L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 75 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: La grande bibliothèque
MessagePosté: Dim 26 Oct 2008 19:02 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 15:46
Messages: 13910
La grande bibliothèque


Image


Située entre le palais royal et le temple de Gaïa, la grande bibliothèque Kendrane est sans doute le point de rendez-vous de la majorité des érudits de Yuimen.

Dans une autre aile du bâtiment se trouve d'ailleurs le musée, rendez-vous des artistes. En effet, outre le privilège de pouvoir exposer leurs œuvres, les artistes pourront aussi trouver ici un mécène, un acheteur, ou encore rencontrer d'autres artistes. La seule collection permanente que vous verrez ici,est constituée des œuvres achetées au fil des siècles par la famille royale Kendrane.

Image

dessin de Lothindil


Dans la bibliothèque, vous serez accueilli par un vieil homme, Kardan Tunéric, toujours entouré de livres. Vous verrez des livres et des manuscrits à profusion et à portée de vue. Le plafond culmine à cinq mètres de hauteur, entre celui-ci et le sol: des livres, des livres, les rouleaux de parchemins sont au dernier étage.

Dans toutes les salles vous trouverez des chaises, des tables, de feuilles de parchemin et des plumes. Ne vous avisez cependant pas d'écrire dans un des ouvrages, Kardan vous tuerait sans autre forme de procès.

Enfin, une salle à l'écart permet les discussions autour d'un ouvrage, tandis que le reste de la bibliothèque est vouée au silence.

La légende veut que la bibliothèque ait été le seul bâtiment construit par Gaïa à la création de Kendra Kâr. Elle y aurait rassemblé le savoir du monde dans plus de cent mille ouvrages.

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Lun 8 Déc 2008 20:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 26 Nov 2008 21:22
Messages: 928
Localisation: Kendra Kâr
La porte était ouverte malgré l'heure matinale. Un vestibule éclairé m'accueillit de ses bouffées chaudes, son odeur de bougie et de parchemin. Une ambiance lourde était tissée entre les étagères à livres et les tables de lectures.

Je ne manquai pas d'essuyer mes pieds sur le tapi bleu d'entré, comme pour effacer ainsi de mes chaussures tous souvenirs de ma traversée marine. Je m'avançai, arrivant à la hauteur d'un bureau en bois sombre, un haut comptoir soutenant plusieurs piles d'ouvrages. Un vieil homme, gardien et maître en ces lieux, leva vers moi un regard endormi, très vite réveillé par la surprise de se voir dérangé par un être sans nez...

"- Heu... vous désirez?"

"- Visiter, lire, et m'instruire. Je respecte les écrits pour ce qu'ils contiennent. Aussi j'espère avoir toutes les raisons de le faire en ces murs."

Ma menace bien évidemment, restait une carte fragile, mais posée: Je n'étais pas de taille à lutter face à un garde, l'art du combat m'étant tout à fait étranger.

Il se redressa, prit un air plus solennel, se cachant derrière son masque de bibliothécaire sage. Son regard en devint presque hautain, mais je vis luire dans ses pupilles noires une flamme vacillante. Il hésitait à me faire une réprimande, mais semblait s'abstenir face à mon apparence. Et quoi de pire qu'une montée de voix pour commencer la journée?
Il fit des efforts pour détacher son regard de mon visage.

"- Très bien. Faites-vous entendre lorsque vous quitterez les lieux."

J'inclinai la tête, et contournai le comptoir.
La bibliothèque était grande, autant en surface qu'en hauteur. Je me mis en quête d'une table libre où reposer mes sens, mais déjà la majorité, voire toutes, étaient occupées. Érudits, élèves...
Au fond du couloir principal, je trouvai une table prise par une jeune femme griffonnant quelques mots sur un parchemin. Ses cheveux noirs tombaient en cascades le long de son visage en fer de lance, au menton pointu, cadre d'yeux bleus pâles, rivés sur un énorme livre.

(Le papier est griffé par la dent de la pensée, le mot s'inscrit dans la chair du temps; mais la cicatrice, sans doute, s'effacera...)

Sans lui demander son avis, sans plus de cérémonie, je m'assis dans un petit fauteuil de cuir usé. Je laissai ma tête partir en arrière, soupirant de pouvoir enfin relaxer les muscles de ma nuque éreintée. La lourde atmosphère de la bibliothèque eut tôt fait de me plonger dans la demi torpeur tant recherchée, si ma compagnie de table n'avait osé m'adresser la parole, réveillant en moi un sentiment d'agacement tinté de rage: je n'avais qu'une envie, me régénérer!
Elle ne leva cependant pas la tête de son livre mais se mit à parler:

"- J'aime la bibliothèque le matin, très tôt. Pas vous?"

Je soupirai, hésitant. La faire taire violemment me donnait envie, mais ma fatigue semblait la plus forte. Aussi, je ne répondis pas. Elle sembla se satisfaire de mon silence, recommençant à griffonner sur son bout de parchemin sans en relever le bout de son nez légèrement recourbé, que j'appréciais du regard. Je fermai les yeux à demi...

La moitié d'une heure sembla s'écouler ainsi, alors que confortablement installé j'observais d'un œil absent - ne remarquant que les mouvements anormaux - une jeune femme en quête du savoir écrit.
Celle-ci avait fini par relever la tête, s'arrêtant sur mon visage déformé, cherchant entre mes yeux rouges un nez invisible. Elle avait ensuite repris son travail, en un soupir tremblant. De l'angoisse?

Au bout d'un moment, elle ferma son gros livre d'un coup agacé, et je pus voir ce qu'elle lisait : D'ombres et de lumières - Les attaches morales de différentes races. Mécontente, elle se tourna vers moi, plongeant ses yeux clairs dans la rougeur des miens.

"- Excusez-moi si je me montre embarrassant, mais puisque vous vous êtes assis à ma table, j'ose vous demander une précision : Qu'êtes-vous? Cela fait un moment déjà que je vous cherche dans cet opus, impossible de vous trouver une appartenance."

Rien que ça! En moi , doucement, je ris de voir une telle franchise aveugle s'échapper d'une personne aussi jeune. Là, je n'en pouvais plus. Mon sourire s'évadait soudain de mon esprit et prenait possession de mon visage, déformant ma bouche en un rictus légèrement sarcastique. N'importe quel humain instruit aurait su qu'un être comme moi était une pièce rare!

"- Une chose est sûre, je ne risque pas d'être dans tes livres : je n'existe pas. "

Elle s'apprêtait à parler, aussi je levai le bras pour la faire taire.

"- Non, non...laisses-moi t'éduquer. En échange, tu me rendras service...
Je suis une ombre, en réalité : une triste ombre évadée de la nuit. Ainsi, je voyage dans la lumière du jour, une âme errante.
Je ne vais pas te dire ce que je suis, mais bien ce que je recherche. Et ne te fies pas directement à mon apparence, je ne suis pas si mauvais que ça...
Je suis en quête d'une vie simple et libre, proche de toute nature pour me repentir de ma chair inhumaine, et ainsi trouver une place sereine dans ce vaste monde chahuté, balloté par la vie.
"

Je ricanai, derrière mon masque, mon visage : J'aimais le jeu que je jouais, parlant d'une voix frêle et rehaussée. Quel ramassis de mensonges! Un plan, soudain, me vint à l'esprit...
J'espérai que mes paroles avaient été suffisamment captivantes et intrigantes.

"- Je suis nouveau, à Kendra Kar. Je viens d'arriver, et je suis fatigué. J'ai besoin d'un guide, pour me montrer les alentours. Aussi j'irai plus avant dans mon exposé, si tu acceptes, ce soir, pas trop tard, de marquer mes points de repères..."

