...La Forêt d'Émeraude, loin d'être aussi facile à traverser qu'elle l'aurait pensé, étaient dénués de tout chemin clair et précis, la forçant à s'aventurer au hasard dans la direction qu'elle pensait être la bonne. Elle savait que les carnivores se déplaçaient sans cesse, afin de garder leur position exacte inconnue des végétariens et ainsi gagner un avantage stratégique net sur eux, aussi n'avait-elle aucun espoir de les trouver au petit bonheur de la chance. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était attendre d'être arrivée suffisamment proche pour que ce soit eux qui lui tombent dessus, et non le contraire. Après tout, ils allaient bien finir par se demander ce que faisait une gamine seule, au milieu de ces bois denses, alors qu'une véritable guerre civile couvait dans les environs et menaçait à tout instant de déverser rage et horreur sur ces terres.
La forêt était pourtant si calme... Peut-être parce qu'elle était là, nulle bête sauvage ne se montrait, et les cris d'animaux restaient lointains, étouffés par le labyrinthe de feuilles et d'écorce. La Forêt, fatalement, semblait attendre avec angoisse l'heure des combats et le déluge de sang qui allait nourrir son sol et vider ses bois. Sous cette lumière émeraude, l'enfant était un détail incongru, petite touche aux couleurs contrastantes qui venait comme une mouche sur le chef-d'œuvre d'un maître - comme un petit écart chaotique dans l'heureuse destinée du monde.
Mais, malgré tout ce calme et cette ambiance si agréable, il y avait quelque chose qui clochait. Non pas qu'elle fût surprise du recul qu'elle gardait vis-à-vis de la beauté subjective de ces lieux - s'émouvoir pour quelques arbres et deux-trois pigeons, c'était bien plutôt l'attitude d'un elfe benêt que la sienne, plus dure et pragmatique -, mais plutôt qu'elle se sentait... mal à l'aise. Il y avait comme un danger qui planait au-dessus de sa tête, mais dès qu'elle lançait un regard en arrière ou qu'elle dressait l'oreille, il n'y avait que ces bois immenses et le murmure du vent. Ou une brindille qui craquait, à une dizaine de mètres de là ? Elle n'aurait su dire avec précision si c'était de la paranoïa ou une attention particulière portée à son environnement.
Et la chose continua pendant une bonne heure pendant laquelle son cheval continuait à avancer et elle à écouter, oscillant entre l'anxiété et le refus de se croire en danger, voire le déni de ce qu'elle croyait percevoir. Un ennemi n'aurait pas attendu aussi longtemps avant de se dévoiler, songeait-elle, car c'était d'autant plus de temps pendant lequel il risquait d'être repéré. Mais pourquoi un ami l'aurait-il suivi ainsi, et en secret ? C'était invraisemblable : ou alors, c'était un simple curieux - mais une heure, tout de même... Et elle n'appréciait pas trop imaginer qu'on ait pu la suivre au tréfonds d'une telle forêt, un coup à croire qu'il s'agissait d'un type essayant d'explorer le tréfonds... d'autre chose.
Quand soudain, alors qu'elle était déjà tendue, qu'elle avait vérifié plusieurs fois les positions de ses dagues et les attaches de ses protections de cuir, une voix masculine s'éleva dans son dos, ce qui la fit se retourner immédiatement et reconnaître... l'un des frères Dongho. Celui qui était au manoir des D'Omble avec elle - Celemar, non ? Et, sans complexe, il l'abordait comme ça, son sourire de grand tombeur aux lèvres, comme un séducteur aborderait une jeune femme dans les rues de Tulorim. À cette différence près qu'ils n'étaient pas à Tulorim et qu'il venait pour la narguer et la provoquer. Au moins ne semblait-il pas agressif le moins du monde, aussi répondit-elle par un sourire au sien, aussi innocente que possible, tandis qu'il proposait de la guider là-bas à condition de connaître ses intentions réelles.
Enfin, s'il avait commencé par une pique...
