Le temps est agréable, c'est une belle après midi de printemps, un peu chaude pour la saison, ce qui me fait légèrement transpirer dans mon manteau de cuir, en même temps je ne sais pas pourquoi je l'ai emporté, faut il être bête ! Heureusement le vent souffle, de façon intermittente, mais la légère brise fraiche qui se lève de temps en temps est très agréable. Je suis parti de l'académie en emportant ma besace, je ne sais pourquoi. Sans doute à cause du livre, je ne veux m'en séparer surtout après en avoir appris un peu plus ce matin.
Je continue de marcher dans les rues en direction de la maison d'Aelra. Les rues sont bondées en cette période, mais j'arrive malgré tout assez bien à éviter de bousculer les gens, malgré que je ne fasse pas beaucoup attention à mon entourage parce que je suis plongé dans mes réflexions. Je met de plus en plus en doute le bienfondé du suivi des conseils du livres, surtout qu'il ne m'a encore rien demandé en échange, et il reste silencieux sur la nature des taches qu'il dit avoir à me confier à l'avenir. Ce mage est il vraiment lié à Thimoros et a t il donc tué des centaines de personnes dans sa quête, il m'a affirmé sans détour que oui, il semble fou, et pourtant je ne crois pas qu'il le soit, il me semble parfaitement lucide à moi, même peut être trop lucide. Mais après tout cette histoire de réussir à combiner des éléments opposés. Tout le monde sait que tout ce qui se passe quand deux fluides opposés se rencontrent c'est, dans le moindre des cas, une petite explosion. Et je le crois quand il me dit pouvoir me léguer son pouvoir, il l'a déjà fait dans cette salle de classe. Ce dilemme est insoluble, et je sais qu'il ne voudra pas le résoudre pour moi, alors je vais le garder pour l'instant, après tout je pourrais le jeter comme je veux ce bouquin. Bon je vais arreter de penser à ça, je suis devant la maison d'Aelra.
Je toque à la porte banale, d'une maison de pierre banale, d'un seul étage peu spacieuse. M'ouvre alors Aelra, les yeux rougies d'avoir pleuré, et deux sillons mouillés sur les joues, mais je m'y attendais, ce qui m'étonne c'est de voir que sur le côté droit de son visage, elle possède désormais un tatouage, une ronce, enfin plusieurs de ses branches y sont représentés.
« Ah salut c'est toi Aanok ! »
« Oui salut Aëlra. Tiens c'est nouveau ça ! »
Et je montre du doigts le tatouage. Elle a une bouffé de rire, mais de rire forcé, triste, et un peu surprise aussi par le fait que je ne souhaite pas parler de sa récente séparation.
« Oh ça ? C'est pour fêter ma liberté récemment acquise. »
J'hésite à dire « je croyais que c'était parce que tu étais fleur bleue », car cela me semble déplacé en la circonstance et qu'elle n'est sans doute pas en état d'apprécier la plaisanterie, et alors qu'elle referme la porte derrière moi, qui suis rentré dans une pièce récemment mise sens dessus-dessous sans doute dans un accès de colère de sa propriétaire, le silence s'installe alors que je réfléchis à ce que je pourrais répondre.
« Ah, je savais pas que tu aimais ce genre de chose. »
« Moi non plus, mais je l'ai fais sur les conseilles d'une amie. »
Je me sens un peu gêné là.
« Il te va très bien ! Je voulais pas dire que ça ne te va pas ou quelque chose du genre ! »
Elle exhale un soupire, et à un petit sourire navré, mais en même temps amusé.
« Merci ! »
C'est à ce moment que trois coups sourds se font entendre sur la porte. Aëlra prends un air affolé et se tourne vers moi, pose ses mains sur mon dos et me pousse vers sa chambre en expliquant que c'était sans doute ses parents qui lui avaient dit qu'ils passeraient dans le mois. Je lâche alors une plaisanterie douteuse et passe dans sa chambre dont je ferme la porte.
Sa chambre est contrairement à la pièce principale, bien ordonné et rangé, mis à part le lit qui est défait. Je m'assois sur un coin de celui-ci et attends que le temps passe. Je sors de mon sac le livre qui me tourmente tant. J'hésite un moment avant de le faire, mais je me dis que ce n'est pas si grave qu'Aëlra découvre cela. Le livre ne fait pas de commentaire dessus, et se contente de me dévoiler les connaissances qu'il renferme.
A peine ais-je lu trois lignes que j'entends un bruit de claquement, suivi d'un bruit sourd, comme une gifle suivi d'un corps qui tombe au sol. Je referme le livre d'un coup, et sans prendre la peine de le ranger dans le sac, le gardant à la main, je me jette sur la porte et l'ouvre d'un coup ce qui me dévoile la scène.