_________________
Image
Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais. [Michèle Mailhot]


Dernière édition par Anarazel le Mer 10 Déc 2008 21:19, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Mer 10 Déc 2008 20:42 
Hors ligne
Admin
 Profil

Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
Messages: 6059
Réponse à Anarazel


Pendant un long moment, la jeune fille, appuyée sur la table, te toise sans sourciller, bien que la nervosité se lise très clairement en elle : les doigts de sa main droite tapotent à rythme rapide le meuble en bois, et elle ne peut s’empêcher de se mordiller le pouce de l’autre main d’un air embarrassé. Il est très manifeste qu’elle hésite ; son regard ne peut s’empêcher de se poser sur ton absence de nez, et bien qu’elle détourne les yeux aussitôt qu’elle y vient, elle y retourne inexorablement.
Finalement, en un mouvement de conclusion agacé, son poing droit cogne le bois d’un petit coup sec, et elle lâche :

« D’accord ! »


...d’une voix plus forte qu’elle ne l’aurait voulu, car des regards offusqués par ce manque de silence se tournent vers elle, ce qui lui fait poursuivre d’une voix plus mesurée :

« Va pour le tour d’horizon que vous me demandez, mais nous sommes bien d’accord sur ce « pas trop tard », n’est-ce pas ? Car il est hors de question que j'aille traîner dans les bas-quartiers la nuit. Et en échange, vous m’en direz plus sur vous. Ça vous va… »

Sa phrase s’arrête là, car elle se rend compte qu’elle ne connaît pas ton nom, aussi te tend-elle la main avec un air de professionnalisme, t’invitant à la serrer :

« Hum, je m’appelle Emeline au fait. Et vous, comment dois-je vous appeler, « triste ombre évadée de la nuit » ? »


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Ven 12 Déc 2008 19:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 26 Nov 2008 21:22
Messages: 928
Localisation: Kendra Kâr
Je ne pu me retenir d'esquisser un petit sourire: j'étais une triste ombre évadée de la nuit...
Une triste ombre, certes. Mais évadée de quelle nuit? La réponse m'apparut brièvement : j'étais une missive pour ce monde, particulièrement pour les peuples sindel et shaakt. Une missive au message simple : rendez-moi mon existence!
Remarquant que je n'avais toujours rien dit, je me penchai en avant, fixant mon interlocutrice insouciante de mes yeux de braises :

"- Je me nomme Anarazel d'Ellhar. Je viens d'un désert lointain où rien ne pousse, où le sable recouvre le sable, inexorablement, rongeant le temps en une odeur sèche dénuée de vie : j'ai le goût de la pierre. Je suis comme les dunes : un monticule changeant, qui erre sans cesse en proie au vent. Regardez mes oreilles, pour savoir de quel désert lointain je viens!"

Je marquai une pause, en un silence alourdi par les lieux. En face de moi, la jeune Emeline ne semblait pas rassurée. Normal, nécessaire...

(Enfin, je me construis un masque! Enfin, celui-ci recouvrira ma véritable identité : j'ai besoin de cette façade, pour mieux avancer. Un jour, cependant, je le laisserai chuté : et ma déesse Haine, dissimulée et attentive, surgira de ma chair déformée, brandissant le glaive de ma justice...
Voici donc, à l'image de l'aube, ma première construction au contact de ce continent...
)

Je changeai soudain les traits de mon visage, assombri par de si lointaines pensées. Un air plus amical, insondable, redoutable...

(Se faire un allié du doute, le regarder en chacun... Être la seule terre encrée par le gel, au milieu des glaces flottantes...)

Je tournai la tête, à droite, puis à gauche. Personne ne nous avait écouté. La jeune humaine, le front plissé en une attitude soucieuse, s'était penchée en avant, attentive. Ses doigts s'arrêtèrent de taper sur la table. Je repris :

"- J'ai voyagé. J'ai connu les vagues des océans, et aujourd'hui je sonne à la porte du Royaume Kendran. Je ne me reconnais d'aucun culte, d'aucun dieu : il semble que je ne les intéresse pas. Aussi à leur égare, je n'ose que faire pareil. Créature des bâtisseurs de ce monde, que faire, si ce n'est imiter mes concepteurs? "

Je soupirai, puis quittai le fauteuil usé. je me mis à marcher entre les étagères, dégourdissant mes jambes fatiguées. J'avais de la peine, en réalité: entre ma conscience exacerbée par mes heures de sommeil lointaines, et mon corps tiraillé, je ne savais quel choix faire. Il était pourtant évident qu'il me fallait dormir. Trop faible, trop exaspéré par ce monde, je ne pouvais me résoudre à une confrontation directe avec la plèbe: Comment aurais-je pu oser me rendre dans une taverne!

je revins sur mes pas. Mon regard embrassa la salle, des dalles aux parchemins. La lumière du jour perçait par une haute fenêtre : le soleil devait s'être levé. Les rayons éblouissaient tout un pan d'étagère, les rouleaux et les livres. J'inspirai. Un parfum fort me prit à la gorge : Le cuir et la feuille étaient échauffés. Fixant les pellicules de l'air, sous les traits de feu du ciel, je me pris à rêvasser une fois de plus.
Je secouai la tête. Calmement, je retournai au fauteuil, en face de la jeune humaine qui gribouillait quelque chose.
J'avalai une salive sèche. Une pensée surgit de mon esprit posé, et je la formulai en un souffle:
"- Viscérale réalité..."

Émeline releva soudain la tête :
"- Excusez-moi, comment?"

Je fut pris d'un long bâillement que je dissimulais brièvement. Mon bras alla se glisser derrière le coussin du fauteuil, voulant s'étirer, et je senti de mes doigts quelque chose de dur : des pièces. Surpris, je les glissai discrètement dans ma poche.

"- Comprends-le, j'ai besoin de me reposer. Je serais d'autant plus apte à te répondre une fois mon esprit refroidit par le chaos de mes rêves... Tu remarquera sans doute que je ne saurais me rendre dans une auberge sans être embêté de par mon apparence, aussi je te demande une chose encore, que j'espère t'être possible : saurais-tu où, mise à part cette bibliothèque à l'air lourd, pourrais-je trouver un endroit calme et isolé répondant à mes attentes fatiguées?"

Elle leva un sourcil, étonnée de me voir ainsi m'en remettre à elle. Bien qu'ayant pour habitude de me soucier de tout le monde - à tord ou à raison (généralement le second) -, cette jeune femme me semblait être ma meilleure solution... Elle m'apparaissait fiable.
Elle prit un air concentré, plissant un peu plus son front de légères rides, plaisantes au regard. J'aimais bien son visage soucieux et attentif, relevé par son petit nez courbé et sa bouche fine. Une jolie fille, somme toute.

"- Difficile. Mais j'ai une idée. Allez voir le vieux Jules Gariche, au clocher. Il accepte bien les voyageurs, et malgré le dérangement des heures qu'il sonne, je vous assure que vous ne serez pas embêté sous l'ombre de ses murs. Il faut prendre la ruelle de gauche, en sortant de la bibliothèque, et tourner dans le même sens au premier croisement. En allant tout droit, il est impossible de le manquer."

"- Soit, j'irais. Ne m'accompagnes pas. Je te retrouve ce soir, dans les jardins d'Ynorie, trois heures avant la nuit. Nous y discuteront un moment."

Je me levai, inclinant la tête en signe de remerciement et de salut. Elle sembla accepter tout ceci en un hochement entendu, puis retourna à ses affaires.

A l'entrée de la bibliothèque, Je n'accordai pas même un regard au vieux gardien.

_________________
Image
Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais. [Michèle Mailhot]


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Dim 25 Jan 2009 01:24 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 15 Jan 2009 00:31
Messages: 13
Localisation: Gmxprfdt 2ème à droite après Aldébaran
< La grande de rue >

La bibliothèque était un édifice incontestablement vieux et en arrivant au pied des marches je constatai que de grandes lézardes couvraient ses murs et que la vigne grimpante tapissait les vieilles pierres par endroits. En suivant les ramifications, il était possible de redescendre jusqu’aux ceps gigantesques, attestant de l’age de ces plantes. Une certaine agitation silencieuse régnait en ces lieux : des groupes d’érudits conversaient ensemble, des petits marchands à la sauvette vendaient plumes, encres et parchemins apparemment de piètre qualité.

Ma présence ne semblait intéresser personne, et c’est tout juste si je notai quelques regards insistants sur ma bizarrerie oculaire. Je montai les marches et franchis les portes majestueuses et j’eus l’impression de pénétrer une bulle de silence. Un léger frisson de plaisir me parcourut : j’étais chez moi.
Des images de ma jeunesse affluèrent instantanément : toutes ces heures passées dans les livres à tourner des pages, à oublier la course du soleil. Toute mon enfance se cristallisait dans ce lieu. L’odeur du parchemin, le crissement des feuillets que l’on manipulait, les exclamations étouffées à la découverte d’un trésor ou d’une bouteille d’encre renversée.
Un sourire béat me vint face à l’étendu des connaissances que je contemplais. Plus jeune, lorsque je prévoyais de partir de la maison, j’avais déjà imaginé cet instant mais pas sa démesure.

Un vieil homme trônait au milieu de cette multitude d’ouvrages et je me dirigeai vers lui. Il était en train de renseigner un jeune étudiant sur les ouvrages traitant de l’essence des thaumaturges dans l’histoire des magies obscures. Le jeune scribe parti, je me rapprochai de ce qui était incontestablement le gardien des lieux :

« Bien le bonjour, » chuchotai-je « je suis à la recherche d’un homme »

« Bien le bonjour jeune homme. J’espère que votre demande ne sous-entend pas de double sens, auquel cas je ne saurais que trop vous recommander de trouver un autre endroit pour pratiquer vos, ahem, habitudes »

Il eut un sourire enfantin et j'en restai coi. Percevoir une note d’humour dans ce lieu, provenant d’un de ses gardiens, désacralisait sérieusement l’endroit. Je souris à mon tour, ce n’était pas pour me déplaire après tout.

