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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 1 Mai 2012 15:10 
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J'avais un instant cru que mon interlocutrice ne m'écoutait pas, mais je me trompais. Un seul mot, formulé avec interrogation, m'enjoignit à poursuivre.

"Un autre elfe. Quelqu'un de proche il me semble..."

Après les avoir observé, même de façon réduite, j'en avais déduis qu'ils partageaient un lien fort. Sourires complices, attaques qui ne se voulaient pas blessantes ou méchantes, et reflétaient un savoir partagé sur l'un et sur l'autre, m'avaient semblé être suffisant pour le deviner. Je repensais d'un coup à l'aubergiste de Yarthiss. Lui aussi accueillait les gens avec un sourire certain et une familiarité censée mettre les gens à l'aise. Maintenant que j'y pensais, peut-être que c'était là un trait commun à tous les tenanciers d'établissements comme celui-ci.

Un léger sourire peignit alors mes traits.

"Mais peut-être que tous les aubergistes donnent cette impression d'être proche de leurs clients."

"On revient plus facilement chez une personne conviviale que chez une autre, qui serait froide."

La réponse d'Itsvara me parut logique, même si je devais bien avouer que recevoir un accueil trop chaleureux avait tendance à me déranger. Après tout, avec quelqu'un de froid, on se méfie plus facilement, mais en compagnie de quelqu'un qui se prétend votre ami... L'elfe enchaina.

"Vous savez que je viens de Cyniar, et que je connais ceux de mon espèce et de ma race... Entre autre. D'où venez-vous ? Comment comptez-vous retrouver ceux de votre race ?"

En entendant la question d'Itsvara, je sentis un pincement dans ma poitrine. Voulait-elle connaître mon origine, l'endroit où j'avais vu le jour ou, de façon plus désintéressée et polie, d'où j'arrivais ? Le Cercle avait toujours été mon foyer, le havre de paix et de savoir que j'avais connu. Mentionner son existence à tout bout de champ risquait, à terme, de pousser des curieux et des indésirables à s'y rendre. Je pris un instant de réflexion, me figeant d'un coup à la perspective de trouver d'autres oudios par mes propres moyens.

Je savais si peu de choses sur eux, sur nous, que la pensée de vivre à leur côtés m'effraya. Un tas de questions naquit dans mon esprit, me déstabilisant sur leur passage. Et s'ils vivaient en groupes fermés ? Rejetaient ceux non issus de leur groupe ? Et si, au contraire, ils étaient solitaires ? Je ne parvins à sortir de ce flot de questions que par la prise de conscience que l'elfe attendait sans doute une réponse.

"J'arrive de Yarthiss et... J'avoue que je n'ai pas... Je n'ai pas envisagé de vivre avec d'autres membres de ma race. Je vous l'ai dit, je ne sais rien d'eux. "

Inspirant lentement par le nez, je songeais à ce que mon interlocutrice m'avait dit. Elle, elle savait bien des choses sur les différents peuples. Peut-être que son avis pourrait m'apporter un éclairage sur la manière dont je devais agir. Plissant les yeux, et d'une voix que j'essayais de contrôler, je lui proposai une situation hypothétique.

"Si vous n'aviez aucune information sur votre peuple hormis son nom et une vague idée de son aspect, que feriez-vous à ma place ?"

Je levai alors les yeux vers elle avec de la curiosité quant à sa réponse, mais aussi une certaine peine. Itsvara avait eu bien de la chance et, même si cela ne me faisait pas honneur, j'enviais son savoir. Avoir conscience que c'était peut-être justement cette connaissance qui la rendait si hautaine et distante ne me perturbait pas. Moi qui avait cru avoir perdu ma naïveté depuis des années, j'en avais eu la preuve du contraire au moins par trois fois.

"J'agirais, à n'en pas douter, comme vous. Après, vous avez surement eu des échos, sur votre race. Les personnes qui vous ont donné ce livre avaient très probablement accès à la Connaissance.
Votre race est réputée pour avoir une vision neutre du monde, tels des érudits... cela m'inciterait, à votre place, à les rencontrer, voire à suivre leur mode de vie.
"

Retenant mon souffle, je n'interrompis pas mon interlocutrice, concentrant toute mon attention sur ses dires. J'étais à ce point encline à l'écouter que même l'ambiance de l'auberge semblait perdre en présence. Ses paroles sur les miens me fascinèrent. J'avais beau ne pas avoir grandi à leurs côtés, je partageais néanmoins des traits propres aux oudios. Toutefois, ces informations provenaient d'une personne qui disait pourtant ne pas bien les connaître.

La pensée que j'avais beau en faire partie, mais presque tout ignorer d'eux, me fit esquisser un sourire en coin, presque contraire à mon ressenti.

"Vous en savez bien plus que moi sur leur compte et... Même si ceux qui ont pris soin de moi avaient accès au savoir, la plupart des ouvrages ignoraient ces questions de race. Je vous remercie pour votre avis, mais je préfère bien m'informer plutôt que de..."

Une pointe de peine perça ma poitrine lorsque mon enthousiasme, à l'idée de rencontrer d'autres humanoïdes végétaux, se heurta à la possibilité que je me sois enjolivé ces êtres. Un peu de mélancolie se glissa dans mon ton alors que j'achevais ma tirade.

"Plutôt que de me faire de faux espoirs."

Je me redressai un peu, déroulant mes longs doigts et les posant distraitement sur la couverture de mon grimoire. Le brouhaha reprenait le dessus alors que les silhouettes d'inconnus de diverses tailles se déplaçaient dans la pièce. Seule la voix de l'elfe parvint à se frayer un passage dans cette atmosphère enjouée.

"C'est tout à votre honneur."

J'ouvris un peu plus les yeux. Etrangement, cette simple marque d'approbation de la part d'Itsvara m'apaisa quelque peu. Je la regardai, tentant de savoir s'il s'agissait là encore de simple politesse ou si elle pensait réellement que j'avais adopté la conduite idéale. Malgré ma tentative, je ne parvins pas à déceler ce qu'elle pouvait penser. Je l'avais vu sourire, mais c'était uniquement lorsqu'elle avait évoqué le lieu de connaissance de son peuple.

Faisant preuve d'attention, je l'écoutai en tentant de masquer mon intérêt plus que vif pour ses traits de sagesse.

"Même s'il est vrai qu'il n'y a jamais de fumée sans feu, je conçois et concède que se baser uniquement sur les dires d'autrui, même s'ils proviennent d'érudits, c'est comme voir le monde à travers une longue-vue : Voir en profondeur, mais avec un champ visuel restreint. "

J'acquiesçai discrètement. J'avais beau aimer les livres et leur contenu, voir par ses propres yeux restait quelque chose de totalement différent.

"De plus, chacun dispose d'un point de vue personnel... qui oriente son opinion. Enfin, vous admettrez tout de même que lorsqu'une donnée telle que : "Les Oudios sont des arbres qui bougent, parlent et savent plein de choses." est connue même du paysan, pensant qu'il s'agit d'un mythe, vous pouvez accorder un certain crédit à ces informations."

Pendant un court instant, je gardai le silence. Autrefois, je pouvais confronter ce que je pensais être juste avec les membres du Cercle. Païvhane, l'Ancien et même quelques mages disposés à discuter. A présent, sans avis supplémentaire, j'allais devoir faire attention à ce que je prenais pour une vérité. Itsvara, même si ce n'était sans doute pas son but, me l'avait bien fait comprendre, ne serait-ce que concernant l'érudition chez tous les êtres pensants.

De tels traits de sagesse apparaissaient aussi chez les membres elfiques du Cercle, mais je n'avais que peu de doute sur la supériorité d'Itsvara à ce sujet. J'aurais apprécié en apprendre davantage, mais la questionner sur son âge et ses motivations me semblait trop difficile. Ma timidité reprit quelque peu le dessus. Je restais donc immobile, sans prononcer une parole, même lorsque Talic revint finalement vers nous. Je le vis jeter un regard surpris à l'assiette encore pleine puis s'intéresser aux bougies consumées d'Itsvara.

