((2070 mots sans les dialogues ))

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Mer 25 Jan 2017 14:59 
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Voyage vers l’Est – Tour d’Or < Nagrin.

    Le chevalier à l’armure noire sembla un instant méditatif, aux paroles de Sibelle. Puis, il prit parti de lui répondre le plus franchement possible.

    « Il y a cinq ans, les Ouessiens de Nagorin ont joué un rôle majeur dans l’éveil des Titans et la défense de Fan-Ming, où personne ne les attendait. Il était dit qu’ils étaient les alliés secrets de Naral Shaam, bien que celui-ci aurait dévasté leur peuple devant plusieurs aventuriers. Mais nul n’a jamais compris le rôle réel qu’ils avaient joué. Si par la suite, la présence de l’un d’eux au Conseil d’Or donnait l’indice d’une ouverture de ce peuple mystérieux, ça s’est vite démontré illusoire. Dès lors qu’Ouesseort fut rebâtie et habitée par les Ouessiens, les Illuminés de Nagorin ont appelé à un blocus de leur cité, et le Conseiller Triman a abandonné ses obligations à la Tour d’Or pour les rejoindre. On dit qu’ils gardent un avatar du Sans-Visage en leur Temple, qui aurait été… maudit. Mais là encore, ce ne sont que des rumeurs : nombre des miens bataillent depuis lors pour entrer dans la cité… En vain. »

    Nastya, elle, se blottit contre Sirat et, alors qu’elle s’installait pour dormir, répondit brièvement à l’humoran.

    « L’aventure, ser. Comme nous tous, n’est-ce pas ? Je brave les dangers, car c’est ma raison de vivre. De terres, je n’en ai plus depuis qu’Oaxaca a pris la ville de mon enfance, Pohélis. »

    Et sans plus parler, elle s’endormit contre l’homme-lion.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Ven 27 Jan 2017 09:21 
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Montant sur mon étalon, je me mis en selle et le faisant se cabrer sans attendre Ernold, je ris en commençant à galoper. Il me rejoint assez vite, ayant lancé son cheval également. Je talonnai Ganko, afin de partir plus vite et de le distancer, ayant soif d’espaces, de liberté. Je voulais aller encore plus, toujours plus vite. Cette vitesse était grisante, le vent laissait flotter mes cheveux, se faufilait entre eux, je le sentais sur ma nuque et j’avais l’impression de pouvoir enfin vivre comme je l’entendais.

Je ne distinguais que des couleurs. Un camaïeu d’or autour de moi, que ce soit l’or des épis de blés, l’or des pavés ou celui de l’herbe. De vagues formes. Je commençais à apprécier Aliaénon.

Kazue aurait-elle aimé cet endroit ? Le pendentif à mon cou volait lui aussi. La liberté était son amante, elle l’avait embrassée, et s’était unie à elle. Je crois qu’elle aurait aimé ce monde, oui.

L’air flattant sa robe noire, je me permis de me lever de ma selle, gardant les pieds sur l’étrier et une main sur le pommeau sans oublier les rênes. Ma préceptrice, cavalière émérite, m’avait toujours conseillé de laisser le cheval guider mais de garder une main souple sur les rênes, écartant les bras du corps et évitant de rapprocher les rênes vers moi.

C’est ça, de se sentir libre. Aussi immatériel que le vent, aussi irréel et éloigné de la réalité que les contes. Mon cri de joie résonna dans l’air, pendant que je me rassis sur ma selle et ralentis pour laisser Ernold me rattraper. Le pauvre, il n’avait eu de chance en m’ayant comme partenaire. Je lui adressai un petit sourire d’encouragement.

Au bout d’un moment, le paysage qui deviendrait familier de la plaine d’Or laissa place à des steppes embrumées, un paysage plus naturel, volonté de la nature et non ouvrage des Hommes.

