L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 554 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30 ... 37  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Dim 15 Jan 2012 13:18 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 1 Sep 2011 15:05
Messages: 607
Localisation: Tulorim
En retournant dans la rue donnant sur l’auberge au Pied Levé, Gor Bal’Qar repéra de nombreuses traces de chevaux qui semblaient se diriger vers l’extérieur de la ville.

Les miliciens retrouveraient tôt ou tard les corps de leur camarades. Le capitaine pirate se doutait bien qu’il avait franchi un palier. A partir du moment où on rapporterait à Dolom que le deuxième fuyard avait lui aussi réussi à leur glisser entre les doigts, il avertirait ses supérieurs en trafiquant la vérité.

Avec la discussion qu’il avait surpris la nuit dernière, il était clair que tout les miliciens n’étaient pas impliqués dans l’emprisonnement de ces aquamanciens. Il ne voyait pas quels avantages en tirerait ce noble, à se comporter ainsi mais le sang-pourpre ne comptait pas abandonner ces pauvres hommes à leur sort.

Il devait réfléchir à tête posée. En parler à ses compagnons, à Scuudo Gaymar. Il y avait aussi cette histoire de signal auquel devait se préparer Korb Vass. Apparemment, ce ne serait qu’une question de jours. Beaucoup de choses, mais il disposait de peu de moyens. Il comprenait pourquoi, il ne pouvait pas se prendre pour un garant de la justice.

Cela le révoltait. Une population pauvre à qui on refusait de venir en aide, une noblesse qui avait la main-mise sur une partie de la milice. Le conseil qui fermait les yeux ou qui peut-être n’était tout simplement pas au courant de ce qui se passait dans la ville. Ces manipulateurs de l’eau enlevé et contraint de servir sous la menace les plans de quelqu’un dont il ignorait l’identité et son objectif.

Plus il avançait dans son enquête, plus il sentait ses limites venir. Si la milice remontait jusqu’à son équipage, il ne pourrait rien faire. Seulement, il savait maintenant des choses que les habitants de Tulorim ignoraient.

Il se dirigeait vers le port, Neysla et Kudoï devaient sûrement être retournés au navire. Il espérait également retrouver Galénosc par la même occasion.

_________________

Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mar 17 Jan 2012 19:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 30 Oct 2010 22:06
Messages: 61
Au fond de lui, il ne voulait pas laisser ces enfants mourir de faim et de soif, fut un temps il était comme eux, abandonné, mais il ne s’avouerait jamais d’avoir envie de les aider. Il erra dans Tulorim comme un damné, trainant le pas sous ce soleil ardent. Il regrettait l’humidité et la fraîcheur qu’il avait toujours connu plus jeune, priant pour qu’un gros orage recouvre Tulorim toute entière. Les ruelles de la ville étaient vides de monde, c’était vraiment très étrange. Son manque d’entrain et sa répugnance au calme sinistre ne le ralentirent pourtant pas, il approchait déjà de l’une des extrémités de la ville, apercevant de l’ombre d’une maison où il était tapi, un arbre resplendissant, magnifique, immense et royal. Maël resta là, adossé à une maison miteuse pendant quelques instants, il pensait. Il pensait à la jeune Niluu si tel était son nom, ses cheveux avaient les mêmes reflets mielleux que ceux qu’arborait l’arbre. Sa gorge s’assécha. Le puits. Il fallait trouver le puits.


Il allait sortir de sa cachette quand un homme le poussa volontairement. Comment avait-il pu ne pas l’entendre ? L’homme en question, gras comme un cochon, bouffi comme son porcelet, se retourna et souffla, comme si Maël n’aurait pas du se trouver sur son passage. Son sang ne fit qu’un tour. Comment ce gueux pouvait-il lui reprocher sa présence ? Jetant ses seaux à terre, il attrapa le gros lard par le col, le secoua malgré sa masse pondérale importante et leva le poing, prêt à frapper.

« – Et quoi, tu vas me frapper ? »

Il n’eut pas à reposer sa question qu’un poing ferme et serré s’abattit sur son nez.

« – Mais t’es bas bien ?! pleura-t-il du nez.
– Tu m’as manqué de respect sale porc. »

Maël allait s’en aller, vainqueur, quand le jeune homme revint à la charge :

« – T’allais oublier tes seaux ! cria-t-il en en enfilant un sur la tête de Maël, tapant dessus comme un forcené.

Maël, pris au piège, empoigna discrètement son épée. Sa tête bourdonnait sous les coups répétés mais le bruit de l’acier dégainé le fit sourire. Son adversaire sembla surpris, comme si son euphorie avait voilé son discernement. Maël n’eut aucun mal à se dégager de son étreinte et, toujours le seau sur la tête, attrapa de nouveau le col de l’importun. Il retira le seau qui lui cachait la vue et découvrit son ignoble sourire.

Le gros bonhomme se mit à pleurer et tomba à genoux, soumis à la volonté de Maël, lui demandant pardon et pitié. Ce sentiment de pouvoir fit jubiler Maël qui écouta ses lamentations avec délectation.

« – Ma mère ! Ma mère ! Qui s’occupera d’elle ? Comment elle fera ? Et mon petit frère ! Comment qu’il va pouvoir aller aux champs tout seul ?
– Je n’ai que faire de ta famille, idiot ! Tu aurais pu t’en sortir avec un nez surement cassé, mais non, tu préfères jouer avec le feu ! Ou l’acier devrais-je dire… »

Il caressa le fil de sa lame qui lui coupa le pouce. Il laissa son sang glisser sur son épée comme un bourreau sadique l’aurait fait.

« – Je ferais tout ce que tu veux ! Mais me tue pas ! couinait l’autre.
– Que ferais-je de toi ? Tu n’es qu’un gros plein de soupe ! De toute façon, tu m’as imp…
– Je sais ! Je sais !
– Tu sais quoi ?
– L’eau ! De l’eau. souffla-t-il en montra d’un doigt tremblant les seaux renversés sur la rue. Je sais, je sais où trouver de l’eau si c’est ce que tu cherches. »

Maël lui aurait bien répondu qu’il n’en avait que faire. Cependant, il ne pouvait laisser les dévots l’attendre des heures. Mêmes s’ils étaient stupides, il était parti avec les seaux. Il avait beau jouer les durs à cuir, il n’était ni un assassin, ni un voleur. D’une voix empreinte de sagesse mais d’autorité, il dit :

« – Bien. Je vais t’épargner. Estimes-toi chanceux. Montre-moi où puiser de l’eau. Tu porteras les seaux. Si tu t’enfuis, je n’hésiterais pas à t’embrocher sur mon amie.
– C’est par là. »

_________________
¤¤¤ Maël Tin, Guerrier, Lvl 1 ¤¤¤

Présent actuellement ... à Tulorim


Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mar 17 Jan 2012 20:21 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 30 Oct 2010 22:06
Messages: 61
« – Au fait, quel est ton nom ?
– Pocard. Je m’appelle Pocard. »

Maël réprima un sourire quand il se dit « En plus d’être laid, son nom est tocard. ». Pocard marchait devant lui. Maël prit le temps de l’inspecter : plus que gras, il était costaud, voire même impressionnant pour qui ne voyait que son dos. Ses cheveux bruns chatoyaient encore comme ceux des enfants et sa coupe au bol lui donnait un air paroissial bien que ces vêtements étaient, sans hésitation, ceux d’un fils de fermier.
Même s’il y avait très peu de chance pour que Pocard s’enfuie avec les seaux, Maël garda son épée en main, on n’était jamais trop sûr.

Tous deux longèrent les murs du sinistre cimetière de Tulorim. Aucun oiseau ne piaillait, aucune branche ne grinçait sous le vent. Maël fut satisfait que les âmes reposent en paix, mais trouva étrange que pas même la brise ne rompit le silence.

Quand ils arrivèrent enfin au puits, Maël fit comprendre à son « esclave » de se charger de remonter l’eau. Il regarda Pocard s’activer et transpirer à sa place. De grosses gouttes glissaient le long de ses temps à tel point qu’il dut profiter lui-même d’un peu d’eau pour se rafraichir et se désalterer. Quand, à force de bras, les quatre seaux furent tous remontés, il dit :
« – Tu me sembles assez costaud pour porter les quatre jusqu’au temple. Je te laisse faire, histoire que tu fondes un peu. »

Pocard grogna de désarroi, les insultes répétées de Maël ne l’aidaient pas à se sentir à l’aise, mais il s’exécuta quand même. Il tanguait sous le poids des seaux pleins à ras bord et perlait à grosses gouttes. Il haletait et Maël le prit de pitié. Ce garçon n’avait rien fait de plus que le pousser. Peut-être était-il pressé ? Sa mère malade ? Souffrante ? Il s’en voulut d’avoir été aussi vil et impulsif.

Au fur et à mesure qu’ils approchaient en silence du temple, Maël voyait les seaux se vider peu à peu de leur eau. Il grommela et arracha des mains de Pocard un des seaux qu’il tenait pour le soulager de sa peine. Le jeune homme lui sourit, heureux de voir que la colère de son tortionnaire s’était éteinte.

_________________
¤¤¤ Maël Tin, Guerrier, Lvl 1 ¤¤¤

Présent actuellement ... à Tulorim


Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mer 25 Jan 2012 22:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 11 Mai 2011 15:05
Messages: 203
Localisation: Tulorim
Baldur, caché dans un recoin d'ombre, se frottait le front en essayant de réprimer un rire désabusé qui remontait dans sa gorge sèche. Il avait préparé sa planque pendant deux bonnes heures, s'était ennuyé comme un rat mort au milieu de la poussières et des toiles d'araignées, s'était amusé de la dispute erratique et nébuleuse entre deux ivrognes descendant la ruelle et se demandait maintenant si c'était le magicien au masque blanc qui lui avait menti depuis le début ou juste Zewen s'amusant à déverser une plage sur les rouages de cette mission... Après tout, rien n'était jamais facile, n'est ce pas ? On ne pouvait pas lui dire, comme ça, « Oui, pas de problème, partons-tout de suite vers Darhàm, sauver une jolie donzelle des griffes d'une demi-déesse maléfique. »...

Il y avait toujours un truc...

D'abord, ce furent les étranges lueurs rouge sombres qui filtraient à travers les planches barricadant les fenêtres du repaire des prêtres noirs, preuve de la présence des fanatiques là où Azdren assuraient qu'ils patrouilleraient dans les ruelles de Tulorim. Ensuite, ce fut l'arrivée prématurée du magicien au masque blanc et de sa soi distante sœur rousse, d'une avance sur l'heure prévue du rendez-vous particulièrement suspecte. Enfin, c'était ce même Azdren qui, comme un fou furieux, s'était lancé seul à l'assaut du taudis que les fanatiques sombres utilisaient comme forteresse... En son fort intérieur, Baldur se demandait néanmoins qu'est ce qui pouvait avoir fait sortir de ses gongs un magicien aussi glacial, distant et arrogant que cet Azdren, lui qui semblait partager avec le rôdeur ce même amour du plan qui se déroule avec la fluidité d'un cours d'eau dans les montagnes. Et pourquoi diable Irelia s'était invitée dans ce qui était sa planque, toute engoncée dans sa bruyante carapace métallique, comme si elle cherchait volontairement à dévoiler la position du rôdeur au continent entier. Mais la voilà qui redescendait l'escalier en trombe, partant à la rescousse de son fou de frère.

Baldur, caché entre les ombres, devait désormais faire un choix. D'un côté, il pouvait laisser toute cette bande d'imbéciles s'entretuer et chercher ailleurs des alliés plus stables psychologiquement. De l'autre, il pouvait honorer sa parole et joindre l'assaut, pour le meilleur et pour le pire, afin de s'assurer qu'Azdren et Irelia l'accompagnent lorsqu'il retournera à Darhàm.

