(Attention, poste à caractère sexuel)
Difficile d'imaginer à quel point il est difficile de pister quelqu'un faisant preuve d'une paranoïa sans trêves, surtout quand on ne connait pas la configuration des lieux où on évolue. Cela faisait maintenant un bon moment que Parnalia suivait l'humain encapuchonné, elle commençait à douter du bien-fondé de son entreprise : sa proie ne semblait elle-même pas connaître la route à suivre, et sortait de temps à autre le plan qu'Azdren lui avait dressé à l'auberge pour se repérer, avant de jeter un coup d'œil à droite et à gauche puis de reprendre sa route d'un pas incertain.
La lyikor n'était cependant pas dupe : ces haltes n'étaient en soi que la partie visible de la vigilance de sa proie, les seuls moments où la chasseresse pouvait se fier à autre chose que son instinct de chasseresse pour se cacher au bon moment. Cela et les moments où le paranoïaques se retournait brusquement et où elle n'avait que le temps de se jeter à l'angle d'une ruelle ou derrière un étal abandonné, le tout dans un nuage de poils blancs.
La difficulté de la traque provenait également du fait qu'elle menait la chasseresse de plus en plus profondément dans les quartiers sordides de Tulorim, lesquels étaient en particulier infestés de mendiants manquant de s'accrocher à ses pattes pour la supplier et la dépouiller... dans le meilleur des cas, car elle ne s'apercevait heureusement pas encore du nombre de regards avides que son passage faisait briller dans les lézardes des murs décrépis.
Le fait que personne ne se soit encore pris à elle provenait de deux raisons : tout d'abord, il y avait celle qu'à cette heure de la journée les fauves diurnes et nocturnes se jaugeaient encore du regard avant de se céder temporairement la place... une trêve du crépuscule, en quelque sorte.
D'autre part, l'allure exotique de la lyikor faisait que les plus timorés des coupe-bourses ne savaient pas comment l'identifier en tant que proie : une armure de cuir de qualité, mais aucune arme plus dangereuse qu'un tambourin ? Était-ce une guerrière inconsciente ? Une mage ? Une prostituée de luxe protégée par un caïd local ? Dans le doute, ils préféraient donc qu'un autre agisse en premier.
C'est pourquoi, contre toute attente, Parnalia passa au travers de ces quartiers avec l'aisance d'un canard fendant l'onde d'un étang.
La traque s'était donc poursuivie, la nervosité de la lyikor allant croissante au fur et à mesure que le temps passait et qu'elle devait de plus en plus se forcer à progresser à couvert alors que sa proie semblait s'approcher de son objectif. A tel point qu'elle dut se plaquer le dos à un pan de mur effondré tout le temps qu'il fallut à l'humain pour aller au bout d'une rue vidée et tourner à l'angle... puis cravacher pour essayer de combler le retard. Peine perdue, car il avait disparu au milieu des ruelles délabrées en ne laissant rien d'autre derrière lui qu'un nuage de poussière.
Parnalia poussa un grognement d'exaspération et frappa des coussinets le sol de terre battue tout en cherchant frénétiquement du regard la voie d'échappatoire de sa proie puis en humant l'air autour d'elle. Rien. L'âcre puanteur de misère qui émanait de tout le quartier saturait sans pitié son odorat et l'empêchait de suivre la forte odeur de graisse que dégageait la cotte de maille de l'humain.
Après quelques instants passés la truffe au vent, la femme-louve sourit et s'approcha d'une habitation proche dont le mur avait été fissuré. L'ouverture, à peine assez large pour pouvoir laisser passer un individu de carrure normale, présentait des traces de griffures fraîches prouvant que quelqu'un s'y était introduit il y a peu, laissant au passage un petit dépôt de graisse noire sur la pierre. Battant joyeusement de la queue à cause de l'excitation, la lyikor s'introduisit à son tour avec précaution dans la place, dont l'intérieur s'avérait aussi ravagé que l'extérieur : tout n'y était que poutres effondrées et murs rongés par l'humidité où avait trouvé refuge une bande d'ivrognes pour l'heure cuvant dans leur crasse.
Elle s'appliqua donc à les enjamber en réprimant une grimace de dégoût pour ces épaves humaines, veillant à ne pas faire rouler de pierre sous ses pattes qui auraient pu avertir sa proie, même si il était évident qu'elle devait à présent se douter qu'elle était suivie. Sans penser à l'éventualité d'une embuscade, Parnalia continua donc sa progression, de plus en plus excitée malgré elle par ce qu'elle escomptait comme étant la conclusion de la traque.
