Arrivant des égoutsAlors qu'il quitte les sombres tunnels qui courent sous la ville, Zart constate qu'il a passé plus de temps qu'il ne l'aurait cru à traquer les rats. Sur l'horizon, on ne distingue plus qu'une mince bande aux couleurs chatoyantes qui ne devrait pas tarder à disparaître.
(Mince, il aura déjà fermé boutique, ça ne va pas arranger son humeur...)Peu désireux de se voir fermer la porte au nez, le Sekteg décide de faire un effort et se dirige vers une fontaine proche qu'il connaît, et dont la fréquentation est digne d'une vieille pute borgne édentée qui aurait la syphilis.
Quelques minutes plus tard, au détour d'une de ces nombreuses rues sombres et tortueuses qui composent la ville, Zart tombe sur la petite place déserte au centre de laquelle trône fièrement la fontaine qui a motivé sa venu en ces lieux.
Faite d'un unique bloc de pierre, elle a dû être une merveille sculpturale lors de sa création. Hélas, les ravages du temps, des fientes d'oiseaux et de l'activité humaines, ou d'autres races, ont eu raison de sa beauté. Depuis, à chaque visite, Zart s'amuse à essayer de deviner qu'elle pouvait bien être le motif sculpté en son centre et dont on devine à peine les contours.
(Ne serait-ce pas mon profil que je vois là ? Non, je n'étais même pas né...à moins qu'un visionnaire est su qu'un jour je dirigerais cette ville. Brrrrr qu'elle est froide.)Souriant, il plonge la tête dans le bassin en se frottant vigoureusement le visage jusqu'à ce que l'eau qui l'entoure ait la même couleur que sa peau. Puis, s'ébrouant comme un chien, il commence à redonner forme à sa barbiche, la caressant délicatement, formant cette petite pointe légèrement recourbée qu'il affectionne tant, s'assurant que nulle impureté ne s'est prise à l'intérieur. Et ce n'est donc que de longues minutes plus tard, alors que le soleil a depuis longtemps disparu, qu'il dissimule son visage, en rabattant sa capuche, avant de se mettre en route.
Profitant de l'obscurité omniprésente, Zart se faufile entre les maisons. Le peu de gens qu'il croise ne font guère cas de sa présence, soucieux autant que lui de ne pas attirer l'attention.
C'est donc sans difficulté qu'il finit par arriver à sa destination. Devant lui une porte de bois qui mériterait d'être remplacé, entouré par des murs de pierres usés qui soutiennent une plaque sur laquelle est dessiné le symbole identifiant la boutique comme étant celle du tanneur, au cas où l'odeur n'aurait pas suffi. Le sekteg frappe trois coups, puis deux et enfin quatre.
Pas de réponse.
Il recommence mais toujours aucun signe de vie. Une troisième fois, toujours rien. Ce n'est que lorsqu'il allait frapper pour la quatrième fois qu'une lumière se dessine à travers les interstices des planches qui composent la porte. Celle-ci finit par s'ouvrir sur un homme, au visage plus proche du gnome que de l'humain, tenant une bougie à la main. Avisant son visiteur, il pousse un soupir las, bougonne quelques mots inintelligible et fini par faire entrer son invité.
"Qu'est-ce que tu veux ? »« J'ai ça pour toi, une belle série n'est-ce pas ? »« Y en a pas mal en effet, mais ils sont encore entiers, qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? »« Tu te plains toujours que je fais un travail de boucher. Là au-moins tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même si la peau est abîmée. »« Peut-être, mais çà me donne plus de boulot, et qu'est-ce que je fais du reste moi après ? »« Tu me le rends bien sûr. »« Admettons, n'empêche ça me fait plus de travail. Je te prends le tout à moitié prix. »« Mais le travail sera de meilleure qualité, disons chaque peau aux deux tiers du prix. »« D'accord, si tu m'en fais deux gratuit. »« Uniquement si tu m'en prends un au prix fort. »« Vendu »A peine Zart a-t-il donné ses proies à l'humain, que celui-ci se met au travail, décollant avec dextérité la peau de la chair afin d'en faire des petites pièces de cuir servant au rafistolage ou à la création de petit objet.
D'ailleurs, le Sekteg profite de l'attente pour admirer le travail de son comparse.
La majorité de la boutique est remplie par des peaux de différentes qualités et de différentes tailles, mais un coin est dévolu à la vente de produit issu de l'artisanat créer à partir des chutes ou bien des petites peaux comme celle qu'il vient de ramener. On peut ainsi y trouver des petites poches qui peuvent être cousues à l'intérieur d'un manteau ou d'une ceinture afin d'y cacher argents, documents ou autres petits secret. Mais le plus grand succès de l'humain, dut en grande partie aux rats même si ce n'est pas fièrement affiché, ce sont de petites bourses de cuir à la fois discrètes et résistantes. Peu pratiques pour y mettre son argent, elles sont, par contre, idéales pour transporter de la poudre. Le bonheur du marchand d'épices, de l'alchimiste, et même de certaines personnes à la moralité plus douteuse.
« Voilà, c'est terminé. Tiens, ta paye et le....reste ».Zart récupère une petite bourse qu'il enfile prestement dans ses affaires, ainsi qu'un tissu sanguinolent contenant la chair des rats.
« Ce fut un plaisir comme toujours. »« Allez dégage-moi le plancher avant qu'il me prenne l'envie de t'enlever la peau à toi aussi. »Satisfait, le Sekteg s'empresse de sortir avant de disparaître dans les sombres ruelles de la ville, allant d'un pas vif vers sa prochaine destination.
Direction l'auberge.