« Vous êtes... Celemar, répondit-elle après un instant à simuler la recherche du nom. Vous m'avez suivi depuis le manoir des D'Omble, en plein cœur de cette forêt ? Faites attention, on aurait pu vous prêter des intentions peu louables, considérant mon âge... »
Il voulait être taquin, elle l'était aussi : son sourire se montrait tout aussi avenant que le sien. Quant à savoir s'il l'était réellement ou si ce n'était qu'une façade... Il était trop souvent de bonne humeur pour que ce soit si facile à interpréter. Avec précaution, elle descendit de son cheval pour continuer à pied à ses côtés (de toute façon, la progression était ardue), alors qu'il répondait avec humour à sa boutade, ayant bien peur que seuls les arbres puissent lui prêter un tel dessein. (Il est venu seul. Bon.)
« Je gage que mon objectif est le même que le vôtre : ramener la paix dans la Forêt d'Émeraude et faire en sorte que ce conflit se taise au plus vite. »
En soi, ce n'était pas si faux. Il restait certes à préciser quelle “paix” elle voulait, et quel sens elle donnait à “faire taire” un conflit... Enfin, elle arrivait suffisamment bien à enrober les choses pour qu'on y entende tout ce qu'on désirait. Elle se rapprocha légèrement de lui, pour parler plus bas, comme si elle lui faisait une confidence :
« Je souhaite intégrer les rangs des carnivores, devenir l'une d'entre eux et comprendre leur raisonnement, annonça-t-elle solennellement, un sourcil relevé. Mais pour cela, j'aurais besoin d'une faveur... que vous ne me reconnaissiez pas comme une yuiménienne, ni vous ni votre frère. Ou en tout cas, pas devant les carnivores. »
Elle s'écarta un peu et reprit d'un ton plus naturel :
« Vous aurez toujours la possibilité de me dénoncer, et ma couverture sera alors fichue. Mais je ne doute pas que les informations que je trouverai là-bas me conforteront dans mon opinion. »
Et voilà le piège qu'elle leur dressait toujours : leur annoncer à moitié ce qu'elle souhaitait faire, pour qu'ils lui laissent toute latitude pour ses projets personnels, leur faisant croire à tort qu'ils auraient toujours la possibilité de l'arrêter si jamais les choses tournaient mal... Celemar fut un instant surpris de cette volonté inébranlable de rejoindre les carnivores en en sachant si peu sur eux, mais approuva néanmoins, considérant qu'ils étaient plus “humains” que les végétariens eux-mêmes. (Ironique et pourtant si vrai. Les humains ont toujours été amateurs de sang et de chair fraîche...)
Et puis, il décida quand même de remettre en question sa stratégie, ne comprenant pas pourquoi elle souhaitait faire ceci de façon incognito alors qu'elle était bien plus légitime à participer à cette guerre et à se trouver là en tant que yuiménienne appelée par Kiyo. Elle fit la moue, dubitative, mais commença par une précision :
« Allons. Je ne rejoins jamais personne de façon irréversible : je souhaite seulement les comprendre eux, maintenant que j'ai eu la version des végétariens. Peut-être qu'ils me décevront et que je m'en irai, peut-être qu'ils me convaincront et que je me dévouerai à leur cause plus ardemment que je ne l'aurais jamais pensé. »
(Peut-être même qu'ils m'arracheront aux griffes de la Trinité...) Elle n'y croyait pas vraiment. Les trois sœurs étaient suffisamment puissantes et dignes de leur pouvoir, à ses yeux, pour légitimer qu'elle les serve - du moins tant qu'elles la récompenseront à la hauteur de ses exigences.