Quelques secondes de réflexion plus tard, Baldur dégaina son épée dans un soupir... "... D'abord un capitaine de garde... et maintenant une secte de Thimoros.. J'en fait beaucoup pour tes beaux yeux, Azur..."


Sachant qu'il devait agir vite, Baldur se rua vers le bord de l'habitation, observant les faits et gestes d'Azdren et d'Irelia en train de littéralement pulvériser la façade de la « forteresse » des cultistes. S'autorisant une insulte et une malédiction à l'encontre des magiciens susceptibles, le rôdeur remarqua par la même occasion que certaines poutres soutenant le toit de sa propre baraque étaient sur le point de céder au niveau des articulations, sans doute à cause de la sécheresse ayant rendu le bois plus fragile que d'habitude. Repérant la plus grande traverse verticale, Baldur évalua sa solidité du plat de la main avant d'utiliser son épée pour attaquer la base de la poutrelle. À chaque fois que la lame entaillait de le bois, le rugissement sourds des combats se déroulant à l'intérieur du bastion de fortune des cultistes devenait plus puissant...
Quelques tuiles tombèrent devant Baldur, s'écrasant au sol et venant fracasser le crâne d'un ivrogne, en contrebat, qui observait béatement le spectacle du combat qui se déroulait près de lui. Une fine poussière, bleuie par les rayons lunaires, commença à virevolter dans l'air alors que d'inquiétant craquement résonnaient autour du rôdeur...

Après quelques minutes d'effort, de grognements et de coups de pieds et d'épaules bien placés, la poutre finit par basculer au-dessus de la ruelle, s'écrasant lourdement contre la façade du repaire des prêtres sombres et emportant avec elle un morceau de toit et de mur... Une poussière lourde et grise se souleva brusquement, enveloppant les environs dans un écrin étouffant. Sans perdre de temps, Baldur grimpa sur son pont de fortune et s'engouffra à son tour sur le champs de bataille...

Tous les sens de Baldur s'enflammèrent alors qu'il émergeait du dense nuage de poussière. Hurlements de fureur et incantations magiques furent les premières choses à parvenir à ses oreilles alors que la cadence de son cœur devenait plus lourde et plus rapide. De ses yeux mis-clos, le rôdeur parvint à distinguer une sorte de large cour, un atrium où seule une douzaine de silhouettes sombres se distinguaient du blanc cassé des murs et des colonnes brisées. De surnaturelles couleurs venaient illuminer les lieux tandis que Baldur cherchait des yeux un des fanatiques... Du regard, le rôdeur remarqua un des cultiste, courbé sur lui-même, toussant à en cracher ses poumons, sans aucun doute s'était-il trouvé trop près de l'endroit où la poutre s'écroula sur la façade du bâtiment. D'un pas leste et précis, Baldur se faufila dans le dos du prêtre de Thimoros, son corps fin semblant comme danser dans les lourdes volutes de poussière grise. Empoignant fermement la garde de son épée de ses deux mains, le guerrier Nirtimois souleva la lame bien au dessus de sa tête, lame pointée vers le bas, avant de l'abattre de toute ses forces dans le dos du fanatique. La lame se glissa entre les épaules du prêtre, brisant quelques vertèbres cervicales alors que l'homme se crispait de douleur en s'étouffant dans son sang. Profondément enfouie dans le thorax du fanatique, l'épée résistait aux tentatives du rôdeur pour la déloger de sa prison de chair et de sang... De plus, les gesticulations du fanatique n'arrangeaient guère les choses... Il lui fallait trouver rapidement un moyen d'immobiliser son adversaire afin de pouvoir retirer son arme et continuer de combattre ! Se saisissant d'une main sa dague, Baldur, dans un geste sûr et rapide, planta son coutelas dans la tempe gauche du cultiste sombre, brisant le crâne et entamant une partie du cerveau... l'achevant aussi, par la même occasion. D'un coup de botte, le rôdeur libéra son épée de son enveloppe de chair inanimée alors que le fanatique tombait à genoux, les yeux révulsés en arrière dans une étrange expression orgastique, laissant le cadavre encore chaud du prêtre s'écrouler lourdement au sol...
La seconde qui suivit, alors qu'il cherchait du regard son prochain adversaire, Baldur sentit ses jambes se dérober et son crâne exploser de douleur. Un des prêtres de Thimoros s'était discrètement faufilé derrière lui, imprégnant d'une énergie malveillante son bâton noir, et avait asséné un coup de bâton en traître si terrible que le rôdeur en avait la tête qui tournait. C'était comme si l'arrière de son crâne venait de prendre feu, des dizaines de vers se frayant un passage à travers les os et la chair... L'instinct sauvage du chasseur des marais gronda, lui intimant de réagir au lieu de rester là, comme un agneau titubant attendant le couteau du boucher. L'instinct de survie reprenant brutalement le dessus sur la douleur et la confusion, il se retourna vivement en faisant tourner son épée avec lui par la même occasion, espérant mutiler un bras ou une jambe... Baldur sentit son bras traversé par de terribles vibration et le pommeau de son arme lui échapper brusquement des mains, la lame fichée dans le bois du bâton du prêtre. Déséquilibré, le fanatique laissa une ouverture dans sa défense et avait été perturbé dans l'incantation d'un sortilège probablement destiné à achever le rôdeur étourdit, une erreur qui profita au rôdeur qui, dans un grognement de frustration, planta sa dague dans le ventre de son adversaire encore et encore et encore !

La première fois, le prêtre grogna de douleur...
À la seconde, la main du rôdeur se trempa d'un sang noir et visqueux...

Au troisième coup, le fanatique commença à rire...


Baldur avait entendu parler du culte de Thimoros, ses adorateurs trouvant plaisir et puissance dans la souffrance de leur corps ou de ceux des autres, mais jamais encore le rôdeur n'avait pensé combattre un de ces fanatiques psychopathes...

Il réalisa avec horreur que la bouche du prêtre, toute humide du sang qui remontait dans sa gorge décharnée, articulait des mots que Baldur n'arrivait pas à comprendre... Un nouveau sortilège !

S'il n'agissait pas rapidement...

Happant la garde de son épée, encore fichée dans le bâton du prêtre, Baldur balança sa tête contre le crâne de son adversaire dans un « tonk » sec... Les yeux plissés, légèrement sonné et grommelant doucement un "... Par les tétons bleus de Moura …!" typiquement Darhàsmois, le rôdeur récupérais au plus vite ses esprits, espérant avoir réussi à déstabiliser le fanatique. L'assaut improvisé eut néanmoins le succès escompté : l'épée du guerrier s'était affranchie de l'arme du fanatique et ce dernier titubait à quelques pas, ses robes noires détrempées de sang et de bile et tenant son groin brisé en grognant de frustration... Reprenant ses esprits, Baldur eut tout juste le temps de remarquer qu'une prêtresse, l'ayant repéré qui reprenait le dessus sur son confrère, marmonnait dans sa langue quelques incantations magique à son tour. Quelque part au fond du cœur du rôdeur, quelque chose lui hurlait de trouver une nouvelle échapatoire, quelque chose derrière lequel se mettre à l'abri avant de découvrir d'où tiennent les fanatiques de Thimoros leur sinistre et terrible réputation. Le regard du rôdeur se posa sur le deuxième cultiste, ayant déjà repris sa position de combat, au moment où la raison céda la place à l'instinct de survie... Ce « quelque chose » dont Baldur avait besoin pour survivre, il l'avait trouvé...

Hurlant à plein poumons, baissant la tête et anticipant le choc, Baldur se rua comme un forcené en direction du fanatique. Ce dernier envoya au guerrier Nirtimois par instinct un fabuleux coup de bâton qui vrilla de douleur son esprit, le faisant tituber dans sa course mais sans pour autant la freiner pour autant. Lancé dans son élan, Baldur parvint à pourfendre le prêtre de son épée longue, traversant la chair de part en part. S'agrippant à la garde de son arme comme un naufragé à un bout de bois flottant, le rôdeur concentra tous ses efforts pour conserver le corps du fanatique entre lui-même et la prêtresse... Bien entendu, son adversaire comprenait le but de la manœuvre et luttait à son tour avec vaillance... Chacun essayant de désaxer l'autre... Plantant sa dague dans la cuisse du prêtre pour le déséquilibrer, Baldur sentit une incroyable force s'écraser dans le haut du dos de l'adversaire... Quelques instants après, une écœurante odeur de chair et de sang brûlée agressait les narines du rôdeur. En levant les yeux, il croisa le regard du prêtre, le visage à moitié brûlé par une attaque magique...

Il n'y avait rien d'autre que de la haine dans ces orbes sèches, une haine mêlée d'une forme d'incompréhension... La mâchoire décharnée du fanatique était déformée en un rictus infâme, comme si même dans la mort il cherchait à mordre...

Laissant le corps du fanatique glisser doucement vers le sol, Baldur reporta son attention en direction de la prêtresse qui recommençait ses incantations, visiblement indifférente au funeste sort de son compagnon... Néanmoins, cette fois, l'instinct de Baldur lui intimait de ne pas chercher à se cacher, mais d'aller faire taire la sorcière une bonne fois pour toute... De toute ses forces et dans un puissant grognement, Baldur propulsa sa dague en direction de la magicienne. Le lancer était instinctif, gauche et peu précis, mais la lame tournoyante vint érafler le bras décharné de la fanatique, la déconcentrant suffisamment de temps pour que Baldur puisse commencer à se ruer dans sa direction, les deux mains fermée sur la garde de son épée, ses pensées tournées exclusivement vers ce désir irrésistible de mettre à mort celle qui se mettait désormais au travers de son chemin...

Seulement... Baldur n'aurait peut-être pas le temps de terminer sa course avant que la magicienne ne lance contre lui un nouveau sortilège... Tout était désormais question de chance... Ou d'opportunité.

_________________
Baldur
Rôdeur ; [Lvl 5]


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mer 1 Fév 2012 17:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 15 Nov 2010 10:09
Messages: 104
Localisation: Auberge de Tulorim
L'un des rares avantages dont on dispose lorsqu'on attaque bille en tête une position retranchée, qui plus est en frappant à la porte, c'est qu'en général ce genre d'action est considéré comme tellement suicidaire que personne ne s'attendra à ce que vous le fassiez. C'est pourquoi, lorsque Azdren cogna contre le bois vermoulu de l'entrée et que l'un des fanatiques de Thimoros interrompit ses activités macabres pour voir quel était l'infâme vermisseau qui avait l'outrecuidance de l'interrompre lui et ses frères à une heure aussi indue, le monstre à faciès humain marqua une hésitation.
Le cerveau retors qui était abrité derrière une peau boursouflée de cicatrices et de tatouages sordides constata la réalité du masque blanc, de la crosse noire tenue par une griffe desséchée ainsi que de la bure noire si semblable à la sienne... mais mit une éternité à associer tous ces détails à la description du traître que son ordre avait traqué jusqu'ici, à Tulorim.

De fait, la surprise fut telle qu'il ne vit que trop tard que la paume à demi tendue d'Azdren crépitait du feu sombre caractéristique du sort connu sous le nom de Souffle de Thimoros. Les yeux d'un jaune bilieux étincelèrent sous le masque tandis que le fanatique repenti agrippait la face boursouflée du cerbère... et relâchait le sort qui embrasa la tête de l'homme. Le religieux tomba en arrière en poussant un hurlement inhumain tandis que son visage se craquelait puis partait en cendres, que ses yeux fondaient et que sa langue boucanait dans sa bouche distendue par la douleur. Nul doute qu'en tant qu'adepte il aurait pu éteindre un tel sort si il s'était concentré suffisamment, mais il se contenta de faire comme tout un chacun en pareille occasion, c'est à dire se rouler par terre et porter ses mains à son visage.