Escaladant une poutre maîtresse qui s'était écrasée au rez-de-chaussée de l'habitation, elle grimpa agilement au premier étage sans ressentir les échardes qui de toute façon ne pouvait traverser aisément son cuir, et parvint à retrouver l'odeur du partenaire d'Azdren, une odeur qui s'intensifiait au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait vers le fond de la bicoque. Cela ne pouvait vouloir dire qu'une chose : l'humain s'était arrêté. Restait à savoir si il l'attendait.
Prise d'une intuition, Parnalia se mit à escalader les pierres a demi-descellées du mur et parvint rapidement à l'étage supérieurs, dont il ne restait plus grand-chose mais où elle put néanmoins avancer de poutre en poutre et de bloc en bloc avec un sens de l'équilibre entraîné par des années de pratiques de danse.
C'est alors qu'elle le vit à travers une brèche du plancher, l'humain à barbe courte, tranquillement installé sur des sacs éventrés et surveillant la rue par une fenêtre défoncée. Enfin, tranquillement.... aussi tranquille que puisse être un fauve à l'affut gardant la main sur le manche de la dague passée à sa ceinture.
Se mettant à croupetons et retenant au maximum sa respiration, Parnalia l'étudia durant de longs fragments d'éternité... avant de s'apercevoir que le mâle ne bougerait pas de sitôt. Mais si il ne l'attendait pas pour lui tendre une embuscade, que surveillait-il donc ? La rue en contrebas était vide et de l'autre côté on ne pouvait voir qu'une vieille bicoque craquelée dont les ouverture avaient été barricadées par des panneaux de bois étrangement récents.
Qu'est-ce qui pouvait bien intéresser cet homme dans cette baraque miteuse ? Et surtout, qu'est-ce qui pouvait bien pousser Azdren à embaucher un pareil porteur de couteau pour la surveiller ?
Elle ne voyait que deux façon de le découvrir : soit sauter sur l'homme et lui faire cracher ce qu'il savait, soit aller voir d'elle-même ce que cette demeure avait de si intéressant... et comme elle ne se sentait ni capable ni désireuse de le contraindre à avouer sans l'estropier à coups de pics de glace, le choix s'imposait de lui-même.
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Si sortir de la ruine fut aussi aisé pour elle que d'y entrer, Parnalia eut bien davantage de difficulté à pénétrer dans l'habitation d'en face sans se faire remarquer par l'observateur qui avait investit dans l'étage : pour cela, elle dut faire tout le tour du pâté de maison avant de trouver une ruelle à peine assez large pour quelle puisse s'y engouffrer et qui était encombrée d'immondices variés, et rallier le flanc de son objectif sans éveiller de soupçons. De longues minutes, elle resta attentive au moindre bruit suspect, mais rien au-dedans comme au-dehors ne se fit entendre.
S'assurant d'être réellement hors de vue, elle se plaça alors face à l'un des panneaux de bois qui barricadaient les fenêtres de la lugubre demeure et concentra sa magie jusqu'à produire dans sa paume un pic de glace assez fin pour passer entre les lattes vermoulues. La lyikor introduisit alors son outil improvisé et tenta de trouver un loquet à faire coulisser... en vain puisque le panneau devait avoir été cloué directement sur le mur. Pestant contre cet obstacle prévisible, elle ramassa un débris de planche au sol, posa la pointe de son pic contre l'une des lattes horizontales maintenant l'ensemble et frappa à coups redoublés jusqu'à ce que le bois cède.
La seconde intervention qu'elle opéra contre la deuxième latte tenant le côté droit du panneau aboutit hélas à la rupture de l'obstacle que de l'outil.
Elle n'eut cependant plus qu'à donner un bon coup d'épaule pour que l'ensemble s'effondre vers l'intérieur et qu'elle puisse s'infiltrer, ce qu'elle fit.
L'atmosphère a l'intérieur était sinistre. Deux grandes pièces constituaient l'habitation, à peine séparées par l'ouverture d'une porte arrachée de ses gonds. Celle où se trouvait Parnalia ne contenait que peu de mobilier : une douzaine de grabats placés contre les murs sur lesquels étaient posés des bols contenant des miettes de repas, une table défoncée dans un coin... et c'est tout. Mais alors d'où venait cette impression de danger qui hérissait les poils de la lyikor en ce moment ? Et pourquoi l'endroit était-il si sombre, malgré l'ouverture qu'elle avait pratiqué ? Il n'y avait même pas de bougie visible !
Les muscles inconsciemment contractés et les babines retroussées face à cette menace invisible qu'elle sentait, la femme-louve se mit à humer l'atmosphère de plus belle. Elle reconnaissait presque cette odeur délétère, morbide... elle l'avait connue la première fois il y a peu, et elle semblait provenir de l'autre pièce.
