L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 1 Déc 2012 22:25 
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*<--*

*3*



Je ne savais pas comment le calmer. La seule chose qui me paraissait évidente était que le semi-elfe souffrait, et qu'ajoutée à son chagrin et sa colère, sa peine l'empêchait de garder les idées claires. Visiblement, il était tendu, au point que tout son corps tremblait. Après avoir cherché du regard un point d'appui, ou de quoi esquiver sa hargne, je me résolus à la confrontation. Je déglutis rapidement.

"Je peux comprendre ton chagrin Nahöriel, mais je suis certaine que prendre la vie d'un être en représailles n'est pas la solution."

Serrant un poing, le voleur écarta violemment le bras, balayant mes paroles aussi bien physiquement que par les mots.

"Si ! C'est ma solution ! Si c'est elle qui l'a fait souffrir à c'point, j'dois la r'trouver !"

"Et ?"

"Et lui faire la peau ! C'te question !"

Sa colère croissait, ajoutant une tonalité amère à ce qu'il me disait. J'avais beau ne pas le connaître beaucoup, le voir ainsi succomber à une telle hargne me peinait. Je voulais l'apaiser, mais lui offrir comme support des paroles que le premier venu pourrait lui dire n'allait sans doute pas l'aider. Je devais lui faire réaliser par lui-même que son projet ne le mènerait nulle part, s'il pouvait même démarrer. Ayant besoin de garder la tête froide, je repris mon grimoire contre moi, le serrant comme s'il avait le pouvoir de me soutenir.

Je jetai un regard au woran sans vie, puis plongeai mes yeux clairs dans ceux de Nahöriel.

"Shaa'Nod... Parle-moi un peu de lui. Qu'est-ce qu'il aimait ?"

"Pourquoi tu me d'mandes ça ?"

"Parce que je veux comprendre en mémoire de qui tu es prêt à risquer ta vie."

Mâchoires crispées, le voleur se tourna vers le félin et se redressa. Ses poings restèrent serrés, mais ses yeux se plissèrent. Je supposai qu'il faisait appel à ses souvenirs pour me parler de lui le plus justement possible. Ses épaules s'affaissèrent légèrement, et il porta la main à son bagage, en extirpant la lame prise un peu plus tôt. Tandis qu'il lissait cette dernière du pouce, il prit la parole, mais d'une façon telle que je songeai qu'il ne s'adressait pas à moi.

"L'sens du rythme... Un rire communicatif. Shaa'Nod est... Était... Le membre le plus amical du groupe. Prévenant, gentil... Il savait écouter et était la personne la plus bourrée d'principes que j'connaisse. Il savait dire les mots qui t'touchent le cœur et l'soignent. "

Il regarda la dépouille avec un sourire d'une grande tristesse.

"Il était patient, mais très difficile question nourriture. Il pouvait passer des heures à trier son poisson pour s'débarrasser des arêtes. Et il était heureux comme ça..."

Je m'attendais à ce qu'il poursuive, mais il demeura ensuite silencieux. Distraitement, son pouce lissait le tranchant de la lame pendant qu'il observait son ami. Je l'avais écouté avec une attention constante, aussi un détail me marqua. Faisant légèrement grincer mon écorce, je déroulai une main sur le côté, penchant légèrement la tête.

"Alors il n'était pas du genre belliqueux ?"

"Belli-quoi ?"

"De ceux qui cherchent la bagarre, parfois sans raison."

"Lui ?"

Le semi-elfe me scruta comme si j'avais dit quelque chose d'invraisemblable. Je devinai ses paroles suivantes rien qu'à l'expression de son visage. Sa colère semblait bien moins présente, mais je préférais ne pas tenter de souffler sur les braises de sa hargne.

"Il n'aurait jamais fait d'mal à un bouloum... Il préférait... Il préférait causer, et régler les problèmes comme ça."

Je restai silencieuse, le laissant prendre la mesure de ce qu'il venait de dire. Malgré la pénombre de la pièce, je pouvais me rendre compte qu'il réfléchissait. Bientôt, il rangea l'arme dans son sac et croisa les bras. Sa posture accompagnait un sentiment de totale indécision, et son regard ne parvenait pas à se fixer sur quelque chose. Finalement, il décida de s'en remettre à moi, s'orientant totalement dans ma direction.

"Qu'est-ce que j'dois faire Mytha' ? J'veux savoir, mais si j'le fais, j'manqu'rai à ma parole. Tu f'rais quoi à ma place ? Tu laiss'rais tomber ? Tu t'arrêt'rais là ?"

Je pus sentir que la plus petite de mes paroles allait être écoutée avec autant d'attention que celle d'un oracle. Lentement, je déroulai ma main, m'intéressant à ses questions. À sa place... Je n'y étais pas et n'y serais jamais, aussi ces interrogations ne me concernaient pas. Néanmoins, le laisser dans le flou le plus complet n'allait pas l'aider à avancer. Un détail me sauta bientôt aux yeux, et j'en fis part au voleur.

"Permets-moi de répondre à tes questions par une autre. Dans le cas où tu chercherais à te venger, as-tu la moindre piste à suivre ?"

Le semi-elfe prit une vive inspiration par la bouche, comme prêt à envoyer une réponse immédiate, mais à ma grande surprise comme à la sienne, il ne parvint pas à exprimer quoi que ce soit. Son expression se ferma, sa main gauche se leva, allant se coller contre son front. Il se le tapota avec aussi peu de délicatesse que s'il tentait de faire sortir un objet bloqué dans une boîte. D'un coup, le brun s'accroupit, apposant ses avant-bras contre ses rotules. Il devait regarder en direction du sol, en pleine réflexion.

Je demeurai silencieuse, ne percevant aucun autre bruit que le faible crépitement des lampes, et les pas rapides d'inconnus à l'extérieur. Immobile pendant de longs instants, je vis enfin la tête de mon interlocuteur faire un mouvement de gauche à droite, négatif. Un petit pincement sous mon écorce m'indiqua que l'impasse dans laquelle le voleur se trouvait avait tendance à affecter mon moral. Vivement, je réfléchis, tentant de penser à quelque chose de suffisamment tangible pour l'encourager.

Quelques paroles du woran me revinrent, guidant les miennes.

"Prends cela comme une opportunité pour te préparer."

Dans la pénombre, je distinguai un faible mouvement indiquant que j'avais toute l'attention du jeune demi-humain.

"Shaa'Nod t'a cru disparu, n'est-ce pas ? Je suis persuadée que la personne dont tu veux faire couler le sang le pense également. Dans ton état, et si cette cible est aussi rompue au combat que le laissaient paraître les paroles de ton ami, tu vas juste te faire tuer."

Avant de m'en rendre compte, des paroles auxquelles je n'avais guère réfléchi émergèrent.

"Et je refuse de te perdre aussi bêtement."

Quand je réalisai ce que je venais de dire, il était trop tard pour me rattraper. Je déroulai ma main gauche, l'apposant contre le bas de mon visage. J'étais surprise, non seulement parce que m'attacher n'était pas dans mes habitudes, mais surtout parce que je l'avais exprimé sans détours. Était-ce là un indice appuyant ma volonté de changer ? Je ne pouvais pas en être certaine. La seule chose dont je ne doutais pas, c'était que ce que j'avais transmis au voleur l'avait touché.

À voix basse, il murmura des remerciements, puis il se leva et m'incita à quitter la pièce, allant voir la petite humaine qui se tenait assise à l'entrée. Il revint peu après, m'informant qu'il avait négocié avec la gardienne qui nous permettait de passer la nuit dans l'habitation. Dormir ici ne me rassurait guère, mais sortir en pleine nuit dans ces ruelles était peu raisonnable. En conséquence, ce fut emmitouflés dans nos capes respectives, et sur un tas de paille couvert par un vieux tissu, que le voleur et moi prîmes du repos.


*


Aussi étrange que cela puisse sembler, je m'éveillai à l'aube, parfaitement reposée. Il ne nous fallut que peu de temps pour nous préparer, saluer la fillette, adresser un dernier regard au woran, puis quitter les lieux. Lorsque j'exposai ma curiosité concernant le devenir du corps du défunt, Nahöriel se contenta de me dire qu'il était entre de bonnes mains. La petite humaine se chargerait de prévenir quelques-unes de ses connaissances travaillant au cimetière.

Tandis que nous avancions dans les ruelles, je gardais pour moi mes questions, surtout quand elles concernaient ses liens avec ce genre de personnes. J'avais beau être curieuse, je n'étais pas encore totalement dénuée de prudence.

N'ayant pas encore de destination précise, notre duo décida de se diriger vers la place marchande, afin de nous préparer à un éventuel voyage. Je pouvais sentir que Nahöriel, sa colère partie, n'avait qu'une seule envie : quitter Tulorim au plus tôt.


*-->*

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

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Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Dim 13 Jan 2013 17:29, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 4 Déc 2012 19:48 
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Alistair et Lin mirent la moitié de la nuit pour rejoindre la base, alors que le trajet n'avait pas pris à l'aller beaucoup plus d'une heure. Le retard était autant dû à l'agaçante lenteur que leur fatigue respective leur infligeait qu'au besoin excessif qu'avait le voleur de vérifier qu'ils n'étaient pas suivis.

Une fois n'est pas coutume, le chef avait raconté la vérité à l'Ynorien quant à la mort de Fitz. Mais il avait fini par conclure que le bretteur était l'un des derniers arrivants du petit groupe, étant donné le peu d'émotions que la révélation avait fait surgir en lui. Il avait même conclu par un « Dommage » extrêmement peu convaincant. Mais ce détail avait provoqué une question dans l'esprit d'Alistair, et il avait eu beau retourner les informations dans sa tête un millier de fois, il n'en avait pas trouvé la réponse. Aussi, après avoir déduit que le seul moyen de comprendre était de questionner directement le principal intéressé, il avait posé ses interrogations.


« Pourquoi as-tu pris part à ça ? » avait-il demandé. « Tu ne sembles pas vraiment proche du groupe, alors pourquoi vouloir venger son chef ? »


La réponse du bretteur, pas très loquace, avait mis du temps à franchir ses lèvres. Il avait marmonné quelque chose à propos du déshonneur qui l’assaillirait s'il laissait la mort de son supérieur impunie, peu importe le degré d'attachement qui avait pu les lier l'un l'autre. Le voleur n'avait d'abord pas compris la démarche de son interlocuteur. Puis, après un moment de réflexion, il avait finit par déduire que c'était là l'un des effets de la loyauté. Il avait d'abord pensé que le guerrier n'était qu'un imbécile, mais avait plus tard compris toute l'utilité d'un soldat aussi loyal que lui et s'était promis de se renseigner plus à ce sujet auprès de Saphir.

Plus tard au cours du voyage, le bretteur avait expliqué à Alistair que durant la journée, Fitz était parti sans donner de raison, au lieu de rester pour apprendre à maîtriser son arme comme l'avait ordonné le voleur. Celui-ci avait très vite compris ce que le traître avait fait pendant son absence.

Quand ils avaient fini par arriver en vue du bâtiment leur démarche molle s'était accélérée à l'idée de trouver le sac qu'ils avaient remplis de provisions à l'intérieur de leur cachette. Ils s'étaient tous privés de dîner par manque de temps dans la soirée, et quand son estomac avait commencé à le rappeler à l'ordre, Alistair s'en était mordu les doigts ; il sautait beaucoup trop de repas à son goût.

Ils étaient donc montés à l'étage, escaladant péniblement les escaliers impraticables pour rejoindre la grande salle sans cloison du dessus. Ils avaient mangé à leur faim le pain et les quelques lamelles de viande séchés qui leur tombaient sous la main, trop épuisés pour tenter de cuisiner quoi que ce soit. Saphir et Arch n'étaient pas là ; nul doute que la jeune fille avait tapé à toutes les portes pour tenter de trouver un guérisseur, ils ne la reverraient sûrement pas avant que le voleur aux yeux rouges soit mort ou assez rétabli pour pouvoir rentrer.


Assis sur sa chaise bancale, Alistair repensa à la soirée. Elle n'avait pas été si catastrophique que ça, en fin de compte, mais ils avaient frôlé la catastrophe. A contrecœur, le chef du groupe décida qu'ils ne devraient pas renouveler ce genre d'expérience avant d'être mieux préparés. Ils se devaient d'être mieux armés, mieux entraînés et plus nombreux. Le voleur se savait compétent, et il l'avait brillamment montré au cours de la soirée, mais ça ne suffirait pas face à Raën, qui l'avait surclassé à mains nus, et qui avait l'air encore plus terrifiant avec son sabre Oranien en mains – que Lin avait récupéré à son réveil. De plus, c'est le manque d'entraînement de toutes ses nouvelles recrues qui risquaient de lui causer du tort. Aussi, il décida de reporter leur prochaine offensive à au moins une semaine, redoutant toutefois que d'ici là les pertes ennemies aient étés compensées.

Alistair se redressa péniblement – accusant tout le poids de ses muscles endoloris – empoigna ses couvertures et s'allongea dans un coin de la pièce, exténué. Oui, il devrait réfléchir au meilleur moyen de recruter des membres. Plus tard. Le lendemain, sûrement. Juste après avoir dormi.