Demeurant sourd aux râles d'agonie de sa victime, Azdren effectua un geste sec à l'aide de sa crosse et rassembla à nouveau les ombres alentours pour ganter à nouveau son poing de feu sombre avant de pénétrer dans l'habitation en ruine en donnant un violent coups d'épaule à la porte.
Ce qu'il vit alors lui embrasa les sens, lui qui était déjà glacé de hargne en faisant son entrée fracassante : une pièce au dépouillement monacal, à peine agrémentée de quelques grabats et éclairée par un brasero à l'immonde flamme pourpre faisant danser les ombres davantage qu'elle ne les repoussait. Et au centre de cette pièce, entourée par une demie-douzaine de silhouettes en robe noire, gisait le corps nu et inanimé d'une lyikor blanche comme neige vainement recroquevillée.

Parnalia...

Le temps suspendit son vol. Sur leurs gardes, les fanatiques reconnurent l'intrus et passé l'instant de surprise, vomirent tous sur lui une immonde bile noire magique avec l’extrémité des crosses qu'ils tenaient à la main. Cet infime moment d'hésitation suffit à Azdren pour modifier son sort par réflexe et ériger un boulier d'ombre devant lui, amplifié par la puissance de la relique qu'il portait... bouclier qui vola instantanément en éclats sous le choc mais qui eut le bon goût de le faire tomber en arrière dans le corridoir et de l'expédier contre le mur le plus proche.
Mais déjà les six prêtres s'avançaient en incantant, faisant luire le bout de leurs crosses d'une aura malsaine... et l'homme desséché se rendit compte qu'il n'avait plus d'échappatoire et que le prochain coup de boutoir aurait sûrement raison de lui.
Les autres durent s'en rendre compte car l'un d'entre eux, un fils de chien aux yeux couturés qu'il croyait pourtant avoir perforé de part en part dans le temple de Thimoros du désert d'Imiftil, se paya le luxe de le narguer en agitant son bâton.

"On se retrouve enfin, fils de chien. Je ne sais pas comment tu as réussi à tuer le maître, mais cela n'a aucune importance... ta putain de campagne a presque fini de payer, mais pour toi cela ne fait que commencer.
Un dernier mot, avant que tes os se brisent ?"


Fusillant l'immonde individu du regard, Azdren entendit alors un léger bruit allant crescendo et venant de la rue. Un bruit de plaques de métal en mouvement.
Sa bouche se tordit alors en un sourire carnassier et il ôta son masque d'un geste lent, présentant son faciès boucané à ses bourreaux.

"Tu veux savoir comment j'ai tué ton maître ? Je vais te le dire : c'est parce que nous étions trois dans le temple. Parnalia, moi... et ma petite soeur"

Les fanatiques, trop concentrés sur leur proie qui leur tendait presque la gorge, avaient oublié de surveiller la porte d'entrée demeurée ouverte. Erreur dont celui se trouvant le plus à droite du groupe de corbeaux se rendit compte quand la pointe d'une claymore lui transperça le flanc et le cloua au mur d'en face en lui faisant vomir un flot de sang, les yeux exorbités par la surprise.
Irelia pénétra à la suite de sa lame, esprit de la guerre bardé de métal et à la flamboyante chevelure rousse, se débarrassa de l'encombrant cadavre d'un ample revers et fit ainsi reculer les prêtres de Thimoros aussi vite qu'une bande de poules ayant aperçu un renard.
Poussant un cri de guerre, elle se rua sur eux tandis qu'Azdren se relevait et concentrait à nouveau sa magie dans sa paume. Cinq contre deux.

La guerrière vit arriver une première boule de feu sombre et ne chercha pas à l'éviter : elle se contenta de frapper l'air et de dissiper la flamme en plein vol avec sa Tranche-dragon. La seconde arriva trop vite pour qu'elle puisse réitérer cet exploit, mais elle eut tout de même le temps de se tordre les poignets pour que le bas de sa lame encaisse le coups à la place de sa chair.
La troisième attaque fut plus vicieuse, car une main d'ombre apparut brusquement dans celle d'Irelia et lui agrippa la cheville, l'obligeant à plier genou et à se découvrir devant ses adversaires. Heureusement, son frère veillait et expédier son propre sort à la volée sur l'ennemi qui semblait le plus menaçant, à savoir Yeux-couturés qui était en train d'enrager devant cette résistance inattendue. L'homme, touché à l'épaule, se jeta en hurlant sur le sol et essaya d'éteindre les flammes qui commençaient déjà à dévorer sa bure et sa chair scarifiée.
Restait le cinquième fanatique, une femme de petite taille au lèvres cousues et aux cheveux arachnéens... qui n'eut pas le temps de lancer son sortilège parce qu'une partie du plafond choisit pile ce moment pour décidé de s'effondrer, sans doute encouragé par la chute d'une énorme poutre !

Un nuage de débris engloutit la pièce, jetant tout le monde à terre et interrompant en particulier le sort qui entravait Irelia. N'ayant pas besoin de respirer et donc de cracher ses poumons à cause de la poussière, elle-ci se releva la première en feulant et chargea l'un des prêtres de Thimoros en sautant par-dessus le corps de la lyikor toujours inconsciente. Le Tranche-Dragon effleura le plafond... et retomba lourdement, ouvrant l'individu en deux de l'épaule à l'aine dans un nouveau jet de sang et de tripes répandues.
Une ombre pénétra alors par la béance ouverte par la poutre, se réceptionna au sol pour un roulez-boulé et s'attaqua prestement a un prêtre, brisant son bâton puis sa cage thoracique à coups d'épée redoublés avant que l'autre puisse même songer à se concentrer pour incanter. Sauge ! L'humain avait tenu sa parole !
Mais déjà l'humain se faisait attaquer en traître pour un coup de crosse chargé en énergie ténébreuse qui le fit tituber et Azdren n'eut que le temps de lancer un sort de main sombre pour immobiliser le fourbe le temps que le mercenaire se reprenne et règle son compte au fanatique.

Rattrapé par la fatigue occasionné par sa débauche d'énergie magique, le prêtre repenti fut prit d'un vertige et tituba légèrement avant de se reprendre, le souffle court. Heureusement, la situation paraissait presque sous contrôle : Sauge avait sauté sur l'un des deux derniers apôtres de Thimoros tandis qu'Irelia était en train de s'amuser avec Paupière-cousue en le taquinant de coups d'épée sans grande gravité tout en déviant ses sorts l'un après l'autre. Comme un chat s'amusant avec un moineau blessé.
Azdren n'eut que le temps de lui crier un ordre avant de se précipiter vers le corps inanimé de Parnalia pour le tirer à l'abri. Après tout, dans son état il n'était plus bon qu'a ça.

"Ne le tue pas, petite sœur ! Assomme-le, j'ai des questions à lui poser !"

Celle-ci dut l'entendre, car le dernier mouvement de Tranche-dragon qu'elle fit fut de frapper avec force le torse de son adversaire du plat de la lame, le projetant ainsi contre un mur et lui coupant le souffle. Enfin, elle brisa la crosse qu'il avait lâché tandis qu'il était tombé à genoux à essayer désespérément de reprendre sa respiration et le tint en respect du bout de son épée.
Le combat était déjà presque terminé, aussi bref qu'intense...

_________________
Azdren, fanatique ynorien
Deux âmes pour une vie

Image Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Dim 5 Fév 2012 23:49 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 29 Jan 2011 15:58
Messages: 3217
Localisation: Dans le ciel d'Omyrhy



Instinct primaire, magie primaire



La grosse brute tenait fermement la corde qui serrait les poignets d’Itsvara, il se collait à elle laissant à cette dernière tout le loisir d’humer les relents de sa crasse.

(Décidemment, même en sortant des égouts, l’odeur lui colle. Je ne peux même pas lui dire, saleté de poison !)

« Exc… » Elle esquissa un sourire, la voix lui était enfin rendue.
« Excusez-moi mon brave, je pense qu’il serait bon pour votre hygiène corporelle, et pour l’odorat de vos circonvoisins, de songer à prendre un bain. J’ai pleinement conscience du manque d’eau dans cette ville, il existe toutefois la mer toute proche qui saura remplir sommairement ce service. »

Ce fut Godot qui lui répondit, sèchement, sans même lui jeter un coup d’œil :
« Continue avec tes remarques et le prochain poison te retirera plus que la parole. »
« Je ne suis pas sûre de bien comprendre le sens de votre propos. Auriez-vous l’amabilité d’ex… »
« T’es conne, en fait ? C’est la vie qu’il te retirera, la mijaurée. »
« Oh… ! Bien. Je vais garder le silence, je pense. »


Le ciel s’était chargé de teintes pourpres et orangées, signe que le soleil cessait enfin d’assaillir la population de ses rayons brûlants. L’air ambiant restait cependant irrespirable, d’autant que la chaleur asséchait les immondices jetées dans les ruelles et l’urine séchée embaumait d’une odeur ammoniaquée les ruelles.
Le décor plongeait dans une pénombre angoissante et les premières faibles lumières allumées dans les masures projetaient des silhouettes d’ombre qui semblaient se tordre dans des danses macabres. Les visages des malfrats n’en étaient que plus repoussants et Itsvara observait ses ravisseurs ainsi que l’aspect général de ces ruelles. L’elfe, habituée au raffinement et à la nitescence sindel, était perturbée par la misère qu’elle entrapercevait à travers les volets mi-clos.
Ils déambulèrent de longues minutes dans ce dédale devenu totalement sombre avant de rejoindre le lieu de la rixe.

« Il n’est plus là ! On a pas frappé assez fort ! »
« Ou alors, ils ont déjà dépouillé le corps et l’ont jeté ailleurs. »
« Mais c’est ignoble ! Comment pouvez-vous vouloir et imaginer de telles choses ! »
« L’elfe, tu te tais ou je te cloue les lèvres. Faut que j’réfléchisse. »
(Je serais curieuse de voir ça.)

Collé par la gourgandine, Godot s’éloigna de quelques pas et jeta un coup d’œil rapide aux alentours. Il s’appuya contre le mur et poussa un long soupir, visiblement aussi agacé que dépité de s’être déplacé pour rien.

« Le morveux disparu, une bourse de cinquante yus et une sindel à bâillonner… Super. La nuit commence bien. »
« Si je puis me permettre… ? »
« Quoi encore ?! »
« Pourquoi ne pas rechercher dans les environs proches ? En prenant en compte l’état dans lequel vous l’avez laissé, je doute qu’il ait pu gambader bien loin. »

La voix de l’elfe était faible, hésitante. L’envie de retrouver Gabriel se faisait pressante, mais la crainte des évènements possibles une fois le jeune homme retrouvé l’inquiétait quelque peu.

Godot soupira à nouveau bruyamment et repoussa celle qui le collait depuis trop longtemps à son goût.
« Dégage. Fais l’tour des ruelles et retrouve-moi le gamin. Sers à quelque chose ! »

La dépravée jeta un regard noir à Itsvara et partit sans un mot, disparaissant rapidement au coin de la venelle. L’elfe, quant à elle, ferma les yeux et se mit à réfléchir.

(Il a beau être un voleur, il ne mérite pas ce sort. Tout, dans cet univers, doit-être équilibré. Voler un voleur, aider une étrangère, subir ces violences atroces, n’est-ce-pas déjà une compensation suffisante aux méfaits qu’il a pu accomplir ? Par Sithi et Gaïa, puisse-t-il être toujours en vie !)

Les minutes s’égrenaient lentement, le trio maintenait le silence. Godot et la brute restaient aux aguets s’agrippant à leur dague sitôt un bruit, même léger, se faisait entendre. Quelques feulements, frottements et éclats étouffés de voix et, enfin, la voix reconnaissable de la débauchée perça ce semblant de silence.

« J’ai r’trouvé l’sale môme ! V’nez ! Dans la ruelle d’la vieille sorcière ! »
(Enfin !)

Godot et la brute se dirigèrent vers la fameuse ruelle, traînant toujours Itsvara sans ménagement.


