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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Sam 1 Déc 2012 13:56 
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Bella te regarde à l’instant de ta boutade, mais elle se contente de hausser les épaules en te souriant. Elle ramasse ce qui semble être un décor de théâtre et se rapproche de vous.

Elle parle aussi bien qu’elle présente, tas pas l’air d’une gourde pourtant. Lyam a la langue trop pendu et trop lourde, surtout en présence de femme.

Lyam esquisse un sourire crispé.

Avrel a mal négocié un trou, la roue a cassé. J’espère qu’on ne sera pas en retard à la foire, histoire de se saouler un peu, avant de bosser pour ces nantis. Et surtout qu'on évitera les voleurs, ou le corbeau blanc.

Adrien est descendu, il offre son aide dans la mesure de sa faible carrure. Mais les outils qu’il donne semblent utiles et la roue est en train d’être réparé.

Et toi tu sors d’où ? C’est ton mec ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 4 Déc 2012 19:11 
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Mon mec ? Non mais je donne franchement l’impression d’être stupide au point d’avoir un mec attitré ?!

« Non, juste un employeur et un cocher. Il est du genre aider, il semblerait. »

Je ne peux pas m’empêcher, en disant cela, de le désigner du doigt alors qu’il sort des outils pour ce groupe de clampins.
Moi, je reste assise dans la charrette, accoudée et légèrement penchée pour pouvoir mieux parler.

« Tu sais, les hommes ont souvent la langue pendue, avec moi, j’ai l’habitude. »

Je repense rapidement à ce qu’elle disait, j’ai tout compris, sauf un point.

« Pour les voleurs, votre brute, si elle ne sait pas conduire, sait probablement bourriner leurs crânes. Par contre, dis-moi, le Corbeau Blanc, c’est le nom d’un clan de malfaiteurs ? Ils ont une spécialité pour que tu les craignes ainsi ? »

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 5 Déc 2012 20:32 
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Elle regarde la brute songeuse.

Avrel, il est doux comme un agneau. Et c'est un merveilleux dresseur de rongeur, disons qu’il est plus une force persuasive pour qui ne le connait pas.

Elle te fait un clin d’œil.

Le corbeau blanc, j’en sais pas grand-chose, bien que j’aimerais bien le rencontrer ce gaillard. On dit que c’est un célèbre voleur et que pour le moment il échappe à la justice.

Elle hausse les épaules. Tu te rends compte que la charrette est désormais réparée, avec les bons outils le travail a été vite expédié.

C’est là qu’au loin, venant des duchés, un nuage épais se lève, crée par une troupe de cavalier. Ils seront bientôt à votre hauteur.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Lun 10 Déc 2012 01:11 
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Un voleur qui échappe à la justice ?! Mais c’est un gars d’Exech en fait ? Qu’elle aille là-bas, elle en verra plein des comme ça… et ils n’ont rien d’exceptionnel.

Pendant qu’on parle, les mâles se chargent de réparer la charrette et, enfin, ils réussissent leur lourde mission. Une véritable équipe de bras cassés… pas un n’est capable de faire preuve d’une quelconque force virile. Y’a plus qu’à espérer qu’on ne croise pas des gros durs… mais plutôt des fanfarons.

Genre…ceux qui se ramènent… ça serait cool qu’ils soient juste de passage… et non pas des bandits. Parce qu’avec l’équipe de branquignoles que je me tape, j’donne pas cher de notre cul.

« Dites, c’est qu’il y a du passage sur cette route… »

J’essaie d’avoir l’air détendue, mais je sais bien que je ne suis pas plus crédible que ça. Il va falloir que je m’améliore avant qu’ils n’arrivent. L’autre conne m’a mise sur les nerfs avec ses histoires de bandits… pas faute d’en avoir fréquenté toute ma vie pourtant. Mais j’étais en territoire connu.

Je me remets droite et, surtout, je me crispe sur ma dague, cachée sous ma cape.

Tout…va bien… se passer.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 25 Déc 2012 15:50 
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C'est sans prévenir qu'une voix résonna, une voix familière pour Azra :

« Alors m'as-tu trouvé un nom ?  Peu importe, je vais te laisser le temps de réfléchir à ça durant ton voyage jusqu'à Omyre. Je t'ai laissé dans le doute, mais c'est bel et bien là-bas que tu feras ton premier pas... Marche d'un pas sûr et rapide, c'est d'un usurpateur dont je parle. »


Ce soudain aparté s'arrêta alors, laissant là plusieurs questions en suspend. Une chose reste certaine, le ton était de fer et d'acier, derrière ces mots se cachaient une véritable haine, voir un esprit de vengeance...

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-Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils
souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité.


SOS GM? C'est là
Une question? C'est ici
Une intervention? Par là


Gm nocturne


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 25 Déc 2012 16:52 
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[Précédemment.]

Luli prit la direction des Duchés des Montagnes, la route étant peu fréquentée à cette heure de la journée. Seuls quelques marchants se hâtaient de rejoindre Kendra Kâr pour l’approvisionnement du marché, certainement. Tous saluaient poliment la jeune fille lorsqu’ils croisaient la jeune rousse encapuchonnée. Elle trouvait cette route sans danger et pourtant...

L’image du Woran et de sa férocité lui revenaient sans cesse en tête.
Et si Luli en rencontrait un sur son chemin ?
Elle se ferait probablement déchiqueter violemment et laissée pour morte…
Pire ! La bête l’avalerait toute entière et Luli serait à jamais disparue.

La jeune fille se faisait des milliers de scénarios tous plus incongrus les uns que les autres, attisant un peu plus à chaque fois ses inquiétudes à mesure qu’elle s’avançait. Si elle s’écoutait, elle braquerait tous les passants qu’elle croiserait avec son arbalète.

Après trois petites heures de marche sans la moindre animation si ce n'était celle de son cerveau en ébullition, elle décida de faire une petite pause. La rousse avait vraiment besoin de calmer ses nerfs. Elle alla donc s’appuyer contre un arbre qui se dressait près du chemin. Ne pas s’écarter de la route… Une fois confortablement installée, elle sortit sa gourde et bu une bonne rasade d’eau. Elle soupira d’aise et resta assise de la sorte quelques minutes pour se reposer…

« Bonjoooour, gente demoiselle ! »

Une sorte de gobelin à la peau verdâtre et ridée s’inclina devant elle avant de reprendre d’une voix grave et nasillarde :

« Gofiaux ose se présenter à vous mais il n’aime point importuner les jeunes filles telles que vous, mademoiselle. Il aimerait seulement poser une petite question à la jeune fille.

- Allez-y.

- Hé bien… Gofiaux aimerait savoir si la demoiselle a vu une gobeline passer. Pas plus grande que Gofiaux, verdâtre, une vraie beauté ! »

Luli secoua la tête négativement tout en essayant d'imaginer la beauté en question. Elle ne voyait pas comment un machin tout aussi vert que le gobelin pouvait être beau.

« Je ne l'ai pas vue, non.

- Oh… répondit-il déçu. Tant pis. Gofiaux vous remercie et va continuer de chercher sa femme. »

Il s’inclina une nouvelle fois avant de disparaitre aussi soudainement qu’il était venu, continuant son chemin vers Kendra Kâr. Le reste de la journée fut d'une banalité affligeante, la jeune fille alternant période de marche et un peu de repos.

Au bout d'une quarantaine de kilomètres parcourus, elle décida de s'arrêter pour la nuit en profitant du fait qu'elle était devant un bois où elle pourrait se cacher et dormir à l'abri. Elle en avait assez de marcher, ses pieds lui faisait atrocement mal. Ainsi, elle improvisa un petit campement de fortune dans une minuscule clairière, avec quelques branchages pour faire un feu avant la tombée de la nuit. Son père lui avait appris comment se débrouiller dans la nature et, elle ne pourrait jamais assez le remercier pour ça.