Restant silencieuse, je laissai mon esprit dériver vers de vieux souvenirs. Petite, je montais un poney. Un shetland, pour être exacte. Un shetland gris pommelé avec des attaches fines, que j’avais nommé Nii. Dans le manège, je devais suivre les conseils de ma préceptrice. Garder les talons vers le bas dans l’étrier, ne pas ramener les rênes près de soi, passer les rênes sous l’index, sur le majeur et sous l’annulaire. Garder le dos droit. Ne pas serrer les rênes, qui serreraient le mors et les ramènerait au fond de sa bouche, ce qui le blesserait. Calquer son rythme sur celui du poney, afin de savoir quand se lever et quand se rassoir, gardant le plus d’appui possible sur les étriers. Éloigner les bras du corps.

Tous ces conseils étaient durs à appliquer en même temps, il fallait vite corriger sa posture. J’y réussissais plutôt bien. J’aimais monter, et je continuai à le faire, trouvant à chaque fois un moment pour le sangler et partir. Je voulais partir très loin de chez moi. Et maintenant que j’en suis loin, je suis fière. J’ai l’impression qu’un douloureux poids est parti.

Yuki et moi faisions des courses. La plupart du temps, c’est moi qui gagnais. Je m’entendais vraiment bien avec Nii. Maintenant, il m’attend toujours, même si maintenant je monte des chevaux. Et je viens toujours lui porter une carotte, ou nettoyer son box. Je refusais qu’un autre s’en charge. Alors oui, je sentais mauvais, mais je n’en avais cure. J’aimais mon poney, et pour lui j’aurais fait n’importe quoi.

Le temps passait vite, et déjà la lune s’était levée. Sa lumière, seul repère dans la nuit nous éclairait, nous baignait de sa douce lueur rassurante et familière.

Nous devions commencer à ménager nos montures. Ganko devenait plus lent, je sentais ses muscles puissants qui devaient travailler un peu plus qu’ils n’avaient eu à le faire afin de conserver le même rythme.

Nous eûmes la chance de croiser une auberge de voyage, dans laquelle Ernold proposa de s’arrêter pour la nuit. Du moins, il me fit signe que l’on allait s’y arrêter. Le garçon d’écurie, un petit garçon pâle aux cheveux noirs comme la nuit prit les rênes de nos chevaux et les amena dans l’écurie, nous laissant pénétrer dans l’auberge. Modeste, elle ne contenait que quelques personnes.

Un homme aux cheveux gris emmêlés et qui possédait une balafre au coin de la bouche, ne facilitant pas sa diction nous souhaita la bienvenue à l’Auberge du Poney Écartelé. Il nous dit de nous installer pendant qu’il allait nous chercher de quoi nous restaurer.

L’auberge du Poney Écartelé. L’image de Nii écartelé me vint en tête et je faillis fondre en larmes. J’étais beaucoup trop attachée à cet animal pour le laisser mourir, surtout dans d’atroces souffrances. S’il l’avait fallu, j’aurais préféré y mettre fin moi-même que de le laisser souffrir une minute de plus. Je tenais plus à cet animal qu’à certains humains, pour dire.

Une fois installés, l’aubergiste nous apporta un bouillon de volaille et une miche de pain, sans oublier la carafe de vin qu’il avait coupé à l’eau. J’arrachai un bout de pain et commençai à me rassasier sans un mot, comme mon compagnon. Je pris un verre non sans une grimace, n’aimant pas ce vin.

Sa femme était sûrement en cuisine et son fils devait être le petit garçon que nous avions vu en arrivant. “Femme” et “Cuisine”. Deux mots que l’on associe beaucoup trop aisément à mon goût. J’aurais préféré qu’il en soit autrement, mais c’est ainsi que cela se passe et pas autrement. Quel dommage.

Je jetai un coup d’œil en arrière rapidement, histoire de voir qui d’autre était présent. A part un vieil homme qui sirotait sa bière appuyé contre son bâton dans un coin et un chevalier qui semblait fort bien armé, personne d’autre n’était là.

D’ailleurs, ce dernier vint nous rejoindre pour discuter, nous demandant ce qui nous amenait si proches de la plaine d’Or, n’ayant pas l’air du coin. Je souris discrètement, nous en venions justement.

