Eva avançait toujours vers le donjon. Elle n'avait rien vu de ce qui s'était passé avec Karz.
Toujours au côté de l'archer, la mage était toujours fatiguée ...

(Je n'aurais pas dû utiliser ma magie cette fois ... Comment vais-je faire par la suite ... ?) pensa la jeune demi-elfe.

"Est-ce qu'il y a un moyen de quitter la ville, depuis le donjon ?" demanda Eva à l'archer en sortant de ses pensées.

Je dois admettre que l'homme avec qui je parle sait se servir de son cerveau ce qui contre totalement ma tentative d'intimidation, mais qui a le mérite de me garder en vie...pour le moment. Sur ordre de l'homme, deux orques m’agrippent et me transportent jusqu'à une échelle, avant que l'ordre de descendre ne me soit donné. Sur le point de m’exécuter, je me tourne une dernière fois vers mon interlocuteur.

" Quand mon grade aura été confirmé, je reviendrai te voir, sois en sûr. "

A dire vrai, je me contrefous de son sort, mais si je dois repasser dans le camp d'Oaxaca, si je dois de nouveau enfiler le costume du terrible Champion de Cwedim, autant le faire à fond. Après tout, ma crédibilité dans ce rôle déterminera mon aptitude à survivre. Le moindre faux pas, la moindre parole irréfléchie et je suis mort. Franchement...Je donnerais n'importe quoi pour n'avoir jamais foutu les pieds sur Aliaenon, pour n'avoir jamais été prisonnier du bagne d'Omyre, pour n'avoir jamais croisé de dragon sur une île volante. Mais bon, les choses sont ce qu'elles sont, et tout ce qu'il me reste à faire pour le moment, c'est de descendre une échelle, traverser un océan de garzoks et rencontrer l'un des treize pour ne pas être exécuté. Pour survivre.

Armée de mes torches flamboyantes, j'arrive en courant dans la cours de la porte. Seuls quelques courageux restent là, à attendre que l'ennemie surviennent. De l'autre côté de la porte, l'ennemi semble en rage, des cris s'élèvent de toutes parts, comme si la victoire leur appartenait déjà.

J'aperçois Xël et la femme aux cheveux fuchsia. Manifestement, l'aventurier est faible et fatigué. Les traits de son visage sont tirés, son regard sombre.

(Il va falloir que je ne compte que sur moi-même pour foutre le feu ici.)

M'adressant à la fois à Xël et la femme à la chevelure rose, je leur ordonne de s'écartetr.

- Fichez le camp d'ici! A moins que vous ne soyez intéressés par une p'tite flambée de monstres! Remontez par le bourg, vers le donjon. Et en passant, surtout, servez-vous de pains, on ne sait pas pour combien de temps on en aura, là-haut!

Sans chercher à savoir s'ils s'exécutent ou non, car après tout, eux seuls peuvent décider de leurs sors, je me mets à courir, une torche dans chaque main, sautant de pierres en cadavres, pour enflammer tout ce qui peut brûler autour de moi. Bien entendu, je prends soin de faire cramer ce qui est proche des murailles, et de laisser l'arrière de la cours libre, pour que les courageux puissent encore fuir si bon leur semble. Je ne sais pas où je puise ces dernières forces, mais la flambée me semble avoir pris rapidement. Je n'ai plus qu'à quitter les lieux et rejoindre les autres au plus vite, au sommet du donjon salvateur.

Esseroth – Pont du Donjon.

Eva, soutenue par son archer, et Xël, soutenu par la mage aux cheveux roses, arrivèrent après être passés par les dédales et escaliers intérieurs de cette ville particulière, à hauteur du pont unique menant vers l’immense tour du Donjon. Aucun de ces quatre personnages n’avait pensé écouter le conseil de Keya, qui avait demandé à ce qu’ils se servent dans les champs de pain pour subsister à leurs besoins nutritifs le temps qu’ils soient enfermés dans le donjon. Car ils l’apprirent vite par l’archer à qui Eva posa sa question :

« Non, il n’y a aucun moyen de quitter la ville à partir du donjon. A part si vous volez… Il a été construit pour être le lieu le plus imprenable de la cité, c’aurait été stupide de lui donner un accès vers l’extérieur. »

Ce fut à cet instant que Keya les rattrapa, les bras chargés, heureusement, de pains aux goûts divers. Elle venait en directe provenance de la Cour de la Porte, où elle avait répandu le feu sur les cadavres des Esserothéens tombés au combat, aux détritus de bois, et à tout ce qui pouvait cramer le long des murailles, formant ainsi une barrière de flammes non seulement devant la porte principale de la cité, mais également bloquant, temporairement, l’accès aux tours.