Son repos fut de courte durée. Seulement quelques heures après le lever du soleil Saphir revint, ses nouveaux vêtements souillés de sang sec. Elle n'avait visiblement pas fermé l’œil de la nuit, et de lourdes cernes cerclaient ses yeux verts. Elle s'approcha d'Alistair, que le bruit avait partiellement réveillé, et s'accroupit à sa hauteur.


« J'ai amené Arch chez un guérisseur, » murmura-t-elle. « Désolée de vous avoir laissés seuls. D'après lui, Arch est hors de danger, mais il devra rester au calme pendant quelques jours. »


Émergeant de son demi-sommeil, le voleur se redressa, prenant le temps d'assimiler les informations qui peinaient à faire leur chemin dans son esprit embrumé. Quand il comprit enfin ce qu'impliquait cette information il hésita entre lui faire des remontrances pour son action et la féliciter pour avoir réussi à sauver le voleur aux yeux rouges. Il n'appréciait pas vraiment qu'elle ai quitté son poste sans plus de cérémonie, mais il était néanmoins soulagé que cette action est réussit à préserver l'un des rares membres du groupe. Avec la mort de Fitz ils n'étaient plus que quatre, et la nuit passée avait clairement démontré que c'était loin d'être suffisant pour mener cette guerre à bien. Soudain, Alistair se demanda ce qui pouvait bien le pousser à désirer si ardemment ce manoir qu'il déclenchait une véritable bataille contre ses occupants malgré leur apparente dangerosité. Il se sentait comme irrésistiblement attiré par le lieu. Il repensa à l'avant-veille, alors que sa mémoire d'ordinaire infaillible l'avait mené à cette ruelle où il avait pu découvrir l'inhumain trimbalant le corps d'une jeune femme, où il avait pu découvrir leur demeure, voir le massacre qui avait été fait dans les caniveaux, la facilité qu'il avait finalement eu à retrouver la maison défoncée alors qu'il avait la jeune femme sur les épaules. Durant toute cette soirée, il avait été envahit d'un sentiment étrange, le même que celui qui l'avait poussé à revenir à Tulorim après deux ans de vagabondage, le même qui lui avait soufflé de ne pas laisser partir la jeune Miha alors que leurs chemins se séparaient, tandis qu'ils s'apprêtait à embarquer sur la Perle Rouge. Cette fois-là, il avait décidé de ne pas l'écouter, mais il comprenait maintenant à quel point cela avait été une erreur. C'était comme si Zewen lui-même l'aiguillait sur la marche à suivre. Comme si c'était là son destin. Alistair n'avait jamais vraiment apprécié cette idée comme quoi chacun de leurs mouvements étaient régis à l'avance, mais désormais il voyait ça d'une toute autre manière.

Il fut interrompu dans ses pensées par Saphir, qui attendait apparemment une réponse. Il fouilla dans sa mémoire pour se souvenir quel était leur sujet de conversation, mais, incapable de se rappeler quoique ce soit, il dû demander à la jeune femme de se répéter.


« Je disais : Où est passé Fitz ? Il n'était pas avec vous ? »
« Hé bien... » commença le voleur en cherchant la meilleur façon d'annoncer la nouvelle. « Il n'est plus très en vie. »

( Ah bravo, Alistair. Tu n'aurais pas mieux saboter tes maigres chances de la convaincre en lui annonçant que tu l'as supprimé parce qu'il t'insupportait. )


A cette annonce, les yeux de la jeune fille s'ouvrirent comme des soucoupes, puis, l'effet de surprise passé, ses dents se serrèrent, durcissant son visage d'ange. Elle ne semblait pas avoir envie de pleurer, mais sa colère était visiblement ravivée. Sans doute pensait-elle qu'il avait été exécuté par Raën, et au vu de la tournure que prenait les choses, Alistair ne prit pas la peine de la contredire ; il faudrait juste qu'il prévienne Lin qu'il devrait garder ce qu'il savait secret, pour le bien de leur objectif commun. Saphir prit quelques secondes pour maîtriser sa colère avant de reprendre la parole.


« Il s'est passé quoi après mon départ ? Vous avez tué le type en bleu ? »
« Non, quand Lin s'est réveillé il s'est enfuit, » mentit Alistair.


Puis, jetant un coup d’œil à la silhouette toujours endormie de l'Ynorien, il ajouta :


« Depuis combien de temps vous a-t-il rejoint ? »
« Je dirais une cinquantaine de jour. »
« Alors la vengeance pour lui c'est une histoire d'honneur ? »


Prenant le temps de répondre, la jeune femme fixa longuement l'ombre du bretteur.


« D'honneur et de loyauté, oui. Quand il est arrivé dans notre groupe, il voulait juste gagner assez d'argent pour nourrir ses sœurs. Puis un jour, mon frère lui a dit qu'il n'était pas assez doué au vol pour sortir avec nous le soir, mais qu'il lui donnerait toujours le même pourcentage de nos rapines, parce qu'un jour il aurait assez d'influence pour pouvoir protéger tous les membres qui voudraient le rejoindre, et que ce jour là il aurait besoin de lui pour le protéger. Alors Lin a accepté son rôle de garde du corps. Il était le seul bretteur dans un groupe de voleur, et ça lui convenait. Il a pris la mort d'Afhor comme un échec personnel. »
« Il est peu bavard, » fit Alistair dans un souffle. « Comment as-tu réussi à le faire parler ? »


Saphir s'assit contre le mur en ramenant ses genoux près de sa poitrine et regarda au loin – enfin, aussi loin que pouvait se poser son regard, c'est à dire sur la cloison face à elle. Elle eut l'air de réfléchir longuement avant de hausser les épaules et de sortir, sans l'ombre d'un sourire :


« Je crois qu'il m'adore. »


Et le voleur le comprenait, Saphir avait quelque chose d'irrésistible. Elle pouvait passer de l'agressivité à la fragilité en une seconde, sourire d'un visage angélique avant de crier d'indignation, se comporter comme une rebelle des bas-quartiers un instant avant de devenir une jeune femme charmante et féminine. Alistair ne la connaissait pas depuis longtemps, et il n'était pas ce qu'on pouvait appeler un sentimental, néanmoins il ne pouvait s'empêcher d'apprécier la compagnie de la jeune femme – et ce même sans parler de son physique avantageux. Mais il commençait à se demander si toute cette estime subite pour une femme ne venait pas de son cruel manque d'activités sexuelles. Peut-être était-il temps de s'adonner à quelques désirs charnels, après tout il ne voulait pas se retrouver à risquer sa vie pour une fille dont sa virilité était amoureuse alors que lui-même se rendrait sûrement compte – s'il en avait le temps – qu'il se fichait éperdument d'elle. Brusquement le désir d'Alistair monta. Il fixa la jeune fille, à qui la chevelure décoiffée, le visage plein de boue maintenant sèche et l'odeur de sueur et de terre mêlées donnaient un air de sauvageonne, et se sentit soudain encore bien plus excité par sa présence que d'ordinaire.

Posant une main sur sa cuisse et l'autre derrière sa hanche, il l'attira rapidement à lui. D'abord surprise, elle se débattit de son étreinte, mais il la tenait fermement, et quand elle aperçut son visage si près du sien la regarder avec envie, ses protestations cessèrent immédiatement. Elle ouvrit la bouche, comme pour prendre la parole, mais finit par baisser son regard rouge de gêne. Du bout des doigts, Alistair prit son menton, la forçant à le regarder dans les yeux, et, sans plus de procès, l'embrassa fougueusement tandis que sa main gauche s'insinuait sous son court pantalon. Après une durée raisonnable de baisers et caresses sans grandes conséquences, il se décida à parcourir de ses lèvres tout le haut du corps de la jeune femme. Tandis qu'il arrivait à sa poitrine, qu'il dénudait lentement, il sentit le corps de Saphir se raidir. Il n'en tint pas compte et continua son incursion dans le décolleté de la donzelle. Quand il finit par arriver jusqu'à ses aréoles, Saphir le repoussa violemment contre le mur. Il cru d'abord qu'elle voulait prendre le dessus – ce qui ne l'aurait nullement gêné – mais elle se rhabilla vivement et sortit de la pièce en courant sans accorder un seul regard en arrière. Alistair la regarda s'en aller sans bouger, bouche bée, avant de se mordiller les lèvres de frustration.

Ainsi, alors qu'il avait été si près de réussir à la séduire, elle avait finit par lui échapper. Après quelques minutes passées à ruminer, il se leva et se chaussa. D'un coup de pied délicat, il réveilla l'Ynorien, qui le regarda avec surprise.


« Si quelqu'un te demande, c'est l'homme en bleu qui a tué Fitz. Je serais absent toute la journée, vous n'avez qu'à vous entraîner, remettre cet endroit au propre, et, si vous le pouvez, ramener de quoi le rendre plus confortable : on dirait bien qu'on va devoir y rester plus longtemps que prévu. Je te charge de transmettre mes ordres à Saphir et Arch. »


Sur ces mots, il descendit les quelques marches encore en état de la bâtisse et sauta par dessus toutes les autres. Il voulait encadrer lui-même leur entraînement, comme tout bon chef, mais cela attendrait. Il avait plus urgent à faire.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 4 Déc 2012 20:11 
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Lorsqu'ils arrivèrent à la planque, le soleil avait déjà largement dépassé son apogée. Alistair avait un peu peur de la réaction de ses subalternes. Il avait certes une certaine autorité sur eux, mais il se devait d'être crédible, leur loyauté n'était attachée qu'à un minuscule fil, et le voir revenir avec une inconnue après plus d'une journée d'absence pourrait les froisser. Il avait encore perdu du temps dans la matinée pour aller chercher des vêtements à sa nouvelle subordonnée, et elle avait largement pris son temps lors de leur marche jusqu'aux bas quartiers de la ville. Il avait une bonne excuse pour la veille, mais quant à expliquer pourquoi il avait mis presque la moitié de la journée à rentrer, c'était tout autre chose.

Mais quand il pénétra dans la pièce du rez-de-chaussée, ses doutes se dissipèrent. Saphir était là, avec un Arch encore très pâle, et à son arrivée son visage s'illumina – quoiqu'elle le cacha bien vite derrière son masque habituel d’impassibilité. Le voleur aux yeux rouges, lui, se contenta d'un léger sourire et d'un signe de la main.


« Où étais-tu ? » questionna la jeune fille aux cheveux bleus en lançant un regard insistant en direction de l'ancienne prostituée.


Alors Alistair leur raconta sa fausse escapade en ville pour trouver de potentiels alliés, la rencontre qu'il avait faite avec un inhumain essayant d'enlever Mariella, – le vrai prénom d’Émeraude – sans doute pour la ramener au manoir, la façon dont il s'était débarrassé de lui et dont il avait rassuré la jeune femme. Quand il avait expliqué qu'il était allé dans l'auberge la plus proche pour qu'elle se repose, Alistair avait eu la satisfaction de voir le visage de Saphir se fermer. Et quand il avait éclipsé toute la soirée et la nuit pour passer au matin suivant, où ils étaient soi-disant allé aux bains et allé acheter des vêtements, ses sourcils s'étaient froncés plus encore.

Sur le chemin du retour, le voleur et elle avaient peaufinés leur mensonge pour le rendre le plus crédible possible. De la tentative de viol ils étaient passés à l'enlèvement, pour qu'elle n'ai pas à mimer un traumatisme trop grand, et d'un homme lambda ils étaient passés à un inhumain, pour expliquer qu’Émeraude ai voulu se joindre à eux et pour alimenter un peu plus la haine des autres subordonnés.

A la fin de son discours, la nouvelle recrue s'avança en souriant timidement et tendit la main en direction du voleur aux yeux rouges.


« Enchanté, je me nomme Mariella. »
« Arch, » répondit l'intéressé en répondant à sa salutation.
« Saphir, » fit à son tour la jeune femme aux cheveux bleus en prenant la main que venait de lui tendre à son tour l'ancienne prostituée.


A l'entente de son nom, Emeraude tiqua brièvement, avant de reprendre son habituel sourire d'ange et de lancer un discret coup d’œil railleur qui semblait dire « Je sais pourquoi tu m'as donné ce nom » à son nouveau chef. Alistair se rembrunit légèrement et s'empressa de détourner le sujet.


« Je vois que vous avez bien avancé niveau ménage, » entama-t-il.


Car en effet, la pièce était bien plus hospitalière que la veille au matin. L'unique meuble de la salle, un vieux vaisselier de bois pourri, avait laissé place à une petite commode bien plus standard mais en bien meilleur état. Le sol avait été largement récuré et plus aucune toile d'araignée n'apparaissait au plafond, auparavant plein d'arachnides. La table du premier étage avait été rafistolé et trônait maintenant au milieu de la pièce du bas, entouré de quatre chaises d'une qualité douteuse mais solide tout de même. Des lanternes, éteintes à cette heure de la journée, avaient étés placées sur chaque mur, et les volets étaient maintenant grand ouverts.