Elle trouvait ironique la façon dont elle était de nouveau dans la nature, livrée à elle-même, comme les jours qui ont suivi la mort de son père. Néanmoins, elle essayait de ne pas trop penser à ça. La pénombre commençait à s'installer et Luli estima donc qu'il était assez tard pour faire cuire les quelques racines comestibles qu'elle venait de trouver en même temps que les branchages pour le feu. Ainsi assise près du brasier, elle observait les flammes lécher les morceaux de bois puis les transformer peu à peu en cendres. Comme un ennemi tenace, il ne lâchait pas les branches, les faisant rougeoyer puis noircir peu à peu.

Elle sortit de sa contemplation par l'appel du ventre qui se faisait sentir. Elle mangea son festin « raciné » avec dégoût, la nourriture étant infecte. Mais au moins, elle n'avait plus faim. Luli prépara son lit fait une couverture qu'elle avait emportée en guise de matelas. Elle déposa son arbalète près de son lit de fortune, éteignit le feu avec un peu d'eau et fut rapidement gagnée par le sommeil, recroquevillée sous l'étoffe qui lui sert de capuchon et sous la couverture repliée sur elle.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mar 25 Déc 2012 17:33 
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Luli fut soudainement réveillée par le bruit d’une branche qui craque. Inquiète, elle regarda autour d’elle dans le but de trouver l’origine de ce son tout en cherchant son arbalète à tâtons. Elle ne voyait strictement rien, la lune était cachée par un nuage. L'angoisse montait, son rythme cardiaque s’accélérait. La rousse ne parvenait plus à se concentrer, elle n’entendait plus que le son du sang qui affluait à ses tempes.

« Qui… Qui est là ? » demanda-t-elle timidement.

Dès que ses doigts se posèrent sur l’arbalète, elle l’agrippa fermement et se leva d’un bond pour ne pas rester une proie facile. D’un geste fébrile, elle chargea l’arme avec un carreau, ancrant l’arbier le plus loin possible afin de tendre la corde au maximum. Elle était prête à tirer.

Luli tremblait de tout son être et ce n’était pas à cause du froid. Elle tournait sur elle-même pour rester aux aguets. Elle ne voyait strictement rien et cela avait le don de la stresser davantage.

Un son terrible épouvanta la jeune fille. Un grognement sourd et guttural qui venait de sa droite. La chose qui venait d’hurler était très proche et elle devait être énorme. Elle se mit en position, le doigt sur la gâchette et recula de quelques pas. Elle tremblait comme une feuille et l’arbalète faisait un petit cliquetis rythmé qui agaçait la jeune fille. Des branches craquaient, d’autres se faisaient malmenées par le monstre qui restait tapi dans l’ombre. Luli était sur le point de devenir folle, elle tentait du mieux qu’elle pouvait de rester concentrée sur la menace qui la guettait. Néanmoins, elle chercha une échappatoire des yeux. Il y avait cet arbre, parfait pour grimper dessus. Sans réfléchir plus longtemps, elle se focalisa sur son ennemi et essaya de deviner sa taille et son poids. Elle cherchait sa position exacte, plissant ses yeux afin de voir quelque chose par cette nuit noire. Elle crut voir quelque chose bouger et tira sans réfléchir.

Apparemment ce n'était pas ça et, dépitée, elle rechargea son arme. Elle avait du mal à placer le carreau correctement à cause du stress et de la peur qui la submergeait. Lorsqu'elle parvint enfin à amorcer l'arme elle se senti un brin rassurée et se reconcentra sur sa cible. Luli ne pouvait pas la louper, au bruit qu'elle faisait, elle devait être énorme. Elle ferma les yeux pour écouter le moindre son. L'adolescente devait trouver précisément l'origine des grognements si elle ne voulait pas finir en bouillie. Elle fit abstraction de son coeur qui battait la chamade, de ses jambes qui flageolaient, de sa peur qui souhaitait la paralyser et resta alerte.

A nouveau, une branche craqua. Luli visa dans la direction du son qu'elle venait d'entendre, plutôt bas pour être certaine de ne pas louper son tir et appuya sur la gâchette. Le carreau s'élança dans les airs jusque dans les branchages.

À en croire le grognement que fit la bête, le carreau l’avait touché. Elle profita de ce moment pour se précipiter vers l’arbre sur lequel elle pouvait se jucher non sans laisser échapper un hurlement de terreur. De la chance ? Très certainement. Mais Luli avait désormais compris que même dans le noir, son ouïe était une précieuse alliée contre les ennemis imposants et bruyants. Elle passa l’arbalète dans son dos et entreprit l’escalade. Elle avait du mal à grimper, ses membres se paralysant peu à peu par la peur qui l’assaillait. Luli avait l’impression de perdre son agilité et ce sentiment se renforça lorsque le monstre couru vers l’arbre. Peut-être l'avait-elle touché mais en aucun cas la blessure était mortelle. Elle avait du toucher les graisses ou une patte. D'ailleurs, ses pattes qui foulaient le sol, donnaient l’impression que toute la terre tremblait sous son poids. La rousse étouffa un cri en mettant sa main devant sa bouche, les yeux exorbités. Elle n’était qu’à quelques mètres du sol et elle voyait déjà la bête l’attraper d’un coup de patte dans une vision d’horreur. Le monstre exprimait son mécontentement par ses grognements caverneux. Lorsque la lune fut dégagée par les nuages, Luli put le voir distinctement :

« Oh non, un ours ! » Murmura-t-elle.

L’ours semblait énorme avec un pelage dense et brun. Ses pattes dotées de griffes énormes étaient faites pour attaquer brutalement ses proies. Sa petite tête, du moins, petite par rapport à son ventre dodu n’était qu’une mâchoire acérée pour mieux dévorer le festin qu’il chassait.

Elle l’imagina en train de grimper à l’arbre pour venir la chercher, elle vit le sang gicler, les viscères s’éparpiller partout. Elle devait agir et vite. Elle ne fit ni une, ni deux, et rechargea son arbalète avec un autre carreau. Elle en prépara déjà un autre dans sa main au cas où. Elle tira sur l’arbier afin de tendre la corde, comme la première fois. Luli s’allongea sommairement sur la branche sur laquelle elle était perchée. Plus elle serait près de l’ours, mieux elle viserait et plus le coup serait violent. Elle voulait le tuer avant qu'il ne le fasse. Mais l’ours dut deviner ses intentions et envoya l’arbalète valser au sol d’un violent coup de patte qui déstabilisa l’adolescente. Elle devait son salut à ses jambes correctement crochetées autour de la branche qui lui avaient ainsi évitée de rejoindre l’arbalète par terre et une fin tragique en petits morceaux.

« C’est pas vrai ! » Pesta-t-elle au bord des larmes.

Dans un geste désespéré elle jeta le carreau qui était encore dans sa main sur la tête de l’ours. Quitte à mourir autant se battre jusqu’à la dernière minute. D’autant plus qu’il ne lui en restait plus beaucoup, des minutes. L’ours s’appuya contre le tronc pour agiter sa patte au-dessus de sa tête dans le but d’atteindre la jeune fille. Bien que dans cette position la bête devait facilement faire près de deux mètres, il ne faisait que fendre l’air dans un grognement mauvais.

« Dégage sale bête ! Va voir ailleurs si j’y suis ! »

Elle en venait à casser les brindilles sur la branche et les jetait sur la bête qui ne semblait même pas y prêter attention. L’ours se lassa le premier. Il se remit à quatre pattes et jeta un coup d’œil à la jeune fille. Il flaira ensuite quelque chose de bien plus intéressant, surement, et parti à la recherche de son nouveau garde marger, du moins c'est ce qu'imaginait Luli.