Mes oreilles l'entendirent parler, mais après ce regain d'énergie lié aux informations sur les oudios, la lassitude du voyage commença à fortement reprendre ses droits. Je me détournai légèrement, masquant mes lèvres de bois qu'un bâillement entrouvrait.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 1 Mai 2012 22:34 
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Le gérant se présenta enfin devant la Sindel et l’Oudio, sa mine guillerette s’effaça sous le regard impassible d’Itsvara. Le rapide coup d’œil étonné à l’assiette intouchée de Mythanorië le calma complètement.

« Je nécessite des bougies. Trois feront l’affaire, même s’il y a un supplément tarifaire. »
« Maintenant ? »
« Demain, dans la journée, je n’en aurai guère besoin. Donc oui. »

L’elfe grise baissa les yeux sur le prétendu repas de sa jeune interlocutrice et le désigna d’un léger mouvement de tête.

« Et donnez-lui de la terre et de l’eau. Je pense que vous aurez plus de succès. »

Talic disparut dans son arrière-boutique et Itsvara recentra son attention sur Mythanorië. Cette dernière semblait fourbue, harassée par une journée bien trop longue et méritait son repos, tout autant qu’Itsvara ressentait le désir de finir son épanchement littéraire.
Alors que le gérant revenait, l’elfe libéra son tabouret pour saluer sa nouvelle connaissance.

« Je m’en retourne en chambre, j’ai à faire. Revenez demain, au zénith, nous retrouverons le guérisseur.
D’ici là, Talic devrait vous servir autre chose… et le représentant mâle de votre race m’indiquait que le sol de Tulorim est trop sec en ce moment pour y planter agréablement vos racines. Raison pour laquelle cette ville n’est pas, en ce moment, un lieu adapté à votre espèce.
J’ai été ravie de vous rencontrer. »


Sans attendre de réponse, et après une légère révérence de la tête, elle prit les bougies que Talic gardait en main et s’éclipsa, laissant l’Oudio seule avec Talic.



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Dernière édition par Itsvara le Sam 29 Sep 2012 04:40, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Ven 4 Mai 2012 15:18 
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Auberge du Pied Levé -4-

Mes yeux suivirent le mouvement de l'elfe lorsque cette dernière décida de quitter la salle. A son signe de tête, j'en effectuai un en retour. J'avais toujours du mal à accepter le ton qu'elle employait, mais rien sur son visage ne dénotait de mépris. Malgré ma fatigue, je parvins à prêter attention à ses paroles. Un nouveau détail sur les miens me fut apporté. Apparemment, étant humanoïdes végétaux, il était possible de planter nos racines dans le sol. Mais qu'entendait-elle par racines ? Les orteils ? Nos doigts s'enroulant sur eux-même ou alors d'autres types de branchages que je n'avais pas encore ? Je n'avais toujours calmé ma faim qu'à la façon humanoïde, en mangeant, et je n'avais pas eu de problèmes. M'y prendrais-je mal depuis si longtemps ?

Un léger son de bois posé sur le comptoir me rappela à l'aubergiste. Ce dernier, un sourcil levé, poussa doucement un gobelet d'eau et un plat rond contenant une poignée de terre. J'imaginais toutefois que c'était de la terre à sa couleur, mais sa texture ressemblait davantage à de la poussière épaisse. Du bout d'un doigt, j'écartai les grains. Si secs. C'était à croire qu'il n'y avait pas eu une seule goutte de pluie bienfaitrice dessus depuis bien longtemps. Je n'avais pas spécialement faim, mais devant le regard insistant de Talic, et pour lui prouver que l'elfe ne l'avait pas pris pour un imbécile, je portai le plat à mes lèvres. D'une traite, j'avalai cette terre fade et dénaturée. L'eau ne fut pas de trop pour faire passer tout cela.

Un court instant, je tentai de m'acclimater à l'ambiance somme toute encore et toujours joyeuse de la pièce. Rien à faire, à chaque seconde supplémentaire, la fatigue et une étrange mélancolie m'étreignait. Braquant mes yeux clairs sur l'aubergiste, je descendis du tabouret, et inspirai.

"Je vous remercie. Pourriez-vous m'indiquer une chambre, je vous prie ?"

Talic fit un signe de tête et m'indiqua un numéro à l'étage. Sans perdre un instant, mais en faisant attention à ne percuter personne en chemin, je me rendis dans la pièce mentionnée. La porte grinça légèrement sur ses gonds. Elle était plus modeste que celle de Yarthiss, et pourtant elle me parut presque trop vaste. Un lit était accolé au mur de droite, encadré par une chaise, une armoire et un meuble portant une bassine. Je fermai la porte, constatant la présence d'un loquet. Je secouai la tête, soudainement consciente que, à présent seule, ce mince objet de métal assurait ma protection. Je l'actionnai avant d'aller m'asseoir sur la literie un peu rude.

Dans le silence emplit d'un vague écho de rire, mes pensées se firent un peu plus floues. La lassitude me submergea. Le sommeil dut me gagner sans que j'en ai réellement conscience. Je m'en doutai cependant alors que je regardais d'un peu loin ma liykor d'amie Païvhane et le semi-elfe jouer au dés dans un lieu indistinct.


***



A mon réveil, j'inspirai longuement. Je savais que j'avais rêvé mais impossible de savoir de quoi. Jetant un coup d'oeil par la fenêtre, je pus voir que la matinée était déjà avancée. Un mince sourire naquit sur mes lèvres. Il fallait croire que j'avais besoin de repos. Mon écorce craqua légèrement alors que je m'étirai et délaissai mon ouvrage pour m'asperger un peu la tête d'eau. Ce qui me frappa fut que le niveau de ladite eau semblait avoir encore diminué pendant la nuit. L'atmosphère était d'ailleurs un peu lourde, comme précédant la venue d'un bel orage. Intriguée, je ralliai la fenêtre mais aucun nuage annonciateur de pluie n'apparaissait dans cette étendue bleutée.

Je rajustai mes mèches en les repoussant vers l'arrière, puis m'emparai de mon grimoire et quittai la pièce. D'un geste lent, je défroissai ma cape, ayant oublié de la retirer la veille. Alors que j'arrivai au milieu des escaliers, un brouhaha certain m'atteignit. Je savais que j'avais dormi un long moment, mais pas au point de voir des gens déjà enivrés à cette heure. Je me rattrapai de justesse à la rambarde alors qu'un humain me bousculait dans l'escalier. Qu'avaient-ils donc tous ? Etait-ce une manière de masquer une sorte de mal-être ou étaient-ils tous aussi insouciants ? Je secouai la tête négativement, attendant qu'un trio de liykors finisse de se mouvoir pour bouger à mon tour.

Comme la veille, je me dirigeai vers le comptoir et m'y accoudai. L'aubergiste s'y trouvait, en plein bras de fer avec un autre humain. Tenant mon grimoire d'une main, en appui sur l'autre, je les regardais tenter de renverser leur adversaire avec une certaine attention. J'étais en avance, il y avait donc très peu de chance qu'Itsvara se présente si tôt. Maintenant que j'y pensais, ma sève se mettait à couler plus fort à mesure que j'imaginais ma rencontre avec cet être. Quelles questions lui poser ? Comment me présenter à lui ? Est-ce qu'il accepterait de me parler ?

D'un côté, je sentais l'impatience et l'excitation poindre. De l'autre, je redoutais cette rencontre.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Lun 4 Juin 2012 23:34 
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Itsvara passa une bonne partie de la nuit à écrire, poursuivant son analyse de la journée et collectant un maximum d’informations permettant d’étayer ses hypothèses. Sa dernière rencontre venait, elle aussi, compléter ses réflexions.
Alors que la nuit était déjà bien avancée, Itsvara rejoignit enfin le lit et constata, avec amusement, que sa couche était légèrement trop petite.

(Quitte à accueillir de toutes les races, pourquoi ne pas prévoir des lits adaptés aux plus grands ? Les Humains n’ont donc aucun sens de l’hospitalité ou, au moins, de pragmatisme ?)