Aëlra git, à terre, sur ses genoux, la main porté à sa joue. Devant elle se tiennent trois adolescent que je connais. Deux entres eux, plus gros que grand tiennent à la main de long bout de bois, et le troisième, un blondinet plus prétentieux que moi, d'une taille respectable, au visage angélique déformé par un sourire sadique se tient au dessus d'Aëlra. Je connais très bien son nom, Raan, il voie mon irruption, se retourne vers moi et lâche ces mots acides, autant à Aelra qu'a moi.
« Sale catin, déjà dans les bras d'un autre, et dans celui d'un rat de bibliothèque en plus ! C'est pour lui que tu m'as quitté ! Hein allez réponds salope ! »
Il lui prends la tête par le menton et la force à se relever en lui débitant ses insultes avec nombres de postillons.
« Si c'est ça ta réaction face aux filles qui te plaquent je comprends qu'elle t'ait quitté ! »
Elle la lâche et elle s'effondre au sol avec un petit cri de douleur. Cela me fends le mien, et en même temps je commence à prendre peur car ils sont trois en face de moi, et Raan a même une dague de belle facture à la ceinture, je l'aurai admiré si je ne m'étais pas mis dans le pétrin.
« Ah oui nabot, parce que tu sais comment ça réagit une fille ? »
Ses deux acolytes éclatent d'un rire gras et forcé pour contenter leur « chef »
« Sans doute mieux que toi, au moins n'en ais je pas blessé par mes actes, et ne suis aller puérilement les attaquer après qu'elle m'ait repoussées. Et puis quelle courage tu as là ! Trois hommes contre une fille en pleur, t'es sûr de toi là ? Tu risque pas d'être débordé ? Tu prends des risques avec si peu de moyens, tu sais ? »
Fanfaronner c'est tout ce que je peux faire, surtout que si je ne connais pas les loubards, je sais que Raan est quelqu'un d'assez doué dans le lancer d'éclair.
« Oui c'est ça, causes tu m'amuses. Je vais te faire ton compte ! »
« Ahahaha. C'est la meilleure de l'année celle là, déjà que t'es pas capable de créer des étincelles ! »
Il commence à voir rouge et s'approche de moi.
« Je sais parfaitement produire des éclairs ! Et y a pas que la magie dans la vie ! Tu vas faire quoi ici en si peu de temps ? Tu va nous frapper à coup de bouquins ? Ouh, j'ai peur ! »
Même rire gras et forcé des deux lèches-bottes.
« Joli dague que tu as là, mais à part pour la décoration, elle sert à quoi ? »
« Tu vas voir à quoi elle sert ! »
Et il porte la main a la ceinture pour la prendre. Et alors qu'il lève sa dague pour me frapper, Aëlra se met à pousser un cri suraigu, et même les deux acolytes se mettent à blêmirent, ne pensant sans doute pas voir un meurtre et ne voulant pas y être mêlés. Je lève le livre devant ma tête pour me protéger du coup de dague. Celle-ci vient d'ailleurs profondément m'entailler l'annulaire de la main droite, et je lâche un cri de douleur. Je secoue ma main et quelques gouttes de sang s'en échappent, certaines venant atterrir sur mes vêtement, d'autres sur ceux de mon agresseur, et enfin certaines viennent tacher le livre qui s'est ouvert du fait de mon mouvement brusque. Celui-ci attire d'ailleurs mon attention, et il est écrit en gros et en majuscule dessus.
« UTILISES MOI ! »
Le visage de Raan est déformé par la rage, et il raffermit la prise sur sa dague, la brandit de nouveau au dessus de sa tête et s'apprête à m'assener un autre coup. Je fais fi de ma douleur, avec une grimace, et je me met à crier avec toute l'énergie du désespoir en élançant ma paume ouverte en avant. La bague à mon doigt se met à surchauffer et à briller, tandis que les pages de mon livres se mettent à défiler à toute vitesse, comme sous l'effet d'un vent violent.
Raan se porte alors la main gauche à son bras droit alors qu'il lâche la dague. Il à la bouche ouverte comme si il essayait de crier, mais il ne semble pas y arriver. J'observe alors son avant bras qui est en train de se nécroser, et la corruption se répands rapidement vers la main dont la peau toute entière noirci. Je sais qu'il s'agit de mon œuvre, et je trouve un plaisir sadique à le voir mettre genoux à terre et finalement à hurleur sa souffrance. Les pages du livres s'arrêtent alors de tourner, et de nouveau une inscription apparaît.