« Non pas du tout, messire… ? »

« Kardan Tunéric, pour vous servir. Maître bibliothécaire au service du Roi et de la connaissance. Nous sommes-nous déjà rencontrés ? »

« Pas du tout et c’est fort dommage. Je me nomme Corwin, peintre de métier, et je recherche messire Drokwin. On m’a dit que je pouvais le trouver ici »

« Peintre, dites-vous?…. Et votre œil, un accident de peinture ? »

Je n’appréciais pas vraiment ces allusions à ce que j’appelais ma marque de fabrique. Mais, je ne savais pourquoi, dans la bouche de ce vieil homme, je n’y vus aucune intention malveillante, seulement cet humour pétillant qui semblait sourdre de lui. Je décidai de jouer le jeu :

« A vrai dire, si vous promettez de ne pas le répéter, je dois cette disgrâce à une fâcheuse rencontre avec le cul d’une poule »

Et je laissai volontairement ma phrase en suspend.

« Encore une fois, n’y voyez pas d’allusions déplacées, ce n’est que la stricte vérité. »

Kardan me fixa d’un œil étrange :

« Expliquez-vous je vous prie »

« Il se trouve que mon jeune frère est un peu turbulent et en tant qu’aîné de la famille je me devais plus ou moins de l’éduquer. Et ce n'était pas une tâche aisée car il passait son temps à inventer les bêtises les plus folles. Or cette année-là, un magicien était passé au village afin de vendre divers explosifs colorés pour fêter le cinquantenaire de la naissance de notre bourg. Ce n’était pas un grand enchanteur malgré la beauté de ses explosions car il était incapable d'en contrôler le déclenchement, ce qui n’était guère pratique. D’ailleurs il repartit bien vite, se plaignant d’un vol de marchandises. Je compris que mon frère en était l’auteur quelques jours plus tard. En effet, deux poules de notre cheptel explosèrent avec de jolies couleurs mauves et vertes. Ma mère n’y vit que le signe annonciateur de mauvaises affaires, conséquence directe du manque à gagner. Je compris aussitôt ce qu’il en était et je pris Raphim, mon frère, entre les yeux pour lui demander des comptes. Il avoua rapidement le vol ainsi que sa dernière invention : il avait enfoui dans l’anus des poules de notre réserve les fameux explosifs dérobés. Les conséquences étaient fâcheuses pour les poules mais cela semblait l’amuser énormément. Je ne trouvai aucun humour dans cette plaisanterie puérile. En effet, si les poules partaient toutes en fumée, c’est à moi que nos parents viendraient demander des comptes. Je me précipitai donc vers le poulailler, histoire de sauver ce qui pouvait encore l’être. J’inspectai le cul d’une poule et, malgré ses protestations vigoureuses, je parvins à lui retirer les substances dangereuses introduites par mon frère. J’eus malheureusement moins de chance avec la seconde poule car au moment où je procédai à l'inspection, elle explosa. Et voila »

Et je restai impassible, guettant la réaction du vieil homme. Il me regarda un long moment puis éclata de rire. Tous les regards convergèrent immédiatement vers nous et il dissimula son fou rire derrière une quinte de toux feinte et parvint à retrouver son sérieux :

« Et qui désiriez-vous voir déjà ? »

« Messire Drokwin » répliquai-je aussitôt.

«Ah oui...., mais il est difficile à rencontrer. »

Il réfléchit un moment :

« Vous m’êtes sympathique, jeune homme. Vous trouverez messire Drokwin dans le musée, juste à votre droite. Dites que vous venez de la part de Kardy, cela devrait vous ouvrir quelques portes »

Et il me fit un clin d’œil très appuyé. Je le remerciai et me dirigeai dans l’allée qu’il venait de me désigner.

< Le musée >

_________________
N'est pas mort qui à jamais dort et au cours de ères peut mourir même la mort

Corwin, Peuple de Varrock, Mage


Dernière édition par Arrakis le Sam 21 Fév 2009 00:06, édité 7 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Sam 7 Fév 2009 01:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 15 Jan 2009 00:31
Messages: 13
Localisation: Gmxprfdt 2ème à droite après Aldébaran
< La bibliothèque >

Je suivis les indications de « Kardy » en m’enfonçant dans l’aile est de la bibliothèque. Le couloir comportait un nombre impressionnant de portes qui, au fur et à mesure que je les franchissais, étaient de plus en plus décorées. Elles semblaient jouer le rôle de sas entre le monde feutré de la bibliothèque et celui, plus bruyant, du musée.
Je compris pourquoi en ouvrant la dernière porte car le musée ne ressemblait en rien à l’idée que je m'en faisais. Là où aurait dû régner le calme, l’ordre et la contemplation, se trouvait un indescriptible chaos. Cette aile avait des dimensions incroyables que rien de l’extérieur ne laissait prévoir. Des artifices magiques y étaient sans doute pour quelque chose.

Une foule s’agitait dans un total désordre et des centaines de tableaux étaient fixés sur les murs dans une parfaite anarchie et avec ce qui me semblait être une absence de goût remarquable. Certains artistes peignaient, d’autres posaient ou préparaient des parchemins et on s’invectivait de part et d’autre de la pièce. L’odeur entêtante de l’encens, des diluants à pigments et de la sueur était à la limite du supportable. Je refermai derrière moi et me frayai un chemin en faisant bien attention à ne pas renverser les pots d’encre à même le sol.

Mon attention fut immédiatement attirée par un homme plutôt obèse et courtaud, vêtu d’habits incontestablement coûteux et suivi en permanence par une cohorte de parasites multipliant les courbettes. Il se pavanait à travers cette cohue insensée avec la sûreté de ceux qui possèdent le pouvoir. Cela ne pouvait être que le fameux Drokwin.
Il était justement en train de contempler une esquisse faite au charbon par un jeune homme qui se tenait droit, les yeux baissés, dans la posture parfaite du condamné attendant la lecture de la sentence.

Je contemplai le travail qu’il proposait. Le trait n’était pas fulgurant mais les détails des ombres au charbon étaient intéressants et bien que mon style fût légèrement supérieur, sans fausse modestie, je trouvai qu'il s'en sortait relativement bien. Le verdict du gros homme fut pourtant implacable et c'est avec une voix tonitruante qu'il s’esclaffa :

« Ainsi donc, vous osez me présenter ce barbouillage sérieusement ? »

Le jeune homme sembla se recroqueviller sur lui-même, le teint blafard et un silence se fit soudain dans la salle où toutes les têtes se tournèrent dans leur direction. On attendait vraisemblablement la mise à mort et la voix se fit effectivement moins sarcastique et plus mordante :

« Le moindre badaud ignorant n’aurait pas fait moins beau que vous le fîtes. Toutes ces bavures, toutes ces approximations, la pauvreté du sujet…Ah mais, que faites-vous ici. Votre place est dans une ferme et point devant un chevalet »

La petite troupe entourant le maître ricana doucement car la sentence venait d’être prononcée et le sujet n'attendait plus que l'exécution de sa peine.

« Messieurs », et le silence revint, « il est inconcevable d’oser prétendre me plaire avec de pareilles inepties. Je désire que ce triste barbouilleur sorte immédiatement de cet endroit.»

A ces mots, il se retourna et fendit la foule vers un autre prétendant. Le jeune homme resta seul et les autres peintres s’écartèrent de lui comme d’un malade horriblement contagieux.
Je le regardai un instant ranger son matériel et puis je l’oubliai. Après tout, chacun ses problèmes, et d’après la scène à laquelle je venais d’assister, les miens ne faisaient que commencer. Comment allais-je procéder pour approcher ce Drokwin ? Je décidai de jouer la carte de « Kardy ».

Je traversai la foule de suiveurs, esquivai un ou deux parasites qui me jetèrent un regard noir et me débrouillai pour me trouver sur le chemin du fameux maître. Ce peintre m'était devenu immédiatement antipathique mais j’avais malheureusement besoin de ses conseils. Une nouvelle fois la salle sembla se figer devant mon outrecuidance. Le gros homme me jaugea d’un regard appuyé et sembla parvenir à une conclusion qui ne m’était manifestement pas favorable. Son rictus se fit amer :

« Qui êtes-vous donc, messire et que me voulez-vous ? »

« A vrai dire, je viens de la part de Kardy et j’ai quelques conseils à vous demander »

« Voyez-vous cela, ce jeune freluquet à la tache de vinasse prononcée, souhaiterait obtenir quelques conseils »

A nouveau la tribu de parasites réagit comme on semblait l’attendre d’elle : elle pouffa.

