Questionnement intense.« Le repère des brigands se trouve au centre du plus ancien quartier de la ville. C'est une grande bâtisse reconnaissable à sa pierre sombre. Je ne connais pas les lieux, je sais seulement qu'en son milieu y réside une cour et qu'il y a trois étages. Je ne sais pas comment ses derniers son investis, mais on peut facilement imaginer que leur butin se trouve tout en haut.
Le clan en lui-même est composé d'une trentaine d'hommes, bourrins et indélicats, armés pour la plupart de haches de guerre, massue ou gourdin. Les plus haut gradés ont un art plus subtile du combat et se battent avec de fines épées. Enfin, et c'est là que j'ai besoin de toi, en plus de ses membres, le clan compte six mages. Magie blanche et noire, attaque, défense, ils ont misé sur la diversité peut se défendre contre des guerrier ou assassin en tout genre, mais pas contre des mages. Et seul, je serai parfaitement incapable de gérer six mages. De plus, deux d'entre eux sont très puissants, et possèdent des compétences que j'ignorais jusqu'alors. »Eiko était resté attentif aux paroles de mon Maître, enregistrant avec soin les important détail que lui délivrait son interlocuteur. Se qui me gênais le plus, c'est que je découvrais avec lui se qui nous attendais le soir. Pourquoi ne m'en avait-il pas parlé plus tôt ?
J'étais tout à coup anxieuse, à trois contre presque quarante hommes, je me demandais si nous avions ne serait-ce qu'une chance. Cependant, Deïko resta confiant, son regard affichait une implacable assurance et une certitude presque déstabillisante.
Après cela Deïko parti payer avant de revenir s'assoir avec nous. Il indiqua l'heure, très avancée dans la nuit, à laquelle Eiko devrait nous rejoindre s'il se joignait à nous.
Nous partîmes ensemble avant de prendre des chemins différents. J'observai Deïko partir d'un côté, Eiko de l'autre... Un boule se forma dans ma gorge quand je réalisai que j'étais presque incapable de faire la différence entre ces deux là lorsqu'ils étaient de dos. Seul la démarche irréelle de mon Maître m'aider à les discerner. Avant que l'un des deux ne me surprenne à les épier, je pris moi aussi une direction, pour très vite me percher sur un toit et plonger dans mes pensées.
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J'avais tué ma journée à penser. Je pensais sans relâche à la soirée attendue, cette mortelle escapade sur laquelle une petite partie de la matinée s'était concentrée.
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Le soir vint si vite que je regrettais presque cette belle journée que j'avais gâché à ne rien faire d'autre que penser. Je rejoins la vieille ville où je trouvais Deïko sans mal, perché sur un toits aux abords de la bâtisse aux pierres sombres. Il garda le silence et nous vîmes Eiko dans la ruelle juste en dessous de notre position. Il sauta du toit et partit à sa rencontre, je restai blottie dans les ténèbres, attendant.
J'observai la demeure que allions assaillir dans peu de temps. Nous pouvions facilement y pénétrer par le toit et la cour intérieur nous offrait un parfait terrain de départ. Quelques fenêtres dégageaient de la lumière et un petit nombre d'ombre s'en reflétait. Nous devions tuer le plus de brigands possibles avant qu'ils ne se rendent compte qu'ils sont attaqués, qu'ils ne sonnent l'alarme et que nous nous retrouvions encerclé par une hordes de malfrats s'étant résolu de nous exterminer.
Cette pensées me fit frémir, je jetai un regard un peu plus bas, Deïko et Eiko parlaient à voix basse, m'empêchant ainsi d'entendre leurs dires.
Un peu plus tard Deïko me fit signe de descendre. Eiko parti devant. Je sautai du toit, me réceptionnant sur un toit moins élevé, je glissai un court instant sur l'ardoise et bondis, roulant dans les airs et atterrissant les genoux fléchis. Deïko me sourit gentiment avant de me prendre dans ses bras.