Il fût ignoré par Ernold, qui continua à manger dans le plus superbe des silences. Semblant offensé, il chercha un secours chez moi, un semblant de réponse. Ne voulant pas dévoiler ce que nous faisions si facilement, on ne sait jamais, je bricolai une réponse rapide :

Qui sait ? Il semble que nous sommes bien partis pour devenir des héros. Vous entendrez peut-être des rumeurs contant nos exploits. J’adore les rumeurs. Les faits sont parfois trompeurs alors que les rumeurs, vraies ou fausses, sont souvent révélatrices.

Et, lui adressant un clin d’œil, je me replongeai dans l’absorption de ma nourriture.

[1086 mots, et la citation d'Inglorious Basterds.]

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 00:01 
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~8~



Une fois en selle, une bonne partie de ma tension se dissipe. Sans doute est-ce par habitude, parce que mes émotions ont tendance à influer sur ma façon de chevaucher Ganko. Certes, ce cheval n'est pas mon compagnon gigantesque, mais il est rude de se débarrasser d'habitudes. Le duo que nous allions former avec Dame Dorika Knerses a bien changé. La voie vers certaines cités est commune à plusieurs groupes. Ainsi, en plus de la jeune fille, du loup sombre et des frères Dongho viennent trois des Sauveurs, l'elfe cette fois-ci équipée, le thorkin devant ronger son frein de ne pas pouvoir aller chercher les siens, le gigantesque Ser Krayne Vassiliev et le Chevalier Thersien. C'est d'ailleurs ce dernier qui mène l'expédition.

Mon groupe mettra quatre jours à rallier la capitale pâle, et dès demain nous nous séparerons de ceux se rendant à Arothiir dès une fois la Forêt d'Emeraude atteinte. Je me sens divisé quant à cela. Une telle troupe contrarie ma curiosité par sa taille. Je me vois mal aborder la jeune femme d'Exech ouvertement, pour lui demander des précisions sur ses projets. D'un autre côté, j'ignore si j'aurai le temps de le faire plus tard. Je finis par laisser ces préoccupations de côté pour garder mes compagnons à l’œil. Je me pose bien des questions sur ce qui a poussé les deux frères à se joindre à moi, et surtout duquel vient l'idée. Ser Celemar ne semble avoir aucun souci à s'exprimer, contrairement à son massif parent. Et pourtant, je me sens moins gêné à l'idée de le fréquenter lui plutôt que son volubile frère.

Toutefois, en bon ynorien, je prends la décision de ne pas m'imposer aux autres durant le trajet. Je suis certain que les pauses et le campement du soir suffiront, ce qui me permet de me détendre un peu et d'observer les alentours. La plaine d'or laisse peu à peu place à des vallons et bosquets, et l'attention que je porte à l'environnement n'est pas des plus utiles. Rien de bien notable ne se passe, ou presque. Un cheval à la robe pommelée s'avance à mon rythme, portant la jeune femme du désert Sauveuse d'Aliaénon. J'incite ma monture à ralentir légèrement ses foulées, conscient qu'elle souhaite parler un peu avec moi.

Un sourire avenant au visage, elle me salue et déplore presque que nous n'ayons jamais eu l'occasion de faire connaissance auparavant. Apparemment, elle a entendu parler de moi de façon positive. Dignement, je fais un signe de tête à Dame Charis Kel Asheara avant de lui répondre.

"Il est vrai que nous n'avons guère eu d'occasions pour nous y adonner lors de notre dernier passage. Honoré de faire votre connaissance, Dame Kel..."

Je me rappelle brusquement avoir entendu un peu plus tôt la jeune femme corriger la façon dont le Chevalier l'avait appelée. Je fais donc de même.

"Dame Asheara. Sergent D'Esh Elvohk Kiyoheïki, d'Oranan. Merci encore pour cette nouvelle pierre de visions."

Mes propres paroles me font penser à celle que je porte, et j'extrais d'une main le bijou masqué contre mon torse.

"J'imagine que ceci motive votre voyage ?"