Et heureusement qu’elle le fit. Sitôt qu’elle eut tourné les talons vers la cité, laissant derrière elle le bourg, elle entendit le sinistre craquement de la porte, qui avait enfin cédé aux assauts des béliers. Les braves qui étaient restés là allaient mourir. Tous. Mais au moins le faisaient-ils pour la sauvegarde de la communauté. Pour donner le temps aux réfugiés du Donjon de bloquer totalement l’accès à celui-ci.

Le pont sur lequel ils furent tous réunis était en grosses pierres, et surplombait près de 100 mètres de vide. Devant eux, la porte immense menant au donjon, de bois et de fer. A l’intérieur, directement en rentrant, une grande salle ronde cernée d’escaliers montant et descendant, semblant être une salle des gardes. Tables, chaises et coffres étaient ses seuls ameublements. Ça, plus une cheminée éteinte, mais munie de suffisamment de buches coupées pour tenir un siège.

Esseroth – Champ de bataille.

Ziresh : CCAA : réussite.

L’homme qui avait apostrophé Karz fronça les sourcils à la menace du protecteur.

« Tu reviendras me voir, et tu me remercieras de t’avoir laissé une chance de prouver qui tu es. »

Et ils descendirent tout en bas. La porte avait cédé, et malgré les flammes qui secondaient la porte, les armées entraient maintenant dans la cité, combattant inégalement les derniers défenseurs de la Cour, restés là comme chair à canon pour la sauvegarde des autres. Karz ne put en voir qu’une parcelle, et dût imaginer le reste. Ceux qu’il abandonnait, avant de se faire quasiment trainer par les deux orques aux suites de l’homme qui donnait les ordres en haut de la muraille.

Ils parcoururent le champ de bataille, passant au travers de centaines d’orques, d’hommes, de gobelins et de ces créatures noires géantes et terrifiantes, jusqu’à arriver à une colline protégée ardemment par un véritable mur de ces monstres de bataille. Ils semblaient aux aguets… Mais contre quoi, Karz ne le vit pas. Ziresh était toujours invisible, bien que ce pouvoir ne durerait plus longtemps, et il en était conscient.

Surplombant la colline, cerné par ses gradés, un homme se tenait là, observant scrupuleusement ce qui se passait en contrebas. Tant l’arrivée de Karz, freinée par le mur de gardiens, que le mur en lui-même, qui venait de subir un assaut invisible. Effectivement, deux traînée de Ki surpuissantes étaient sorties de nulle part pour trancher les gardiens… Les fils intérieurs des deux bêtes touchées furent effectivement brisés sous le choc de Ki. Mais leurs armures noires résistèrent. Si bien qu’elles tombèrent toutes deux à genoux, baissant sur deux mètres de large le front de défense, mais restant vivace aux mouvements du lupin invisible. Les deux extrêmes parmi les gardiens s’approchèrent du loup, comme pour tenter de l’encercler.

L’homme qui accompagnait Karz râlait.

« Qu’est-ce qui se passe ici, bon sang ! Suivez-moi. »

Et il entreprit de contourner les gardiens pour arriver assez proches du dirigeant d’armée, dépourvu d’armure.





Les deux orques qui maintenaient Karz se firent arrêter par un porte étendard, alors que l’humain clamait :

« Général ! »

L’homme, juché sur un destrier immaculé à la crinière teinte de rouge, répondit sans même le regarder, d’un ton sec et sans la moindre amabilité.

« Pas maintenant. »

[Xël : XP : 0,5 (post)
Eva : XP : 0,5 (post)
Keya : XP : 0,5 (post) + 2 (retarder l'armée avec le feu) + 0,5 (provisions de nourriture)
Ziresh : XP : 0,5 (post) + 0,5 (cc réussie)
Karz : XP : 0,5 (post)]

L'attaque de Ziresh fut, à sa grande surprise, une réussite presque totale. Jamais il n'avait réussi à concentrer son Ki au point qu'il soit clairement visible. Peut-être était-ce ce monde qui permettait cela. Mais en tout cas, l'assaut qu'il avait porté témoigna d'une puissance exceptionnelle. Car si le métal de ses lames n'avaient fait que s'assouplir et racler les armures de ses ennemis, le Ki, lui, avait bel et bien réussi ce qu'il entreprenait. Il avait rassemblé tellement de sa puissance, s'était tellement concentré, que sa force avait elle-même traversé le fer des colosses pour aller trancher les fils qu'il visait depuis le début. Il n'avait étrangement pas atteint les bras, probablement parce que ces géants avaient conscience de leurs points faibles. Mais ils n'avaient pas dû imaginer qu'un simple liykor réussirait à atteindre la grande partie de leur anatomie qui était protégée. Le tronc n'aurait pas dû recevoir une telle attaque, et quand Ziresh vit qu'il avait réussi à en faire chuter deux, il comprit qu'il avait enfin une opportunité. Et que ce serait la seule.