Là, dans un recoin encore plus sombre, s’il eût été possible, ils aperçurent la femme se tenant fièrement devant une masse informe, affalée au sol. Gabriel, à demi-inconscient, était retrouvé et à nouveau soumis au groupe de malfrats. Adossé à ce qui aurait dû être une porte, il releva la tête et fixa Godot, sans broncher, impassible.

« Bon, gamin, j’pense que t’as compris qu’il fallait pas nous chercher des poux. Maintenant, tu vas parler : Il est où le fric ? »

Silence. Itsvara regarda, presque implorante, le jeune homme.

« Bordel ! Tu vas parler ou j’t’arrache la langue ! Bâtard ! »
« ‘u parles pas comme ça d’ma mère ! »
« Par Gaïa ! Ravalez cette fierté et parlez ! Vous ne voyez donc pas qu’ils n’auront aucune retenue si vous vous murez dans ce mutisme stupide !? »
« Ils t’ont violée ? »
« Par Sithi ! Non ! Quelle drôle d’idée ! Surtout dans les égouts ! »

La gourgandine émit un petit rire chargé de sous-entendu en regardant Godot.

« Pas encore. Mais ça va pas tarder. Par contre, on va la bâillonner, j’veux pas qu’elle me casse les oreilles pendant j’lui casse les reins. »

Cette phrase transforma immédiatement le fier sourire de la garce en un rictus de colère et de frustration. Elle lorgna Itsvara de la tête aux pieds et pesta à mi-voix.
« Trop grande, pas assez d’formes, mijaurée, de toute façon, elle a rien pour elle… »

« Parle ou j’la viole ici et maintenant. »
« Tu crois qu’j’en ai quelque chose à foutre ? J’la connais pas. Elle me colle autant qu’une Silvis à son rocher, et me file aussi mal au crâne que sa liqueur. »

Godot ne put s’empêcher de rire à la remarque de Gabriel, le peu de temps passé avec la sindel lui avait bien montré à quel point elle pouvait être fatigante mentalement.
Itsvara, quant à elle, regardait l’un et l’autre, dubitative.

« C’est une blague ? »
« Blague ou pas, j’veux mon fric. Alors le morveux, tu vas parler ou j’te brise les doigts après lui avoir brisé les pattes arrières. »
« Mais il en est hors de question ! Je ne suis pas responsable des actes de cet enfant ! »
« J’suis pas un enfant ! »
« Et t’as pas ton mot à dire… »

La brute eut comme réaction spontanée de baffer l’elfe, qui se retrouva projetée, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, au sol, à côté de Gabriel. Godot ne s’offusqua pas le moins du monde, tandis que sa moule ria vulgairement en voyant l’elfe voler comme un fétu de paille.

« Tu peux la frapper, tu peux m’frapper, j’dirai rien. Ce fric, c’est le mien. L’gros porc a rien foutu, ta pute est restée à s’faire les ongles, et toi, t’as regardé. T’as quand même pas cru qu’j’allais te r’filer un yus ?! »

Itsvara sortit rapidement de son étourdissement et se plaqua contre la porte au bois vermoulu. Instinctivement, elle palpa son crâne, sentant une douleur lancinante, et scruta la brute avec autant de mépris que de pusillanimité dans son regard.

« Lève-toi. »
« J’peux pas. T’as dû oublier mais vous m’avez fracassé ! J’ai d’jà eu du mal à m’trainer jusqu’ici… »

En un pas, la brute se rapprocha de Gabriel et l’attrapa par le col. Ce dernier ne put réprimer un cri de douleur, les côtes brisées le torturant inexorablement. Lorsque le lourdaud relâcha sa prise, la souffrance se fit plus violente encore.
Itsvara, choquée, se pencha sur le jeune homme, voulut apposer ses mains mais se retint, comme bloquée. Elle fixa un bref instant sa main droite, celle à la brûlure, et eut un léger mouvement de recul. Finalement, dans un soupir, se décida enfin à poser ses mains sur le torse du varrockien.

(Pourquoi tant de souffrance, de colère, de rage, de violence ?! Pourquoi suis-je incapable de pouvoir équilibrer ce mal et de soulager la douleur ? Je donnerai tout ce que je peux pour aider ce pauvre enfant. Si jeune et déjà tant de peine.)

« Tu me casses les burnes le morveux ! Parle ! Ou j’demande à ce qu’il te traîne comme la loque que t’es. »

(Koushuu, toi qui maintenait l’ordre universel et assurait la pérennité des choses, permet moi de trouver la force de suivre ton exemple !)

« Je… » Gabriel ne put finir sa phrase, un gargouillis ensanglanté l’en empêcha.
« Par Gaïa ! »

Son exclamation fut accompagnée par l’apparition d’une lueur douce et rassurante au creux de ses mains, se déversant lentement dans le corps esquinté du jeune homme. Celui-ci eût un petit sourire de soulagement. La douleur, même si encore bien présente, se trouvait peu à peu amenuisée.
Les brigands, comme Itsvara, restèrent figés d’étonnement.

(Vl’a qu’maintenant elle soigne ! On l’frappe pour rien ! Il va pas parler !)
Godot, réalisant qu’il n’obtiendrait rien de Gabriel, eut un élan de rage et se retourna vers la première personne passant à proximité pour déverser sa colère et son envie de larcin. En l’occurrence, il s’agissait de deux hommes.


Le premier atteignait sans aucun doute les deux mètres. Il était habillé d’un long manteau noir et d’une capuche couvrant la moitié de son visage. Seules ses lèvres auraient pu être visibles, si la pénombre ne les avait masquées. Son compagnon, quant à lui, ne devait pas dépasser le mètre, tant en hauteur qu’en largeur. Ils formaient ainsi un binôme aussi improbable qu’amusant.

Godot, se contrefichant tant de l’aspect étrange du couple que de la taille démesurée de l’homme au manteau noir, se jeta sur ce dernier et planta sa dague avec rage. Ses deux compagnons s’engagèrent instantanément dans le combat. Le petit homme, faisant preuve d’un courage déplorable, se réfugia derrière la grande silhouette qui n’avait ni bougé, ni grogné, alors que la dague de Godot restait plantée dans son corps.
Le temps fut comme arrêté. Godot resta figé et releva la tête lentement, cherchant à dévisager sa prétendue victime. Quant à la garce et au gros lard, ils stoppèrent purement et simplement leurs mouvements. Le géant se pencha légèrement, offrant ainsi à Godot une vision plus certaine de son visage. Le malfrat eu un hochement de surprise, tenta de récupérer sa dague tandis qu’une branche s’enroulait autour de celle-ci. Godot recula d’un pas, préférant abandonner sa dague à l’inconnu et fit un geste à ses deux compères. Tous prirent la fuite sans demander leur reste.

Itsvara, quant à elle, était restée aux côtés de Gabriel, maintenant ses mains sur le corps du jeune humain, cherchant à comprendre ce qu’il s’était produit et vérifiant régulièrement que la rixe ne causerait pas de nouveaux drames. Lorsque le trio fut parti, elle observa le géant et le petit homme.

(Pourvu qu’ils ne soient pas aussi violents et absurdes que les trois autres.)



_________________
ImageImage


Dernière édition par Itsvara le Lun 6 Fév 2012 21:02, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Lun 6 Fév 2012 21:00 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 29 Jan 2011 15:58
Messages: 3217
Localisation: Dans le ciel d'Omyrhy


Être étranger, étrange être


« Excusez-moi, avant de vous demander qui vous êtes et comment vous avez fait fuir ces malfrats, j’ai besoin de votre aide pour ce jeune homme. Il a besoin de soins, s’il vous plaît. »

L’elfe semblait épuisée et lasse, ses mains et ses yeux n’avaient pas quitté le corps du jeune humain inconscient alors qu’elle parlait aux deux inconnus. Elle ne prit même pas la peine de finaliser sa demande par un regard, implorant ou non. Elle attendait, simplement, une parole ou un geste en réponse.
Un léger grincement accompagné d’un bruissement se fit entendre tandis que le géant se rapprochait. Quelques feuilles vinrent se poser sur l’épaule d’Itsvara qui sursauta légèrement. Elle ne s’attendait pas à un contact, et encore moins à celui d’un végétal.

« Un… Oudios ? Ici ? »
« En effet. » Le géant marqua une courte pause. Sa voix était profonde et apaisante. « Seul le fait que je sois à Tulorim vous étonne ? Pas ma race ? »
« Vous n’avez pas répondu à ma question. Pouvez-vous l’aider ? »

Une lumière douce se forma autour de la deuxième branche de l’Oudios qui effleura alors le Varrockien . Les plaies et contusions de ce dernier s’estompèrent aussi rapidement qu’elles étaient apparues sous les coups de ses agresseurs. Itsvara resta muette d’étonnement, regardant ses propres mains avec consternation. Enfin, elle se tourna vers le guérisseur, les yeux emplis de gratitude et d’interrogations.

« Vous l’avez soigné, n’est-ce pas ? »
« Je pense. »
« C’était la première fois ? »
« Je pense. »
« Vous l’avez donc fait d’instinct. »
« Je pense. »
« Levez-vous. Et ne vous inquiétez pas, il va s’en remettre. »

À peine la phrase fut-elle finie que Gabriel entrouvit d’abord lentement les yeux pour rapidement les écarquiller de surprise.

« Oh putain ! C’est quoi ce truc ?! S’est passé quoi ? »
« Il s’agit d’un Oudios. Et il vous a sauvé. Montrez de la reconnaissance. »
« J’ai pas d’argent. »
« Je n’en ai pas besoin. Levez-vous donc, tous les deux. Nous ne devrions pas rester ici. »
« Maître, faut-il que je coure réserver à l’auberge du Pied Levé ? » Une voix nasillarde et enjouée se fit entendre derrière la grande masse formée par l’Oudios. Ce dernier grinça, probablement pour sourire, et acquiesça à la demande. La petite chose se mit à courir gauchement et disparut bien rapidement.

« Bien, allons-y. Vous avez sans aucun doute besoin de vous restaurer. »
« Nan, mais, c’est un arbre le truc qui bouge et parle, là ?! »
« Oui, et vous lui êtes toujours reconnaissant. Quoiqu’il soit, moi, je le suis. Merci, Monsieur. »
« Ce n’est rien. Je pense que vous voulez bien plus qu’un repas, Dame. Nous en profiterons pour parler un peu. »

Le Varrockien, flanqué de la Sindel et de l’Oudios, ressemblait à un enfant en balade avec ses parents, tant la différence de taille était impressionnante.

« Putain, mais qu’est-ce que je fous là ? Hé, la géante, maintenant que t’es accompagnée, j’peux me barrer ? »
« Non, vous resterez au moins jusqu’à ce que vous ayez remercié cet homme. »
« C’est pas un homme ! C’est un arbre ! »
« Je vous dis que cela importe peu. Je n’attends pas de gratitude. Il peut partir si ma présence le rend mal à l’aise. Cela ne m’offusque pas. »
« C’est un abruti, et cela m’offusque ! »
« Bon, j’reste, mais juste le temps de grailler un morceau. C’est pas tous les jours qu’un arbre va m’payer à bouffer. »

Itsvara resta estomaquée par l’attitude du jeune homme ainsi que par celle de leur sauveur. Celui-ci semblait tellement indifférent aux remarques désobligeantes de Gabriel. Il avançait, calmement, et commentait sans animosité les remarques de l’humain.

Mis à part l’attitude irrévérencieuse de Gabriel, rien ne troubla leur marche jusqu’à l’auberge du Pied Levé.


_________________
ImageImage


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Lun 13 Fév 2012 18:21 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 11 Mai 2011 15:05
Messages: 203
Localisation: Tulorim
"Putain corrompue !"

