Dieux, que Baldur était las de la chaleur brûlante régnant dans cet enfer de villet. Sous le soleil de midi comme dans cette brûlante fournaise, Baldur n’avait pas cessé de transpirer une seule fois… Comme la fraîcheur des nuits de Darhàm lui paraissait loin, désormais, tout comme ces douces nuits à se prélasser sous les étoiles comme un gros chat, confortablement installé sur la solide branche d’un chêne millénaire. Le rôdeur avait la désagréable impression de s’être à moitié liquéfié depuis son arrivée dans la cité portuaire, et ses vêtements devaient puer la sueur et le sang. Il s’était aussi sans aucun doute – à la douleur lancinante qui le faisait grimacer – démis la hanche il y a quelques minutes et les combats semblaient être loin d’être terminés… Trop arrogant pour se plaindre auprès de sa compagne rousse, le rôdeur ne se permit qu’un discret grognement alors qu’il s’étirait longuement en frottant son aine tandis qu’Irelia lui proposait un excellent plan d’attaque.
"... Alors filons à l’infirmerie, au pas de course !..." dit l’homme des bois en pointant un couloir du bout de son épée, invitant la guerrière à la flamboyante chevelure, semblant bien mieux connaître les lieux que lui, à ouvrir la voie. Sans un mot, à part la ponctuelle grimace lorsqu’un muscle lui faisait mal, le rôdeur pris sa suite en crispant un peu plus sa main autour de la garde de son épée encore dégoulinante de sang.
Avançant au même rythme qu’Irelia à travers le dédale de couloirs et de salles de classes plus ou moins endommagés de l’académie, Baldur se rendit vite compte à quel point il était peu habitué à ce genre de combat… Contre d’autres hommes, contre des magiciens. Lui, le rôdeur, le chasseur des bois, le loup solitaire, préférait connaître sa proie avant de chercher à planter ses crocs à sa gorge. Il avait l’habitude d’être le chasseur, celui qu’on n’entend et qu’on ne voit que trop tard, celui qui observe et attend qu’une opportunité s’ouvre devant lui, celui, enfin, qui ne parcours pas la moitié du monde connu pour finir désorienté, blessé, à maudire dieux et hommes pour finir comme un œuf sur le plat au beau milieu de l’incendie d’académie de magiciens plus givrés les uns que les autres à chercher des survivants qui se compterai sur les doigts de la main afin d’aller s’attaquer à une demi-déesse à l’esprit plus tordu que les racines d’un arbre des marais… Celui qui, s’il était resté tranquillement dans son marais, à manger du daim et des perdrix, ne risquerait pas sa peau pour les beaux yeux d’une voleuse demi-elfe…
… Enfin, pas seulement ses yeux, en réalité.
Tout en repensant à ce joli corps blanc comme la neige qu’il avait connu de la façon la plus intime qui soit, l’esprit de Baldur allia l’espace d’un instant l’horreur à la paix. Au souvenir du parfum de son amante se mêla l’odeur de chair calcinée, l’air chaud et sec qui lui brûlait la gorge et les poutres de bois sous lesquelles grillaient quelques infortunés étudiants. Un léger souffle de paix et de calme souffla sur le cœur bouillonnant de colère du rôdeur et la douceur de ses souvenirs calma un peu les douleurs de son corps. Azur méritait qu’il joue ainsi sa peau aussi loin de Darhàm. Ne laissant pas ses souvenirs lui faire baisser sa garde, Baldur continuait de suivre Irelia d’un pas alerte et léger…
Brusquement, la guerrière en armure s’immobilisa et d’un geste de la main signala à son compagnon qu’ils étaient arrivés devant l’infirmerie, ou plutôt, ce qu’il en restait. La petite pièce qui se trouvait devant eux présentait un terrible spectacle de destruction… La porte, probablement barricadée, était encastrée dans le mur de chaux opposée, soufflée par une explosion magique. Lits et paravents jonchaient déchirés et brûlés au sol parmi quelques ossements noirs. Aucun des jeunes étudiants réfugiés ici n’avait survécu. Avec une grimace de dégoût et de déception, Baldur s’apprêta à tourner les talons quand…
… jamais plus il ne regardera une poëlle à frire de la même façon ...