Mon interlocutrice confirme ce que j'avais deviné. Elle compte enquêter là où se trouve la pierre maîtresse, ce qui ne sera pas facile. Là encore, la politique locale semble tendue. La jeune femme me questionne alors sur mes buts et mes pensées quant à tout ceci. J'étreins brièvement la pierre, la range et rassemble un instant mes idées pour lui donner une réponse claire.

"Tension et conflit sont les termes qui nous ont accueilli en Aliaénon. J'ai l'impression d'avoir fait deux pas en arrière après en avoir effectué un en avant. Est-ce le Sans-Visage qui a provoqué ces ruptures ou reflètent-elles malaise plus profond, difficile à dire. Pour vous parler franchement, ma Dame, je ne me sens pas aussi légitime aujourd'hui que lors de ma première venue."

Lors de mon précédent séjour, j'avais à coeur de lutter contre les armées sombres pour défendre ma Patrie. J'étais là en tant que volontaire et milicien, et surtout patriote. Mon peuple était directement menacé par un dénouement malheureux. Mais aujourd'hui ? Certes, j'ai des amis en Aliaénon, mais ce monde n'est pas le mien. J'y suis un étranger, un ancien héros qui les a délaissé cinq longues années.

Pensif, je reporte mon regard au loin avant de le ramener vers mon interlocutrice. Je suis inquiet, mais je m'efforce de ne pas le montrer.

"La Reine Sheeala d'Argentar n'abandonnerait pas le Conseil si les troubles étaient mineurs. Je veux savoir ce qui se passe. L'épauler dans cette affaire pour qu'elle puisse siéger à nouveau. Ce sont de mes amis qui dirigent Treeof et Andel'Ys. Je les imagine mal être entrés en conflit.""

Dame Charis acquiesce, confirmant que nous manquons trop d'informations pour nous faire un avis définitif. Cependant, de son côté, elle estime que notre présence est totalement légitime, car nos regards sont neutres et neufs, et nos volontés pour aider ces peuples nous donnent une certaine force. Ses propos ont l'étrange effet de me rassurer, de m'apporter un brin de soutien idéal. Je lui fais un léger sourire à mon tour.

"Votre cœur est fort. Si le mien s'est affirmé, il est encore par trop semblable à celui d'un enfant. Je vous remercie pour vos paroles. Leur sagesse est précieuse car je n'avais pas abordé la situation sous cet angle."

De nouveau, j'incline la tête avant de reprendre une expression un peu plus stoïque.

"Puisse cette pensée ne pas monter trop rapidement à la tête de certains Sauveurs. Les propos tenus à l'égard des Chevaliers recelaient une violence inappropriée."

Brièvement, le visage de Khar'Tal me revient en tête et je reporte mon attention vers la jeune femme.

"Cinq années se sont écoulées, largement assez pour un entrainement. Pensez-vous que certaines de vos connaissances pourraient avoir rejoint leurs rangs ?"

Mon interlocutrice me parait sereine quant à cette question. Elle ne s'est apparemment liée qu'à des personnes visiblement peu enclines à se joindre aux Chevaliers. Mais de mon côté, plus j'y songe, moins je serais surpris d'entendre que mon jeune ami aurait pu les rejoindre. Dame Asheara fait ensuite un constat. Les Chevaliers sont dévoués à leur cause mais ne semblent pas savoir comment s'y prendre.

"D'où l'appel, je suppose. En tant que yuiméniens, nous sommes peut-être moins prévisibles qu'eux. Ou peut-être est-ce parce que nous sommes extérieurs à ce monde, et n'avons donc jamais été liés au Sans-Visage, que nous avons davantage de chances. Mais plusieurs questions demeurent. Est-il possible de neutraliser un immortel ? Est-il toujours présent en ce monde ou est-ce son souvenir qui motive ses ouailles ? Aliaénon est devenu immense. Plusieurs années n'ont sans doute pas permis de passer chaque territoire au peigne fin."

Courte pause pour rassembler mes idées puis je poursuis.

"Si l'on pouvait cerner la véritable nature de cette entité, le mystère serait peut-être moins épais."