« Oui, » répondit Saphir, visiblement fière d'elle. « Et tu n'as pas encore vu l'étage ! On a réussit à dégager l'entrée des chambres et on a apporté des matelas ! »


Alistair hocha la tête en signe de satisfaction et se dirigea vers les escaliers démolis menant en haut. Il remarqua avec surprise qu'une échelle avait été placée là, mais, si elle aiderait la plupart des autres à grimper plus facilement, elle ne ferait que ralentir le chef, habitué à escalader. Il décida néanmoins de ne rien dire et emprunta l'échelle, suivit des deux jeune femmes, Arch étant encore trop faible pour s'essayer à ce genre de péripétie. Arrivé en haut, le voleur en resta coi de stupéfaction. La table, désormais dans le salon du bas, avait été remplacée par une bien plus basse, vitrée, et était entourée de trois fauteuils de bonne facture. Des loupiotes bien plus élégantes que celles du bas habillaient chaque mur et, comme promis, les deux chambres, antérieurement bouchées par quelques meubles, étaient maintenant libre d'accès, et la porte fermée de la troisième, auparavant fermée à double-tour, avait été crochetée et était maintenant ouverte en grand.


« Il y avait des squelettes dans chacune des chambres, » expliqua Lin, assis sur l'un des fauteuils. « Je pense qu'ils essayaient de survivre à une maladie, peut être la peste. Toujours est-il que les sommiers des lits sont encore en bon état. On a dû acheter de nouveaux matelas, mais bon... Tu nous as promis qu'on serait bientôt riche. »
« Et les fauteuils, la table ? »
« Volés, » expliqua Saphir. « Dans une maison inhabitée pour le moment. Lin et moi avons mis la moitié de la nuit à tout amené ici sans nous faire remarquer. »


Le voleur opina distraitement. Cette maison n'était pas loin du centre de la ville, mais ramener tout ça jusqu'au manoir – lorsqu'il serait à eux – s’avérerait bien plus pénible. Puis Alistair prit conscience de quelque chose. Il comprit subitement pourquoi personne n'avait été suspicieux ou en colère concernant son absence, pourquoi le bâtiment semblait presque rénové en une journée à peine, comme si les trois jeunes voleurs semblaient avoir passé tout leur temps à répondre à ses ordres. Il avait tout bonnement sous-estimé leur loyauté. Pourtant, le chef avait passé la première moitié de sa vie à étudier les comportements des autres, mais ce détail lui avait échappé. La raison de ce dévouement, en revanche, vint à lui immédiatement : il avait repêché quatre adolescents contraints de voler pour survivre, quatre personnes dont le seul but dans la vie était de pouvoir manger le lendemain, et il leur avait donné un objectif, aussi peu reluisant soit-il, qui leur donnait une réel raison de se lever le matin.

Un guerrier à la recherche d'argent et d'un chef, à qui il avait promis le premier et offert le second ; un voleur talentueux sans repère à qui il avait donné un homme à suivre et à admiré ; une jeune fille en deuil à qui il avait offert la promesse d'une vengeance prochaine et l'image d'un homme mûr pour la réconforter ; et enfin une grande gueule gangrenant le groupe de doutes à qui il avait donné l'occasion de se taire à jamais. Il comprit dans le même temps la jalousie de Saphir vis à vis de Mariella. Peu importait le temps depuis lequel elle le connaissait, la jeune femme aux cheveux bleus s'était réfugiée dans ce qu'Alistair lui avait montré de lui. Elle qui avait sûrement eu une enfance triste et qui venait de perdre la seule chose qui la rendait encore heureuse.


« Bien sûr, nous n'avons prévus que quatre lits, » murmura Saphir à son oreille, le sortant de ses pensées.


Il remarqua qu'Emeraude – il avait un mal fou à se faire à son vrai prénom – était assise sur un fauteuil, près du bretteur, lui expliquant ce que le chef avait dit un peu plus tôt au rez-de-chaussée.


« Mais l'un d'eux est largement assez grand pour deux, » acheva-t-elle en rosissant légèrement après quelques secondes.


Alistair réprima un sourire carnassier et hocha légèrement la tête en signe d'assentiment, faisant passer les joues de la jeune fille du léger rose au rouge soutenu.


( Elle n'a sûrement jamais été dans la couche d'un homme, ) se dit-il, à la fois sceptique quant à la marche à suivre face à une pucelle et étrangement – lui même s'en rendait compte – satisfait à la perspective d'être prochainement le premier à passer ''là''.


Laissant ses pensées perverses de côté, le voleur ordonna au groupe de se rassembler au rez-de-chaussée et de l'y attendre. Il attendit que chacun ai quitté la pièce, s'assit dans un des fauteuils noirs et vida ses trois bourses sur la table. Il en garda la moitié et répartit le reste en quatre tas de valeur égale, qu'il rangea dans ses poches. Il rejoignit ensuite ses subordonnés en-bas et s'approcha de la table, où il les disposa en face de chacun des membres de la bande.


« Voici votre première paie, » déclara-t-il. « Tant que nous n'aurons pas terminé d'éliminer nos ennemis vous recevrez tous la même somme. Après, chacun de vous sera libre de s'en aller, ou bien de rester avec moi pour continuer de... gagner de l'argent. Selon vos performances, cette fois-ci. »


Chacun d'eux récupéra sa prime et la compta immédiatement. Les trois plus jeunes membres de l'équipée semblaient aux anges, mais pour l'ancienne prostituée un tel butin était le fruit d'une journée ou deux de travail. Elle ne dit cependant rien et se contenta de remercier son nouveau chef de son léger sourire franc.


« C'est dingue, » fit Arch d'un ton enjoué, « on va être payé autant toutes les semaines ? J'ai jamais eu autant d'argent dans les mains ! »
« Ce n'est qu'un début, » répondit Alistair. « Bientôt tu jetteras nonchalamment cette somme aux pieds des mendiants quand tu marcheras dans la rue. »


En guise de remerciements, Saphir lui jeta un sourire timide, tandis que l'Ynorien se contenta d'un hochement de tête - ce qui, de sa part, voulait dire beaucoup. Arch, lui, faisant fi de sa blessure, se redressa rapidement et vint serrer fermement la main du voleur.


« Je crois que je te suivrais jusqu'en enfer s'il le fallait, chef. »


L'intéressé lui adressa un sourire amical et lui fit signe de se rasseoir.


« Bon, au vu de notre dernière escapade en ville, j'en suis venu à la conclusion que nous n'étions pas encore prêts à affronter nos ennemis. Les inhumains sont très difficiles à tuer, étant donné que la douleur ne les entrave pas, et Raën, l'homme en bleu, est bien plus fort que ce à quoi nous nous étions préparés. De plus, nous ne pouvons plus compter sur l'effet de surprise, et nos embuscades seront bien plus difficiles à monter. Il nous manque donc deux choses fondamentales. Plus de membres, et plus d'entraînement. »
« Et comment comptes-tu régler le premier problème ? » questionna le voleur aux yeux rouges.
« Je ne sais pas encore. Mais pendant que je cherche comment nous en débarrasser, vous vous allez régler le second problème. Mariella ne se battra pas, mais, d'après ce qu'elle m'a dit elle a quelques notions de médecine, alors elle vous soignera si vous vous blessez durant l'entraînement. Elle s'occupera aussi de toi, Arch, durant la convalescence. En attendant je vais sortir et... chercher. »


A la fin de son discours, Lin fronça les sourcils, mais n'intervint pas. Les autres hochèrent la tête en signe d'assentiment et se levèrent après l'accord du chef. Arch semblait déçu de ne pouvoir se joindre à l'entraînement mais oublia bien vite ses tracas lorsqu'Émeraude lui ordonna d'ôter sa chemise pour inspecter sa blessure.

Alistair, quant à lui, quitta la maison sans but précis.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 10 Juin 2013 11:02 
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La réponse d'Elylia est positive. Elle accepte qu'Arthurius vienne avec nous, même si elle me précise qu'elle le gardera à l'œil. J'espère ne pas lui faire confiance à tord, je ne voudrais pas mettre la mission en péril.

Ma compagne de voyage me prend par l'épaule et m'emmène retrouver le jeune homme, lui demandant de nous guider vers l'arène. J'espère que ce paladin y sera, sinon nous aurons du mal à le trouver.

Je plonge mon regard dans celui d'Arthurius. Il me parait vraiment sincère, je ne vois aucune raison de m'en méfier.

"Il n'y a pas de soucis, je vais vous montrer le chemin. L'arène n'est pas loin, elle est au milieu de la zone d'habitation, près du cimetière."
"Dans ce cas allons-y, inutile de perdre du temps. nous pourrons discuter en chemin."

Arthurius acquiesce et me prend le bras d'une manière galante. Je souris à mon tour, et le suis alors qu'il s'éloigne de l'embarcadère. Très vite nous arrivons en vue des habitations de la ville. Elles n'ont rien d'extraordinaire. Elles sont comme celles de Kendra-kar, plus ou moins abimées, plus ou moins cossues... Des habitations principalement humaine, en somme.

Soudain Arthurius s'arrête et se tourne vers Elylia.

"Je vois que vous avez l'air de savoir vous battre. Je vous demanderai de vous tenir sur vos gardes. Les rues de Tulorim ne sont pas des plus sûres, même de jour. Je ne pense pas que nous rencontrions de problème, mais mieux vaut rester prudent."

il se tourne vers moi et me sourit.

"Vous êtes bien entourée, ne craignez rien."

Il se remit en marche comme si de rien était.

L'arène

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 13 Sep 2013 11:44 
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Mon bras délicatement maintenu par le sien, je le suis sans parler, regardant ce qui m'entoure, découvrant cette ville que je ne connais pas. Arthurius ne dit rien non plus. Les quelques regards que je lui jette me permette de voir qu'il semble extrêmement détendu, comme si tout cela était naturel. Mais la pression de son bras sur le mien affirme le contraire.

Je me rappelle de ses dires, quelques temps plus tôt. Est-ce vraiment dangereux, ici ? Il faut dire que nous ne croisons aucun garde. Les bâtiments qui entourent les rues sont délabrés, pourvus de volets fermés et fissurés, et entourés de jardins sauvage sans entretien. Il n'y a pas de bruits, ni cris ni rire, simplement le silence. Il n'y a même pas d'oiseau, ni vraiment d'arbre.

Plus nous avançons et plus je me sens mal à l'aise. Je me sers doucement contre mon guide qui tourne son regard vers moi.

"Ne vous inquiétez pas Amalia, il ne vous arrivera rien."
"Que se passe-t-il ici ?"
"Tulorim est malade, corrompue jusqu'au sous-sol."
"Personne ne fait rien ?"
"Ceux qui le devraient ne le veulent pas, ce qui le pourraient sont rapidement écartés de l'échiquier. Ici, il vaut mieux ne faire confiance à personne."

Je baisse les yeux, puis les relève pour regarder la misère alentours. Comment peut-on en arriver là ? Les hommes se battent continuellement, utilisant l'excuse d'améliorer leurs vie, de purger le malheur de leur existence. Et le résultat n'est en rien cela. La misère, la peine et la peur. Je ne comprendrais jamais ces hommes qui agissent comme des bêtes, qui se croient supérieurs parce qu'ils savent ôter la vie et faire souffrir les autres.

"Nous arrivons bientôt dans les quartiers riches. Dans quelques minutes, nous serons chez moi."

Je me tourne vers lui et m'arrête. Il fait de même et me regarde, intrigué.

"Pourquoi... devrais-je vous faire confiance ? Vous vivez dans cette ville que vous dites corrompue et dangereuse, et dans laquelle je ne dois faire confiance à personne..."

Il sourit et me lâche un instant le bars pour m'attraper délicatement le menton et me regarder dans les yeux. Les siens sont profonds, comme emplis d'étoiles.

"Je ne vous oblige en rien. Si vous me suivez, c'est que vous le désirez. Si vous préférez retournez sur vos pas, je vous accompagnerai jusqu'à l'embarcadère."

Il laisse quelques secondes s'écouler avant de se tourner pour regarder les bâtisses autours de nous.

"Ici, les gens ont peur. Ce n'est pas en fuyant que la ville sera sauvée."

Puis son regard se pose de nouveau sur moi.

"Vous êtes ici comme un rubis au milieu de cerises passées. Tout le monde vous veut, et tout le monde est prêt à tout pour vous avoir. L'innocence et la richesse sont deux qualités lourdes à porter."

Il se tut à nouveau. Son regard rivé au mien, je n'osais pas dire un mot, de peur de l'interrompre. Je ne comprenais pas vraiment où il voulait en venir, mais je m'y laisser guider sans résister.

"Je ne vous oblige pas à me faire confiance, mais votre nature étant ce qu'elle est, Tulorim n'est pas faie pour vous. Mais avant que vous partiez, si vous le voulez, je voudrais vous montrer quelque chose."

J'hésite un instant et baisse les yeux. Qu'ais-je à y perdre ? S'il avait voulu le me faire du mal, il l'aurait déjà fait, il en a eu plusieurs fois l'occasion.

"D'accord, allons-y."