« Et ce messire Kardy vous recommande à moi, c’est bien cela ? »

« Tout à fait messire Drokwin »

Son rictus suffisant se figea :

« Comment avez-vous osé m’appeler ? Vous êtes tous témoins, ce…. rustre, ce….brigand, cet avorton m’appelle Drokwin ! »

Et il cracha par terre, ce qui pour lui, semblait constituer l’insulte suprême. Je compris immédiatement que j’avais commis un impardonnable impair.

« Sachez, misérable cloporte, que l’on ne peut me confondre avec ce scribouillard que l’on nomme Drokwin. Si vous aviez quelques talents, vous l’auriez su immédiatement. Je ne suis pas de ces artistes qui peignent n’importe quoi en prétendant faire de l’art. Je ne peins que ce que je vois, avec maestria certes, mais uniquement la réalité. Je suis messire Neflin, peintre officiel du roi »

A ces mots, il s’était redressé tel un coq sur un tas de fumier. L’image me fit sourire intérieurement tant elle semblait adéquate. Mais je n’étais pas là pour satisfaire l’ego d’un homme imbu de sa personne. Je fis donc profile bas, cachant mon sourire sous un air contrit. Apparemment satisfait de son effet, « messire » Neflin se détourna :

« Que cette personne ne vienne plus jamais m’importuner, mon temps est trop précieux »

Et il se remit en marche en me bousculant ostensiblement mais mon amour propre ne fut pas plus touché par ses critiques acerbes que par sa bousculade. Ce triste sire ne méritait selon moi, pas plus d’attention qu’un crapaud.
Toute la bande de serviles le suivit en faisant bien attention à ne pas m’approcher. Je les laissai passer, totalement indifférent à leur sarcasme. Le jeune homme qui s’était fait ouvertement humilier un instant plus tôt me tira la manche.

« Messire Drokwin, c’est le vieillard là-bas, mais si j’étais vous, je l’éviterais, il a très mauvaise réputation »

« Je vous remercie de l’information, mais d’un point de vue réputation, vous ne semblez pas avoir fait le meilleur choix »

Il me regarda penaud. Ma réponse avait été plus agressive que je n'en avais eu l'intention. Je me radoucis, le pauvre n’y était pour rien.

« Merci du renseignement, et ne vous laissez pas abattre »

Il eut un sourire triste et se dirigea vers la porte d’accès à la bibliothèque. Je me concentrai sur la personne qu’il m’avait désigné. Un vieillard, esseulé, était en train de travailler sur un dessin dont le style me fut immédiatement familier. Oubliant messire Neflin et sa cohorte de lèche-bottes, je me dirigeai vers lui.

< Drokwin >

_________________
N'est pas mort qui à jamais dort et au cours de ères peut mourir même la mort

Corwin, Peuple de Varrock, Mage


Dernière édition par Arrakis le Jeu 12 Fév 2009 00:38, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le musée
MessagePosté: Ven 13 Fév 2009 01:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 15 Jan 2009 00:31
Messages: 13
Localisation: Gmxprfdt 2ème à droite après Aldébaran
< Le musée >

Tandis que j’approchais, j’observai attentivement la frêle silhouette qui s’activait sur un parchemin à l’aide d’un pinceau très fin aux poils peu épais. Je reconnus avec une pointe de jalousie un Petit-Gris, légendaire pour sa longueur de trait et pour la douceur de son touché.
Je me souvins d’un artiste exceptionnel en transit dans les faubourgs d’Eniod qui avait réalisé dans la rue le portrait d’un gentilhomme pour une poignée de pain. Le gentilhomme était reparti heureux comme un enfant avec un dessin d’une ressemblance frappante, l’artiste était reparti avec quelques yus pour continuer son voyage et j’étais reparti avec le souvenir de la douceur du touché de l’artiste sur son support. On aurait dit qu’il le caressait, le cajolait, le suppliait de livrer le ton vrai, l’âme du peintre. Evidemment, sur le coup, je n’avais pas analysé cette scène de cette façon, j’avais simplement été époustouflé par la technique déployée.
Et cette sensation d’émerveillement me revenait maintenant, devant les gestes lents et calculés de ce vieillard, en suivant ses touches précises et précieuses. Je dus rester un long moment ainsi, contemplant une œuvre en devenir, la plus fascinante des observations, celle de l’acte créatif s’accomplissant. Le vacarme du musée avait disparu ou la foule en était parti. Cela n’avait d’ailleurs pas beaucoup d’importance face à la scène à laquelle j’assistais.
Cette féerie fut brusquement interrompue, lorsque l’homme fit volte-face :

« Allez-vous cesser de m’observer ainsi, tel un hibou….. », il me toisa quelques secondes « …déplumé ? »

Je repris brutalement contact avec la réalité et le tohu-bohu de la salle fit de même.

« Pardonnez-moi messire Drokwin mais je souhaitais vous rencontrer »

Il soupira comme quelqu’un que l'on venait de sortir d’une studieuse rêverie, comme si je cassais un lien ténu qu’il avait patiemment tressé. Il était vêtu d’une sorte de tablier informe dont les couleurs originales disparaissaient sous les couches de pigments séchées par le temps. Il arborait une barbe blanche ponctuée de petites bulles colorées et une calvitie totale parsemée de petites taches de rousseur. J’étais bien incapable de dire si elles étaient naturelles ou le fruit de ses activités.
Il était vieux mais je ne parvins pas à lui attribuer un age. Il aurait pu avoir 70 ou 120 ans.

« Et bien voila qui est chose faite, est-ce tout ? »

Il paraissait impatient de retourner à son travail. Je répondis précipitamment, craignant de ne le voir replonger dans la solitude de sa concentration.

« A vrai dire non, messire. Je suis, très modestement peintre, et ayant perdu tout mon matériel lors de la traversée qui m’a menée à Kendra Kâr, je tente de le renouveler. Messire Lilo, chez qui j’ai pu admirer vos œuvres, m’a orienté vers vous afin d’acheter les composants essentiels et d’améliorer mes compétences. A vrai dire je ne suis pas très riche mais je suis plein de bonne volonté. Kardy, m’a indiqué où vous trouver »

J’avais réussi à abattre sur la table tous les atouts que je possédais en un seul coup : Lilo, Kardy et mes maigres talents de peintre. Et l’attaque sembla avoir porté, car ses yeux bleus délavés n’exprimaient plus de la colère mais un intérêt surpris.

« Peintre, donc. Montrez-moi cela messire Corwin! »

Je fus moins étonné de sa réaction que du fait qu’il connaisse mon nom et j'hésitai quelques instants.

« Allons, montrez-moi comment vous peignez. Prenez ce morceau de parchemin et dessinez ce que vous voulez ou ce que vous imaginez. Ce gros Neflin est occupé ailleurs ! »

Et il sourit de toutes ses dents qui semblaient en excellent état, ce qui m’intrigua davantage quant à l’age de ce petit homme. De toute évidence il régnait entre lui et Neflin un climat de franche hostilité et le fait que messire Drokwin n’eut pas encore quitté les lieux attestait de ses relations au sein de la hiérarchie. Neflin, peintre officiel du Roi ou pas, ne semblait pas avoir prise sur lui.
Je réfléchis quelques secondes au sujet que j’allais traiter puis décidai abruptement d’essayer de reproduire une de mes marelles oniriques. Il me laissa la place en me donnant une mine de charbon, un pinceau quelconque, de l’eau claire et quelques petits blocs de couleur. Le seul fait de tenir de quoi m’exprimer de nouveau m’inspira. Et pendant près d’une heure, je me battis avec mon travail, tentant vainement, pour la millième fois, de faire correspondre les souvenirs de mes rêves et la réalité des éléments que je manipulais.
A plusieurs occasions, messire Drokwin se racla la gorge ou parut surpris par le choix d’une couleur ou par la réalisation d’un trait. Je tâchai de ne pas y prêter attention.
Il m’arrêta finalement :

« Bien, cela suffira pour l’instant. Vous possédez effectivement quelques techniques de peinture, c’est indéniable. Du talent peut-être mais vous êtes encore trop jeune pour pouvoir se prononcer. Vous dites être recommandé par Kardy » et il sourit doucement « là, vous marquez indiscutablement un bon point. Il n’est pas facile de plaire à ce vieux grincheux. Enfin plus que tout, vous appréciez mes œuvres et c’est là, la marque d’un grand discernement »

Le ton doucement ironique ne pouvait pas m’échapper mais il n’était pas chargé de moquerie, plutôt d’autodérision.

