Et le lendemain fut un jour terrible pour Aztai, car Héwana avait tenu promesse...
Le jeune woran fut réveillé alors que seules les flammes des chandeliers éclairaient la cellule. La femme avait apporté une gourde d'eau qu'Aztai avala d'une traite. Tout en l'observant elle dit silencieusement:
-Ca ira mieux dans quelques heures, avant de s'en aller vers la porte.
Le woran neige ne saisit pas le sens de la phrase pourtant simple: d'un coup, un brouillard vint polluer ses pupilles, et une fatigue soudaine l'assomma. Dans un état de demi conscience, il ne sentait plus rien, comme lorsque l'horrible homme aux dents d'or l'avait capturé. D'ailleurs, celui-ci refit apparition. Etait-ce un rêve? La réalité? Il le voyait venir et partir, lui saisir les bras, les relâchés... Aztai murmurait qu'il fallait qu'il s'en aille, qu'il fiche le camp, il n'entendait même pas ses propres paroles...
Puis tout redevint clair, comme s'il sortait d'un rêve. Sortir d'un rêve, certainement, pour plonger dans un cauchemar: devant lui se tenait la Serpante. A sa droite Rune, son serviteur magicien, et à sa gauche...
-Non... murmura Aztai.
Les trois personnes éclatèrent de rire. Aussi grand qu'Aztai, les cheveux courts, le visage dur... Son sourire laissait voir une rangée de dents éclatantes, des dents en or. Il avait les mains dans son dos, arborant un sourire malsain. Et puis, Aztai s'aperçut soudain qu'il n'était pas assis par terre, il était debout, suspendu par les bras. Il releva la tête: les poignets liés, ses griffes atteignaient le plafond de pierre. Ses pattes touchaient le sol de pierre, tout juste pour poser le plat des pieds. Il releva la tête et rugit en regardant l'homme aux dents d'or.
-Moi aussi boule de poil, je suis heureux de te revoir. On va passer un moment un peu plus long que la dernière fois, histoire de se connaître un peu mieux...
-Rune, coupa Héwana, tu peux sortir, je t'appellerai plus tard.
Le petit homme s'exécuta. La Serpante prit le petit tabouret dans un coin de la pièce puis s'assit dessus, en face d'Aztai.
-Je te présente Argautik. C'est, hum, un ami...
L'homme sourit, fit quelque pas vers sa droite et ramassa une barre de métal qu'il fit résonner dans la pièce en la frappant deux fois sur le sol. Il ricana de sa voix rauque.
-Ce que je vais te raconter, Aztai l'Insolent, est une histoire qui m'est très douloureuse. Mais je suis sur que tu saura partager mon passé si... difficile. Aussitôt, Argautik frappa le flanc droit du woran, au niveau des côtes, lui arrachant un rugissement de douleur. La Serpante attendit une bonne minute que son prisonnier ait repris son calme. Sois plus doux, Argautik, je tiens à ce qu'il puisse entendre la suite. Les deux humains éclatèrent de rire. Aztai craignait déjà les prochaines heures.
-Lorsque j'étais petite, j'avais une famille, tu vois Aztai? Une famille: une mère, un père, et un frère, un frère jumeau... Nous aimions beaucoup voyager. Alors que nous n'avions que 8 ans, mon frère et moi, la maladie a emportée notre maman... Tu imagines Aztai, la douleur qu'un enfant peut ressentir en perdant sa maman? A un si jeune âge? Argautik frappa le woran neige, sur le flanc gauche cette fois-ci, lui arrachant un autre rugissement de douleur... Donc, nous avons perdu notre mère. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, mon père est parti lui aussi. Nous arrivions aux portes d'une ville nouvelle, Kendra Kâr, alors qu'il rendait son dernier souffle: le chagrin l'avait rongé pendant un an, avant qu'il ne retourne voir sa tendre épouse, ma mère... Alors mon frère et moi avons versés des larmes (le bourreau frappa Aztai, hurlant de douleur) oui nous avons pleuré (nouveau coup de matraque, nouveaux cris), ah, quelle noire période...
Aztai avait les côtes en feu, étonné de ne pas les avoirs senties craquées sous les coups d'Argautik.