Parnalia s'y rendit donc après avoir examiné une nouvelle fois les lieux en vain et tenté de se calmer un peu. C'est en passant la porte qu'elle reconnut enfin la puanteur qui l'agressait : celle de la magie de Thimoros.
Avant qu'elle ne puisse détailler le contenu la pièce ou faire demi-tour, la lyikor entendit un bref déclic au-dessus de sa tête, suivis d'un bref déplacement d'air et d'un craquement d'énergie magique. La dernière chose qu'elle sentit fut un choc atroce au niveau de la nuque. Puis ce furent les ténèbres.
Quand elle se émergea enfin, elle se trouvait au centre de la pièce principale de l'habitation. Ayant été jetée sans ménagement sur le sol, elle avait dut instinctivement se recroqueviller sur le sol en terre battue dont elle sentait douloureusement le contact sur sa peau nue... nue ?
La femme louve ouvrit les yeux et s'aperçut qu'elle avait été dépouillée de tout son équipement : armure, tambourin, ceinture, jusqu'aux lanières de cuir dissimulant ses attributs avaient été entreposés bien en vue dans un coin de la pièce. Sans prendre davantage garde à son environnement, la lyikor essaya alors de se redresser... mais elle retomba lourdement en constatant que ses jambes et les bras étaient pris dans un étau d'un froid glacial dont elle ne parvenait pas à distinguer la nature dans la pénombre. Une voix au-dessus d'elle la fit sursauter.
"Et bien, mes frères... on dirait que notre trop curieuse invitée est réveillée."Roulant péniblement sur elle-même pour fixer ses agresseurs, Parnalia tomba nez à nez... avec un visage qui avait dut être humain à une époque, mais qui n'était à présent rien d'autre qu'une masse informe de cicatrices au milieu de laquelle trônait une paire d'yeux aux paupière cousues et tatouées.
Le cœur de la jeune femme-louve fit un bond dans sa poitrine dénudée tandis que lui échappait un glapissement d'horreur. Un prêtre de Thimoros ? Ici !
"Qu'y a-t-il, petite garce ? Tu n'apprécie pas l'apparence de quelqu'un ayant reçu le baiser du Père de la douleur ? Pourtant, avec ta fourrure de neige, tu as dut susciter la passion chez des débris pire que moi...""Je pense surtout qu'elle vous a reconnu, frère Garsh. Cette lyikor... vous ne vous souvenez pas ? C'est à elle que vous devez votre trou dans la poitrine."La terreur de Parnalia monta alors encore d'un cran tandis que son esprit s'éclairait d'une révélation. Ces yeux morts, mais qui voyaient pourtant comme en plein jour... c'étaient ceux de l'une des sentinelles qui gardaient l'entrée du temple de Thimoros dans le désert d'Imiftil. Mais c'était impossible, elle l'avait clairement vu s'effondrer, le dos transpercé ! Comment était-ce possible ? Était-il sorti de la tombe pour accomplir sa vengeance ?
"A présent que vous le dîtes, il est vrai qu'elle ressemble à la putain qui accompagnait ce traitre qui nous a dépouillé à la fois de notre maître et de nos plus précieuses reliques... même si toutes les chiennes se ressemblent à mes yeux. Alors, est-ce toi ?"Complètement figée par la terreur et serrant déjà les crocs face à la douleur qu'elle devinait peu longue à arriver, Parnalia ne laissa échapper qu'un grondement de gorge. Celui d'une bête acculée par ses chasseurs.
Son interlocuteur ne sembla pas se formaliser de ce manque de réaction, allant même jusqu'à s'illuminer d'un sourire sadique qui plissa ses cicatrices.
"Je vois... ce bracelet d'épaule que nous t'avons retiré vaut de toute façon toutes les explications du monde. Que tu sois celle qui l'ait volé ou que tu l'ais pris à la voleuse n'a aucune importance... après tout, tu ne sortiras pas d'ici vivante.
Mes frères ? Comment comptons-nous la purifier de ses fautes ?""Il convient en effet de trouver une punition appropriée, cela ne se fait pas d'entrer ainsi chez les honnêtes gens", ricana une voix.
"Pourquoi ne pas expédier cela rapidement ? Nous n'avons pas beaucoup de temps avant le rendez-vous, et nous ne pouvons nous payer le luxe de nous garder une friandise pour plus tard", fit remarquer une autre.