La courte nuit se passa sans encombre, si on excepte le voisin ronfleur qui devait probablement cuver un vin aussi âcre qu’assommant. Itsvara était curieuse et avait pour habitude de tout écouter et voir, mais, lorsque le besoin s’en faisait sentir, elle possédait indéniablement la faculté de faire abstraction de son environnement. Aussi, les grognements et autres sons produits par ses voisins de chambre ne pouvaient l’incommoder.


Les premières lueurs du jour accueillirent son réveil. Le rituel matinal était réglé par une tradition de plus de deux siècles pour l’elfe. Préparer une vasque d’eau pour ses ablutions, prier Sithi et Gaïa, vérifier et ranger avec minutie son carnet et son nécessaire d’écriture. La journée s’annonçait chargée. Itsvara était persuadée que la jeune Oudio serait bel et bien au rendez-vous et elle s’imaginait tout ce que la jeune Mythanorië découvrirait avec le vieil Oudio. Bien au-delà de la satisfaction de compléter l’éducation de sa nouvelle compagne, elle souhaitait surtout découvrir les raisons ayant entraîné le manque de connaissances de sa propre race.
Prévenir l’Oudio et son compagnon de la rencontre programmée, sans leur consentement, était nécessaire. Jamais itsvara n’aurait ainsi imposé sa volonté, même si elle avait la conviction d’avoir pris la bonne décision.
Le guérisseur lui avait indiqué que son petit compagnon avait de la famille aux alentours de Tulorim ; un certain Korer Haibon qui possédait une boutique de potions et végétaux. Talic se chargea de lui indiquer la route, et Itsvara profita des heures relativement fraiches du matin pour s’y rendre. Bien que la boutique fût légèrement à l’extérieur de la ville, Itsvara mit bien peu de temps à la rejoindre. Là, elle expliqua à l’Oudio et à son compagnon son désir d’aider Mythanorië dans la découverte de sa race. Ils acceptèrent de l’accompagner et ce fut à midi pile qu’ils entrèrent dans la taverne.


À peine entrée, Itsvara chercha du regard Mythanorië qui attendait au comptoir, attentive aux individus l’entourant. Nul besoin pour l’elfe de désigner la jeune Oudio ; elle était suffisamment repérable. Aussi, après avoir jaugé la réaction du guérisseur, se dirigea-t-elle vers sa nouvelle connaissance feuillue.
L’Oudio avança d’un pas assuré vers sa consœur. Ses yeux couleur sauge la fixaient sans ambage. Il offrait à Mytanorië tout le loisir d’observer son écorce presque noire et marquée de profondes crevasses, ses feuilles étroites et longues tirant sur l’argenté, ses yeux perçants ainsi que sa démarche altière malgré la présence incongrue sur son épaule droite de son compagnon Sinari. Une cape gris-de-lin dissimulait le haut de son crane ainsi qu’une bonne partie de son dos et de ses bras, mais son visage était bien visible.

« J’espère ne pas vous avoir fait attendre. J’aimerais vous présenter, comme convenu, un de vos congénères. Je vous laisse discuter ensemble, je ne prendrais que quelques notes. »

Comme pour illustrer ses derniers mots, Itsvara sortit son carnet ainsi que son nécessaire d’écriture et indiqua une table libre non loin. Quatre places étaient disponibles et, sans attendre le consentement de ses accompagnants, l’elfe prit place, disposant ses outils avec minutie.

L’oudio adressa un sourire tendre et rassurant à Mythanorië et, plaçant son bras feuillu devant lui, il laissa sa jeune acolyte passer devant lui.



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Dernière édition par Itsvara le Sam 29 Sep 2012 04:34, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 17 Juin 2012 03:20 
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Auberge du Pied Levé 5

Plus le temps s'écoulait, plus je ressentais une crainte croissante. C'en était au point que je distinguais à peine le bruit ambiant. L'une de mes longues mains passa dans mes crins végétaux, repoussant ces derniers, jusqu'à ce que la sensation du métal me parvienne. Lentement, j'effleurai le bijou qui ornait ma tête. Un mince souffle m'échappa alors qu'un bref instant le visage du voleur m'apparaissait. Ce n'était pourtant pas le moment de songer à lui, même si cela m'avait un instant distraite de l'angoisse croissant sous mon écorce.

Ramenant ma main libre contre mon visage, puis contre mes yeux, je m'obligeai à inspirer doucement. Hors de question que ma timidité puisse m'empêcher d'enfin apporter des réponses à toutes ces questions sur les miens que je me posais. Si Itsvara ne m'avait pas menti, cela dit. Mais pourquoi l'aurait-elle fait ? Elle n'aurait rien eu à y gagner, à part s'assurer que je sois à un endroit précis en ce jour.

Un mince sourire emplit d'une certaine moquerie envers moi-même peignit un bref instant mes traits.

(Comme si cette érudite pouvait s'être faite alliée de malandrins cherchant un oudio à dépecer... Je me fais peur pour rien.)

La porte de l'établissement grinça à plusieurs reprises, me faisant réagir dans la seconde. Chaque nouveau visage inconnu que je découvrais faisant ralentir le rythme de ma sève. En fin de compte, lorsque l'elfe de la veille entra, j'étais presque sereine. D'un coup, mon regard se riva sur la haute silhouette qui semblait la suivre. Pendant une fraction de seconde, j'eus la sensation que mes orteils s'étaient étendus au point de s'enfoncer dans le sol. Ce fut la voix d'Itsvara, toujours aussi posée en dépit du bruit ambiant, qui me tira de ma torpeur. Sous cette cape se cachait donc bien un être de ma race.

Mes yeux clairs se rivèrent au faciès que j'y découvris. Sa surface était d'une teinte bien plus sombre que la mienne, et marquée de tracés profonds. Son regard posé sur moi m'évoqua presque immédiatement quelque chose de familier. Oui. C'était cela. Ces yeux, que je devinais en réalité plus que je ne les contemplais, me rappelaient ceux de l'être qui m'avait élevé. Mes épaules s'abaissèrent légèrement alors que je ressentais d'un coup une étrange paix m'envahir. Son sourire me conforta dans ce sentiment, et ce fut sans timidité ni embarras que j'obéis à son geste, prenant place à la table.

Une fois assise, l'être... L'oudio, me parut encore plus grand qu'avant, mais ce fut aussi à ce moment-là que je m'aperçus de la présence d'un autre être perché sur son épaule. Lentement, je fis un signe de tête en guise de salutation, ayant encore moins d'idée sur l'identité de cet être-ci. D'un coup, mes yeux clairs se rivèrent à la silhouette au port noble de l'oudio. J'avais tant de questions à lui poser, tant de choses à savoir que tout cela se bousculait sous mes mèches végétales et que ma gorge en restait muette.

Brièvement, je jetais un coup d'oeil à l'elfe grise, semblant effectivement se préparer à prendre des notes. Mais à quel sujet ? Sur nous ? Possible. Pas sûr.

Un grincement végétal me fit presque sursauter, mais je m'en abstins de justesse. L'oudio venait de tourner son visage dans ma direction. Sans doute devait-il attendre une question de ma part, mais rien ne me venait. Intérieurement, je me sermonnais de ce silence mal placé, orientant mon regard vers cette main qu'il avait tendu quelques instants plus tôt. Inspirant vivement, je posais mon grimoire bleuté sur la table, et me tournai dans sa direction.

D'une voix dont je tentais de pousser le volume, je m'adressai à cet être si longuement attendu.

"Vous... Vous permettez ?"

Je crus déceler un mince sourire sur les lèvres d'écorce de mon interlocuteur, ainsi qu'un signe de tête. Prenant cela pour une réponse positive, je déroulai mes mains, les apposant contre celle du géant végétal. Le contraste entre nos écorces était saisissant. La mienne, brune mais claire, semblait presque faite de chair en comparaison de la sienne. Par moments, je levais les yeux de cette main longue et rugueuse, cherchant une approbation dans les yeux de mon aîné. Ma sève pulsait à un rythme lent et lourd, faisant presque frissonner mon feuillage.