-Mon frère et moi, reprit Héwana, avons été accueillis comme des orphelins, dans Kendra Kâr. Nous n'avions que 10 ans, c'est si dur à cet âge... (nouveau coup de matraque) Puis j'ai grandi, nous nous sommes séparés pour vivre notre vie, lui en temps que soldat, moi j'aidais un forgeron... Sache, Aztai, que je n'avais jamais entendus parlé du massacre des Nawors avant qu'un jour, 3 miliciens furent retrouvés morts, il y a environ 1 an... (elle sanglota) Parmi eux il y avait mon frère. Ca aurait été une histoire triste, si à ce moment là Argautik ne s'acharna pas à rompre les côtes du woran neige. Il frappa une dizaine de fois ses flancs, et le jeune woran hurla, hurla lorsqu'il sentit le sinistre craquement résonner en lui.
-Oui, Aztai, hurla Héwana pour couvrir ses hurlements de douleurs, ce fut horrible! Tu sens la douleur Aztai?!
Pendant un moment, on entendait que les hurlements de douleurs du woran, et les sanglots de la femme résonner dans le cachot... Et puis:
-Rune! cria la Serpante. La porte s'ouvrit à la volée et le petit homme apparu. Fais ce que tu as à faire.
S'approchant, un sourire méchant sur les lèvres, il posa ses mains sur les flancs meurtris d'Aztai. La même lueur que lorsqu'il avait soigné sa blessure apparue. Et puis, en un clin d'oeil, le woran sentit ses côtes se ressouder. Rune s'en alla en claquant la porte derrière lui. Héwana se leva, une larme avait coulée sur son beau visage. elle s'approcha d'Aztai. Il se sentait si faible que seuls ses poignets attachés le soutenait.
-C'est douloureux, n'est-ce pas? chuchota-t-elle à son oreille. Elle lui porta un violent coup de genou dans le ventre qui lui coupa le souffle. Allant se rassoir, elle continua son histoire. Et puis je me suis intéressée de plus près à cette histoire. J'ai appris qu'une cinquantaine d'année plus tôt avait eu lieu le massacre des Nawors, engendré par une tribu de worans fous, c'est ce qu'on racontait. J'ai rencontré un homme, le Monarque. Il était beau, pur. Il ma raconté cette histoire de woran. Il m'a ouvert les yeux sur la race immonde que vous êtes! Argautik frappa, cette fois-ci, la cuisse d'Aztai qui se retint d'hurler. Il m'a dit, comment, environ 50 ans plus tôt, les worans avaient exécutés un nombre non négligeable de miliciens. Un détail de la moindre importance échappa à Aztai, qui faisait tout pour l'écouter.
-Après un demi siècle, votre Monarque était toujours aussi "beau"?
-Oui, Aztai, car le Monarque est un demi-elfe... Dans 300 ans, quand tu ne seras que poussière, lui n'aura su prendre qu'une demi ride... Alors, reprit-elle, je l'ai suivi dans sa quête d'éradiquer le "Survivant", qu'il disait. Moi je voulais venger mon frère, naturellement, mais je sentais en lui une flamme, une flamme qui m'a embrasée... Par un stratagème finement monté, mettant en scène "Héwana, une piste pour aider les worans", nous vous avons immobilisés, toi et ta tribu. Le Monarque était sur, le criminel qui avait exécuté les 3 miliciens ne pouvait être qu'un Nawor. Par ses nombreuses oreilles, il appris qu'il y en avait un dans votre tribu qui s'était aventurée si proche de Kendra Kâr. Alors nous vous avons capturés, toi et le fameux, l'unique Nawor vivant: Waor... Ce woran roux, qui a tué mon frère! (Argautik roua de coups les cuisses d'Aztai qui hurla de plus belle). Ah, reprit Héwana dans une expression de soulagement, nos vengeances s'accomplissent, et en plus, le Monarque peut à nouveau récupérer "le secret"...
-Quel secret? marmona Aztai.
-Pour une fois, impossible de t'en dire plus. Je suis navrée. Elle fit un signe de tête à Argautik tout en se levant. A demain Aztai, dit-elle simplement en sortant. Argautik ricana. Il frappa de toute sa puissance les jambes pendantes du woran neige, puis détacha la chaîne du plafond pour la rattachée au sol. Aztai n'avait plus de métal autours du corps, il était prisonniers que par ses poignets. Malgré cela, il s'effondra au sol, haletant. La douleur le lançait dans les côtes et dans les cuisses. Avant de partir, L'homme aux dent d'or lui décocha un ultime coup de pied dans l'épaule, arrachant un dernier cris au woran.
-Repose-toi bien, "Aztai", chuchota-il avant de laisser le woran sous la faible lueur vacillante des flammes qui éclairaient la pièce.
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Dernière édition par Aztai le Ven 14 Jan 2011 22:44, édité 3 fois.
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