renvois de mon majordomeElenwë fut curieuse de savoir ce qu'elle pouvait bien regarder dans son bureau de si intéressant, mais elle n'épilogua pas plus que cela sur le sujet, elle saurait bien un jour.
(Mon caractère ? Il a quoi mon caractère ? Absolument rien ! Tu ne peux pas tout ramener à lui sans cesse ma vieille ! Je ne lâcherais pas une once de terrain, je suis une incomprise !)pensa fortement la jeune fille en toisant durement la directrice, elle venait à peine de la rencontrer et déjà elle l'avait catalogué, rangé dans une case de l'élément à problème. Elle croisa ses bras, cela semblait évident pour elle, indubitablement elle maîtrisait le feu, comment en pourrait être autrement ? Les autres forces de la magie semblaient si fades, si faibles pour la petite Hinïon, ils n'avaient aucun intérêt.
Au départ, Elenwë avait pensé que cette réflexion entre le sordide et le stupide, elle se lavait tous les jours, elle était propre et n'avait aucun problème. elle pensait que c'était une image du domaine du second degré. Puis elle se demanda alors, que pouvait bien regarder la directrice dans cette direction en pleine discussion. Le petit bout de femme releva la tête afin de suivre le mouvement, puis elle ouvrit de grands yeux écarquillés. La directrice de l'école venait en quelques secondes de faire apparaître une énorme sphère d'eau au-dessus d'elle, pire, c'était une menace directe envers elle. Ainsi, elle se la jouait aussi directe qu'elle, quelqu'un sur son propre terrain. Entre jalousie et impressionnée, Elenwë revint la regarder dans les yeux, tout à ses pensées.
(Elle s'en prendrait à une élève ? C'est peu probable, mais je ne compterais pas là-dessus. Après tout une douche n'a jamais tué personne, et maintenant de toute façon, qui viendrait vérifier dans quel état suis-je ? Personne assurément ... ) Devant cette menace, Elenwë ne savait pas trop comment réagir. Jamais personne n'avait osé ne serait-ce qu'émettre un avertissement verbal ou gestuel, alors la toucher physiquement, jamais ! Un peu perdue et décontenancée, elle s'assagit quelque peu en réfléchissant à nouveau.
(Elle est vraiment très forte, je ne l'ai même pas vue se concentrer ne serait-ce qu'une seconde. Elle ne semble faire aucun effort, elle a un contrôle parfait de son sort. Si elle veut, elle pourrait me balayer d'un simple geste de la main, sans que je m'en rende compte moi-même d'ailleurs. )La jeune rouquine était méfiante, elle serrait les dents et ses poings, elle avait très bien compris que la sphère se rapprochait très lentement, qu'à n'importe quel moment elle pourrait fondre sur elle. Elenwë se décida alors de feindre cette menace comme si ce n'était rien. Elle ne devait en aucun cas se montrer faible, elle ne devait jamais avoir aucun point faible. Elle prit le luxe d'essayer de se détendre en prenant une position confortable. Elle savait que parler à ce moment-là ne ferait que la desservir, elle continua à se murer dans le silence pour le moment.
(Des vêtements souillés ? Pas question ! Je ne saurais le permettre, qu'aurais je l'air alors ?!) Pour elle, habituée à la haute société, c'était une chose impossible et une grave honte, se retrouver trempée, dégoûtante et dégoulinante. À aucun moment elle ne pouvait consentir à manquer de classe ou être imparfaite.
Puis la directrice s'expliqua sur son geste d'avoir brûlé la lettre, assurément qu'Elenwë n'était pas quelqu'un d'assez expérimenté pour cacher ses émotions. Quoiqu'elle n'ait jamais vraiment cherché à le faire, elle qui était tant dominée par ces dernières. Elle était rassurée, tout devenait logique à avoir pris une solution si extrême. La directrice voulait simplement respecter le père d'Elenwë, lui qui avait toujours eu tant de tact et de discrétion pour tout. La jeune enfant hocha simplement la tête comme signe qu'elle comprit le geste.
( Elle n'est peut-être pas si méchante après tout ...) Elenwë agacée de voir la directrice prendre des notes de temps à autre, ne put se retenir de sortir une réflexion acide due aux frustrations diverses précédentes.
"Mais qu'est-ce que vous n'arrêtez pas d'écrire comme cela ?! " Puis Elenwë se souvint du globe menaçant au-dessus d'elle, elle eut soudain peur de se le prendre sur la tête. Très rapidement, elle reprit la parole beaucoup plus calme et tendre, peut-être même trop.