« Ainsi vous cherchez à améliorer votre coup de pinceau ! », il jeta un coup d’œil à mon travail « et bien, vous vous avez frappé à la bonne porte, je ne suis pas avare de conseils. Malheureusement je n’ai pas beaucoup de temps à vous consacrer mais vous tombez bien, mon apprenti vient de me lâcher. Il m’avait prévenu, si Neflin l’humiliait encore une fois publiquement, il abandonnerait. Il ne pouvait cependant pas en être autrement, jamais Neflin n’aurai reconnu ne serait-ce qu’un tout petit talent à l'un de mes élèves. C’est dommage, ce n’était pas un génie mais il constituait un bon matériau de base. Parlez-moi plus en détail de vous et de vos motivations et voyons si nous pouvons trouver un accord qui nous soit mutuellement profitable »

Je fus surpris qu’il accepte d’écouter mon histoire mais je m’exécutai sur le champ. Je lui expliquai ma jeunesse, mes rêves, mes marelles, les doutes qui m’avaient poussés à faire les choix qui m’avaient conduits ici. Je lui parlai de mon incapacité à progresser et de la frustration que j’en ressentais. Sans le submerger de détails - il m’avait bien précisé que son temps était précieux - je dus parler durant trente minutes.
Il réfléchit quelques temps et me proposa finalement un marché :

« J’ai besoin d’un apprenti. Mon grand age m’interdit de pratiquer certaines activités qui sont pourtant nécessaires, il me faut quelqu’un de confiance pour les accomplir à ma place. Mais je ne vous connais pas, et si je suis prêt à mettre à l’essai quelques audacieux, je n’accorde au final pas facilement ma confiance. Vous semblez être à la recherche d’un mécène et vous êtes désargenté. Voilà comment je vois les choses : vous devenez mon apprenti mais vous ne recevrez aucun salaire. Par contre, je vous laisse libre accès à mon matériel, dans les limites du raisonnable. Devenir mon apprenti signifie travailler pour moi : aller chercher de l’eau, nettoyer mes palettes, me trouver des parchemins, déplacer les armoires lorsque je travaille sur de l’ameublement, faire les courses, porter des plis, et toutes autres sortes de choses. Ce n’est pas de tout repos et cela ne laisse pas toujours le temps de s’exercer mais c’est à prendre ou à laisser. Qu’en pensez-vous ? »

La proposition était tellement séduisante et inattendue que j’acceptai aussitôt. La chance me souriait ouvertement, il aurait été déraisonnable de lui tourner le dos. Ma joie devait transparaître car il ajouta d’un ton grave :

« Ne croyez pas que vous avez fait une bonne affaire, c’est tout le contraire. Je suis assez exigeant et en acceptant de travailler pour moi vous venez de vous mettre beaucoup de monde à dos »

En levant les yeux, je vis qu’effectivement beaucoup de regards étaient tournés de ce coté, y compris celui de ce Neflin. Je trouvai relativement juste qu'à travers ma chance insolente d’avoir obtenu un appui sérieux, je supporte l’apparition d’un ennemi puissant. Loué était Zewen.

« Avons-nous un marché ? » me demanda-t-il en me tendant la main. Je la serrai aussitôt en hochant vigoureusement de la tête.

« Bien, dans ce cas, voici pour vous. Ce sont des gants très spéciaux mais qui ne me servent plus. Prenez-les et essayez-les pour peindre, vous verrez que vous contrôlerez mieux vos gestes »

Il me tendit une paire de gants gris faits d’une matière qui se rapprochait de la soie mais en étant légèrement plus rigide. En les essayant, je sentis le tissu s’adapter d’une manière remarquable à mes doigts comme s'il avait été tissé spécialement pour moi. En fermant et en ouvrant alternativement mon poing, j’eus la sensation de percevoir très exactement la trajectoire de chacun de mes doigts, comme si ma perception se démultipliait afin de contrôler chaque phalange séparément. La sensation était très curieuse et l’expérience fascinante. Il me fit sortir de ma rêverie par un claquement de doigt :

« Je pense que votre maîtrise du pinceau est encore trop imparfaite pour transcrire vos émotions sur le parchemin, et ces gants vous faciliteront la tâche. Mais vous en profiterez plus tard car j’ai déjà un travail à vous proposer. Aimez-vous la chasse ? »

La chasse n’était pas mon point fort. Généralement pendant les grandes battues du village, on me confiait les travaux ménagers, comme préparer le feu et les tables pour le retour des chasseurs. Que l'affaire soit dangereuse ou non n’avait pas d’importance, je n’y participais pas car on ne me faisait pas confiance. Je ne faisais d’ailleurs aucun effort pour mériter cette confiance. Je lui expliquai tout ceci mais il parut ne pas en tenir compte.

« N’ayez aucune crainte, l’animal dont j’ai besoin est relativement inoffensif. Il s’agit du bouloum. C’est une sorte d’écureuil en plus dodu, dont le cri caractéristique rend la bête facile à localiser. Vous ne pourrez pas vous tromper, sa couleur particulière, bleue, permet de le repérer aisément. Il me faut beaucoup de poils pour fabriquer mon bleu turquoise favori. Messire Lilo parvient, je ne sais trop comment, à extraire cette teinte magnifique à la texture incomparable. Je n’en ai presque plus et il faudrait renouveler mon stock. Deux bouloums devraient permettre à messire Lilo de me réapprovisionner largement. Prenez ce petit couteau de chasse que vous me ramènerez, j’y tiens. Revenez me trouver lorsque vous aurez les couleurs préparées. »

Je restai interdit devant ces directives :

« Mais je ne sais même pas où trouver ces louboums et comment… »

« Bouloum, pas louboum. Vous en trouverez aux alentours de Kendra Kâr, dans les plaines. Maintenant dépêchez-vous, l’après-midi est déjà bien avancée. Si vous voulez avoir le temps de peindre un peu ce soir, il va falloir vous remuer. Sortez de la ville par la porte est, et en vadrouillant un peu vous devriez trouver facilement ce qui nous intéresse. Ah, une minute, j’allais oublier »

Il me prit la main et traça une sorte de sigle sur le dos de celle-ci à l’aide d’une encre noire dont je devinai qu’elle aurait du mal à partir au lavage.

« Cette marque devrait vous permettre de passer les miliciens plus facilement »

Il me tourna ostensiblement le dos, me faisant parfaitement comprendre que l’entretien était terminé et qu’il avait d’autres choses à faire. Un peu surpris par la rapidité du tête-à-tête et surtout, avec un insidieux sentiment de m’être fait avoir de mon plein gré, je quittai messire Drokwin en passant par la bibliothèque.

< Les alentours de Kendra Kâr >

_________________
N'est pas mort qui à jamais dort et au cours de ères peut mourir même la mort

Corwin, Peuple de Varrock, Mage


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Dim 24 Jan 2010 15:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 28 Avr 2009 00:01
Messages: 858
Localisation: Couloir de prison, Quête 26
A peine sortis de la boutique du vieux sage magicien avec un sac rempli de tous les parchemins du monde, j’avais pris la route de la bibliothèque sans attendre. Cependant, à l’approche de cette dernière, mon cœur commença à s’emballer. Elle était à côté du lieu de mon enseignement depuis ma plus tendre enfance, je connaissais toutes les personnes dans les environs. Pourtant, je n’avais que peu d’envie d’en croiser tant j’avais peur d’avoir changé, tant les événements m’avaient traumatisés. Je n’étais plus le même et je ne voulais pas que cela se sache. De plus, je n’aurais pas eu le cœur à renouer des relations aussi simples et futiles qu’auparavant après avoir vécu ce que j’avais vécu.

Je passais donc de manière très discrète devant ces institutions que je ne connaissais que trop bien. Je glissais même dans la bibliothèque avec l’appréhension de croiser certains de mes camarades venus se renseigner en ces lieux. J’avais la peur au ventre comme un gamin de première année.


( Erfandir, N’aie pas peur. Tu as grandis, voilà tout. Si tu as peur ici, tu ne pourras jamais réussir à apprendre toute cette magie et l’utiliser à des fins militaires pour monter cette organisation dont tu rêves tant.)

Ma conscience avait de nouveau raison et c’est avec une force renouvelée mais toujours hésitante que je pénétrai dans le grandissime bâtiment. Le bibliothécaire me connaissait et à part des grands yeux ébahis, il ne réagit pas à mon passage. Malgré mon geste pour me faire reconnaître, il avait eu un instant de doute dans les yeux quand il m’avait vu… Qu’avait il pu se passer sur mon visage pour qu’il me dévisage ainsi ?

Oubliant ce doute qui me perturbait encore plus, je m’imprégnai de l’impression de grandeur à mon entrée dans la grande salle aux livres. Admirant un instant l’étalement infini des rayons, je priais le ciel de m’accorder toujours cette quiétude, semblable à celle de cette bibliothèque. Puis j’observais la salle afin de repérer Raek que je ne vis pas. Cela ne m’inquiéta pas car il était encore tôt et qu’il y avait aussi de nombreuses alcôves personnelles de lectures où il pouvait encore être.