… il fût accueilli par une douleur intense et la sensation que quelque chose se brisait dans son crâne tandis qu’un bruit métallique résonna dans ce qu’il restait de son crâne en ruine. Tombant au sol à cause de la surprise et de la douleur, Baldur se roula en boule en frottant son arcade sourcilière gauche complètement ouverte, il ne parvint pas à réprimer la larme de dépit qui s’échappa de son œil. Roulé en boule au sol, assommé, étourdi, terrassé par le plus formidable coup de poëlle que les dieux aient ordonné de s’abattre sur lui, le rôdeur cessa de réfléchir et se contenta gésir là en réprimant les gémissements qui montaient à sa gorge.
" Oh, vous n’êtes pas avec eux ?" demanda une voix aussi douce que le coup qui avait défoncé le crâne du pauvre rôdeur fût terrible. Ouvrant un demi-œil, Baldur découvrit que son mystérieux assaillant était une femme jeune en apparence mais qui devait approcher doucement de la quarantaine. Sa chevelure blonde comme les blés, plein de reflets orangés à cause des flammes, était nouée en un chignon par des tresses défaites par l’agitation. Deux petits cercles de verres étaient posés sur le bout de son nez, et elle portait un corset de cuir par-dessus une longue robe blanche pleine de tâche de sang et déchirée en long lambeaux de tissus au niveau des genoux. À la ceinture ouvragée qui serrait sa fine taille brillait une série de flacons aux contenus colorés et fumants. L’un de ses flacons se trouvait actuellement dans la main de la jeune femme, comme si elle était prête à le lancer contre Irelia – qui s’était mise en position de combat.
" Mais, par Yuimen lui-même, qui êtes-vous, imprudentes têtes brûlées ? Des mercenaires ? Des charognards ? Des agents de ces assassins de Thimoros ?..." continua la mystérieuse femme sans baisser ses mains et la menace de son flacon fumant.
" …Qui serait assez fou pour braver les flammes qui dévorent ce qu’il reste de ma pauvre académie ?" Encore sonné et incapable de réfléchir à autre chose que la douleur qui envahissait son crâne pulvérisé, Baldur se leva avec grande difficulté en s’appuyant contre une poutre en se tenant le visage d’une main crispée. Il aurait aimé traiter cette femme de tous les noms, avec une nette préférence pour l’affectueux sobriquet de « garce » et ses nombreux dérivés. Dieux, qu’il aurait aimé la passer par la fenêtre, elle et son instrument de cuisine ! Mais tout ce qui parvenait au cerveau du rôdeur était un douloureux bruissement, comme si un vent du nord chargé d’aiguilles et d’épines soufflait dans son crâne. Il laissa donc la diplomatie à Irelia qui expliqua rapidement le pourquoi du comment, de leur arrivée accompagné d’Azdren à l’impromptue apparition de celle qui se présenta sous le nom de Grande Guérisseuse Ammiel de la Celdera, qui s’occupe aussi du labo alchimique et de la préparation des potions, poisons et bombes alchimiques de l’académie. La Guérisseuse dit à son tour qu’elle s’attendait à ce que les fanatiques de Thimoros s’en prenne à l’infirmerie, là où les faibles se rassemblaient et où il était difficile de se défendre. Aussi avait-elle piégé l’endroit et envoyé les blessés à son labo, à quelques couloirs d’ici. Elle surveillait désormais les couloirs pendant que ses apprentis s’attelaient à soigner les blessés en préparation de leur évacuation… Le temps commençait néanmoins à manquer et les flammes menaçaient de faire s’effondrer le toit sur leur tête, mais elle ne pouvait se résoudre à abandonner sa garde avec les combats qui continuaient de faire rage...
C’est aussi pile à ce moment précis qu’Irelia sembla se rappeler des compétences de “Sauge” en matière de médecines… Certes, vivre dans la forêt permet d’apprendre deux ou trois choses à propos des plantes et leurs vertus thérapeutiques ou toxiques, mais de là à s’y connaître en soin sur blessure d’origine magique.
" J’ai seulement besoin de temps pour m’occuper des blessés moi-même, jeune dame, pas d’un potentiel assistant que j’ai d’ailleurs légèrement blessé. Oh, d’ailleurs, désolée pour ça, jeune homme." marmonna la guérisseuse avec un petit air peiné
" … Alors demander à Irelia de garder le passage, retourner à vos gamins et dépêcher-vous de les remettre sur pieds… « Grande Guérisseuse », tout l’endroit risque de s’effondrer d’une minute à l’autre et nous devons continuer les recherches. Il faut que nous descendions au sous-sol, retrouver la grande Pyromanciarrr-" Une douleur familière provenant de sa hanche interrompit le rôdeur dans ses ordres, et avec elle s’ajoutait une toute nouvelle – et toute aussi insupportable – infernale migraine.