« Nous allons nous séparer pour entrer dans le bâtiment, si un mage t'attaque fuis, je refuse qu'il t'arrive quelque chose. Nous nous retrouverons un peu plus tard, tue le plus de gens dans l'ombre. Fonds toi dans les ténèbres, retiens ta respiration et guettes la moindre occasion. Entres en harmonies avec ta cible, anticipes sa pensée et ses réactions. Élimines ta cible avant qu'elle ne réalise ton existence. »Il se détacha de mon oreille et se fondit dans l'ombre sans que je n'ai le temps de dire quoi que se soit. Eiko lui était déjà parti depuis un petit moment. Je ressassai un court instant ce que mon Maître venait de me dire et m'élançai. Je pris un petit élan et sautai sur le rebord d'une fenêtre, mon pied toucha à peine le muret et je rebondis pour attraper une gouttière un peu plus haut. Je me hissai à la force des bras et escaladai une derrière fenêtre. Je m'accrochai sans mal à l'ardoise du toit et y grimpai.
J'observai les étoiles, pris une grande inspiration et courus. Mes pieds touchaient à peine l'ardoise du toit, mon corps se fondait dans la nuit, ma respiration semblait inexistante. Je courus un moment avant de bondir sur un balconnet dont la fenêtre était restée ouverte. La pièce dans laquelle je pénétrai baignait dans le noir et aucun bruit n'était audible. Je me glissai dans les ténèbres de la demeure et guettai le moindre bruit, le moindre mouvement, le moindre souffle.
Je rejoignis un long et sombre couloir bordé d'une dizaine de portes. D'une d'elles s'échappait de la lumière et je pus distinguer des vois masculines. Trois hommes se trouvaient derrière cette porte et débattaient de la manière dont ils allaient attaquer la caravane en provenance de Kandra Kar demain matin pour ensuite rejoindre une quinzaine de leurs compagnons déjà dans une autre ville pour passer à l’assaut du château d'un bourge dont je ne pus distinguer le noms.
(Quinze d'entre eux sont donc absents... Parfait !)J'affichai un grand sourire de satisfaction avant de me reconcentrer sur mon objectif.
Je me baissai à la hauteur de la serrure, tous les trois étaient de dos à la porte, face à une fenêtre d'où ils contemplaient l'éclat des étoiles. Au coin de la pièce, deux grosses massues étaient déposées de manière à être accessibles en cas d'urgence. Seulement deux. Un de ses hommes était-il un mage dont Deïko avait parlé ?
Une voix dans le couloir troubla ma réflexion, deux hommes se trouvaient à quelques mètres de ma position. L'obscurité jouait en ma faveur. J'attrapai ma dague et me glissai vers l'origine de la voix. Je frôlai le mur, touchant à peine le sol, réduisant au minimum ma respiration. Je pouvais percevoir leurs gestes, leurs souffles. Ils étaient tout près et ignoraient jusqu'à mon existence. Ils passèrent à ma hauteur, le plancher craquait sous leurs pas. Je passais derrière eux, d'un même mouvement je tranchai une jugulaire et brisai les vertèbres de l'autre. Les deux hommes tombèrent en même temps. Aucune bourse, aucun bijoux à dérober. Je laissai échapper un juron et partis dans une nouvelle direction.
Je pris un autre couloir, perpendiculaire au précédent. Dans celui-ci, plusieurs portes m'offraient une auras de lumière, suffisamment forte pour que je puisse bien voir et pas assez pour que je sois repérée en cas d'irruption inopinée. De la première porte illuminée que je croisai, seul quelques voix s'échappaient. Deux ou trois selon moi. Je jetai un coup d'œil à travers la serrure, j'avais vu juste. Deux hommes se tenaient là, l'un assis sur le rebord de la fenêtre l'autre adossé tout près. Ils riant franchement et parlaient le sourire au lèvres. Leurs armes étaient déposées loin d'eux, couchées à terre de manière négligeable. Se spectacle m'arracha une petite moue. Ma main se resserra sur ma dague que je n'avais même pas pris la peine de ranger. Je fermai les yeux, pris une délicate inspiration et défonçai la porte d'un coup de pied. Je me ruai sur celui assis sur le rebord de la fenêtre, il n'eut pas le temps de bouger que je lui plantais ma lame à la gorge. Il poussa un gémissement étouffé et chuta. Il atterri lourdement dans la cour. Un homme passa sa tête par la fenêtre de l'aile opposé, observa un court instant le cadavre de son camarade puis releva la tête vers moi.