Mais pour ce qui était de la couverture, l'archer avait plutôt raison, dans un sens. Après une courte réflexion, elle ajouta d'une mine hésitante :
« Vous pensez ? Je dirais que, si je révèle mes origines, on fera plus attention à moi. Je serai plus observée, moins libre de mes mouvements. J'avais l'intention d'indiquer que je suis une errante en ce monde, originaire d'Esseroth et passée par Arothiir, reprenant ainsi l'histoire avec laquelle j'ai trompé les Hommes Pâles de cette dernière cité. »
“Trompé”... Un bien grand mot. Mais mieux valait garder une certaine cohérence : celui-ci n'allait probablement pas aller interroger la Trinité en personne sur la jeune fille qui était passée dans leur Palais il y a quelques jours de cela. Mais cette histoire n'allait pas, parce qu'il n'y avait plus Dorika avec elle : et Celemar ne pouvait pas la remplacer dans le rôle de tuteur protecteur puisqu'il était déjà connu des carnivores. Connaissant déjà la réponse, elle demanda :
« Vous pensez que ça ne prendra pas ? »
Il pointa précisément qu'elle était une petite fille, ajoutant à l'incongru en remarquant qu'il s'agissait de fauves féroces, et que l'option “passer inaperçue” n'était décidément pas accessible. Oh, il fit bien mention de l'importance d'être franche avec eux, puisqu'elle souhaitait également de la franchise de leur part - encore ce genre de réflexions qui étreignaient avec force les défenseurs du monde bienheureux. Mais il y ajouta un argument qui attira immédiatement l'attention de Yurlungur : comme quoi les carnivores, par un instinct presque animal, étaient capables de ressentir physiquement bien plus de choses que les humains eux-mêmes. Comme un chien pouvait ressentir la peur de son maître, par exemple... C'était un contre-temps fort peu avantageux pour elle.
Elle fit la moue, pour la forme, répondant seulement :
« Moui. Vous avez sans doute raison. »
Bon. Les plans avaient changé. Il faudrait d'abord se rendre compte s'ils pouvaient sentir pour qui elle travaillait réellement, jusqu'où ils pouvaient déterminer ses intentions propres, et tout le tintouin, en se présentant comme une yuiménienne aux côtés de Celemar. Elle attirerait l'attention, bien sûr, mais il faudrait faire comme si elle ne savait pas se battre, bien sûr. Comme si elle n'était qu'une simple petite fille, venue donner un avis pur et ingénu sur ce conflit... Oh, c'était risible. Tant qu'à faire, elle se risquerait bien, à l'occasion, à en affronter l'un ou l'autre en amical, ne serait-ce que pour prouver sa valeur et épater un peu l'autre à sa gauche.
Mais pour bien l'épater, il fallait préparer un peu le terrain. Elle soupira d'une façon qui n'était pas trop surjouée - elle en était plutôt fière, de ce soupir-ci -, et demanda d'un ton las, incertain :
« Dites-moi... Est-ce que vous pensez que je ne suis pas capable de me défendre face à ces carnivores ? C'est que... je ne sais pas me battre aussi bien que vous, les autres yuiméniens. Je dois être la plus faible d'entre nous tous. »
En vérité, elle ne connaissait absolument pas leur niveau réel. Elle savait se battre, bien sûr, et elle avait bien remarqué que certains d'entre eux ne feraient qu'une bouchée d'elle (par exemple ce gigantesque humoran, ou la plupart des Sauveurs qui avaient tout de même un sacré bagage derrière eux), mais sans les avoir vus à l'œuvre, elle ignorait à vrai dire à quel point elle était en défaut par rapport à ces adultes.
Et alors qu'elle s'astreignait à garder une mine inquiète tournée vers lui, Celemar prit une expression d'horreur théâtrale - la même que lors de cet arrêt sur l'aller vers le Royaume des Pâles -, annonçant avec un ton exagérément dramatique que ces carnivores étaient bien trop forts pour eux tous, qu'il valait mieux ne pas s'en faire des ennemis, oubliant presque de préciser qu'ils la mangeraient toute crue. Un sourire ébrécha son masque, plus amusée qu'autre chose par cet excès de pitreries. Et puis, un peu plus sérieux, il indiqua qu'il ne la pensait pas si inoffensive que ça, puisqu'elle était ici, et que son instinct lui disait que sa faiblesse n'était qu'apparente.
(Il n'est pas dupe,) songea-t-elle. (Il ne le dit pas, mais il n'est pas dupe du tout...)