Je sens mon regard brièvement s'écarquiller aux paroles suivantes de la jeune femme. Une prouesse. Un simple souhait de cet être méconnu aurait suffi à détruire une cité ? Soit il est doté d'une puissance phénoménale, soit il dispose d'un pouvoir de persuasion effrayant. Mais il se serait certainement débarrassé de tous ses opposants si tel était le cas. Je ressens une appréhension similaire à celle que j'ai eu lors de l'émergence du Titan de Magie. La tâche est à son image : colossale.

"Alors il nous faudra redoubler de prudence. Peut-être le passé des différents peuples recèle-t-il quelque chose que nos yeux d'étrangers parviendront à déceler. Mais avant cela, nous aurons certainement notre lot d'obstacles à surmonter. A commencer par les problèmes concrets des ressortissants d'Aliaénon."

Je crispe un peu les poings avant de m'apercevoir tenir un discours qui ne me ressemble pas. Bien trop défaitiste. Je secoue lentement la tête.

"Dont nous aurons le temps de nous préoccuper une fois sur place. Présentement, cerner nos compagnons de route me parait tâche davantage à notre portée."

Dame Asheara approuve mes paroles et m'incite à la contacter via la pierre dès que j'aurai besoin de son aide ou une information apprise.

"De même, ma Dame. Ces pierres sont fascinantes. Je me demande bien à quand remonte leur premières utilisations. Un mystère de plus. Il y a tant de choses que je souhaiterais apprendre... "

Espérons cette fois-ci que nulle armée sombre ne viendra causer une situation d'urgence. Que j'aurai le temps de parler avec Dame Talia, dont le visage me revient en mémoire. J'ai hâte de savoir ce qu'elle est devenue et en même temps, je redoute de l'apprendre. Mon coeur est troublé, mais j'ignore par quoi en vérité.

"Qui sait ? Nous aurons peut-être davantage de temps pour recueillir quelques savoirs au cours de nos voyages."

Mon interlocutrice m'apprend que les nouvelles pierres ont été façonnées récemment, contrairement aux premières dont elle espère découvrir les secrets. Je ferme le poing que j'appose contre mon sternum et incline la tête avec gratitude.

Cet échange cordial me permet de me détendre un peu et surtout d'être rassuré quant à la personnalité de la jeune femme. Elle m'a l'air réfléchie et emplie de bonne volonté. Je me demande si tous nos camarades de route sont ainsi. Je devrais m'en assurer lorsque nous nous arrêterons. Peut-être serai-je enclin à partager quelque chose de plus personnel à l'avenir, mais sur l'heure, je préfère m'en tenir à une respectable distance et une camaraderie polie. D'un commun accord, nous mettons fin à ce petit échange et je reprends mon observation du paysage, jusqu'à ce que le soir tombe.

Le Chevalier Thersien finit par nous faire faire une halte dans un endroit particulier : au beau milieu d'un troupeau de buffapas. Des bêtes placides, semble-t-il. Comme mes camarades, je m'attèle à la montée du campement, mais la préparation de la nourriture et la corvée de bois semblant réunir quelques adeptes, je choisis, après avoir monté la tente deux places, de prendre soin de la monture prêtée. J'espère ne pas l'avoir trop poussée.

Quelques temps plus tard, alors que le groupe se réunit pour partager le repas, Ser Thersien fait part de sa surprise de voir nos voisins à cornes si loin au sud. Peut-être que quelque chose les a chassé des environs froids, détail qui me cause une pointe d'inquiétude pour notre cité-colonie. Poliment, je goûte au repas collectif, tendant l'oreille à la proposition de Dame Charis quant aux tours de garde. Ser Xël se porte volontaire rapidement. Je lève mes yeux violets sur l'assemblée avant de prendre la parole.

"Mon corps n'a pas besoin de beaucoup de sommeil. Je devrais être assez reposé pour m'occuper du deuxième tour."

J'avale le reste de ma ration avant d'orienter mon attention vers le seul résident d'Aliaénon du groupe.

"Vous avez dit ces animaux placides, Ser Thersien, mais la proximité d'un troupeau si vaste près du camp me laisse songeur. Ont-ils des prédateurs dans la région qui pourraient éventuellement causer un mouvement de panique ? "

La perspective d'être piétiné pendant que nous sommes les plus vulnérables n'a rien de réjouissant.