J'eus un bref mouvement de tension alors que cette même main se levait de la table, se plaçant à la verticale. Un instant incrédule, je me ressaisis, sentant mon visage se peindre d'une expression curieuse. Ma propre main se déroula, venant se coller doucement contre la paume du géant. En observant leur différence, que ce soit de gabarit ou de teinte, j'eus la sensation de n'être qu'une petite pousse par rapport à lui.

Déjà, je pouvais sentir mon esprit se calmer un peu, et mes idées me revenir. Tout du moins, jusqu'à ce que la voix de Talic s'élève pour demander à l'ensemble de la salle s'il fallait quoique ce soit aux différentes tablées.

(Du calme Mythanorië. Du calme. Il est comme l'Ancien, il veut t'aider.)

J'inspirai par le nez avant de m'adresser de nouveau à lui.

Si vous le pouvez... J'aimerais... Que vous me parliez un peu de vous. Enfin, de nous, les oudios.

Embarrassée par ma requête, que je trouvais d'un coup stupide puisque l'érudite avait sans doute du lui expliquer la raison de cette rencontre, j'enroulai ma main contre cette grande paume, la retirant avec une pointe de regret.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 18 Aoû 2012 23:10 
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Isilrà, entra dans l’auberge et fit quelques pas avant de jeter un regard a la ronde. Il y avait foule en ce lieu, elle était composée de plusieurs races, ainsi que de quelques elfes éparpiller dans la foule. Il ne restait que trois tables de libre dont deux sur sa gauche et une au fond de salle à gauche comptoir, derrière lequel s’affairaient plusieurs personnes, pour arriver à suivre les mandes des clients.

Il se dirigea vers la table du fond, et y pris place rapidement avant qu’elle ne soit occupée par d’autres. D’ici il avait une vue d’ensemble sur presque toute la salle, sauf un coin qui était légèrement cacher par un poteaux de soutient. La foule bigarrée était assez bruyante, mais cela était supportable, et cela donnait aussi un beau spectacle. Dans un coin certains s’adonner a un bras de fer, et étaient entourer par plusieurs personnes qui a première vue prenait des paris sur le gagnant. Un peu plus loin se déroulait une partie de cartes, et une troupe diffusait de la musique, difficile à entendre avec le brouhaha de la salle.

A peine quelques instants s’écoulèrent avant qu’une jeune serveuse apparaisse en face d’Isilrà, afin de s’enquérir de ses désirs :


"Bonjour, que puis-je vous servir ?"

Fit-elle avec son plus beau sourire, qui dévoila une rangée de dents blanches, mais un peu irrégulières.

"Bonjour. Un repas serait le bienvenu, et une cruche d’hydromel. Par la suite il me faudrait uns chambre si vous en avez encore de libre."

"Pour le repas et l’hydromel pas de problème. Pour la chambre je vous enverrai le patron. Nous avons de la volaille, ou du cerf aujourd’hui, vous prendrez quoi ?"

Son sourire ne quitta pas son visage de toute la conversation, mais on voyait bien que le fait de ne pas voir la moitié du visage de son client ne l’enchantait pas vraiment, à sa façon de tenir le petit calepin et la plume entre ses doigts nerveusement. Mais cela ne fit aucun effet à l’elfe :

"Je me contenterai de légumes et de fruits. Prévenez votre patron que je resterai peut-être un bon moment, si une chambre est disponible."

La fille acquiesça d’un signe de tête et partis rejoindre le comptoir ou elle s’adressa à un homme de bonne taille et de bonne corpulence, tout en faisant un signe en direction de l’elfe.
L’homme tourna le regard vers lui en répondant à la fille, mais resta sur place à l’observer un moment avant de sortir de derrière le comptoir une cruche et un godet a la main, afin de venir se planter devant Isilrà :


"Vous désirez une chambre ? J’en ai une qui vient de se libérer à l’étage, elle sera nettoyée d’ici une bonne heure environ si cela vous convient."

Tout en parlant il se pencha pour poser les deux articles devant Isilrà, et par la même occasion tenta visiblement de voire le visage de l’elfe. Peine perdue, la capuche tombait assez basse pour que cela ne soit pas possible, laissant donc Isilrà tout loisir d’observer sans qu’on puisse vraiment deviner ses pensées.

"Très bien, cela me convient."

Dit-il, tout en posant quelques pièces sur la table, qui devraient pouvoir couvrir le prix d’une bonne semaine, pour la chambre. Pièces qui disparurent aussitôt qu’elle touchèrent la table dans la main du patron, qui aussitôt cessa toute tentative d’observer, et posa un grand sourire sur son visage.

"Bon appétit."

Fit-il encore avant de repartir derrière son comptoir ou il fit disparaître les pièces dans un coffre qui devait sûrement servir de caisse.

5 Minutes et un godet d’hydromel plus tard, la fille réapparut avec un plateau charger de légumes fumant et une coupe bien remplie de fruits divers, qu’elle déposa devant son client. Une pièce changea encore de propriétaire et elle parti tout sourire en lançant un bon appétit a Isilrà. Celui-ci huma le plat de légumes et se servi une bonne portion qu’il se mit en devoir de manger calmement tout en observant la salle. Peut-être aurait-il la chance de croiser des gens de son pays qu’il connaissais et qui pourraient peut-être l’aider a commencer sa vie en Tulorim.


Tout en ingurgitant son repas lentement, Isilrà, observait et tendait l’oreille. A un moment il s’arrêta net dans son geste de porter ses victuailles à sa bouche, mais pas longtemps, ce fut imperceptible pour celui qui ne l’observait directement. Il avait cru entendre un nom connu :


(Sinaëthin, ce n’est tout de même pas celle que je connais, ce n’est pas possible. Qu’aurait-elle bien pu faire ?)

En effet a une table pas loin de lui trois personnages parlaient d’une affaire se passant à Kendra-Kar, concernant une Sinaëthin, hors ce nom raviva des souvenirs en Isilrà, et il tendit donc encore un peu plus l’oreille. Il était à première vue question d’une accusation pour meurtre et d’une relaxe, mais les détails n’étaient pas claire.
Isilrà continua son repas tout en tendant l’oreille, mais les informations qu’il put encore glané n’étaient pas des plus claires, car les trois personnages n’avaient pas la même perception de cette affaire, pour l’un, on venait d’innocenter une meurtrière, et pour les deux autres, la justice aurait commis une injustice en la condamnant.
Voilà qui est bizarre, il me semble invraisemblable qu’elle ait pu faire une telle chose, si il s’agit bien de la même personne.
Il n’apprit rien de plus ce soir-là, et cela le laissa perplexe, aussi finit-il son repas et monta à l’étage prendre du repos. Une fois allonger il ferma les yeux et se remémora des souvenirs qui eurent lieu quelques années déjà auparavant, et qui concernait une jeune elfe du même nom que les trois avaient prononcé.


(Il me faut en avoir le cœur net, j’irai voir cela dès demain.)

Et ce fut sur cette pensée que le sommeil le pris dans ses bras. La nuit ne fut pas très longue, il récupéra vite à la façon de tous les siens. Et dès son réveil, il se remémora ce qu’il avait entendu la veille, en faisant une toilette rapide, s’aidant pour cela de la cuvette et du broc d’eau froide à sa disposition. Descendant ensuite rapidement, il prit juste le temps d’un petit déjeuner, et de questionner le patron sur la meilleur façon de rejoindre Kendra-Kar.
Il prit donc la décision de faire le voyage par la mer avec la Perle Rouge, ce qui reviendrai au moins cher, même si cela prendrai plus de temps, mais que sont quelques jours dans la vie d’un elfe ? Dès qu’il eut terminé son repas, il salua le patron en lui disant, qu’il reviendra surement un jour, mais quand, cela n’était pas encore décider. Voulant lui rendre la monnaie, le patron fut surpris de se voir répondre de garder le tout. Et Isilrà se mit aussitôt en route vers le port afin de trouver ce navire.

_________________
Le temps et l'usage rendent l'homme sage.

Fingolfin Isilrà

A Kendra Kâr, a l'auberge de la tortue.