" Mais c’est une excellente idée que vous proposez-là, jeune homme !" s’exclama la guérisseuse, comme subitement illuminée
" Jeune dame ! Restez-ici et garder le couloir, qu’aucun de ces fous de Thimoros ne passe par ici et qu’aucun de mes imbéciles d’élèves ne tente de s’enfuir avant mon signal. Nous ne céderons pas à la panique. Jeune homme ! Suivez-moi au pas de course, dans l’état où vous êtes, vous ne ferez pas long feu dans la bataille qui se prépare. Ne vous en faites pas, je vous dois bien un petit remontant !" Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà qu’Ammiel disparaissait au bout du couloir en laissant Irelia et Baldur derrière elle, tous deux légèrement désemparés. Quelques secondes plus tard, deux petits reflets orangés apparurent dans le coin du couloir, invitant le rôdeur avec toute la force de persuasion d’une enseignante à
"… se remuer vigoureusement l’arrière-train s’il ne voulait pas finir en bête poulet rôti." Alors qu’il tournait la tête en direction de sa compagne aux cheveux de feu tout en rengainant son épée, une grande lassitude traversa le regard du rôdeur. On pouvait y lire toute la fatigue et le désenchantement du monde, avec une légère pointe de désespoir de devenir ainsi le protagoniste d’une nouvelle scène de théâtre d’une rare absurdité… Titubant légèrement et tenant son crâne endolori dans une main, Baldur disparu à son tour à la suite de la Grande Guérisseuse de l’académie.
Il arriva alors dans une grande salle de classe, presque aussi grande que l’était le réfectoire au rez-de-chaussée. Des lanternes aux flammes magiques vertes ou blanches éclairaient une charpente complexe qui semblait avoir été copieusement imbibée d’eau, sans doute pour retarder l’arrivée des flammes. Des teintures, des tissus et des matelas étaient disposés dans toute la pièce, les tables en bois servant de barricade de fortune et le bureau du professeur en granit massif accueillant tout ce qu’il pouvait exister d’instruments alchimiques et d’ingrédients exotiques. Deux hommes en armure de cuir surveillaient la salle depuis les côtés, une arbalète chargée à la main et l’œil inquiet luisant sous un casque en fer, tandis que trois femmes arborant des robes blanches d’infirmières allaient et venaient parmi une douzaine d’élèves allongés, distribuant onguents, potions et douces attentions aux jeunes individus paniqués. D’un rapide coup d’œil, Baldur remarqua qu’environ la moitié de ces jeunes gens souffraient de brûlures plus ou moins graves, certains souffrant de leur exposition à l’énergie maléfique de Thimoros ou hurlant à tue-tête en implorant les « voix » dans leur tête de se taire. Quelques autres semblaient avoir été les victimes de leur propre incompétence ou témérité : mains brûlées ou couverte d’engelures, multiples contusions et coupures, une épaule luxée, deux bras cassés et beaucoup, ou plutôt surtout, de peur panique. Il remarqua aussi une jeune femme à demi-nue allongée sur le ventre qui, en plus d’une large marque de brûlure qui s’étendait de son épaule gauche à sa fesse droite, semblait avoir le genou gauche disloquée par un carreau d’arbalète fichée dans son tendon arrière…
La Grande Guérisseuse lui tendit une petite fiole au contenu rubicond dans laquelle semblait macéré quelques fruits des bois.
" Décoction artisanale, plein de bonnes choses qui devraient vous remettre sur pieds. Buvez-ça et attendez que je m’occupe de tous ces pauvres petits qui me servent d’étudiants." expliqua l’enseignante sans laisser le temps à Baldur de répondre. Docile, ce dernier avala jusqu’à la dernière goûte de la, surprise, délicieuse potion… C’était sans doute la première fois qu’il buvait ce que les aventuriers nomment couramment « potion de soin », mais quelque chose au fond de son cœur lui murmurait que ce n’était sans doute pas la dernière. Quelques secondes après qu’il eut terminé le breuvage, il se sentit comme rajeunit de plusieurs années ! La douleur qui envahissait les os de sa hanche et de son crâne disparurent et les innombrables écorchures qu’il s’était fait cicatrisèrent presque dans l’instant… Et tant bien même il ressentait toujours la fatigue liée au combat et la douleur fantôme de ses blessures soignées, il se sentait mieux.. Beaucoup, beaucoup mieux.