La rousse resta accrochée sur son arbre, l’air hébété. Elle venait d’échapper à un certain trépas, il était hors de question qu’elle descende. Morte de fatigue, elle s’endormit allongée sur la branche. Il était de toute façon hors de question qu'elle redescende de son perchoir avant le lever du jour.

Apprentissage CC AJ : Tir Instinctif.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 27 Déc 2012 14:20 
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Le réveil fut plus que brutal puisque Luli chuta de l’arbre pour venir s’écraser au sol non sans un cri de surprise. Elle resta quelques instants, immobile, face contre terre, comme sonnée par la chute. Lorsqu’elle se releva difficilement, elle put constater les dégâts causés par la dégringolade. Heureusement, il y eut plus de peur que de mal et s’en tira avec un poigné douloureux, certainement foulé mais pas cassé. Ses genoux allaient probablement avoir de beaux hématomes. Tout en pestant contre sa bêtise de s’endormir dans un arbre, l’adolescente se dépoussiéra en frottant sa main valide contre sa tunique puis contre son capuchon pour retirer brindilles, herbes et terres. Elle remerciait tout de même Zewen du fait que personne n’avait assisté à ce spectacle ridicule. Elle fit ensuite un bandage avec un morceau de tissu qui était dans son sac, prit ses affaires et déguerpit rapidement pour reprendre la route. Sur le chemin, elle inspectait son arbalète qui avait un peu souffert du lancer de l’ours. En réalité, un peu était un euphémisme, le système qui permettait de tendre la corde était totalement cassé, à se demander si quelques morceaux ne s’était pas égarés en heurtant violemment le sol. La voilà qu’elle était sans moyen de défense…

La rousse ne pouvait s’empêcher de constater l’ironie du sort. Elle avait réussi à ressortir indemne de l’attaque du monstre mais un simple arbre avait eu raison d’elle. Elle n’avait pas vu de Woran mais à côté d’un ours, l’humanoïde dans sa cage n’inquiétait plus du tout Luli.

À mesure qu’elle s’avançait vers sa destination, les marchants se faisaient de plus en plus rare. La route de moins en moins bien entretenue. Elle avait hâte d’arriver au lac et de pouvoir se reposer un peu. En fin d’après-midi son vœu fut pratiquement exaucé puisqu'elle arriva au croisement pour se rendre au lac.

[L'histoire continue.]

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 27 Déc 2012 17:31 
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Le voyage se poursuivit le lendemain, ennuyeux. C'était plutôt positif : aucune menace de mort à l'horizon ! Du moins aucune visible...
Régulièrement, des marchands passaient, mais ils refusaient de lui adresser la parole, craignant les racailles dans son genre qui rôdaient sur les routes avec de mauvaises intentions. Ce n'était pas gênant, il pouvait ensuite s'occuper en maudissant ces imbéciles.
Rendrak, en revanche, devait régulièrement se cacher dans les fourrées pour ne pas s'attirer d'ennuis.
Mais alors qu'Azra flânait et flemmardait sur la grande route, une voix qui commençait à devenir familière se fit entendre :

« Alors m'as-tu trouvé un nom ?  Peu importe, je vais te laisser le temps de réfléchir à ça durant ton voyage jusqu'à Omyre. Je t'ai laissé dans le doute, mais c'est bel et bien là-bas que tu feras ton premier pas... Marche d'un pas sûr et rapide, c'est d'un usurpateur dont je parle. »

Le garçon soupira tandis que Rendrak, parti faire un petit tour, revenait tel un cauchemar désœuvré.

« Voilà le retour des voix, lui précisa Azra. Pourquoi a-t-il fallut que je sois fou ? »

Le liykor haussa ses épaules osseuses. La folie de son compagnon n'était pas une nouvelle en soit.

(Chandakar ?)

Pas de réponse non plus.

(Chandy ?)

(COMMENT M'AS TU APPELÉ ?)

(Pourquoi j'entends des voix ?)

(Ferme là ! Je suis occupé à préparer ma futur conquête du monde. Et tu n'es pas fou, tu n'entends pas d'autres voix que la mienne.)

(Pourquoi ça ne me convainc pas ?)

Pas de réponse. Si même Chandakar n'entendait pas, alors ça devait bien être une manifestation de son esprit...

(Non, repris la voix, agacée, c'est juste que je peux le contenir. Jamais il n'entendra ce que je te dirais. Ni tes pensées relatives à moi. Je suis a toi, pas à lui.)

Azra voulut répondre mais la présence s'était de nouveau évanouie. C'était agaçant.

« Je suis un homme libre... libre ! » s'exclama-t-il, le regard levé vers le ciel.

« Qui peut prétendre être vraiment libre ? »

« Merci, Rendrak. Je vois que tu es du genre à me remonter le moral quand il faut... »

« Toujours à ton service. »

Sur ces mots, il reprirent la route. Néanmoins, Azra, marmonnant des paroles indistinctes dans son dépit, devait bien reconnaître qu'il n'avait rien d'autre à faire qu'obéir à la voix. Il était en route pour la cité noir d'Omyre...

Le voyage se poursuivit donc. C'était tellement long qu'Azra se prenait à courir pour essayer d'accélérer le mouvement. Ça ne marchait pas, bien sûr. Il était vite épuisé et devait s'arrêter. Sur les conseils de Rendrak, il finit par se résoudre à adopter un train de marche rapide et augmenta légèrement son endurance pour atteindre un niveau proche de celui d'une vache en pleine rumination.

Le terrain se fit bientôt plus escarpé tandis qu'ils arrivaient dans les duchés des montagnes. Cet ensemble de petites nations et seigneuries sous la juridictions de Kendra Kâr vivaient dans un état beaucoup plus sauvage que la grande ville. Ceci associé à l'air vivifiant de la montagne contribua à améliorer l'humeur du jeune homme.
Il arriva bientôt à la frontière du duché de Luminion, le plus grand, et le passage obligatoire obligatoire vers Omyre.
Il était plus loin dans les montagnes qu'il n'avait jamais été. C'était dans les contreforts dépassés la veilles qu'il avait rencontré Alisé, l'aventurière, et Orkas, le garzok. Pour oublier la peine de la mort de la première, dont il ne lui restait que les gantelets, il se demanda avec amusement s'il y avait une chance pour qu'il retrouve le second à Omyre. Sans doute pas. Et puis, rien ne disait que le garzok ne le tuerait pas à vu. Il l'avait aidé mais ils restaient en principe des ennemis héréditaires... D'ailleurs, cela risquait d'entrainer pas mal de difficultés...

Ce soir là, alors qu'il dominait le paysage, Azra regarda le soleil disparaître à l'ouest. Il s'installa et soupira :

« Belle balade. Finalement, je ne suis pas fâché d'avoir quitté la ville... Cet endroit est magnifique. Je mangerais bien quelque chose de plus consistant ce soir pour fêter ça... »

À peine avait-il parlé que Rendrak s'éloignait en marmonnant qu'il allait chasser et qu'il ne restait qu'à préparer le feu en attendant. Avant qu'Azra ai pu ouvrir la bouche pour lui dire que ce n'était pas nécessaire, il avait disparu.
C'était là quelque chose qui ne finissait pas de surprendre le garçon : malgré sa condition, le liykor se déplaçait dans un silence incroyable, comme s'il lui restait toujours ses coussinets ; et ses ossements noirs lui permettaient de se fondre littéralement dans les ombres.
Il prépara donc le feu et, à peine ce maudit briquet à amadou se décidait-il à fonctionner qu'un lapin dépecé et embroché se plaçait comme par enchantement au dessus des flammes : Rendrak était de retour avec une belle prise bien fraiche. Azra le félicita mais il garda un air sombre.