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mar 25 Sep 2012 01:05 
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La jeune femme semblait tétanisée par cette apparition, pourtant d’un être de son espèce. Ils s’installèrent à la table où Itsvara les attendait, carnet prêt à être complété de son encre noire et de sa calligraphie fine. La première demande de la jeune brindille fut polie et timide, elle souhaita toucher l’écorce de son acolyte. Leurs mains se déroulèrent jusqu’au contact attendu et, paradoxalement, probablement redouté. Une fois cette première approche effectuée, le temps des questions vint. La première, et la plus évidente semble-t-il, concerna la race des Oudios, et toutes celles en découlant. Leurs mœurs, leurs origines, leurs traditions, leur Histoire, les liens avec les autres races.
Patiemment, le sage lui raconta avec éloquence ce qu’il savait, mais aussi ce qu’il en avait entendu dire, tant par ceux de son espèce que par les étrangers. Mythanorië écoutait avec déférence, Itsvara notait avec diligence. Les questions se succédaient, les réponses s’enchaînaient, les pages se remplissaient.

L’après-midi passa sans qu’aucun des trois participants ne s’en aperçoivent, ce n’est qu’en voyant quelques clients se faire servir à manger qu’ils réalisèrent le temps écoulé.

« Je pense qu’il serait bon de nous arrêter, momentanément du moins, mon encrier est presque à sec. Cela me désolerait de perdre une once de vos précieuses informations. »



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Dernière édition par Itsvara le Sam 29 Sep 2012 04:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Mer 26 Sep 2012 15:24 
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Rencontre -6-


Ma question eut une réponse simple, mais qui fut suffisante pour m'amener à en poser d'autres. Chaque parole de l'oudio me procurait son savoir, et j'avais presque l'impression de partager autre chose avec lui. Ma timidité laissait place à une curiosité infantile, à une soif de savoir difficile à étancher. Ce n'était plus un simple apport d'informations, mais un échange entre un être au long passé, et moi. Tout en l'écoutant me parler des miens, je m'imaginais dans les siècles futurs. Je n'en étais donc qu'à un jeune stade de mon existence, mais cette perspective me marqua plus que nécessaire. Ma vie était donc limitée. Je le savais déjà, puisqu'en tant qu'être vivant, il me faudrait un jour affronter le trépas. Cependant, pouvoir arrêter une fourchette d'âge me laissait perplexe, presque peinée. Je regrettais presque de le savoir.

Concentrée, j'intégrais ces connaissances sur notre Histoire, et certaines figures emblématiques. Plus intéressant encore, mon aîné évoqua des noms d'auteurs, souvent non-oudio, ayant étudié de petits groupes des nôtres. Mon envie de visiter la bibliothèque de Tulorim s'en trouvait renforcée, mue par une raison supplémentaire de m'y rendre.

Pendant cet échange, je ne faisais attention qu'à l'écorce sombre, se muant avec retenue. Tout dans l'être de mon interlocuteur trahissait une noblesse liée à une sagesse certaine. Une certaine admiration naïve naquit en moi, ainsi qu'une idée un peu simpliste. J'avais envie de devenir, un jour, aussi sage que lui. Je songeais alors que, pour cela, il me faudrait acquérir de l'expérience. Le seul obstacle à cela restait ma prudence, m'empêchant de véritablement m'impliquer dans des situations. Peut-être était-ce là la voie que je recherchais ? Le déclic pour m'aider à grandir ? Sans être inconsciente, peut-être devrais-je prendre un peu plus de risques plutôt que d'observer de façon neutre ?

(Cela risque de prendre un peu de temps... Les habitudes sont difficiles à changer.)

Un mouvement proche me fit porter mon attention sur Itsvara, quelques instants avant que cette dernière n'annonce être à court d'encre. Intriguée, je jetai un coup d'oeil vers l'extérieur, ou plus précisément la porte ouverte, remarquant l'avancée du jour. Je restai un court moment coite, surprise que d'aussi longues heures aient pu s'écouler. Ce ne fut d'ailleurs pas la seule chose que je remarquai.

Arrivant rapidement, le souffle assez court, une silhouette familière entra, jetant un regard rapide à la pièce. A l'instant où les yeux terre se rivèrent aux miens, le mètre soixante du semi-elfe accourut dans ma direction. Avant même de pouvoir le saluer, le voleur brun me coupa la parole.

"Mytha' ! Moura merci, j'te trouve ! "

Comme s'il se rendait compte de la situation, le demi-elfe se tut un instant, passant rapidement les yeux sur mes camarades de table. Il les écarquilla un instant en voyant l'oudio, resta un moment perplexe devant le sinari silencieux, puis il vit l'elfe grise. Dès lors, son visage se durcit, et il jeta un regard haineux à cette dernière. Je pensais qu'il en voulait à son géniteur, mais pas que sa colère pouvait naître simplement en voyant un faciès elfique.

Résolument, il se tourna vers moi, ne prenant même pas le temps de saluer qui que ce soit.

"J'ai b'soin d'toi ! Question d'vie ou d'mort !"

Sur ce, il s'empara rudement de mon poignet, heureusement protégé par un brassard de cuir, et m'obligea à me lever. Saisissant mon grimoire, je restai un instant hébétée, puis abaissai le poing retenu, me libérant de sa prise. Avec une voix inhabituellement ferme, qui me surprit aussi, j'objectai.

"Inutile d'être brutal, Nahöriel ! Je vais te suivre, mais accorde-moi une minute !"

Poussant un souffle soulevant quelques mèches végétales, je regardai ensuite mes interlocuteurs un à un.

"Je vous suis infiniment reconnaissante pour votre aide. Vos réponses m'ont été très précieuses. "

Parvenant à diriger mon regard vers les yeux d'Itsvara, j'enchaînai.

"Merci d'avoir permis cette entrevue. Puissent vos pas vous mener vers d'intéressantes découvertes."

Devant le regard insistant, et l'attitude visiblement pressée, du voleur sous cape, je me hâtai de les saluer. Serrant mon grimoire contre moi, j'emboîtai le pas au semi-elfe, me demandant soudain dans quel genre d'ennuis il allait m'attirer.


*-->*

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Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 29 Sep 2012 01:49 
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À peine l’entretien fut achevé qu’un ami de Mythanorië la rejoignit et l’enquit de la suivre. Vigoureux, voire brutal, il insista grossièrement, allant jusqu’à la contraindre physiquement. La discussion avec le sage avait sans aucun doute marqué la jeune Oudio, aussi elle calma les ardeurs de son compagnon et prit le temps de saluer ses compagnons d’un soir.

Le maître du soir, et son petit compagnon, prirent également congé d’Itsvara, lui indiquant qu’ils leur fallait partir de Tulorim. La Sindel, quant à elle, souhaitait rester encore un peu, ne serait-ce que pour visiter cette fameuse bibliothèque. Elle resta un moment à feuilleter les pages nouvellement complétées et à comparer ces nouvelles connaissances avec celles compilées sur les autres races.
L’Oudio avait également abordé la magie, ce qui travailla la conscience de l’elfe. Ses réflexions de la veille remontaient, ses écrits lui rappelaient sa démarche intellectuelle face à ce changement indéniable dans sa vie. Les yeux dans le vide, elle referma son carnet et son nécessaire d’écriture instinctivement.

Enfin, elle sortit de table et retrouva Talic.

« Deux bougies je vous prie. » Elle déposa quelques pièces sur le comptoir, bien plus que nécessaire. « Une collation également serait appréciable, mon brave. »

« Je vous apporte le tout en chambre. »

« Bien. Oh, et un broc d’eau également. Ce sera tout. »


Une fois dans la chambre, Itsvara rangea son carnet et son nécessaire dans sa boîte. Plongée dans ses pensées elle remarqua à peine l’arrivée de Talic, à qui elle avait pourtant autorisé l’entrée. Assise sur le lit, trop petit, elle fixait l’extérieur.

(Quitte à manier la magie, autant le faire avec contrôle et réussite. Il me faut apprendre et la bibliothèque pourra être un bon départ. Raison de plus pour y aller… mais que je regrette Cyniar ! Là-bas j’aurais eu toutes les informations nécessaires pour juger de ma situation.)



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Dernière édition par Itsvara le Sam 29 Sep 2012 04:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Sam 29 Sep 2012 04:04 
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(Avec la magie, tu pourras faire de grandes choses.)