Je m’adressai à une des aidantes qui m’indiqua que l’homme que je cherchais se trouvait dans une de ces chambres closes de lectures. Elle me l’indiqua avant de me laisser m’y rendre seul. Ainsi, mon périple à peine fini, je repartais déjà vers l’inconnu. Mais je n’avais pas envie d’une vie différente… Comment oublier mon incompétence sinon ?

Sans réfléchir plus en amont sur les possibilités infinies de renseignement au sujet des Ermites que j’aurais pu peut-être trouver en ces lieux, je me mis à rejoindre Raek que je retrouvai plongé dans la lecture d’un gros manuscrit. Le reste attendrait, mon enseignement de la force et de la sagesse était d’abord le plus important. Voilà pourquoi il fallait que je charme cet homme.


« Bonjour Raek ! Je me suis muni de fluides et je suis prêt à suivre votre enseignement après un repos bien mérité. Et vous, êtes vous bien reposé ? »

Je stoppai mes mots un instant, puis reprenant avec un intérêt plus stratégique que curieux.

« Que lisez vous donc de si passionnant ? »

_________________



Terminator des cours d'écoles ! Théurgiste en formation, prêt au combat ! Près de mourir !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Mar 26 Jan 2010 23:47 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Dirigé d’Erfandir :

Lorsque tu interromps sa lecture, le mage aux yeux blancs ne t’accorde qu’un bref regard avant de reposer les yeux sur son livre, visage sentencieux. Il s’exprime alors d’une voix dénuée de toute émotion pour te répondre.

« Au moins auriez-vous pu ingérer ces fluides, impatient que vous êtes. Enfin, vous aurez l’occasion de les absorber pendant le trajet qui nous attend… »

Il passe une main sur une page du grimoire qu’il tient en main, et répond laconiquement à ta dernière question.

« Je me renseigne sur le lieu où nous nous rendons. J’ose espérer que vous n’avez pas le vertige. »

Le tout prononcé d’un ton monocorde sans intonation.

« Nous partons de suite, je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps… »

Il ferme son gros livre, se lève lentement et regarde ton bâton…

« Saviez-vous que vous porter un objet maudit sur vous ? »

[HRP : La malédiction de ton bâton est désormais active… Tu en découvriras les effets lors de votre périple… Niark niark niark…]

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Jeu 1 Avr 2010 11:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 10 Nov 2009 20:47
Messages: 19
=> Les rues de Kendra Kâr

En entrant dans la bibliothèque, Méroel fut surpris de voir qu'un des coins de ce bâtiment était occupé par un musée, c'était étrange d'avoir un musée dans une bibliothèque. Et pourtant, en voyant l'âge du bâtiment et son importance architecturale, c'était presque étonnant de voir une bibliothèque plutôt qu'un musée. Passant la porte menant à la bibliothèque en elle-même, il eut un sourire ébahis. Il y avait des livres, des parchemins, des vieux messieurs, des étagères et des allées partout. Le regard ne pouvait pas aller ailleurs que sur une source d'information. Il vit une sorte d'accueil, un homme derrière un comptoir qui semblait aider une autre personne mais il n'en avait pas besoin, ou plutôt, il n'en voulait pas. Il se mit à marcher, totalement au hasard, en tournant dans un passage, puis dans un autre.
Il était perdu à force, il n'y avait pratiquement pas un bruit et personne autour mais il se sentait assez bien. Il avait un tas de connaissance à porter de main sans pour autant avoir un professeur qui lui dirait quoi apprendre, il était libre pour une fois. En plus, il pouvait prendre n'importe quel livre et s'installer à une chaise pour le lire, c'était amusant en réalité. Du coup, il en prit un au hasard, un livre comme un autre et l'ouvrit. C'était écrit dans un langage qu'il ne comprenait pas, il tourna les pages sans pour autant tomber sur un truc compréhensible, c'était pas de chance et surtout cela diminua un peu sa motivation. De fait, il le rangea là où il l'avait trouvé et se décida d'essayer de retrouver le vieil homme. Il reprit donc des virages n’importe comme, en essayant de se retrouver vers l’entrée, ce qu’il réussit assez facilement. Le vieil homme ne semblait plus être occupé par des informations à donner, c’était donc le bon moment pour le déranger.

-Bonjour monsieur. J’aimerais savoir où se trouvent tous les livres sur la magie.

Le vieil homme leva la tête du livre dans lequel il était et regarda droit devant lui pour voir qui lui parlait, ne voyant rien directement, il baissa la tête et fut surpris de voir un si jeune elfe ici.

-Bien sûr, jeune elfe. Il faut suivre la rangée là puis prendre à droite, ensuite il faut contourner les tables et vous y êtes. Je vous demanderai aussi de remettre les livres à leurs places, ce n’est pas un lieu pour jouer ici.

Méroel regardait les gestes que fit le bibliothécaire pour essayer de comprendre, au pire, il pourrait toujours venir lui redemander. En tout cas, il l’aimait bien, c’était l’un des premiers à ne pas l’avoir pris pour un humain, rien que pour ça, il n’écrirait pas dans les livres.

-J’vous r’mercie, m’sieur.

Il était excité à l’idée de pouvoir, enfin, lire ses livres, ou en tout cas de les feuilleter, ou juste de pouvoir lire ce qu’il voulait. Il s’y dirigea assez rapidement, tout en évitant de courir tout de même.
Il arriva devant un rayonnage, énorme, plein et trop remplit. Il ne savait pas quel livre prendre, il ne savait plus ce qu’il voulait tellement il y avait de livre en face de lui. Décidant qu’il fallait bien commencer quelque part, il posa son sac sur une chaise et pris un livre au hasard. Ça semblait traiter de la nature divine de la magie, c’était intéressant mais pas ce qu’il voulait, aussi le posa-t-il sur la table. Le livre suivant était à propos des sortilèges que seul les gens communiant avec la nature pour faire. Inintéressant. Il eut aussi un livre sur la mort et la magie, les animaux magiques, les artefacts, les temples, … et il les posait tous, les uns après les autres sur la table, pour ne pas prendre deux fois le même.

Au bout de pas mal de temps, il arriva finalement à trouver un livre parlant des sorts et les décrivait tous très rapidement. Du moins, il ne savait pas s’ils y étaient tous, ni même s’ils existaient tous mais le livre était gros, c’était un point non négligeable. Il s’installe sur une autre chaise et commença à parcourir rapidement le livre en essayant de trouver son sort. Ça lui prit encore pas mal de temps, jusqu’à ce qu’il arrive au sort « Télékinésie ». C’était mal écrit, en tout cas il avait du mal à lire et le peu qu’il réussit à déchiffre ne lui plut pas vraiment. Ce sort était réservé à certaines personnes, toutes les personnes faisant de la magie ne pouvait pas l’user, il fallait être un habitué et avoir fait de la magie, sa vie entière. En clair, il avait un parchemin qui ne lui servait à rien.

Il se releva d’un bon sur sa chaise pour aller mettre le livre là où il l’avait pris, environ. Ensuite il se tourna vers la chaise où était son sac pour le récupérer et vit la pile de livre, qu’il avait pris, et qui n’était pas rangé. Il douta un moment mais se dit que de toute façon, le bibliothécaire ne serait pas au courant, il pouvait bien partir l’air de rien. Il laissa donc les livres là et se dirigea vers la sortie. Le vieux n’était même pas là, à croire qu’il avait d’autres choses à faire qu’à rester là en fait.
Une fois à la porte, une lourde main se posa sur lui et l’arrêta complètement.

-Tu n’espères pas partir sans rien ranger tout de même?

Se retournant, il reconnut le bibliothécaire, Méroel se demanda s’il l’avait suivi ou tout simplement s’il ne l’avait pas quitté des yeux depuis qu’il était arrivé. C’était qui pour réussir à faire ça? En plus, il trouvait qu’il avait un regard un peu fou du type prêt à tout pour ses livres et du coup, il préférait ne pas le vexer.

-J’ai… euh… j’ai oublié de les ranger? Je vais vite y aller!

Il courut en direction de la table qu’il avait laissée et rangea les livres à toute vitesse, de peur qu’il revienne pour l’engueuler. Une fois fait, il se dépêcha de sortir et ne jeta pas de coup d’œil au vieil homme qui avait repris son boulot normalement. Une fois dehors, il décida qu’il n’irait que à la bibliothèque si c’était très important! En plus, il se retrouvait à nouveau à la rue, sans rien de plus mais avec de l’argent en moins. C’était pas cool…

=> Les rues de Kendra Kâr

_________________


Dernière édition par Meroel le Sam 1 Mai 2010 18:20, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Mar 20 Avr 2010 08:51 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 22 Mar 2010 09:27
Messages: 64
Localisation: Alsace
<Des rues de KK>

Une fois à l’intérieur il fut impressionné par la grandeur du hall, par l’impression de sérénité qui le saisit une fois le porche franchit. A peine entrée que la vision de milliers d’ouvrages, de parchemins et de cartes, vous saisissait de part et d’autre d’un grand bureau. Derrière celui-ci siégeait un vieil homme lisant un livre.