« Tu as fait ton offrande à Thimoros, délivre donc maintenant celle à Phaïtos »
Je compris vite que le livres m'ordonnait de tuer. Je ne suis pas un instant rebuté, alors que je me dis que je devrais l'être, mais ce porc vient de tenter de me tuer, et pire que tout il a blessé Aëlra ! Il doit expier ses fautes.
Et alors qu'un sourire mauvais se dessine sur mon visage, je tends la paume de ma main en l'air, et forme une boule d'énergie noire au creux de ma main. Je la soulève bien haut pour que tout le monde la voie, puis je ramène ma main en arrière, et me prépare à lâcher tout mon pouvoir en une seule décharge sur Raan.
« Aanok ! Non ! »
Je ne l'avais pas vu ! Celle pour qui j'ai lancé ce combat, celle que je tentais de protéger, celle pour qui j'ai risqué ma vie, je l'avais complètement oublié. Elle s'était relevé et se jeta entre Raan et moi, et je comprenais son geste, elle ne voulait pas que je m'attire des ennuis en tuant. Mais je n'arrive pas à arrêter mon bras qui continue son chemin, il ne réponds plus à mes injonctions. Le monde autour de moi semble disparaître, il n'y a plus que mon bras au bout duquel se trouve un instrument de mort sous la forme d'une boule d'énergie obscure, et Aëlra. Le temps ralentit, et mes ordres mentaux se multiplie, mais mon bras continue sa course, jusqu'à atteindre le point fatidique, et il relâche mon sort. Celui ci vient frapper Aëlra dans le bas-ventre provoquant son mutisme instantané. Elle se met alors à trébucher vers moi et elle tombe dans mes bras. Sa tête dans mes mains, elle la relève et ses yeux à la fois accusateurs et surpris cherche les miens tandis que sa bouche n'émet plus de son que celui de l'air qui passe. Sa peau se met à pâlir à toute vitesse et elle devient de plus en plus froide. Sa tête tombe alors brutalement sur mon épaule, et son corps entier se fait soudain très lourd.
« Non ! Non ! NOOOOOOOOON ! »
Une immense chaleur m'envahit, celle du désespoir et de la tristesse, et alors que je me met à pleurer et à bercer la fille que j'aimais et que je viens de tuer dans mes bras, il me semble que quelqu'un tente de broyer mon cœur et de le percer d'une multitude de lame en même temps. Je n'ai jamais ressenti une telle souffrance auparavant, et ce n'est qu'a grand peine que je me retiens de porter ma main à mon cœur que je sens maintenant brûlé à vif.
Je descend lentement sur mes appuis, sous les regards des trois autres, figés devant cette scène, et je les comprends. Arrivé sur mes genoux, je pose doucement Aëlra à terre, tournant sa tête vers le ciel, et je lui ferme doucement les yeux. Puis toute trace de tristesse disparaît de mon visage, remplacé par de la haine pure. J'en suis très vite venu à la conclusion que c'est de leur faute, à eux, et ils le paieront, ils le paieront très cher !
Je m'empare de la dague qu'a lâché Raan,et avec un cri de rage, je me relève et tente de lui planter dans le torse. Il oppose son bras valide en opposition, mais la dague à tôt fait d'entamer ses chairs, et il est forcé par la douleur de se retirer, se laissant exposer à un coup de ma part, mortel, précis, en plein cœur. Je sens sur la lame le palpitement de ce muscle dans lequel elle s'enfonce, et même dans mon état de colère et de tristesse j'y trouve un plaisir, amer certes, mais un plaisir tout de même. Le sang se met à éclabousser mes vêtement et les siens alors que je retire mon arme de son corps qui tombe au sol. Je pose alors un regard dément sur les deux compagnons de l'homme qui meurt à mes pieds. Ils sont apeuré, et leurs genoux tremblent. A la simple vision de moi en train de les regarder, ils se mettent à prendre la fuite, mais je n'ai pas de temps à leur accorder.
Je tombe à terre épuisé lorsque la colère me quitte enfin, et il ne me reste plus que la tristesse, la tristesse et un cœur en miette. J'ai tué Aëlra. Comment ? Pourquoi ? Pourquoi mon bras ne s'est pas arrêté ? J'ai beau rejeté ma faute sur les autres je suis le seul responsable, c'est moi qui l'ai fais. Je l'ai tué ! Je frappe le sol de rage, et détourne mes yeux du cadavre, même ainsi et pâle à l'extrême elle reste la plus belle fille que j'ai jamais vu. Et mes yeux se mettent à nouveau à pleurer, car jamais je ne lui ai avoué mon amour, et elle se souviendra de moi comme de son meurtrier dans le royaume de Phaïtos.
Pourquoi ?
_________________ Aanok Silarion / fanatique / lvl 1
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