Itsvara sursauta, elle commençait à s’assoupir et cette voix, semblant venir de nulle part, la surprit.

« Qui est là ? »

Elle regarda autour d’elle, inspectant chaque recoin de sa chambre, malgré l’obscurité régnante.

(Pratique de voir presque normalement dans le noir, je suis bien d’accord.)
(Je deviens folle, il n’y a personne ici.)
(Aucune folie, Itsvara.)

« Quelle est cette magie abjecte ?! Troubler mon esprit ainsi ! »

(Tu connais mon nom. Tu connais mon espèce. Souviens-toi, il y a environ un siècle, quand tu lisais tous ces livres sur les espèces magiques, alors que tu étais intriguée par les Aniathys…)

« Je ne sais. Montrez-vous ! »

(Pas tout de suite, non. Trouve mon nom avant.)

Le silence se fit. L’esprit d’Itsvara bouillonnait, partagé entre le désir de trouver réponse à cette énigme et la colère de voir ses pensées ainsi violées. Elle en avait lu un certain nombre, des livres traitant des êtres magiques, et il était temps de ressortir ces connaissances anciennes. À l’époque, elle passait une partie de ses journées à la bibliothèque… et l’arrivée d’une nouvelle Aniathy au sein de la famille l’avait incitée à se renseigner sur ces êtres. Par extension, elle en était arrivée à lire sur les élémentaires, les Azurions, les Faeras ou, encore, les Gentâme. Ces deux derniers l’avaient particulièrement marquée.
Les Faeras, par leur connaissance des temps anciens et futurs et par leur vue objective du monde étaient, aux yeux de la Sindel, une espèce enviable. Les seconds, par l’amas de connaissances acquises, semblaient attirants. Cependant, ils avaient l’inconvénient d’être associés aux ombres, au Mal, contrairement aux Faeras jugées si bonnes par Nature.

« Vous me connaissez. Depuis longtemps. Vous me surveilliez ? »

(J’étais dans ton entourage. Très proche. Et je peux répondre aux questions que tu te posais hier soir.)

« Je m’en suis posée quelques-unes. Cela ne m’aide pas à savoir qui vous êtes. »

Elle regarda sa main brûlée et eu un mouvement de recul.

(Non…)
(Et si ! Ta magie nouvellement acquise, tes questions sur ce léger incident…)

« Léger incident ?! Mon mari me brûle et vous considérez qu’il s’agit d’un léger incident ?! »

(Une erreur, cela arrive. Il voulait le Bien.)

« Par les Ombres. »

(Le résultat compte. Varancka a réalisé de grandes choses sur les champs de bataille. Pour répondre à une autre de tes questions d’hier, oui, le Mal est nécessaire. Il rend le Bien d’autant plus important et éclatant.)

Itsvara resta prostrée. Ces révélations ravivaient ses douleurs, tant physiques que psychiques.

« Impossible… »

(Donne-moi mon nom. Je t’apporterai la Connaissance, la vue omnisciente, le recul nécessaire à l’analyse, la possibilité de prendre des décisions.)

« Et si je refuse ? »

(J’entends déjà le nom émerger dans ton esprit. Tu le désires. Crois-moi, tu accompliras de grandes actions si je suis à tes côtés. Mais tu peux le refuser, tu es libre de faire tes propres choix.)

« Acknarav. Tel sera ton nom. »



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Dernière édition par Itsvara le Dim 30 Sep 2012 23:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 30 Sep 2012 17:08 
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Je pénetre dans l'univers bruyant et odorant de l'auberge. En m'asseyant à une table, je remarque un homme étrange, vêtu de cuir en train de m'observer. Je ne vois pas son visage, cependant son regard me brule. Je me détourne de lui et m'apprête à interpeller Talic, le gérant, mais il se lève et s'approche de moi. Je porte la main à mon arme au cas où, mais il lève la main dans un geste pacifique. Je l'interroge du regard. Il s'asseoit et me dit d'une voix douce:


"J'ai une proposition à te faire. Accepterais-tu de partir pour les territoires de l'est, dans la région de Yarthiss? J'ai une mission pour toi là-bas."


"Quel genre de mission?"


Cette question le fait sourire. Il commande d'une voix forte deux pintes de bière. Puis il se tourne vers moi et me dit le plus sèrieusement du monde :


"Un homme originaire d'un petit village au sud de Yarthiss est venu se plaindre il y a quelques jours de brigands gobelins pillant et tuant sur leur passage. La milice de Yarthiss, ni aucune autre n'aurait voulu le croire, et il m'a supplié de l'aider. D'après lui, les gobs sont au nombre de 3, armés jusqu'aux dents. Mais ils ne sont pas un réel danger séparément. Si tu parviens a les eloigner, il te sera alors aisé de les vaincre. Qu'en pense-tu, guérisseur?"

Le mot guérisseur me fait tiquer. Comment sait-il ma voie, alors que je ne le connais ni d'Ève ni d'Adam?
Comme s'il lisait mes pensées, il me réponds avec un clin d'œil énigmatique:

"J'ai posé les bonnes questions aux bonnes personnes."

Un jeune serveur apporte deux chopes et l'homme lui glisse quelques yus dans la main avec un remerciement.


"Alors?"

" Et si tu me parlais déjà de toi? J'ai l'impression que tu n'ignore pas totalement qui je suis. En revanche, je ne te connais aucunement. Dis-moi qui tu es avant toute chose."

Deuxième sourire. L'homme porte sa chope à ses lèvres, et boit une longue rasade de bière. Je ne touche pas à la mienne, attendant sa réponse. Je le regarde. Il ne dit rien, me rend mon regard. Soudain, il enlève sa capuche, découvrant un beau visage aux traits harmonieux, ponctué de deux yeux noirs comme la nuit et encadré par de longs cheveux blonds. Il prend la parole :

"Tu veux savoir qui je suis hein? Tu n'aimes pas qu'on en sache beaucoup sur toi sans que ça ne soit réciproque? Et bien soit. Je m'appelle Anthon, je suis un rôdeur. Je suis un humain de 37 ans originaire de Kendra Kâr, et je parcours les routes depuis l'âge de 20 ans.
Je ne loge nulle part, voyageant de ville en ville, de continents en continents, et logeant dans des auberges ou en pleine nature. Voilà, tu en sait autant sur moi que moi sur toi. Maintenant, je te réitère ma question. Accepte-tu cette quête?"


"Je ne vois aucune raison de refuser, cependant, j'ai une dernière question : tu sembles capable de faire cette mission toi-même, alors pourquoi n'y vas-tu pas?"

" C'est une bonne question. Disons simplement que... Je suis interdit de séjour à Yarthiss depuis un moment déjà"

Je fronce les sourcils, mais ne dis rien. Je me contente de lui tendre ma main :

" C'est d'accord!"

_________________
Force et courage soient avec vous, mais qu'ils ne dépassent pas votre pensée et votre esprit.
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Alyster Lysenloire, Guérisseur, niveau 2


Dernière édition par Alyster le Sam 6 Oct 2012 07:21, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 30 Sep 2012 23:30 
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La Faera se dévoila devant Itsvara, les cheveux d’or, les yeux azur, les lèvres incarnates, le tout formant une expression de résipiscence. Statique, elle fixait sa nouvelle maîtresse lui laissant le temps de l’observer en détails.

(Je te suis désormais loyale. Je t’accompagnerai et te conseillerai du mieux que je le pourrai.)
« Nous verrons. Pour le moment, je dois dormir. »
(Bien entendu. Un conseil cependant… Ne me parle pas de vive voix, exprime toi par pensées. Sans quoi, ton entourage te prendra pour une folle.)

Sitôt le dernier mot énoncé, Acknarav disparut, laissant Itsvara face à un prétendu vide.

(Le monde est rempli d’invisible… Je ne vous vois plus, mais je vous sais présente et je dois avouer que j’apprécie peu.)


La nuit fut courte et entrecoupée de réveils en sursauts, le réveil fut brutal et désagréable ; Les voisins de chambre avaient oublié la discrétion inhérente à la politesse.

