Début - Post n°1
Prologue.
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Trois jours.
Cela faisait trois jours qu'Adalon était là, affalé sur une chaise ou se saoulant au comptoir ; cela faisait trois jours qu'il ne parlait à personne, hormis au patron pour réclamer à nouveau à boire et à manger, et pour ensuite payer son ardoise ; cela faisait trois jours qu'il rêvait d'aventure, d'héroïsme et de bravoure, sans savoir comment réaliser ses envies.
« PATRON ! Une bière ! » gueula-t-il depuis le fond de l'auberge, ce qui n'empêchait pas le-dit patron situé au bar d'entendre sa voix grave et bourrue.
De l'héroïsme, il en rêvait ; mais décidément, il ne savait pas où le trouver, et cela le frustrait. Et pour calmer sa frustration, il buvait. Il buvait jusqu'à plus soif, et s'endormait ; et une nouvelle journée commençait ensuite, identique à la précédente. Et plus le temps passe, plus sa bourse se vide au profit de celle du tavernier.
Bientôt, il sera réduit à la mendicité.
Le patron vint déposer la chope sans qu'une parole, qu'un regard ne s'échange ; puis, il s'en alla. Adalon ferma aussitôt son journal, seule trace de sa vie passée qu'il avait retrouvé, et englouti d'une traite le récipient de son contenu.
Une nouvelle journée venait de commencer.
Il regardait les allers et venues des clients de l'auberge. Des ivrognes, mais aussi des voleurs à la tire, des marchands itinérants, des voyageurs en tout genre, et autres soldats de la cité venus boire un coup après leur service.
Les uns le répugnaient, les autres lui instillait de la jalousie. Jaloux de ne pas pouvoir agir et d'être là à ne rien faire.
Naturellement, il pourrait partir seul à l'aventure, mais dans quel but ? Et si ses actions ne vont pas dans la direction qu'il désire ? Il ne se posait pas de telles questions, mais est arrivé à la même conclusion que celui qui se les serait posées.
« PATRON, une autre ! »En attendant le serveur, il se mit à rêvasser.
Il imaginait qu'il combattait une bande de gnolls qui menaçaient un village. Avec une longue épée ornée d'une multitude de détails, bien différente de la babiole qu'il possède en réalité, il les tranchait sans mal, et ces créatures hideuses s'enfuyaient tant il inspirait la crainte chez eux.
A son retour en ville, tous l'acclamaient, et il était heureux de les avoir aidé.
Ce fut le claquement brusque de la chope sur la table qui le "engager" réveilla. Il mit quelques secondes pour se rendre compte que ce n'était pas réel, et but.
Soudain, les mots « aventure », « quête », « héros » arrivèrent jusqu'à ses oreilles. Deux jeunes hommes attablés à côté discutaient.
Adalon tendit alors l'oreille afin d'en savoir un peu plus.
« … et tu ne crois pas que c'est dangereux d'y aller seul ? Et sans équipement qui plus est ? Seul un fou irait là bas avec une épée médiocre et des vêtements de paysans rafistolés comme les nôtres, lançait le premier.
- Nous pouvons toujours nous "engager" dans la Milice. Ils nous mettrons à coup sûr du matériel à disposition, répliqua le second.
- Mais si nous n'accomplissons pas les missions qu'ils nous donneront... »Pas besoin d'en entendre davantage : Adalon savait où aller désormais.
Enfin, non, il ne savait pas où se trouvait cette fameuse milice ; mais qu'importe, ragaillardi par la nouvelle, il était prêt à faire le tour de la cité afin de retrouver ce fameux sentiment de bravoure mêlée de reconnaissance qui lui seul était capable de le rendre heureux.
(Vite, ne perdons pas plus de temps, l'aventure m'attend !)En moins de temps qu'il n'en faudrait à un n'importe quel être, il rassembla ses affaires éparpillées sur la table, bondit de son siège, lâcha une poignée de pièces sur le comptoir, sans même les compter, et franchit le seuil de la porte.