Dire qu'il n'avait même pas évoqué le fait que Naral s'était porté garant pour elle, à la milice d'Oranan. Un événement oublié, tant mieux pour elle : il n'avait eu d'utilité que sur le coup et ne pouvait que la desservir ensuite. Elle sourit gentiment, répondant candidement :
« Votre instinct me flatte sympathiquement, dans ce cas. Est-ce que, maintenant, je peux partir du principe que vous allez me guider jusque là-bas ? »
Car il s'agissait de cela, tout de même. Sans attendre réellement la réponse qu'elle connaissait à moitié, elle continua de marcher et reprit :
« Au moins, vous êtes plus causeur que Dorika. Je voulais vous demander... Votre frère et vous, ça fait longtemps que vous voyagez ensemble comme ça ? Vous êtes de vrais aventuriers, des professionnels et tout ? Vous avez déjà participé à beaucoup de quêtes héroïques sur Yuimen ? »
Elle le fixait d'un air intéressé, curieux - qui n'était même pas feint. Pour une fois qu'elle avait une présence qui aimait parler à ses côtés, elle allait essayer d'en profiter un peu : le silence pesant de Dorika et les mystères planant sur Arsok, suivis de ce long voyage entre Arothiir et Treeof sans personne à qui parler (mis à part Papillon, qui faisait néanmoins sa Faera muette), tout cela avait quelque peu attisé ses envies de dialogue.
Celemar accepta de la guider du mieux qu'il le pouvait, expliquant toutefois qu'il ne connaissait que la direction générale et non l'emplacement précis. Sans doute allait-il utiliser sa pierre pour communiquer avec son frère, une fois qu'ils seraient suffisamment proches.
Et il se lança dans des explications sur sa personne. Par chance, elle était tombée sur le plus bavard des frères : il rappela que lui et son frère, ensemble depuis la naissance, venaient de Tulorim, plus mercenaires qu'autre chose, qui s'étaient rendus par ici afin d'acquérir gloire et postérité. Et, sur un clin d'œil, il lâcha qu'être appelé “Sauveur d'Aliaénon” l'attirait bien, un peu beaucoup pour pouvoir négocier de gros salaires auprès de ses futurs employeurs.
Quelle franchise ! Elle en était tout époustouflée. Les seuls qui parlaient comme ça de l'argent, qui le plaçaient comme le but ultime de leur emploi, plus que l'envie d'aider qui que ce soit, c'étaient les pirates de Dahràm. Celui-là, il lui plaisait bien, même s'il était encore un peu pétri d'honneur et de considérations relatives au “bien” et au “mal” - alors que tout ceci n'était que justice. Un peu trop naïf pour elle, mais en même temps si libre... Oui, elle l'appréciait.
« Ça, c'est pas faux ! Je suis bien d'accord avec vous. Dire qu'ils possédaient des milliers de yus et qu'ils les donnaient comme ça, comme si ça ne valait rien, lorsque nous étions à la milice d'Oranan - vous vous en souvenez, non ? »
Ç'avait été époustouflant. Dommage qu'ils aient tout investi dans un orphelinat - alors qu'on s'élève bien mieux au milieu des rues, à apprendre la vie à la dure. Non ? Elle prit un air un peu rêveur, imaginant posséder autant d'argent dans sa bourse.
« Évidemment, quand on parle pognon, à partir d'un certain chiffre, tout le monde écoute et se tait religieusement. Et puis, qui n'a jamais rêvé de vivre sans avoir à se soucier du lendemain, avec suffisamment d'argent en poche ? »
Tout dépendait de la définition de “suffisamment”. Pour avoir côtoyé les légendes des plus grands pirates arpenteurs de mers, des plus habiles voleurs et des meilleurs contrebandiers, elle savait bien qu'on ne s'arrêtait pas si facilement lorsqu'on était lancé... Il fallait contribuer à sa légende, faire monter si haut le tas de pièces d'or que personne n'essayait plus de résister ensuite. Elle tourna son visage vers lui, tout sourire et glissa, un peu gênée de l'admettre :
« Je vous aime bien, vous êtes un peu comme moi, au fond. »
Savait-il d'où elle venait ? Sans doute pas. Elle ne l'avait indiqué à personne, avait débarqué à Oranan le jour même, sans histoire, sans passé, sans rien... Son visage redevint plus sérieux.