(Acknarav ?)
(Je suis là. Je suis toujours là. Ton sommeil a été agité, même en dormant ton esprit est déchaîné.)
(Vous auscultez mes pensées même pendant mon sommeil ?)
(Nul besoin de pénétrer tes pensées pour savoir que tu es agitée.)
(Je veux garder mon intimité intellectuelle. Ne vous immiscez pas ainsi dans mes réflexions.)


La Sindel prépara avec dévotion, plus encore qu’à l’ordinaire, ses ablutions. Elle pria Sithi et Gaïa, se rappelant des enseignements de ses parents et des prêtres, de guider ses décisions et actions. La force et la tranquillité de ces deux déesses semblaient, dans ce contexte, nécessaires pour prendre la bonne décision concernant cette nouvelle venue dans le quotidien d’Itsvara.
La magie n’avait pas les faveurs d’Itsvara. Se rendre compte qu’elle avait la possibilité de la manier l’avait déjà tourmentée et l’adjonction d’un être de magie s’attachant à elle n’arrangeait en rien son trouble. Les ablutions, comme l’écriture, étaient pour Itsvara une nécessité pour voir clair dans son esprit, l’eau nettoyait ses doutes, l’encre façonnait ses analyses. Aussi, après avoir purifié ses pensées et son corps, elle voulut reprendre ses réflexions à l’écrit.

« Et je n’ai pas d’encre… »

L’exaspération reprenait le dessus, noircissant l’âme d’Itsvara. Elle aimait que les choses soient à leur place, bien rangées, toujours disponibles. Elle n’aimait pas oublier ou manquer de prévoyance. La Faera en profita pour se montrer.

(Et si, au lieu d’écrire, tu me parlais ? Je retiens tout, je peux devenir ton carnet. Nul besoin d’encre.)
(L’acte même d’écrire me soulage. Et je ne veux pas être dépendante de quelqu’un… ou quelque chose.)
(J’ai compris. Je te laisse. Tu sais, tu n’es pas obligée de m’accepter. Si tu le souhaites vraiment, je peux partir.)

« JE NE SAIS PAS ! »

Les mots avaient été expulsés plus que prononcés. Avoir cette chose lui tournant autour, s’imposant à ses pensées d’une manière si insistante avait brisé la patience de la Sindel. Confuse de s’être emportée, elle attendit une réaction d’Acknarav, mais rien ne brisa le fond sonore de la taverne. Enfin, elle se décida à quitter les lieux.



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Dernière édition par Itsvara le Ven 5 Oct 2012 15:33, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Ven 5 Oct 2012 04:37 
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La porte n’était pas encore ouverte qu’Itsvara comprit qu’un spectacle battait son plein. Des danseuses étaient présentes, attisant les humeurs des clients. Le silence de la bibliothèque, et même des rues, était loin. Les sifflements, rires, cris, couplés à la prestation des musiciens, formaient un brouhaha qui agressa violemment la Sindel.
Elle resta dans l’embrasure de la porte, les yeux fermés.

« Bah avance ! »

Elle expira lentement avant de laisser un sourire naître sur son visage.

« Trouvez une table et profitez du spectacle, je préviens Talic de venir vous voir. »

Du haut de ses deux mètres, Itsvara dominait majoritairement la population présente et retrouver Talic ne constitua pas un obstacle. Le rejoindre fut complexe. Un conglomérat de spectateurs de fond de bouteilles occupait le comptoir derrière lequel se trouvait le gérant.
Comme elle put, et pourtant aidée par sa taille imposante, Itsvara avançait doucement, veillant à éviter au maximum le contact avec la peau moite des personnes présentes. Plus elle s’enfonçait, moins elle parvenait à se frayer un chemin.

« Excusez-moi, je souhaiterais rejoindre le comptoir. »

Personne ne l’écoutait, ou personne ne l’entendait. Quoiqu’il en fût, le résultat fut le même : Itsvara était purement et simplement ignorée.

« Tu lui veux quoi à Talic ? »
« Mais… »
« Nan mais je vais y aller, sinon dans trois heures on attend encore pour bouffer. »
« Je m’y rendais, justement. »
« Pas assez vite, je vais te montrer comment faire. Tu lui veux quoi, alors, à Talic ? »

Elle resta expectative.

« Me montrer ? Oui, je voudrais lui prendre de l’encre, s’il en a, et deux bougies. À mettre en chambre. »

Sans un mot, Gabriel s’enfonça dans la foule, se faufilant entre les groupes, se glissant contre ceux qui arrivaient à avancer d’un pas ou deux, serpentant entre les jambes des piliers de bar pour enfin rejoindre Talic en un temps record.
Itsvara n’avait pas vraiment compris ce qu’il venait de faire, à peine avait-elle aperçu la tête ou un bras de Gabriel, et c’est impressionnée qu’elle le retrouva en pleine conversation avec l’aubergiste.
Après quelques mots échangés, Itsvara pointée du doigt et une poignée de main, Gabriel revint vers la Sindel.

« Incroyable ! Utilisez-vous la magie ?! »
(QUOI ?)
« Ahaha ! La magie ! T’es trop drôle la géante ! »
(Non mais tu ne le sens pas ?!)
« Pourquoi pas ? »
(Il n’en est pas digne ! Il ferait le mal avec.)
« J’en ai pas besoin, qu’est-ce que tu crois ? Tsss. »

Ils trouvèrent un bout de table, presque, libre et s’installèrent le temps qu’une jeune femme, aguicheuse et aguichante, vienne prendre leur commande.

« Du Harney cuit ! Et du pain ! Et du vin ! Et du fromage ! »
« Du pain, du fromage de jument, quelques verdures et une Goutte du Soleil, je vous prie. »

Elle leva son pouce pour acquiescer et disparut, elle aussi, dans la foule.

« Bon, pourquoi t’es encore là ? »
« Je pourrais vous poser la même question. »
« Hey ! C’est ma ville ! C’est normal que je sois là. Toi, par contre… »
« Je visite, découvre et apprends. Dites-moi, pourriez-vous me dire ce que vous pensez de la magie ? »

Il hocha la tête et le épaules puis lança un regard aussi déterminé que négligent à Itsvara.

« La magie, c’est pour les faibles. »

(Tu l’as sauvé !)

« La magie vous a sauvé. »
« Tu rigoles ? J’étais à peine blessé. J’aurais pu attendre, le temps que ça se remette en place tout seul !
La magie, c’est pour ceux qui savent pas se débrouiller seuls. »

(C’est un ignorant doublé d'un ingrat ! Pourquoi lui offrir à manger et perdre ton temps avec lui ?!)
(Vous n’avez qu’à lire dans mes pensées. Vous le faites déjà sans permission, de toute façon.)
(J’entends, mais je ne comprends pas. Soit tu as un raisonnement biaisé, soit tu es soit trop naïve. Je ne sais même pas ce que je préfèrerais.)

Les plats furent déposés sur table sans même qu’Itsvara y prêta attention. Gabriel entama goulument son repas pendant qu’Itsvara restaient perdue dans ses réflexions… et celles d’Acknarav.

(Ce va-nu-pieds est une sangsue, dépendant de son environnement, soumis à son destin. Il n’est rien, tu ne peux rien pour lui.)
(Laissez-moi gérer mes affaires, vous devez m’aider à accomplir mon destin.)
(Et ton destin, ce n’est pas de filer à bouffer au premier clampin qui passe !)



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Dernière édition par Itsvara le Lun 12 Nov 2012 14:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Dim 4 Nov 2012 17:25 
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Gabriel s’empiffrait du festin commandé alors qu’Itsvara grignotait son léger repas. Le jeune homme n’avait pas encore avalé sa dernière bouchée qu’il regardait dans les plats de l’elfe.

« Tu vas finir ton fromage ? »
« Hum ? »
« Ça, là. Tu vas le manger ? »

Elle ne comprit pas pourquoi il lui posait une telle question. La demande implicite ne lui apparut pas à l’esprit. Aussi, elle lui répondit d’une façon pantoise.