Il avait le regard fixé sur lui et devait penser quelque chose du genre :

(Un nain…trempé qui plus est, dans ma bibliothèque ! Sait il seulement lire ?)

Svengar se sentait transpercer par ce regard inquisiteur, il avait l’impression d’être fouillé jusqu’au plus profond de son âme et baissa les yeux.

(Je sens que ça va être difficile avec celui-là…encore un qui ‘adore’ les nains, je parie qu’il croit que je ne sais pas lire. Bon…allons-y…)


S’avançant lentement, toujours sous le regard du vieil homme, Svengar se sentait de plus en plus mal à l’aise sans savoir pourquoi, au-delà du regard qui pesait sur lui.

« Bonjour euh…monsieur…je euh, j’aimerais savoir où sont euh… »

(ça y est, je sais ou est le problème, qu’est ce que je fous la ?)

« …où se trouve les livres sur… »

(très bonne question ça…QUELS livres)

« euh…l’histoire naine. »

C’était sortit sans vraiment le faire exprès mais c’était cohérent.

(L’histoire naine, ce n’est pas bête ça, je m’étonne tous les jours, ça se tient en plus, vive moi !)

Svengar souriait intérieurement d’avoir trouvé un prétexte valable ; Ce n’est pas comme si ce tas de papier pouvait vraiment l’intéresser.
Le vieil homme répondit cependant d’une voix claire, assurée.

« L’histoire naine ! Voyez-vous ça. »

Svengar avait l’impression d’être jaugé, comme souvent, mais là plus que d’habitude. En général on regardait sa carrure, et le compte était plié, mais dans une bibliothèque, à quoi pouvait bien lui servir ces muscles et son endurance ?

« Et bien, vous trouverez cela dans la sixième allée de la zone deux, mon jeune Nain. Faites attention à ne pas mouiller les ouvrages je vous prie, et rangez-les à leur place en partant. »

S’inclinant légèrement, Svengar balbutia des remerciements et commença à chercher cette fameuse zone deux. Il la trouva rapidement car les allées étaient bien indiquées et, dès lors qu’il fut dans le rayon idoine, se posa un autre problème : comment atteindre les livres plus hauts que le troisième rang ???

(Grmblbl dgrmblbl, mmmmmbon, d’un autre côté, comme je ne cherche rien, ça ne risque pas de se trouver la haut alors autant prendre un livre au hasard à mon niveau.)

Et c’est ce qu’il fit. Après le sixième livre dont il ne comprenait pas un traître mot de la langue utilisée il en trouva un compréhensible : ‘Contes et légendes du peuple Thorkin’ traduit par Retel Onurlfson, Prêtre de Valyus, tome 8.

Svengar s’installa sur un tabouret en bout d’allée et se mit à parcourir l’ouvrage. S’y trouvait, entre autre, la deuxième partie des chants Thorkin, suivie de ‘la légende du Grand Bâtisseur’ et des récits de Nagarom dit l’Unificateur. S’apprêtant à chercher le début de la légende du Grand Bâtisseur, il fut interrompu par un homme plutôt petit, mais tout de même plus grand que lui, assez vieux et au regard gêné qui toussotait à son adresse.

« Je peux vous aider monsieur ? » Dit Svengar en chuchotant.

« Excusez-moi, jeune Thorkin, mais vous êtes assis sur le tabouret utilisé généralement pour saisir les livres trop hauts »

« Ah… »

Surpris et confus, Svengar se leva brusquement, bondissant presque du tabouret. Il s’en saisit et le tendit au vieil homme. Celui-ci lui prit doucement des mains, le remercia en souriant et s’éloigna dans l’allée opposée dans un bruissement d’étoffe.

(Bon. Au moins je sais quoi utiliser pour atteindre d’autres livres. Dommage, ça avait l’air pratique ces tabourets en bout de rayon.)

Il se dirigea alors vers les tables de l’allée centrale, plus large que les autres, et s’assit à l’une d’elle. Par les grandes fenêtres il pouvait voir le temps gris et la fine pluie qui tombait toujours, battant faiblement les carreaux en verre.

(Bon, voyons cette légende.)

C’était en fait un poème en prose assez long qu’il lut de bout en bout à sa grande surprise. Une fois sa lecture terminée, il médita un peu sur le poème en rêvant puis alla le ranger et fouina encore dans ce rayon avant de se diriger vers la sortie. Murmurant un au revoir au vieil homme à l’entrée il sortit avec, en tête, ces quelques vers :

(Je suis le Voyageur du Peuple Nain.
Je parcours les Terres à la recherche des miens,
inlassablement,
inexorablement.
Faites moi rêver et je bâtirais,
car je suis le sculpteur de monde.)


<Vers les rues de KK>

_________________
_______________________________________________

Svengar Aventurier Nain lvl 7


Place ta confiance dans le fer et la pierre
Car ils ont toujours été les meilleurs alliés des Nains


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Ven 4 Juin 2010 23:02 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 8 Nov 2009 19:31
Messages: 83
-> De l'auberge de la Tortue guerrière.

Après avoir arpenté pendant plusieurs minutes les rues de Kendra Kâr, Raeven arriva enfin aux portes de la Bibliothèque. La sainte Bibliothèque qui semblait être le centre de réunion de beaucoup de sages et d'érudits de Yuimen. Raeven n'y était cependant jamais venu, mais sentait pourtant une masse l'aplatir. Les immenses murs étaient entièrement recouverts de livres. Le jeune Cryomancien en quête de pouvoir eût un haut-le-coeur de surprise. Jamais il n'avait vu pareille profusion de savoir, comment avait-il pu ignorer si longtemps pareil édifice ? Il se jura d'y repasser lors de son retour de Nosvéris, si tout se passait pour le mieux, chose qu'il savait ne pas être le cas.

(-J'ai l'énorme inconvénient d'attirer à moi les pires problèmes qui soient) se dit-il à lui-même, une légère pointe d'auto-dérision dans sa pensée.

(Où trouverais-je les ouvrages nécessaires à l'amélioration de mes connaissances sur ce continent ? Il y a tellement de livres que je ne sais pas où commencer mes recherches ! Peut-être cet homme pourra-t-il m'aider.)

S'approchant d'un vieil homme barricadé au milieu de ses livres, Raeven continuait de suivre les étagères sans prendre garde où il mettait ses pieds. Il heurta violemment la table où était empilé avec soin des dizaines de livres, certains même ouvert à des pages bien précises. Fou de rage, le gérant se leva et mit son poing sous le nez du jeune Cryomancien, avant de hurler d'une voix basse :

"Tu oses venir troubler le calme de ce lieu jeune insolent ! Tu vas voir ce qu'il en coûte de déranger le silence de cette bibliothèque !" Un rapide geste colérique ordonnait à Raeven de suivre ce vieillard, qui l'emmena dans une pièce adjacente. Une sorte de petit salon, relativement bas de plafond comparé au reste de l'édifice. L'homme s'asseya sur un fauteuil de velours rouge et reprit de plus belle :

"J'espère que tu avais de bonne raison de venir ici pauvre inconscient ! Sais-tu ce que tu viens de faire ? Me priver de plusieurs semaines de recherche et ..."

L'homme continua de parler à voix haute pendant plusieurs minutes. Pendant ce temps, Raeven ne l'écoutait que d'une oreille distraite, jusqu'à ce qu'une main vienne le saisir au col

"Et en plus tu ne m'écoutes pas ! Je t'en mettrai moi si ma main ne me faisait pas si mal, comme tu n'as ..."

Il fut coupé par Raeven, qui lui fit ouvrir sa main avant de commencer, d'une voix calme, assurée et posée :

"Il n'y avait que quatre livres d'ouvert sur votre table, en plus de celui que vous teniez dans la main. El'dafi aflo : la vision du monde par les Anciens l'était en page trois cent cinquante-neuf ; L'Origine du Monde l'était en page sept cents une ; La vie ou l'autre, de Ola Arunson si je ne m'abuse, l'était en page quatre-vingt-dix ; et enfin, le dernier dont je n'ai pas eu le temps de relever le nom était ouvert aux alentours des pages deux cents - deux cent dix."