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Dernière édition par Amalia rosenoire le Mar 3 Mar 2015 10:51, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 14 Déc 2013 23:20 
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« L’écho du bruit de sa course retentit à ses oreilles, tandis que l’odeur du parquet fraîchement ciré assaillit ses narines. Il ne distinguait que globalement le décor qui l’entourait, sûrement un long couloir aux tapisseries rouge foncées. Mais à vrai dire il s’en fichait, la seule chose qui l’importait était cette fillette en robe blanche qui courrait devant lui. Il ne savait pas pourquoi mais il fallait qu’il la rattrape, il ne devait surtout pas la perde pas de vue. Le rire cristallin de cette dernière le guidait quand elle quittait momentanément son champ de vision.
« Attrape moi Sevy…. Par ici ! »
Soudain il sembla chuter, l’obscurité l’entoura soudain et fit naître en lui une angoisse authentique. Il n’arrivait pas à distinguer dans quel endroit il avait atterri et ce qui l’entourait.
« Sevy…. Par là ! ».
Levant alors la tête il vit la petite fille gravir des escaliers menant à un lieu intensément éclairé, ses bouclettes chatains volant derrière elle. Il se leva alors et couru à sa suite, celle-ci lui semblait si loin ! Sans comprendre pourquoi Il constata alors avec horreur que ses membres se firent de plus en plus lourds, au point qu’il dut lutter pour avancer un pied devant l’autre. En cause de désespoir il leva une main comme s’il aurait pu retenir malgrés la distance ce repère qui s’éloignait à vue d’œil. Etait ce le seuil de cette porte ou lui-même qui reculait ?A moins que se soit les deux ?
« Non… Non ne me laisse pas ».
La gamine disparut alors au sein de cette source de lumière, et la porte commença lentement à se refermer, masquant ainsi la seule source de clarté visible. Il se sentit alors tomber, des mains ou des lanières, ou encore autre chose il ne saurait le dire, le saisirent par les chevilles et le tirèrent en arrière. Il se sentit hurler sans toute fois entendre le son de sa voix, ses doigts cherchant frénétiquement à agripper la moindre chose qui aurait pu l’aider à se dégager. Ces derniers ne saisirent cependant que l’air et la poussière. Il leva une dernière fois la tête, espérant que l’enfant vienne lui prêter main forte ou juste apparaître dans son champ de vision. La porte continua cependant à se refermer, menaçant de le plonger dans les ténèbres les plus totales. « Par ici Sevy… ».
Il voulu lui crier de l’attendre, de ne pas l’abandonner, mais constatant que sa voix n’était toujours pas revenu il redoubla alors d’effort, en vain.
« Allez Sevy.. »
Le dernier rai de lumière disparu, il se sentit alors comme isolé du monde, tout espoir l’abandonnant et laissant place à une intense sensation de vide. Il était à la merci de tout, perdu. 

« Rattrape moi… » »


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Dernière édition par Sevyriel le Dim 15 Déc 2013 00:31, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Sam 14 Déc 2013 23:23 
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Sevyriel se réveilla en sursaut, haletant. Il mit plusieurs secondes à réaliser qu’il se trouvait dans son lit. Expirant alors profondément le jeune homme se laissa retomber sur ses draps. Il enfouit son visage entre ses mains et prit alors conscience de la moiteur de ses dernières et du filet de sueur qui trempait son front. Ce cauchemar récurrent le hantait depuis des années et des années. Le fanatique rit à une nouvelle reprise de lui-même, car quand il repensait à ce rêve avec un certain détachement ce dernier n’avait au final rien de tétanisant. Il y avait plus terrifiant, comme être pourchasser par une liche dans un endroit exigue, ou se retrouver clouer sur l’autel d’une matriarche Shaakt. Cependant ce cauchemar réveillait en lui une peur irrationnelle qu’il ne saurait expliquer, et le fanatique détestait vraiment cela. Il se doutait que cela avait un lien avec son passé dont il ne gardait aucun souvenir, cette petite fille était elle une amie d’enfance ? Une cousine ou bien même une sœur ? Peut être encore n’était elle juste qu’une signification symbolique.
Soupirant il attrapa la tunique et les bottes qui se trouvaient devant sa couchette et les enfila. Il se trouvait dans une petite cave qui lui faisait office de chambre, et ce depuis des années. Cette dernière ne comportait comme mobilier qu’une armoire délabrée sur laquelle reposaient quelques ouvrages traitant l’alchimie, et contre un mur une table dans un tout aussi mauvais état sur lequel se trouvait un seau d’eau. Le fanatique leva le nez vers la petite fenêtre munie de barreaux qui donnait sur la rue. Il était tard, la lune éclairait faiblement la petite pièce.
Il se dirigea vers la table, plongea les mains dans le seau et s’arrosa abondamment le visage. Cela finit de le réveiller et le fit frissonner.
« Allez, au travail » .

Il sortit de la petite salle et gravit les marches qui le menèrent à la salle principale de la bâtisse, qu’il partageait avec l’homme qui l’avait prit sous son aile, Grubert.



La pièce devait faire trois mètres sur sept. Les murs étaient cachés par des étagères comportant des fioles et herbes aux multiples couleurs et odeurs. N’importe qui se croirait dans un magasin d’alchimie mais ce n’était qu’à moitié le cas. La petite guilde qu’avait intégré Sevyriel s’était essentiellement tournée vers le commerce, vendant objets volés, commandés ou conçus dans des endroits clandestins comme celui où ils se trouvaient en ce moment. Le coût d’une protection par un autre clan pouvait revenir assez cher, la guilde ne comportait alors qu’un magasin qu’ils ; approvisionnaient régulièrement.
Ici le fanatique aidait Grubert à produire des onguent, poisons à faible effet et potions, qu’ils livraient ensuite à leur boutique principale pour leur vente . Seul quelques rares privilégiés triés sur le volet connaissait et avait accès à l’endroit.

Sevyriel vit l’homme occupé à compter consciencieusement une demi douzaine de piles de pièces , derrière le comptoir situé au fond de la pièce. Le fanatique se rapprocha mais se garda de prononcer un mot, Grubert pouvait sortir facilement de ses gonds lorsqu’il était question d’argent, il se garda donc de l’interrompre et le laissa donc silencieusement finir. En attendant le fanatique lança un regard en biais à son mentor et retint un sourire, on commençait à apercevoir des cheveux blancs sur les cotés du crâne dégarni de ce dernier. Il avait la quarantaine passé après tout. « Le temps est parfois cruel » se dit le jeune homme avec amusement en descendant le regard vers le ventre de Grubert qui se faisait de plus en plus bedonnant.
Sevyriel effaça rapidement son sourire en coin lorsque le quarantenaire rangea les pièces qu’il venait de finir de compter et leva les yeux vers lui.
« Tu vas faire une sortie j’ai reçu une missive de Thymerias , il ne peut venir chercher ses onguents donc tu vas aller lui apporter ».
Le fanatique riposta, alarmé « A cette heure de la nuit ? »
« Ne fais pas ta pucelle, je t’ai déjà appris à éviter que l’on te remarque et éviter les problèmes lorsque tu dois transporter de la marchandise. »
De mauvaise grâce le jeune homme acquiesca , de toute façon il n’avait pas vraiment le choix .
Le quarantenaire lui tendit un petit sac dans lequel il venait de mettre 6 fioles, leurs contenus ressemblaient à une masse d’eau vaporeuse dont la couleur s’assombrissait en son centre.
« Traine pas en route, je ne t’apprends rien en te précisant que les rues sont encore moins sûres la nuit tombée. »

Le fanatique se garda bien d’exprimer ses pensées à haute voix « C’est pour cela que tu m’y envoies seul, et pour couronner le tout avec un joli coli que je ne pourrais dissimuler. » Il se contenter de maugréer un bref « Bien sûr », prit la sacoche et tourna les talons, vérifiant que sa dague était bien accrochée à sa ceinture, dans son dos.


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 16 Déc 2013 19:03 
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Dès qu'il entra une odeur forte mêlant l'encens et l'humidité assaillit les narines du jeune homme, avec le tout se mêlait un autre effluve qu'il ne parvint pas à identifier. Il suivit l'homme le long d'un sombre couloir et déboucha sur une salle faiblement éclairée. En son centre se trouvait une longue table sur lequel reposait une sorte de bassin dans lequel aurait pu reposer un homme. Le contenu projetait de pauvres lueurs jaune orangé au plafond et semblait à vue de composition liquide. Sur les côtés se trouvaient des étagères qui croulaient sous une multitude d'ouvrages. Le quadragénaire ré-attira l'attention du fanatique en claquant des doigts et se dirigea vers une petite commode. Il ouvrit un des tiroirs, saisit une petite bourse et la lui lança. Ce dernier la rattrapa sans trop de mal après avoir détaché à contrecoeur les yeux des livres. "Il y a le tout, mais tu peux vérifier si tu veux." C'est ce que fit le jeune homme par mesure de prudence, Grubert serait intraitable s'il manquait des sous et de toute façon Sevyriel détestait le fait de mal faire son travail.
Il entreprit d'ouvrir la bourse mais sa main gauche la lança douloureusement et lui arracha une grimace, tout son corps lui faisait mal, il se maudit une fois de plus du peu de prudence dont il avait fait preuve ainsi que de sa faiblesse pour s'être fait mettre dans cet état par un mendiant. Son interlocuteur sembla remarquer son rictus car il sortit une fiole au contenu rosâtre qu'il lui lança. Cette fois ci Sevyriel la rattrapa qu'avec justesse et lui lança un regard interrogateur, d'abord méfiant.

"Bois ça et ça ira mieux, se serait mauvais pour les affaires que j'entretiens avec ton responsable que tu clamses au chemin du retour". Il rajouta en maugréant "Même si elles touchent à leurs fins." Il referma le tiroir et se dirigea vers le bassin qui avait attiré le regard de Sevyriel lorsqu'il était rentré.
Ce dernier déboucha la fiole et l'engloutit après l'avoir reniflé, il avait reconnu l'odeur spécifique et douceâtre des potions de soin. Une sensation de chaleur, d'engourdissement et de démangeaison envahirent successivement son corps. La douleur se dissipa petit à petit, les blessures faisant de même. Il remercia Tymerias d'un signe de tête mais celui-ci ne le regardait pas.
"Comment ça elles touchent à leurs fins?"
Bien que le fanatique ne s'intéressait que de loin aux affaires concernant les clients, le fait que sa guilde prospère un minimum était dans son intérêt. "Je n'étais que de passage et il est temps pour moi de partir, tout simplement." Sevyriel posa la fiole vide sur la commode et alla le rejoindre. Il eut un mouvement de recul en apercevant ensuite ce qui se trouvait dans le bassin. Le jeune homme écarquilla les yeux et se pencha un peu. Le corps d'un homme, entièrement dénudé reposé au fond du bassin. Ce dernier était remplit d'un liquide étrangement scintillant et dont la couleur oscillait entre le jaune et l'orange. Une fois le choc passé le fanatique se reprit et riva les yeux vers Tymerias en se posant intérieurement mille questions (Qu'est ce que c'est que cette blague?). Ce dernier, comme si cela était parfaitement normal ôta une des six fioles du sac que le jeune homme avait apporté et la déboucha. Il versa alors le contenu sous les yeux éberlués du fanatique, puis refit de même avec deux autres potions. Le contenu du bassin pris alors petit à petit une teinte violette. Sevyriel plissa les yeux en détaillant le cadavre, croyant tout d'abord avoir mal vu, mais ce dernier commençait bien lentement à changer d'aspect. On aurait dit que le mystérieux liquide commençait à nettoyer intégralement toute la surface de la peau en rongeant toute ride, impureté, en la tendant un maximum. "Qu'est ce que?...." Demanda Sevyriel en tournant la tête vers le quadragénaire.
Il sut que ce dernier ne répondrait pas en voyant à quel point il était absorbé par ce qu'il était en train de se passer. Le jeune homme reporta alors son regard au fond du bassin, continuant à observer avec fascination ce qu'il se passait, c'était la première fois qu'il assistait à une telle chose. En quelques minutes on aurait dit que le cadavre était devenu une statue de cire. Son teint avait pris un aspect blafard, on aurait dit que sa peau était devenu aussi lisse qu'une boule de verre et était maintenant dépourvue de toute pilosité, hormis au niveau du visage et du crâne.

Tymerias posa alors ses mains sur le rebord du bassin et pencha sa tête à quelques centimètres de la surface liquide, inspectant le résultat, il maugréa peu après.
"Vous avez mis du temps à arriver.."