« Oui, c'est bel et bon... je n'ai jamais été un aussi bon chasseur que depuis que je n'ai plus besoin de manger... »

Il semblait vraiment très négatif, ce soir là.

« Qu'est-ce qui ne va pas ? Regarde ! Le soleil n'est-il pas magnifique dans ses dernières heures ? C'est en mourant qu'il est le plus beau. Peut-être est-ce maintenant que tu es mort que tu vas vraiment pouvoir te révéler ! »

Mais le mort-vivant ne sembla guère sensible à ce qui était l'un des propos les plus joyeux et les plus optimistes dont Azra soit capable.

« J'ai faim... »

Là, le garçon resta interloqué.

« Comment peux-tu avoir faim alors que tu n'as plus d'estomac ? »

« Bonne question... »

Azra interrogeant Chandakar qui se résolu, au bout de quelques minutes, à répondre. Tandis que le lapin cuisait et que la lueur du feu devenait la principale source d'éclairage, la liche expliqua que les mort-vivants éprouvaient parfois des besoins fantômes.

(C'est comme les gens amputés d'une jambe et qui la sentent pourtant encore les démanger. Les squelettes n'ont peut-être plus d'estomac mais leur esprit est tellement convaincu qu'ils devraient avoir faim qu'il finissent par avoir des crampes d'estomac.)

(Mais comment résoudre ça?)

(Qu'as-tu donc à faire ? C'est lui, le serviteur. Il doit être prêt à endurer n'importe quoi pour toi...)

(Dis moi ce qu'il faut faire !)

(Bah, aller... Ça te sera utile de toute façon... Sache que ta volonté s’exerce sur lui à plus grande échelle : tu peux l'invoquer et le révoquer à volonté. Souvient toi comment tu as fait apparaître des spectres. Dis-toi maintenant que tu n'as rien d'autre qu'un spectre plus physique à côté de toi.)

Plus facile à dire qu'a faire... Le jeune homme expliqua à Rendrak ce qu'il se proposait de faire. Cette fois-ci, le liykor se montra un peu plus enthousiaste, confirmant que lors de son passage dans le monde des âmes errantes, il ne ressentait plus rien. Sur l'insistance d'Azra, il accepta de se replonger dans ces moments difficiles pour expliquer ce qu'il avait ressentit. Cela pourrait aider à comprendre le processus, étant donné que Chandakar peinait à le décrire.
L'alliance de trois esprits finit par donner des résultats. Azra commença à canaliser les fluides qui permettaient au squelette de continuer à vivre, mais bientôt, ils lui échappèrent.

(Tu dois te concentrer d'avantage...) grogna la liche.

Le garçon dirigea le regard vers le feu. Il décida de se concentrer en regardant attentivement les flammes. Dans un premier temps, l'apaisement le gagna. Puis, son regard fut attiré par le lapin en train de rôtir. La mort et le feu... un bûché funéraire pour une âme... comme une autre ?
Azra sentit sa tête dodeliner tandis qu'il était envahi d'un étrange sentiment de satisfaction. Il avait tué, cela faisait longtemps, et cela était bien.
Ses yeux se chargèrent d'une noirceur sans fond et il dirigea ce terrible regard vers Rendrak. Il sût alors ce qu'il devait faire.

« Consume toi comme une bougie... en attendant que je te rallume... »


Et il l'éteignit. Un grondement presque extatique monta du liykor tandis que, sous le regard stupéfait du nécromancien, ses ossements et son pelage se fondaient en fumée, dispersés en millions de particules éparpillées comme poussière au vent.
Azra regarda l'emplacement qu'avait occupé son compagnon juste avant.

« Il n'en reste rien ? »


(C'est normal. Il a emporté sa substance dans le monde invisible où elle le garde de pouvoir rejoindre les enfers. Quand tu le rappelleras, il reviendra.)

Un hochement de tête. C'était en effet très facile, mais dur à expliquer. Le garçon était content d'avoir réussi.

(Alors, je suis un vrai nécromancien, maintenant.)

Ce n'était pas une question.

(En effet.)

(Ça ne te fais pas peur ? Je pourrais apprendre comment te renvoyer...)

Un ricanement :

(Pour ça, il faudra que tu sois meilleurs. Bien meilleur...)

De lourds secrets

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 28 Mar 2013 16:15 
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« Si les voyages forment la jeunesse, ils déforment aussi le dos » aurait pu être la maxime de Calimène au bout de deux journées de trajet.

Bien que haut et stable, deux jours de monte sur le dos de Légion avait apporté à Calimène une prise de conscience nécessaire et peut-être pour l’avenir, salvatrice. Urbaine depuis trop longtemps ses muscles s’étaient adaptés à l’escrime et à la monte sur de courtes distances. Fine et droite, elle avait perdu sans s’en rendre compte ce qui faisait l’essentiel d’un chevalier vivant d’errances et d’aventures : une endurance et une énergie à toutes épreuves. Plusieurs années auparavant, en compagnie du Chevalier-Sirène précédent, elle avait vécu quelques mois de péripéties et de circonstances imprévues qu’une vie citadine avait fini par lui faire oublier : vivre de peu, conserver ses forces et toujours rester sur ses gardes et à l’affût.

L’imprévu – par définition – pouvait surgir à n’importe quel moment et pire, sous n’importe quelle forme. Les quelques voyageurs avec lesquels elle s’était quelques heures liés l’avaient mise en garde contre les aléas de cette route pourtant fort fréquentée. Si les plaines recelaient quelques fois l’activité de bandes éparses intéressées par l’obtention de quelques subsides et autres donations, c’est toutefois aux abords des montagnes que la nature prélevait son tribut de sang. Des rumeurs pas si folles circulaient sur l’agressivité des loups lors des saisons les plus fraiches et sur l’humeur parfois exécrable des ours dérangés par mégarde ou simplement attiré par le fumet d’un repas un peu trop arrosé. Evidement tout ceci n’était rien en comparaison des araignées buveuses de sang dont on lui avait vanté la dangerosité.

Bien qu’elle ait suspecté une tentative de certains pour l’impressionner, elle était restée dubitative lors de ces échanges. Comme chez pas mal de monde Calimène avait ce genre d’insectes en sainte horreur et c’est d’une prière à Gaïa qu’elle tenta de sortir l’image d’une créature arachnoïde atteignant le mètre de hauteur.

« Trop effroyable pour y penser » grinça-t-elle en frémissant sur sa monture.

X X X


Promis au cachot, Victorin savait aussi se montrer cachotier. En récompense de sa participation à la résolution de l’affaire dite « des Empoisonneurs de Kendrâ-Kar » le fringant Capitaine avait été nommé à la tête d’une expédition destinée à retracer les positions d’éventuelles forteresses naines tombées en désuétude. Insigne honneur ou brimade doucereusement travestie ; le doute n’était guère possible. Et pourtant la mission – au grand dam de ses commanditaires ayant exercé leur influence en secret – était en passe d’être réussie.

La monture du Capitaine autrefois affecté à la surveillance de la Porte piaffa d’impatience, sollicitant son cavalier de manière ostensible. Ce dernier, plongé dans l’observation de la forteresse endormie, réajusta la position de son arbalète sur sa cuisse. L’objet de ses convoitises se tenait devant ses yeux : à flanc de montagnes des murs d’enceintes hauts et intacts, une porte d’airain et de bronze encore juchée sur ses gonds et des bâtiments, dont certains troglodytes, construits pour durer.
Il inspira et expira longuement. A la situation actuelle, une seule déduction possible : Si la forteresse n’avait pas été prise de l’extérieur ; c’est qu’elle était tombée de l’intérieur.

Du talon il orienta sa monture vers une piste rejoignant une vallée voisine. Leur objectif satisfait, il avait convoqué Calimène.