"Je dois passer !" pensa-t-il.

Mais cela amenait d'autres problèmes. S'ils utilisait son Ki pour attaquer, on le verrait. Ce dernier n'avait jusque là pas été visible lorsqu'il avait concentré son adresse de guerre et son instinct sauvage. Mais là, une telle attaque ne pouvait qu'être visible. Et s'il frappait sa cible en se concentrant trop, elle aurait toutes les chances de l'esquiver. Il ne pouvait pas prendre un tel risque.
Puis il pensa à autre chose. Son Ki avait bien traversé les troncs de ses ennemis. Il avait tranché les fils à l'intérieur, en travers. S'ils avaient eu des semblants d'organes, ils seraient morts. Mais ils n'avaient fait que chuter. Il comprit alors que les colosses ne faisaient que le ralentir, et qu'il ne pouvaient pas être vaincus physiquement. Ils resteraient vivants (si tant était qu'ils étaient en vie), actifs, tant qu'il y aurait des fils. Il ne pouvait pas se permettre de se défendre face à eux, car ils seraient toujours assez vivaces pour lui tenir tête. Il perdrait ses réserves de Ki, et il finir par mourir d'épuisement. Il DEVAIT passer. C'était le seul moment.

Déjà, alors, il voyait d'autres géants de fer noir aux extrémités de la muraille passer derrière lui. On allait l'encercler. On allait le pousser à traverser la fine entaille qui s'était formée, pour mieux l'attraper. Il n'aurait pas l'occasion de reculer, ni la possibilité de se défendre sur la longueur. Non, il devait passer, et attaquer lui ferait perdre du temps, temps qui lui était précieux pour conserver son invisibilité. Il perdrait du temps et serait trop visible par les autres. Il n'y avait qu'un seul recours, passer et utiliser le Ki seulement par esquiver.

"Je ne vais pas vous laisser me toucher." dit-il alors pour lui-même.

Il leva alors ses deux armes au niveau de ses épaules. Puis il concentra de nouveau son Ki. Ce qui lui restait encore de l'Instinct Sauvage et de l'Adresse de guerre allaient contribuer à son esquive. Le feu de sa force explosa alors à nouveau, mais il circula différemment en lui. Il rejoignait encore ses armes, n'en faisant plus que des extensions de ses bras, mais il s'attarda sur ses articulations. Il aurait une meilleure souplesse, mais aussi assez de force pour repousser les armes énormes des géants. Il n'attaquerait pas. Il ne ferait qu'esquiver et dévier le fer ténébreux qui essaierait de le toucher. Avec un peu de chance, ce métal était de l'Olath, et alors, peut-être, la Hallebarde Protectrice saurait prendre le dessus sur un tel acier. Peut-être même était-ce cela qui lui avait permis de trancher les fils.
Mais qu'importe, pas d'attaque. Seulement un objectif à l'instant : passer dans l'ouverture. Deux petits mètres qui lui permettraient d'atteindre sa cible et de sauver Esseroth, et par extension, tout Yuimen. Après ça, il n'y aurait plus qu'une course. Juste une dernière course.

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Apprentissage de CCAA :
Garde imprenable : Le combattant place son arme face à lui, au niveau des épaules, augmentant la distance entre son adversaire et lui, prêt à parer le moindre coup porté. Il devient alors très difficile à toucher mais ne peut attaquer (Esquives AA et SA+2/lvl pour le tour d'après, mais pas d'attaque possible). La CC peut être relancée plusieurs tours d'affilée.

Sans trop de peine, les bras chargés de victuailles céréalières, je rattrape mes prédécesseurs qui ont rejoint le pont de pierre. Il est bien plus imposant que je ne me l'imaginais, vu d'en bas. Mon plan ne sera sans doute pas aussi facile à mettre en œuvre que je ne le pensais.