La voix de Baldur retentit comme un coup de tonnerre dans la salle devenue soudainement si calme ; seules les incantations démentielles de la dernière fanatique debout et les gémissements d'une Lyikor nue, prostrée et sanglotante, la truffe nichée entre les bras décharnés d'Azdren. Accompagnant son exclamation, ses bras décrivirent un large arc, ses mains fermement agrippée à la garde de son épée, puis son corps tout entier commença à suivre le mouvement tournoyant...

De l'autre côté de l'atrium, le visage de la cruelle magicienne s'illuminait d'un infâme rictus alors qu'elle terminait ses sombres incantations. Ses doigts squelettiques crépitant d'une énergie malsaine et brûlante, laissant échapper des craquelures de sa peau quelques flammes sombres.

Mais son sourire disparu bien vite pour laisser place à une expression de surprise et d'horreur : ayant mobilisé toutes ses forces en un geste aussi instinctif que dangereux, Baldur avait lancé aussi fort que possible son épée en direction de la magicienne... La lame virevolta un instant dans les airs avant de frapper durement l'épaule de la fanatique, lacérant ses chairs et lui arrachant un cri de douleur. Incapable de contrôler son sortilège à cause de son épaule à moitié brisée, la magicienne déchargea son sortilège en une boule de feu brûlante qui alla exploser parmi les poutres du plafond... Déjà endommagée par la vieillesse du bâtiment, la sécheresse et la poutre qui s'était abattue sur un des murs, la battisse qui servait de repaire aux fanatiques trembla encore sous l'explosion magique...

Déjà les flammes commençaient à ronger et cuire bois et ardoises...

Baldur, qui n'avait pas quitté des yeux son adversaire, se rua en sa direction jusqu'à se propulser littéralement contre la magicienne. Basculant en arrière sous la force de l'impact, l'arrière du crâne de la fanatique s'écrasa en un bruit sec. Les yeux brillant de folie meurtrière, le rôdeur se plaça à califourchon sur la femme corrompue, la gueule déformée par une expression de rage intense...

Submergé par une incontrôlable colère, le rôdeur abattit ses poings encore et encore et encore... L'un après l'autre, parfois les deux ensemble en un formidable coup de marteau, plantant ses pouces dans les orbites secs de l'infâme magicienne jusqu'à ce que ses mains soient noires de sang et le visage de son adversaire brisé en milles morceaux... Lorsqu'enfin la magicienne cessa de crier et de se débattre, sa gorge écrasée, ses yeux crevés et les os de son crâne pulvérisés, Baldur cessa ses assauts. Il resta un moment là, à cheval sur un cadavre, reprenant son souffle et calant son esprit enivré des odeurs de sangs...

Il aimait cet arôme âcre et métallique …
Comme la fragrance d'un bon vin, grisante, entêtante …


Essuyant sa mâchoire et sa barbe perlée de gouttes de sangs et de sueurs, Baldur secoua la tête pour mieux reprendre ses esprits. Son regard se porta sur la charpente du toit où se propageait lentement mais sûrement les flammes, dévorant les poutres de bois secs et poussiéreux... Dans moins d'une heure, l'endroit s'effondrera, il ne fallait pas perdre de temps, pas maintenant... Il se leva, récupéra sa dague et son épée et commença à méthodiquement fouiller les cadavres à la recherche de quelques butins ou pièces d'or avant de se hâter auprès d'Azdren, de sa sœur rousse, de la lyikor sanglotante et du fanatique assommé. Tâtant l'arrière de sa tête, encore douloureuse après le coup de bâton d'il y a quelques minutes, il annonça :
"... Nous devons partir, mage. Nos combats auront sûrement attiré l'attention des gardes et l'incendie risque de nous ensevelir sous les tuiles du toit..."
Désignant de la main la Lyikor nue qu'Azdren enlaçait, il demanda :
"... Qui est-elle ? C'est pour sauver cette femelle à fourrure que vous avez risquer nos trois vies en vous lançant à l'assaut seul et sans renforts ?..."

_________________
Baldur
Rôdeur ; [Lvl 5]


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Jeu 16 Fév 2012 19:28 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Lun 15 Nov 2010 10:09
Messages: 104
Localisation: Auberge de Tulorim
Tandis que le frère et la sœur étaient occupés au chevet de leurs partenaires respectifs, Sauge avait fait des étincelles avec la dernière fanatique encore debout : après avoir détourné un sort probablement mortel par un habile lancer d'épée qui avait failli trancher le bras de son assaillante, l'homme lui avait tout bonnement sauté dessus et lui avait martelé la tête de ses poings avec la régularité d'un forgeron jusqu'à ce qu'il ne demeure sous ses phalanges qu'une pulpe immonde.
Hélas, le sort de l'infâme prêtresse était quand même parti, échappant à tout contrôle et finissant sa course contre l'une des poutres du plafond qu'il enflamma comme le ferait toute boule de feu digne de ce nom. Inutile de dire qu'un début d'incendie se déclara rapidement sous la toiture et qu'il était futile d'imaginer pouvoir l'éteindre avec la sécheresse inhabituelle qui frappait actuellement Tulorim. La meilleure option était donc de prendre la fuite avant que la bicoque ne leur tombe sur le crâne.

Azdren avait donc pris son amie lyikor inconsciente dans ses bras aussi délicatement qu'il le put en ignorant sciemment les sarcasmes de Sauge, Irelia avait agrippé le fanatique survivant et déjà hoquetant à la gorge... et le mercenaire avait rapidement fait le tour des possessions des prêtres baignant dans leur sang avant de les suivre au-dehors dans la rue. Là, la guerrière mort-vivante avait jeté son chargement dont la peau grise avait viré au rouge brique brutalement sur le sol, le laissant péniblement reprendre pied avec ce monde de souffrances qu'il prétendait encore il y a peu abhorrer.
Curieusement, ce début d'incendie attirait certes l'attention dans ce quartier l'attention dans ce quartier déshérité mais tous les locataires des ruines voisines semblaient avoir décidé de prendre la poudre d'escampette, sans doute peu désireux d'être pris au piège quand le feu s'étendrait à tout le quartier. Au moins cela ménageait-il au petit groupe un semblant d'intimité tandis que le toit de la masure commençait déjà à s'effondrer faute de poutres valides pour le soutenir.

Azdren sentait la chaleur de ce corps abandonné contre le sien, son poids, sa beauté sans défense dont il avait déjà pu goûter la saveur il y a de cela une éternité. Ses mains desséchées passées derrières les épaules et les genoux de la lyikor, il ne pouvait détacher son regard de ce visage lupin aux yeux douloureusement clos et dont la langue épaisse dardait entre les canines de prédateur brisé, comme si la femelle cherchait un soupçon d'air ou de fraîcheur pour se rattacher à l'existence. Le visage du fanatique repenti se ferma tandis qu'il serrait un peu plus ce corps dont il percevait les battements de cœur à travers l'étoffe grossière de sa bure, puis il tomba à genoux et le déposa avec une certaine forme de tendresse par terre.
Lui relevant doucement la nuque, il embrassa chastement son ancienne partenaire sur le front puis lui murmura quelques mots à l'oreille avant de la laisser se reposer.

"Réveille-toi, mon amie. Reviens parmi nous."

Azdren se redressa, la bouche tordue par un pli amer, et s'avança vers le fanatique toujours hoquetant avant de s'accroupir face à lui. Ses yeux se réduisirent alors à des fentes, écrins féroces à une paire d'yeux bilieux rehaussés d'une pointe de haine.
L'homme brûlé éprouvait un violent désir de frapper ce sous-être, de marteler ce visage couturé de cicatrices jusqu'à le réduire en pulpe, de faire payer au centuple ce que ce monstre avait du infliger à la lyikor... mais il se contraignait à afficher une attitude froide et impassible, car il avait des questions à lui poser.
Une petite dizaine de fous furieux, surtout dotés de pouvoirs ténébreux, cela semblait vraiment trop pour une quelconque vendetta. Il allait falloir arracher la vérité du crâne de ce dément, mais sans utiliser la force, bien évidemment.

"Fils de chien...tu as voulu réclamer ta vengeance et tu m'as sous-estimé. Pensais-tu réellement pouvoir réussir là où ton maître avait échoué ?
Pauvre fou, tu as joué et tu as perdu. Pire encore, tu t'en es pris à Parnalia !
Mais il n'y a pas que cela, n'est-ce pas ?
Dis-moi ce que toi et tes petits camarades étiez en train de préparer. Maintenant."


L'autre, assis le dos à un mur, s'esclaffa douloureusement et manque de s'étouffer.

"Kreuh, kreuh ! Comme si j'allais dire quoi que ce soit à un traître comme toi ! Et quant à ta putain, sache qu'elle n'a pas cessé de hurler quand la verge de de mon dieu lui a fouillé les entrailles, une doux hymne en son nom où elle n'a eu de cesse de clamer le tien !"

Le poing d'Azdren parti avant même qu'il ne songe à ce qu'il faisait, fracturant la pommette de son interlocuteur et lui cognant violemment la tête en arrière contre le mur. L'autre dodelina un peu du bonnet, mais son fou-rire ne fit que s'amplifier, tant il était certain qu'aucune douleur ne pourrait être comparable à celle que lui avaient fait subir ses supérieurs jusqu’à son ordonnance de prêtrise.

"Tu ris. Tu ris et je sais très bien pourquoi, car il était un temps où j'étais fondu dans le même moule que toi... mais tu oublies que je ne sais que mieux la façon dont ton corps est devenu aussi tordu que ton esprit. Tes muscles, tes nerfs, ton coeur de cuir... je sais où frapper pour te plier en deux, pour te faire cracher tes tropes, pour jouer de tout ton corps comme mon amie le fait de son tambourin."

"Hinhin... essaye toujours, fils de pute !
Le seul qui ait jamais réussi à m'arracher des cris, tu l'as lâchement assassiné !"


"Crois ce que tu veux, mais tu as tort de me sous-estimer... si tu veux une preuve, je te suggère de jeter un coup d’œil à ma chère sœur. Avec les yeux de Thimoros."

Par simple réflexe, le prisonnier obtempéra... puis son sourire narquois se figea lorsque ses sens magiques s'affolèrent et que ses yeux morts s'écarquillèrent : une dentelle pulsante de lignes sombres, uniquement visible pour un pratiquant des arts occultes, parcourait le corps d'Irelia. Le prêtre tourna vers son visage interdit vers celui d'Azdren, grimaçant d'incompréhension.

"Mais qu'est-ce que... qu'est-ce que c'est que cette chose ?"

"Ma création. Là où ton maître se contentait d'exercer son pouvoir pour détruire et manipuler, j'ai fait mieux : j'ai donné une seconde chance à un corps ainsi qu'à un esprit. Sais-tu à quel point il est difficile de relier la chair aux os, les os aux boyaux et ainsi de suite ? Non, bien sûr que non...
Qu'importe. Crois-tu que je ne pourrai pas tirailler l'intégralité de tes nerfs pour te faire connaître des océans de souffrance, moi qui suis supérieur en tous points à ton damné maître ? Répond, sac à foutre !"


L'homme ne répondit pas, mais marqua une nette hésitation, son regard passant rapidement d'Azdren à Irelia en cherchant à déterminer si celui-ci bluffait ou si...
Était-ce un soupçon de peur que l'on pouvait lire dans l'infime tressaillement de ce visage balafré ? En ce cas, il ne manquait d'un rien pour que l'affreux craque.

_________________
Azdren, fanatique ynorien
Deux âmes pour une vie

Image Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Sam 18 Fév 2012 08:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 26 Jan 2011 16:17
Messages: 84
L'esprit humain... capable aussi bien de synthétiser la grandeur que la bassesse d'une espèce entière, qu'il soit dissimulé au fond des tripes ou de la cervelle, n'a cessé de fasciner les penseurs de toutes les époques et de tous les horizons. Quoi de plus logique, étant donné sa complexité ?
L'une de ses capacités les plus étonnantes est sa capacité à protéger son hôte contre les vicissitudes diverses qui lui sont infligées : torturez un corps, brisez-le, découpez-le en fines lamelles, et vous constaterez que sa psyché se rompra bien avant le reste. Le malheureux sujet se retrouvera alors plongé dans un bienheureux coma qui l’éloignera loin de toute souffrance, à moins qu'il ne préfère emprunter les éternelles errances de la folie.