Les magiciens et autres sorciers sont peut-être tous de dangereux déments au trop grand pouvoir, Baldur reconnaît qu’il peuvent se montrer sacrément utile parfois…
Ayant retrouvé une nouvelle force intérieure, le rôdeur observa un moment le va-et-viens des infirmières affolées alors que la Grande Guérisseuse les invitait elles-aussi à
"…remuer leurs postérieurs si elles ne voulaient pas terminer en brochettes trop cuites. " et pensa que s’ils voulaient avoir une seule chance de s’en sortir, il vaudrait mieux qu’il se joigne lui-même à l’étrange manège des infirmière. Le rôdeur ne s’était jamais essayé à soigner quiconque autre que lui ou Azur, et les blessures magiques n’étant pas de son ressort, il se dirigea presque instinctivement vers là où ses connaissances seront les plus utiles. Il s’approcha ainsi de la jeune femme au carreau d’arbalète fichée dans le genou, s’accroupit devant elle et lui demanda calmement
" … On vous a droguée pour calmer la douleur ?... " L a jeune dame à la peau mate, le visage enfoui parmi une épaisse chevelure bouclée couleur écorce bafouilla maladroitement, comme au sortir d’un profond sommeil.
" … Tant mieux, parce que ça va être légèrement douloureux …" marmonna le rôdeur en retour alors qu’il dégageai son coutelas de sa ceinture de cuir. Il palpa alors le genou gauche de son infortunée patiente qui tressaillait légèrement en réponse à la douleur. Les os s’étaient largement déplacé à cause de la flèche et les muscles s’étaient tous probablement froissé, il fallait remettre l’articulation « en place » après avoir dégager le carreau de là en redoublant d’attention pour que la pointe de métal ne vienne pas déchirer les deux fragiles tendons qui faisaient la liaison entre la cuisse et la jambe. S’attelant aussitôt à la tâche, Baldur utilisa son coutelas pour tailler méticuleusement dans la chair qui cicatrisait déjà, ne faisant pas attention aux gémissements qui commençaient à s’échapper de la bouche de la jeune fille. Lorsque la blessure fût rouverte, l’homme des bois commença à doucement ramener le carreau d’arbalète à lui avec grande attention…
…L’odeur et la couleur rouge vif du sang qui commençait à couler semblait comme raviver une excitation primale enfouie tout au fond de son cœur...
D’un coup sec, il retira le petit carreau qu’il jeta au loin et sans laisser à la jeune femme le temps de s’en remettre, souleva le fine cuisse dans un bras, se saisit de la jambe de l’autre et remis non sans violence l’articulation dans le droit chemin. La pauvre femme avait ouvert la bouche en un hurlement silencieux, et semblait désormais pleurer à chaude larmes en essayant de bredouiller quelque chose entre deux sanglots. Sans pour autant s’émouvoir de la douleur de sa « patiente », le rôdeur se releva, alla chercher quelques morceaux de tissu blanc, chercha parmi la débauche de plantes et d’onguents préparer ce qu’il reconnaissait comme étant ce qui ressemblait le plus aux plantes médicinales Dirhimoise dont il était familier et fabriqua un cataplasme de fortune qu’il fixa au genoux de la jeune femme tremblante. Il se servit aussi d’un pied de chaise pour confectionner une attelle de fortune, de quoi laisser la jambe reposer un peu.
"Par la poitrine mafflue de Gaia, mais qu’est ce que tu m’as fait à Ciri, barbare !" Ammiel était apparue comme par magie derrière le dos de Baldur, les petites lunettes posées sur son nez semblait comme vrombir de colère.
" Nous sommes une académie de magiciens ! Nous avons des sortilèges pour soigner et guérir les blessures, regarde ce que tes âneries on fait à ma Ciri !" Ne s’attendant pas à de la colère de la part de la guérisseuse alors qu’il venait de soigner la jeune femme, Baldur tenta de se défendre mais la Grande Guérisseuse aboya sans lui laisser le temps de répondre.