En espérant de fait ne pas être en train de creuser leur tombe commune.

X X X


Malgré la présence de loin en loin de quelques voyageurs, Calimène profitait du semblant de solitude que l’on ressentait parfois lors de longs voyages. Similaire à la sensation parfois ressentie en fréquentant un port, lieu de partance vers tous les possibles, elle avait en cela un petit quelque chose de plus et de difficilement identifiable.

Adossée à un arbre, Calimène avait trouvé un refuge temporaire pour la nuit. Les branchages, hauts et fournis, l’abriteraient du désagréable crachin qui parfois pleurait sur le continent en cette saison, surtout au petit matin. L’aspect rugueux de l’écorce, loin d’être désagréable, lui massait légèrement le dos et l’odeur de la sève vivace embaumait l’atmosphère.

Cerné de toutes parts par des pierres récoltées ici et là, un petit feu soutenait la température et fournissait à la jeune femme réconfort et animation. Si les flammèches avaient initialement eu du mal à prendre sur le bois, c’est désormais d’une belle manière qu’elles dansaient sous ses yeux et crépitaient d’excitation. La vision, propice au vagabondage de l’esprit, la subjugua quelques instants.

« Humm… » Grommela-t-elle, insatisfaite d’avoir laissé sa garde se relâcher durant un laps de temps difficile à déterminer. Elle inspira longuement et expulsa de ses poumons le trop plein d’air en même temps que ses mauvaises humeurs.

Organisée et précautionneuse elle prenait un grand soin, en fin de journée, de vérifier l’état de son paquetage, le niveau de ses gourdes et l’aspect des quelques denrées qu’elle avait emporté avec elle. Puis elle achevait cette tournée d’inspection par les soins dispensés à sa monture. Grincheux et revêche, l’animal – sinistrement nommé Légion par son premier détenteur – se laissait toutefois faire avec une passivité notable. Etait-ce là le signe de son aval pour ces attentions ou son total désintérêt de la chose était encore difficile à déterminer.

Comme attirée par un signal inaudible et pourtant impérieux l’attention de Calimène se focalisa sur l’une des sacoches de cuir qu’elle avait entreposé au sol lors de leur installation. Celui dont le contenu n’avait rien d’avouable ; des gants mortifères, de sinistre réputation. Sans les voir la Dame responsable de la Maison Ligure pouvait toutefois les décrire sans mal.

Nés d’une matière dont le nom échappait à toute identification, leur texture évoquait à la fois un tissu satiné, l’articulation de pièces métalliques et un grain similaire à un onyx détrempé. A bien y regarder, le revêtement paraissait parfois s’altérer de lui-même sans qu’on modifie la position de l’objet : signe rendant improbable toute hypothèse liant l’orientation de la lumière à ces altérations subtiles de leur couleur. De même, l’objet attirait l’attention de par son étrange aspect. Dès lors, voir l’imagination de l’observateur s’emballer n’aurait rien eu d’inattendu tant il s’agissait là d’une curiosité.

Pour autant, au su de son origine, la nature intrinsèquement magique – pour ne pas dire sorcière – de cet artefact était indiscutable. Possédé par une Dame Obscure de Kendra-Kâr, c’est sur les indications de l’Emissaire qu’elle avait pu en obtenir la possession. Mettre à mort la nuisible qui en était la détentrice n’avait été qu’une gratification supplémentaire : Kendra-Kâr ne sentirait peut-être pas meilleur mais puerait probablement moins.

Restait à considérer le prix que réclamerait l’Emissaire un jour prochain.

Irrésistiblement elle éprouva le besoin de vérifier leur présence. Au mépris de la logique et de toutes raisons – les gants n’allaient pas prendre la poudre d’escampette de leur propre initiative – elle se pencha sur sa sacoche et manipula un petit étui en bois. Du pouce elle fit jouer le mécanisme de la boite et repoussa le couvercle de la boite.

« Evidement » dit-elle à mi-voix en constatant la présence alanguie des gants.

Elle ressentit pourtant le besoin de les prendre en main, de les soupeser et d’en faire une inspection plus détaillée. Et de faire ce qu’elle n’avait encore jamais osé par crainte d’opérer cette partie de l’examen au sein de la demeure familiale : les passer sur elle.

Elle ficha ses doigts sans rencontrer de difficulté particulière mais sans se départir de le sentiment superstitieux d’aller à la rencontre d’une mauvaise surprise ; comme un doigt à nu allant à la rencontre d’une araignée tapie au fond du vêtement. Elle inspecta sa main ainsi vêtue à la lumière du feu et enfila sa consœur sans plus de cérémonie.

Elle hoqueta soudainement, saisie par le froid et tituba en avant de surprise. L’air ambiant semblait avoir soudainement changé de granularité. Chargé d’onctuosité, Calimène aurait être en capacité de voir les mouvements habituellement secrets de l’air. Tournant la tête d’un côté puis de l’autre, elle sursauta lorsqu’un raclement se fit entendre, accompagné d’une voix pâteuse. Puis d’une autre. Et une autre.
Chacune, d’un timbre commun mais de directions différentes, en appelait à la même litanie.

« Moi… moi… » Égrenaient-elles en guise de chapelet.

Calimène se pencha vivement et s’empara de la lame qui était la sienne, une épée longue et droite, encore engoncée dans son fourreau de cuir et d’argent dont l’incrustation signifiait une sirène sortant des eaux.

« Montrez-vous » répondit-elle vivement en retirant l’un des gants, capturant l’encolure de celui-ci entre ses dents. Si tôt ce dernier retiré que sa vision redevint normale. Elle s’apaisa un instant jusqu’à ce que le raclement ne se reproduise, accompagné du bruit caractéristique d’un pas écrasant des pointes de sapins.

Une puis deux silhouettes entrèrent en scène, cherchant de leurs yeux creux une présence qu’eux-seuls semblaient voir. La peau – mais pouvait-on encore qualifier ce parchemin enluminé de moisissures de peau – peinait à couvrir l’intégralité de leur structure osseuse. Piétinant d’une jambe à l’autre, comme si leurs articulations fébriles allaient se dérober, ils prirent position à quelques pas de Calimène.

Devant leur absence de réaction, Calimène prit le temps de tirer son arme hors de son fourreau puis de prendre position après avoir passé ses gants à sa ceinture.

« Battez-vous contre moi ! » leur intima-t-elle en signe de défi et pour détourner l'attention de sa monture, toujours attachée à une branche pour ce qui devait être une nuit paisible.

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Dernière édition par Antismène le Mar 9 Avr 2013 21:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Ven 29 Mar 2013 17:52 
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Sitôt dit, sitôt fait.

A peine l’injonction de Calimène avait-elle fait vibrer l’éther que les deux non-morts émirent conjointement une protestation courroucée. Cinglant et désincarné, ce simulacre de voix fit instantanément passer Calimène d’une attitude offensive à une posture défensive. Reculant vivement de plusieurs pas, elle créa un écart entre elle et ses assaillants pour éviter d’être engagée immédiatement par deux adversaires.

Ces derniers, affublés de vêtements ayant visiblement connu la fraicheur de la tombe, dressaient devant eux des armes tachetées de rouille quel seul un solide tranchant empêchait de reléguer au rang des antiquités.

De quelques pas latéraux, cerclant autour d’un arbre probablement deux fois centenaire, elle émergea en toute hâte sur le flanc gauche du non-mort le plus proche. L’arme au clair, elle profita de sa vivacité naturelle pour lancer la pointe de son arme au niveau de l’épaule de son opposant le plus proche. L’extrémité de l’épée du Chevalier Sirène glissa au travers du veston rongé par l’humidité et le reliquat de chairs parcheminées, sans rencontrer de réelle opposition ; puis la lame rencontra l’os.