Tout en réfléchissant à une manière de détruire ce pont après notre passage, nous le traversons. Sa longueur est impressionnante. Si mes estimations sont bonnes, son point faible se situe pile à mi-parcours, là où il est constitué d'une moins épaisse couche de pierre.

Nous pénétrons dans le donjon. Sa taille est loin d'être négligeable, et face à nous s'offrent des dédales d'escaliers. Quelques ameublements présents dans cette salle qui nous accueille permettra déjà aux plus faibles de recouvrer des forces. Je profite d'une table en bois massif pour délaisser mes mains des quelques pains récoltés en route.

Ne trouvant pas de solution pour détruire le pont, je réexpose mon plan à voix haute, pour m'assurer que tout le monde en soit informé.

- "Voici mon plan. Je pense que, pour nous protéger au maximum de l'ennemi, nous devrions détruire le pont que nous venons de franchir. Cela nous permettra de tenir un siège bien plus long. Et ce temps durant lequel nous serons reclus permettra à tout le monde de reprendre des forces. Une fois chose faite, peut-être que Fin' pourrait à nouveau ouvrir un portail, pour nous emmener loin d'ici?"

Je marque une légère pause, car plusieurs problèmes sont à relever.

- "Néanmoins, je vois encore plusieurs zones d'ombre. Karz et Ziresh sont encore en bas. Devons-nous les attendre avant de détruire le pont? Je ne pense pas, ils ignorent où nous sommes et ils sont peut-être déjà morts. Mais j'attends votre avis sur la question. Par ailleurs, comment détruire le pont? Il me semble assez solide, sauf en son centre. Enfin, quel est le meilleur endroit où Fin' pourrait nous mener? Un village proche à prévenir, au risque de se retrouver à nouveau en plein champ de bataille d'ici peu?"

Mon flux de parole m'étonne moi-même. En fait, je réfléchis tout haut bien plus que je n'expose un réel plan d'action.

Ce calme soudain qui nous entoure, tellement opposé à la fureur de la bataille, me fait sentir en une fois combien je suis fatiguée, et combien mes membres sont engourdis. M'adossant contre un mur, je me laisse glisser jusqu'au sol, profitant de quelques minutes de répit en attendant les réponses ou propositions des autres. De ma position, j'observer tous ces escaliers qui nous entourent. L'envie folle de partir en exploration me saisi, mais mon corps me refuse momentanément toute obéissance.

J’arrive à m’échapper de la cour grâce à l’aide de la mage aux cheveux roses, abandonnant derrière nous ceux qui ont décidé de se sacrifier pour couvrir notre retraite. Nous traversons le champ de pain sans s’arrêter, puis un pont de pierre suspendu au-dessus du vide. Nous pénétrons dans l’immense donjon, une grande salle meublé de tables et de chaises, d’où montent et descendent des escaliers. Je demande à l’Esserothienne de me laisser dans un coin pour que je puisse me reposer tandis que la sauvageonne expose un plan pour détruire le pont le temps que Fin’ recouvre assez de force pour tous nous évacuer. Je prends la parole, assez fort pour être entendu.

"Fin’ n’aura pas assez de forces pour tenir le portail assez longtemps, ça le tuerait sûrement."

Maintenant que j’ai eu un avant-goût de ce qui se passe quand on use de la magie, je suis certain de ce que j’annonce.

"Détruire le pont n’est pas une excellente idée si c’est notre seul moyen de sortir d’ici. Par contre, il est sûrement plus facile à défendre que la longue étendue de muraille. On pourrait le rendre glissant par exemple, ils ne pourront pas user l’avantage du nombre sur un pont étroit."

Je pense toujours que la seule façon de remporter ce siège c’est de frapper un coup assez fort pour qu’ils abandonnent. Nous sommes dans une ville remplie de mages, d’une façon ou d’une autre il y a un sort ou une combinaison de sort qui peut nous sauver la mise.

"Il serait peut-être temps de savoir qui peut faire quoi grâce à sa magie."

Je m’appuie alors sur le dossier de ma chaise pour me mettre debout et annoncer.

"Je m’appelle Xël et je suis capable de contrôler le vent."

Eva pénétra dans l'immense donjon. Elle arriva dans une salle, seulement meublée de tables de chaises et de coffres.
Keya envisagea de détruire le pont et d'attendre que Fin' soit en état de téléporter tout le monde.

Xël, quand à lui, déclara que Fin' n'aura pas assez de force pour tenir le portail suffisamment longtemps.