Abasourdi, l'homme s'enfonça lourdement dans son siège, avant d'inviter Raeven à s'asseoir. L'émotion était à son comble, aussi préféra-t-il se servir un peu de thé. Il en proposa une tasse à Raeven qui refusa du chef, avant de continuer :

"Une telle mémoire est un don rare mon cher. J'espère cependant que vous ne mentez pas, malgré l'exactitude des titres. Je ... excusez-moi d'avoir perdu mon sang froid tout à l'heure. J'essayais de comprendre si notre société évoluait sur un principe plus ancien, si notre vision de l'univers s'est modifiée ou non. Mais peut-être étiez vous venu ici pour quelques choses en particulier. Un renseignement ? Un ouvrage ?"

"En effet, j'ai besoin d'information sur le continent de Nosvéris. Je ne rentrerai pas dans les détails, mais j'ai besoin de me rendre dans la partie nord de ce continent pour une raison personnelle. M'aiderez vous ?"

A l'entente du mot "Nosvéris", le bibliothécaire devint livide, presque aussi blanc de teint que Raeven. Il commença à trembler avant de se ressaisir, de se lever et de demander à Raeven de ne pas bouger. Les minutes s'écoulèrent sans aucun retour, le Jeune Cryomancien se demandait s'il n'avait pas fait une erreur. Soudain, le vieil homme pénétra dans la pièce, deux gros livres entre les bras. Raeven se précipita pour l'aider, mais l'homme refusa :

"A mon âge, il faut un peu d'exercice ! Mais merci quand même."


Il lâcha lourdement les recueils de connaissances sur la grande table au centre de la pièce, peu fréquentée à cette heure de la journée. Il remit en place son monocle avant d'ouvrir les livres à deux pages, laissant à Raeven la possibilité de voir deux cartes différentes, pourtant nommées comme étant du "Continent de Nosvéris". Lisant probablement la question sur ses traits, le Bibliothécaire s'empressa d'y répondre :


"En effet, il s'agit bien du même continent qui est cartographié sur ses deux grimoires. L'une par un célèbre géographe du continent lui-même, l'autre de la main d'un navigateur hors-pair. Voilà pourquoi les contours et l'intérieur changent. J'ai personnellement fait une fusion des deux..."

Il sortit de sa manche un morceau de parchemin poussiéreux avant de l'étendre sur la table, posant les lourds grimoires sur les bords opposés pour éviter qu'elle ne se ré-enroule d'elle-même. Il souffla un coup dessus et souleva une volute de poussière qui le fit éternuer. Après y avoir passé sa main, il sourit à Raeven

"Voilà, Nosvéris par moi-même. Je peux vous assurer que je suis certain de la précision de la carte, n'ayant fait que recopier ce qui était déjà. Les contours étant ceux de ce fameux navigateur, tandis que la géographie interne est celle du Norsvérien lui-même."


Il me laissa quelques instants, le temps de mémoriser cette carte et continua, le ton las et blasé :

"Ce pays est en guerre, n'y allez pas seul. Je ne peux quitter mon poste ici et encore moins me mouvoir aisément, mais j'ai besoin d'une fleur du désert de glace. Une seule me suffira et je sens qu'auprès de vous elle ne fanera pas. J'ai besoin que vous cherchiez la "Souveraine des Glaces"."

Un trouble ébranla Raeven jusqu'au plus profond de son âme. Cette fleur portée le même nom que son arme personnelle. Y repensant, il se souvint ce que lui avait dit l'esprit :


(Cette arme eut de nombreux noms, de nombreuses appellations lors de son voyage à travers les âges. Cependant, depuis quelque millénaires, elle porte toujours le même. Je sais que ces fleurs qui ne poussent que par un froid intense et qui fanent si la température monte au dessus de zéro. Jamais personne n'a pu en cueillir une et la rapporter ici, en Nirtim. Cependant, selon la légende, l'être qui en sera capable se verra digne de porter la Souveraine des Glaces, et cette dernière gagnera en pouvoir au contact de son maître.)

L'instant de vérité se dessinait devant lui. Serait-il l'unique personne pour qui la Souveraine des Glaces a été créée ? Comment, si c'est le cas, celle-ci savait-elle qui elle devait servir ? Et pourquoi lui ? Toutes ses questions demeuraient sans réponse, aussi Raeven préféra t-il les garder pour les véritables moments, les véritables instants où elles seront nécessaire...

"Je vous remercie, lâcha t-il sur un ton neutre, merci de m'avoir aussi bien aidé. Ces maigres connaissances me permettront sans doute de revenir en vie de cette périlleuse mission que j'ai à faire. Et je jure, sur mon honneur, que je ne reviendrai pas sans cette rose que vous désirez tant !"

Saluant le bibliothécaire de la tête, Raeven se laissa tomber dans un des ces moelleux fauteuils qui peuplent la salle, avant de se saisir d'un encrier, d'une plume et d'un parchemin et d'y retranscrire la carte de Nosvéris. Il savait qu'elle lui servirait sous peu...

-> Vers le Port de Kendra Kâr

_________________
La Mort est un plaisir que je m'efforce de partager, car la joie de la vie n'est rien comparée à celle de la Mort.
A présent j'en appelle à toi, Froid, pour me venir en aide et terrasser mes ennemis !

Image


Avez-vous peur de la mort ? (âmes sensibles s'abstenir)


Dernière édition par Raeven le Mar 16 Nov 2010 13:52, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Lun 16 Aoû 2010 10:22 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 29 Juil 2010 12:17
Messages: 10
Le jeune voleur pénétra dans la bibliothèque. Un silence troublant régnait dans la salle. L’odeur des parchemins ne déplaisait pas au jeune homme. Selar avançait émerveillait par la quantité d’ouvrages. Soudain du coin d’une étagère surgit un vieil homme, grassouillet. Ce dernier portait un monocle sur l’œil droit. Les habits du bibliothécaire ne toléraient aucun doute quant au statut social du vieil homme. Le vieil érudit était vêtu d’un pourpoint d’un rouge bordeaux et un pantalon vert rayés de noir.

« Vous désirez ? »

Emerveillait par la bibliothèque, Selar en avait oublié la raison de sa visite.

« Bonjour, euh… je voudrais accéder au registre des différentes reliques de ce monde »

Sans dire un mot le vieil homme se dirigea vers la réserve.

« Attendez-moi là » lui ordonna-t-il devant la porte de la réserve. Quelques minutes plus tard le bibliothécaire ressortit avec un long rouleau sous la main. Il l’ouvrit et en sortit un parchemin d’un jaune ocre. Sur ce parchemin il y avait de différents dessins représentant, bottes, armes, capes et autres équipements des aventuriers. Selar observa attentivement les dessins.

« Venez me chercher quand vous aurez fini. »

En voyant l’homme s’éloignait, Selar le retint.

« Monsieur, je n’ai jamais appris à lire. »

Le bibliothécaire dévisagea le jeune homme. Selar sentit que ses joues rougissaient sous le regard du vieil homme. Au bout d’un instant de réflexion, le bibliothécaire appela un dénommer Gaston. Ce dernier fit la lecture pour le jeune voleur.

_________________
selar, voleur humain


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 01:51 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
( Dirigé de Chocapic )
Image

"♫ Ils étaient cinq milleuuuuuuhhh
Les autres deux milleuuuuuuhhh
Et pourtant, et pourtaaaaaaaant
Il n'en resta qu'un de vivaaaaaaaaaaant
Trente ans passèèèèEEEèèèrent
Il revint plein de mystèèèèèèères
Et avait un don dééééémeeeeeeennntt
Futur, passééééééééé, préseeeeeeeennttt
Il savait touuuuuUUUUuuuuuuuuuut
Mais tout le monde le prenait pour fou♪"


Devant la grande bibliothèque, une joueuse de luth chantait accompagnée de son instrument, son large chapeau retourné, en quête de quelques sous. Une vieille dame y déposa quelques piécettes quand Thorn se trouva devant les portes de la bibliothèque.

"A vot'bon coeur, m'ssieur dame !"

La joueuse de luth regarda le nain avec un sourire vif et des yeux brillants...

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La grande Bibliothèque
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 16:34 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 12 Aoû 2010 12:32
Messages: 2928
( Dirigé de Chocapic )

Le vieux bibliothécaire regarda Thorn avec un air dubitatif, limite méfiant. Il ne dit pas un mot puis sortit un vieux registre poussiéreux qu'il consulta un instant avant de répondre à Thorn :

"Deuxième étage, Allée 9, rangée F, huitième étagère..."

Le vieux bibliothécaire émit un léger sourire lorsqu'il termina sa phrase, sans doute pensait-il que le nain serait trop petit pour s'emparer du précieux volume des Recettes de cuisine de Martha de Shory. Mais çà, Thorn l'ignorait ! Sourd comme un pot, le vieux bibliothécaire avait compris "le persil de Martha"...

_________________


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 75 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016