« Mais, puisque vous parlez de batailles... Vous pensez qu'on en verra une dans cette Forêt ? J'aurais dit qu'à présent, c'est inéluctable qu'il y aura confrontation. Ce sont les circonstances et l'issue de celle-ci qui rend l'avenir incertain. »
Il y convenait. Une guerre à proprement parler pouvait être évitée selon lui, mais le sang coulerait nécessairement. Il espérait que les végétariens abandonnent leur fierté pour reconnaître leurs torts, mais cela lui semblait fortement compromis. Une chance pour les carnivores, en quelque sorte, qui pourraient sans conteste imposer leur loi - la loi du plus fort - au sein de cette forêt qui les avait trop longtemps rejetés.
Et puis, retombant toujours dans la plaisanterie, il lâcha que sans bataille, il n'y aurait ni butin ni gloire. Comme s'il avait intérêt à ce qu'elle éclate ? Amusée, elle répondit toutefois :
« Je me tiendrai à l'écart de celle-ci lorsqu'elle arrivera. Ce n'est pas trop un terrain de jeu adapté pour moi. »
Une bataille, elle en avait déjà vue une. Maintenant, elle était peut-être capable de participer à l'une d'entre elles... Mais elle n'était pas sûre. Au moment où tous les regards seraient rivés sur un tel déchaînement de rage, elle avancerait ses pions dans l'ombre et toucherait les cibles importantes pour favoriser la victoire de ses intérêts.
Mais Celemar semblait bien assuré concernant les batailles, comme s'il allait forcément faire partie du camp gagnant. Elle plissa les yeux et, suspicieuse, demanda :
« Vous avez déjà assisté à une bataille, Celemar ? »
Non. Il n'en avait jamais vue - parce qu'il n'y en avait pas tant que ça en Imiftil. Quelques escarmouches, dont l'une qui lui avait offert sa belle cicatrice et renforcé son lien avec son frère, sauveur du dernier instant. Et, innocemment, il précisa que c'était sur les champs de bataille qu'on se découvrait soi-même et qu'elle se découvrirait peut-être une passion pour le meurtre sauvage.
(Ce n'est pas seulement qu'il n'est pas dupe. Il sait tout. Il sait tout et il joue avec moi pour que j'en vienne à le reconnaître,) pensa-t-elle alors, son clin d'œil trop incongru pour être seulement là pour rigoler. Il l'associait à l'idée d'un meurtre, il savait qu'elle en était capable, il en savait trop. Et si lui en savait autant, par instinct, alors les carnivores ? Même si ce n'était qu'un lapsus, c'était déjà trop. Son masque ne tiendrait pas longtemps : mais il faudrait qu'elle s'en débarrasse elle-même au moment opportun afin de montrer qu'elle leur faisait finalement confiance... Pas maintenant.
Elle montrait donc un visage perplexe à cette idée et, ajoutant à cela une moue de dégoût, elle lâcha :
« Mouais. J'en ai déjà assez vu pour ne plus être si attirée par ce genre de carnages. »
Dans un sens, c'était vrai. Les carnages de masse, sur un champ de bataille, c'était pour les grands héros. Les gens comme elle restaient discrets, dans l'ombre, s'attaquant à des adversaires uniques et ciblés. Et puis, sans pouvoir s'empêcher une dernière pique, elle leva un sourcil pour remarquer :
« De toute façon, vous n'êtes pas trop le genre à être en plein milieu de la mêlée, j'imagine. Plutôt distant, à cribler de flèches vos cibles, je me trompe ? C'est pas vous qui m'apprendrez à me battre contre un énorme minotaure qui voudrait m'écrabouiller entre ses sabots ! »
Il répondit tout aussi badinement par l'affirmative, mais elle écoutait à peine, souriant seulement puisqu'il était à nouveau sur le ton de la plaisanterie. Ce type était assez dangereux, mine de rien. Pour le moment, il s'entendait bien avec elle, par chance - mais il fallait éviter toute prise de risque trop importante, contrairement à ce qu'il sous-entendait.
Elle aviserait une fois au camp des carnivores.
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