"Je confirme. La magie épuise, vraiment." déclara Eva en s'asseyant doucement sur la chaise la plus proche.

Le mage de vent trouva que l'idée de détruire le pont n'était pas excellente. D'après lui il vallait mieux le rendre glissant. Mais comment ?

"Je peux peut-être essayer de recouvrir le pont avec une couche de glace. Mais cela m'épuisera davantage, si cela ne me tue pas ..." répondit la mage de glace après la suggestion du jeune homme.

Il se présenta. Un mage capable de contrôler le vent. En voilà une bonne nouvelle.

Se levant doucement, en s'appuyant sur le dossier de la chaise, la demie-elfe déclara d'une voix fort, pour se faire entendre de tous : "Je suis Eva, mage de glace."

Une fois la présentation faite, elle demanda doucement à l'archer à ses côtès de l'aider à marcher. La mage de glace entrepris d'ouvrir les coffres qui se trouvaient dans la pièce pour voir ce qu'ils contenaient. Peut-être trouverait-elle quelque chose qui pourrait tous les aider ...

Pendant un instant, Ziresh crut sincèrement qu'il allait réussir à atteindre sa cible. Il avait reçu quelques coups, mais n'avait absolument pas peiné à les repousser. Sa performance ne suffit cependant pas à sa réussite. Il avait presque plongé vers l'ouverture, mais très vite, les colosses aux extrémités de la muraille s'étaient rapprochés. Il dût arrêter immédiatement sa course, sans quoi il aurait été embroché littéralement par les armes démesurées des géants de fer.
Mais il y avait pire que cette muraille. En étant devenu invisible, comme pour la première fois face au Dieu-Pieuvre, sa vision avait changé, comme s'il regardait les choses à travers un vitrail bleu. Et bien cette vision venait de disparaître au moment même où il avait été repoussé par l'ennemi. Désormais, si ce n'était le Ki qui brûlait encore en lui, il n'avait plus aucun avantage réel face au général. Les choses seraient cent fois plus difficiles désormais.

"Merde." murmura-t-il pour lui-même. Il se demanda alors comment il pourrait éventuellement s'en sortir... Puis au loin, il vit un visage qu'il reconnut immédiatement. Karz, l'archer de Yuimen. Il s'est joint à l'ennemi, le salaud..."

Plus d'effet de surprise, ni de véritable soutien. Si Ziresh voulait réussir à sauver Esseroth, il allait devoir compter sur lui-même et trouver un autre moyen que la discrétion. Et ici, il était encore difficile de faire usage de la ruse. Si seulement Karz avait été un véritable allié, il aurait été d'une utilité inestimable. Mais le loup d'argent ne se faisait pas d'idées : il était trop entouré et surtout trop en vie pour qu'il puisse être encore du côté de Yuimen. Marla avait probablement raison après tout...

Mais le général s'était alors adressé à lui. Et puisqu'il attendait une réponse, Ziresh sut qu'au moins pour quelques minutes, il ne risquerait rien. Mais il n'allait certainement pas se plier, non. L'ynorien lui avait alors demandé qui il était, et s'il croyait réellement pouvoir l'atteindre.

"Je suis Ziresh de Liykkendra, Loup d'argent et Porteur de Lumière, dit-il en gonflant le torse, toujours confiant. Quant à savoir si je pensais t'atteindre..."

Il fit mine de regarder derrière lui, pour constater tout le chemin qu'il avait parcouru. Et effectivement, trente minutes s'étaient déroulées depuis le début de sa course. Et si sa théorie selon laquelle Aliaénon pouvait éventuellement décupler les propriétés magiques des reliques s'était avérée fausse, il ne pourrait que le dire objectivement. Il avait accompli une tâche exceptionnelle en arrivant jusqu'ici.

"Je viens de traverser ton armée et en une demi-heure je n'ai pas été touché une seule fois. Alors oui, je pensais t'atteindre seul. Quelques minutes de plus et je t'aurais eu."

Pendant qu'il parlait, Ziresh essayait d'explorer tous les moyens possibles qu'il avait pour le vaincre. Mais la présence d'autant d'ennemis et sa visibilité l'en empêchaient. Il avait des poisons, diverses armes, notamment la lance-harpon qui avait eu raison du Dieu-Pieuvre en propulsant une tige de métal sur plusieurs dizaines de mètres... Et mieux que cela, il avait son arbalète portative. Mais si elle était utile, le carreau ne pouvait qu'être trop facilement arrêté par les armures des grands protecteurs. Et un tel assaut serait répliqué par une mort subite. Et il était vain de lutter si cela menait inéluctablement à la mort. Non, Ziresh ne voyait plus qu'une dernière solution...