(1 840 mots)

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Dernière édition par Kiyoheiki le Mer 1 Fév 2017 20:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Voyages en Aliaénon
MessagePosté: Sam 28 Jan 2017 03:15 
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Le chevalier à l’armure noire ne répondit pas immédiatement à Sibelle prenant le temps, sans doute, de décider ce qu’il voulait ou non lui dévoiler. Le silence dura alors un petit moment, l’elfe noir en première position à l’avant s’était allongé de tout son long et semblait vouloir observer quelque chose en particulier. Curieuse, Sibelle jeta un coup d’œil, mais n’y vit rien d’intéressant.

Puis, Gasaru consentit à dévoiler certaines informations. Il raconta que cinq ans auparavant, les ouessiens avaient joué un rôle majeur dans l’éveil des Titans et dans la défense de Fan-Ming. Ils se révélaient à être les alliés secrets de Naral Shaam, bien que ce dernier ait dévasté leur peuple devant les sauveurs d’Aliaénon.

(Je comprends un peu plus pourquoi les sauveurs d’Aliéanon se méfient de lui.)

Il expliqua que personne ne savait réellement quel rôle, les habitants de Nagorin avaient joué. Cependant, tous avaient cru à une ouverture de la part du peuple mystérieux puisque l’un d’eux siégeait parmi les membres du conseil. Cependant, ils furent vite désillusionnés, car le conseiller Triman avait finalement abandonné son poste pour rejoindre ses congénères. Depuis, l’accès à cette ville était fermé aux étrangers. Pour ce qui est des rumeurs, il semblait que les ouessiens gardaient un avatar du Sans-Visage dans leur temple. Beaucoup de chevaliers d’or avaient tenté de forcer les portes de la cité, en vain.
A sa droite, Sirat avait accepté de surveiller la jolie Nastya, qui humaine, avait besoin de beaucoup d’heures de sommeil. Lui permettant de se blottir contre son impressionnante poitrine, Sirat s’informa des intentions de celle-ci. Elle répondit qu’elle était attirée par l’aventure et que braver les dangers était sa raison de vivre. Cette réponse plut beaucoup à Sibelle puisqu’elle jugea que cette combattante pourrait leur être un précieux allié. L’humaine s’endormit dans les bras de l’humoran.

Réfléchissant encore à la mission qui les attendait, la maître d’armes questionna de nouveau le chevalier d’or.

« Notre hôte nous a indiqué qu’il nous déposerait à l’extérieur de la cité. Vous savez exactement où c’est ? »

Sibelle espérait qu’ils ne dormiraient pas dehors. Elle n’avait pas pris de tente, et ne se souvenait plus si Sirat avait pris cette précaution. Puis s’en voulant de ne pas s’être préparé suffisamment, elle questionna de nouveau.

« Et pour la température, c’est seulement en hauteur qu'il fait froid ou également sur la terre ferme dans les alentours de Nagorin ? »

Elle espérait qu’il réponde que la température serait plus clémente une fois au sol. Ainsi elle s’en voudrait moins de ne pas avoir apporté le chaud manteau qu’elle avait pourtant effleuré du bout des doigts. Elle s’était fiée au climat d’y avait cinq ans, sans prendre la peine de s’informer si celui-ci avait changé. Elle n’en voulait pas à l’humoran, il lui avait répondu selon son expérience antérieure tout en précisant que cela pouvait avoir changé. C’était à elle de vérifier et elle ne l’avait pas fait.

Une fois que Gasaru lui eut répondu, elle ne posa plus d’autres questions. Pendant les dernières heures de vol, alors que plus personne n’avait besoin de sa surveillance, elle ferma ses yeux afin de méditer quelque peu. Bien que la méditation s’avérait moins profonde que le sommeil. Elle prit tout de même la précaution d’agripper le bras gauche de l’humoran afin de se tenir en cas de chute.

(((559 mots)))

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Sibelle, Maître d'armes


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