« Des intrus ! »Une folle agitation envahis l'aile dans laquelle se trouvait le gueulard. Je fis un pas en arrière.
Nous étions repérés, par ma faute. Un hurlement me rappela à l'ordre. Le deuxième homme avait saisit sa hache et se ruait sur moi. Je me jetai à terre, roula sur le côté et attaquai. Il para cette futile attaque sans problème, mais je pus voir une larme couler sur sa joue. Moment d'inattention. Son pied percuta violemment mon ventre et me projeta en arrière. Je frappai le mur, repris en un instant mes esprits et me relevai. Il courait de nouveau vers moi, sa hache levée au dessus de sa tête. Il hurlait, une multitude de larmes balayaient son visage. Étais-je la cause de ses larmes ?
Je bondis en avant, vive comme l'éclair, ma dague se planta sans mal dans son abdomen. Il ouvrit de grand yeux, ses lèvres prirent la couleur du sang qui en coulait. Il ferma les yeux et se laissa tomber sans résister. Il les rouvrit, me regarda. Je me penchai à ses côtés, lui murmurai un pardon à l'oreille et ouvrit sa gorge d'un trait de feu duquel son sang fuyait.
Je me relevai lentement et l'observai un court instant. Je pris sa petite bourse et partis en courant.
« La voilà ! »Une demie dizaine d'homme étaient réunis derrière moi au fond du couloir que je m'apprêtais à prendre. Je pivotai sur les pointes et courus à toutes jambes. Je n'avais que peu de chances face à cinq hommes armés et prêts au combat. Je courrais le plus vite possible avec l'espoir fou de leur échapper. Je tournai dans un nouveau couloir lorsqu'une dizaine de flèches à plumes noires passèrent au dessus de ma tête. Je m'arrêtai net pour les regarder. Les flèches se divisèrent, donnant naissance à dix nouvelles flèches identiques. Les cinq hommes me pourchassant furent transpercés sans aucun problèmes. Tous tombèrent et bientôt ils baignaient dans leur propre sang. Les flèches disparurent presque immédiatement.
« Je t'ai pourtant dis que je ne voulais pas qu'il t'arrive quoi que se soit. Fais attention à toi jeune apprentie. »Deïko se tenait en face de moi, souriant comme à son habitude.
« Suis moi maintenant. »Il se mit à courir si vite que j'eus du mal à le suivre. D'un mouvement du bras il fit voler une fenêtre en éclat, bien trop éloignée pour être touchée, elle fut explosé par une des lames invisibles dont j'avais précédemment fait l'expérience. Deïko bondit, aveuglément je le suivis. Il atterrit dans la cour en toute souplesse, la chute de trois étages m'effrayait, mais il était trop tard pour réfléchir à ça. Au contact du sol je fléchis les genoux et m'élançai en avant pour rouler. Sans ce réflexe, pourtant anodin, mes chevilles auraient probablement céder sous le choc.
Lorsque je me relevai, je pus prendre conscience de la gravité de la situation. A quelques mètres devant nous, Eiko se tenait en position de combat, faisant tête à deux d'hommes. Très vite mon Maître adopta la même position, dans une direction différente. Nous étions encerclés. Le triangle que nous formions nous permettait de faire face à la totalité de nos adversaire, bien que plus nombreux, ils n'avaient pas encore le dessus. Cette pensée était ridicule, évidemment qu'ils avaient le dessus, leur supériorité numérique changeait énormément la donne, deux archers étaient postés aux fenêtres de différents étages, et même s'ils ne s'était encore pas montré, le clan comptait six mages dans ses rangs. Je jetai un bref regard derrière moi, Eiko n'avait pas bougé et affichait une implacable assurance.
(Tu es fou de nous avoir suivit...)Très vite mon regard se posa sur Deiko, assurance visible dans son regard, stature forte et souple.
(Pourquoi nous avoir entrainé là dedans...?)Je sentais mes jambes faiblir, la peur, l'angoisse...
« Ne t'en fais pas jeune apprentie, ils n'ont aucune chance. »Deïko se tourna vers moi, une flamme de conviction dans la pupille, un sourire enjôleur aux lèvres. J'arrêtai de réfléchir, prête au combat.
Le repère des brigands (suite)