Il serra encore ses armes, les plantant de part et d'autre de lui-même, prenant une posture de défi.

"Et toi ? Qui es-tu ? Tu parles comme si je devais te craindre, peut-être même te connaître. Mais pour moi tu n'es rien de plus qu'un gradé qui se cache derrière ses troupes."

Le Porteur de Lumière retira alors son casque, dévoilant à tous sa tête de loup. Son peuple, s'il n'était pas esclave, était considéré comme une espèce prompt à la servitude. Et pourtant, ce seul loup était passé à la limite de tuer un homme manifestement important. Il profiterait ce statut improvisé jusqu'au bout.

"Je vois que tu es un ynorien. J'en ai rencontré pas mal, et ils m'ont eu l'air d'avoir un certain sens de l'honneur. Mais chez toi, je n'en vois pas. Peut-être que tu le caches bien... Mais vue ta position dans cette bataille, je crois sincèrement que tu n'es qu'un lâche qui se cache derrière des engins de mort..."

Il regarda ensuite tour à tour les gobelins et orcs qui se trouvaient à ses côtés.

"Et des espèces assez stupides pour accepter de te servir de chair à canon."

Ziresh ria un instant, puis il reprit son ton de provocation une ultime fois. Il pensa juste un moment à Kâhra et à son clan, les deux raisons principales qui faisaient qu'il était justement là.

"Cette bataille n'en es pas une : c'est une purge infâme que vous avez organisée dans une autre monde tout simplement parce que vous n'étiez pas capable de prendre Yuimen. Vous avez décidé d'attaquer des gens innocents, incapable de vous répondre, juste pour vous créer un sentier. Je suis le seul ici à pouvoir croiser le fer avec toi. Je serai Esseroth, Yuimen, et tu seras Oaxaca. Je demande un duel, au nom de ceux que je veux sauver. Puisque tu te fais si confiance, et si tu as de l'honneur, voilà ce que je te propose. Abandonne tes machines et viens te battre une bonne fois pour toutes !"

Une mage de glace, un mage pour contrôler les bêtes et un qui peut faire de l'eau. Des pouvoirs peu utiles pour détruire un pont. Hélas, l'homme classe au chapeau insistait pour le détruire. Détruire une structure de cette taille à coup de masse ça doit prendre du temps, est-ce que les Esserothiens ont un moyen plus rapide de le faire ? Je suis à court d'idée sur ce sujet.

En regardant autour de moi je remarque que nous sommes au final très peu à nous en être sorti. Un profond sentiment de tristesse m'envahit, pourquoi ceux qui ne se sont pas battus n'ont pas été directement mis en sécurité dans le donjon, ça parait pourtant logique.

Je pousse un profond soupire, prenant ma tête entre mes mains sales.

C'est alors que la belle blonde réapparait, suivi d'une discussion dont je ne comprends pas tous les termes. Mis à part la partie sur son pouvoir. Elle était donc capable de copier un mage et de rendre ses sorts plus puissants, voilà qui pouvait nous sortir du pétrin comme le suggère le type au chapeau.

"Il suffit alors de trouver un mage qui a un pouvoir rôle destructeur et de le rendre assez fort pour détruire le pont. A moins de copier le sort de Fin' pour tous nous évacuer maintenant ?"

Dis-je en regardant Fin', mal à l'aise de ne pas avoir pu, au final, sauver sa cité.

"En tout cas, il faut le faire vite."

Sur ce, je me relève de ma chaise où je m'étais à nouveau affalé et me dirige vers le pont pour constater moi même de l'avancement de l'armée ennemie.

Peu de temps après qu'Eva se soit présentée, l'archer à ses côtés fit de même. Eligor. Voilà comment il s'appelait. Il pouvait contrôler l’esprit d’animaux sauvages.
Un autre Esserothéen se présenta sous le nom de Thross, il pouvait créer de l'eau.

Arthès déclara alors que ce n'était pas l'heure des présentations. Le pont devait être surveillé et détruit. Fin' répondit qu'il lui faudrait plusieurs heures de repos pour tous les sortirs de là.

Les coffres étaient remplis d'écrits. Il y avait de tout. Mais ce n'était sûrement pas ce qui allait les sauver...