Celui de Parnalia, qui avait déjà fait l'expérience de la quasi-mort lors du voyage qui l'avait mené à Oranan, avait miséricordieusement choisit la deuxième option. La lyikor avait alors sombré dans un état de semi-conscience où elle se sentait flotter sur le dos au sein d'un élément chaud, paisible... était-elle revenue dans les grottes de son clan, à barboter dans la source chaude qui jaillissait en son tréfonds ? Non, elle ne se sentait pas mouillée et l'endroit était douillet, pas bouillant. Alors peut-être tout bonnement s'agissait-il du ventre réconfortant de sa mère ?
Oui... qu'est-ce que cela pouvait être d'autre ?
Instinctivement, la femme-louve se recroquevilla pour mieux profiter de ce bien-être, plaquant ses oreilles triangulaire contre ses crâne comme un jeune louveteau et faisant de même avec sa queue. Elle ne représenta alors plus qu'une boule de fourrure emplie d'un sentiment de plénitude, tellement sereine que même un tremblement de terre n'aurait pu la faire réagir, et surtout pas les souvenirs de ce qu'elle avait vécu dans la masure.

Parnalia était... bien

Mais du fond de son antre de paix, elle ne put s'empêcher de ressentir quelque chose : une sorte de douce étreinte au niveau de son flanc, de ses épaules et de de ses genoux... comme si quelqu'un la portait aussi tendrement que sa mère le faisait.
Puis vint l'impression que des lèvres effleuraient son front poilu, et enfin un infime murmure qui lui chatouilla le creux des oreilles sans parvenir véritablement à atteindre son esprit embrumé. Il s'agissait néanmoins d'une voix qu'elle connaissait intimement, en qui elle avait toute confiance. Que disait-elle ?

"Réveille-toi"

Devait-elle pour autant obéir, alors qu'elle se sentait tellement en sécurité dans cette antre où nul mal ne pouvait l'atteindre ?
Le contact cessa brusquement, s'évaporant comme la brume au petit matin sous la caresse du soleil et dans un réflexe naturel à tous les êtres de ce monde cherchant protection et amour, Parnalia voulut se rattacher à lui.
Elle ouvrit les yeux.

Ombres et flammes furent les premières choses que ses yeux encore faibles aperçurent : ténèbres nocturnes tenues en respect pour l'incendie d'une masure qui nourrirait ses cauchemars pendant de longues années.
Puis son épiderme se rappela à son bon souvenir, lui faisant comprendre qu'elle se trouvait couchée à même le sol dans le plus simple appareil, incapable même de bouger la moindre griffe. Tout le bas de son corps semblait hésiter entre le fait de lui envoyer des messages de douleur et celui de sombrer à son tour dans une lassitude réparatrice.
Au prix d'un effort inouïe, la lyikor put tourner lentement la tête et assister à une partie de la scène qui se jouait à côté d'elle : Paupière-cousue adossé à un mur et éclaboussé de sang, auquel faisait face son ami Azdren accroupi. En retrait se tenaient la guerrière rousse que le fanatique repenti faisait passer pour sa sœur ainsi que le mâle humain qu'elle avait pisté jusqu'ici et qui ne pouvait être qu'un mercenaire embauché pour l'occasion. Parnalia reporta son attention sur Azdren et tenta de l'appeler, mais ce qui sortit de sa gorge desséchée par l'émotion ne pouvait être qualifié au mieux que d'un glapissement de louveteau. Au mieux.
Elle déglutit douloureusement et tenta de réitérer son exploit, en vain. Elle devait pourtant parler à son sauveur, lui exprimer sa gratitude pour l'avoir sauvée et d'avoir su aller la chercher jusque dans le sein de la Mère où elle avait trouvé refuge !
Elle recommença une dernière fois en monopolisant le peu d'énergie qui lui restait, espérant que son cri ne se perdrait pas dans le craquement des poutres de la masure voisine soumise à la torture des flammes.

_________________
Parnalia, mage Fujonienne

Un monde si grand et si vaste... comment s'y sentir seule ?


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mar 28 Fév 2012 12:32 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 14 Fév 2012 11:35
Messages: 5
Le temps est sec et Fabioloco a l'impression à chaque respiration d'avoir les poumons en feu et le fait de regarder au loin lui fait mal aux yeux a tel point qu'il regarde constamment le sol pour avancer relevant de temps en temps sa tête afin de voir où il va.

(Quelle chaleur, c'est bien la première fois que je ressens cela. Si cela continu comme cela, tout le monde va s’entre-tuer pour la moindre goutte d'eau !)

Dans les ruelles l'atmosphère est très calme et désertique. Il était déjà venu plusieurs fois dans ces ruelles et, avant, il y avait toute sortes de personnes. Cela grouillait de monde! A croire que la sécheresse a fait disparaître toutes ces personnes.

(C'est très étrange ... Mais où sont passés toutes les personnes qui traînent dans la rue d'habitude? Elles se sont réfugiés chez elles ? Elles ont quittés la ville?)

Quoi qu'il en soit Fabioloco ne chercha pas plus loin n'étant pas intéressé par le sort des habitant de la ville.

Fatigué, assoiffé, et même un peu blessé par le soleil qui brûle sa peu, Fabioloco traîne des pieds pour avancer dans cette satanée ruelle, le poids de son épée n'arrangeant en rien la facilité de son avancement.

(Elle est encore loin cette auberge ? J'ai bien besoin de repos et de quoi boire!)

Tout a coup, au loin il repère quelque chose au sol en plein milieu de la ruelle. Fabioloco s'approche lentement de la forme au sol. Cela est marron assez petit et une fois a coté il se rend compte que c'est une gourde, quelle aubaine pour lui!
Il la ramasse et regarde s'il n'y a pas de quoi boire un petit peu. Rien qu'au poids ce celle-ci il se rend compte qu'elle était pleine. Il l'ouvre et la porte a sa bouche afin de boire.

Puis une voix se fait entendre dans le dos de Fabioloco.

"Et toi là, donne moi cette gourde c'est la mienne!"

Fabioloco n'a même pas le temps de boire. Il se tourne et rebouche la gourde.
Il voit un homme assez petit, chauve, le visage brûlé par le soleil. Il est torse nu chaussé de sandale et porte un short en lambeau.
Cependant dans sa main droite se trouve une dague que cet homme pointe en direction de Fabioloco le menaçant.

Fabioloco compris bien que l'homme est assoiffé et veut la gourde afin de se désaltérer.

"Hé, ça va pas non ? On se calme! Si tu veux, on partage!"

L'homme le regarde bizarrement et lui répond:

"Non je veux tout et en plus c'est ma gourde alors donne moi la!"

Fabioloco :

"Heu ... Non! D'une part rien ne me prouve que c'est ta gourde. D'autre part, j'ai pas envi de te la donner alors si tu la veux, viens la prendre."

Sur ces mots l'homme avance armé de sa dague et porte un coup au niveau du visage de Fabioloco. Ce qui provoqua une envolée de poussière. Le guerrier n'a pas le temps de prendre son épée mais pu contrer le coup en attrapant le poing de l'homme. La dague s’arrête a quelques centimètres du visage de Fabioloco. Surpris, le guerrier mis un gros coup de pied au gringalet, toujours lui tenant le poing, lui faisant un bonne balayette comme il les aime. Une fois au sol. Fabioloco lâche le poing de l'homme au sol, prend son épée et pose la pointe de celle-ci sur le cou du gringalet qui dit sanglotant:

"Désolé monsieur, c'est que j'ai si soif ... Ma famille est dans le même cas que moi, il sont assoiffés et c'est pour cela que je veux toute l'eau! Je sais bien que ce n'est pas ma gourde mais s'il vous plaît monsieur, donnez la moi ..."

Fabioloco :

"T'aurais du me dire cela dessuite avant d’essayer de me blesser. Maintenant laisse moi, je ne te donnerais pas cette gourde!"

Il cherche la gourde qui était tombé pendant la bagarre. Il regarde au sol, et la trouve suintant d'eau. La dague du gringalet en tombât l'avait transpercée. Pris de nerf, Fabioloco la ramassa et dit :

"Et bien voila! Par ta faute il n'y a plus rien! Regarde moi ça!"

Puis il jeta la gourde au sol violemment.
Le gringalet se mit a rire devant l'ironie de la situation:

"Hahaha .... Désolé c'est plus fort que moi Hahaha!"

Énervé, dégoutté, Fabioloco mis un gros coup de pied dans l'homme au sol qui se plia aussitôt stoppant son rire.

Sans un mot le guerrier repartit en direction de la taverne, laissant l'homme au sol derrière lui.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 10:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 10 Fév 2012 14:50
Messages: 6
Localisation: Tulorim
Suite de : Premiers pas - Premières incompréhensions...

Premiers pas - Face à la misère...


Cet épisode dans le marché l'avait lassé. Les humains commençaient sérieusement à l'agacer, et le Taurion regrettait même sa venue dans cette ville. Cette race ne faisait preuve d'aucune indulgence et le racisme qu'il avait pu voir dans leurs yeux l'exaspérait. Il était différent, certes, mais est-ce que cet état de fait justifiait un comportement si peu acceptable ? On l'avait traité comme un être misérable et méprisable, un voleur et un ignorant. L'elfe secoua la tête, s'enfonçant d'avantage dans l'ombre des sombres ruelles de Tulorim. Il finit par hausser les épaules, se disant qu'il était peut-être tombé sur des humains de mauvais poil. La prochaine rencontre allait certainement lui prouver que tout ceux de cette race ne sont pas des mauvais bougres. Il releva la tête, à la recherche d'une âme avec qui discuter, mais les ruelles demeuraient désertes. Désertes et légèrement inquiétantes. Les habitations en mauvais états indiquaient qu'une certaine pauvreté régnait dans cette ville. Les vitres étaient brisées, les portes branlantes, quand il y en avait... Seul les brouhahas lointains du marché et du port de l'Ouest parvenaient aux oreilles du Taurion. Ces ruelles étaient calmes. Plus calmes que les forêts qu'il avait l'habitude de côtoyer : c'était étrange. L'humain avait donc la faculté de semer la mort à un point tel qu'il parvenait à tuer le bruit ou l'agitation. Nathrann en fut légèrement troublé...
Jusqu'à ce qu'un bruit de pas derrière lui le fit se retourner vivement. Une forme humanoïde enveloppée dans des haillons sales se tenait contre un des murs bordant la ruelle. Intrigué, Nathrann s'approcha et constata qu'il s'agissait d'un enfant à la triste mine, et qui crevait de chaud. Des cernes sous les yeux et de la crasse sur ses longs cheveux, rendant incapable le fait de dire de quelle couleur ils étaient... A y regarder de plus près, l'elfe constata qu'il s'agissait en fait d'une gamine, âgée d'une dizaine d'années, pas plus. Elle releva la tête et dévisagea le Taurion avec de superbes yeux aux couleurs de l'émeraude. Nathrann resta un instant muet, plongeant son propre regard dans celui de cette enfant. Il fronça les sourcils et plia les genoux pour arriver à son niveau, l'analysant avec minutie, comme s'il s'agissait d'une œuvre d'art. Il déclara en se redressant :

" Dans quelques années, des mâles se battront pour toi, c'est certain ! "