"Navré j'ai fait aussi vite que j'ai pu et comme vous aurez deviné j'ai été un peu retardé en chemin..."
"Ouaip j'ai vu ça, c'était pas glorieux."
Le fanatique se sentit piqué dans sa fierté, il fronça les sourcils et riposta d'un ton courtois.
"Il y en avait un autre avant vous savez, dont je suis venu à b..."
"Je sais, j'avais vu."
Le jeune homme écarquilla les yeux de surprise, son client avait assisté à son agression et n'avait pas levé le petit doigt pour lui venir en aide, avait il espérait récupérer la camelote sans payer?
"Et je réitère ce que j'ai dit, ce n'était pas glorieux".
Sevyriel se renfrogna, se sentant humilié. Il détestait être rabaissé à ce point et que l'on remette en compte ses capacités, même si elles étaient loin d'être exceptionnelles. Il changea donc de sujet, aiguillant la conversation vers un sujet bien plus intéressant.
"Qu'est ce que vous faites avec... "Ca?". A défaut de trouver un autre mot.
"Ca?" Répéta son interlocuteur en tournant la tete vers lui, les sourcils levés.
"Celà c'est de l'étude et le seuil d'un pouvoir qui vous dépasse." Il reporta son attention sur le corps. "Mais je n'en attendais pas moins d'un ignare comme vous."
Une nouvelle fois insulté le fanatique commença à être agacé même si le ton de la dernière pique n'était nullement vénimeuse. Il se maîtrisa cependant et répliqua avec l'ombre d'un sourire.
"Veuilez m'excuser, je m'intéressais juste à votre art mais celà était sûrement déplacer."
Comme il s'y attendait un faible sourire naquit sur le sombre visage de Tymerias. Sevyriel pensait bien avoir cerné un caractère hautin et égocentrique, le flatter ainsi ne pourrait qu'inciter l'étrange personnage à délier un peu sa langue. Ce dernier mit cependant un petit temps à répondre.
"Ceci, c'est une solution qui me permettra de conserver peut être éternellement un corps organique."
Sevyriel fronça les sourcils de perplexité, il ne s'attendait pas vraiment à cette réponse. Il faut même avouer qu'il ne s'était pas attendu à une explication en particulier tant la scène lui paraissait surréaliste.
Il voulut enchainer avec une seconde question mais le quadragénaire le devença.
"Que fais tu, à part jouer au coursier pour le compte de ce bon vieux Grubert?"
Le fanatique fut un peu pris à court, il ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit de suite. Un sentiment étrange et désagréable l'envahit.
"Je l'aide à confectionner ses onguents et potions.. Hormis cela.. Rien en particulier."
Tymerias reporta à nouveau son attention sur lui.
".... C'est tout? Tu as pourtant plus de la vingtaine, dis moi si je me trompe."
Sevyriel hocha légèrement et affirmativement la tête, oui il savait qu'il avait plus de vingt ans même s'il ne connaissait pas son âge à l'année près. Jusqu'à maintenant il s'était contenté de survivre, Tulorim et ses bas quartiers sont des lieux impitoyables où la faiblesse va de pair avec le décès. En grandissant il avait rapidement réalisé la chance qu'il avait eu d'avoir été pris sous l'aile de Grubert et de sa guilde, même si cette dernière était composée de peu de membres et pas vraiment influente. Cependant l'ennuie l'avait gagné au fil des années, on ne change pas de vie dans un claquement de doigts dans une citée comme celle-ci.

"Tu n'as jamais voulu faire autre chose de ton existence?". Les sourcils du quadragénaire était désormais si haut qu'ils menaçaient de se perdre dans sa chevelure, et qu'est ce que cette expression pouvait agacer le jeune homme. Ce dernier secoua négativement la tête et répliqua.
"Non, à vrai dire je n'y ai pas vraiment songé, enfin c'est plutôt que je n'ai pas eu l'occasion de faire autre chose."
"Les occasions c'est à toi de les produire."
Le jeune homme fut étonné du tutoiement soudain et du ton brusque de son interlocuteur et fut sensible à la réponse.
"Et cela m'étonne de toi, après tout tu as le don en toi". Il se re-pencha vers le bassin et renifla la surface.
"Le don..?" Demanda Sevyriel perplexe, même si une idée venait de germer dans son esprit.
"Oh arrête, ne me dis pas que tu ne vois pas de quoi je parle ou je te fous de suite à la porte."
Sevyriel réprima un petit rire, son client l'avait vu se battre contre le premier mendiant après tout. Très jeune il avait constaté qu'il avait la capacité de lancer un certain sort qu'il lançait de manière innée et instinctive. On lui avait expliqué plus tard qu'il maîtrisait et possédait des fluides obscurs. Bien que cela l'avait vraiment intéressé il n'avait pas sérieusement essayé de progresser dans ce domaine. Tout simplement parce qu'il était pas mal occupé avec ce qu'il devait déjà faire, et qu'aucune personne dans son entourage était assez doué en la matière pour le faire progresser. Il savait néanmoins que bien des personnes maîtrisaient ce sorte de fluide et que ce dernier pouvait s'acquérir dans certaines boutiques.
Tymérias dût prendre son sourire pour un "oui" et il continua.
"Bien des personnes maîtrisent les fluides obscurs tu sais, mais la plupart les ont acquéri au cours de leur misérable existence, bien moins nombreux sont ceux les ayant en eux lors de leur naissance... T'as ça depuis que t'es né non?.."
Le fanatique acquiesça rapidement devant le regard soupçonneux et inquisiteur de l'homme. Il hocha à nouveau car ce dernier ne cillait pas et ne le quittait pas du regard.
"Aussi loin que je m'en souvienne j'ai pris conscience de cela lorsque j'étais tout gamin, c'est à cette époque là que j'ai commencé à utiliser le sort que vous avez vu, de manière assez innée."
"Oui le souffle de Thimoros, tout ceux ayant naturellement les fluides obscurs peuvent lancer ce sort dès leurs premières années. Pas de quoi te monter le choux."
La conversation était devenue des plus agréable et interessante mais il fallait que Tymerias envoie une nouvelle pique. Sevyriel pensa alors qu'il devra faire avec s'il voulait en apprendre plus, ce qui ne le gênait nullement car la discussion était maintenant bien plus enrichissante que déplaisante.
L'homme se redressa alors et dit signe au jeune fanatique de reculer. Ce dernier s'exécuta. Tymérias marmonna alors quelques mots et le liquide se mit à frémir, une main en sortie alors et agrippa le rebord du bassin, arrachant ainsi à Sevyriel un sursaut de surprise et de peur. Le jeune homme recula d'un pas, une certaine angoisse commençant à lui tordre les tripes, mais la stupeur et l'attrait de ce qu'il se passait prenaient le dessus.
La seconde main agrippa l'autre rebord du bassin et le cadavre se hissa, se redressant ainsi. Une fois debout il sortit alors de la cuve, descendit de l'imposante table et alla s'immobiliser devant le quadragénaire. Sevyriel le contourna, se plaçant à quelques pas de sa droite, instaurant ainsi une distance de sécurité respectable. Il était frappé et fasciné par ce qu'il voyait, mais n'était nullement rassuré. La scène qui se déroulait devant ses yeux lui parraissait irréelle. Sa main tremblante posée sur la garde de sa dague il fixait la chose d'un oeil méfiant et captivé. La dépouille était devenue une oeuvre d'art à ses yeux. D'un coup elle lui symbolisait tellement, la longévité, la puissance, et bien d'autres choses qu'il ne saurait pour l'instant définir...
Le nécromancien quand à lui tourna autour du corps en le détaillant d'un oeil critique. Il s'arrêta face à lui et marmonna.
"Parfait.... Parfait.. Seul la question de la longévité de l'effet est le problème maintenant, si je ne me suis pas trompé il devrait durer des années voir éternellement."
Une seule et unique question taraudait Sevyriel."Co.. Comment faites vous ça?" Balbuta t-il en se rapprochant.
La réponse tarda à venir. "La question n'est pas comment je fais, mais comment suis je parvenu jusque là. Et c'est là tout une question d'étude, d'expérience, de maitrise et de connaissance de soi."
"Serais je capable de faire cela alors?"
"Si tu fais tout ce que je viens de citer, sûrement. Mais il te faudra pour cela quitter les jupons de ta guilde et viser plus haut que d'arroser et écraser des plantes c'est sûr." Il éclata d'un rire moqueur.
Il ne laissa pas au jeune homme le temps de répliquer et reprit d'un air sérieux.
"Le fluide obscur est un fluide bien différent des autres, plus mystérieux et plus puissant, ce sont deux raisons pour lesquels il est craint de bien des personnes. D'autres pensent bien le maitriser, mais ce ne sont que des ignares qui si fourrent le doigt dans l'oeil. Le fluide obscur ouvre bien des portes et permet des choses qui dépassent le commun des mortels. Mais cela à une principale condition."
Le jeune fanatique fronça quelque peu les sourcils, intrigué.
"Sache qu'avec cette magie plus tu voudras aller loin, plus cela aura un prix, et qui ne sera pas des moindres."
Le nécromancien le dévisageait d'un air tout aussi sérieux que grave.
Sevyriel hocha lentement en signe de compréhension, retournant tout les dires de son interlocuteur dans sa tête. Il voyait désormais son interlocuteur avec un respect réel, en pensant à ce dernier le mot puissance prenait vraiment son ampleur. Cela n'avait rien avoir avec ces enchaînements de magouilles et de racket afin d'avoir des bourses en plus chaque mois. Une pulsion lui vint soudain, il la retint, puis après quelques secondes osa demander.
"Pourriez vous m'enseigner?"
Le nécromancien éclata de rire.
Le jeune homme qui s'attendait à un simple refus ou accord fut tout d'abord déboussolé par une telle réaction.
"Pourquoi je ferais celà?"
Sevyriel sourit à son tour.
"La solitude ne doit pas être facile tout les jours."
Tymerias continua à ricaner.
"Arrete là ton hypocrisie mon petit, n'imagine pas duper un vieux renard comme moi j'étais comme toi à l'époque tu sais."
Malgré le refus Sevyriel ne put s'empêcher d'être flatté par la dernière réplique, la suivante le refroidit.
"Bien que je m'étais mis un coup de pied au derrière bien des années plus tôt." Continua le nécromancien, presque hilare.
Le fanatique se renfrogna légèrement, mais ne laissa pas pour autant le sarcasme du quadragénaire entailler sa curiosité et son enthousiasme.
"Qu'y avait il dans les fioles que je vous ai rapporté?"
"Tu n'es pas censé le savoir? Je croyais que Grubert sollicitait ton assistance pour la confection de ses potions."
"Je ne l'aidais pas pour celles là."
"Hmm, je comprends, ces potions sont spéciales, il faut maitriser les fluides aqueux pour pouvoir les confectionner. Pour leur acidité par exemple."
Sevyriel ne fut qu'à moitié étonné, il savait que Grubert avait la capacité d'utiliser du fluide aqueux même si c'était qu'à un faible niveau, il ne se doutait cependant pas que ce dernier les utilisait pour confectionner quelques potions.
"Je pourrais m'arranger pour que vous ayez d'autres potions gratuitement."
Le quadragénaire ricana à nouveau.
"As tu entendu ce que je t'ai déjà dit? Je vais partir, je n'ai nul besoin de ces potions maintenant, ce que j'ai devrais suffire."
Le fanatique réfléchit.
"Je pourrais m'aranger pour que vous ayez d'autres corps?.."
Tymerias éclata de rire.
"Toi tu ne manques pas d'audace, j'aime ça."
Il se détourna vers une porte qui se trouvait dans un coin et l'obscurité de la pièce.
"Allez viens suis moi."



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Dernière édition par Sevyriel le Lun 16 Déc 2013 19:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 16 Déc 2013 19:33 
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Ils pénétrèrent dans une petite pièce circulaire d'environ 3 mètres de diamètre. Celle-ci ne comportait aucune lumière, seul quelques bougies faisaient office d'éclairage. Au centre de la pièce était gravé sur le sol un cercle dans lequel pouvait tout juste s'asseoir un homme, les bords étaient faites d'étranges runes qui luisaient d'un faible éclat. Au mur étaient disposés quelques étalages sur lequel reposaient divers objets macabres et mystérieux. L'obscurité était lourde, étouffante, cependant Sevyriel ne pouvait s'empêcher de ressentir une étrange impression de familiarité.
"Prends place ici".
Le nécromancien indiqua un point imaginaire situé sur le bord du cercle gravé au sol, sur lequel le fanatique prit place assis en tailleur. Ce dernier, dans un silence quasi religieux regarda le quadragénaire aller chercher une fiole dont il ne distingua pas le contenu, puis alla s'installer en face du jeune homme. Même là la pièce était tellement faiblement éclairée que Sevyriel ne distinguait pas ce que son interlocuteur avait dans les mains. Tymerias mis cependant vite fin à ses interrogations en prenant la parole.
"Si j'ai bien compris les seules fois où tu as utilisé tes fluides obscurs, c'était pour lancer ce sort que l'on nomme communément le souffle de Thimoros?"