Déportée par son élan, le fil de l’épée glissa sur quelques centimètres sans réellement approfondir ses investigations dans le corps ennemi. Le métal mordit dans l’ossement sans toutefois y pénétrer réellement et en conséquence, la contre-attaque s’en trouva toute aussi cinglante qu’impossible à esquiver.

Contrairement à l’ennemi, la lame trancha les chairs et fit jaillir le sang au niveau de son biceps gauche, arrachant un juron étouffé à la jeune femme. Surprise elle réagit vivement en opposant sa lame à celle conquérante de son ennemi ; qui déjà cherchait à profiter de son avantage. Déviant une frappe puis d’autres, elle modifia ses quarts au sol et se présenta de profil, réduisant par là même son exposition aux coups. Elle s’escrima un instant supplémentaire pour donner le change puis se déroba de nouveau en arrière lorsque le second non-mort s’apprêtait à la déborder par le flanc.

Cette fois par contre elle prit plus de distance pour s’aménager un temps de réflexion nécessaire car si la douleur et l’engagement du combat faisait bouillir son sang et ses pensées c’est désormais de calme et d’analyse dont elle avait besoin.

« Sotte que tu es… une frappe de pointe dans l’épaule d’un être vivant aurait produit son effet : déstabilisation, douleur et ascendant psychologique. Mais contre eux cette stratégie n’a pas plus de valeur qu’une Harpie dans un magasin de verre soufflé » grinça-t-elle en pensée pendant que les deux êtres réduisaient la distance entre eux.

« Faire le point, reprendre ses esprits, analyser et prévoir, reprendre l’avantage » formula-t-elle à mi-voix en guise de crédo.

Pas à pas elle tentait de maintenir ses distances ; pour faire le point et reprendre ses esprits. A la vitesse de la pensée elle étudia les deux anciens combattants s’approcher en titubant légèrement. La démarche branlante, ils donnaient l’impression de manquer de contrôle sur leur propre être ; à moins que conserver leur corps homogène ne sollicite une partie de leurs ressources. Avançant cahin-caha, mais de manière inflexible, ils donnaient l’impression de pouvoir la poursuivre toujours, quel que soient le temps et les efforts nécessaires qu’ils auraient à mettre en branle pour la rattraper. De de cette impression, Calimène se forgea une première conviction : fuir ne serait d’aucune utilité. Quel que soit le nombre de pas qu’elle pourrait mettre entre eux, chaque mouvement serait pour elle une perte alors que ses poursuivants n’en éprouveraient aucune.

Par ailleurs son bras la faisait légèrement souffrir. Bien que la coupure soit superficielle, c’est de son être que l’on avait tiré le premier sang du combat. Par conséquent, et pour être toute à fait honnête avec elle-même, elle s’accorda une nouvelle fuite en arrière. Inspirant et expirant lentement, embusquée derrière un arbre, elle tenta de reprendre le contrôle de ses pensées le plus rapidement possible. Avec maintes précautions elle jeta un coup d’œil entre les arbres et maudit son impulsion première.

« A quoi bon se cacher derrière un arbre ? Tu crois peut-être qu’ils te voient avec des yeux ? » Se dit-elle en abandonnant son refuge temporaire pour faire face. Ce faisant, elle acheva ses observations. Sans poumons pour respirer, impossible de les essouffler. Sans tendons, impossible de les commotionner. Sans sang, impossible de les tuer des conséquences de blessures légères et sans cœur…

« Impossible de les mettre à mort » conclut-elle en relevant son arme pour parer un premier assaut puis un second. Garde haute et profil bas lui permirent de méthodiquement repousser l’assaut jusqu’à trouver une nouvelle ligne de fuite qu’elle garda ouverte. Mais profitant d’une faille soudaine dans l’échange elle inversa ses quarts et pressa son opposant direct. Harcelant de pointe, elle trouva par deux fois les os au bout de sa lame, au bras et à la main ; si le bras en lui-même portait la trace de la morsure métallique l’un des doigts perdit toute portance et se retrouva au sol, délaissé et surtout…

« … Inanimé » constata-t-elle en abandonnant l’échange.

Une nouvelle fois hors de portée, elle focalisa son attention sur les détails de la physionomie des deux squelettes et identifia les limites de son actuel style de combat. Combattante froide et méthodique elle avait pour usage de laisser venir l’adversaire en reculant pas à pas, en le maintenant à distance grâce à la pointe de son arme et en ne présentant que des ouvertures que très limités par sa posture trois-quarts de face. Usuellement c’était elle qui érodait son adversaire, le laissant s’échiner à trouver une faille dans une défense caractérisée par sa justesse et sa petitesse ; jusqu’au moment de lancer une contre-attaque opportune.

Ici les caractéristiques de l’affrontement étaient viciées en sa défaveur et de fait, ses avantages usuels se trouvaient amoindris lorsqu’ils n’étaient pas carrément contre-productifs. De pointe ses assauts ne marquaient pas assez de puissance pour entamer réellement le corps de ses adversaires. Leur mental était total car rien ne pourrait causer chez ces praticiens de la mort un quelconque effroi, un doute ou une hésitation. Quant au domaine de la guerre d’usure, il fallait bien le reconnaitre : elle avait trouvé ses maitres. Eux avaient l’éternité pour en finir.

Aussi, Calimène détala à toutes jambes. Contournant largement les deux échappés des ombres elle revint à la hâte en son point de départ, près du feu et non loin de sa monture. Ou plus à propos, à l’endroit où elle avait laissé choir son fourreau. Elle le soupesa un instant et s’avança de deux pas en direction de ses ennemis. Croisant fer contre fer, elle bloqua la première lame en position haute et se dégagea d’un bon en arrière, fidèle à ses habitudes. Toutefois, et c’est ici une nouveau bonne à relater, elle abattit le fourreau de son arme sur le corps offert de son rival, fracassant au passage plusieurs côtes, déboitant le menton et pliant la colonne d’un même impact violent et décidé. Puis, elle se fit de nouveau évanescente lorsque la lame rouillée chercha à l’atteindre. Dubitative durant un court moment, elle jugea son initiative plus que satisfaisante bien que guère aboutie.

Déséquilibré un instant, le squelette retrouva un semblant de stabilité et reprit sa marche, imperturbable.

« L’épée pour bloquer, le fourreau pour abattre » clama-t-elle.

Car son épée risquait de briser son fil contre les os rugueux de ses opposants, tout en glissant sans pénétrer la structure de leurs corps animés d’une magie sorcière. Alors que son fourreau, de cuir durci, de métal et d’argent, pouvait tout à fait servir de masse. Contre ce type d’arme la cathédrale osseuse que formait la cage thoracique s’effondrait plus aisément.

« Mais je manque encore de puissance… aussi… » Jugea-t-elle en intervertissant ses armes entre ses mains.

Ce fut Légion toutefois qui montra l’exemple.

Libéré de ses entraves par la sévère mastication de ses rênes, le Hongre venait de projet ses sabots à l’encontre d’un des deux cadavériques en une sévère ruade. Le métal et la carne rencontrèrent l’os et le cuir en un choc effrayant. Le corps démantibulé tenta de conserver son équilibre précaire mais ses ossements se brisèrent dans un fracas horrible, éparpillés par la puissance d’impact d’une bête de plusieurs centaines de kilos. Des points de ruptures dans la structure du corps possédé furent mis à jour et lorsqu’il trouva le contact du sol, toute la cohérence de sa physionomie était perdue.

« Belle inspiration » commenta Calimène en renforçant sa poigne sur son fourreau. Concentrée à l’extrême elle fléchit légèrement son corps en avant, prête à recevoir le prochain assaut. Comme un fait prophétiquement annoncé, Calimène feinta sur sa gauche et laissa la lame inquisitrice se perdre loin de sa personne.