Les yeux de la gamine s'ouvrirent en grand, de surprise, alors qu'elle pencha la tête sur le coté. Elle ne comprenait pas ce que Nathrann voulait dire par là. Ce dernier semblait d'ailleurs acquiescer à sa propre affirmation. Cette enfant avait en effet un certain potentiel : un joli minois et un regard magnifique très profond. Elle n'était pas du tout déplaisante à regarder, alors l'elfe se demandait vraiment ce qu'elle pouvait faire dans cet état, qui ne la mettait clairement pas en valeur. Il fit part de ses interrogations :

" - Dis moi... Qu'est-ce que tu fais, à attendre là ?... Tu n'as rien de mieux à faire ?
- J'attends qu'on m'accorde un peu d'attention et qu'on ait pitié de moi... Vous n'auriez pas une petite pièce pour moi, d'ailleurs ? "

Le Taurion pencha sa tête sur le coté, sans vraiment comprendre le sens de cette question. Il fronça les sourcils et demanda :

" Et... Qu'est-ce que tu ferais d'une pièce ? Tu les collectionnes ? "

L'enfant sembla contrariée par cette réponse. Elle fit la moue et détourna le regard, ajoutant un peu à son charme naturelle naissant. Comme elle ne dit rien, le Taurion revint à sa hauteur et chercha son regard, mais puisqu'elle ne voulait pas d'un contact visuel, Nathrann dut enchaîner :

" - Eh bien... Réponds moi, si tu la veux, cette pièce.
- J'ai faim... Avec un yu, je pourrai me payer quelque chose à manger, que je pourrai partager avec mon petit frère. Il est mourant, vous savez. Ça fait trois jours qu'il n'a rien avalé... "

Nathrann haussa un sourcil. Il se gratta le haut du crâne et continua avec ses questions qui manquaient de sens :

" Et... Tu crois que c'est en attendant comme ça, que les yus vont tomber ? Tu habites près d'une grande étendue d'eau. Il y a surement des poissons qui n'attendent qu'à être pêchés. Ou bien, tu pourrais parcourir la plaine pour chasser des lapins ou que sais-je encore... "

L'enfant releva la tête et plongea ses yeux dans ceux du Taurion. Le mécontentement et l'impatience pouvaient se lire dans son regard émeraude. Elle se mordit la lèvre inférieure et répondit brusquement, presqu'énervée :

" Et comment, je fais pour chasser ou pêcher ?! Tu crois que c'est si facile ?! Je n'ai que ces pauvres morceaux de tissus pour moi... "

Nathrann sourit. Il posa sa main sur le haut de la tête de la petite, mais cette dernière s'empressa de la retirer d'un balayage de l'avant-bras. Elle refusait toute affection, visiblement. L'elfe lâcha alors, en haussant les épaules :

" Je devais sans doute faire une tête de moins que toi, lorsque j'ai attrapé mon premier poisson. Fais donc travailler ce que tu as là-dedans ! "

Il accompagna son conseil par un tapotement de l'index sur le front de la gamine, qui semblait perdre patience. Nathrann le remarqua et il soupira en secouant une nouvelle fois la tête. Il se permit de faire part de ses pensées à son interlocutrice du moment :

" - Franchement... Tous les humains sont comme ça ? Incapable de discuter calmement, ou traitant les el'...
- Non, mais d'où tu viens, toi ?! Tu crois que c'est si facile que ça, la vie, ici ? On n'a rien... Absolument rien ! Chaque jour, je retrouve un de mes amis tabassés à mort par des adultes, qui nous considèrent comme des rats... des vermines ! Et toi, tu te ramènes avec tes grands airs et tu me permets de me donner des conseils ? T'es pas d'ici et tu commences vraiment à m'énerver, sale elfe ! Je hais les types comme toi !
- ... "

Nathrann se releva, sans un mot. Il regarda de haut cette enfant bien misérable à ses yeux. Cette nouvelle rencontre ne s'était pas passé comme il l'avait souhaité. Voilà qu'on l'insultait de nouveau. Les humains avaient vraiment un problème sur le relationnel. Il s'apprêta à partir, laissant cette jeune inconnue dans sa misère, quand on l'interpela. La voix venait de juste derrière lui et Nathrann n'avait pas entendu venir ce nouvel arrivant :

" Hey, M'sieur ? "

La Taurion se retourna et baissa la tête pour découvrir que la voix enfantine qu'il avait entendu venait d'un gamin sale, à qui il manquait une dent sur le devant. Il souriait et demanda avec toute la candeur dont il pouvait faire preuve :

" Dîtes moi, M'sieur... Vous êtes un aventurier ? Non, parce que j'adore les aventuriers. Je crois que mon père était un aventurier, et il avait une épée comme vous. Même que je crois qu'il a vu d'autres villes que celle-ci et même d'autres terres, par delà l'océan. Et puis, je crois aussi qu'il a tué plus d'un homme ! Vous savez, mon père, c'est un... "

Le Taurion semblait surpris que cet enfant déblatérât toutes ces hypothèses sur son père, supposé "aventurier". Il était bien bavard et continua comme ça, sans vouloir s'arrêter. Nathrann ne savait pas vraiment quoi dire, ni comment réagir, alors il se contenta d'écouter, en essayant de suivre l'histoire de cet homme qui aurait soi-disant tué des dragons à mains nues.
L'elfe serait bien resté là, tout ouïe, s'il n'avait pas ressenti quelque chose bouger dans sa gibecière, qui reposait sur le coté de sa hanche. On était en train de le fouiller ! L'elfe se retourna d'un coup, agrippant le poignet de l'impudent qui osait tenter de le voler, et porta une main sur le pommeau de sa lame qu'il dégaina dans son mouvement circulaire pour la porter sur la gorge de... de la très jeune demoiselle, qui tenait sa bourse. Le regard haineux du Taurion était plongé dans celui, horrifié de la gamine. Sa prise sur le poignet de la petite se fit plus forte, tandis qu'il tremblait en tenant sa lame de l'autre main. Il avait arrêté son mouvement au bon moment. S'il ne s'était pas contrôlé à temps, Nathrann aurait décapité cette enfant. Il montrait les crocs et tentait de retrouver ses esprits, mais l'instinct qui l'avait guidé dans son geste avait une emprise encore trop importante sur lui.
La bourse tomba à terre, à ses pieds, alors que sa proie commençait à pleurer et à lâcher des "Pitié ! Pitié, j'veux pas mourir... S'i'ous plaît... ". Nathrann avait presque oublié le monde dans lequel il vivait. Seuls les yeux implorants de cette enfant le rattachait à cette réalité. Son instinct le poussait à la tuer, mais sa compassion lui dictait de l'épargner.
Le Taurion n'eut pas le temps de faire son choix, car la bourse à ses pieds disparut, emportée par le gamin qui avait aimé raconter sa vie. Ce dernier prit ses jambes à son cou, alors que la gamine hurla un nom :

" Ed' ! EEED' ! ME LAISSE PAS ! "

Ce cri du désespoir réveilla le Taurion qui tourna la tête en direction du fuyard. Il fronça les sourcils et voulut s'élancer à sa poursuite, mais il se rappela qu'il tenait la petite par le poignet. Sa cinquantaine de yus disparut bien vite, alors que l'enfant se précipita dans un trou de souris, menant à l'intérieur d'un bâtiment délabré.
Il pesta et se concentra de nouveau sur la gamine, qui pleurait tout ce qu'elle savait. Nathrann la lâcha et cette dernière tomba à genoux, les joues inondées de larmes, sous le regard inquisiteur de celui qu'elle avait tenté de voler. Une pensée traversa son esprit et le stratagème des deux gamins s'imposa à lui comme une évidence, puisque la petite semblait connaître le nom du fuyard. L'un des deux occupait l'esprit de la cible, tandis que, par derrière, l'autre fouillait et dérobait ses biens. Le jeune garçon devait se charger de distraire Nathrann et la gamine avait pour but de prendre tout ce qu'elle pouvait dans la gibecière de l'elfe. Seulement, tout ne s'était pas passé comme ils l'avaient prévu, à cause de l'hypersensibilité du Taurion... L'elfe se retrouvait donc sans richesse, avec une enfant morte de peur à ses pieds. Il rangea sa lame dans son fourreau et s'épongea le front du revers de la main. Il lâcha, sévèrement :

" Ce n'est pas comme ça, que tu arriveras à quoi que ce soit dans la vie... "

La petite cessa ses sanglots et releva la tête, en reniflant. L'incompréhension se lisait dans ses belles prunelles et comme elle n'osait bouger ou dire quoi que ce fût, Nathrann l'invita à quitter les lieux :

" Aller... Déguerpis vite de là. Et tâchez de vous acheter des outils pour pêcher ou chasser, toi et Ed'. "

La petite hésitait à suivre ces ordres ou à rentrer la tête dans ses genoux. Perdant patience, l'elfe l'attrapa par le col et la souleva pour la remettre sur pieds. Elle n'était pas bien lourde et il n'eut donc aucun mal à la faire se relever. Il lui donna une petite poussette dans le dos, puis lui indiqua la faille dans le mur par laquelle ce "Ed'" avait fui. Sans attendre de réaction de la part de la gamine et sans même vérifier si elle allait suivre son camarade, Nathrann tourna les talons et repartit en direction du Nord...

_________________


Image


Avatar selon une illustration de Omupied

Signature réalisée par Itsvara. Merci à elle !


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Mer 7 Mar 2012 20:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 28 Nov 2009 02:46
Messages: 156
Crapula



Champ de Forme




Agadesh s'approcha du groupe d'habitation et reconnu une auberge où s'attelait quelques serveurs à nettoyer des tables. Mais il n'y avait nulle trace de toute clientèle.

Il continua à longer la rue, passant à côté de maisons aux volets fermés, certainement à cause de la chaleur. Quelques personnes passaient mollement dans les rues, dont des miliciens en tenues blanches et noires qui semblaient étouffer sous leurs côtes de maille. Peu de personnes se baladaient dans les rues, pour une ville si importante. Sans doute n'étaient-ils pas habitués à une telle chaleur.

Il continuait à longer la rue, passant à côté d'une forge close et arriva devant un petit parc d'herbes sèches dans lequel se battaient en duel trois chênes-liège et quatre bancs, dont un était occupé par un individu portant une grande aube grise. Il identifia l'endroit comme étant la place principale de la ville, mais il ne savait pas du tout par où se diriger pour trouver la bibliothèque dont lui avait parlé l'homme sympathique de l'auberge "Entre deux mondes". Voyant le chemin se diviser en trois, une décision s'imposait et la prendre à l'aveugle était simplement idiot. Après quelques hésitations et pensées stériles, il décida d'aller demander à l'homme en gris assis sous l'ombre d'un des arbres du parc.

Celui-ci, jusque là, était assis sans rien faire et semblait juste se reposer en regardant partout et nulle part à la fois. C'était un homme d'une quarantaine d'année, pourvu d'une barbe noire bien entretenue et d'une sorte de chéchia assortie à son aube. Il vit le nomade arriver vers lui sans broncher, puis Agadesh lui dit très respectueusement en s'inclinant :
"Que la paix et la grâce de Yuimen soit avec vous, habitant de Tulorim. Mon nom est Agadesh Kel Attamara. Je cherche la bibliothèque de cette ville, auriez-vous la bonté de m'indiquer sa direction ?"

Cette phrase pouvait paraître très alambiqué pour n'importe qui, mais aller s'adresser à un inconnu était toujours chez les nomades un moment délicat, surtout pour demander de l'aide. C'était un moment où l'interlocuteur savait que le demandeur était en difficulté et nombreux étaient ceux qui préféraient ignorer purement et simplement la question qui leur était posé si elle ne l'avait pas été avec la plus ample des politesses et le plus grand respect.

"Êtes-vous un fidèle de Yuimen, homme du désert ?"

"Yuimen El Etarni protège et guide mon peuple dans le désert des sables bleus depuis les temps anciens. Notre dévotion pour lui est ancestrale."