" ... S'il vous plaît. "C'était quelque chose de presque unique pour elle, de prononcer ce mot, elle le connaissait certes, mais c'était un énorme effort pour elle de le dire. Comme si ça la blessait dans sa gorge et sa bouche qui devenait pâteuse. Elle attendit la réponse avant de poursuivre plus calmement dans son questionnement.
"Et avec qui je serais dans la chambre ? Quel genre de personne est-ce ?" Puis elle réagit à l'annonce de la fouille de ses valises, des hommes allaient trier comment elle allait s'habiller pour les jours, les semaines, voir les mois à venir. Elle fut prise de convulsion pour se retenir au maximum d'exploser de rage, après tout elle n'avait pas oublié l'eau au-dessus d'elle. Elenwë tenta de répondre avec le plus de calme dont elle était capable, vu son état mental et physique.
"Faire le trie ?! Mais enfin juste une seule malle, c'est bien trop peu ! Comment vais-je me vêtir ?! Pas de maquillage, de parfin, ni de bijoux !!! Mais je vais ressembler à rien ! "Puis la petite rouquine réalisa ce que la directrice avait dit, elle voulait voir la véritable personnalité d'Elenwë. Elle se figea totalement comme déjà prise dans la glace, la directrice de l'école venait de la percer à jour. Elle se sentait totalement nue devant elle, comme si elle pouvait lire en elle comme dans un livre, peut-être même qu'elle avait des pouvoirs pour lire dans les pensées. Elenwë était totalement perdue, elle ne savait pas du tout comment réagir à tout cela. Elle était bien trop jeune, elle avait perdu en quelques secondes toute agressivité accumulée depuis le début, elle était défaite. Au bord des larmes, ses yeux en brillaient aux coins. Non, elle ne devait pas craquer, elle devait tenir et faire face quoiqu'il en coûte. Son cœur battait la chamade, elle était paniquée, elle avait si chaud, mais cette chaleur n'était la douce et apaisante de ses flammes.
La directrice avait recouvert sa main de glace, Elenwë venait de réaliser que la directrice pouvait contrôler l'eau, la glace et certainement d'autres éléments encore. Elle essaya de se reconcentrer sur les cours de magie qu'elle avait suivis auparavant.
(L'eau est puissante face au feu, mais c'est selon la maîtrise respective des deux mages. Un feu ne brûle pas sur un lac, mais un brasier ne saurait être éteint par un simple seau d'eau. La glace quant à elle est bien trop puissante, il faudrait une force colossale pour contrer cet élément. Je n'ai aucune chance face à elle, elle est bien trop puissante pour moi ..... )Elenwë qui commençait à perdre confiance en elle, à déprimer, balaya tout ça par son énorme volonté dont elle était capable, elle commença à se reprendre. Elle n'était plus perdue et faible comme elle l'avait été pendant un court moment. Si sa colère pouvait être un freint à de nombreuses occasions, s'il pouvait lui poser beaucoup de problèmes dans sa vie, il pouvait être aussi une source de force mentale incroyable. En quelques minutes, elle avait repris le dessus. Mais cette fois la rage ne se tournait pas vers les autres, mais vers elle-même.
(Co... Comment puis-je être aussi faible ... Non ...Personne ! Personne ne doit me dominer, je ne peux perdre devant personne ! Je dois être puissante et incontestable ! ) Elenwë n'allait aucunement s'attaquer à la directrice, elle n'y avait même pas pensé une seule seconde. La personne à l'heure actuelle qu'elle détestait le plus, c'était elle-même. Cette petite fille incapable de faire face, elle avait failli pleurer comme une enfant. Sur son dispositif, le rubis d'une taille respectable pour une pierre précieuse, se mit à luire légèrement de toute la force de ses sentiments dont elle faisait preuve. Ses yeux brûlaient d'une détermination sans bornes, elle deviendrait forte, c'était décidé. Elle n'avait jamais eu l'occasion de réaliser qu'il y avait des gens hors de sa portée, tout le monde lui disait qu'elle était la meilleure. D'une façon étonnante, Elenwë reprit la parole d'une voix d'un calme terriblement profond, sans aucune tricherie ou manipulation. Elle posa ses jambes côte à côte le long du siège, elle joignit ses mains sur ses cuisses, sa pierre avait fini de luire. Puis elle finit par répondre à la dernière question à ça façon.
"Oui ... Madame la directrice." Mises au point