"Exact" Répondit le jeune homme en hochant légèrement la tête.
"Il y a plein des manières différentes d'utiliser les fluides obscurs, et pour obtenir bien plus encore de résultats différents. Jusqu'à maintenant tu t'es contenté de lancer ce sort instinctivement, mais il va dorénavant falloir que tu sois plus attentif au fluide qui parcourt ton corps, que tu communiques avec lui (Que je lui parles?..) que tu le sentes. Le principal dépendra ensuite de ton assurance en toi, de ta créativité et de ton savoir."
Tymérias laissa planer un silence. Le jeune homme était plus attentif que jamais.
"Maintenant ferme les yeux et contre toi. Je veux que tu sentes avec netteté ton fluide parcourir ton corps."
Sevyriel expira donc profondément, se détendit et ferma les yeux. Il porta alors une grande attention à toutes les sensations que son corps lui faisait ressentir. Le jeune homme essaya ensuite de se remémorer les sensations caractéristiques qu'il ressentait lorsqu'il utilisait son sort. Seulement là les choses commencèrent à se forcer, avoir ces sensations sans jeter ce sort ou sans vouloir l'utiliser n'était pas du tout aisé. Il peina pendant quelques minutes, le fanatique crut parfois ressentir cette énergie caractéristique mais n'en étais pas sûr.
Au bout d'un petit moment Tymérias vit que les choses n'avançaient pas vraiment il lui tendit alors la fameuse fiole qu'il tenait entre les mains. Le contenu intriguait Sevyriel, on aurait dit une boule noir qui flottait mollement et paresseusement dans une brume sombre et opaque, c'était cependant assez dur à distinguer. Dès que ses mains entrèrent en contact avec le verre le fanatique ressentit un picotement au niveau des doigts, puis un léger fourmillement tout au niveau de son corps. C'était une sensation familière, comme surgit d'un passé oublié, c'était très curieux. Sevyriel ferma les yeux et se concentrant à nouveau, il ne se demandait plus ce qu'il y avait dans cette fiole il venait d'avoir sa réponse. Malgré le verre il imaginait et pouvait presque sentir cette énergie palpiter sous ses doigts. C'est alors qu'il avait bien ces sensations en tête, qu'il commença à ressentir faiblement son fluide circuler dans son être, à certain endroit plus nettement que d'autres.


"Le sens tu?"
Concentré, le fanatique acquiesça sans répondre.
"Le fluide obscur est un fluide qui peut te rendre bien puissant si tu es prêt à faire des sacrifices."
Intrigué Sevyriel ouvrit un oeil.
"Par ton sang par exemple."
Le fanatique craint tout d'abord avoir mal compris, s'imaginant lui même dans une baignoire remplie de sang. Il remit cependant vite ses idées en ordre et regarda son interlocuteur d'un air interrogateur.
"Prend ta dague, re-concentre toi sur et quand je te le dirais tu t'entailleras le dos de ton avant bras."
Le fanatique acquiesça, sa méfiance et son appréhension faisant vite place à une morbide curiosité. Il referma les yeux et retrouva les sensations caractéristiques qui parcouraient son corps à un rythme régulier.
"Maintenant."


Sans attendre Sevyriel passa alors le fil de sa lame le long de dos de son avant bras, entailla ce dernier sur quelques centimètres sans bien sûr rentrer trop en profondeur, juste de quoi faire perler un minimum de sang. Il sentit ce liquide chaud et poisseux couler lentement le long de son bras. (Et maintenant?..)
"Concentre toi maintenant sur cette plaie. Dirige une partie de son fluide vers celle-ci".
Sevyriel resta perplexe, c'était comme si on lui disait de faire circuler plus de sang dans un membre, une chose iréalisable.
"Comment suis je cencé procédé?..."
Le nécromancien répliqua sèchement, agacé.
" A toi de trouver la voie tu n'es plus un gamin. Alors concentre toi et cesse de me faire perdre mon temps."

Le jeune homme se retint de souffler et referma les yeux. Il sentait maintenant même si ce n'était que faiblement le fluide parcourir con corps, mais il ne parvenait pas à le diriger. Il essaya et s'efforça mais n'y parvenait pas. Sevyriel se concentra alors sur le fluide qui circulait dans son avant bras.. Mais cela ne donna pas grand résultat. Au bout d'interminables minutes il osa demander.
"Donnez moi juste un petit coup de pouce... Qu'est ce que cela doit produire?."
Tymerias resta tout d'abord silencieux puis répondit.
"Tu offres ton sang comme je te l'ai déjà dit, cela a pour but d'augmenter temporairement et faiblement ta puissance, enfin faiblement dans un premier temps."


Le fanatique hocha légèrement, son interlocuteur ne lui en avait pas révélé beaucoup mais c'était toujours ça. Il se dit alors qu'il devait changer de stratégie, jusqu'à maintenant il s'était contenté d'essayer d'inverser ou de maitriser un flux d'énergie. Une énergie qui était sienne. (Fais preuve de créativité, cesse d'essayer de forcer les choses, ce fluide fait partie de toi). Au lieu de se concentrer sur ce fin réseau qui circulait en son être il porta alors toute son attention sur sa plaie, sur la douleur même si elle était faible, qu'elle lui procurait et le sang qui s'en écoulait. (Prends cela en guise d'offrande, c'est le prix que je te paie pour que tu me rendes plus puissant l'espace d'un instant. Abreuves-toi de ce sang, délectes-toi de cette sensation qui m'est une douleur et de ces élancements qui parcourent mon bras.) Il se répéta ceci plusieurs fois, et sentit alors petit à petit une partie du fluide qui l'habitait se diriger lentement dans son avant-bras. (Je t'offre cela, prends l'en guise de paiement.). Il ressentit alors un désagréable picotement le long de sa plaie. Lorsqu'il ouvrit un oeil il vit que le sang qui cessait petit à petit de s'en écouler commençait à s'assombrir. Cependant il capta plus nettement et intensément le flux obscur qui circulait dans son corps, comme s'il était soudain plus lucide. Bien que son avant-bras le lançât un peu plus maintenant cela ne l'empêchait pas de ressentir comme un étrange sentiment de bien-être et d'assurance.
Le nécromancien se douta en apercevant le sourire qui prit forme sur les lèvres du jeune homme que ce dernier avait surement réussi.

"Alors?"
"Je pense bien avoir réussi." Répondit le fanatique avec satisfaction.
"Tu penses?.."'
Sevyriel eu une seconde de doute mais hocha avec certitude.
"J'ai réussi, c'est juste que je définis mal la sensation que ça me procure."
"Hmm" Tymérias le regarda pensif. "Te sens tu un peu plus fort? je veux dire physiquement."
Le fanatique serra machinalement ses mains l'une dans l'autre, puis secoua négativement la tête, un peu perdu.
"Pas vraiment non."
"C'est que tu as alors augmenté temporairement ton potentiel magique, mais ne t'enflamme pas à ton niveau ça n'a rien d'extraordinaire, mais c'est toujours ça, à toi de t'améliorer avec le temps."
"Mon potentiel de magie"? Répéta Sevyriel un peu perplexe.
Son interlocuteur acquiesça.
"Exactement, plus tu l'amélioras avec le temps et l'entrainement et plus tes sortilèges seront efficaces, bien que tu n'en connaisses que très peu actuellement... Mais ça viendra, si toute fois tu t'en donnes le mal."
Le jeune homme hocha doucement, retenant bien tout ce qu'il venait de se dire et de se passer.
Le nécromancien se redressa subitement.
"Maintenant je pense que ta curiosité a été suffisamment satisfaite, dehors."
Sevyriel fut tout d'abord surpris par la soudaineté du propos mais ne s'en étonna pas plus longtemps après avoir passé une bonne heure avec l'étrange personnage.
Il se leva alors, choisissant de ne pas abuser de la patience de cet individu qui pouvait se montrer des plus imprévisibles. Le fanatique avait déjà appris bien des choses.
Tout deux retournèrent alors dans la vaste pièce où le nécromancien avait fait retourner le cadavre au fond du bassin.
"Quelle va être votre destination?"

"Ecoute gamin, j'ai déjà fait preuve d'une grande patience te concernant et je t'ai même appris pas mal de choses. Alors maintenant prends la porte avant que je ne change d'humeur."
Le fanatique n'insista pas et dit juste un "merci" tandis qu'ils s'engagèrent dans le sombre couloir menant à la porte d'entrée.
"Tu as maintenant suffisamment de bases, à toi de continuer en te débrouillant. Suivre une telle voie se fait seul. Alors bonne continuation." Il ouvrit la porte. "Et bon vent".
"Bonne route à vous alors" Sevyriel força un sourire.
Le nécromancien hocha simplement la tête et referma la porte après avoir maugrée un "Bonne chance à toi."
(Quel lunatique..)



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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 16 Déc 2013 19:47 
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Lorsqu'il entra Grubert était encore derrière le comptoir en train de ranger minutieusement une bourse, il releva à peine la tête.
"Ca s'est bien passé?"
"Oui, plus ou moins."
L'alchimiste leva alors les yeux, et vit la mine quelque peu amoché de son protégé. Même si Sevyriel avait avalé une potion de soin on distinguait un ou deux bleu et ses vêtements étaient abimés ainsi que déchirés à quelques endroits.
Le fanatique leva une main rassurante.
"Rien de grave ne t'en fais pas, tout est réglé."
"Aucun accrochage avec un membre d'une quelconque guilde j'espère?."
Sevyriel ricana légèrement, l'homme se souciait plus des problèmes qui auraient pu voir le jour avec un clan divers, plutôt que l'état de son assistant. Mais le fanatique ne l'en blâma pas, il aurait réagi de la même façon.

"Non rien à voir ne t'en fais pas, juste un mendiant qui.. M'a pris par surprise."
Grubert hocha lentement, puis retourna à sa besogne en vidant plusieurs bourses dans un petit coffret qu'il venait de prendre sous le comptoir.
Sevyriel le regarda faire quelques instants, pensif.
"Au fait, Tymérias voudrait que tu te prépares rapidement 3 autres fioles, qu'il récupéra dès qu'il pourra la semaine prochaine." Mentit le fanatique, quelques jours, il espérait que se serait suffisant pour monter et réaliser un plan qui lui permettra de mener la nouvelle vie qui l'appelait.
"Bien sûr bien sûr" Marmonna l'alchimiste en finissant de vider les quelques bourses.
Sevyriel se rapprocha du comptoir.
"Qui était la femme qui vient de quitter la boutique? Je ne me souviens pas l'avoir déjà vu auparavant."
L'homme finit de vider la dernière bourse, ferma le coffret et y mit un tour de clef.
"Grenda." Il releva la tête. Une occasionnelle mais trés bonne cliente, elle nous remplit toujours les poches lorsqu'elle vient ici.
Le fanatique fronça les sourcils.
"Comment celà?"

"Elle pratique un art assez..... Peu banal. Cette femme utilise divers herbes potions et encens et pratique diverses choses telle la divination, ou autre.."
Vu l'air moqueur qu'abordait l'alchimiste son assistant en conclue qu'il prenant plutôt la bonne femme pour une charlatan, et à vrai dire il devait s'en ficher éperdument, ce qui l'importait était qu'elle remplisse les fonds de caisse de la guilde.
"J'ai entendu dire qu'avec l'aide de certaines herbes elle arrivait à plonger ses clients dans des états de transe, ils seraient alors en mesure de revivre dans leurs têtes des scènes passées." Il fit un geste évasif de la main. "Enfance, ou autre, bref."
Sevyriel sentit son coeur se serrer un moment et il baissa machinalement les yeux, pensif.
"Sur ce je te laisse mon garçon, je vais en ville le jour ne devrait pas tarder à se lever. Quand à toi tu devrais aller t'allonger un peu tu as vraiment sale mine."

Le fanatique hocha la tête puis regagna lentement sa chambre. Une fois en bas et allongé sur sa couchette il repensa à ce que Grubert venait de lui dire. Les images de ses cauchemars récurrents lui revinrent ensuite à l'esprit. Sevyriel voyait nettement cette petite fille en robe blanche courir devant lui en lui tournant le dos, ses boucles châtains volant derrière elle. Il entendait presque son rire cristallin résonner dans la pièce. "Revivre des scènes du passé.. Allons bon c'est sûrement ce que je fais chaque nuit."

Le jeune homme savait cependant bien que c'était l'occasion de résoudre le mystère qui entourait ces rêves réguliers, il se doutait qu'ils avaient un lien avec son passé depuis longtemps oublié. Peu à peu le sommeil le gagna et il sombra dans des rêves où se croisaient zombies, silhouettes indistinctes, bassins bouillonnants.. Suivi ensuite l'habituel cauchemar. Comme toutes ces nombreuses fois le fanatique se réveilla en sursaut , épuisé et usé de ce rêve récurrent. Quelques minutes plus tard le fanatique quitta la bâtisse afin de rencontrer cette mystérieuse Grenda.

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 Sujet du message: Une accoucheuse ?
MessagePosté: Lun 23 Juin 2014 18:31 
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« Bénédiction sur toi, ta maison, ta famille, tes ancêtres, et tout ça ! »

Esmé débite ces mots d’une voix forte, autoritaire, tandis qu’elle entre en trombe dans l’humble demeure, après avoir manqué de casser le nez du père en repoussant d’une main ferme le battant de la porte qu’il avait entrouverte. Sa vieille tutrice lui avait expliqué qu’il est toujours de bon ton de bénir les gens chez qui l’on se rend lorsqu’on est une sorcière, mais elle a omis de préciser sur quel ton il convient de le faire – à moins que son élève obstinée n’ait déjà eu des idées très arrêtées quant à cette question, et ait sciemment ignoré cette partie de la leçon. Laissant l’homme pantois, cherchant encore ses mots, derrière elle, la femme s’avance de son pas décidé vers le lit – plus proche d’une paillasse sur quelque planche que d’autre chose. Avec la table qui trône au centre de la pièce, trois chaises branlantes, une malle d’osier défoncée et un buffet ayant connu des jours bien meilleurs, il constitue le modeste mobilier de cet humble logis, une pièce au sol de terre battue, aux murs de mauvais torchis, au toit de chaume fuyant, logis dans lequel une femme va cependant accoucher.