Un grognement rauque venant de la droite de Parnalia sembla appuyer cette décision. La lyikor terrorisée regarda alors frénétiquement autour d'elle : pas moins d'une demi-douzaine d'êtres difformes et encapuchonnés étaient en train de la soupeser comme un morceau de lard, la plupart demeurant hiératiques mais certains affichant clairement leur plaisir d'infliger la souffrance sur leur visage. Le dénommé Garsh était bien entendu du lot. Elle ne fit cependant rien pour les supplier de la tuer rapidement, le dernier fond de lucidité qui brillait au fond de ce cauchemar lui dictant que cela ne ferait qu'inciter ses bourreaux à davantage de cruauté. Elle attendit le verdict.
"Mes frères... nous avons bien le temps de nous amuser un peu, et je pense avoir trouvé le châtiment approprié pour cette catin. Pour autant que je sache, ses semblables ont une façon très particulière d'honorer leur déesse hérétique, une façon très physique et dégradante." Parnalia vit tout de suite à quoi le prêtre faisait allusion... et même si l'idée de ce qu'il proposait lui donnait envie de vomir, elle ne put s'empêcher de lancer une raillerie, même si c'était la dernière chose qu'elle devait faire de son vivant. Elle fixa donc ses bourreaux de son regard doré et aboya son insulte d'une voix où perçait néanmoins davantage de panique que de rage.
"Ah ! Si vous comptez m'humilier de la sorte, il vous faudra bien plus que les asticots qui doivent pendouiller entre vos jambes desséchées !" Un coup de pied dans les côtes l'empêcha de poursuivre plus avant et la fit rouler sur le côté en poussant un glapissement de douleur. Le coup n'avait cependant pas été donné très fort, preuve s'il en était que l'auteur ne devait pas être si énervé que cela.
"Et tu t'y connais, n'est-pas, pute à poil blanc ? Tu as dut lui donner du bon temps, à ce traitre pour qu'il se détourne ainsi de la vraie foi ? Mais dans un sens c'est logique. Oh oui, ô combien logique... quelle meilleure équipe pour semer le chaos dans notre ordre qu'un traître et une petite pute pour le tenir par les burnes ?
Ce bâtard d'Alianoff s'est cru malin, mais cela signera sa perte dès cette nuit.
Mais toi... toi tu ne seras pas là pour le voir. Nous avons quelques heures devant nous, et bien mieux que des virilités indignes de toi à te proposer.
Nous avons celle de notre dieu, et nous allons voir combien de temps tu tiendras avant de nous supplier de t'achever." Avant que la lyikor ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, les liens qui enserraient la poitrine et les genoux se diluèrent brièvement avant de se reformer ailleurs : ceux du haut dérivèrent pour se contenter d'enserrer ses poignets et ceux du bas cessèrent de lier ses genoux ensembles pour lui écarter les jambes et les clouer au sol. Parnalia se mit évidemment à ruer des quatre fers, à cracher, à griffer le sol pour tenter de briser ses chaînes... en vain, puisque ceux-ci étaient l'œuvre de maîtres en la matière.
Avec horreur, Parnalia vit les prêtre sombres qui se trouvaient dans son champs de vision lever les mains vers le ciel et baisser la tête pour incanter un sort dont les consonances lui étaient atrocement familières... une projection de main d'ombre comme ceux qu'elle avait déjà vu Azdren lancer.
Une demie-douzaine de bras aux poings apparurent alors de part et d'autre de la magicienne tétanisée... et passèrent à l'attaque. Deux appendices ténébreux percèrent brutalement l'intimité de la lyikor et lui arrachèrent un hurlement de rage douloureuse avant de se mettre a lui fouailler violemment les tripes en d'incessants va-et-viens. Mais peut-être que la douleur aurait pu devenir supportable si l'arrière-train poilu de la femelle n'avait été investit avec la même brutalité par un autre appendice magique, lui infligeant des coups de boutoir qui soumirent la résistance des reins de la femme-louve à rude épreuve.
Les hurlements de souffrance pure commencèrent alors, et il était évident qu'ils électrisèrent à un tel point les bourreaux que ceux-ci augmentèrent progressivement la cadence des va-et-viens, accroissant d'autant les douleurs folles qui saturaient l'esprit de la pauvre victime. Les prêtres durent cependant se lasser de ses manifestations sonores, car une autre parodie de virilité masculine lui entrouvrit la mâchoire et s'enfonça dans sa gorge en l'étouffant à moitié.
Combien de temps cette torture dura-t-elle ? Une heure ? Deux ? Trois ? La lyikor eut cependant de la chance dans son malheur, car son esprit se brisa bien avant son corps : ses larmes se tarirent, son corps cessa de s'arquer sous ses coups de boutoir, mais surtout sa psyché la fit sombrer dans une semi-conscience traversée par des fulgurances de douleurs... ne laissant entre les mains de ses bourreaux désabusés qu'une poupée de chiffons agitée de soubresauts et à moitié morte.