Et avec toute la précision d’un forgeron lâché dans une verrerie, elle abattit son fourreau de haut en bas sur le bras de son ennemi. Puissant et pourtant focalisé – car plusieurs fois visualisé par le Chevalier – la frappe venait de porter, séparant définitivement la main squelettique et l’épée rouillée du reste du monstre. Ce dernier pourtant ne silla pas d’un iota et de sa main libre empoigna le Chevalier Sirène à la gorge. La puissance de la prise l’étonna juste le temps de se rendre compte qu’elle manquerait rapidement d’air et qu’elle se tenait trop près pour porter une frappe efficace.

Du moins, au haut du corps de son agresseur.

De nouveau, Calimène prépara sa frappe. Posément, comme si le temps lui appartenait, et frappa à plat la cheville du non-mort, emportant l’articulation et faisant perdre sa portance à son propriétaire. Soudainement séparés, les deux corps se heurtèrent à nouveau ; cette fois à l’initiative de Calimène. Le squelette trouva le sol alors que Calimène se hissait au-dessus de lui, le fourreau ceint par ses deux mains. Il tenta bien de se protéger en redressant son bras valide mais le choc brisa net son avant-bras, ainsi que sa clavicule. Des morceaux d’os s’éparpillèrent un peu partout à la ronde et la créature laissa s’échapper une plainte sourde : peut-être là l’écho d’une âme en peine sentant approcher une seconde mort.

A la volée, le fourreau fracassa le crâne du monstre, le rendant une nouvelle fois aux affres de la mort.

Inspirant et expirant en toute hâte, Calimène produisit l’effort nécessaire pour dénouer ses doigts de l’arme improvisée qu’elle avait utilisé en fin d’affrontement. Un à un, elle décrispa ses doigts qu’une trop grande tension avait privé de suffisamment de sang. Se relevant à grand peine, elle récupéra son épée longue et la ficha dans son étui de cuir, de métal et d’argent.

Elle posa un regard intrigué sur Légion puis sur les deux cadavres rendus au néant mais ne formula aucune remarque. Si l’intuition d’un évènement étrange se présenta à la périphérie de ses pensées, elle n’était pas présentement en état d’y réfléchir sérieusement. En lieu et place elle réunit ses affaires et les fixa sur la croupe de son cheval puis, à grand renfort de terre et au moyen de sa botte, elle étouffa son feu.

Cette nuit sa préférence irait à une marche sous les étoiles ; tout plutôt que de dormir dans cette clairière devenue cimetière.

Mais par la faute à qui ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Mer 10 Avr 2013 14:00 
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C’est par l’adjonction de quelques messages secrets aux lettres émises par Victorin que Calimène réussit à s’orienter vers le lieu de rendez-vous. En effet quel meilleur moyen d’assurer la confidentialité d’une rencontre, et conserver face à tout espion son imprévisibilité, que d’interdire à l’un des deux conjurés que de connaitre par avance l’exact endroit du conciliabule.

L’essentiel de la méthode consistait à définir un point de départ au jeu de piste qui marquerait la suite des opérations. En l’occurrence il s’agissait ici du bois du Skar, un charmant regroupement d’arbres situé à une faible distance des principales routes commerciales mais présentant trop peu de végétation pour présenter un quelconque intérêt en tant qu’exploitation arboricole ou giboyeuse.

Juchée sur sa monture à une hauteur si respectable qu’elle lui permit d’inspecter longuement les environs, Calimène tira de sa poche de revers un billet de feuilles éparses, soigneusement plissées entre elles au sein d’un étui de cuir souple. Ce faisant elle observa de nouveau la lande environnante et n’identifia aucune présence visible, ni du côté des hautes herbes ni de l’orée du bois, en-dehors d’une corneille curieuse et un temps inquisitrice.

Elle en revisita le contenu de quelques œillades attentives et reposa son attention sur les environs.

« Voilà qui est amusant… et champêtre » commenta-t-elle en tirant la bride de Légion, le Hongre qui montra ses bonnes grâces en acceptant de s’orienter dans la direction indiquée. En ligne de mire, un Hêtre, auguste et altier, s’imposait à une cohorte de peupliers.

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » avait consigné Victorin dans ses échanges.

« Un seul Hêtre vous manque et tout est Peuplier » corrigea Calimène en passant sous la frondaison de l’arbre. Prudente et accoutumée aux mauvaises rencontres, c’est la main sur la garde de son arme qu’elle passa sous les branchages et sans hâte excessive qu’elle posa pied à terre. A l’écoute de son environnement elle contourna lentement le tronc plusieurs fois centenaires d’un pas léger et ne profita du calme ambiant qu’une fois assurée de la quiétude des lieux. Ceci étant fait, elle profita quelques instants de la plénitude des sous-bois puis s’abima dans l’inspection du titan végétal.

Elle s’agenouilla auprès du Hêtre et passa sa main sur son écorce, repoussant la mousse qui s’était accumulée au fil du temps passant. Du bout des doigts elle inspecta les secrets masqués par la verdure jusqu’à trouver ce qu’elle recherchait : des entailles dans le bois. Elle tapota la surface de l’hêtre de son index puis suivi les entailles réalisées à l’aide d’un outil pointu et tranchant – probablement un canif ou un coutelas de chasseur – pour prendre connaissance du message laissé par un précédent visiteur.

« Je t’aime, tu m’aimes, on s’aime » était-il inscrit.

« Enfantin… et direct mais un brin dans l’erreur » précisa-t-elle à l’intention de son cheval qui piaffait d’impatience. Elle déplia la seconde lettre de Victorin et s’intéressa au Post-scriptum, lieu de villégiature de la plupart des parties codées de chaque missive. En guise de conclusion, il était inscrit d’une plume trainante un « Par monts et par vaux… » évocateur. Passant son pouce contre son index elle égraina les quelques marques de terre qui en maculaient la surface puis poussa ses investigations plus avant. Faisant la moue, elle déambula quelques instants entre les arbres avant de rejoindre de nouveau l’orée du petit bois ; non du côté de son arrivée mais bel et bien en direction de l’ouest.

« Par monts et par vaux… » Grinça-t-elle en observant la longue suite de collines et montagnes qui marquaient son champ de vision. Pour chaque couple de cimes, un ou plusieurs cols s’offraient pour incarner un val. Elle contempla un instant le paysage. Sur sa gauche, plusieurs routes de campagne serpentaient vers les hauteurs, bordant des cultures en terrasse permettant aux habitants de la région d’exploiter chaque lopin de terre agraire. Sur la droite – plus au nord donc – des cimes neigeuses affichaient leur candeur arrogante à mi-chemin entre les cieux et le plancher des vaches.
Incertaine elle juxtaposa le second indice à ces orientations possibles et resta dans l’expectative de longues minutes, indécise.

« Je t’aime… Tu m’aimes… on … sème » conclut-elle provisoirement en optant pour la route bordant les exploitations agricoles. Invoquant la présence de sa monture, elle repassa pied à l’étrier et talonna l’odieuse bête pour la faire avancer. D’un pas régulier et lourd, Légion ne s’offusqua ni du poids de sa maitresse – ce qui aurait été fort injuste – ni de la pente de plus en plus prononcée. Le sol du chemin, malgré son inclinaison, était souple mais stable. D’un terreau compact et dense, il apportait fertilité aux champs proches et la stabilité nécessaire pour conduire bœufs et charrettes dans les champs.

Peu à peu les champs cédèrent la place aux pâturages, où une nouvelle prière, adressée à Gaïa, lui confirma sa bonne orientation générale car en direction du nord apparaissait un autel destiné à la Déesse auprès duquel Calimène marqua une pause. Après avoir réalisé ses ablutions, mangé quelques expédients à base de farine et prié quelques instants elle s’en détourna pour reprendre le fil de ses pérégrinations.