« N’a pas idée d’vivre dans autant d’crasse… » marmonne Esmé. « La pauvreté, c’t’une chose, la misère c’en est une autre… J’parie qu’c’lourdaud à la porte a même pas passé un coup d’balai d’puis qu’sa femme est alitée… »

Lourdaud qui, entendant la sorcière marmonner, s’approche d’un pas moins décidé qu’il ne le voudrait, un peu inquiet, et demande :

« Vous vouliez quelque chose ? »

« Quoi ? Ah ! Oui ! Va m’chercher au temple de Gaïa un peigne à cheveux de Gaïa. Insiste, c’est important ! »

« Un peigne à … »

« T’es encore là ? »

Lorsque les yeux verts d’Esmé se rivent dans les siens, il souhaite ne plus être là, et s’en va en courant. Esmé en profite pour se retourner vers la mère. Son regard se plonge cette fois dans celui de la parturiente au visage déformé par la douleur et l’angoisse.

« Le premier, hein... Ca va bien se passer. »

Ce n’est pas un conseil, mais un ordre. Une partie de la panique de la mère s’efface, remplacée par la crainte de désobéir à Esmé, qui se félicite de ce changement. Retroussant les manches de sa robe – chose des plus rares, tant elle répugne à laisser apparaître sa peau aux premiers venus, comme bien des femmes concupiscentes – pour l’occasion, elle balaie du regard l’unique pièce pour se faire une idée de ce qu’elle aurait à sa disposition pour procéder ; à l’évidence, pas grand-chose.

« A nous trois alors ! »


La première chose que voit l’enfant est un visage accusateur : Esmé devra faire une lessive plus tôt que prévu. Sitôt le cordon coupé, le marmot débarbouillé, la sorcière le confie à sa mère, rendue un peu euphorique par la décoction de plantes que lui a fait ingurgiter l’accoucheuse. Sur ces entrefaites, le père revient.

« Je me suis fait refouler au temple ! Ils disaient que… »

« Arrête de crier, il y a un bébé en bonne santé ici. Il était mal positionné ce bébé… Il a failli y passer ce bébé… Tu comprends ça ? Heureusement que j’étais là, hein ? »

« Euh… Oui, oui, je suppose. »

« Tu supposes bien. » siffle Esmé d’une voix douce mais surtout menaçante. Sa main filant comme un serpent attrape le col de la chemise d’un blanc douteux de l’homme et un poigne de fer l’oblige à se baisser jusqu’à son niveau, afin qu’elle puisse murmurer à son oreille. « Je repasserai dans trois jours voir comment vont la mère et le petit. Si il y a quoi que ce soit, t’envoie quelqu’un me chercher au plus vite, ou t’envoie quelqu’un au temple de Gaïa. Si tout va bien, quand je reviendrai, je veux que cette table soit propre, que ces draps soient propres, que cette maison soit propre du sol au plafond. Tu apprends à balayer, tu appelles ta mère, ta sœur, tu payes quelqu’un, qui tu veux, mais tu me nettoies cet endroit. Et il n’y a pas intérêt pour que ce soit ta femme qui s’y colle. Fais attention, je le saurai si elle doit faire quoi que ce soit d’autre que se reposer. C’est bien clair ? Tu as tout compris ? »

Un instant la fierté de l’homme rue dans les brancards, puis ses yeux croisent ceux d’Esmé, et la flamme qu’il voit y brûler le persuade de ne rien dire, de hocher la tête avec le maximum de sincérité, et de s’exécuter sitôt qu’elle aura franchi le pas de la porte. Il n’a jamais tenu un balai de sa vie, mais il est bien décidé à essayer pour ne pas éveiller la colère de cette sorcière. Les hommes, dans les tavernes, racontent des choses effrayantes sur elle. Et les femmes de bien pires encore. Ce ne sont peut-être que des racontars, mais peut-être y a-t-il une part de vrai dedans. Et il ne veut pas courir le risque.

Esmé est déjà partie lorsqu’il se précipite pour aller voir son fils nouveau né. Elle n’a rien demandé, pas un sous, pas une faveur, c’est contre ses principes ; c’est pour cela que cette famille a fait appel à elle, pour cela et parce qu’elle ne craint pas de se rendre dans les quartiers les plus mal fréquentés.

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Esmé, sorcière à plein temps


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 13 Nov 2014 18:23 
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« Mais c'est dangereux ! » s'énerva Saphir. « Et puis... Nous avons déjà du mal avec toi, qu'est-ce que nous allons faire sans toi ? »
« Qu'est-ce que tu proposes d'autre ? » répliqua Alistair. « Nous ne pouvons pas nous permettre d'entrer dans d'autres guerres, et surtout pas avec eux. »
« Alors accepte leur proposition... Je t'en supplie, n'y va pas. Il paraît qu'Oaxaca elle-même s'apprête à attaquer Oranan. »
« Des racontars. Et je t'ai déjà dit de ne plus évoquer cette possibilité ; je ne me soumettrais pas, ce n'est pas négociable. C'est mon dernier mot Saphir, j'irais à Oranan. A moins que tu ne me trouves autre chose. Mais un aynore part demain matin, je n'attendrais pas plus longtemps. »

Deux moi s'étaient écoulés depuis l'altercation entre Alistair et le dénommé Airin. Deux mois durant lesquels l'assassin et sa bande n'avait fait que perdre du terrain, jour après jour, sur ceux qu'ils appelaient dorénavant le clan des inhumains. Ceux-ci avaient redoublé de prudence après cette nuit là, échappant sans cesse aux diverses embuscades tendues par le voleur. Et leur nombre n'étais pas allé en s'améliorant non plus. Pour chaque soldat adverse tué, il semblait à Alistair que deux autres en étaient créés.

Pour ne rien arranger, voilà qu'ils avaient reçu un ultimatum de la part d'un autre groupe de malfrat de Tulorim. Ceux-ci, ayant eu vent de leur expansion toute relative, leur offraient trois possibilités. Se soumettre à eux et faire partie intégrante de leur groupement (dans lequel Alistair aurait une place de lieutenant), payer une taxe sur leurs rapines, ou bien entrer en guerre. La première solution était inenvisageable pour Alistair, incapable de se retrouver sous les ordres de qui que ce soit. La troisième signifierait leur mort, au vu des différences d'effectif entre chacun des deux partis. Aussi avaient-ils décider d'adopter, momentanément, la seconde proposition.

Et c'est de là que venait leurs plus gros problèmes. Car l'impôt était de cinquante pour cent, et les quelques fois où Alistair avait tenté le diable en mentant sur le contenu de leurs vols, leurs ennemis en avaient eu vent et étaient venu réclamer la totalité de leurs gains en signe d'excuse. Sauf que cinquante pour cent, ça faisait beaucoup. Beaucoup trop, même. Le fruit de leur vol avait beau être plus que satisfaisant, certains membres du clan de l'assassin ne rapportaient aucun revenu, mais devaient être payés la même somme que les autres. Le groupe était donc entré dans une crise financière qui avait provoqué le départ d'une bonne partie des nouveaux membres. Seule l'émancipation vis à vis du clan rival pourrait les empêcher de se dissoudre.

« Junskar sera le chef en mon absence. Je lui ai dit d'oublier les inhumains pour le moment ; il faudra se concentrer sur la rapine et le recrutement. »

Junskar. Lorsqu'Alistair l'avait rencontré pour la première fois, le fameux soir de son duel contre Airin, il pensait tous ses problèmes réglés. En effet, après l'altercation, les deux combattants et la semi-elfe qui les accompagnait s'étaient rendus dans une taverne et avaient longuement discutés. Les Seize Dague, dont Junskar était devenu le chef provisoire, avaient été les premiers à combattre les inhumains et c'était à eux qu'Alistair devait leur si lente expansion lors des deux années qui avaient précédées son retour à Tulorim. Mais ils avaient essuyés de lourdes pertes, et de seize leur nombre était passé à cinq.

Cette nuit là l'assassin en apprit beaucoup sur l'organisation qu'il combattait. Ainsi il découvrit que les femmes enlevées étaient destinées à subir un lavage de cerveau plus ou moins semblable à ceux des inhumains pour servir de prostituées dociles, que si les idiots – comme il aimait à les appeler – étaient devenus de plus en plus efficaces c'est que le mage qui les lobotomisait réussissait à maintenir leur dextérité de plus en plus efficacement et que les familles des inhumains recevaient chaque semaine un pécule qui ferait rougir la plus chère des catins du Purgatoire.

Mais avec l'arrivée de ces informations vint un fardeau bien plus lourd : la fusion avec les Seize Dagues, dont Alistair était maintenant le chef. Et si la venue de cinq nouveaux membres très expérimentés les avaient d'abord servi très efficacement, c'était également elle qui avait exposé leur groupe « au grand jour », ou du moins dans le milieu du banditisme Wielhien, et avait ainsi exposé leur nouveau clan à leurs désormais tortionnaires.

« Le bruit courra que je suis mort. Ne le démentez pas, mon retour n'en sera que plus dramatique. »
« Si tu reviens... » bouda la jeune femme.

Plus tôt dans la journée, Luninaë, la demi-elfe qu'Alistair avait rencontré en même temps que Junskar, avait intercepté un message depuis Oranan adressé à Raën, le bretteur qui avait réussi à dominer l'assassin, armé alors de ses deux dagues, à l'aide uniquement de ses poings. Le courrier demandait à Raën, apparemment soldat déserteur de l'armée d'Oranan, de revenir sur le champ pour aider les aventuriers qui avaient été appelés en Ynorie. Il n'y avait guère d'explication concernant la nature des problèmes que rencontrait la cité, aussi Alistair en avait conclu sans trop de difficulté que c'était en rapport avec toutes ces rumeurs concernant Omyre et les nombreux orcs ayant disparus. Ce qui était plus réjouissant, en revanche, était la promesse d'enrichissement personnel et de renommée dont faisait part la missive.

Car, ironiquement pour un individu comme Alistair, dont les principaux axes d'intérêt lui imposaient de faire montre de discrétion, la renommée était potentiellement tout ce qui lui manquait pour sortir son clan de la situation fâcheuse dans laquelle il était empêtré. En effet, l'assassin avait pris un soin particulier, ces dernières semaines, à entrer en contact avec toute une flopée de groupes de bandits de son envergure. Et bien sûr, tous, sans exception, étaient soumis à la même taxe que lui. Il avait alors proposé à chacun d'entre eux de s'unir à lui pour contrer la suprématie du clan qui se voulait être leur supérieur. Mais, évidemment, il s'était retrouvé face à un mur de refus.

Ce que lui reprochaient les autres chefs de guilde – si tant est que l'on puisse appeler guilde des groupes aussi petits – était son anonymat. Chacun voulait la garantit que leur futur chef aurait les épaules pour les diriger avant de se lancer dans une rébellion ouverte. Et c'est ainsi qu'Alistair se retrouva à chercher inlassablement un moyen de leur prouver sa valeur. Jusqu'à l'arrivée inopinée dudit courrier.

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 4 Mai 2015 15:59 
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Toralgam fut stupéfait de ce qu’il aperçut à l’intérieur. La maison n’était qu’une simple pièce, de quelques pieds de larges et de longs, où seuls quelques meubles étaient posés. Une table en bois brut se trouvait en plein milieu de l’endroit, accompagnée de deux chaises. Une commode se trouvait le long d’un des quatre murs et un lit, simple et rustique, complétait le tout.

Vous vivez ici? Demanda Toralgam, étonné.

Je sais, je possède bien peu… mais je ne peux pas avoir plus.

Et pourquoi? Vous ne possédez pas d'argent?

A vrai dire, là n’est pas le problème. Le principal soucis, c’est que les maisons du quartier ouvrier, dans lequel nous nous trouvons, se font régulièrement piller.

Piller? Mais que peut-on piller ici au juste?

Ce n’est pas réellement la question qu’il faut se poser. L’important, c’est de se demander quel en est l’objectif. Après plusieurs cas de pillages, nous nous sommes plaints aux hautes instances qui régissent la ville. Celles-ci nous ont assuré qu’elles ne pouvaient rien faire, à part renforcer la sécurité. C’est pour cela que les protecteurs ont été crées. Quinze hommes dont moi se sont alors portés volontaire. Notre mission était d’éviter qu’un seul autre pillage ne se produise, en arrêtant les potentiels brigands avant qu’ils ne pénètrent la ville.

Malheureusement, et malgré tout le mal que nous nous donnions, nos habitations continuaient à se faire attaquer. Alors, très vite, nous avons compris que l’ennemi venait de l’intérieur. Après quelques enquêtes et de longues observations, nous nous sommes rendu compte que les pillages ne touchaient que le quartier ouvrier, excepté quelques rares cas dans le quartier bourgeois. Des rumeurs folles ont alors vu le jour. Et si les pillages étaient planifiés par les dirigeants et leurs subordonnées eux-mêmes?


Et vous, quel est votre avis sur la question?

Après tout, c’est ce qui reste le plus crédible. Depuis la sécheresse, la richesse de la ville s’est basée sur des domaines très particuliers qui ont éloigné la classe ouvrière de l’activité centrale. Or, aujourd’hui, nous gênons, car notre savoir n’est plus utile. Pourtant, nous représentons encore une part importante de la population. Lorsqu’on y réfléchit, notre départ de la ville serait bénéfique au conseil des sept. Si nous décidons d’abandonner les lieux, un quartier tout entier serait alors disponible pour le développement de nouveaux domaines économiques et politiques.