« Oui, bien évidemment. Je ne l’aurais pas commandé, sinon. »


Il parut déçu mais la Sindel, qui ne lui accordait aucune attention, ne le remarqua pas. Elle eût le temps de finir sa salade et son fromage avant de reprendre la parole, fixant Gabriel comme si elle se rappelait de sa présence.

« Accepteriez-vous de m’accompagner en dehors de Tulorim ? »

(Non, mais, je rêve ?!)
« Qu’est-ce tu baves ?! »
« J’ai repensé à ce que vous m’avez dit ce soir. Vous êtes un jeune homme plein de ressources et de débrouillardise ; ce qui me manque, il semblerait.
Vous avoir à mes côtés pourrait être bénéfique. Tant pour vous que pour moi, ne pensez-vous pas ? »

« Tu mpayes ? »
« Comment ça ? »
« Bah ouais, du fric, pour te protéger, te tenir compagnie. Tu crois pas que j’vais faire ça gratos ?! »
« Ah mais non voyons ! »

Elle lui fit un grand sourire, pensant qu’il plaisantait ou qu’il ne réalisait, tout simplement, pas l’opportunité qui s’offrait à lui. La possibilité de s’enrichir culturellement et intellectuellement, de découvrir de nouveaux horizons, de quitter sa sinistre vie ; de changer son destin.
Gabriel, en effet, restait sourd à ce genre de vision. Il la dévisageait, dans l’expectation d’une réponse complémentaire.

« Bah alors ? Tu me paies combien ? »
« Mais je ne vous paie pas, voyons ! Je vous offre l’opportunité de découvrir le monde, c’est une chance inouïe ! »
« Mais je m’en fous, moi, de découvrir. Ça m’servirait à quoi ? »
« À sortir de votre misère. Mais, je ne vous force pas. Je trouverai bien une personne pour m’accompagner. »
(Laisse le dans patauger joyeusement dans sa fange. Il ne mérite pas que tu lui tendes la main.)
« Mouais, bah si c’est si facile, t’as qu’à te démerder, la géante. Bon, t’as encore besoin de moi ou j’peux partir ? »

Distraitement, et sans prendre conscience du ton sec de sa phrase, elle lui rappela simplement qu’elle ne lui avait pas demandé de venir et qu’il s’était imposé.

« Bien, il est temps que j’aille me coucher. Je retourne à la bibliothèque demain, j’ai fort à faire. »
« Ouais, bah demande à un de tes livres de t’accompagner dans ton voyage. Salut la géante ! Et c’était sympa le repas. »

Itsvara sourit légèrement, Gabriel ne lui avait pas dit clairement « Merci », mais il s’était tout de même montrer reconnaissant. Le progrès n’était pas fulgurant, mais il y avait bon espoir d’éduquer le jeune homme.



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 Sujet du message: Re: L'Auberge du Pied Levé
MessagePosté: Jeu 15 Nov 2012 22:42 
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Talic s’était habitué aux demandes quotidiennes d’Itsvara. Aussi, lorsque cette dernière revient à l’auberge, il s’empressa de tirer de sous le comptoir un plateau, chargé d’un broc d’eau fraiche et de trois bougies.
Son regard exprimait clairement la satisfaction d’accomplir parfaitement son travail, connaissant les habitudes de ses clients.

« Vous avoir rencontré est un réel plaisir, Talic. Vous si attentif et attentionné, cela incite au respect et à l’admiration.
Je me permets d’abuser de votre délicate sollicitude. Pourriez-vous me faire monter en chambre un plat revigorant, sans alcool, je vous prie ? »


Talic acquiesça et chargea une de ses employées d’accomplir cette demande.


Son séjour à Tulorim devait être court, et cela faisait déjà quelques jours qu’elle déambulait et découvrait la ville. Les rencontres avaient été multiples et c’étaient toutes montrées didactiques. Le temps de l’exercice lénifiant était venu.
Suivant son rituel centenaire, la sindel mit en place son nécessaire d’écriture et son carnet, dont les pages vierges commençaient à se faire rares.


Notre mode d’existence est-il concomitant de notre environnement ? Notre être, et par extension notre comportement, est-il dépendant des influences familiales et culturelles nous affectant ?
Gabriel aurait-il été différent s’il avait été enfant pauvre à Cyniar ? Aurais-je été différente si j’avais été enfant de noble à Tulorim ? Mythanorië aurait-elle été plus sûre d’elle si elle avait poussé parmi les siens ?

Il semblerait que toute intercession dans la vie d’un être participe à sa formation, à son éducation, à son évolution et à ses modes de pensées. Malgré cette observation, nous pouvons aussi remarquer les différences notables entre deux personnes évoluant dans un même milieu. Je me souviens, sans peine, de ces deux frères cynirains travaillant pour mon père. L’un à la nature belliqueuse, l’autre aux manières débonnaires. Ils avaient pourtant les mêmes racines, le même environnement, les mêmes fréquentations.
Le premier se sentait rejeté par sa famille, du fait de son caractère belliciste, ce qui conduisit à ce drame qui me marquera, je pense, toute ma vie. Ce fut la première fois, dans mes souvenirs, que l’ordre fut troublé sur notre domaine, désormais entaché par le sang fratricide.
Si j’avais disposé à cette époque de ma magie, aurais-je pu apaiser la colère agitant ce pauvre enfant ? Et si je l’avais fait, aurais-je entravé son libre arbitre ? L’avait-il vraiment jusqu’alors ou était-il déjà dépendant de faits personnels dont je n’ai connaissance ? Et si j’avais changé le frère violent, le paisible le serait-il resté ?

À partir de quelle limite pouvons-nous estimer que nous subissons notre environnement et que notre libre-arbitre n’est plus ?

Encore une fois, j’en reviens à cet épisode avec Varancka. J’ai tellement l’impression que cette blessure, tant physique que morale, a été une césure nette dans mon existence. J’aimerais tant le comprendre… et, pourquoi pas, l’excuser.
D’autant que, si le contexte caractérise la personnalité de chacun, alors je risquerais de devenir comme lui, malgré les exercices proposés par ma Faera.



Elle reposa sa plume et s’enfonça dans sa chaise. La journée avait été longue et éprouvante et, malgré cette habitude de clarifier son esprit par l’écriture, Itsvara ne se sentait pas aussi apaisée qu’elle l’avait été au temple.
En quittant Cyniar, elle souhaitait confronter ses connaissances, obtenues par les livres de la bibliothèque, aux vérités du monde. Plus son séjour avançait, et plus l’univers lui semblait bien loin des images qu’elle avait pu s’en constituer. Cependant, malgré ses tribulations, elle n’était pas déçue de ce qu’elle découvrait. Sa curiosité n’en était que plus attisée et elle forgeait son mode de pensées en confrontant ses convictions à ses rêves et ses observations.

Elle prit le temps de regarder autour d’elle, accordant à chaque détail de sa chambrée une attention plénière. Enfin, elle se saisit de sa vasque et du broc d’eau, fit ses ablutions et c’est l’esprit clair qu’elle appela sa Faera.

« Acknarav ? »
(Tu veux encore travailler, n’est-ce pas ?)
« Quel intérêt d’acquiescer si tu es capable de lire mes pensées ? » Un sourire amusé s’esquissa ; fait relativement rare chez la sindel.
(Serais-tu capable de refaire l’exercice du temple ?)

Itsvara inspira et fixa à nouveau la flammèche qui semblait statiquement étirée. Lorsqu’elle expira, elle contempla la flamme s’agiter avant de retrouver sa sérénité. Elle renouvela l’opération plusieurs fois, focalisant son attention sur ces phases.
Insensiblement, les fluides de l’elfe s’animaient en harmonie avec les oscillations de la langue de feu. Ils circulaient en elle et réchauffaient son âme comme le foyer de sa maison familiale le faisait pour son corps il y a peu encore.
Sa magie se faisait plus présente, plus intense, plus forte même.

(Garde cette puissance en toi. Souviens-toi du bienfait qu’elle t’apporte. Le moment venu, tu auras grand besoin d’y faire appel.)




* * *


(((Tentative d'apprentissage du sort "Grâce Divine" dans ce post et le précédent.)))

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