" Nous sommes des êtres civilisés, nous, brute ! Nous avons abandonné cette « médecine artisanale » que vous autres, hommes tout fier de leurs belles cicatrices que vous êtes, adorez de tout votre petit cœur de pierre. Je comptais soigner ma Ciri avec de la douceur, dou-ceur. Tu connais ce mot ? Ça signifie avec le moins de douleur possible ! Quand tout ça sera fini, tu devras des excuses à Ciri !" Baldur ne disait rien, vexé d’être ainsi considéré comme un primitif alors-même qu’il avait fait tout ce qu’il fallait pour garantir à « Ciri » le moins de douleur possible. Il était aussi très peu habitué à une telle démonstration d’autorité de la part de l’enseignante. Étrangement il sentait qu’il n’avait pas son mot à dire dans l’histoire…
" … Êtes-vous tous prêts à partir ? …" demanda-t-il sèchement en plissant les yeux.
" Humpf ! Après ce que tu as fait à ma pauvre Ciri, je pense qu’elle aurait besoin de plus d’attention et nous-" " ASSEZ ! Silence maintenant ! L’heure n’est plus aux réprimandes ou à la réflexion, magicienne ! Nous devons fuir, et rapidement avant que votre précieuse « académie civilisée » ne devienne notre tombeau à tous ! Vous me réprimanderez-plus tard tant que vous voudrez, mais pour l’heure, il faut dégager d’ici !…" s’exclama Baldur, cédant à la colère d’être le seul à réaliser le danger qu’ils courraient tous à s’attarder ici. Se retournant vivement, il retourna Ciri, glissa une main sous ses épaules et la deuxième sous les cuisses et la souleva du sol. La jeune femme pleurait toujours, et essayait tant bien que mal d’apaiser la douleur qui lui rongeait l’épaule en s’appuyant sur la nuque de Baldur, sa jambe attelée en l’air et sa poitrine nue à peine recouverte par des bandages lâches et disparates. Baldur, prêtant peu attention à ce spectacle, commença à se diriger vers la sortie
"… Amenez-vos blessés, guérisseuses. Vous devez fuir maintenant ! Le chemin jusqu’au réfectoire est ouvert, et à l’entrée de l’école vous attend un compagnon à moi et à Irelia. D’autres magiciens vous attendrons là-bas aussi… Nous irons ensuite aux sous-sols secourir votre collègue Grande Pyromancienne avant d’aller chercher l’Archimage de l’Académie…" " … Maintenant, Grande Guérisseuse, je vous conseille aimablement de « bouger votre cul » avant qu’on ne soit massacrer ou brûler vif !" Avec rapidité, mais en camouflant assez mal sa colère, la Grande Guérisseuse fit le tour de ses étudiants et infirmières, mis sur pieds les derniers blessés, demanda aux deux gardes de les accompagner et quitta enfin le grand laboratoire alchimique. Ils croisèrent presque aussitôt Irelia qui montait la garde devant la grande salle… On répéta le plan d’évacuations aux jeunes, confia la jeune Ciri aux mains d’un des gardes et tous se dirigèrent vers les escaliers qui mèneraient vers la sortie – et le salut à tous… Comme si elle boudait Baldur qui suivait silencieusement Irelia, la Grande Guérisseuse s’adressa à la guerrière aux cheveux roux :
"Jeune dame, j’aimerai vous avertir d’une chose… Si je me suis réfugié avec mes élèves dans le labo alchimique, c’était autant pour soigner mes protégés que pour empêcher nos réserves de prendre feu. Elles sont moins nombreuses et moins volatiles, mais lorsque l'incendie les gagnera, une grande partie du premier étage de l'académie risque d'être balayé par une explosion. Néanmoins... Lorsque l’incendie gagnera nos entrepôts en sous-sol, tous nos ingrédients entreront en combustion… Je… Je pense que l’explosion qui en résultera sera terrible. Si il reste des survivants dans l’académie, ils devront fuir le plus rapidement possible avant que... Jeune dame, dépêchez-vous, je vous en prie." Les Oreilles de Baldur se dressèrent subitement… Le plan commençait à prendre une tournure aussi inattendue que pessimiste. L’ombre d’un doute commença à s’étendre sur son cœur...
… Auraient-ils le temps d’aller secourir la Grande Pyromancienne et l’Archimage ?
Sans mot dire, il attendit le jugement de sa compagne…