C’est vrai que dit comme ça... Combien de temps pensez-vous que les habitants pourront encore supporter cette situation? J'imagine que les pauvres ne vont pas se laisser faire si les dirigeants décident de les chasser.

Pas longtemps, hélas. Et c'est pour ça que j’aimerais te poser une question importante. Serais-tu prêt à me rendre la pareille suite à l’épisode du château?

Bien entendu. Comme je vous l’ai dit, je vous suis redevable et je ne partirai pas de cette ville sans avoir payé cette dette. Demandez-moi ce que vous voulez.

Alors écoute moi bien. Après t’avoir sauvé, quelque chose m’a de suite traversé l’esprit. Loin de moi l’idée de profiter de toi, mais je n’ai pu m’empêcher d’y réfléchir. Depuis quelques temps, à cause des pénuries, la ville n’attire plus que de riches hommes souhaitant s’installer à l’intérieur de l’enceinte. Lorsqu’ils s’y trouvent, ils ont accès à des choses dont tu ne peux pas avoir idée. Ce que je te demande, c’est que tu te fasses passer pour un noble voulant s’installer à Tulorim, en plein coeur du quartier bourgeois. De cette manière, tu pourrais prendre connaissance du sort qui nous est réservé afin que nous préparions notre défense.

Une infiltration? Ce n'est pas bête. Je vous ai promis de vous rendre service. Je suis un homme de parole et si tel est votre souhait, je vous viendrez en aide. Néanmoins, quelque chose me contrarie. Sachant que je ne connais aucunement le mode de vie des riches, comment comptez vous faire pour me transformer en un noble assez crédible pour me fondre dans la foule derrière ces murs?

Eh bien, c’est là que rentre en compte Démos, ton cheval. Tu as la chance de posséder un pur-sang appartenant à une lignée royale. On va s’en servir pour les tromper. Si tu te présentes au quartier bourgeois avec un tel gage de richesse, ta crédibilité ne fera aucun doute. De plus, les ouvriers de Tulorim n’ont peut-être plus la côte qu’ils avaient à une une certaine époque, mais leur savoir et leurs compétences sont toujours très importants. Je connais un tailleur de qualité qui pourra te confectionner des vêtements aussi beaux que ceux qui sont portés derrière les épais murs du quartier bourgeois.

J’ai compris. L’injustice dans ce monde m’est insupportable et je vais mener à bien cette mission. Et puis ça pourrait être très formateur pour moi. En effet, il y a peu, un vieillard me disait d’affronter les difficultés que je finirai par rencontrer. Je suis certain que s’il était à mes côtés en ce moment même, il me pousserait à le faire.

Le garçon lança alors un sourire à Cahagol.

Dans les prochains jours, nous te formerons pour te préparer à entrer dans l’enceinte. Mais d’abord, il faut que tu te reposes; Ce long voyage a dû t’épuiser et il faut que tu reprennes tes forces.

Avant de se retirer, Cahagol dit une dernière phrase au jeune homme:

Surtout, écoute ce que je m’apprête à te dire. Dans cette ville, il vaut mieux ne pas te faire remarquer, ta vie n’en sera que plus agréable.

Il laissa alors Toralgam seul dans la petite maison. Ce dernier s’allongea dans le lit de fortune que lui avait préparé le propriétaire et après avoir fermé rapidement les yeux, il s’endormit.

Il se réveilla le lendemain, en début d’après-midi. Il s’assit sur le flanc du lit et soulagea quelques douleurs qu’il avait ressenti dès l’ouverture de ces yeux. Ca n’avait pas été la meilleure de ses nuits, mais il se sentait calme et reposé. La pièce était sombre, éclairée que par le reste de bougie qui avait été allumé la veille. Les volets étaient fermés, mais on apercevait aisément le mauvais temps qui s’était invité à l’extérieur. Le propriétaire n’était pas là mais il avait préparé une petite soupe qui semblait encore chaude et qu’il avait soigneusement posé sur la table centrale.

Le jeune homme se redressa et s’assit en face de l’assiette. Il avait prévu de visiter la ville dans la journée bien que celle-ci soit déjà bien avancée. Une fois restauré, il enfila sa tunique qui était à proximité de la porte, tourna la poignée, puis sortit.


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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 28 Mai 2015 18:28 
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Inscription: Dim 24 Mai 2015 07:38
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Localisation: Méduse Noire
En rentrant du cimetière, Azdun était amère, déçu de son échec. Comment cela avait-il pu arriver ? Lui qui était si sur de lui et de ses capacités ! La route fut plus courte qu'à l'aller, pas d'embuche, pas de mauvaise surprise.

L'objectif d'Azdun était maintenant clair : retourner à cette étrange boutique qui l'avait intrigué en allant au cimetière (((Voir deux épisodes en arrière))). Il retrouva sans peine l'enseigne au même endroit. C'était une petite échoppe coincée entre deux murs. Les fenêtres étaient opaques, comme voilées de l'intérieur. La porte avait l'air branlante et facile à forcer, si elle ne l'avait pas déjà été plusieurs fois. Une petite enseigne en forme de fiole bombée trônait sur le dessus, on pouvait y lire : Faendrel Robert : Alchimie
Azdun poussa la porte en entra dans l’échoppe.

A l'intérieur, régnait une ambiance sombre et particulièrement étrange, la pièce n'était pas très éclairée, uniquement quelques bougies çà et là, des livres en morceaux traînaient à même le sol, divers ingrédients dans des bocaux et des centaines de fioles de toutes les couleurs étaient entreposées sur des étagères ou sur des tables. Sur les rares murs libres on distinguaient des crânes déformés de créatures inconnues. Au fond de la boutique, dans la pénombre était dressé un petit comptoir complétement surchargé d'outils en tous genres (alambic, fioles, réchauds...) et derrière se tenait un petit Sinari barbu. Il n'avait même pas remarqué Azdun et était plongé dans l'élaboration d'une potion ou d'un élixir quelconque.

Azdun s'approcha du Sinari, ce dernier ne le remarqua qu'au dernier moment et sursauta à la vue de l'homme en noir.

"Woow ! Vous m'avez fait une de ces frousses ! Faendrel Robert ! Alchimiste ! Que puis-je faire pour vous ?"

Azdun garda le silence et sortit de sa poche la fiole étrange trouvée au cimetière, elle était froide et le précipité verdâtre tournoyait lentement dedans.

"J'ai trouvé cette fiole lors de l'un de mes voyages. Pouvez-vous m'en dire plus sur son contenu ?"

A la vue de la potion, Faendrel écarquilla les yeux, il s'en saisit et l'examina de près. Il décapuchonna la fiole et huma son contenu. Aussitôt le Sinari s'écarta et parût sonné. Après un court instant il reprit ses esprits et s'adressa de nouveau à Azdun sur un ton inquiet.

"Où avez-vous trouvé ceci ?"

"Je vous l'ai déjà dit, lors de l'un de mes voyages"

"Vous n'êtes pas du genre bavard hein ? Soit ! Cette potion n'est autre qu'une essence de Douce féerie, très rare et très difficile à produire, c'est un puissant poison qui tuerait n’importe qui en moins de 5 minutes !"

A l'énoncé de cette découverte, Azdun réfléchis et eut une idée.

"Hmmm, intéressant. Et si je voulais néanmoins en reproduire ?"

Le Sinari eut un regard dubitatif vers l'homme encapuchonné, puis son visage changea subitement et prit un air fier, il se dressa de tout son haut et déclara :

"Hé bien vous ne pouviez pas mieux tomber, moi, Faendrel Robert, le plus talentueux de tous les alchimistes d'Yuimen, ai inventé un outil qui pourrait vous permettre d'en reproduire. J'ai ici bon nombre de pousses de Douce féerie et malgré la difficulté d'en reproduire, l'outil en question peut prélever une infime goutte de votre fiole pour réduire la catalisation de plante nécessaire à une nouvelle décoction : pour faire simple l'essence de douce féérie avait disparu à cause de l'énorme quantité de plantes nécessaire à sa préparation, mais avec cet outil, nous pourrions en produire au moins 50 fioles avec mes réserves, Je peux vous le faire dès maintenant et cerise sur le gâteau, cela ne vous coutera que 20 Yus !"

Azdun sortit sa bourse et paya le prix demandé par le petit homme.

En moins d'une heure on vît s'entasser sur le comptoir 50 fioles de la même potion, toutes les fioles étaient identiques à la première.

"Et voilà mon bon monsieur ! Oh une dernière chose, évitez de traîner ça en ville, vous pourriez tuer quelqu’un !"

Azdun eut un petit sourire narquois.

"Oui, en effet..."

Azdun sortis son grimoire de magie noire, ce qui eut pour effet de surprendre le vendeur, ce dernier s'écarta de quelques pas en arrière mais n’eut pas le temps de réagir Azdun canalisa toute sa puissance pour l'envoyer par surprise en plein sur l'infortuné Sinari. Le sort eut cette fois l'effet escompté, le petit homme pris par surprise fût repoussé brutalement contre le mur du fond, sonné il essaya de se relever mais Azdun repartis à l'assaut et envoya une autre déferlante de magie noire sur le marchand qui se prit le sort en plein torse. Le Sinori suffoqua et grimaça de douleur (on raconte que la magie noire est la plus douloureuse des essences) le sang sortait de sa bouche et coulait de son front. Azdun d'un pas vif, se saisit d'un couteau posé sur le comptoir et acheva le Sinori d'un coup net dans l'artère carotide. Les yeux du Sinori se figèrent et il succomba, dans l'incompréhension.
Azdun récupéra froidement son argent et fourra avec difficulté une dizaine de fioles dans ses poches. Le reste fut laissé dans l’échoppe.

Avant de sortir, Azdun examina les murs une dernière fois et aperçus une petite clé près de la porte, il sourit et s'en empara, ferma la porte à clé avant de sortir et de se diriger vers l'auberge du Pied Levé.

La nuit était sombre et les échos d'un meurtre de sang-froid n'étaient pas encore parvenus aux oreilles de la garde et ne risquaient pas de l'être. Qui se soucierait d'un petit Sinari alchimiste insignifiant ? Et surtout, un Sinari alchimiste ? Qui avait déjà vu ça ?!...


Suite :

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 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mar 2 Juin 2015 20:58 
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Inscription: Lun 17 Nov 2008 23:14
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Intervention de pré-quête pour Aigle Brutal



[:attention:] [:attention:] [:attention:] Ce rp peut choquer un lectorat non avertit.


- Marnie ! Y reste un passager sur la banquette !

- Bah réveille le et fait le sortir !

- J’peux pas, il se vide de son sang !

Petit silence.

- Il en met partout en plus, l’enfoiré ! Bah jette le par-dessus bord, hein…

Dans sa vague inconscience, Aigle Brutal peut entendre les quelques mots qui sont prononcés au-dessus de sa tête et sentir son corps se faire hisser, par à-coups, par dessus la rambarde du cynore et jeté sans ménagement sur le sol.

Sur le sol, il y reste de longues, très longues heures, l’esprit oscillant entre conscience et inconscience, mais toujours trop faible pour bouger. Finalement, au bout d’un long, très long moment, il peut sentir quelqu’un s’approcher de lui et le soulever par les aisselles, lui arrachant un sursaut de douleur qui le replonge dans l’inconscience.

Il se réveille de nouveau en sentant une douleur atroce lui vriller le bras, et la sensation, horrible, qu’on lui scie la chair. Il peut sentir ses tendons se détacher un à un sous les dents de fer d’une lame. Puis vient l’os, et ce crissement qui se réverbère dans tout son corps…

L’inconscience, de nouveau.

Puis la conscience… il lui manque quelque chose, c’est indéniable. Un bras, rien que ça. Il est emmitouflé dans un tissu sal, tacheté. S’il essaie de bouger, il se rend compte que ses jambes son attachées, qu’il est ligoté au sol. S’il ouvre les yeux, il peut voir une pièce, sombre, semblable à une cave. Une table se trouve au milieu, avec des hachoirs, des scies et du sang, partout.

Les heures passent. De l’eau est laissée à côté de lui, elle est à moitié croupie. Puis un bruit, qui vient du dessus, comme si une porte s’ouvrait, poursuivie par la lente descente d’un poids, qui, pas à pas, passe de marche en marche jusqu’à atteindre le sol. Un homme se dévoile, bedonnant, la barbe et les cheveux longs. Un tablier blanc tâché de sang. Il s’assoit devant Aigle Brutal, sur une chaise.



- Ah bah t’es réveillé. Tant mieux. Alors j’vais t’dire. J’vais te démembrer petit à petit, quand j’en aurais besoin. Là j’ai découpé ton bras gangrené pour que tu m’serves un peu plus longtemps.

Il ajoute d’un air sinistre.

- Tu vois, si j’te dis ça, c’est parce que la viande avec un goût un peu métallique, y’en qui aime. Et la peur, ça donne un p’tit goût métallique.

Il se relève et se dirige d’un pas lourd vers la porte.


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