Passant ses lettres en revue, elle sentit approcher le terme de son voyage en compulsant la dernière arrivée. Désormais aux pieds des montagnes, Calimène profita de ses derniers instants de silence. Urbaine consacrée par une enfance passée au cœur des quartiers bourgeois de Kendra-Kâr, c’était sa première expérience de la solitude ; exilée volontaire lancée sur les routes du Grand Monde elle sentait enfin le réel gout du vent, tant de sa caresse exquise que de son odeur propre. Au sein des murailles de Kendra-Kâr, il portait les relents de multiples turpitudes, de fleurs aux odeurs trop prononcées ou de linges odorants suspendus aux fenêtres. Mais ici, au pied des Géants de pierre, il n’était que lui-même, froid et frais, prompt à laver toute la crasse accumulée en ses poumons.

Lavée par cette brise pure, elle oublia les fumerolles agressives de l’incendie du refuge des empoisonneurs, l’odeur âcre et rance du Rat noir et l’air subtilement vicié qui gravitait autour de l’Emissaire.

Elle inspira et soupira lentement, profitant de l’instant, jusqu’au moment où trois hommes se redressèrent à une centaine de pas. Les silhouettes, postées en surplomb de la route, étaient parfaitement positionnées pour tendre une embuscade aux voyageurs ; si tant est que quelqu’un en vienne à se perdre avec quelques valeurs pécuniaires si loin des routes commerçantes. Armés d’arbalètes, ils portaient par ailleurs des vestons d’un bleu roi devenu mât au fil de leurs investigations : signe de leur appartenance à la Garde.

Elle sourit plaisamment malgré la distance et éperonna de nouveau sa monture ; satisfaite et impatiente à la fois : autant ne pas faire attendre ses accompagnateurs.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Jeu 18 Avr 2013 00:16 
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Et c’est ainsi qu’Avaleia se retrouva sur les routes, sans vraiment savoir où elle allait se rendre. Elle n’avait aucun renseignements quant à sa destination et elle le savait pertinemment, mais la jeune femme n’en avait cure, tout ce qu’elle désirait maintenant, c’était vivre de nouvelles expériences. Certes, elle s’était lancée sur un coup de tête, en écoutant une brièvement une discussion entre deux femmes, mais ce n’était pas tant le fait de trouver les mages maléfiques que de partir à l’aventure qui l’intéressait. Son sens de la justice n’était pas plus développé que celui de n’importe qui après tout.

La jeune femme avançait donc tranquillement, se laissant guider par ses pas. Elle continua ainsi pendant de longues minutes qui ne tardèrent pas à se transformer en heures. La nuit était déjà sur le point de tomber, mais Avaleia, trop occupée à imaginer tout ce qu’elle allait pouvoir vivre, s’en rendit compte trop tard. Elle se trouvait maintenant seule, en plein milieu de la route, visiblement loin de tout et la peur commença à prendre possession de son corps et de son esprit. Comment allait-elle s’en sortir ? La séduisante elfe n’avait jamais appris à survivre dans un milieu « hostile », elle n’avait jamais ne serait-ce que passé une seule nuit en dehors d’une ville rassurante où des gardes zélés faisaient régner l’ordre. Elle était désemparée, mais fit son possible pour essayer de se reprendre. Certes, elle n’avait aucune idée de l’attitude à adopter dans ce genre de situation, mais elle était sûre d’une chose, rester sans rien faire au milieu de la route n’allait certainement pas l’aider.

Mais était-ce la providence ? Ou tout au contraire une terrible malchance ? Car au moment même où elle commença à marcher, Avaleia entendit, puis vit deux cavaliers s’approcher d’elle. Ne sachant absolument pas quelle attitude adopter, la belle jeune femme stoppa tout mouvement. Elle souhaitait, du plus profond de son être, que l’arrivée des deux hommes – car jusqu’à maintenant elle n’avait pu deviner que leur sexe – allait être salvatrice et non synonyme de danger. Comme elle le redoutait, et paradoxalement, l’espérait en même temps, les deux hommes s’arrêtèrent à sa hauteur. Il lui était impossible de voir leur visage correctement, impossible de deviner leurs intentions et encore une fois, elle n’eut aucune réaction. Elle laissa les deux cavaliers l’encercler. S’ils étaient belliqueux, elle n’avait aucune chance de s’enfuir, et dans le cas contraire, fuir ne lui aurait servi à rien. Elle attendit, encore et encore que l’un se décidât à parler. Et le moment arriva.

« Alors ma belle, on voyage toute seule ? »

« Vous pouvez vous estimer chanceuse d’avoir croisé notre route »

Maintenant, Avaleia savait. Ce n’était en rien la providence, mais bel et bien une malchance incroyable. Ces deux hommes n’étaient en aucun cas là pour lui venir en aide, mais pour lui faire subir Zewen seul savait quoi. Petit à petit, ils se rapprochaient de la jeune femme, et petit à petit, cette dernière se sentait de plus en plus inquiète, de plus en plus oppressée. A peine avait-elle décidé de partir à l’aventure, à peine avait-elle fait quelques kilomètres, que les ennuis avaient déjà pointé le bout de leur nez. Elle aurait voulu crier, hurler pour appeler à l’aide, mais sa gorge était nouée et elle était dans l’incapacité de prononcer le moindre mot. Non, la jeune femme ne pouvait que subir. Subir et espérer qu’un miracle ne se produise avant que sa mort ne survînt.

L’homme qui se tenait derrière elle leva son bras portant une lourde massue, et il abattit son arme sur le crane de la frêle magicienne. Le choc fut terrible, Avaleia sentit une décharge de douleur parcourir tout son corps. Mais elle n'eut à peine le temps de se rendre compte qu'une larme coulait sur sa joue, que déjà, elle sombrait dans l'inconscience.

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Dernière édition par Avaleia le Ven 19 Avr 2013 03:15, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Ven 19 Avr 2013 02:52 
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Intervention gmique pour Avaleia


Lorsqu'Avaleia se réveilla, elle se sentit balloter. Ce qui était tout naturel puisque ligotée comme un saucisson,un baillon sur la bouche, elle était à plein ventre sur un petit canasson aux grandes oreilles qui trottait à un bon rythme derrière un grand étalon noir. Le cavalier qui partageait la même monture que la demoiselle et dont elle ne pouvait voir que le dos, fredonnait un air connu.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Route entre Kendra Kâr et les Duchés des montagnes
MessagePosté: Sam 20 Avr 2013 01:24 
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Ce fut un sentiment désagréable, une sensation de nausée naissante qui tira progressivement Avaleia de l’inconscience. Elle avait du mal à bouger, du mal à respirer, et elle avait l’impression d’être légèrement remuée et pour cause, en ouvrant lentement les yeux, elle s’aperçut qu’elle était attachée, bâillonnée derrière l’un de ses ravisseurs. La demoiselle était au comble de la terreur, elle n’en pouvait plus. Où ces hommes pouvaient-ils bien l’emmener ? Depuis combien de temps était-elle attachée de la sorte ? Elle se posait bon nombre de questions mais les seuls renseignements qu’elle détenait étaient qu’il faisait encore nuit et qu’elle n’avait absolument aucun moyen de s’en sortir pour le moment.

Avaleia ne regrettait pourtant pas de s’être lancée ainsi sur les routes, non, à vrai dire son seul réel regret était que cela se termine aussi rapidement. Il y avait tellement de choses qu’elle désirait voir, apprendre, écouter, sentir, mais elle n’était plus maitresse de son destin. Elle ne pouvait que gesticuler et gémir, pour faire savoir qu'elle était éveillée et ainsi espérer glaner quelques renseignements sur son futur proche.

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