Un des coffres contenait des bouteilles, beaucoup de bouteilles. Quelqu'une étaient de couleurs surnaturelles. Dans sa fouille, Eva trouva aussi des vêtements, divers et variés.

Tout à coup, une femme apparut, comme sortant des ombres. Simaya. C'est ainsi qu'Arthès l'appela dès son apparition. Elle déclara les plans de l'ennemi, du moins, ce qu'elle semblait savoir. L'homme au chapeau parla ensuite de son pouvoir. Il pouvait d'après lui les sortir de là.

La dame avait le pouvoir de copier le pouvoir d'une personne et de le décupler. Simaya pouvait aussi, d'après elle, créer de sortes de zones. Soit des zones ou la magie ne fonctionnaient pas, soit des zones ou la magie se trouvait encore plus dévastatrice.


(Et bien voila quelque chose de bien ! Nous allons pouvoir nous sortir de là avec un peu d'imagination.) pensa Eva en entendant les propos de la nouvelle arrivante.

Xël prit la parole, expliquant qu'il fallait donc trouver un mage avec un pouvoir destructeur et de le rendre assez fort pour détruire le pont. Ou alors il fallait copier le pouvoir de Fin' pour partir d'Esseroth maintenant.

"Qui pense pouvoir détruire ce pont si son pouvoir est décuplé ? Répondez vite, le temps presse. Je ne peux moi-même pas le faire car mes pouvoirs ne sont, même décuplés, pas assez destructeurs pour le détruire." dit la mage de glace d'une voix forte, pour se faire entendre de tous.

S'approchant un peu de l'archère, Eva lui chuchota, de façon à ce que seule elle l'entende : "Ziresh voulait directement aller tuer celui qui commandait cette armée. Il s'est rendu invisible par je ne sais quelle magie et il est partis."

La jeune mage me chuchote que Zirech a décidé de jouer les héros. J'incline légèrement la tête à cette prise d'information. Je doute qu'il sorte vivant de cette expérience. Et si c'est le cas, je ne pense pas qu'il parviendra à tuer le meneur des troupes noires. A moins qu'il n'aie des ressources cachées...

Ecoutant tour à tour les prises de parole, je déclare:

- "Je ne sais pas si utiliser le pouvoir de Simaya pour détruire le pont est une excellente idée. J'ai l'impression que ce serait le gâcher pour quelque chose dont nous pourrions venir à bout autrement. Par contre, elle pourrait décupler le pouvoir de Fin', et nous emporter à une distance plus lointaine que ce que Fin' sait faire. Nous transporter là où il y a du renfort..."

Mon attention se porte sur les escaliers qui entourent la pièce.

- "Allons voir ces escaliers, ils regorgent peut-être d'un quelconque secret nous permettant de détruire le pont..."

Et je me lance dans l'ascension de l'un d'eux, ignorant vers quoi il me conduira.

Ziresh n'en croyait pas ses yeux. Il avait eu le courage, l'audace, de s'attaquer au général d'une armée qui était à quelques heures de l'annihilation totale d'Esseroth. Mais jamais il n'aurait imaginé que cela puisse être l'un des Treize d'Oaxaca. Il venait de traverser une armée entière, et s'il n'y avait eu ces colosses de fer noir, il aurait assassiné l'une des treize personnes représentant la déesse qui semait le mal en Yuimen depuis des années. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine crainte. Mais plus que tout, il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir de ne pas avoir réussi à mener son assaut jusqu'au bout... Et la manière dont Vallel s'adressait à lui, le jaugeant, se moquant de ce qu'il considérait comme étant de l'ignorance... Cela n'arrangeait rien.

Le Loup d'argent craignait cet homme, mais ce n'était pas encore de la peur. Il redoutait son pouvoir, mais il était loin de la terreur qu'il aurait pu inspirer à la plupart des citoyens d'Esseroth, ou encore de Yuimen.
Il essayait de se justifier. Et étrangement, cela satisfaisait Ziresh. Si cet homme avait été un mal pur et simple, il n'aurait pas tenté de se justifier. Il n'aurait fait que continuer son siège, et aurait peut-être simplement ordonné la mort du liykor. Mais ce n'était pas le cas... En fait, le loup en était étonné, car jusqu'ici, il n'avait eu affaire qu'avec des représentants archaïques de Thimoros ou d'Oaxaca. Il avait ressenti de la pitié pour les troglodytes qui vénéraient une ancienne icône de Thimoros, mais il devait l'admettre : ils se comportaient comme de simples fanatiques, obéissant de manière irréfléchie, se battant juste pour le plaisir du mal...
Mais Vallel, lui... Il semblait avoir une histoire. Il y avait quelque chose qui le poussait à anéantir Esseroth et Ziresh en était presque sûr, mais cela ne concernait en aucun cas Yuimen. Il regardait la fumée s'élever de la ville des mages et semblait en être heureux, mais il n'avait pas exprimé son désir de puissance, sa mégalomanie qui représentait tellement la déesse.