"Alors sans doute est-ce lui qui a guidé vos pas jusqu'à moi. Je me nomme Cithéron, je suis prêtre de Yuimen au temple de Tulorim. Notre rencontre n'est pas dû au hasard. Yuimen approuves votre recherche et sa bénédiction enveloppe votre être, comme le prouve l'animal sauvage qui vous suit de gré. Il est donc de mon devoir de vous assister. Je vous accompagnerais jusqu'à la bibliothèque et vous aiderais dans vos recherches. Suivez-moi.", dit-il en se levant paisiblement, empoignant un bâton qui semblait inutile à sa marche.

Agadesh suivit cette homme aux paroles et à l'allure mystique. Il lui faisait penser à Balamon, la voix et l'attitude soumise à ce sentiment de paisible sagesse qui fait qu'on leur ferait confiance jusqu'au plus profond des enfers de Phaïtos. Agadesh respectait grandement ce genre de personnalité et, si l'une d'elle lui disait que Yuimen l'accompagnait, c'était sans doute vrai. Il regarda un instant Enkidu en train de marcher tranquillement à côté de lui. Ce camïu pouvait-il être une bénédiction de Yuimen ?

"Quelle est la quête qui vous a arraché à votre désert, Agadesh ?", demanda Cithéron alors que ceux-ci s'enfonçaient dans de plus petites rues aux habitations plus aisés.

"Un des miens a quitté le désert il y a longtemps. Il s'est égaré dans les voies de Thimoros et son âme torturée s'est libérée des enfers. Ses actions sont un déshonneur pour les ancêtres, qui m'ont chargé de trouver un moyen d'agir avant sa mort première et de réparer leurs erreurs. Je savais qu'ils m'accompagnaient, mais j'ignorais que Yuimen lui-même me soutenait dans ce but."

"Votre quête est digne des plus grandes épopées lyriques, Agadesh. C'est un honneur de rencontrer un homme de votre trempe, mais je vous mets cependant en garde. Si Yuimen guide vos pas, rien n'indique que sa raison est la même que celle de vos ancêtres. Peut-être votre destin est-il plus glorieux encore. Soyez à l'écoute des signes, et vous saurez."

Agadesh resta songeur à l'écoute de cette phrase. Une autre quête lui serait-elle destinée ?

Ils arrivèrent devant un grand bâtiment à l'architecture raffinée, surplombée de sept statues dorées. C'était le conseil des sept nobles marchands de Tulorim. Chaque statue représentait chacun des sept fondateurs de l'édifice, tous rattachés à des symboles de leur richesse. L'un avait fait fortune grâce à l'alcool et tenait entre ses mains une coupe de vin, un autre grâce au commerce de joaillerie tenait un diamant, un autre avait un grand sac d'épices à ses pieds, et ainsi de suite. Agadesh regarda le monument en se demandant s'il s'agissait de la bibliothèque. Voyant que le prêtre l'amenait de l'autre côté de la rue, devant un bâtiment plus modeste, il comprit que non.



Inconscient Collectif

_________________

Playlist d'Agadesh

Quand on voyage vers un objectif, il est très important de prêter attention au chemin.
C'est toujours le chemin qui nous enseigne la meilleure façon d'y parvenir, et il nous enrichit à mesure que nous le parcourons.

--------------------
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle


Haut
 

 Sujet du message: Une capitale
MessagePosté: Mar 19 Juin 2012 18:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 14 Juin 2012 19:27
Messages: 18
Localisation: Tulorim
vers Tulorim

UNE CAPITALE

Lui-même n’était jamais allé dans la ville du vivant de son père, tout était donc nouveau pour lui. Le nombre d’habitants y était impressionnant pour un forgeron de campagne. La forte densité le mettait mal à l’aise, la chaleur était devenue accablante, même pour lui qui était familier avec la magie du feu.

( Le feu brûle tout, sans distinction. Aveugle justice. )

Ce n’était pas forcément bon, Mæthis le savait bien. Mais dans cette période de changement, c’était réconfortant de savoir qu’une chose ne changeait pas.
Ajouté à la chaleur se dégageait une odeur d’algues en décomposition. L’océan était tout proche. D’ailleurs, il aurait dû faire office de dissipateur thermique, en y pensant Mæthis trouva cela plutôt singulier. La mer absorbe les excès de chaleur, tant pour le froid que pour le chaud. Comment était-il alors possible qu’il fasse si chaud ?

Mæthis évitait les ruelles et se déplaçait dans les grandes allées, de peur d’être une proie comme celle qui fut tuée par les trois brigands. Il savait où aller. Même s’il venait de la campagne, La renommée de l’université de magie de la capitale s’étendait bien au-delà de la ville. En revanche, il se demandait ce que l’université pourrait lui apprendre de plus, sachant bien qu’il était ignorant de ce dont il était ignorant. Il avait tout de même passé presque deux décennies à étudier la magie, et le sort qu’il avait appris était tiré d’un parchemin. Il n’ignorait pas bien sûr qu’il pouvait apprendre des sorts autrement.

(Peut-être existe-t-il des cours d’infusion magique des éléments.)

S’il pouvait forger une épée enchantée d’un élément il n’aurait pas de problème d’argent.
Mæthis se dit qu’il lui faudrait se renseigner quand à la ou les forges de Tulorim. Cela dit, la pratique de plusieurs éléments ne serait-elle pas essentielle pour enchanter des objets ?
L’éternelle question revenaient. La diversité avait bien des avantages, mais elle avait également un gros défaut, on n’était jamais réellement maître de son élément. Se diversifier ou se spécialiser, l’un ou l’autre, mais pas les deux. Et là encore, il le savait mieux que d’autres, on n’est jamais réellement maître d’un élément, pas du feu en tout cas. La première flamme naît peut-être de la volonté du pyromancien, mais ensuite, le feu à sa propre volonté, se nourrissant de ce qu’il veut, se retournant même contre son créateur s’il n’est pas attentif.

Mæthis passait plusieurs scénarios dans son esprit quand à la possibilité d’apprendre de nouveaux éléments. Il ne pouvait plus apprendre la Glace, de toute manière, il n’était pas prédisposé à cela. Mais si ( et c’était un gros si ) il devait choisir des éléments, en choisirait-il trois autres ? Il pourrait tout à fait être bi-élémentaliste, cela lui permettrait d’approfondir ses connaissances sans trop s’éparpiller. Et S’il devenait pluri-élémentaliste, Il devrait choisir entre la magie de l’ombre et de la lumière. Que des gens puissent tenter de réanimer des morts le fascinait et l’effrayait en même temps. Il y avait quelque chose de profondément retors dans cette poursuite de connaissance. Régner sur les morts, quelle idée sinueuse.


Il balaya cette pensée de son esprit et s’arrêta.
Ses pas l’avait amené vers un grand bâtiment avec deux imposantes portes en bois...

_________________
"And a firm will, and a deep sense,
Which even in torture can decry
Its own concenter'd recompense,
Triumphant where it dares defy,
And making Death a Victory."


-Lord Byron, Prometheus

Maethis Melior, Mage, lvl 1


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Ruelles
MessagePosté: Lun 25 Juin 2012 23:15 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 4 Mai 2012 12:50
Messages: 80
Le jour lui arrachait les yeux, elle se cacha un instant avant de s’habituer à la luminosité. Petit à petit elle ouvrit le regard sur une ruelle, ou les passants la dévisageaient. Elle ne s’en offusqua pas, elle-même aurait jeté un regard méfiant sur ce corps et cet accoutrement si elle s’était rencontrée. Les souvenirs fugaces de son ancienne vie lui glissaient entre les doigts. Plus elle tentait de se remémorer qui elle était plus son crâne la torturait. Des images, des sons, des rires gras, rien de bien substantiel, la seule certitude qui s’imposait à elle, s’était sa mort atroce et ce corps qui n’était pas le sien.
Finalement elle put jauger la bâtisse qu’elle quittait, une façade ternie et vieillit sans fenêtre lui faisant face. L’endroit parfait pour ensevelir un corps, anodin, sans grande particularité, la maison semblait être négligée depuis bien longtemps et aux regards ahuris que posaient les gens autour d’elle, personne ne s’attendait à en voir sortir quelqu’un.
Elle se mit en marche, ne sachant pas où aller. Elle titubait, ses jambes répondaient différemment aux ordres insuffler par son esprit. Les badauds s’écartèrent devant cette étrangère chancelante dans la rue. Un pavé mal aligné et elle trébucha devant les regards inquisiteurs et circonspect de la foule. Elle lâcha la pelle devant elle et se retrouva à genou en plein milieu de la rue.

"Charmant petit lot que voilà, on aurait trop bue, un coup de main ma belle ?"

La voix était arrogante, masculine, sur de son fait, rapace flairant une victime. Une larme coula le long de son visage, sans qu’elle puisse la contenir. Sura sanglota, sa chair laissant jaillir sa frustration et son désespoir.

"Oh elle chiale, Alen tes un bourreau des cœurs."


Des rires empâtés, épais et sales, ses mêmes rires qui lui lacéraient l’esprit depuis son réveil, ceux de suffisance de ses hommes ayant abusé d’elle.

"Laissé moi…"

Murmura-t-elle, la voix noyée par les pleurs. Ils s'esclaffèrent et la populace s’éloigna ne cautionnant pas ce qu’il allait se passé mais ne faisant rien pour l’empêcher.
(Les lâches)

Elle serra les dents, se mordant la lèvre, une gerbe de sang éclata dans sa bouche rependant l’odeur du liquide carmin. Une poigne s’abattit alors sur elle, attrapant son épaule pour la soumettre. Une décharge de haine éclata en elle au contact de cette paluche crade sur sa peau. Une flamme se rependit, s’insinuant dans ses pores, contrôlant le moindre de ses réflexes. Avec célérité, elle capta les doigts de son adversaire avec son autre main et avec une facilité déconcertante, l’entoura et lui retourna le poignet. L’homme surpris laissa échapper un hurlement de douleur et de stupéfaction.

Il était de taille moyenne, des cheveux bruns hirsute qu’il avait vainement tenté de coiffé avec de la graisse. Un paysan quelconque, arpenteur de tripot et opportuniste attardé. Il recula la bouche ouverte considérant son articulation qui opérait une rotation non conforme. Il releva le regard et aperçut, la folie dans celui de Sura, elle se releva avec vivacité et agrippa le reste du bras, elle prit appuis sur l’épaule du rustre et à la manière que l’on casse une allumette entre deux doigts elle lui brisa le coude. Elle le relâcha, et contempla ce qu’elle venait de faire, stupéfaite de sa réaction. L’assemblé de mâle goguenard resta instant là, avant de venir soutenir leur ami. Ils se mirent à brayer comme des ânes, insultant Sura en prenant bien soins de ne pas s’en approcher. Elle ne savait pas quoi répondre, des reviviscences d’une éducation lui firent s’excuser ce qui donna plus de courage à la horde qui se rapprocha, vociférant et menaçante. Sura reculait apeuré, elle ramassa la pelle et tenta de les tenir à distance. La fougue qui l’avait submergé un peu plus tôt s’était évaporer.

Les sifflets de la milice la sauvèrent, ils provoquèrent une nouvelle agitation. Elle profita de la diversion et s’en alla en courant. Elle entendit le tonnerre des cris des accusations, des insultes et de bagarre derrière elles, elle redoubla d’efforts jusqu’à ce qu’elle n’entendit plus rien. Elle trouva refuge dans une ruelle, mouillé et mal éclairé. Un petit coup gorge entre deux grandes maisonnées aux vitres opaques. On y entreposait de vieilles caisses et d'autres ordures, une odeur de moisissure s’en dégageait. Elle se laissa tomber à l’arrière de l’une des caisses. Elle recroquevilla ses genoux et plongea son visage à l’intérieur.

"Réveille-toi ma fille, réveille-toi… "


Elle échappa encore quelques pleurs, parsemant sa litanie et s'endormit.

_________________
Sura fanatique lvl 1


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 554 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30 ... 37  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016