"Vallel, hein... J'ai déjà tué plusieurs de tes créations."

Tout ce que Ziresh connaissait de Vallel, c'était son statut de membre des Treize et ses créations : les Redoutards. Il avait dû en combattre pour posséder la Hallebarde Protectrice.

"Tu dis vouloir éclairer ma lanterne, me raconter ton histoire. Mais à part le fait que tu sois un lieutenant d'Oaxaca, un créateur d'atrocités et que tu sois originaire d'Esseroth, tu ne m'apprends rien. Je devine cependant tes intentions. Si tu es à la tête de cette armée aujourd'hui, ce n'est pas pour Yuimen. C'est parce que tu as encore des histoires avec cette ville."

Ziresh était d'ordinaire un être toujours en proie au doute, se posant éternellement la question de savoir s'il avait raison, s'il faisait le bon choix. Mais étrangement, ici, il était presque sûr de ce qu'il avançait. Peut-être était-ce la traversée de cette marée qui l'avait changé. Ou encore cette réflexion qu'il avait eue, celle pour laquelle il s'était demandé "pourquoi il se sacrifiait au nom de son monde". Là, en tout cas, il n'avait aucune peur.

"Tu as l'air décidé à détruire cette ville. Mais tu ferais une erreur monumentale en faisant cela. Et il y a plusieurs raisons."

Il laissa régner un semblant de silence, couvert aisément pas la bataille, mais interrompant la conversation. Puis il reprit bien vite, après avoir regardé chacun des gradés autour de lui.

"En détruisant Esseroth, tu vas détruire une ville qui est source de magie. La plus grande source de connaissances auxquelles tu puisses accéder entre nos deux mondes. Tu dois te dire que tu prendrais directement ce que tu veux, mais tu as tort : les mages détruiront toutes sources de savoir avant que tu ne puisses perfectionner ta magie. Et comme il s'agit de ton domaine de prédilection, je devine que ce n'est pas ce que tu souhaites. Admettons que tes guerriers sans cervelle arrivent au donjon : ils n'auront pas conscience de la manière dont les mages les empêcheront d'avoir accès au travail de plusieurs vies."

Il serra encore ses armes. Le fait qu'il discute ne changeait en rien sa combativité : il était toujours prêt à en découdre s'il le fait.

"Et il y a autre chose. Tu dis ne pas me tuer uniquement parce que je suis parvenu jusqu'à toi. Je pense plutôt que tu ne veux pas me tuer parce que je suis le SEUL à être parvenu jusqu'à toi. Je suis le seul véritable guerrier d'Esseroth, je suis le représentant de la volonté des Yuiméniens à défendre leur monde. Si tu détruis Esseroth, si tu ne te décides pas à l'abandonner, je serai obligé de te combattre. Et admettons que tu gagnes, puisque tu es tellement certain de me vaincre, quelle serait la réaction de la déesse Oaxaca, en sachant que tu as tué un champion de Yuimen, plutôt que de le capturer et l'exploiter comme il convient ? Que tu as seulement tué par avidité, pour détruire une ville, plutôt que de garder un être dont elle puisse avoir l'utilité ?"

Un sourire se dessina sur les babines du loup. Il n'avait peut-être pas réussi à tuer ce lieutenant, mais il n'en était pas moins capable de l'écarter de cette ville. Il conclut alors.

"Tu veux "rallumer ma flamme du savoir" ? Si tu veux me soudoyer pour te rejoindre, fais le correctement. Je suis inestimable pour ton camp. Tu n'as que deux choix : soit tu abandonnes Esseroth et je te rejoins, soit nous nous battons, et alors nous verrons si te tuer dans ton propre monde est si difficile."

Ziresh se mit alors en position de combat, levant la Hallebarde protectrice, et plaçant la Masamune de l'imperturbable devant sa gueule. Il s'était montré convaincu par ses paroles, mais il ne pouvait pas deviner s'il réagirait comme il le souhaitait. Il était prêt à combattre, coûte que coûte. Il ne servait à rien de s'abandonner à l'ennemi si son monde devait sombrer.